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Commission Charbonneau : de l'enjeu à la stratégie - étude du cadrage médiatique de la mise en place de la commission d'enquête et du débat sur la transparence

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Academic year: 2021

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Commission Charbonneau : de l’enjeu à la stratégie

Étude du cadrage médiatique de la mise en place en place de la

commission d’enquête et du débat sur la transparence

Mémoire

Gabrielle Sirois

Maitrise en communication publique

Maitre ès arts (M.A.)

Québec, Canada

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iii Résumé

Le journalisme politique au Québec et ailleurs dans le monde est en pleine mutation. L’arrivée de nouvelles technologies appelle les organisations de presse à revoir leurs façons de faire de l’information. L’émergence de nouveaux concepts et de nouveaux enjeux incitent les journalistes à modifier leurs pratiques. La médiatisation et les théories du cadrage deviennent donc des outils d’interprétation des nouvelles façons de faire la couverture de divers enjeux.

Ce mémoire s’intéresse plus spécifiquement à la médiatisation de la mise en place de la commission d’enquête sur l’industrie de la construction au Québec entre 2009 et 2012. Il répond à deux principales questions de recherche. Quel type de cadrage a été majoritairement été utilisé, celui principalement centré sur les enjeux ou celui centré sur les stratégies? Quelle place prend la thématique de la transparence dans le cadre du débat sur la mise en place de la commission d’enquête sur l’industrie de la construction?

Une analyse de contenu médiatique des trois principaux quotidiens québécois, sur un peu plus de 3 ans, permet d’offrir quelques réponses et pistes de réflexions. Notamment, elle nous a permis de conclure que le recours aux cadres stratégiques est majoritaire et que cela se constate d’autant plus dans les articles d’opinion. L’analyse ne nous permet cependant pas d’établir de manière statistique cette deuxième conclusion. Finalement, la majorité des références à la thématique de la transparence au cours du débat sur la mise en place d’une commission d’enquête ont été faites sous l’angle du manque de volonté des acteurs gouvernementaux.

Ce mémoire conclut avec quelques questionnements sur la qualité de l’information, les modifications de la pratique journalistique, le cynisme qu’amène le recours aux cadres centrés sur les stratégies et son impact sur la démocratie et les citoyens.

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v Table des matières

Résumé ... i

Table des matières ... iv

Liste des tableaux ... vii

Liste des figures ... ix

Remerciements ... xi

1. Introduction ... 1

2. État de la question ... 7

2.1 La médiatisation du politique ... 8

2.2 Le cadrage de l’information ... 11

2.2.1 Objet émanant des acteurs politiques ... 11

2.2.2 Objet émanant de la pratique journalistique ... 13

2.2.3 Objet émanant d’une co-construction ... 17

2.3 La transparence ... 18 2.4 Enjeu ... 21 3. Questions de recherche ... 23 3.1 Hypothèses ... 24 4.1 Corpus à l’étude ... 30 4.1.1 Période étudiée ... 31 4.1.2 Méthode d’analyse ... 34

4.2 Opérationnalisation des variables et indicateurs ... 36

4.2.1 Le cadrage de type enjeu ... 37

4.2.2 Le cadrage stratégique ... 37

4.2.3 Le débat sur la transparence dans la gouvernance ... 39

5. Résultats ... 41

5.1 Portrait général des données ... 41

5.2 Transparence ... 44 5.2.1 Type d’articles ... 46 5.2.2 Type de cadrage ... 47 5.2.3 Expressions connexes ... 49 5.2.4 Thématique de la transparence ... 50 5.2.5 Type de transparence ... 51

5.3 Vérification des hypothèses ... 53

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6.1 Le journalisme politique au Québec ... 57

6.2 Le journalisme d’opinion et de chroniques au Québec ... 62

6.3 La transparence ... 63

7. Limites de l’analyse ... 67

8. Conclusion ... 69

Bibliographie ... 73

Monographies, chapitres d’ouvrages collectifs, articles scientifiques, mémoires et thèses ... 73

