NATIONS UNIES
CONSEIL ECONOMIOUE ET SOCIAL
UMITEE
E/ECA/NRD/CART/201 ler fevrier 1993
FRANCAIS
Original : ANGLAIS COMMISSION ECONOMIQUE POUR L'AFRIQUE
Huitieme Conference cartographique r^gionale
des Nations Unies pour l'AfriqueAddis-Abeba (Ethiopie) 22-27 fevrier 1993
LA CARTOGRAPHIE MODERNE ET LES DEFIS DU DEVELOPPEMENT
AFRICAINLA CARTOGRAPHIE MODERNE ET LES DEFIS DU DEVELOPPEMENT AFRICAIN
D.R.F. Taylor
A la cinquifeme Conference cartographique des Nations Unie pour les Ameriques, l'auteur a pre"sente"
un document sur le transfert de technologie dans lequel il soutenait rimportance de 1'enseignement et de la formation pour un transfert de technologie efficient vers les pays en deVeloppement. Un argument capital avance" etait la ne"cessite" pour les cartographes locaux d'acqugrir une plus grande maltrise des nouvelles technologies parce que, ce faisant, la probability d'utiliser effectivement les nouvelles technologies serait accrue. ! Ceci est particulierement vrai en Afrique ou il est devenu de plus en plus clair que la solution aux problemes africains doit venir en grande partie de I'Afrique elle-mSme. La communaute Internationale a un rflle a jouer a cet egard mais les principaux efforts pour appliquer les technologies des sciences cartographiques modernes aux questions de developpement doivent venir de I'Afrique elle-mSme. Le present document reprend certains des arguments avanc6s dans le document "Technical Assistance and Transfer of Appropriate and Affordable Technology" (E/CONF.86/BP1) qui a e"te" pre'sente' a la cinquieme Conference cartographique rggionale des Nations Unies pour les Antiques, auxquels s'ajoutent certains elements nouveaux qui temoignent de la volonte" de I'Association cartographique Internationale de coope'rer avec les collegues africains.
Je crois que Involution technologique moderne conduit a une convergence de disciplines pre*c&lemment distinctes et, en consequence, ce qui au Canada est connu sous le nom de "Geomatique"
devient un domaine regroupant de plusieurs parties. Les sciences cartographiques deviennent de plus en plus interdisciplinaires et de nombreuses technologies telles que le GIS nous sont familieres. Outre la convergence due a revolution technologique, il y a egalement une convergence ne'e des defis de Fapplication tels que la question importante de I'environnement et un defi egalement sinon plus important, celui du devetoppement qui est le theme de cet important se"minaire. Cette convergence a des incidences importantes sur l'education et la formation qui devraient etre plus giobales que par le passe.
Si Ton veut que les sciences cartographiques aident a relever les defis auxquels font face les pays en developpement aujourd'hui, alors on doit d'abord comprendre la nature de ces defis. Si au depart ou n'a pas une claire comprehension des problemes, alors notre contribution a leur solution pourrait ne pas 8tre utile. Mon hypothese centrale a cet egard est que les sciences cartographiques modernes peuvent Stre utiles dans la lutte pour le developpement mais qu'il faudrait pleinement prendre conscience de cette possibility.
L'education et la formation ont un r61e crucial a jouer a cet egard, particulierement en assurant un transfert
de teclinologie efficace.
