A. REYNIER. UN PISTACIA PIU5TENDU HYBRIDE.
Lecture
estdonnee de
lacommunication suivante
:119
!
I
)
Un Pistacia pretendu hybride
ipar
M.Alfred REYNIER.
I.
Apres
la derniere periode geologique, ily
aurait eu,croient
beaucoup de
botanistes, cessation de l'activitepolymor-
pnique
et l'Espece,devenue presque immuable,
serait suscep-tible tout
au
plus d'oscillerdans de
faibles limites.On
consenta
admettre que
la vegetationcontemporaine
derive d'anceHres modifies;mais
refusde
croireque revolution
d'un stirpecom- mencee
aTepoque
tertiaire sepoursuive
toujours.Vainement de grands
esprits synthetistes ontsoutenu que
lavariation est
une
proprieteinnee
qui porte la plante a passer,a travers les sieeles,
par
des stades evolutifs latents chez lagraine et decretes clans la nuit des
temps par Natura
naturans.Gette
hypothese trouve
sceptiques les observateurs terre a terrede l'actuelle
natura
naturaia; il vautmieux,
pensent-ils, inter- preter les ecartsmorphologiques dont nous sommes temoins
parinfluence
du
milieu :atmosphere,
sol, climat, etc.1
Go mme
autreagent
modificateur,rhybridation
est alleguee avecune
sorted'engouement. Je me
hdte d'y contredire.Que
l'ech
ange de
pollen entredeux
genres,deux
especes,deux
races puisse
donner
lieu a des produits mixtes, c'est indeniable;mais
cescroisements ne
sontque
des cas exceptionnels, tandisque nos
floristes voient deshybrides
etmetis
partout * : sousces
noms
ils classenta
la hatede nombreuses formes anomales qu
il conviendrait d'analyseravec
patience et sans parti pris.*•
On
comptera bient6t quatre fois plus d'hybrides que d'especes (eton veut les
nommer
selon la Nomenclature binaire, de sorte qu'oralement u est impossiblea l'interlocuteur de deviner s'il est question dTiybride ou
d'espece).
Dans
les esprits hantes par ce modernisme, tout est simple,clair, facile!
Un
prodigieux enclievetrement de fecondations croiseesr6 git le
monde
vegetal : les races sont des hybrides d'especes d'un mf-megenre ou, mieux, de
deux
genres; Tespece typique se marie alors soilavec la race,
soit avec
un
metis (produit du croisement de deux races) et« en resulte les
variC-tes. Des Flores nous parlent d'hybrides dott-s <le
« sous-Especes »!! et il s'en est fallu de peu que le genre (sic) Isias fut
a«opte pour designer des Serapias
X
Orchis.—
Etc., etc.*
i
12 SfiANCE DU 10 MARS 1905.
Se
retranchant, enfin,dans
la classique hierarchie d'espece,sous-espece, race, variete, hybride,
on
n'accordepas
assezd'importance aux
« monstruosites », attributes aune
terato-logic
supposee
aveugle,au
lieu d'yprendre
sur le fait la plasti-city grace a laquelle tout stirpe dirige ses perturbations organi-
ques, indices de la propriety innee
(independante de
rinfluenccdu
milieu) dont il est parle plus haut.pretend
hybride, j'ai cru
bon
de produire ces generalites,pour prevenir
u n
probable disaccord entre des a priori contestables et Tincer-titude
au moins
quipourra
naitreen presence du proteisme
reconnu
inherentau groupe
Pistacia.II.
