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COMPTE-RENDU DE LA JOURNEE DE REFLEXION DISCIPLINAIRE GROUPE LETTRES DU SNES 29/03/2012 Après un tour de table, on aborde des questions diverses :

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COMPTE-RENDU DE LA JOURNEE DE REFLEXION DISCIPLINAIRE GROUPE LETTRES DU SNES

29/03/2012 Après un tour de table, on aborde des questions diverses :

➢ Certains s'inquiètent des nouveaux programmes de collège dans le domaine de l'argumentation. Il est signalé qu'il est important de commencer l'étude de l'argumentation avant la classe de 3ème.

➢ Des questions sont posées sur le programme de littérature en terminale L : les œuvres au programme sont Zazie dans le métro de Raymond Queneau, en lien avec le film de Louis Malle et Lorenzaccio. La définition de l'épreuve n'est toujours pas connue. Depuis le BO est paru : l'épreuve n'a pas fondamentalement changé malgré un gros bouleversement du programme. Mais a été ajoutée la possibilité de fournir au candidat des documents d'appui.

On peut se demander ce qu'ils pourront (et devront) en faire dans le temps imparti : 2 heures pour traiter 2 questions !

➢ Le programme de seconde est jugé très difficile.

➢ Il est constaté qu'il existe de moins en moins de frontières entre l'argumentation et les autres types de textes, ou de travaux, et que l'on a l'impression de « faire de l'argumentation » en permanence.

➢ En Lettres Classiques, des collègues signalent des inégalités frappantes : alors que dans des établissements difficiles, certains se battent pour obtenir un nombre d'élèves volontaires suffisant afin d'avoir plusieurs groupes de latin en 5ème, cela leur est refusé. Pourtant, dans des cités scolaires parisiennes huppées, on peut trouver jusqu'à cinq ou six groupes de latinistes par niveau..

Intervention de Cathy Mérand : observation diachronique des manuels sur la question de l'argumentation.

Dans les années 50, on s'aperçoit que la notion de récit est prédominante, ceux-ci sont classés en diverses catégories, parmi lesquelles on rencontre le « récit démonstratif », celui qui met en valeur des idées. Le but de l'enseignement secondaire est alors celui de préparation des examens, le brevet et l'entrée à l'école normale.

A la fin des années 90 on trouve dans les manuels une séquence spécifique pour l'argumentation, qui suit celle sur le discours explicatif. La démarche est la suivante : on commence par le discours narratif, dans lequel on inscrit le descriptif, on décrit pour expliquer et on explique pour argumenter.

On voit une volonté de définition : qu'est-ce qu'argumenter, qu'un exemple, un argument, un avis, une opinion, une thèse, une démonstration, etc.

On s'interroge sur pourquoi et comment argumenter, on distingue convaincre et persuader. Le tout est très technique.

Il y a pourtant une différence entre convaincre (logique et raison) et persuader (qui peut également faire appel à l'affect et aux sentiments).

Les exercices proposés sont souvent : rédiger un paragraphe argumentatif, une argumentation en trois étapes. L'oral a fort peu de place dans ces séquences consacrées à l'argumentation, mais très souvent un lien est établi entre argumentation et séduction.

Les textes du XVIIIème siècle sont nombreux mais on rencontre peu d'extraits reposant sur le second degré, l'ironie.

Beaucoup d'activités sont proposées autour de publicités, mais aussi autour de la presse, en

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particulier écrite à cette époque. Quelques exemples de travaux : La une comme mise en scène de l'information ; les titres, neutres ou engagés ; la frontière entre fait divers et fait politique ; dissocier l'information du commentaire (travail un peu lourd qui peut se faire à partir d'un journal télévisé que chacun aurait regardé). Il est par ailleurs intéressant de voir comment les débats sur la peine de mort ont pu évoluer dans les classes depuis les années soixante, en fonction du contexte politique et de l'évolution de la loi sur cette question.

Se pose également le problème de nombreux sujets pour lesquels les élèves sont totalement démunis en arguments. Se pose alors la question de savoir comment les aider et jusqu'où, pour pallier les inégalités dues en partie à un contexte extérieur à celui de l'école.

Intervention de Magali Espinasse : l'argumentation en classe de première

Ses élèves de première ont été confrontés à des textes très polémiques, très provocateurs, sans reprendre les bases de définitions considérées acquises après la seconde. Suite à des travaux donnés à la maison, les élèves ont envoyé des mails montrant que l'argumentation était pour eux une notion très vague. Il a été nécessaire de reprendre les bases en demi-classe. Pour les élèves, l'argumentation, c'est avant tout le travail de commentaire. On argumente grâce aux citations. Ce qu'est l'argumentation en dehors d'un travail littéraire n'est pas très apparent pour eux.