Examinons d'abord certains des defis du developpement. Le terme "pays en developpement" est un euphemisme employe par les riches pour parler des pauvres. Meme sMl est difficile & definir, le concept de "developpement" comprend au moins les quatre elements ci-apres:
1. Croissance economique accrue
2. Plus grande equite dans la repartition des richesses et des opportunites
3. ContrOle par les populations de leur propre destinee par leur participation a la prise de decisions 4. Realisation des valeurs transcendantales comme la religion
Le developpement ne peut pas &re defini uniquement en termes quantitatifs et varie aussi bien dans le temps que dans l'espace. C'est un concept dynamique. II est mieux defini en termes d'aspirations et de valeurs des populations dans leur propre contexte social et il n'a ainsi probablement de sens qu'a 1'echelle locale. Le developpement est un terme optimiste. II suggere le progres et Tavancement mais pour de nombreuses regions du monde il n'est pas etabli avec certitude que le developpement, de quelque maniere
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qu'on le deTmisse, a lieu actuellement. Par exemple, l'Afrique est generalement considered comme etant en crise et au cours de la derniere decennie, la quality de la vie de la majority des Africains a baisse tant en valeur absolue qu'en valeur relative. La recente et tragique se"cheresse qui a touche une bonne partie de l'Afrique australe aggrave la situation et le terme "developpement11 sonne vraiment creux aux oreilles des Africains. Parler de degradation plus poussee serait plus approprie pour decrire la situation actuelle.
Le Secretaire executif de la CEA a identify trois manifestations principales de cette crise
d Amoral isante.
1. Les principaux indicateurs macro-e'conomiques se sont d&e*rior6s au cours de la decennie 80.
2. Aussi bien dans Tindustrie que dans I'agriculture, les mecanismes de production se sont
de'sinte'gre's et la mSme constatation s'applique a la plupart des infrastructures.3. La fourniture de services d'enseignement, de sante" et de logement a baisse a un rythme
acceiere.
On pourrait ajouter a cette liste, une deterioration croissante de l'environnement physique. S'agissant de l'Afrique, les indicateurs tels que le revenu par habitant, l'emploi salarie*, les taux d'inflation etc. sont tous deprimants et se retrouvent plus ou moins dans d'autres regions du monde, mais heureusement pas dans
les mfimes proportions.Ilya egalement quelques edaircies. Ainsi, apres la "de"cennie perdue" des annees 80 l'Amerique latine commence a montrer des signes remarquables de redressement economique et de croissance. Le spectre du fardeau de la dette commence a s'eioigner et les transferts nets entre le Sud et le Nord commencent a retrouver des proportions raisonnables meme si les flux nets de capitaux du Sud vers le Nord
sont peu propices a la croissance economique.En Asie, il y a eu quelques reussites comme celles des quatre dragons asiatiques, les pays
nouvellement industrialises que sont la Coree, Taiwan, Hong Kong et Singapour. Les deux pays les plus peupies du monde, a savoir la Chine et l'lnde ont realise des progres impressionnants meme si dans le cas de lTnde les macro-indicateurs dissimulent des disparites internes croissantes entre les riches et les pauvres et que la situation macro-economique demeure preoccupante. Dans ces deux pays la croissance demographique continue de poser un problfcme en depit des progres en matiere de contrOle des naissances qui, dans le cas de la Chine, s'est traduit par des mesures qui limitent serieusement la liberte individudle.
