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Formation du corps solide par les radioéléments
C. Chamié
To cite this version:
LE
JOURNAL
DE
PHYSIQUE
-ET
LE
RADIUM
FORMATION DU CORPS SOLIDE PAR LES
RADIOÉLÉMENTS
Par Mlle C. CHAMIÉ.
Institut du Radium.
Sommaire. - Les atomes et les molécules des radioéléments
qui prennent naissance dans les gaz et les
liquides
et qui appartiennent à la catégorie des solides ont la propriété de s’associer en groupementsou d’adhérer aux solides étrangers pour sortir de la phase non solide. C’est une propriété générale des atomes métalliques et des molécules de leurs composés.
La formation du solide obéit à l’équation
$$ du/dx
= c u/x,
où x est le nombre d’atomes ou de molécules présents et u est respectivement égal au nombre de groupes y avec c = I - m, et au nombre d’atomesou de molécules par groupe z avec c = m. Le cas général o m I s’applique à l’effet Chamié de la formation des groupements. Le cas limite m = o s’applique à la répartition monoatomique ou
mono-moléculaire explicable par l’hypothèse de P. Langevin généralisée de l’adhésion des atomes aux surfaces.
SÉRIE VIII. - TOME VII. N° 12. DÉCEMBRE 1946.
Les radioéléments
permettent
d’observer lafor-mation
du corps solide à l’échellemicroscopique
etde mettre en évidence les
propriétés
des atomes etdes molécules
appartenant
à lacatégorie
des solides.A ce
point
de vue, nousrapprocherons
nosexpé-riences sur les
groupements
d’atomes dans les gazet les
liquides
desexpériences
sur la diffusion durecul
pour
tirer des conclusions.1. Méthode
photographique. -
Pour étudier larépartition
des radioéléments dans des milieuxdifférents,
nous avonsemployé
la méthodephoto-graphique [ 1 ].
Si unradioélément,
émetteur derayons oc, forme un
assemblage
d’atomes ou demolécules de son
composé
et que cegrain
infinimentpetit
se trouvepressé
contre lagélatine
de laplaque
photographique,
onobtient,
après
développement,
l’image
d’unpoint
noirqui,
aumicroscope,
apparaît
comme une étoile dont les rayons ont pourlongueur
le parcours des rayons ce du radioélément dans la
gélatine.
Si un radioélément émetteur de rayons acse forme à la suite de la
désintégration
d’un autre, l’étoile montre les deux parcours des rayons oc desdeux éléments. Avec un
grand
nombre de rayons, l’étoile devient une tache circulaire. La méthode consiste à presser par unpoids
la surface activecontre la
gélatine
de laplaque
photographique
pourun certain
temps de
posependant
lequel
les rayons ocfont leurs
trajets
dans lagélatine.
On a soin d’éviterle
balayage
de laplaque
par les rayonspénétrants
ainsi que d’éviter un excès d’activité oc
qui
voile lesimages.
Onpeut
également
verser duliquide
actifsur la
gélatine
en laprotégeant
contrel’attaque
parle
liquide,
ouplonger
laplaque
photographique
verticalement ou
obliquement
dans la solutionactive;
onpeut
aussiprojeter
des gaz actifs sur lagélatine
et la recouvrir immédiatementaprès
par lagélatine
d’une autreplaque
témoin et tenir cesplaques
souspression
pendant
letimps
de posenécessaire.
Si le radioélément dans le milieu étudié est
réparti
engrains
que nous avonsdésignés
par leterme «
groupements
d’atomes » sansprésumer
d’hypothèse
sur leur nature, la méthodephotogra-phique
mettra en évidence lesimages
en étoiles.Cependant, l’interprétation
des résultats obtenuspar la méthode
photographique
n’est pastoujours
simple.
Pour les radioéléments à vie courte, il suffitde
quelques
atomes pargrain
pour avoir lesimages
en étoiles des
groupements,
mais pour lesradio-éléments à vie
longue
le nombre d’atomes pargroupe doit être très
grand. Ainsi
pour lePo,
dont346
la
période
est deI4o
jours,
desgroupements
avecIoo atomes pour un
temps
de pose d’unjour
donne-raient un noircissement uniforme de la
plaque
photographique
où l’ondistinguerait
aumicroscope
les
trajectoires
des rayons oc comme s’ils’agissait
d’atomes individuels non
groupés.
