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Caracteristiques spectrales de pieges jaunes utilises pour la capture des aphides
C. Baldy, J Michel Rabasse
To cite this version:
C. Baldy, J Michel Rabasse. Caracteristiques spectrales de pieges jaunes utilises pour la capture des
aphides. Agronomie, EDP Sciences, 1983, 3 (2), pp.161-166. �hal-02725706�
Caractéristiques spectrales de pièges jaunes utilisés pour la capture des aphides
Charles BALDY Jean-Michel RABASSE
1. N.R.A., Station de Bioclimatologie, Centre de Recherches d’Avignon, BP 91, F 84140 Montfavet.
*
/.N.R.A., Station de Zoologie et de Lutte biologique, BP 78, F 06602 Antibes.
RÉSUMÉ Une étude comparative des caractéristiques spectrales de peintures et de colorants utilisés dans la fabrication
, _
de pièges colorés à
eau aété entreprise. Deux types de supports ont été comparés et leur rôle distingué de Spectrophotométrie celui des colorants. Des différences importantes apparaissent entre 350 et 800
nmselon les colorants et les
visible, supports étudiés. Le vieillissement des peintures joue
unrôle particulièrement net dans
cesmodifications.
Ré f lectance
, On analyse les effets possibles de la couleur
surl’atterrissage des aphides. La répartition spectrale et
Transmittance
, l’intensité des réflectances à des longueurs d’onde définies doivent jouer
unrôle important dans l’efficacité Vieillissement des pièges. des pièges.
SUMMARY Spectral characteristics of yellow water pans used for aphid trapping
Visible spectrophotometry, A comparative study has been made of the spectral characteristics of paints used in the production of coloured
Reflectance, water traps. Two types of support have been used, and their effects distinguished from those of the paints.
Transmittance, Considerable differences
werenoted in the waveband between 350 and 800 nm. A spectrophotometer Ageing of traps. equipped with
anintegrating sphere
wasused.
Possible effects of colour
onthe alighting of aphids
wereanalyzed : the characteristics of the paints and their ageing, the spectral distribution of reflectance and transmittance at particular wavelengths, and theirs effects
on
the efficiency of trapping.
1. INTRODUCTION
Parmi les différentes phases du vol des aphides (K RING , 1972), l’atterrissage dépend des caractéristiques physiques
de l’environnement (vitesse du vent, couleur du site d’atter-
rissage, etc.), et de facteurs éthologiques propres à l’insecte
(R
OBERT et al., 1976). Le processus d’atterrissage est dû à
une phototaxie, suivie d’une réaction optomotrice (K
ENNEDY et al., 1961). Les pucerons arrivent ainsi aussi bien sur des plantes-hôtes que non-hôtes et les réenvols
rapides sont extrêmement fréquents (K ENNEDY et al., 1959).
L’attraction des pucerons par la couleur jaune est connue depuis longtemps et de nombreux auteurs ont essayé d’in- terpréter leur comportement d’atterrissage en fonction de celle-ci. En lumières monochromatiques, Myzus persicae
Sulz. est plus attiré par le jaune et le vert (de 500 à 600 nm)
que par les autres couleurs ou que par un blanc de même intensité (POS PI S IL , 1963). Il s’agit donc d’une véritable vision des couleurs (MO ERI C KE , 1969). L’énergie réfléchie
par les plantes vertes est maximale entre 500 et 600 nm, dans le spectre vu par les insectes diurnes (300-650 nm).
Pour Aphis fabae Scop., l’attractivité de lumières mono-
chromatiques de même énergie croît régulièrement de 460 à
560 nm (du bleu au vert-jaune), puis décroît jusqu’à 640 nm
(rouge clair). L’infra-rouge à 800 nm n’est pas attractif du tout, tandis que l’ultraviolet à 380 nm l’est un peu : là encore, la zone 500-600 nm est nettement privilégiée (ZD
A
REK & POSPISIL, 1966).
Ces données sont cohérentes avec celles de K RING
(1969) : les radiations ultraviolettes de lampes fluorescentes provoquent un comportement migratoire, tandis que les radiations jaunes conduisent à un comportement séden- taire. Dans la nature, les insectes sont soumis à des lumières de compositions spectrales variées, avec des interactions
entre longueurs d’ondes. De nombreux auteurs, comparant les captures au champ dans des pièges de diverses couleurs,
ont constaté globalement la forte attractivité de peintures jaunes (RoACH & AGEE, 1972 ; A’BROOK, 1973).