Or l'argumentation écrite de type scolaire est extrêmement complexe car en plus de monologuer sur le sujet qui lui a été donné, l'élève doit penser aux objections du lecteur. Autre difficulté, l'interlocuteur est le professeur qui a posé la question et qui a des attentes ; quelle démarche adopter ? Devancer les attentes du professeur ou essayer de les discuter ?

Par conséquent, il paraît nécessaire d'avoir comme point de départ la définition des enjeux de l'argumentation, des situations argumentatives, des objectifs assignés au discours argumentatif. Il semble essentiel de partir des enjeux de l'argumentation et non de la technique, qui n'est pas inutile en soi mais qui ne gagne pas à être étudiée en premier.

Etudier l'argumentation, c'est aussi faire comprendre aux élèves qu'il existe plusieurs réponses possibles à une question mais que toutes ne se valent pas.

Pour susciter un débat productif en classe, il n'est pas inintéressant de proposer aux élèves une série de textes proposant des points de vue contradictoires sur un même sujet.

Bien souvent, l'argumentation n'apparait dans les programmes que dans la partie expression écrite et écriture (notamment en collège) alors qu'en seconde pro, elle sous-tend l'ensemble du programme, qui est organisé en thèmes de débat, avec des problématiques bien définie, ce qui ne manque pas de pertinence, sauf que les nouveaux programmes de troisième ne les prépare pas du tout à cela.

L'argumentation pose de nombreux problèmes :

➢ Lorsqu'on veut mener une séance d'argumentation sous forme de débat, certains termes, à la base de celui-ci, supposent parfois des prérequis qui ne sont en fait pas maîtrisés par les élèves.

➢ L'argumentation traverse nos programmes scolaires depuis des temps très reculés. De l'antiquité aux fameuses « disputes médiévales », en passant par la canonique « dissertation en trois parties », l'argumentation est un sport qui reste très pratiqué dans notre pays, y compris dans certaines grandes écoles où l'on entraîne les élèves à argumenter sur tout, n'importe quoi et son contraire dans le cadre de débats improvisés du type « pour ou contre

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le ski hors pistes ? » Se pose alors la question de la distinction entre ce qui relève du simple argument et ce qui relève de la conviction.

➢ Elle est donc source de malentendus, de ce fait, mais aussi parce que certains de nos élèves perturbateurs le font en s'impliquant justement dans le débat en cours pour le faire déraper à coup d'arguments, ce qui place bien souvent les enseignants en fâcheuse posture. Voir à ce sujet l'ouvrage de Jérôme Deauvieau intitulé : enseigner dans le secondaire, les nouveaux professeurs face aux difficultés du métier éditions La Dispute). Le chahut provient parfois des enchaînements à l'oeuvre dans les esprits des élèves. Il peut être nécessaire d'expliquer comment s'est construit le savoir pour que les élèves ne puissent pas le remettre en question n'importe comment. En effet, certains d'entre eux opposent leur expérience personnelle au savoir universitaire en plaçant les deux sur le même plan sans opérer de distinguo.

➢ Le cours dialogué est aussi à la source de malentendus. On croit que les élèves participent et argumentent mais la participation tous azimuts n'est pas un gage de qualité de l'échange (on peut avoir jusqu'à 1000 questions/réponses dans une heure de cours de langue vivante !)

➢ Les élèves confondent souvent évaluation de l'argumentation et évaluation de leur pensée :

« On a été saqué parce que le prof n'était pas d'accord avec nous. ».

➢ Se pose également le problème du statut du « je » dans les textes argumentatifs (voir livre de Patrick Rayou intitulé « la dissert' de philo ». Certains élèves pensent que ce « je » fait appel à leur expérience personnelle, alors que ce n'est pas le cas. Il y a ici un implicite que les élèves ne parviennent pas toujours à percevoir.

➢ L'évolution de l'enseignement de l'argumentation entre le collège et le lycée peut laisser certains élèves perplexes : en collège, l'argumentation est très liée à l'expression de soi alors qu'au lycée on s'intéresse aux idées de quelqu'un d'autre et on doit en débattre. En plus, l'argumentation est souvent présentée dans les manuels comme un genre et en même temps, on s'évertue à faire comprendre aux élèves qu'elle n'en est pas un.

➢ On constate que beaucoup de séquences sont axées sur les genres mais avec de moins en moins de problématiques. De nombreuses confusions subsistent dans la tête des élèves faute d'avoir été clairement explicitées : en effet, plusieurs sujets d'invention sont en réalité argumentatifs.

➢ Se pose également la question du bain argumentatif dans lequel nous barbottons tous, notamment en cette période de campagne électorale. Tout ce contexte influe évidemment sur nos élèves : on a par exemple des débats télévisés où les intervenants sont sommés de répondre en une phrase à des questions très complexes sans pouvoir développer leur pensée.