Les' chiffres absolus eieves de la population signifient que meme des taux modestes de croissance
demographique en pourcentage posent d'enormes problemes, surtout lorsque les facteurs de production tels que la terre arable, sont limites. Pour beaucoup de pays une croissance economique rapide est indispensable ne serait ce que pour maintenir le statu quo. A cet egard, les progres enregistrfis dans nombre de pays
asiatiques sont legers et il y a des limites reelles a leur croissance.II n'est pas surprenant que dans ces conditions l'environnement subisse une pression de plus en plus
forte. Les questions en jeu ont ete bien decrites dans le Rapport Brundland qui a fait le point avant la
recente Conference de Rio. La difference de perspective entre le Nord et le Sud qui s'est encore manifestee
a Rio est interessante et importante. La degradation de l'environnement par les habitants de nombreux pays
en developpement n'est pas simplement due a l'ignorance et a la cupidite mais est souvent un acte de
desespoir et un besoin de survie. Parler de developpement pour la plupart des populations africaines par
exemple est peu approprie car il s'agit en fait de la lutte pour la survie. Les problfemes d'environnement
sont inseparables des problemes de developpement. Les societes industrielles et post-industrielies demandent
aux pays en developpement de prendre a leur charge les couts du developpement avant d'avoir eu Toccasion
de profiler de ses avantages. La raison de cette preoccupation est que les problemes d'environnement ne
peuvent etre isoies dans 1'espace parce que l'action - ou 1'inaction - au niveau national entralne souvent des
consequences qui ne sont pas ressenties seulement sur le territoire national mais aussi aux niveaux regional,
continental ou mSme intercontinental. Meme si les problemes d'environnement ne"s du surplus tels que la
pollution par les societes industrialise"es different des problemes d'environnement des societes pauvres, il y a un lien indissoluble entre les deux.Le mSme raisonnement s'applique evidemment a la plupart des autres problemes que connaissent les pays en developpement. II est de bon ton ces temps-ci de chercher la solution aux problemes de
developpement a F&helle nationale et Tajustement structurel" est le remede propose par la Banquemondiale. Le principal probleme a cet e"gard est que Fajustement a tendance a sous-estimer Fimportance
des relations Nord-Sud dans la probiematique du developpement.II y en a qui soutiennent que la re*ussite du "premier monde" a ete batie sur 1'exploitation du tiers
monde et que cela se poursuit de facon plus subtile longtemps apres la fin officielle du colonialisme. •
Bien que cette analyse soit discutable,, il n'y a pas de doute que les relations entre le monde de"veloppe" et le tiers monde ont 6te ine'gales pendant des siecles et qu'elles le demeurent encore aujourd'hui.
Une comprehension de ces relations est essentielle si l'on veut saisir le contexte du deVeloppement.
Les re*cents changements sur la scene geopolitique rendent la situation encore plus complexe. Des changements spectaculaires sont survenus dans le "deuxieme monde", a savoir l'ancien bloc sovie*tique.
Presque du jour au lendemain, un changement revoiutionnaire s'est produit dans les relations entre le premier et le deuxieme mondes. On ne percoit pas clairement les consequences a long terme de ce changement sur les pays du tiers monde mais il y a deja des signes eVidents de changement. II est probable que des parts
croissantes de Faide au developpement seront reorient^es et que des prSts commerciaux et des investissements privfo chercheront egalement de nouveaux debouches dans le "deuxieme monde" plutflt que
dans le tiers monde. Le transfert de technologie, l'aide au developpement a FGranger et les prets et investissements prives sont des elements importants dans ies relations entre le monde developpe et le tiers monde. Le "deuxieme monde" etait un acteur dans cette Equation et etait en re"alite" en concurrence avec le"premier monde" pour gagner de Finfluence dans les pays du tiers monde dont un grand nombre ont tire"
profit de cette rivalite. Les eVenements re"cents ont cependant change tout cela. Le "deuxieme monde" est maintenant en concurrence avec le tiers monde pour gagner les faveurs du monde de'veloppe.
Les techniques de la cartographie moderne sont essentiellement celles du "premier monde". Leur utilisation dans le tiers monde depend, dans une certaine mesure, de la maniere dont s'effectue le transfert de technologie qui est le theme principal du present seminaire. Si le "premier monde" trouve des debouches nouveaux et politiquement plus attrayants pour ses interets, la nature et la portee du transfert de technologie pourraient changer. Ainsi, pour comprendre le r61e des sciences cartographiques dans Ies pays en developpement, il est necessaire de comprendre les defis et le contexte du developpement lui-m&me qui est en constante evolution. Ceci n'est pas essentiellement un probleme technique et le transfert de technologie n'est pas uniquement un probleme technique comme Font indique d'autres orateurs.