Pour mettre en évidence les populations opérationnelles plutôt que les populations potentielles (R OTH , 1971), il est
donc intéressant d’utiliser des pièges jaunes, censés traduire la tendance des pucerons à atterrir sur une culture. Toutes les caractéristiques du piège (hauteur, forme, position...)
ont une incidence sur son attractivité. Des études sont
entreprises pour standardiser (et si possible optimiser) ce
moyen de piégeage (A’B ROOK , 1973 ; R OBERT et al., 1974 ; R
ABASSE et al., 1976 ; R ABASSE et al., 1982) ; cet article est
destiné à mieux connaître les propriétés optiques de pièges
jaunes.
Les propriétés optiques des corps sont exprimées en
fonction de leur réflectance et de leur transmittance spectra- les (KoRTiüm, 1969) :
-
la réflectance spectrale, ou facteur de réflexion mono-
chromatique, est la fraction (exprimée en pourcentage) du
rayonnement incident réfléchie par le corps étudié, pour la
longueur d’onde considérée ;
-
la transmittance spectrale, ou facteur de transmission
monochromatique, est le pourcentage de l’énergie incidente
transmise à travers le corps étudié, mesuré à sa sortie, par rapport à un étalon.
L’absorptance est obtenue par différence : c’est la frac- tion absorbée par le corps à la longueur d’onde considérée
et transformée notamment en chaleur sensible.
II. MATÉRIEL ET MÉTHODES
Un spectrophotomètre VARIAN CARY nD, équipé d’une sphère intégrante et de 2 détecteurs sélectifs, a été utilisé : dans la présente étude, le détecteur employé entre 350 et
800 nm est un photomultiplicateur. Des manipulations pré-
liminaires faites avec un spectrophotomètre BECKMAN DK- 2
A équipé d’une sphère intégrante ont donné des résultats
strictement identiques à ceux présentés ici.
La réflectance correspond à la différence de réponse
entre le faisceau mesure qui se réfléchit sur l’échantillon
placé sur l’une des fenêtres de la sphère intégrante et le
faisceau référence qui se réfléchit sur une plaque recouverte
de sulfate de baryum placée sur l’autre fenêtre.
En transmittance, les 2 fenêtres sont obturées par des
plaques de sulfate de baryum et l’échantillon est placé sur le
faisceau mesure à l’entrée de la sphère intégrante.
On a étudié les caractéristiques des peintures entre 350 et
800 nm, en répétant chaque expérience au moins une fois.
Les peintures ont été déposées au pinceau sur 2 supports : du chlorure de polyvinyle opaque gris (PVC), dont la
courbe spectrale est donnée en témoin (fig. lb ), et du plexiglas. Dans ce dernier cas, on a comparé les réflectances de la peinture déposée sur la plaque ou derrière celle-ci : les
2 dispositions peuvent être utilisées en piégeage et on verra qu’elles diffèrent passablement.
On a enfin comparé les caractéristiques spectrales de pièges jaunes avant et après utilisation au champ.
III. RÉSULTATS
Les analyses ont porté sur la réflectance seulement, pour les échantillons de peinture sur PVC ou plexiglas, et sur les
réflectances et transmittances, pour les pièges jaunes avant
et après exposition au champ. Le tableau 1 détaille les
caractéristiques de chaque couple peinture-support retenu
et les paramètres optiques caractéristiques sont expliqués
dans la légende du tableau 2.
Pour le chromate de zinc, on a retenu ici la 1 re des
2 courbes de coupure (450-522 nm). La 2 e va de 522 à
705 nm, ce qui explique la couleur jaune sale de ce colorant.
On donne, dans le tableau 2, 2 rapports de longueur
d’onde : le 1 er , m.!I11 o , définit l’intensité absolue du rapport de brillance de la peinture sur le support considéré ; le 2 e , 560/460 nm, correspond à des valeurs retenues dans la littérature (BRUNEL & LAGOUËT, 1970).
A. Comparaison des peintures
Les figures la et Ib donnent les courbes de réflectance de
Ripolin 500 et 514, des 3 Jaunes Lefranc et du chromate de
zinc, en comparaison avec le PVC gris, et le tableau 2 détaille les propriétés optiques principales de ces peintures.
On notera la réflectance maximale m! très importante entre
600 et 675 nm de ces peintures, en rappelant que la zone de sensibilité colorée des pucerons est située surtout en dessous de 600 nm : R500 paraît très intéressant, alors qu’il est
moins efficace en piégeage que R514...
On notera la courbe de réponse du chromate de zinc, avec
ses 2 paliers successifs. J79 et R514 sont comparés figure 2.
B. Effet du support
Les courbes (2) et (4) de la figure la montrent que le
PVC a une réflectance plus forte que le plexiglas : ceci peut
être dû en partie au moins au fait que le plexiglas laisse
passer le rayonnement par transparence, avec des pertes par diffractions multiples.