Rapports, lois, documents politiques et gouvernementaux ... 79

Articles de journaux ou de chaînes d’informations ... 79

Annexe A – Grille d’analyse ... 81

Annexe B – Transparence et expressions connexes ... 82

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vii Liste des tableaux

Tableau 1 : Répartition des articles selon le type d’articles et le type de cadrage utilisé ... 44

Tableau 2 : Répartition des articles selon le média et la référence directe au terme « transparence » ... 45

Tableau 3 : Répartition des articles selon le média et la référence à des expressions connexes à « transparence » ... 45

Tableau 4 : Analyse et résultats statistiques (test T) de l’hypothèse 1 ... 54

Tableau 5 : Analyse et résultats statistiques (Tests du Khi carré) de l’hypothèse 2 ... 55

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ix Liste des figures

Figure 1 : Répartition des articles selon le média et le type d’article (n=275) ... 42 Figure 2 : Répartition des articles selon le média et le type de cadre utilisé ... 42 (n=275) ... 42 Figure 3 : Répartition des articles selon le type d’article et les références à la thématique de la transparence (n=275) ... 46 Figure 4 : Répartition des articles selon le type d’article et les références directes ou indirectes à la transparence ... 47 Figure 5 : Répartition des articles selon le type de cadrage utilisé et la référence à la thématique de la transparence (n=275) ... 48 Figure 6 : Répartition des expressions connexes utilisées pour faire référence à la transparence (n=165) ... 50 Figure 7 : Répartition des références aux deux angles de transparence (n=125) ... 51

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xi Remerciements

Je tiens à remercier sincèrement Thierry Giasson pour son support tout au long de ce processus laborieux. Ton soutien dur, mais juste m’a permis de me dépasser.

Merci à tout le monde du Groupe de recherche en communication politique, entres autres Geneviève Chacon et Catherine Lemarier-Saulnier, vos encouragements et vos commentaires constructifs m’ont permis d’avancer et d’oser explorer de nouvelles avenues.

Merci aussi à tout ceux qui m’ont enduré dans mes bons et moins bons moments, dans mes hauts et mes bas notamment Laurent, ma famille et mes ami(e)s. Grâce à vous, je suis arrivée à mon but et je suis fière de moi!

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1 1. Introduction

Les démocraties post-industrielles traversent depuis maintenant près de dix ans une période de turbulences. La complexification des enjeux, le désintéressement des citoyens envers le processus électoral, malgré leur implication plus grande par les médias sociaux, ainsi que le déclin de la confiance envers les acteurs et les institutions sont présentés comme certains des symptômes de changement auxquelles les démocraties modernes feraient face (Strömbäck et Esser, 2013).

Une autre transformation importante que vivent les régimes politiques contemporains est liée au rôle dominant qu’y jouent les médias d’information. L’autorité que la population accorde aux récits journalistiques influence la relation entre les politiciens et leurs électeurs. Au cours des vingt dernières années, les liens entre journalistes et politiciens ont été présentés comme des relations d’interdépendance, tant pour l’obtention d’informations du côté des journalistes que pour de la visibilité médiatique pour les politiciens. Comme l’affirment Nadeau et Giasson (2003), « [i]l serait sans doute impossible aujourd’hui de tenir un discours sur la démocratie sans accorder une place centrale aux médias » (3).

La multiplication des plateformes médiatiques de diffusion, la concentration de la propriété de presse au sein d’un nombre limité d’entreprises de grande taille, la réduction des budgets d’information et plusieurs contraintes organisationnelles, techniques et économiques ont mené à des changements dans la pratique du journalisme. Ces changements sont fréquemment présentés dans la littérature (Payette : 2010; Strömbäck, 2008; Strömbäck et Esser, 2013) comme ayant participé à faire évoluer la couverture médiatique. La façon de couvrir la politique s’en trouverait ainsi transformée.