Les sciences cartographiques dans le monde en developpement
J'ai eu le privilege d'observer le developpement des sciences de la cartographie moderne dans le monde en developpement pendant des annees. Dans les pays en developpement, a part quelques cas de recherche appliquee et de projets exploratoires, la technologie de la cartographie moderne n'a pas ete serieusement employee avant 1980. Les annees 80 ont vu une expansion reguliere des applications de la science cartographique moderne, surtout apres 1986. Cela a ete en grande partie le fait de Involution technologique rapide dans certains domaines apparentes. Les progres de la teiedetection ont ete particulierement importants dans Faccroissement des donnees disponibles et plusieurs orateurs Font mentionne. Les progres concernant le GPS ont egalement ete particulierement impressionnants de sorte que nous avons enormement accru la quantite de donnees disponibles (particulierement sur Fenvironnement) avec une plus grande precision s'agissant de la localisation. L'accroissement de la puissance du micro-ordinateur a egalement ete un facteur essentiel tout comme le fait que les coflts du materiel par unite de puissance de
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calcul continuent de baisser. L'annee 1986 a &t particulierement importante a cet egard puisque c'est pendant cette annee-la que la puce Intel 386 a &€ introduite, donnant un saut quantique en termes de puissance de calcul dont un auteur a compare1 l'impact sur le GIS a celui que les changements en Europe orientale et centrale ont eu sur la scene politique mondiale. Ce deVeloppement s'est eVidemment poursuivi avec l'introduction de la puce 486. S'y sont ajoutes les progres en matiere de logiciel, de meilleures structures de bases de donnges, de nouveaux process de stockage et toute une serie de progres
technologiques.
Les applications des techniques cartographiques raodernes dans les pays en dtSveloppement se sont
considerablement &endues au cours de la derniere moitie des annees 80 rnais lorsqu'on examine ces applications, on s'aperc,oit qu'elles sont souvent le fait d'initiatives finances ou soutenues par les agences d'aide Internationales et beaucoup sont des projets pilotes ou des projets de recherche au lieu d'etre des systemes operationals. Elles tendent Sgalement souvent a de'pendre des Grangers et sont rarement sous le contrflle de scientifiques locaux. La ne'cessite' d'un contr6Ie par les nationaux est une question d'importance primordiale. Les fournisseurs livrent generalement des systemes "cle's en mains" qui comportent habituellement un element formation. Le foumisseur entretiendra et actualisera les systemes pour un prix convenu, en cas de besoin, mais 1'utilisation de ce systeme est alors entre les mains de l'acheteur. Ceci suppose que l'acheteur ait une idee claire de la maniere d'appliquer le systeme aux problemes de developpement. Ce qui exige une base importante de connaissances et de competences locales.
Les techniques cartographiques modernes sont des technologies nouvelles dans les pays en developpement et leur introduction vient principalement de I'&ranger. Je dirais e"galement que, jusqu'a present, la contribution effective des sciences cartographiques a la solution des problemes de developpement mentions plus haut a &e\ dans une large mesure, marginale. Un premier pas necessaire mais peut-Stre insuffisant consiste pour les scientifiques et les dCcideurs locaux a acquerir une connaissance et une maitrise plus pousse'es de cette technologie. La question cruciale est de savoir comment acquSrir cette maitrise socio- economique et technique et c'est ce point que je vais maintenant aborder. Une approche consiste a se pencher sur ce qui a €(& fait et ce qui est en train d'etre fait si toutefois on a retenu les lemons du passe. Un pays qui a pris d'importantes mesures a cet egard est, me semble t-il, la Republique populaire de Chine et je voudrais mentionner certaines des strategies decisives mises en oeuvre dans ce pays.
Le premiere et la plus evidente est que la mise sur pied d'une capacity locale a &€ une strategic de d^veloppement continue et a long terme. La seconde est que les sciences cartographiques en Chine sont des applications effectue'es avec la contribution des sciences cartographiques aux problemes de de'veloppement socio-e'conomique national. Dans ce cadre g6ne"ral, un certain nombre de strategies spgcifiques sont mises
en oeuvre.
