RECHERCHES SUR LES VARIATIONS DU COMPORTEMENT
DE BUTINAGE CHEZ DES COLONIES D’ABEILLES
DE RACES DIFFÉRENTES
Z. WARAKOMSKA
J. LOUVEAUX
Station de Recherches sur l’Abeille et les Insectes
sociaux,
Buyes-suy-Yve t
te
(Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
Les auteurs ont étudié la récolte du
pollen
de 10colonies d’abeilles appartenant à deux races différentes en utilisant la méthodeclassique
de la trappe àpollen.
Sur leplan quantitatif,
on noteune tendance des abeilles
hybrides (Apis mellifica me l lifica
XApis me ll ifica ligustica)
à récolter davantage depollen
que les abeilles de race noire pure (A. m.mellifica). Qualitativement,
on cons-tate des différences qui sont
statistiquement significatives.
INTRODUCTION
On sait que la récolte du
pollen
par les abeillespeut
être étudiée defaçon
satis-faisante en utilisant la
trappe
àpollen,
instrumentdéjà
décrit(I,ouv!AUx, 195 8)
et dont
l’emploi
apermis
dedégager quelques
lois essentielles dubutinage. (ToDD
et
BISHOP,
Ig40 ;F,CKERT,
Igq2 ;SYNGE,
1947 ; IVIAURIZIO et KOI,LMANN, 1949;HiRSCHFELDER,
1951 ;I,OUVEAUX, 1958; WARAKOMSKA, 1962).
Avec le
présent travail,
nous avonsvoulu reprendre
l’étude des différences decomportement
debutinage susceptibles
d’exister entre des colonies de races diffé- rentes. On saitdéjà
que de telles différences existent(I,ouv!AUx, 195 8)
mais lesproblèmes qu’elles posent
sont encoreincomplètement
résolus. C’estpourquoi
nousnous sommes
proposés
de réaliser une étudecomparative portant
sur lebutinage
aux divers moments de la
journée
et en utilisant à la fois des colonies de race noire et des colonieshybrides.
MATÉRIEL
ETTECHNIQUES
On a utilisé pour les
expériences qui
vont être décrites deux lots de ruchesd’origine
distincte.Un
premier
lot fut constitué par 3 colonies d’abeilles noires(Apis
mellzjitay ne l lifica) originaires
de la région
parisienne
et neprésentant
aucunsigne d’hybridation
avec une race autre que la racenoire. Un second lot
comprenait
5 colonies d’abeilles présentant des caractèresmorphologiques
indiquant sanséquivoque possible
unehybridation
du type A. m.melli fica
X A. m.ligustica.
Cescolonies
provenaient
de notre stationd’apiculture
expérimentale du Vaucluse et avaient été ame-nées a Bures-sur-X’x,ette au début de décembre 1962.
Au début du
printemps
1963, les dix coloniesexpérimentales
furent installées sur un mêmeemplacement
à la Station de Bures-sur-!’vette. Onprit
soin d’alterner les colonies des deux groupes de façon àsupprimer
tout effet deposition susceptible
de favoriser un lot par rapport à l’autre.Des trappes à pollen en
position
supérieure du typedéjà
décrit par Lnvm. et FxESxnnL (1963)ont été mises en
place
au début d’avril sur les 10 ruchesexpérimentales.
Les récoltes de pollenobtenues n’ont
cependant
faitl’objet
d’une étudeprécise
quependant
septjournées
(les jo. 22, z3
, 24avril ,6, 7, 8 mai ig63) choisies en raison de conditions
météorologiques
suffisamment favo- rables. Pour chacune de ces journées, nous avonsprocédé
à troisprélèvements,
lepremier
à 10 h, le second à 13 h et le troisième 1: 16 h ; chacun de ces prélèvements correspondait à une périodede récolte d’une durée de 20minutes, c’est-à-dire, en gros, 10h-io h 20 ; 13h-r3h 20 ; 16 »- 1 h 20.
Etant donné le
décalage
d’environ une heure entre l’heure légale et l’heure solaire vraie de Bures-sur-Yvette, on peut considérer que les
prélèvements
ont été faits à 9h, iz h et t5 h, heure solaire vraie.l’our chacune des
journées
d’observationprécédemment
citées, nousdisposons
donc de trois échantillons de la récolte de chacune des dix ruches, soit 30échantillons parjour
et 210 échan-tillons en tout.