On a aussi des sujets de journaux télévisés qui exposent une thèse en moins de trois minutes.

On a aussi des forums sur internet avec des fils de discussion interminables dont on ne sait plus trop quoi faire. On a enfin des forums sociaux de type Twitter où l'argumentation prend des formes extrêment courtes. De manière générale, le débat politique peut nous sembler aujourd'hui étrangement lisse et aseptisé par rapport à ce qu'il était au XIXème siècle, où les empoignades idéologiques étaient beaucoup plus endiablées.

Quelques pistes de réflexion, propositions d'activités :

➢ L'épreuve de BTS : elle se présente sous la forme d'un corpus composé de textes d'époques et de genres différents sur une problématique en rapport avec un thème étudié pendant l'année. On demande aux étudiants de faire une synthèse objective d'un document, de façon neutre. Ensuite, ils doivent donner leur opinion sur une problématique, à l'aide du matériel que fournit le corpus et des connaissances engrangées durant l'année. On attend ici un point de vue construit et étayé. L'épreuve est l'aboutissement d'une démarche qui pourrait être initiée bien plus tôt car c'est un apprentissage important de savoir utiliser l'opinion des autres pour se forger sa propre opinion.

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➢ Activités d'argumentation à l'oral : Un groupe débat, un autre analyse le débat et prend des notes sur : qui prend la parole, la coupe, la diversité des arguments. Autre activité : deux groupes débattent et un groupe au milieu est mouvant. Selon qu'un élève est convaincu par les arguments de l'un ou de l'autre groupe, il se dirige vers celui-ci. (on peut noter qu'à Rome, les premiers votes au Sénat se sont effectués ainsi, avec un vote par déplacement !)

➢ Pour couper court aux débats stériles, il est important de poser avec les élèves la question des valeurs : en effet, on a coutume de dire que notre jeunesse (et plus généralement notre société) subissent une perte de valeurs et de repères mais la véritable difficulté ne résiderait- elle pas au contraire dans une multiplication incroyable de ces valeurs de sorte qu'aujourd'hui, tout le monde arrive à l'école avec les siennes ? Cette question des valeurs, qui est au cœur de notre sujet puisqu'on argumente aussi au nom des valeurs que l'on défend, ne gagnerait-elle pas à être mise sur la table avec les élèves préalablement à tout travail sur l'argumentation ? Est-ce que tous les arguments se valent ? Peut-on tout défendre ? Nous devons pouvoir faire comprendre à nos élèves que les valeurs ne sont pas immuables, qu'elles se discutent, que tous les pays ne défendent pas les mêmes et qu'on peut aboutir à des points de vue totalement opposés au nom de la défense d'une même valeur : par exemple, le respect nécessaire de la fin de vie est une valeur qui peut conduire à des positions très différentes, pour ou contre l'euthanasie. La défense de telle ou telle valeur est également liée à des sentiments et des affects. Le projet de culture commune de la FSU accorde une large place à cette question des valeurs et à la manière dont celle-ci peut être traitée dans nos classes.

➢ La culture commune pose également la question de l'argumentation sur un plan transdisciplinaire. En effet, comment prouve-t-on quelque chose ? Prouve-t-on de la même manière en mathématiques, en littérature, en droit, en histoire, en philosophie, en sciences expérimentales ? Une réflexion approfondie sur le statut de la preuve en fonction des disciplines pourrait être de la plus grande utilité pour nos élèves.

Cette journée a été riche en échanges et a montré l'importance de l'argumentation dans nos cours de français mais aussi de langues anciennes, du collège au lycée. Le fait qu'elle ait pratiquement disparu des programmes de collège n'empêche pas la majorité des enseignants de lettres d'y consacrer un temps important en classe. Certaines études montrent d'ailleurs que cet apprentissage de l'argumentation peut (et doit) commencer en maternelle. Il n'en reste pas moins que de nombreuses questions restent posées quant à la pratique pédagogique en collège comme en lycée.

Une partie de l'après-midi a été également consacrée à l'étude de manuels scolaires et d'exercices consacrés à l'argumentation. Cette étude a permis de mettre en évidence de grandes disparités au niveau des exigences, de la pertinence des exercices et des choix didactiques proposés sur cette question. Dans certains manuels, l'argumentation est présentée de manière très caricaturale ou très confuse, d'où la nécessité de redoubler de vigilance au moment où on les choisit. Cette journée aura au moins permis de poser de nombreuses questions relatives à l'enseignement de l'argumentation et de commencer à y répondre. Le travail se poursuit et toutes les contributions seront les bienvenues !

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