1. Dans le domaine des sciences cartographiques, la Chine a envoys un certain nombre de jeunes spe"cialistes dans les anne*es 70 pour suivre une formation dans divers pays Grangers. Ces gens sont revenus au pays pour former le noyau d'un groupe de recherche, de formation et de de'veloppement dans quelques centres clefs, en particulier Wuhan, Xian, Zhangzou et Beijing. L'Universite" technique de ieve"s et de cartes de Wuhan a &6 cr£ee des 1956 et la plupart des ses cadres ont €tt forme's a r&ranger. C'est une strangle qui continue jusqu'a present mais qui rencontre moins de succes du fait que nombre des jeunes cadres
brillants choisissent de ne pas rentrer au pays.
2. Une strategic compltSmentaire concernait Tinvitation d'experts internalionaux a venir dormer des
conferences et enseigner en Chine.3. Tres tdt la Chine a d£veloppe la production de son propre materiel, a savoir les ordinateurs, les
numeriseurs, les traceurs, les lecteurs multispectraux et les radars dechiffreurs synthetiques. Les premiers
modeles n'etaient pas tres performants mais avec l'expCrience, la qualite s'est ameiioree et les derniers
modeles sont plus que convenables. Dans certains cas, la Chine a fermement mattrise son propre programme
de transfert de technologie en achetant un appareil qui est demonte piece par piece pour etudier son
fonctionnement et ensuite en reproduisant leurs propres modeles. Les fabricants Strangers n'ont pas apprecie*
cette demarche mais il est difficile de condamner le r&ultat du point de vue de la Chine.
4. Tres t6t la Chine a egalement commence a developper ses propres capacity en matiere de logiciel.
En plus du logiciel local, elle a importe et ame'liore' du logiciel commercial de l'Occident. J'ai vu des
versions de ARC/INFO en Chine plus performantes que l'originat. On assiste maintenant a une inversion
du flux de logiciel de la Chine vers l'Occident, par exemple le systeme PURSIS.5. La creation de "laboratoires ciefs" a ete importante en Chine. En fevrier 1985, la Chine a cre'e' un
laboratoire pour les systemes d'information sur les ressources et l'environnement. Le laboratoire est le fruit de la cooperation entre l'lnstitut de geographic de l'Academie des sciences de Chine et la Commission de planification d'Etat. Le Gouvernement chinois a fourni des ressources importantes pour la creation de ce laboratoire qui joue un rOle central pour la recherche et le deVeloppement. En 1991, le Gouvernement chinois a cr&'iin autre laboratoire clef a Wuhan: le laboratoire pour reformation sur les love's, la
cartographie et la teiedetection (LIESMARS). Ces laboratoires clefs jouent un rdle important en permettant a la Chine d'acquerir des connaissances et des informations sur les progres des sciences cartographiques eten permettant e'galement revaluation et le contrdle des nouveaux de'veloppements concernant les besoins de
la Chine.
6. La Chine publie e'galement ses propres revues cartographiques dont le nombre et l'importance
s'accroissent. La revue cartographique intituiee Cartography est un supplement relativement recent. Ces
revues favorisent la diffusion d'informations sur les sciences cartographiques partni les specialistes dans leur propre langue ce qui, me semble t-il, est important. La revue Cartography traduit e'galement des articles importants en chinois pour les mettre a la portCe des specialistes locaux. Les couts d'acquisition de ces revues sont faibles et payables en monnaie locale. Trop souvent les scientifiques des pays en d^veloppement n'ont pas acces aux revues scientifiques a cause de la penurie de monnaie locale et des barrieres de langues.La solution chinoise permet de parer a ces difficultes.
