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Ecologie humaine et travail

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Academic year: 2022

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Ecologie humaine et travail

RAFFESTIN, Claude

RAFFESTIN, Claude. Ecologie humaine et travail. In: Proceedings of the International Meeting on Human Ecology . Saint-Saphorin : Georgi, 1976. p. 243-246

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:4491

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ECOLOGIE HUMAINE ET TRAVAIL Cl. RAFFESTIN

Le travail est certainement un champ privilégié de recherche pour l'écologie humaine, à condition toutefois que 1'on ex- plicite les conditions de sa prééminence et les nécessités sociales de cette prééminence. Faut-il rappeler la phrase de Marx : "... le travail, indépendamment de toute forme de so- ciété, est la condition indispensable de l'existence de l'hom- me, une nécessité éternelle, le médiateur des échanges orga- niques entre la nature et l'homme" (1). Non seulement le tra- vail est, toujours selon Marx, la substance de la valeur et sa durée la mesure de la quantité de celle-là mais encore l'instrument d'une relation fondamentale entre l'individu et son environnement. C'est surtout cette relation essentielle qui retiendra mon attention dans la perspective de l'écologie humaine.

Cette relation dont le travail est le médiateur se réalise dans tout système que l'on peut définir comme un ensemble composé d'une société et d'une enveloppe spatio-temporelle - Tout système de ce genre est caractérisé par un champ rela- tionnel R à l'intérieur duquel prennent naissance une multi- tude de relations dont celles engendrées par le travail.

Si l'on admet comme hypothèse que l'écologie humaine, en tant que projet scientifique, peut avoir comme objet l'étude des relations d'une part et l'étude de leur optimalisation, de leur gestion et de leur régulation d'autre part dans la perspective d'atteindre la plus grande autonomie possible compatible avec les ressources du système, alors le travail en tant que source de relations fondamentales doit être au centre des préoccupations de l'écologie humaine.

Ce que je vais essayer de proposer à partir de cette problé- matique embryonnaire ce sont les niveaux possibles de l'ana- lyse du travail en tant que champ de recherche de l'écologie humaine. Pour tenter d'y parvenir, j'élaborerai une construc- tion théorique simple.

Toute société, quelle qu'elle soit possède un appareil de production qu'on peut définir comme l'ensemble P caractérisé par une série d'éléments P {1, 2, 3 ...} qui représentent

HUMAN ECOLOGY MEETING V1ENNA 1975 HUMANOKOLOGIE-TAGUNG WIEN 1975 GEORGI PUBLISHING COMPANY

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les conditions de travail, l'organisation, la nature de la production, les finalités économiques, etc... On peut faire l'hypothèse que l'ensemble P est suffisamment puissant et dominant pour imposer d'une manière unilatérale ses décisions à ceux qui offrent leur travail. Les travailleurs peuvent être représentés par un ensemble E ou échangeurs de travail qui, en l'absence de tout pouvoir de décision, sont réduits à of-frir leur travail ou à ne pas l'offrir, donc à être au chômage et à mourir de faim. Si l'on place dans cet ensemble les élé-ments sur lesquels les échangeurs ont un pouvoir de décision, dan s le cas extrême évoqué plus haut, l'ensemble E ne comporte qu'un élément la force de travail E {1}. Dans ce cas, on aura donc 1 ' alternative suivante PnE = 0, d'où chômage. Dans l'ensemble R, on aura la situation suivante :

La relation économique échange de travail contre salaire est dominée et il s'agit d'une relation dont l'autonomie est nul- le pour les échangeurs. On pourrait définir l'autonomie dans la relation travail comme la possibilité de gérer et de déci- der les conditions du travail tout à la fois au niveau de l'ensemble P et de l'ensemble E. Il est évident qu'on se pla- ce, ici, dans la situation d'un système qui fait s'affronter deux groupes : celui des capitalistes et celui des travail- leurs. Si P E = PUE, situation extrême, cela signifie-rait que les échangeurs ont pris le pouvoir et qu'il y a auto- gestion . Ce serait en quelque sorte l'autonomie totale par opposition S l'autonomie nulle ou très faible évoquée dans le premier exemple. L'autonomie définie en tant que pouvoir de choix au niveau du travail et de ses conditions est la seule chose qui puisse garantir la liberté individuelle face à l'appareil de production. Si P domine l'ensemble des condi- tions du travail en faisant abstraction du pouvoir de choix de E, c'est une écologie de prison qui ne permet nullement à E de valoriser son travail sur le plan individuel comme sur le plan collectif.