— Le genre
Pistacia,expose De Saporta
[Origine paleon-tologique des Arbres),
peu nombreux en
esp^ces, ason
centreet autrefois, sans doute, a eu sa region
m6re — en Europe,
sur le
pourtour
de la Mediterranee.Aucun
vestigedetermine
dePistacia
ne
se rencontredans
le tertiairede
la region arctique;c'est sur Fhorizon de l'eoc&ne superieur,
gisement
d'Aix-en-Pro-vence,
dans
ledepot
oligocfene deRonzon
(Haute-Loire), aArmissan,
pres deNarbonne, dans
les argilesmiocenes du
bassin de Marseille,
en Boheme
etdans
les lignites deWeteravie,
des feuilles
ou
foliolesde
trouvees.
oligocenica Mar.,
que
du Lentisque
actuel,: a
Armissan, n'aura
plus quitte le pays.
Lanalogie du P. miocenica
Sap.,du
bassinde
Marseille,avec
notreTerebinthe
est deja frappante; cetteanalogie est
encore
plus etroitedans
leP. bohemica
Ett. ; leTerebinthe
n'a cesse, lui aussi, de semaintenir en Europe.
des
d Aix. « II devait avoir des feuilles persistantes et
parait intermediaire entre le
Terebinthe
et leLentisque, rappe-
lant Vaspect
dun
hybrideP.
Lentisco-Terebinthus,souvent observe en Provence
sur les lieuxou
croissent lesdeux
esDeces.S
botanistes
peu au courant du
criterium sur lequel s'ap-les paleontologues
pour
distinguerune espece
eteinteA. REYNIER, UN PISTACIA PRETENDU HYBRIDS. 121
d'une autre
presentement
vivante,quand
la distinction est deduitede
lasimple empreinte
d'une feuilleou d'une
foliole,prendront
volontiersconnaissance
des lignes suivantes deDe
Saporta
encore
1 , d'autant plusque nous aurons
aexaminer
lavaleur
de l'argument de nervation
chez le Pistachierpretendu
hybride :
«
Lorsque Ton
est reduit, ainsi qu'il arrive souvent, a desfeuilles isolees des fleurs et des fruits, leur attribution n'est pas
toujours aussi
problematique qu'on
pourrait le croire.Beaucoup
de feuilles,
dans
lesgenres
les plusrepandus,
affectentune
forme
caracteristique qui aide a les reconnaitre et enleve presque toute incertitude. Pourtant,en
ecartant les familiesou
genres deceles
par
leurforme
foliaire, ilen
resteencore une
quantite d'autres
pour
lesquelles le seulmoyen de determina-
tion se
resume dans Tetude de ceque
la feuille ade
plus intime:la nervation
« II faut
considerer que
les feuillesforment un
toutcompose
parties solidaires
que Ton peut
isolerpar
lapensee
: le petiole,la
forme
generale, la disposition desnervures
principales, enfinle reseau
veineux,
fournissantchacun
de leur coteune
serie decaracteres
dont
il est aise de serendre compte. Comme une
deces categories
de
caracteres doitprimer
les autres,nous
regar-dons ceux
tiresdu reseau veineux comme
les plus decisifs,en
ce sens
que
si tous les autres se reunissentpour
conseillerune
attribution, et
que
ceux-la fassentreellement
defaut, l'attribu-de
clans
~*w^ UUUl
II Iilnesuffisepas....
tion.
Au
contraire,une
simi-mailles
de
ce reseau estun
r
compte,
bien qu'a lui seultords est i
Plus
grand
soin.... »ondaires se
terminent
parcaracteres qui doivent etre
examines avec
leDes
explicationspaleontologiques
deDe
Saporta, il ressortque
notre
Lentisque
(sous saforme
oligocenica) et notreTerebinthe
(sous ses
formes miocenica
etbohemica)
etaient deja fix6s,avant
k
finde
laperiode
tertiaire,en deux
especes derivant d'un pro-totype disparu.
Le P.
reddita, lui,adu
etre,au
fond, lemoderne
*• De Saporta. Le Sud-Est de la France a l'epoque tertiaire.
*
122 SEANCE DU 10 MARS 1905.
P.
Lentisco-Terebinthus ; et l'existence, autrefoiscomme
aujour-d'hui,
dun
Pistachierintermediate, temoigne de
latendance
avariation continue leguee
par
le stirpe originel.III.