(En
fait, la récolte ayant été nulle à différentesreprises,
le nombre total des échan- tillons utilisables n’a été que de 170).Chaque
échantillon a été séché à l’étuve à35 °C jusqu’à
l’obten-tion d’un poids constant, ce
qui exigeait
environ 2 à 3jours.
On aprocédé
ensuite au triage des pelotes parespèces botaniques
et les lots depollen homogène
ont étépesés séparément.
Cette mé-thode était donc sensiblement celle
qui
a étéprécédemment
décrite par l’un d’entre nous (l,ou-VEAUX, 1958). Toutefois, chaque échantillon ne représentant
qu’un poids
minime depollen,
ona pu
procéder
autriage
de la totalité despelotes.
Toutes les identifications ont été faites au micros-cope selon les
techniques
habituelles.Parallèlement, nous avons procédé à la
pesée
des ruches au début et à la fin del’expérience,
ainsi
qu’à
la mesure des surfaces de couvain selon la méthode de FxESrrn!!E( 19 6 2 ).
Tous les résultats obtenus ont été soumis au calcul
statistique.
Nous avons utilisé le test 1(différence
entre deuxmoyennes)
etpris
v = 8, le nombre des colonies étant de 5 dans chacun des deux lots. Tous les pourcentages ont subi une transformationangulaire
endegrés,
selon laf .
/ ç
’Pformule cp = ! arc
sinus ,
1/ —— ’
100PRINCIPAUX
RÉSULTATS
Les résultats obtenus au cours de ce travail sont de
plusieurs
ordres. Les unsconcernent les
quantités
depollen
récoltées et ledéveloppement
des colonies les autres concernent lerythme journalier
du travail de récolte ou la nature desplantes
utilisées par les abeilles.
i. - Résultats
quantitatifs
L’un
des buts de ce travail était de comparer lerythme
dedéveloppement
des colonies de race noire et des colonies
hybrides.
Comme éléments de compa-raison,
nousdisposons
dupoids
des ruches au début et à la fin del’expérience,
desmesures de surfaces du couvain et du
poids
des récoltes depollen.
Nous avonsregroupé
toutes ces données dans le tableau i dont nous allons fairel’analyse.
a)
Poids des ruches.Au 17 avril
19 6 3 ,
toutes les ruches ont unpoids
assez voisin de 27kg.
Les différences individuelles sont relativement peu
importantes
et lepoids
totaldes deux lots est sensiblement le même :
13 8, 5 oo kg
contre13 8 kg.
Au cours dela
période
considérée pour notreexpérience,
les variations depoids
sont très faiblespar
rapport
à lanormale ;
les conditionsmétéorologiques, particulièrement
défa-vorables
jusqu’en avril,
ontbeaucoup
retardé ledéveloppement
des colonies et par voie deconséquence
lesaugmentations
depoids.
Celles-ci sont un peuplus
forteschez les colonies
hybrides que
chez les noires mais la différence n’est passtatistique
ment
significative (t
=0,740).
b) Surfaces
de couvain.Au 17
avril,
on note que les colonies sont, dansl’ensemble,
peudéveloppées.
Ceci est, comme nous venons de le
voir,
laconséquence
d’un hiverlong
etrigou-
reux dont l’action se fait sentir très tard en saison. Les colonies noires sont moins
développées
que leshybrides.
Entre le 17 avril et le 14mai,
ledéveloppement
estimportant
pour toutes les colonies mais leshybrides présentent
ungrain
de sur-face du couvain
plus
fort que celui des colonies noires. Lafigure
i montre la diffé-rence de
pente
des courbes d’accroissement pour chacun des lots. Dansl’ensemble,
l’avanceprésentée
par les colonieshybrides
se maintient au lieu des’estomper.
Toutefois,
les différences individuelles sontimportantes.
c)
Récolte dupollen.
Les observations sur la récolte du
pollen
neportent
que sur unepériode
trèsrestreinte : 6 heures en tout entre le ig avril et le 8 mai. On ne
peut
donc pas relierdirectement le
poids
de cette récolte audéveloppement
descolonies,
d’autantplus
que certaines anomalies
apparaissent
nettement ; la ruche 5ig parexemple, qui
se
distingue
par une très forte récolte n’est pas cellequi présente
leplus
fort accroisse- ment des surfaces decouvain ;
il en est de même pour la ruche 6r. Ils’agit-là
de différences individuelles dont
l’origine
est incertaine. Sur l’ensemble descolonies,
on note
cependant
une tendance assez nette chez leshybrides
à récolterdavantage
de
pollen :
i92 g contre r32 g pour les noires. On noteégalement
une différence dans lerythme
desrécoltes ;
cette différencepeut
être mise en évidence par le calculci-après.