L’information, au Québec, se fait aujourd’hui différemment, particulièrement l’information politique. Selon le Rapport Payette sur l’état de l’information au Québec paru en 2010 (Payette, 2010), la transformation du modèle d’affaires de la presse a amené d’importants changements dans la pratique du journalisme au Québec. Les médias québécois sont amenés à couvrir un petit milieu où les acteurs médiatiques et les acteurs politiques se côtoient sur une base quotidienne. Pourquoi choisissent-ils de couvrir la politique de telle

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ou telle manière? Pourquoi les institutions politiques sont-elles maintenant de plus en plus influencées par la logique des médias en mettant de côté les réflexes, les pratiques et les processus de la logique politique (Strömbäck et Esser, 2013) ? Porquoi les médias parlent-ils maintenant plus de ce qui se passe autour de la politique (stratégies, personnalités, combats politiques, jeux de coulisses) plutôt que de la politique elle-même (de Vreese, 2005)?

La chute des revenus publicitaires, le déclin des audiences ainsi qu’un contexte technologique en mutation forcent les journalistes à s’adapter. L’accélération du rythme de production des nouvelles par l’arrivée massive des sites de réseaux sociaux, la transformation du rapport entre les journalistes et leurs sources, l’hyperconcurrence ainsi que la transformation de la manière dont les publics s’informent ne sont que quelques exemples des nouveaux défis auxquels les journalistes sont confrontés (Payette, 2010 : 12-20).

Par ailleurs, au cours des dernières années, de nouvelles thématiques ont émergé dans les débats politiques québécois et canadiens ainsi que dans les priorités de couverture des différents médias du pays. On peut notamment penser au débat entourant la transparence dans la gestion des affaires publiques. Dans le cadre des activités politiques québécoises et canadiennes, plusieurs événements ont mené à l’émergence du concept de transparence dans le discours politique. Dès 1999, la couverture médiatique entourant le scandale des commandites sur la scène fédérale a mené à la parution des premières enquêtes du journaliste Daniel Leblanc du Globe and Mail. Puis en 2005 et en 2006, au terme des travaux de sa commission d’enquête, le juge John Gomery, rendra public deux rapports (Desjardins, 2007 : 9-19). L’éclatement de scandales dans le monde de la construction au Québec menant à la mise en place de la Commission d’enquête sur l’industrie de la construction entre 2009 et 2015 (ceic.gouv.qc.ca, 2015) représente un chapitre plus récent de la médiatisation consacrée à cette question.

Les conservateurs de Stephen Harper ont d’ailleurs mobilisé cette thématique dans leur programme électoral de 2005. Dès les premières pages de la plateforme, on retrouve des

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3 mentions explicites aux termes d’imputabilité, de transparence, d’éthique, d’ouverture, d’accès à l’information ainsi qu’à la reddition de comptes (Parti conservateur du Canada, 2005-6, en ligne). Ils en feront d’ailleurs l’une des cinq priorités électorales qu’ils martèleront lors de la campagne. Dès les premières semaines suivant leur accession au pouvoir, soit en avril 2006, les conservateurs déposeront à la Chambre de Communes un projet de loi sur la responsabilité gouvernementale, intitulé « Loi prévoyant des règles sur les conflits d’intérêts et des restrictions en matière de financement électoral, ainsi que des mesures en matière de transparence administrative, de supervision et de responsabilisation » (parl.gc.ca, 2006). Elle sera finalement adoptée en décembre de la même année.

Les déboires de la Caisse de dépôt et placement du Québec entre 2007 et 2009, notamment des pertes de 40G$ dû à de mauvais investissements et à la période de crise économique (Lessard, La Presse : 26 février 2009), plusieurs cas de fraudes à la loi électorale lors de la campagne municipale en 2008 et par la suite l’élection d’un gouvernement provincial minoritaire puis les différentes enquêtes sur le monde de la construction dès 2009 ont contribué à placer le thème de la transparence dans la gestion gouvernementale au cœur de l’ordre du jour politique et médiatique au cours de la dernière décennie.

La notion de transparence dans la gouvernance prendra finalement une place centrale dans l’actualité politique québécoise au début de 2009, lorsque les premiers reportages mettant en lumière des stratagèmes de collusion au sein de l’industrie de la construction et de présumés scandales de corruption au sein des partis politiques et d’administrations municipales ont été diffusés. Les premières évocations entourant la mauvaise gestion des fonds de la Société d’habitation et de développement de Montréal ont mené à la suspension de son principal gestionnaire Martial Fillion. Les reportages de l’émission Enquête de Radio-Canada sur les liens d’affaires présumés entre Michel Arsenault, alors président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Jean Lavallée, ex-président de la FTQ-Construction, et un entrepreneur lié au crime organisé, Tony Accurso, représentent d’autres exemples importants de la couverture médiatique ayant attiré l’attention publique sur cet enjeu.

