D´ecomposition de Dunford
Enonc´e du th´eor`eme :Soitf ∈L(E) unendomorphisme trigonalisable. Alors il existe un unique couple (d, n) d’endomorphismes tel que :
• f =d+n;
• netdcommutent ;
• nest nilpotent ;
• dest diagonalisable.
Preuve :
Existence :Soitf ∈L(E) un endomorphisme trigonalisable. Alorsf admet un polynˆome annulateur scind´eP. Quitte `a diviserP par le coefficient du terme de plus haut degr´e, on peut supposerP unitaire. P s’´ecrit sous la formeP(X) =
m
Q
k=1
(X−λk)αk, o`uλk∈Ketαk∈N∗pour toutk∈J1, mK, lesλk´etant deux `a deux distincts. Les polynˆomesX−λk sont alors deux `a deux premiers entre eux. D’apr`es le th´eor`eme de d´ecomposition des noyaux, on a : kerP(f) =
m
L
k=1
ker(f−λkidE)αk. Pourk∈J1, mK, on noteFk = ker(f−λkidE)αk.P est annulateur pour f doncP(f) = 0 et donc kerP(f) =E. On a doncE=
m
L
k=1
Fk. Pour k ∈ J1, mK, notons pk le projecteur sur Fk parall`element `a
m
L
i=1i6=k
Fi. Soient d =
m
P
k=1
λkpk et n = f −d.
D’apr`es le th´eor`eme de d´ecomposition des noyaux,pk est un polynˆome en f pour tout entierk doncdest un polynˆome enf etn´egalement. Par cons´equent,n etd commutent. Il reste `a montrer quedest diagonalisable etnnilpotent.
Soitk∈J1, mK. Soitx∈Fk.d(x) =
m
P
i=1
λipi(x). Par d´efinition des projecteurspi,pi(x) = 0 sii6=ketpk(x) =x doncd(x) =λkx. On en d´eduit quedstabilise lesFk.f stabilise lesFk car les applications (f−λkidE)αk sont des polynˆomes enf. On en d´eduit alors quen=f −dstabilise lesFk. Pour k∈J1, mK, on note nk, dk et fk les endomorphismes induits parn, det f surFk. La r´eunion des bases de chaqueFk est une base deE (carE est somme directe desFk). Soiteun ´el´ement de cette base. Il existe un entierk∈J1, mKtel quee∈Fk. On a alorsd(e) =dk(e) =λke. La matrice deddans cette base est donc diagonale et doncdest diagonalisable.
Les endomorphismes nk sont nilpotents : en effet, si x ∈ Fk, on a : nαkk(x) = (fk −λkidFk)αk(x) = 0 par d´efinition des Fk. On en d´eduit que nest nilpotent : soit x∈ E. x s’´ecrit de mani`ere uniquex =
m
P
k=1
xk, o`u xk∈Fk pour toutk∈J1, mK. Soitα= max{αk,16k6m}.nα(x) =
m
P
k=1
nα(xk). Pour toutk∈J1, mK:
nα(xk) =nαk(xk) =nα−αk(nαk(x)) =nα−αk(0) = 0.
On en d´eduitnα(x) = 0. Par cons´equent,nest nilpotent. D’o`u l’existence d’un tel couple (d, n).
Unicit´e : Soit (d0, n0) un autre couple d’endomorphismes satisfaisant les 4 points du th´eor`eme. f =d+n= d0+n0. d0 commute avec f :
d0◦f =d0◦(d0+n) =d0◦d0+d0◦n0=d0◦d0+n0◦d0= (d0+n0)◦d0=f◦d0. 1
D´ecomposition de Dunford
d0commute avecf donc avec tout polynˆome enf, en particulier avecd.detd0sont diagonalisables et commutent doncdet d0 sont codiagonalisables et doncd−d0 est diagonalisable.
De la mˆeme mani`ere que pourd0, on montre quen0 commute avecf donc commute avec tout polynˆome enf, en particulier avecn. On en d´eduit alors quen−n0 est nilpotent. En effet,nest nilpotent donc il existeβ∈N tel quenβ = 0. De mˆeme, il existeβ0∈Ntel quen0β0 = 0. Alors :
(n−n0)β+β0 =
β+β0
X
i=0
β+β0 i
(−1)β+β0−ini(n0)β+β0−i.
Si i ∈ J0, βK, alors β+β0−i > β et n0β+β0−i = 0. Si i ∈ Jβ+ 1, β0K, alors i > β et ni = 0. n−n0 est donc nilpotent. Finalement,d0−dest diagonalisable et nilpotent doncd0−d= 0. On en d´eduitd0=d, puisn0=n.
D’o`u l’unicit´e.
S. Duchet-http://epsilon.2000.free.fr 2/2