Soient P et P’ les
poids
totaux de la récolte dupollen
des colonies de race noire et des colonieshybrides.
SoientP l’ P 2 , !3,
etc. etfi§, P;, fi],
etc. lespoids
corres-pondants
des récoltesjournalières.
On calcule :et
On
porte
en ordonnées lespourcentages
ainsi obtenus et en abscisses les dates de récolte(fig. 2 ).
Onpeut
alors tracer deux courbesqui
mettent en évidence lerythme
de la récolte. On constate que les ruches de race noire ont récolté au début de lapériode
considérée unplus
fortpourcentage
du total que les rucheshybrides.
Ceci
signifie
que leshybrides
récoltent lepollen
enquantités
deplus
enplus
fortesau fur et à mesure de l’écoulement du
temps
alors que les noires ont tendance àconserver un
rythme plus régulier ;
autrementdit,
l’accélération de la récolte est moins forte chez les noires que chez leshybrides.
En
résumé,
l’examen des données du tableau i montrequ’en
moyenne leshybrides
ont montré une tendance à undéveloppement plus rapide
que les noires.Il ne
s’agit
que d’une tendance mais on la retrouve aussi bien dans l’évolution dupoids
que des surfaces de couvain ou des récoltes depollen.
Si aucun élément nebénéficie d’une confirmation nette par le calcul
statistique
onpeut cependant
cons-tater que l’ensemble est cohérent et traduit une certaine
aptitude
deshybrides
àun
développement plus rapide
au début de la saisonapicole.
2
. - Variations de la récolte aux divevs moments de la
jouyraée
On sait que la récolte du
pollen
ne se fait pas defaçon
constante au cours dela
journée.
Elle estgénéralement plus
forte le matin que lesoir ;
cephénomène
est en
rapport
avec l’offrequi dépend
elle-même durythme
d’éclosion des fleurs.Il était donc intéressant de savoir si toutes les colonies suivent de la même
façon
le
rythme
de récolteimposé
par lesvégétaux
ou bien si certaines coloniesplus
douéessont
capables
de s’en affranchir dans une certaine mesure. Nous avons donc calculé pourchaque
ruche enexpérience
lepourcentage
dupollen
récolté aux trois momentsde la
journée :
lematin,
midi et soir. Les résultats sontconsignés
dans le tableau 2On constate que la
dispersion
de ces résultats est faible. Lalégère
différence enfaveur des
hybrides
pour lapériode
matinale( 43 ,5
p. 100 contre41 ,6
p.100 )
esttrop
faible pourqu’on puisse
lui trouver unesignification
réelleOn doit donc admettre que l’activité des colonies se
répartit
entre les différents moments de lajournée
selon un même schéma. Cette constatationsuggère
uneimportance primordiale
du facteurvégétal.
Les abeillessuivent,
grossomodo,
lerythme
de l’offre dupollen
par lesplantes.
Nous verronsplus
loinqu’il
y a lieu decompléter
ces conclusions.3
. - Résultats
qualitatifs 1
/
analyse
des lots depollen
récoltésayant
été faite defaçon
trèsdétaillée,
nous
disposons
d’une masse de résultats assezimportante
pourqu’il
soit nécessaired’opérer
une subdivision.Il nous a paru intéressant de rechercher si l’on
pouvait
observer des différences decomportement
notables entre les colonies de race noire et les colonieshybrides
a)
Laflore
utilisée.à
l’égard
de la flore du lieu où se déroulaitl’expérience.
On savaitdéjà (LouvEAux, 195
8) qu’il
existe de telles différences decomportement
liées aupatrimoine
héré-ditaire et à l’état
physiologique
des abeilles. Il n’était pas sans intérêt de vérifier les résultats antérieurs en utilisant les donnéesexpérimentales
fournies par lepré-
sent travail.
Rappelons
tout d’abord que nousdisposons
de 17analyses
de récoltes parcolonie, chaque analyse correspondant
à l’une despériodes précédemment
décrites.Dans le tableau 3 nous avons
porté,
enregard
de la listecomplète
desplantes
dontle
pollen
a été identifié dans lesrécoltes,
le nombre desanalyses
danslesquelles
lepollen
enquestion figura.