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Plusieurs reportages ont également été publiés dans différents journaux sur le sujet. L’ancien journal en ligne Rue Frontenac a notamment fait la lumière sur certains liens entre le ministre québécois du Travail David Whissel et l’entrepreneur Tony Accurso ainsi que des visites de l’ancien président du comité exécutif de la ville de Montréal, Frank Zampino, sur le luxueux yacht d’Accurso en lien avec le contrat de l’installation des compteurs d’eau dans la métropole. C’est d’ailleurs à la même période que plusieurs chroniqueurs de différents quotidiens, notamment Yves Boisvert de La Presse, ont commencé à réclamer successivement la mise en place d’une escouade policière affectée aux dossiers entourant les allégations de corruption et de collusion et d’une commission d'enquête sur l'industrie de la construction.

En avril 2009, les partis d’opposition à l’Assemblée nationale, la députée adéquiste de Lotbinière Sylvie Roy en tête, demandent la tenue d’une commission d’enquête sur le monde de la construction pour « faire la lumière dans cette grave affaire » (M. Ouellet, La Presse, 6 avril 2009). Ce sera finalement le 15 octobre 2009 que sortira le premier reportage sur la collusion dans l’industrie de la construction à l’émission Enquête, alors qu’un premier regard est jeté sur le gonflement des prix des grands travaux de construction ainsi que sur certains liens présumés entre des entrepreneurs et la mafia montréalaise. Les pressions politiques et populaires augmentent. Alors que plusieurs allégations de corruption et de collusion flottent sur le Parti libéral du Québec, le premier ministre de l’époque, Jean Charest, refuse de mettre en place une telle commission insistant sur la tenue d’enquêtes policières dans ces divers dossiers. Elle sera finalement créée près de 18 mois plus tard, en novembre 2011.

La nécessité de création d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les multiples allégations de corruption au Québec s’imposera alors comme un enjeu politique important dans le débat public. Tous les partis récupèrent la thématique de la transparence dans la gouvernance comme étant une solution à ces problèmes. Tant le Parti libéral que le Parti québécois et l’Action démocratique du Québec revendiqueront la recherche de transparence dans la gestion des affaires publiques. Le débat s’articule alors autour de la transparence, du

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5 financement des partis politiques, du processus de nomination des juges et de la révélation du patrimoine et des actifs des chefs de partis provinciaux. La transparence est présentée comme un outil de plus dans la gestion des affaires publiques et est perçue comme un élément essentiel de la gouvernance.

C’est face à ce contexte que le présent mémoire de maîtrise tente de comprendre comment les médias québécois font le récit de la politique québécoise. Comment présentent-ils les acteurs, les institutions, les enjeux et le processus politiques? À la lumière de cet espace politique mouvant où le thème de la transparence paraît s’être imposé au Québec, nous pensons qu’il est judicieux de se demander comment la mise en place d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les multiples allégations de corruption et de collusion ainsi que cette volonté de rendre la gestion des affaires publiques transparente a été couverte dans la presse québécoise. Sur quels aspects de cette problématique les médias ont-ils mis l’accent? Quels aspects du débat sur la corruption et la collusion ont été mis de l’avant? Comment ont-ils présentés l’enjeu de mise en place d’une commission d’enquête pour mettre fin au climat de suspicion? Comment a été repris le concept de transparence dans la gouvernance par les différents médias? L’étude du traitement journalistique de la notion de transparence dans l’activité politique récente nous permettra de répondre à ces questions et plus spécifiquement d’établir quelle proportion le cadrage stratégique occupe dans la médiatisation des débats politiques au Québec.