A cause de cetteincertitude,
nous avons eu recours aux éléments àvie courte et à d’autres méthodes comme, par
exemple,
lacentrifugation
et l’étude de la diffusiondu recul radioactif.
2.
Groupements
d’atomes dudépôt
actifdans l’air. - P. et M. Curie
[2]
avaient ohservé quele
dépôt
actif formé àpartir
de l’émanation dansl’air,
tombe parpesanteur
comme le feraient despetits
grains
solidespolyatomiques.
Nous avons misen évidence ces
grains
desdépôts
actifs des trois’
familles radioactives en
appliquant
la méthode.
photographique
aux surfaces activées par lesémana-tions. Pour montrer que les
groupements
desdépôts
actifs se forment dansl’air,
nous avonspompé
dansune
seringue
l’air actif au-dessus d’unepréparation
de Rd Th et nous l’avons
projeté
directement surla
gélatine;
la mêmeexpérience
a été faite avec unmélange
d’air et de radon. Dans les deux cas, nousavons retrouvé les
groupements
d’atomes desdépôts
actifs
( fig.
I et2).
E. L.Harrington [3]
acentrifugé
Flg. I. -~lg. 2.
Nlicrophotographies des groupements d’atomes dans l’air actif projeté sur la gélatine de la plaque photographique Fig. I. - Th C et Th C’. -
2. Rn, Ra A et Ra C’. ,
les
groupements
dudépôt
actif dans unmélange
d’air et de radon. La formation des
grains
se faittrès
rapidement,
cequ’a
montrél’expérience
sui-vante : la
seringue pompait
l’air avec l’émanation’
se
dégageant
d’une fortepréparation
d’Acéqui-valente en rayons
y à 5
mg Ra. Avant d’entrer dansla
seringue,
le gaz actif traversait un barboteur avecde l’eau
qui
purifiait
le gaz. L’examenmicroscopique
de l’effet
photographique
du gazprojeté
donne des étoiles formées par les rayons oc d’An etAcA;
_ si la
projection
du gaz ne se fait pas immédiatement,on trouve les
groupements
d’Ac G( fig.
3 et4).
Nous avons obtenu
également
lesphotographies
desgroupements
de Rn + RaA par filtration du radon à travers le coton et par saprojection rapide.
Fig. 3. - An et Ac A.
Fig. 4. - Ac C.
Nous avons pu obtenir des
impressions
photogra-phiques
des rayons ce du Rn sansgroupements
enfaisant sortir l’émanation par ébullition d’une solu- tion de sel de Ra dans l’eau et en
opérant
trèsrapi-dement pour la
projeter
sur lagélatine
et pourdévelopper
laplaque
aussitôtaprès.
Le radonvierge
dans un
grand
volume où laprobabilité
de rencontredes atomes est
faible,
donne aussi desimpressions
photographiques
sansgroupements.
Par contre, leradon contenu en
quantité
importante
dans depetites ampoules
et yséjournant-
quelques
jours,
entre à l’état d’occlusion dans les
groupements
forméspar le
dépôt
actif sur lesparois.
Onpeut
s’en rendrecompte
en chassant l’émanation del’ampoule
et enexaminant par le
procédé
photographique
ou par lesmesures du courant
d’ionisation,
l’activité restée surles
parois.
-Ces
expériences
montrent que les atomes de lacatégorie
des solides formés dans l’air àpartir
desémanations gazeuses s’associent dès leur naissance
s’ils ont la
possibilité
de se rencontrer, pour formerdes
groupements
d’atomes.3.
Passage’
des radioélément de laphase
liquide
à laphase
solide. - Cesexpériences
comprennent
les casprincipaux
suivants :1.
Précipitation
par unréacti f .
