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CONCLUSION GÉNÉRALE

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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de recherche, la question de l’identification des traces de feu apparaît comme le fil conducteur des réflexions méthodologiques. En archéologie du feu, aucun cas d’étude n’est identique – les contextes et les catégories de témoins à prendre en compte sont nombreux et variés – et il n’existe donc pas de « mode d’emploi » applicable à toutes les situations. Pour autant, l’état de l’art fait apparaître – en filigrane à travers la diversité des études existantes – une démarche structurée en deux questions « clés » : y-a-t-il eu un épisode thermique ? Celui-ci est-il d’origine anthropique ?

Dans les recherches récentes, plusieurs modèles sous-tendent également l’interprétation des témoins ou structures de combustion en termes de comportements. Sur ce point non plus, on ne peut parler d’une méthode unique, mais plusieurs axes de recherche récurrents structurent néanmoins l’analyse :

t La question de la position primaire ou secondaire des vestiges brûlés : en déterminant si la combustion a eu lieu in situ ou si les témoins ont été déplacés après l’épisode de combustion (par des processus pré- et post-enfouissement anthropiques1 ou

naturels), on oriente l’analyse soit vers une approche structurale, soit vers une analyse quantitative de l’assemblage de témoins isolés.

t L’identification d’une sélection anthropique, qui va de paire avec une approche taphonomique des assemblages analysés, contribue à la détermination du caractère intentionnel des activités de combustion.

t L’approche expérimentale permet non seulement d’interpréter ces choix mais également de déterminer les critères analytiques pertinents en identifiant les variables qui ont un impact sur la combustion.

t À travers l’expérimentation également, les traces de thermoaltérations deviennent des indices qui peuvent non seulement contribuer à l’identification mais également à la caractérisation des activités de combustion.

Quel que soit le type de situation traité, l’analyse repose donc sur la convergence de deux catégories de données : les données contextuelles et les données matérielles. Les deux études de cas traitées dans ce travail illustrent les difficultés spécifiques de l’identification de traces de feu sur les gisements « mal documentés » pour lesquels les données contextuelles sont lacunaires.

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384 Conclusion générale

La collection Dupont du Trou Magrite est un exemple représentatif de gisements fouillés à la fin du 19e ou au début du 20e siècle pour lesquels presque aucune donnée stratigraphique

ou spatiale fiable n’est conservée. Cette étude met notamment en évidence les problèmes méthodologiques posés par l’application de modèles quantitatifs à des assemblages mélangeant des témoins de provenances stratigraphiques différentes. L’analyse des « foyers » du Tiène des Maulins soulève quant à elle deux problèmes principaux  : la difficulté de déterminer l’origine anthropique d’une structure dans le cadre d’une démarche de révision, d’une part, et la complexité de l’interprétation des données de laboratoire, d’autre part. L’histoire atypique des recherches menées sur ce gisement en fait, certes, un cas à part. Mais les obstacles rencontrés ne sont pas inhabituels, même pour des sites récemment fouillés : une révision récente a par exemple mis en doute l’interprétation des structures de combustion de Saint-Vaast-la-Hougue qui pourraient en réalité avoir été formées par des phénomènes périglaciaires (Masson 2010) et les analyses géochimiques récentes menées à Choukoutien sont, comme on l’a vu, plus que jamais controversées (chapitre 2).

Au terme de l’analyse, malgré ces difficultés, une interprétation argumentée peut être proposée pour les deux cas présentés dans cette thèse. La première étape de l’analyse consiste, pour chacun des sites, à identifier les biais susceptibles de fausser les résultats et/ ou leur interprétation. Les biais liés à la fouille et à la conservation du matériel sont identifiés grâce à une étude des techniques de fouilles, une reconstitution de l’histoire des collections et un décryptage des principes théoriques qui ont conditionné les stratégies de recherches. L’identification des biais liés à l’impact de processus post-dépositionnels « naturels » s’avère plus compliquée. Dans le cas du Trou Magrite, le travail s’appuie sur la comparaison des données préliminaires de l’analyse taphonomique de la collection Dupont (en cours d’étude par E.-L. Jimenez) avec les résultats des fouilles récentes menées dans le gisement. Dans le cas du Tiène des Maulins, une révision critique des données de fouilles m’a permis de mettre en évidence la présence de perturbations multiples (cryoturbation, bioturbations, phénomènes liés aux inondations de la grotte) dont l’impact exact sur la répartition spatiale des vestiges des niveaux inférieurs de la séquence ne peut être évalué. L’absence d’une étude sédimentologique et géologique du remplissage pousse à la plus grande prudence dans l’interprétation des concentrations de pierres observées. Leur origine – anthropique ou naturelle – ne peut donc pas être déterminée avec certitude.

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donner sens. Malgré cela, aucune de ces deux études n’aboutit à une démonstration absolue, mais plutôt à une convergence d’indices pointant vers l’interprétation la plus probable :

t Au Trou Magrite, plusieurs indices laissent penser, d’une part, que les témoins brûlés identifiés au sein de la collection se rapportent – en grande partie – aux niveaux aurignaciens et, d’autre part, que les silex et ossements brûlés sont issus de combustions intentionnelles mais probablement peu intensives.

t Au Tiène des Maulins, l’absence d’indices probants démontrant l’existence d’un phénomène thermique associé aux structures et les sérieux doutes qui ont été émis quant à l’origine même de ces amas de pierres permettent de conclure que l’hypothèse la plus vraisemblable est celle de l’absence de « foyers ».