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7 2. État de la question

La modification des pratiques et des réalités dans le monde médiatique québécois ainsi que l’émergence récente du concept de transparence dans la gouvernance soulèvent certains questionnements sur la politique et les médias au Québec. Il existe en fait assez peu de travaux québécois (voir néanmoins Monière, 1999; Brin, 2000; Nadeau et Giasson, 2003; Giasson, 2012) sur le traitement médiatique du politique et le cadrage médiatique de l’activité et des stratégies politiques. Cette production existante limitée sur la question nous porte à vouloir contribuer au développement des connaissances. Comment les concepts de cadrage et de transparence s’emboîtent-ils dans la réalité médiatique et informationnelle québécoise? L’évolution du milieu de la presse au Québec répond-il aux mêmes logiques que celles de la presse américaine, encline à privilégier une couverture de l’activité politique axée sur la mise en lumière des coulisses et des stratégies des acteurs politiques? Ces modifications dans le monde des médias québécois peuvent-elles être assimilées aux impératifs de médiatisation du politique, recensées entre autres dans la tradition nord-européenne de la recherche en communication politique?

Les conclusions d’études européennes et américaines nous laissent supposer, par leurs similitudes de réalités et de réflexions, que le monde des médias et de l’information au Québec pourrait recourir aux mêmes pratiques. Le cadrage stratégique pourrait donc être présent dans les médias québécois, surtout dans une joute politique mettant au centre du débat des personnalités, des partis et des pratiques partisanes. Plusieurs hypothèses peuvent être énoncées concernant le journalisme pratiqué au Québec, tant dans la couverture de certains dossiers et enjeux que dans le cadrage privilégié pour présenter l’information. Abordons tout d’abord le concept de médiatisation du politique pour en comprendre les grandes lignes et son implication dans notre recherche.

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2.1 La médiatisation du politique

Les multiples transformations de la démocratie et la complexification de la sphère publique à travers le monde ont mené plusieurs chercheurs à s’interroger sur la manière dont les pratiques médiatiques ont elles-mêmes évolué. Les médias de masse, la télévision entre autres, demeurent les premières sources d’information politique des citoyens (Charlton, Giroux et Lemieux, 2012 : 94). Ainsi, ils sont les principaux canaux de transmission de l’information vers leurs publics. Ils sont donc, pour leurs auditoires, un des principaux descripteurs de la réalité qui les entourent. La médiatisation de la sphère politique est omniprésente. L’augmentation de la couverture et l’analyse des divers dossiers et enjeux politiques, la plus grande connaissance des citoyens de leurs institutions politiques ainsi que l’effritement du concept statique de médiation du politique le démontrent (Strömbäck, 2008).

La théorie de la médiatisation politique a été développée principalement par des chercheurs affiliés à des universités d’Europe du Nord comme les Suédois Strömbäck et Asp, le Suisse Esser, le Danois Hjarvard ou encore de Vreese de l’École de recherche en communication d’Amsterdam. Elle commence tranquillement à s’établir comme cadre explicatif dans les recherches sur la communication politique à travers le monde. Au Québec, bien que le concept ne soit pas énormément mobilisé dans les recherches scientifiques, il se pose comme outil de recherche et d’analyse des acteurs médiatiques et politiques.

Quel rôle joue aujourd’hui la médiatisation dans cette relation entre les médias, les institutions politiques et les citoyens? Quelques textes phares sur la médiatisation permettent d’en comprendre les implications dans la réalité politique et médiatique actuelle. Ces écrits nous permettent donc de comprendre comment les acteurs médiatiques et politiques adaptent leurs pratiques pour tirer profit de la visibilité que leur procurent les médias. Il est clair, particulièrement pour Strömbäck (2008), que les acteurs politiques et médiatiques répondent maintenant beaucoup plus à la logique médiatique, par l’utilisation des cadres médiatiques, du vocabulaire qui lui est associé et par les pratiques qui lui sont propres, puisque la sphère médiatique est principalement régie par les dimensions de la médiatisation.