- Un radioélémentà l’état de
grande
dilutionprécipite
sous l’actiond’un réactif
approprié
et sans entraîneur : le réactifforme dans la solution des molécules du
composé
et,de
plus,
ces molécules s’associent en groupesqui
tombent par
pesanteur
comme lesprécipités
cris-tallins,
amorphes
ou colloïdaux en Chimie ordinaire.Or,
lesgrains
étant trèspetits,
la chute est delongue
durée. La méthode
photographique
permet
d’opérer
avec des
petites
gouttes
de solution et met enévi-dence les
groupements
formés par leprécipité.
Pourcentri-fugation
[4]. Après
une heure decentrifugation,
par
exemple,
de 2,5 cm3 d’une solutionconte-nant 2. Io-~° g de Po à
laquelle
on aajouté
del’ammoniaque,
leprécipité
sesépare
et tombe aufond du
tube;
après
décantation,
onpeut
disposer
du
précipité
et le mesurer par le courant d’ionisationqu’il
provoque.Si le radioélément en solution est à l’état d’extrême
dilution,
les molécules formées ne se rencontrent pasfacilement et sont adsorbées par les
parois
et par les corpsétrangers
dans leliquide;
parexemple,
si l’onajoute
S04H2 à une solution extrêmementdiluée de
Ra,
les molécules de S04 Ra collent auxparois
ou sont entraînées dans laprécipitation
d’autres élémentsquelconques
enquantités
pondé-rables,
parexemple
avec le Feprécipité par
l’ammo-niaque.
2.
Evaporation
des solutions. - Onévapore
à secà l’air libre ou au bain-marie un radioélément en
solution
ionique
sur une lamelle de verre ou demica. La méthode
photographique
montre que leradioélément,
engénéral,
sort de laphase liquide à
l’état degroupements.
Desexpériences
ont étéfaites avec les
dépôts
actifs en solutionnitrique
etavec le Po. Par contre, si l’on fait la même
expé-rience avec une surface en
argent,
le Pos’y
fixeintégralement
etindépendamment
del’évaporation
Fig.5. Fig.6.
Ellet photographique d’une surface d’argent activée par le Po : Fig. 5. - Attaque del’argent parle Po en solution HCI normale. Fig. 6. -
Dépôt du Po sur l’argent en milieu neutre.
de l’acide ou de son déversement, de manière à ne
plus
êtreséparable
del’argent
ni parlavage,
nimême par
frottement;
l’impression photographique
de la surface
d’argent
activée au Po en solution HCI normale donne un noircissement uniforme montrantque le Po a
attaqué
l’argent.
Si l’onopère
de la même manière avec une solution neutre de Poqui
contient des
agrégats
d’uncomposé
de Po ensus-pension,
ils tombent surl’argent
comme sur touteautre surface à l’état de
grains
et donnent lesimages
photographiques
desgroupements
(fig. 5
et6).
Onpeut
conclure que si le radioélément neréagit
paschimiquement
ouélectrochimiquement
avec lasur-face, si la surface n’est pas une électrode
chargée qui
attire les ions par
électrolyse,
ou si les conditionsd’évaporation
ne favorisent passpécialement
l’adhé-sion du corps dissous à la
surface,
les molécules du seldissous se reconstruisent
quand
leliquide s’évapore
et, de
plus,
s’associent engroupements
qui
restentattachés à la surface. La même surface
peut
donner une série dephotographies
avec un dessinidentique
des constellations desgroupements
qui
restentfixés à la surface et ne
passent
pas sur lagélatine
malgré
le contact souspression.
Nous avons
préparé,
àpartir
d’une solution dePo,
une série d’autres dont la teneur en Po diminuait
en
progression
géométrique
de raison1/4.
Onprépa-rait une série de
gouttes évaporées
à sec dont lapremière
contenait 16 U. E. S. de Po(1)
et ladernière
u.
E. S., limites extrêmes pour untemps
é° ,
,
de pose de
24
h. Onpouvait
observer la décroissancedu nombre de groupes y et du nombre d’atomes
de Po par groupes z en fonction du nombre total d’atomes x de Po
présents.
Onvoyait
que y et zaugmentent
moins vite avec x que s’ils’agissait
d’une
simple
proportionnalité.
3. ~’ixation des radiocolloïdes en solution par
certaines
sur f aces.