On obtient de cettefaçon,
pourchaque colon ’ e,
un chiffrequi
reflète exactement l’état de fractionnement de la récolteanalysée.
On note par ailleurs le nombre total desespèces
utilisées au moins une fois.L’examen du tableau 3 montre que le nombre total des
espèces végétales
utilisées est
plus
fort chez leshybrides
que chez les noires( 2 6
contre20 ).
Ce résultat estsignificatif (1
=2 ,zq2).
Parailleurs,
ladispersion
estplus grande :
310 fractionscontre
27 8.
Mais ces derniers chiffres ne sont pas vraimentcomparables.
Eneffet,
il faut tenir
compte
du fait queplus
un échantillon est volumineuxplus
on a dechances
d’y
trouver un nombre élevéd’espèces.
La relation n’est pas linéairepuisque
le nombre des
espèces possibles
n’est pasinfini ;
onpeut
toutefois considérerqu’il existe,
en gros, unrapport
direct deproportionnalité
dans la zonequi
nous intéresse.p
Nous avons donc calculé le
rapport N
où P est lepoids
de la récolte et N le nombre des fractions obtenues. Cerapport représente
lepoids
moyen des fractions de la récolteP
Sur la
figure
3, nous avonsporté
en abscisses lerapport .
et en ordonnées lepoids
de la récolte. Nous obtenons une série depoints
sensiblementalignés qui
nous
permettent
de tracer uneligne
de démarcation depart
et d’autre delaquelle
se situent les ruches à activité relativement
dispersée
et les ruches à activité rela- tivement concentrée. Le tracé de cetteligne,
est bienentendu, empirique.
Dans
l’ensemble,
toutes les coloniess’alignent
sensiblement lelong
de la démar-cation. Seules font
exception
les colonies6 3
et6 1 ;
lapremière
se révèle commetrès
concentrée,
la seconde comme trèsdispersée.
Lecomportement
de la ruche 5i9est incertain en raison de sa
position
parrapport
à la courbe dans une zone où le tracé n’est pas sûr. Une différence entre les deux lots de ruchesn’apparaît
pas nettement. On ne trouve que des différences individuellesqui
intéressent telle outelle
colonie, indépendamment
du groupe. Onpeut
toutjuste
soupçonner une ten- danceplus
forte à ladispersion
chez les colonieshybrides.
Notons encore que si la flore utilisée par les abeilles en
19 6 3
à Bures-sur-I’vette n’est pasrigoureusement
la mêmequ’en
1953, 1954 ou 1955(Louv!aux, 1958),
les différences sont minimes et ne
portent
que sur desplantes
d’intérêt très secon-daire.
b) Différences
decomportement
vis-à-vis desPrincipales
sources depollen.
Nous venons de voir
qu’il
ne semble pas exister de différencesystématique
entre les colonies de race noire et les colonies
hybrides
en cequi
concerne la dis-persion
sur un nombred’espèces végétales plus
ou moins élevé. Lesplantes
utiliséessont sensiblement les mêmes mais on
peut
se demander si les abeilles lesexploitent toujours
de la mêmefaçon ;
autrementdit,
trouverons-noustoujours
la même pro-portion
des différentspollens
dans les récoltes des différentes ruches ou groupes de ruches.Il se trouve que, dans la
période étudiée,
deux groupes deplantes
mellifèresjouent
un rôleprépondérant :
les Arbres fruitiers et les Saules. Sous le terme « Arbres fruitiers » nous regroupons les Rosacées des genres Prunus et Piv7zs c’est-à-dire essentiellement lesCerisiers, Pruniers,
Poiriers et Pommiers. Les Saules sontrepré-
sentés surtout par
l’espèce
Salixcapraea
maiségalement
par tous les autresSaules,
d’ailleurs peunombreux, susceptibles
d’exister autour de la Station.Mettant à
profit
lacomposition
trèssimplifiée
des récoltes depollen pendant
la
période
desexpériences,
nous avonsregroupé
sous une mêmerubrique («
divers!·)
toutes les
plantes
secondaires et nous avons dressé le tableau q. Dans cetableau,
lespourcentages
sont calculés sur lepoids
total de la récolte depollen.