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9 La médiatisation se définie, en comparaison avec le concept de médiation, comme un processus où tous les éléments de la sphère publique tendent à assimiler les pratiques médiatiques pour augmenter leur influence. Strömbäck la présente plus spécifiquement comme « a process through which the important question involving the independence of the media from politics and society concludes with the independence of politics and society from the media » (2008: 241). D’autres auteurs se sont également intéressés à définir la médiatisation. Asp et Esaiasson ont été les premiers à la présenter comme un « development towards increasing media influence » (1996 : 80-81). Mazzoleni dit qu’il s’agit de « the extension of the influence of the media […] into all spheres of society and social life » (2008: 3052). Hjarvard dit que la médiatisation est « the process whereby society to an increasing degree is submitted to, or becomes dependent on, the media and their logic » (2008: 113).

Strömbäck (2008) est probablement celui qui a défini le plus en profondeur le processus de la médiatisation. Il propose ainsi quatre dimensions qui permettent de déterminer l’impact de la médiatisation selon un ensemble de variables sociales et culturelles. La première dimension est celle de la part relative des médias et les réseaux interpersonnels comme principale source d’information. Les médias sont aujourd’hui la principale source d’information politique et la principale source de communication entre le public et les acteurs politiques, ce qui laisse de moins en moins de place aux réseaux interpersonnels comme outils d’information. Les médias disposent donc désormais d’une influence importante dans la construction de la réalité que se fait une large proportion de la population.

La deuxième dimension représente le niveau d’indépendance des médias par rapport aux institutions politiques, indiquant à quel point il est maintenant très complexe pour les acteurs de la sphère politique d’influencer le contenu des médias. Les institutions médiatiques exercent aujourd’hui un grand contrôle sur ce qu’elles souhaitent publier et ce qu’elles considèrent d’intérêt public, au détriment des contenus que les acteurs de la sphère politique tiennent à voir publié.

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Les troisième et quatrième dimensions représentent la variation entre le recours aux pratiques de la logique médiatique (impératifs de format, de style, de vocabulaire, etc...) et le recours aux pratiques de la logique politique (impératifs de succès dans la pratique politique) respectivement pour les acteurs politiques et pour les acteurs médiatiques. L’apport des concepts de logique médiatique (« media logic ») et de logique politique (« political logic ») dans les écrits de Strömbäck, appuyé par Esser dans leur publication commune en 2013, est central dans la compréhension plus globale du concept de médiatisation. Il est également important de comprendre que les institutions médiatiques ainsi que les institutions politiques sont des systèmes totalement distincts qui poursuivent chacun des objectifs différents. Ils ont chacun « its own set of actors, rules, and procedures, as well as needs and interests » (p. 14). Plus spécifiquement, la logique médiatique correspond à l’ensemble du processus médiatique à travers lequel les médias se posent comme des protecteurs de l’opinion publique et du droit à l’information en présentant et transmettant l’information, incluant les impératifs de format, de style, de temps, de présentation et d’amplification. La logique politique, quant à elle, est le processus politique menant au soutien public, à la distribution du pouvoir, à la délibération ainsi qu’à la prise de décision. Elle se définit, selon Meyer (2012) comme à la fois « the effort to find solutions for politically defined problems by means of programs for actions » et comme « the effort to gain official acceptance of one’s chosen program of action » (12). Nous pouvons donc affirmer que la logique politique répond à la fois du besoin d’agir dans les sphères législatives et exécutives ainsi qu’au besoin d’acceptation et de légitimation politique que représente le processus électoral.

Les réalités des logiques politiques et médiatiques étant très différentes, ce qu’Esser et Strömbäck (2013) tentent de démontrer par la troisième dimension de la médiatisation, elles tendent néanmoins à se rapprocher et même que la logique politique s’assimile tranquillement aux pratiques de logique médiatique. Les acteurs politiques se retrouvent désormais « under increasing expectation to adapt to the news media and news media logic, a process that ends by increasing the relevance of media considerations in political processes and political institutions » (Esser et Strömbäck, 2013: 23).