- Onsait que les radiocolloïdes
se fixent sur certaines surfaces. Nous avons
éga-lement
remarqué
[5]
qu’un
petit
pourcentage
de Poen solution
ionique
HCI est retenu par laparaffine;
ce Po sortant de la
phase
liquide
seprésente
engroupements.
En solution faiblementchlorhydrique,
le I~o secomporte
comme uncolloïde;
enaugmentant
l’acidité,
il se dissout deplus
enplus
mais,
d’après
mon
hypothèse, garde
une certaineprobabilité
deformer des micelles alors que pour les cristalloïdes
la
probabilité
de former des cristaux àpartir
d’unpH
déterminé devient nulle.
Cependant,
il faut undeuxième facteur favorable par
exemple,
laparaffine,
pour que la formation
probable
des micellesse réalise à son contact. Une étude
quantitative
complète
de cephénomène
vient d’être faite parMme B. E.
lVlarques.
Ces
expériences
montrentqu’un
radioélément àl’état de
grande
dilution dans laphase
liquide
ensort à l’état de
groupements
d’atomescaractéris-tiques
pour l’étatsolide,
sauf le cas d’extrêmedilution
quand
la rencontre des molécules n’estplus
probable
et sauf les cas d’attractionspéciale
auxsurfaces solides. _
4. Discussion des résultats. -La formation des
groupements
pour les radioéléments à l’état degrande
dilution dans lesliquides
et les gaz sembleparadoxale.
D’après
H. Herszfinkel et H.Jedrze-jowski,
0. Hahn[6]
et 0. Werner desimpuretés
348
dans les
liquides
serviraient de centresauxquels
s’associent les molécules ducomposé
radioactif peusoluble. Les
objections à
cettehypothèse
sont les suivantes :quand
un radioélément adhère à unassemblage
inactif,
l’image
photographique
dugrou-pement
a un centre clair et son diamètre est alorssupérieur
au double parcours des rayons oc dans lagélatine,
tandis que lesgroupements
homogènes
desradioéléments ont un centre
particulièrement
noiret leur diamètre
égal
au double parcours; d’autrepart,
la filtration des gaz et lacentrifugation
préa-lable des
liquides
devraientempêcher
la formationdes
groupements,
cequi
n’a pas été observé; demême,
le nombre degroupements
nedépend
pas dela
quantité
de matièreétrangère
introduite ensolution. La chimie des radioéléments ne se
distingue
pas de la chimie ordinaire
qui
n’a pas besoin derecourir à la
présence, de
corpsétrangers
en solutionpour
expliquer
laprécipitation
par association desmolécules. Certains auteurs se sont bornés à chercher les causes
qui
pourraient
intervenir danschaque
casparticulier.
Ainsi,
E. L.Harrington
suppose laformation d’ions radioactifs dans le
mélange
d’airet de radon
auxquels
s’associent des moléculespolaires
et forment des centres d’attraction pourd’autres
atomes,
cequi expliquerait
la formationdes
groupements
dudépôt
actif dans l’air. D’autrepart,
M.Haïssinsky
et I. Starik[7]
font intervenirles
propriétés
colloïdales de certainsradioéléments,
ce
qui pourrait expliquer
la formation desagrégats
dans certaines solutions.
L’analogie
des effetsphotographiques
desgrou-pements
quelle
que soit leur nature a conduit certainsauteurs, notamment 0. Hahn et Mme I. Joliot-Curie
[8],
àdésigner
pareffet
Chamié larépartition
discontinue
des radioéléments enagrégats.
Nouspensons que cet effet met en évidence dans des cas
variés la construction de la matière solide à
partir
des atomes et des molécules individuelsqui
prennent
naissance dans les gaz ou
qui
se forment dans lesliquides.
Ce que les radioélémentspermettent
d’observer doits’appliquer
à tous les éléments dans des conditions semblables.Soit x le nombre d’atomes ou de molécules de la
catégorie
des solides formés dans un gaz ou unliquide;
ils ont lapropriété
de serépartir
en ygroupes avec z atomes ou molécules par groupe.