Dans les deux cas étudiés les traces macroscopiques, et en particulier les traces noires, apparaissent comme une source d’erreur importante. Au Tiène des Maulins c’est en effet la coloration noire des pierres et des sédiments qui est à l’origine du diagnostic erroné. L’assemblage osseux du Trou Magrite comprend quant à lui des ossements non brûlés dont la couleur noire aurait aisément pu être méprise pour de la carbonisation. Dans un cas comme dans l’autre, l’erreur a néanmoins pu être évitée grâce à une vérification par des méthodes analytiques géochimiques et/ou microscopiques (DRX, FRX, MEB + EDS etc.).

Dans le cas des ossements noirs, l’étude comparative de corpus expérimentaux et archéologiques couplée avec une analyse au MEB + EDS a permis de définir des critères macroscopiques permettant de différencier à l’œil nu les traces noires non thermiques des traces de carbonisation. Afin d’éviter le recours systématique à ce type d’analyses, un référentiel de différents types de traces noires a été établi à partir de l’examen de pièces issues de quatre collections archéologiques – couches 1A et 5 de Scladina, couche IIA du Trou de l’Abîme et les collections Dupont du Trou du Diable et du Trou Magrite. À ce stade, ce référentiel est cependant limité aux traces observables sur ces quatre gisements et a donc pour vocation d’être complété par de futures analyses.

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386 Conclusion générale

préliminaires d’un projet d’étude expérimentale entamé en collaboration avec E.-L. Jimenez mettent en lumière tout le potentiel informatif des thermoaltérations de l’os, notamment autour de trois thématiques : la distinction entre les os brûlés à l’état frais ou altérés, la distinction entre les traces d’altération directes ou indirectes et la distinction entre les os brûlés entiers ou fragmentés. Au regard de la complexité des paramètres à prendre en compte (température, durée, degré d’intempérisation, conservation de la matière organique, paramètres environnementaux etc.), de nombreuses autres expérimentations devront cependant être menées afin de définir plus précisément les critères d’identification pertinents pour aborder ces problématiques.

Les deux cas étudiés dans le cadre de ce travail soulèvent également des questions méthodologiques plus générales et laissent entrevoir des pistes de recherches prometteuses. La révision des analyses géochimiques menées sur les structures du Tiène des Maulins a révélé toute la difficulté de la démonstration de l’absence de feu. De nombreux phénomènes post-dépositionnels sont en effet susceptibles de détruire – partiellement ou totalement – les structures et les vestiges de combustion. Pour pouvoir démontrer l’absence d’activités de combustion dans un niveau d’occupation il faut donc pouvoir exclure cette éventualité. Si l’identification des phénomènes de perturbation et l’évaluation de leur impact sur les traces de feu sont compliquées lorsque les analyses de terrain adéquates peuvent être menées, le problème devient particulièrement épineux lorsque l’analyse dépend de données et d’observations qui ne visaient pas spécifiquement à résoudre ces questions. La possibilité, dans ce cas, d’une démonstration définitive et absolue est exclue, ce qui n’empêche pas, néanmoins, de proposer un diagnostic dont le degré de confiance doit être évalué et clairement énoncé.

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de fortes altérations macroscopiques, ce qui signifie que seules les pièces présentes dans la zone circonscrite par le foyer sont impactées (Sergant et al. 2006). Par comparaison aux ossements brûlés qui, en fonction des cas, peuvent avoir été intentionnellement ou non mis au feu (comme combustible ou simplement dans le cadre d’activités d’entretien), les silex brûlés apparaissent par conséquent comme un meilleur indicateur de la fréquence des activités de combustion.

Si les résultats obtenus sont intéressants à l’échelle du site du Trou Magrite – surtout en ce qu’ils démontrent la possibilité d’une identification fiable – tout l’intérêt de cette approche combinée pourrait résider dans les comparaisons inter-sites  qu’elle est susceptible de faciliter : la proportion de silex brûlés servant de critère d’évaluation de la fréquence des activités de combustion, tandis que l’analyse des restes fauniques brûlés permet d’en préciser certaines caractéristiques. Même si elle nécessite l’intégration de données issues de l’analyse du contexte archéologique global du gisement étudié et une prise en charge des questions taphonomiques, cette approche est relativement facile à mettre en œuvre même pour des gisements anciennement fouillés. Cette démarche pourrait dès lors permettre de combler d’importantes lacunes dans la documentation globale sur les comportements liés au feu en permettant de « réintégrer » dans les débats sur l’usage habituel du feu des gisements qui en sont systématiquement exclus.

À l’échelle régionale, par exemple, il serait intéressant de comparer les résultats obtenus sur différents gisements de la même période. On constate en effet dans la littérature que la problématique de l’usage habituel du feu est généralement traitée soit au niveau d’un gisement, soit à une échelle très globale dans le cadre d’une réflexion généraliste. En facilitant les comparaisons inter-sites, l’approche combinant l’analyse des silex et des os brûlés offre la possibilité d’aborder cette thématique à une échelle intermédiaire susceptible d’apporter un nouvel éclairage sur la question.

Références

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