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11 2.2 Le cadrage de l’information

La littérature concernant le concept de cadrage est vaste. Le recours aux cadres, dans le monde des médias, émane d’un besoin de définir la réalité, d’en offrir une lecture facilitant la compréhension d’évènements d’intérêt public par l’installation de schémas d’interprétation. Ainsi, Tuchman pose que: « [m]ass media actively set the frames of reference that readers or viewers use to interpret or discuss public events » (1978 : ix). Le cadrage, qui s’inscrit dans la tradition de l’étude des effets des médias, est compris comme une construction de la réalité, véhiculée dans une nouvelle, pour en présenter certains aspects au détriment d’autres. Comme Cacciatore et ses collaborateurs, le cadrage est: « a means of understanding how people construct meaning and make sens of the everyday world » (2016:10).

Le cadrage comprendrait ainsi le recours à certains aspects d’une réalité au détriment de certains autres pour faire la promotion d’une définition précise d’un événement, d’un enjeu ou d’une personnalité (inspiré d’Entman : 1993). Il est ici important de noter la différence entre le concept de cadre et celui de cadrage. Le cadre est un élément identifiable (un argument, une phrase, une image) choisi comme élément constructeur du cadrage (van Zoonen, 2011). Le cadrage est quant à lui le processus complet, soit l’ensemble des cadres choisis dans la définition d’un enjeu ou d’un événement.

Plusieurs conceptions du cadrage se confrontent dans la littérature. Dans l’univers de la communication politique, le cadrage est vu par certains auteurs comme émanant directement des acteurs politiques; pour d’autres, il est le fait de la pratique journalistique alors que pour d’autres, le cadrage est une co-construction entre le monde politique et le monde médiatique.

2.2.1 Objet émanant des acteurs politiques

Selon Entman (1989), le cadrage est non seulement l’affaire des médias, mais émane également en grande partie des acteurs politiques. Le système médiatique interdépendant entre les acteurs politiques et les journalistes fait en sorte que le rôle de la presse en est un maintenant de « power without control » (1989 : 9). Les journalistes vont à la source des

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informations politiques pour faire leurs reportages, vers les acteurs politiques qui cadrent la réalité comme ils veulent bien la présenter. L’effet produit par le cadrage, pour Entman, n’est pas universel, il le voit plutôt comme un effet fonctionnel sur une bonne partie de l’audience à laquelle il s’adresse. La définition du cadrage d’Entman le présente comme « selecting and highlighting some facets of events or issues, and making connections among them so as to promote a particular interpretation, evaluation and/or solution » (2004 : 5). Les journalistes prennent donc différents ingrédients de la vie politique pour en faire une nouvelle et déterminent donc comment les gens prennent conscience, comprennent et se souviennent d’un problème (Entman, 1993 : 54).

Entman a proposé une modélisation du concept de cadrage, le modèle en cascade. Ce modèle propose que le cadrage émerge des acteurs de l’administration politique, puis des autres élites politiques et sociales avant d’être repris par les médias. Puisque l’information politique circule dans ce réseau d’acteurs, les nouvelles créées à partir de celles-ci proviennent nécessairement d’une compréhension préalablement cadrée de l’enjeu par les journalistes. Les journalistes, en sélectionnant certains cadres, les rendent alors accessibles à leurs différentes audiences. Celles-ci s’en emparent alors, les analysent et ainsi les rétroactions qu’ils amènent servent à prouver la prédominance d’un cadre ou au contraire la présence de plusieurs cadres en opposition.

La présence de plusieurs acteurs dans ce modèle le rend intéressant au point de vue de la compréhension globale du processus de cadrage dès sa première forme jusqu’à sa réception. De plus, il permet d’évaluer les effets, tant à long terme qu’à court terme, des cadres et du cadrage.

Pour Chong et Druckman, le cadrage est un outil utilisé par les politiciens pour encourager les électeurs à penser d’une certaine manière leurs propositions politiques. Il sert également à rassembler un maximum de votes en amenant « new considerations about a subject in addition to highlighting existing beliefs » (2007: 116). Le cadrage est donc pour ces deux auteurs un outil de développement de certaines conceptualisations sur un enjeu au détriment d’autres. Dans leur conception, le cadrage est un concept à connotation majoritairement

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13 négative puisqu’il peut, à la compréhension des audiences, prétendre que les élites politiques sont en mesure de manipuler les conceptions sur divers enjeux pour servir leurs propres intérêts. Il représente également, pour Chong et Druckman, un outil de création de l’opinion publique au cœur de l’espace public et des débats entourant les affaires publiques. Chong et Druckman expliquent le cadrage comme « a strategy to manipulate and deceive individuals, or it can refer more neutrally to a learning process in which people acquire common beliefs, as in the coordination of people around a social norm » (2007: 120).