7. Dans le traitement des images de teiedelection, la Chine a un bilan impressionnant et a fait preuve d'innovation. Elle a mis au point ses propres plates-formes et a lance ses propres satellites. En outre il y a egalement eu une combinaison novatrice de technologies a forte intensite de travail et a forte intensite de capital. Le completement d'images a grande echelle en utilisant des milliers de gens a aide a developper un meilleur potentiel d'analyse des images.
On peut naturellement soutenir que la Chine est un cas special et que la dimension du pays permet des solutions que les petits pays ne peuvent appliquer mais je dirais qu'il y a des elements de la solution chinoise dont peuvent s'inspirer d'autres. On peut egalement dire que lorsqu'ils recherchent de l'aide et des conseils pour mettre au point et appliquer des techniques cartographiques modernes, les pays en developpement pourraient bien se tourner vers la Chine plutCt que vers PAHemagne, la France, la Grande- Bretagne, les Pays-Bas, le Canada et les Etats-Unis.
Un autre pays qui se trouve a un niveau different de developpement est le Mexique. Le Mexique dispose d'une base cartographique d'excellente qualite et il est sur le point de decider de la voie que son processus de modernisation dans les sciences cartographiques va emprunter. L'agence nationale de cartographie, TINEGI, a analyse les defis auxquels elle fait face et a decide qu'elle doit passer de retat d'organisation cartographique traditionnelle a celui de fournisseur d'informations geographiques en format
numirique dans un deiai tres court. Le Gouvernement mexicain a debloque une somme initiate de plus de
20 millions de dollars pour financer cet effort et !e processus est actuellement en cours.
Le premiere etape consistait pour TINEGI a defmir ses conditions, ce qu'il fit en etablissant et en publiant une serie d'appels d'offres. L'adjudicataire sera informe au cours de ce mois. L'une de ses conditions principales portait sur la formation et l'assistance technique mais, contrairement aux specifications techniques concernant le materiel et le logiciel qui ont ete soigneusement etablies, les elements formation
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et assistance technique ont &e* laisse"s en suspens. Ceci a e"te" fait de facon deiiberee afin de juger la maniere dont chaque soumissionnaire envisagera le probleme et la solution qui sera proposed. Dans une certaine mesure, cela faisait partie du processus devaluation puisqu'i! existe une variete" de reponses possibles a cette question. Pour le Mexique, le choix de 1'Education et de la formation est e"galement aussi sinon plus important que les elements materiel et logiciel parce qu'il est a present bien etabli que les coflts d'etablissement et de dotation en personnel d'un systeme de cartographic moderae peuvent repre^enter au moins le double des coflts d*acquisition du materiel et du logiciel pour le systeme. Quel genre de questions et de problemes peut-on se poser ? Je soutiens qu'en matiere d'education et de formation pour un systeme de cartographie moderne, les capacity internes sont essentielles. L'education et la formation sur place sont importantes pour un certain nombre de raisons:
1. EUes peuvent Stre adaptees aux realites d'une situation donnee dans toute sa complexity et ce, de la maniere dont aucun programme exteYieur ne peut l'Stre. Dans le cas de TINEGI, celles-ci comprennent non seulement les besoins techniques et professionnels mais egalement le contexte socio-economique complexe.
En ope"rant un changement important consistant a passer d'un systeme traditionnel a un systeme de traitement infbrmatique moderne, il convient d'examiner de nombreuses questions dont Tattitude du personnel disponible.
2. La capacity interne est permanente et peut pfus facilement s'adapter aux circonstances changeantes.
La formation assured par les fournisseurs Strangers est limited dans le temps et est ge'ne'ralement centre sur les besoins spe'cifiques du materiel et du logiciel fournis.
3. La formation sur place s'attache a 1'organisation et non a la vente d'un systeme qui, par definition, vise le court terme et la realisation de profits.
4. Les capacity's locales en matiere d'education et de formation sont des elements essentiels de la base de ressources humaines dont dependent les progres des sciences cartographiques modernes.
5. Comme dans nombre destitutions cartographiques nationales, la question n'est pas tant le recrutement et la formation d'un nouveau personnel que la formation et le recyclage du personnel existant.
