Erling Mandelmann
Avant-propos
Patrice FLICHY
Réseaux est le fruit d’une collaboration avec Paul Beaud de près de vingt-cinq ans. Nous avons lancé ensemble cette revue en 1983. Il s’agissait à l’origine, d’accompagner le développement des sciences sociales au Centre National d’Etudes des Télécommunications (CNET). Paul a immédiatement perçu que cette revue ne devait pas se limiter à l’étude du champ des télécommunications et des médias, et qu’il fallait traiter la communication comme un thème qui permet d’interroger l’ensemble de la réalité sociale.
Grâce à sa grande culture sociologique et à une curiosité toujours à l’affût de perspectives innovantes capables de renouveler la réflexion, il a permis à Réseaux de devenir une revue ouverte sur des préoccupations qui allaient bien au-delà des techniques de communication développées par le CNET.
Paul estimait que la revue devait être en décalage par rapport aux thèmes de recherche courants à l’époque. C’est ainsi que Réseaux a consacré son premier numéro à une question inattendue : le jeu. Mais nous avons également mis au centre de l’agenda des réflexions sur les théories de la communication et les méthodes de recherche, autant de thèmes qui sont au cœur du livre qu’il publiait à la même époque, La société de connivence.
Ce livre s’interrogeait principalement sur la question de la médiation. C’est pourquoi dans ce numéro qui veut lui rendre hommage, nous avons décidé de revenir vingt ans après sur cette thématique, en confiant la coordination
Paul Beaud (1942-2007)
Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur reseaux.revuesonline.com
10 Réseaux n° 148-149/2008
de ce dossier à deux jeunes sociologues lausannois qui ont longuement collaboré avec lui. Nous souhaitons ainsi continuer le débat intellectuel qui est au cœur du travail de la revue.
On parle beaucoup aujourd’hui des communautés à distance. L’équipe de rédaction de Réseaux a fonctionné sur ce modèle pendant toutes ces années.
Paul qui était professeur à l’université de Lausanne participait à notre comité de rédaction, par téléphone. De cette façon, il pouvait être très impliqué dans la revue, tout en gardant cette distance critique, facilement ironique qui le caractérisait.
La bibliographie « à la mode de Perec » qu’il avait écrite pour le vingtième anniversaire de la revue et que nous publions ici est une bonne illustration de cette autodérision qu’aimait bien pratiquer Paul. Nous publions également d’autres textes inédits qui montrent la diversité de ses thèmes de réflexion et la qualité de son écriture. On découvrira ainsi son intérêt pour différents champs de la culture.
Ces derniers mois, malgré sa maladie, Paul Beaud continuait à se tenir au courant de la revue, à lire des projets d’article. Ses avis et ses propositions nous manquent.
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