— Sur
cesdonnees, essayons une
revisiondu P. Len-
tisco-Terebinthus d'abord appele
(nomen solum) P. hybrida
inherbier Thuret,
1864 %
decrit ensuitepar De Saporta
etMarion
dans un Memoire
Observations surun Hybride
spontanedu
Tere-»
binthe et
du
Lentisque,paru en
1872,Annates
des Sciences natu-relles, t.
XIV.
Distribuant,
par
la Societed'echanges La
Rochelaise,une
centurie de
rameaux
steriles dudit Pistachier provenc,al, afind'engager a sa recherche les collecteurs
de
laregion
mediterra-neenne
(pourme borner
a laFrance,
ily
apresomption qu'on
le decouvrira
en Languedoc
et Roussillon),jai
publicune Note
oil j'avance
que
cette plante, fort critique, exigede
nouvellespreuves
demonstratives de sa nature exacte.Je m'en
etaisdepuislongtemps occupe
et,pour
faire aujourd'hui saisir les rapportsde ce Pislacia,
dont
l'airegeographique connue
estProvence,
Ligurie, Sardaigne,
avec
les < parents »qu'on
luia
assignes endehors de
lamoindre experimentation dans un
jardin-labora-toire,
nous
allonssoumettre
aexamen
lesprincipaux passages
de
la these desdeux correspondants
de l'lnstitut.Une
petite enquete, d'abord, sur diversaphorismes (ou
por-tions de phrases reductibles a des sentences)
ne pouvant
etread
mis comme
expression de l'absolue realite deschoses sur
le vif:
1° « Les feuilles
du
Terebinthe secomposent
de3 ou 4 f
airesde folioles, plus
une
foliole terminale assezlonguement
petiolee. »Pas
toujours ceminimum
de 7 folioles, ni cemaximum de
9!Frequemment,
des sujetsne montrent que
5 folioles et d'autresen
portent jusqu'a 13,nombre
atteintdans
la variete angusti-folia Lee. et
Lmtte
2du Gard,
desHautes-Pyrenees, Bouches- du-Rhone (Aubagne,
Marseille, etc.). Et, surun m6me
pied deTerebinthe
type,on
constate, pele-mele, des feuilles a 5, 7, 9, 11 folioles.1. Of. E. BURNAT. Flore des Alpes maritimes, vol. II.
2. Cette variete est assez mat nominee, car elle n'a pas invariable-
ment
des folioles plus etroites que celles du type. Ce qui la caracterise,e'est le
maximum
(13) de folioles, qui est moinscommun
que lenombre
11, sans parler de plusieurs feuilles ne portant que 9 ou 7 folioles.
A. REYNIER. UN PISTACIA PKETENDU HYBRIDE. 123
La
folioleimpaire
est loin d'avoirconstamment un long
petiolule ; elle est
maintes
fois trescourtement
petiolulee!
2° «
Dans
folioledeveloppee; il riy a
pas d
Javorlement
partielou
total de cette foliole impaire. »Le
contraire a lieu tres souvent.La
folioleterminate
est tantot egaleaux
autres en largeur et hauteur, tantot plus petite,enfin
diversement conformee
: soit etroite et allongee, soitspatulee,
Quant
de laditefoliole, ils
ne
sont point rares : je les ai notes chez leTerebinthe
i •
type,
non moins que
chez les varietes angustifoliDes
individus sontsuffisamment
richesen
feuilpour
qtcuneux mis en herbier avec
lenom de Terebinthe
variete pari-pennee; mais
il faut avertiraue
les feuillesimDaripennees ne
dition seule
de
faiab
Lentisq
/«
Presque
tous les piedsde Lentisque montrent
des feuillesche de
qui
ne
sontpas
p
(peu
visible, il fautregarder de
pres) d'une folioleavortee;
chez
les autres,depourvue
dnous avons,
adeux
deg
res,une
feuilleimparipennee. De merae
que
pour
leTerebinthe paripenne,
j'aipu
reuniren
herbier desspecimens de Lentisque
var.tmparipennata
: leTerebinthe
s'ymontre simule
parl'ahlation des feuillesnormales
sans impaire.D
sq
l 4° «
Dans
le Lentisque, la nervation est repliee en arceau trescaracteristique. »
Mes
de"on du Lentisque
n'ont point abouti.