6. Etant donne" que 1'introduction de nouvelles techniques signifie un abandon du passe", celle-ci est souvent percue comme une menace par le personnel en place. L'education necessaire pour faire accepter un tel changement va au-dela des particulante's des competences et des connaissances spe'cifiques relatives aux nouvelles techniques. Pour accroltre les chances de faire admettre la nouveaute", il faut promouvoir la prise de conscience et la comprehension. Ceci doit concerner ceux qui ne sont pas immediatement formes dans le nouveau systeme. Us devront au moins avoir 1'occasion de comprendre le nouveau systeme et sa necessite et, si possible, d'avoir acces aux categories generales de cours comme les connaissances en informatique qui les prepareront a faire face a une situation changeante. II est probable que cela soit assure par une solution interne plutOt que par un fournisseur exterieur. La question d'accessibilite est importante.
Si les cours ne sont dispenses qu'a ceux qui sont directement ou immediatement engages dans le passage d'un mode de traitement a un autre, il y aura alors un sentiment d'exclusion qui peut conduire a des tensions qui affecteront de facon negative 1'introduction de techniques cartographiques modernes. Je ne veux pas dire qu'une education et une formation adequates eiimineront les problemes de conversion mais elles les attenueront certainement.
L'education et la formation dans une situation ou 1'introduction d'un changement radical est envisagee dans un court deiai comme c'est le cas avec 1'INEGI au Mexique, devraient done se concentrer sur deux objectifs a mener simultanement. L'objectif a court terme doit consister a faire en sorte que le systeme choisi d&narre le plus t6t possible. Cela necessitera la formation du fournisseur et devrait se faire sur place. En plus de la formation specifique cependant, il faudrait e"galement un formateur local qui participera a l'elaboration du contenu, de la structure et de la methodologie utilises dans les cours. Cela conduit au second objectif qui est la formation de formateurs.
Dans le cas du Mexique, 1'INEGI dispose deja d'une solide division de la formation et il sera peut-
Stre nEcessaire d'opErer une restructuration systEmatique de la division de la formation pour faire face aux
deTis nEs de la nouvelle situation.Un pas important dans pareille situation consiste a effectuer une Evaluation systEmatique des besoins.
Cette Evaluation devrait fitre globale et gtre rEalisee par la division de la formation elle-meme avec la participation de conseillers Strangers pour une assistance initiale sur la mEthodologie seulement en cas de besoin. L'eValuation des besoins devrait commencer avec la division de la formation elle-meme. Les dEfis spEcifiques et les tSches de formation relatives a Pintroduction du nouveau systeme devraient Stre identifies et s'accorder avec Jes capacity de formation existantes utilisant la mEthode des matrices. Les insuffisances seront ainsi identifies tout comme les besoins spEcifiques en matiere de formation de formateurs. Les formateurs peuvent eux-mSmes suivre une formation soit par des experts Strangers invite's a 1'INEGI, soit
en envoyant les stagiaires ailleurs selon les circonstances.Une deuxieme Evaluation des besoins intEressant tout le personnel de 1'INEGI a tous les niveaux
devrait etre effective de la meme maniere.II convient de souligner que Padaptation a la modernisation sera requise pour le personnel.de 1'INEGI a tous les niveaux y compris les cadres supErieurs. Cela signifie que la formation administrative sera requise tout comme la formation technique. II est maintenant gEnEralement admis que les principaux de"fis d'un projet de modernisation de ce type ne sont pas d'ordre technique mais d'ordre administratif et
structure!.Les nouvelles technologies exigent souvent un changement aussi bien du style que des structures de direction. Le style de direction doit faciliter l'effort de groupe. Dans un environnement "gEomatique" fondE sur Pordinateur, le manager doit utiliser les competences individuelles et la base de connaissances de son personnel de facon tout a fait novatrice. Cela requiert souvent le passage d'une structure de direction hie"rarchise*e a une direction de type horizontal, avec une reduction du nombre de cadre intermEdiaires.