Si l'on considère les choses synchroniquement, la relation économique engendrée par l'échange de travail doit être ap- préciée et analysée au niveau de l'intersection P X E. Quels sont les domaines dans lesquels l'autonomie est réalisée ? Quel est le degré de liberté auquel l'ensemble E est parvenu et quelle est la signification de cette liberté par rapport à E ? A cet égard, on peut distinguer, par rapport à P,

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l'autonomie de l'organisation technique et l'autonomie de l'organisation économique. Indépendamment des conditions de salaire et d'horaire, E peut acquérir une autonomie relative- ment grande dans le domaine technique, c'est-à-dire au niveau de l'organisation des tâches et des postes de travail, c'est- à-dire que E peut gérer dans une mesure plus ou moins large son environnement de travail immédiat. Ceci a été généralement compris dans un certain nombre d'entreprises où l'intersec- tion P X E comprend un nombre élevé d'éléments pour des raisons faciles à comprendre puisqu'ainsi l'entreprise récupère l'ini- tiative de E au profit de sa finalité. C'est généralement à ce niveau technique que l'écologie du travail stricto sensu a réalisé ses expériences les plus significatives.

L'autonomie de l'organisation économique est un autre niveau qui intéresse la participation aux décisions de gestion re- groupant toutes les questions d'investissements, de modifica- tion des programmes de production, de réorientation de la production, en d'autres termes, des finalités de la firme. L ' intersection P X E avec ces éléments est très pauvre. Le pouvoir de P a largement abandonné son autorité absolue au niveau technique pour se réfugier au niveau économique.

Ainsi, si on peut admettre, mais non d'une façon générale, que l'autonomie peut exister sur le premier niveau, il n'en va pas de même au second niveau. L'aménagement de l'environ-nement immédiat peut faire l'objet d'une intervention déci-sionnaire de E au niveau technique mais pas au niveau écono-mique qui implique plus encore qu'à celui-là des décisions politiques qu'on ne souhaite pas reconnaître aux travailleurs. On peut comparer les degrés d'autonomie par l'importance de l ' intersection si P C 7 P ' C ' l'autonomie absolue est plus grande dans le premier cas que dans le second. Cependant, on ne possède rien sur la signification de cette autonomie. On voit que l'autonomie implique un système de relation dans lequel il n'y a pas domination d'un partenaire sur l'autre, mais participation.

De ce point de vue, on peut avancer que l'écologie humaine du travail est forcément nécessairement supérieure là où les relations dominées disparaissent au profit de relations libre- ment choisies.

Il existe enfin un troisième niveau de l'écologie humaine du travail qu'il faut considérer, car il est fondamental d'es- sayer de tout envisager, c'est celui des relations hors tra- vail mais influencées par l'appareil de production, soit l'en- semble P. En effet, dans le champ rationnel R, un grand nom- bre de relations peuvent être plus ou moins déterminées par P. Par exemple, les localisations qui échappent dans tous les cas à E impliquent, pour cet ensemble, des mouvements habitat- lieu de travail qui retentissent sur les relations culturelles

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et sociales d'une manière plus ou moins aigüe. Ce qui signi-fie que très souvent, en plus de la rente foncière, les fir-mes prélèvent sur chaque travailleur une "rente temporelle", constituée par le temps de transport souvent considérable, générée par la concentration des activités. Là encore face à cette situation, les travailleurs de E sont impuissants, même si, çà et là, apparaissent des mécanismes correcteurs de na- ture financière. Ce niveau pourrait être qualifié de niveau des relations hors travail mais liées directement au travail.

On remarquera que ces relations dépendent, dans une assez large mesure, du niveau économique et de son organisation. Tant que l'ensemble E n'aura pas partie prenante aux déci-sions du niveau économique, il est à craindre que les rela-tions hors travail telles qu'elles ont été définies ne puis-sent pas recevoir de solutions satisfaisantes.

Dans la perspective diachronique, on peut suivre l'évolution des relations dans la perspective du changement du degré

d'autonomie. On peut essayer, pour résumer, de construire graphiquement deux modèles simples :

Dans le modèle I, est réalisée une écologie humaine dont le degré d'autonomie est significatif pour les relations avec l'environnement immédiat. Dans le modèle II, est réalisée une écologie humaine à degré d'autonomie plus élevé encore. C'est après la réalisation du niveau économique que les autres rela- tions peuvent être envisagées dans une perspective élargie.

On s'est rendu compte que toute cette problématique baignait dans une idéologie politique plaçant au premier plan la par- ticipation aux décisions.

Adresse : Professeur Claude RAFFESTIN, Département de Géogra- phie, 18 route des Acacias, 1227 Les Acacias -GENEVE (Suisse).

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