On noteimmédiatement une tendance très nette des ruches
hybrides
à utiliserdavantage
les Arbres fruitiers que les Saules et une tendance inverse chez les ruches de race
noire. La différence est
importante puisqu’elle
atteint environ 10 p. 100 sur la moyennegénérale ; cependant
ladispersion
des valeurs individuelles estgrande.
C’est
pourquoi
nous avons soumis nos chiffres au calculstatistique.
Ce calcul montreque les différences sont
significatives ;
pour le Saule on trouve t = 2,40(pour
v = 8et
après
correctionangulaire)
et pour les Arbres fruitiers t =1 , 9 8.
La différence entre les deux valeurs de t selonqu’on
considère le cas des Saules ou celui des Arbres fruitierss’explique
par le fait que les « divers » sontplus importants
chez leshybrides
que chez les noires. I,es colonies
hybrides
ont donc une tendance très nette à récolter moins depollen
de Saule que lesnoires, davantage
depollen
d’arbres fruitiers etdavantage
depollens
divers.Disposant
de donnéesanalytiques complètes permettant
une étude de la com-position
des récoltes en fonction du moment de lajournée,
nous les avons misesà
profit
pour rechercher si lapréférence
des colonieshybrides
pour lepollen
desarbres fruitiers et la
préférence
des colonies noires pour lepollen
de Saule se mani-feste de la même
façon
lematin,
à midi et le soir. Lespourcentages qui figurent
au tableau 5 sont calculés de la
façon
suivante pourchaque
colonie :Poids du
pollen x
dans les récoltes du matin(midi, soir)
X 100.’
Poids des récoltes du matin
(midi, soir)
!!
On constate que pour toutes les
colonies,
lepollen
des arbres fruitiers est récoltéen
proportion
croissante du matin vers le soir. Lepollen
de Saule est récolté surtoutle
matin ;
lerythme
est inverse de celui des arbres fruitiers. Ces résultats sont statis-tiquenient significatifs.
Pour lesdivers,
on ne peut tireraucune’règle générale,
cequi
estcompréhensible puisqu’il s’agit
deplantes
trèsB -ariées&dquo;a y ant
chacune unrythme
d’offre dupollen qui
lui estparticulier.
Dans
l’ensemble,
onpeut
dire que l’examen des données dutableau confirme
les constatationsqui
découlent de l’étude du tableau 4. Les différences de compor- tetnentapparaissent
encoreplus
accentuéeslorsqu’on découpe
la récolte en tranches horaires. Si les colonieshybrides
récoltentproportionnellement plus
depollen
d’arbres fruitiers que les colonies
noires,
cette différence n’est vraiment trèssignificative
que lematin ;
elle a tendance às’estomper
au cours de lajournée.
De
même,
les colonies noires ne récoltentproportionnellement plus
depollen
de Saule que dans lapremière
moitié de lajournée.
Il en découle quel’augmentation
de récolte sur les arbres fruitiers croit
plus
vite au cours de lajournée
pour les abeilles noires que pour leshybrides. Réciproquement,
la diminution sur les sanles estplus
sensible chez les noires.Il est intéressant de noter que les différences de comportement sont
plus
accu-sées au moment où la
plante présente
saproduction
laplus forte ;
lapolarisation
des colonies sur une
plante
déterminée trouve alors sonexpression
maximum. Au fur et à mesure del’épuisement des
ressources enpollen,
les différences ont ten- dance à s’atténuer.Les
pourcentages
obtenus par les calculsprécédents
ont pour inconvénient dene pas rendre
compte
desquantités
depollen
effectivement récoltées. Lepollen
d’arbres fruitiers se rencontre dans laproportion
de 75 à 80p. 100 dans les récoltes du soir mais il faut savoir que celles-ci sont très réduites enpoids.
C’estpourquoi
dansle tableau 6 nous avons
opéré
une nouvelle série decalculs;
cette fois nous effectuons : Poids dupollen
dans les récoltes du matin(midi, soir) ioo
Poids total du
pollen
x dans les récoltes’
Il ressort du
tableau
que les chiffres obtenusprésentent beaucoup plus d’homogénéité
que ceux destableaux
ou 5. Ils sont à peuprès
aussihomogènes
que ceux du tableau 2. Nous avons d’ailleurs tenté de mettre en évidence le contraste des données par le
graphique
de lafigure
4.On constate donc que pour un
pollen
donné lerythme
de la récolte par les abeilles varie peu d’une ruche à l’autre ou d’un groupe de ruches à l’autre. Le rôle duvégétal
comme
régulateur
de l’activité des abeillesapparaît
clairement. Lepollen
est récoltéen fonction de
l’offre ;
celle-ci estplus
matinale chez les Saules que chez les Arbres fruitiersqui dispensent
leurpollen
aux heures lesplus
chaudes de lajournée.