L'introduction de la science cartographique moderne be"neTicie Egalement de PEtablissement d'un
groupe interne de recherche-dEveloppement dont la tache est de se tenir au courant des derniers progres de la "geomatique" en theorie et en pratique et d'Evaluer leur incidence sur la modernisation en cours de
PINEGI.La modernisation est un processus continu. Elle n'est pas la simple acquisition d'un nouveau systeme de production.
Avec le recyclage du personnel, de nouveaux problemes apparaissent et les anciens problemes seront aggravEs. La nouvelle formation aux technologies de traitement informatique accrottront la mobility du personnel et, dans la socie"te" de Pinformatique naissante, la demande de cette catEgorie de personnel, surtout
en AmeYique latine, excEdera Poffre. Pour retenir le personnel, il faudra accroitre les avantages, ce qui
pourrait se traduire par des augmentations de salaire et des programmes d'incitation. Si une telle mesure n'est pas prise, alors les avantages dEcoulant du programme de mise en valeur des ressources humaines rEalisE par PINEGI a des coQts considErables pourraient profiter a d'autres employeurset un investissement apprEciable sera perdu. Dans la cartographie traditionnelle, les competences Etaient tres spEcialisEes et pas facilement transfErEes. Les competences et les connaissances requises dans la "geomatique" a baseinformatique sont facilement transferable a d'autres domaines. Le projet de modernisation de PINEGI
depend des personnes, non des machines. Pour qu'il rEussisse, il faut accorder la meme attention a la miseen valeur des ressources humaines qu'a celle accordEe a Pacquisition d'un nouveau systeme de production
informatique. Si ces questions ne sont pas rEglEes, Pensemble du projet de modernisation peut echouer.Page 8
Conclusion
Apres Texamen de deux cas tout a fait diffeYents, la Chine et le Mexique, j'espere avoir conform mon hypothese initiale, a savoir que pour que le potentiel des sciences cartographiques modernes contnbue a relever les deTis du developpement, 1'education et la formation sont essentielles au transfert de technology et un premier pas important consiste a faire en sorte que les scientifiques et les deddeurs locaux aient une connaissance et une mattrise plus poussees de cette technologie. Dans le cas de la Chine beaucoup de progres ont fte* faits a cet egard. S'agissant du Mexique, certaines propositions sur la mamere de reahser
cet objectif ont &e" avance"es.
Je voudrais conclure par une breve observation sur le rdle des socftfe scientifiques Internationales telles que 1'ICA et 1'IUSM. L'ICA est 1'organisme mondial charge de la cartographie et sa mission concerne les problemes de la cartographie dans le contexte international. La cartographie est la discipline qui traite de la conception, de la production, de la diffusion et de r&ude des cartes. Une carte est une image symbolisant la reality geographique, reprSsentant certains traits ou caracteYistiques resultant des efforts de creation des cartographes et elle est concue pour servir lorsque les relations spatiales pr^sentent un mteret
particulier.
L'Association cartographique internationale a pour mission de :
a) contribuer a la comprehension et a la solution de problemes mondiaux grSce a l'emploi de
la cartographie dans les processus de prise de decisions;
b) favoriser la diffusion au plan international d'informations environnementales, economiques, sociales et geographiques grSce a la cartographie;
c) fournir un cadre global de discussion sur le rfile et l'&at de la cartographie;
d) faciliter le transfert de nouvelles technologies et connaissances en matiere de cartographie
entre les pays, surtout ceux en developpement;
e) mener ou promouvoir des activity multinationales de recherche sur la cartographie de maniere a resoudre les problemes d'ordre scientifique et technique;
f) promouvoir Tenseignement de la cartographie au sens le plus large grace a des publications,
des se"minaires et des conferences.