Nous
supposerons
poursimplifier
que tous lesgrou-pements
ont le même nombre z d’atomes ou demolécules,
cequi
est à peuprès
vérifiablequand
lesconditions ne varient pas
pendant
la formation dusolide,
les écarts de la moyenne n’étant pasgrands.
y et z sont des fonctions croissantes de x tellesque leur
produit
estégal
à x. Ces fonctionsqui
interprètent
la formation du solidedépendent
d’unparamètre
m variable suivant les conditions de cetteformation. Le
paramètre
estcompris
entre deuxvaleurs limites o à m ! ~, de telle manière que, pour
le cas limite m = o, on ait z =1
et y
=x, e’est~à-dire
il
n’y
a pas degroupements
et le corps solide formése
présente
sous formemonoatomique
oumono-moléculaire,
tandis que pour m =i, on ait = x
et rg ~ i, c’est-à-dire le corps solide forme un seul
groupement,
un blocunique
de matière solide.En
première approximation,
nous poserons == x,et y==
xl-m, parce que ces fonctions obéissent aux conditionsimposées
et sont en accord avec nos, .
t, - t 1" -L- du u
expériences; z
et y vérifient1 équation ,
= c u
dx x
avec
respectivement
u = z et c = m; ainsi que u .=y et c = I -- m. Cette
équation
montreque la
variationdu nombre de groupes et du nombre d’atomes ou de molécules par groupe est
proportionnelle
à leursrapports
au nombre d’atomes ou de moléculesprésents.
Application numérique :
nous trouvons sur unephotographie
102groupements
de Po avec 106 atomesde Po par groupe : on a donc
x = 108; Y =
(I08)l-m;
B3
z =
(108)’",
d’où m==;
ainsi,
pourl’expérience
i
donnée : y =
"Jx
et z =’x3,
cequi
se vérifieapproxi-mativement en faisant varier x.
Pour étudier le cas limite m = o, nous avons eu
recours à la diffusion du recul radioactif.
5. Diffusion du recul radioactif. -
Quand
unatome de
ThX,
parexemple,
émet uneparticule
oc,l’atome
désintégré
etexpulsé
par recul est l’atomed’émanation Tn
qui
difiuse dans l’air comme tousles gaz.
Quand
un atome de ThC émet uneparti-cule o~, l’atome
désintégré
etexpulsé
par recul est leThC",
isotope
duTl,
appartenant
à lacatégorie
des métaux,qui
dès sa naissance ne secomporte
pas comme un atome
gazeux,
quoique
laquantité
de mouvement des atomes de recul des deux
espèces
soit du même ordre degrandeur.
Nous avonsmontré
[9]
que laquantité
de ThC" recueillie par ledisque récepteur
à des distances très faibles de laplaque-source
nedépasse
pas 8 pour 100 de laquantité
totale de ThC"présente.
Enéloignant
lerécepteur,
laquantité
de ThC" recueillie décroîtavec une
grande
rapidité
suivant une courbequi,
pour despetites
distances,
maissupérieures
auparcours du
recul,
est unehyperbole.
Pourexpliquer
cesfaits,
P.Langevin
asupposé
que les atomes de ThC" sont adsorbés par laplaque-source
ou parle
disque-récepteur
de manière que la concentrationen atomes de recul est nulle dans l’air au
voisinage
immédiat de chacun des deux
plans. D’après
cettehypothèse,
leproblème
de la diffusion du reculdonne comme solution la loi
hyperbolique
de P.Lan-gevin
en accord avec nos courbes. Si lerécepteur
s’éloigne
considérablement de la source, laquantité
très faible de ThC" recueillie et mesurée au
compteur
finit par décroître
exponentiellement
en fonctionde la distance avec un coefficient de diffusion
fois-plus
faible que celui des gaz etcorrespond
à la diffusiond’agrégats
polyatomiques.
Comme le nombre d’atomes de ThC" dans ces conditions esttrop
faible pourqu’ils
puissent
se rencontrer et former desgroupements,
il faut admettre que ces atomesadhèrent à des
assemblages
d’atomesquelconques
dans l’air au-dessus de la source et
qu’ils
arrivent surle
récepteur
alourdis par ces véhiculespolyatomiques.