En y mettant
de labon
volonte, j'ai
apercju, sur des folioles elliptiques-lanceolees
Lent
^e
quelq
isque
type
nervures
secondaires etune
bifurcation plusou
arquee
vers lesbords du limbe; mais
lesneuf
i24 STANCE DU 10 MARS 1905.
des
nervures
s'ecartenten
ligne droite de la c6temediane,
for-ment
avec elle des angles plutot aigus,ou bien
sebifurquant
sans arcuation.
Chez
la var. latifolia, lanervation
des foliolesovales-lanceolees n'offre
aucun vague contournement
niaucune
bifurcation
que Ton
puisse qualifierde
replien
arceau.Au
sur-plus,
nimporte
quelle foliole deTerebinthe montre
aussi : soitdes
nervures
secondairesne
s'ecartantpas
toujoursen
lignegeometriquement
droite de la cotemediane (autrement
dit,Tangle
aiguy
est parfois deforme), soit des bifurcations dememe vaguement
irregulieres.Quant au reseau
des veines etveinules, subdivision des
nervures
secondaires, ni chez leLen-
tisque
ou
ellesemergent
difficilementpar
suitede
J'opacitedu parenchyme,
ni chez le Terebinthe, les mailles n'ontde contour
defini
en
arceau.5° «
Les
jeunes feuillesdu
Terebinthe out tin aspect lustre; jeunesou vieilles, les feuilles de cette espece sont
manifestement mucro-
nees.
La
coloration des feuillesdu
Lentisque estaVun
vert fonceen dessus,
glauque
en dessous; lemucron
esta
peine sensible.Chez
le Lentisque, les jeunes feuilles,depourvues,
c'est vrai,de l'aspect lustre,
ne
sont pasmoins
tant soitpeu
luisantes a lapage
superieure.— Chez
le Terebinthe, la coloration desfeuilles n'est pas
constamment,
sur cette page, d'un vert plusgai
que
celuidu Lentisque
:beaucoup de
piedsont un
aspectfort
sombre;
le revers estidentiquement
paleou glauque,
autant
que
chez le Lentisque.— Les
feuilles desdeux conge-
neres sont,
en moyenne, mucronees
aussisensiblement.