La position de la peinture sur la face extérieure ou
intérieure du plexiglas modifie notablement la réflectance : la comparaison des courbes (2) et (3) et des données résu- mées au tableau 2 (comparaisons de R514 et du chromate de zinc) montre que la peinture a une réflectance plus forte
si elle est située à l’extérieur du support.
C. Vieillissement des peintures
La figure 2 et les tableaux 3a et 3b permettent de comparer 3 peintures (R514, J76 et J79, correspondant à
2 fabrications différentes par le même artisan) avant et après exposition des pièges au champ. On note des différen-
ces très importantes, traduites par les grisés sur les courbes de réflectance et de transmittance. On peut en particulier
comparer, sur R514, les points à 560 nm (a) et 460 nm (b), correspondant à des valeurs-repères pour B RUN EL & L AN - GO
U Ë T (1970).
La position du point moyen de coupure Xs o , la valeur maximale de réflectance m . et la valeur d’extinction moyenne m o varient considérablement selon les peintures
testées et leur vieillissement ; on a donc un vaste choix possible pour mettre en place des essais comparatifs.
L’importance du vieillissement des peintures est considéra-
ble et serait à tester systématiquement. On a aussi à
comparer l’effet de la position de la peinture à l’extérieur ou
à l’intérieur du piège.
IV. DISCUSSION
Selon K ENNEDY et al. (1961), les aphides distinguent
comme de vraies couleurs, d’une part la zone 300-500 nm, d’autre part la zone 500-600 nm : des tests plus fins permet- traient peut être encore de préciser. On note la préférence
nette pour le jaune, qui tend à provoquer l’atterrissage des
pucerons (quand ceux-ci sont prêts à atterrir), alors que les
longueurs d’onde entre 350 et 500 nm les repoussent.
Rappelons que le rayonnement solaire a un maximum d’émission vers 450 nm et que celui réfléchi par l’herbe a un maximum vers 550 nm. K ENNEDY et al. (1961) proposent d’exprimer l’effet des couleurs sur les pucerons par le rapport des réflectances moyennes dans ces bandes. Plus
simplement, B RUNEL & L ANGOU Ë T (1970) ont proposé de prendre 460 et 560 nm comme points de comparaison.
Pour préciser les caractéristiques des pièges sur ces bases,
il est souhaitable que la coupure (B]-!o) soit aussi franche que possible et que les deux seuils, 560 et 460, soient aussi différents que possible, avec une coupure centrée sur 500 nm. Plusieurs peintures essayées répondent à ces critè-
res.
L
AMB (1958), après une année de piégeages au champ, a obtenu des captures d’aphides plus abondantes avec des
pièges peints au chromate de zinc qu’avec des peintures plus
riches en bleu violet : ces essais seraient à préciser à la
lumière des indications données par les courbes spectrales.
Des peintures fluorescentes peuvent donner une réflec-
tance supérieure à 100 p. 100 dans le jaune. Elles sont peu utilisées pour les pucerons, alors qu’elles suscitent de
l’intérêt pour les diptères dont les effectifs (captures) sont beaucoup plus faibles (P R O K O PY & B OLLER , 1971).
Dans des expériences portant sur 3 espèces de pucerons
en chambre de vol, K RING (1967) montre que l’addition de blanc à la plupart des teintes diminue le nombre des captures, sauf avec le jaune, où une addition modérée de
blanc améliore les captures. Certaines espèces (Hyalopterus pruni Geoffr.) préfèrent également un jaune non saturé, correspondant à la couleur de la plante-hôte (Phragmites).
Mais ce type de réponse ne paraît pas général (MO ERI C KE , 1969).
La gamme de peintures analysée ici permet de proposer des couples à début de coupure identique, mais d’étendue
de coupure et de pic de réflectance différents.
On peut modifier notablement les conditions de capture,
on l’a vu, en jouant sur la face peinte, sur l’âge de la peinture, etc. Tous ces éléments sont à prendre en considé-
ration quand on veut mettre en place des essais comparatifs
réellement valables, pour aboutir à une véritable standardi- sation du piégeage comme moyen d’étude des populations aphidiennes.
Reçu le IS avril 1982.
Aceepté le 18 octobte 1982.
REMERCIEMENTS
Les auteurs remercient E. B RUNEL (LN.R.A., Rennes) et Mme
M. M ERMIER (LN.R.A., Avignon) de leur lecture constructive du manuscrit.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Brunel E., Langouët L., 1970. Influence de caractéristiques opti-
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