Ainsi,
les atomes de ThC" individuellementexpulsés
dans l’air ettrop
peu nombreux pour serencontrer,
se fixent à tout corps solideétranger :
ils adhèrent àla
plaque-source,
audisque-récepteur
ou auxassem-blages quelconques
qu’ils
rencontrent sur leurchemin,
comme le font les moléculesqui
se formentdans les solutions extrêmement diluées et
qui
nepeuvent
se rencontrer.L’analogie
entre lecomportement
des atomes derecul dans l’air et des molécules formées dans les
solutions
permet
degénéraliser l’hypothèse
de P.Lan-gevin
et del’appliquer
aux molécules en solutionsextrêmement diluées. De
même,
onpeut
appliquer
l’hypothèse
de P.Langevin
aux ~cas où l’attractiondes molécules par une surface est
plus
grande
quel’attraction mutuelle entre les
molécules,
et leurassociation naturelle est substituée par leur adhé-sion individuelle aux
supports étrangers.
Onpour-rait donc admettre que
l’hypothèse
de P.Langevin
estgénéralisable
ets’applique
à tous les cas où leparamètre
m =o, c’est-à-dire où le solide sort de la
phase
gazeuse ouliquide
à l’étatmonoatomique
oumonomoléculaire en adhérant à une surface ou à un corps
solide
quelconque,
,
6. Conclusion. - En
rapprochant
lesexpériences
des
groupements
dans les gaz et lesliquides
auxexpériences
de la diffusion durecul,
nous pouvonsénoncer la
propriété
suivante : les atomes et les moléculesappartenant
à lacatégorie
des métaux et deleurs
composés
nepeuvent
rester isolés dans les gazet les
liquides; si
leur rencontre estpossible,
ilsforment
des
groupements,
sinon,
ils adhèrent auxsur f aces
ou aux corps solidesquelconques
qu’ils
rencontrent pour passer dans laphase
solide. Cettepropriété
caractérise la matièresolide,
car elleappartient
d’une manièreintrinsèque
et individuelle aux molécules dès leurformation dans les
liquides
et aux atomes dès leur naissance dansles gaz
ou dès leurexpulsion
dans l’air.En
première
approximation,
le nombredegroupes
y et le nombre de molécules ou d’atomes par groupe zobéissent aux
équations
dy
y cl Z.- =(I-m- et 2013
dr .r cLr .T
où x est le nombre total de molécules ou d’atomes.
Le cas
général
o m I serapporte
àl’e f f et
Chamié de la formation des groupes dans la
construc-tion de la matière solide. Le cas limite m = o de la
répartition
monomoléculaire oumonoatomique
avecadhésion aux solides
étrangers
estexplicable
parl’hypothèse
de P.Langevin généralisée
etappli-cable aux molécules en solutions.
Notons que les
groupements
des radioéléments àl’état de
grande
dilutionrappellent
larépartition
non uniforme de la matière dans l’Univers avec les
étoiles
endiscontinuité
dans levide.
’Manuscrit reçu le 6 décembre ~1~6~
BIBLIOGRAPHIE.
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2014 Mlle C. CHAMIÉ et M.
HAÏSSINSKY, C. R. Acad. Sc.
1934, 198, P. 1229. - M.
HAÏSSINSKY, Les
Radio-colloïdes, 1934 (Hermann); Act. Sc., n° 185; J. de Chim. phys., 1934, 31, p. 469. - O.
WERNER, Z. für phys. Chem., 1931, 156, p. 89.
[5] Mlle C. CHAMIÉ et Mme B. E. MARQUÈS, C. R. Acad. Sc.,
1939, 209, p. 877. - Mme B. E.
MARQUÈS, J. de Chim. phys., paraîtra prochainement.
[6] O. HAHN, Applied Radiochemistry, London, 1936.
[7] I. STARIK, Travaux de l’Institut d’État du Radium, 1933,
II, p. 91.
[8] Mme I. JOLIOT-CURIE, Les radioéléments naturels, 1946
(Hermann).
[9] C. CHAMIÉ, C. R. Acad. Sc., 1933, 196, p. 1107 et
1933, 197, p. 1037; J. de Physique, 1934, 5, p. 54 et 436. - Mlle C. CHAMIÉ et TSIEN
SAN-TSIANG, J. de
Phy-sique, 1941, 1, p. 46.