6° «
Dans
le Lentisque, le rack is de la feuille est aile; ilne
Vestpoint
dans
le Terebinthe. »Oui, le fait est
pour
ainsi dire constant; toutefois,avec de
laperseverance, je suis arrive a mettre la
main
sur des rachis defeuilles
de Terebinthe
partiellement ailes.Negligeons
la folioleimpaire du
Terebinthe,de
laquellesouvent
lepetiolule estborde
a droite et a
gauche par une
extensiondu limbe
(extension qui, apres tout, est bel et bienune
aile).Ce que
je signale, c'est labase
du
rachis, depuis le point^insertion de
la feuille jus-qu'aux
dplus
visiblement que
sque ou
I aile sexagere
surtout dI
A. RKYNIEH. UN PISTACIA PRETENDU HYBRIDE. 125
des paires
de Mon
herbier contientbon
nombre de
rachisde Terebinthe de
la sorte ailes.fi
soient
7° « Les vi
20
millimetre,.,
.__,
grandes. »
Je
ne
pretendraipas que
lesgrappes du Terebi
jamais
reduitesau
pointde mesurer
settlement20
millimetres;mais je puis certifier
que maintes
inflorescencesmdles ou
femelles
de Terebinthe normal ne mesurent guere
plusde
55 millimetres
(maximum
d'elongation attribute parDe Saporta
et
Marion aux
erannfis femelles rlu P. LpntiRcn-TprpMnthuR\.8°
P
Lentisq
remarque
ces lignes
dont nous nous permetton
atif des
pere
etmere du
pretend u hybridjs
grappes
paniculeesdu Terebinthe
naroent, c'est-a-dire qu'il n'en existe
qu'une
suvital. Cette derniere particularity
semble
etablitres nette
avec
leLentisque dont
les petites jsent solitaire-
chaque noeud
simples de
2, 3. Mais,quoique
dess
d
flo r
du Lentisq
pousse terminale
qui sedeveloppe
au-de
constaterque
les noeuds vitaux, d'ouie, sont
en
realite situes sur la partie[>rte
que
leur dispositionne
difterepas
que nous avons
assigneeaux organes
II est d'ailleurs possible
de ramener theoriquement
lagrapp
dans
lagrappe
paniculfus, distincts pourtant,
q
b
de
Inflorescence. Les deux axes
laterauxcorrespondent
evi-demment aux deux grappes
lateralesdu
Lentisque, tandisque
le
grand axe median
represente lerameau
a boisdu
Lentisque.Nous avnnc ma o*™„
k A»M
n Vnmip
vAir la realisation de cettehypothe
pour
se
sur
q tres
vigoureux
dont les/
126 SfiANCE DU 10 MARS 1905.
portaient
meme
La
figure 11 representeune de
ces inflorescencesanomales
dans
laquelle l'axemedian
sechange
versson extremite en un
veritable
rameau
a bois. »IV.
Pour maints
details les auteursdu Memoire
presententle P. Lentisco-Terebinthus sous l'aspect
de
plantes laissantpeu
aconnaitre apres leur etude;
— dogmatisme
hatif!
a)
Les
feuillesdu pretendu
hybridemontrent un nombre
fortvariable de folioles chez
un meme
sujet et j'aiobserve
plusieursindividus
avec
desmaxima
de 11, 13 foliolescomme dans
la var.august i'folia
du
Terebinthe,en
outreun
individuavec quelques
feuilles 15-foliolees!
Mon
herbieren possede
desspecimens.
Ma
ques
l decritspar De Saport
b)
Dans
leP.
Lentisco-Terebinthus la folioleimpaire
est,sou-
ventes fois,
non seulement
egaleen longueur
et larsreuraux
autres,
mais
la plusgrande
acoup
surde
celles quicomposent
lafeuille;
nous verrons semblable
ecart chez la variete hetero-phylle d
herbier
par
De S
malie.
quatre pieds classiq
des fois Taile
du
rachismanqu
brid
tisque.
Mon
herbier contient d'asseznombreuses
feuilles qui le1. J'ai eu la curiosit6 de savoir quels exsiccatas, dans l'herbier de
De
Saporta auMuseum
d'histoire naturelle de Marseille, subsistaient deces quatre sujets.
Ma
disillusion fut grande en n'v rencontrant que <leuxmaigres parts du quatrieme individu (D) et du premier (A) sans inflores-
cence. M. le professeur Laurent, conservateur de cet herbier, eut l'obli-
geance de verifier si les collections de laFaculte des sciences de Marseille ne contiendraient point d'autres specimens de Marion; reponse negative.
Les botanistes done que la question int6resse doiventse rendre au « vallon
de la Roche rouge, au pied de Hegagnas pres de Saint-Zacharie (Var) »
pour y examiner les quatre pieds classiques; existent-ils toujours?