Lesphénomènes
depolarisation
des abeilles sur telle ou telle source font que celle-ci estexploitée plus
activementqu’une
autre mais lerythme
del’exploitation
aucours de la
journée
reste conditionné avant tout par levégétal.
Bien que les données du tableau 6 soient relativement
homogènes
on noteradue les ruches
hybrides
ont tendance à travaillerplus
tôt le matin que les noires.Il ne
s’agit
que d’une tendance et non pas d’unphénomène
vraimentsignificatif.
Nous trouvons confirmation de la tendance
qui s’exprime
par les données du ta- bleau 2.DISCUSSION
La
comparaison
des récoltes depollen,
l’étude des variations depoids
et l’obser-!-ation du
développement
du nid à couvain chez des colonies de race noire et chez des colonieshybrides,
nous a amenés à faire un certain nombre de constatations.Les colonies
hybrides présentent
une tendancegénérale
à laprécocité qui
se mani-feste par un
développement plus important
etplus rapide
et par la récolte d’unequantité supérieure
depollen. Parallèlement,
on constate une tendance à utiliserun
plus grand
nombre de sources depollen
et surtout àpréférer
lepollen
des arbresfruitiers à celui des Saules. Cette dernière tendance avait
déjà
été observée(Lou-
VEAUX,
195 8)
dans d’autresconditions ;
on avait noté alors que l’utilisationpréfé-
rentielle du
pollen
de Saule caractérise certaines colonies. On avait constaté aussi que le choix despollens
à haute teneur en azote est le fait des colonies lesplus
activeset les
plus développées,
cequi
se trouve à nouveauconfirmé,
lepollen
d’arbresfruitiers étant très riche en azote.
L’importance
du facteurvégétal
dans lerythme journalier
de la récolte dupollen
a été mise clairement en évidence parl’analyse
fractionnée des récoltes. Ona pu confirmer le fait
déjà
établi par MAURixio et Kor,r.MArrrr( 1949 )
que lepollen
des arbres fruitiers est offert
pendant
unegrande partie
de lajournée ;
par contre,nos résultats
divergent
en cequi
concerne les Saules.Dans l’ensemble et
compte
tenu des résultatsantérieurs,
on est amené à penser que les différences decomportement
entre abeilles noires et abeilleshybrides
sont liées à des différences
d’activité ;
les abeilleshybrides
se sont montréesplus
actives que les noires et
plus aptes
à utiliser au maximum les meilleures sourcesde
pollen.
Reçu pour
publication
enjuillet
19h4.REMERCIEMENTS
W u, remercions M. Philipp! X’iii«;1;Ro; qui a bien voulu se charger des calculs statistique’;
(loiii il est fait mention dans le
présent
travail.SUMMARY
ISB’I·’.s’1’I(:.4TI0^IS OF TIlE VACATIONS 1B 1’OLLES (;A’CIIERIN(; Itb;lf:BB’11>I;R IN CO!.OKI E! OF B)1 FFERENT S’1’RAINS
The
experiment
was carried out with two lots of hives :Fcolonies of black bees of pure strain (A. Ill. /1u:llijim)
and S colonies
ofhybrid
bees (A. ..11. lIlelli.f ra ;
--I. /11.ligitstica).
On the average, the hybrids showed atendency
towards morerapid
develop-went than the black 1>ees, both in the
development
of theweight
of the hives and in the brood-cell surfaces or the amounts ofpollen gathered.
’1’hequalitative
results arestatistically significant.
Thetotal numl>er of
plant
species used is greater with hybrids than with black bees, with a tendencyto
dispersion
with the former. Thehybrid
hives make use of fruit trees arthcr than willows. whilstthe hives of the black strain have the
opposite
tendency.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Ktudeexperiinentate
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I,oiiE.<i.&dquo; !...i()c;8. 7<’<’f:!!7’<’!<’.?.s’!!/!?’f?’!//ff/!/’û//<’!/’<?;’/!-!!///r.s’{Apis jneI)iHca!.).’fhese!t’arts,
1 -206.
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