2. Le rachis, plus habituellement, est aile plus ou moins : ce caractere
fait decouvnr t<.ut de suite le P. Lentisco-Terebinthus; mais l'aile est va-
riahle, sur
un meme rameau
pris au liasard : tantot nulleau has du rachis
et peu drveloppee dans lmtervalle <les paires superieures de folioles;
tantot fort nette,
comme
chez le Lentisque, dans cette partie sup6rieurerachidienne de la feuille.
A.
REYMER.
UN PISTACIA PR&TENDU HTBRIDE. i27demontrent
soitpour P.
Lentisco-Terebinthus, soitpour
P. Lentiscus.
q
et
Marion
n'est signalepar eux com me
offrant cetteanomalie.
d) J'ai
mis en regard
: des folioles desP.
Lentiscus, P. Tere-binthus et
P.
Lenlisco-Terebinthus ,en ayant
soin de les choisir dedimensions
tresapprochantes;
puis,quoique
les foliolesdu
P. vera s'ecartassent
par
leur amplitude, j'aipu en
trouverde
moins developpees, avec limbe
assez petitpour repondre
a l'exi- gence.Armant mon
oeil d'une forte loupe, j'ai inspecteminu-
tieusement la
nervation de chacune
de ces quatre folioles,m
efforgant d'y saisir la realitede
cequ'avancent De Saporta
etMarion : «
La
nervation,ou
traits caracteristiquesdu
reseau veineux,d'une
foliolede Thybride
esthabituellement
pluscom-
pliquee
que
celledu Lentisque
etcependant
plussimple que
celle des folioles
du
Terebinthe. »J'avoue mon impuissance
ala differentiation
d'une nervation
« pluscompliquee
»ou
« plus simple » : lesquatre
foliolesm'ont
presenteun
reseau de maillessemblablement anastomosees.
Toutefois,chez
le Lentisque, lesnervures
secondaires
sontpeu multiplies
et ladichotomie
desveines et veinules est
malaisement
perceptible acause du
paren-chyme
incrasse etopaque. M.
Bicknell {Flora ofBordighera and San-Remo)-
n'avu
aussi,dans
les feuillesdu P.
Lentisco-Terebinthus,
que
la difference « plus transparentes et a veinesplus reticulees-vei
comparativementacelles du
Lentisque.pa
dent silence sur la nervation.
e)
Le
Bulletindel'Herbier
Boissier,numerode decembre
1901,publie
un
travail intitule :Anatomie comparee
de la Feuilleche
Sat
Briquet. J e
netais pas
amSme
tieconfirmer ou
infirmer,sur leterrain de l'histologie, la
conclusion d'un
habilemicrographe;
c est
pourquoi, apres
lecturede
cesmots
: « L'hybridite ressort d'une fagon aussi nette del'anatomie
foliaireque de
lamorpho-
logie
externe
», jedemandai
leursentiment
a trois conscien-cieux biologistes ; il
me
futrepondu
: « II existe desgroupes
*• Cf. E. Burnat, op. cit., vol. Ill, 2 e partie.
2 - Touchant ce
nom
de P. Saporta: que xM. E. Burnat a propose en rem-P'ucement de P. Lentisco-Terebinthm, je renvoie a
ma
Note du Bulletin dea Socitte
Iiochelaisc, annee 1003-1904.
128 SEANCE DU 10 MARS 1905.
specifiques caracterises tantot par l'anatomie et la
morphol
tant6t par
Tune
de cesmethodes
seule.U
fo
pa
' les externes seuls,ou
etre surtoutreconnaissable
a sesacteres internes, tandis
que
lamorphologie externe permet
a peine
une
distinction.—
L'nmique structuredu
tissu de lafeuille (opinion des trois
]
fi
dans
ledomaine
des appreciade
1 * O KJ
notre debat infiniment moinscellulaire.
V. — Poursuivons
oar auelaues recheque prendre
1 jl ji 7
tant
polyrnorphisme
des Pistachiers.Le P.
Terebinthus var. heterophyllaDC, Flore Francaise
duquel
lenon
}
fol
folia
fit a tort
de
ce Pistaciaun synonyme de son
« Terebinthus pere-.
f
avait
en vue
le veritable Pistachier d'Orient,form
Willd. (P. trifolia L.
pro
parte), et se la figura sjLanguedoc. Un peu
plus tard,ayant
trouveau
boispres de Montpellier, le
Terebinthe narbonnais, Go
vages
lecommuniquerent
aLinne
quierronemenl
espece,
P.
narbonensis L., caracteriseepar
« foly
et Sau-
vit
une
C
mJ
vegetal fallacieux,
demontra que
cetaitune simple
varieteheterophylle
du P.
Terebinthus. «Le nombre des
folioles,dit-il
dans
le 6 evolume
de laFlore
Francaise, est ordinaire-ment
de 1dans
le Terebinthe;dans
cette variete heterophylla,qui a ete
confondue
par les auteurs, tantotavec
le
P.
vera,tantot
avec
leP.
reticulata Willd.,on ne
trouveque
5 folioles5
du
et
m£me
3; elle vientdans
lesHoussillon. »
Jusquici personne
n' avait indiqueen Provence
leTerebinthe
Aubagne, Gemenos. M
dans
lesBouches-du
»
A. I1KYN1ER. UN PISTACIA PRtiTENDU HYBRIDB. 129
entiere de dispersion
du
type).Par un examen
attentif de ce Pistachier,on
seconvainc que
lenombre
des folioles variedavantage que
le disaitDe Candolle
: 7, 5, 3 et 1 folioles! Ellespresentent
une
foule de bizarreriesquant
a lagrandeur
et a la configurationdu limbe;
aflblementdans
la frondaison : ici,folioles
subarrondies,
tresamples
(de tellemaniere qifune
feuille
portant
l-o folioles pourrait etre prisepour
celle d'un P. vera); la, folioles (|ui rappellent les multiples variations
du
feuillage d'autres varietes
du Terebinthe; ou
bien des feuilleschez lesquelles la foliole terminate avorte, s'atrophie, se
soude
avec
Tune
desdeux
folioles voisinesen
entrainantune
irre*?u-Here paripennite; et, sur diverses de ces feuilles, des racliis par-
fois plus
ou moins
ailes (cf. plus haut, III, 6°), etc.Mais
il estindispensable d'ajouter
que
ladite « variete » meriteraitmieux
le
nom
d'etatanomal,
car les bassesbranches
surtout sont hete-rophylles :
superieurement,
feuillage et inflorescencegardent
plus
ou moins
laphysionomie
et la structuredu Terebinthe
normal.
Si leP.
Terebinthus typepeut
parvenir,en Provence,
aune
taille arborescente,par
contre la var. heterophylia rested'habitude chetive; ce
rabougrissement
etant du,dans quelques
cas, a la mutilation
par un recepage
qui favorisc lemaintien de
la
forme buissonnante.
Les branches
heterophyllesde
cet instructif Pistachier fruc-tifient
rarement,
je n'y aijamais
constateque
qk et la desgrappes femelles fort reduites.
Lorsque
je leur aivu
des drupes,la saison n'etait
pas
assezavancee pour
decider s'ils seraientfertiles.
Du
reste, la sterilite accidentellene
prouverait rienchez
une espece
dioique.Pour
leTerebinthe
laremarque
estacq
b
que,
dans
laProvence en
general, la plante fructifienormale-
uient.
Moggridge, confirmant
ces faits,nous
disait avoir observeune
foisseulement
des fruitsmurs aux environs
deMenton
»[Burnat).
Malgre
la difficulte d'explicationorganogenique
ler
du phenomene, —
il constateque
ledu drupe
sedeveloppe
et atteint la moitie, les troisquarts
mdme de
lagrosseur
reguliereen septembre
(saisonou
i'amande-pistache
n'augmente
plusde volume,
la maturiteT. LU. (SEANCES) 9
r -
bornft h