2.2.2 Objet émanant de la pratique journalistique

À l’instar de Gitlin (1980) ou Scheufele (2000), certains chercheurs comprennent le cadrage comme une pratique journalistique de classification de l’information facilitant à la fois la rapidité de couverture de l’actualité et l’interprétation d’une réalité. Pour Gitlin, le cadrage est un « principle of selection, emphasis, and presentation composed of little tacit theories about what exists, what happens and what matters » (1980 : 7). Le cadrage réfère donc, pour eux, à la pratique journalistique par l’ensemble des choix de présentation d’une nouvelle.

Pour Bennett (1990), le cadrage tente de donner un sens à la nouvelle en se basant sur la teneur du débat politique. Le cadrage devient ainsi un outil d’analyse de la performance de la presse en démocratie. Bennett croit également que le cadrage, bien qu’il serve à mettre de l’avant certaines définitions au détriment de d’autres, reflète assez bien la réalité politique, qu’il y ait consensus ou non. Ainsi, pour lui, une nouvelle sur un débat ou un enjeu plus polémique fera l’objet de plus d’attention médiatique.

Selon l’hypothèse de l’indexation de Bennett, les pratiques journalistiques tendent à démontrer que les médias sont majoritairement responsables de la perpétuation de différents cadres émanant du monde politique dans les nouvelles. Il affirme ainsi que les journalistes utilisent majoritairement des autorités politiques comme sources officielles. Les journalistes, selon les demandes ou les réalités de leurs institutions, présentent ainsi majoritairement des messages fortement teintés des messages officiels. « The majority of

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political stories are simple condensations of what politicians say and do » (Bennett, 2012 : 119). Ainsi, les journalistes, dans leur tentative de créer un équilibre artificiel des différents spins politiques, ne prennent pas le temps de faire leurs propres enquêtes indépendantes pour établir une nouvelle. Pour Bennett, les cadres, bien que tirés quasi intégralement du discours des politiciens, sont perpétués par la pratique journalistique.

Dans la vision d’Iyengar, le cadrage est un effet puissant de la médiatisation sur les perceptions des citoyens dans leur compréhension de l’activité politique. Les médias, et les nouvelles qu’ils diffusent, sont de puissants véhicules d’information et la façon dont ils cadrent les enjeux citoyens participerait à la définition de ces enjeux en plus de construire des « prevailing patterns of news coverage » (Iyengar, 1990 : 21). Pour lui, le cadrage s’applique de manière différente selon le type d’information relayée. Iyengar est ainsi un des principaux défenseurs de la théorie des issue-specific frames (cadres épisodiques centrés sur des enjeux et des considérations en particulier) en opposition à la théorie des generic frames (cadres utilisés de manière plus générale dans une multitude de dossiers diversifiés ancrés dans la pratique et dans la réalité institutionnelle d’une organisation médiatique). Il croit donc, au même titre que Bennett, que le cadrage émane des réalités médiatiques plutôt que des acteurs politiques.

2.2.2.1 Le cadrage stratégique

La vision du cadrage de Patterson s’approche de celle de Iyengar. Cependant, il avance que le cadrage des « policy stories » (enjeux de politiques publiques) est en déclin au profit de cadres stratégiques ou des « game stories » (1993). Ainsi, les médias s’attardent moins aux problèmes entourant les enjeux et le leadership des politiciens pour faire plus de place dans les nouvelles politiques aux stratégies et aux succès électoraux. Patterson affirme également que bien que les médias s’attardent parfois à des enjeux plus précis, l’analyse de ceux-ci prend tout de même en compte le contexte de jeux et de stratégies politiques qui les entourent. Patterson croit donc en l’effet important du cadrage stratégique sur le cynisme, les lecteurs étant plus informés sur les stratégies et les manœuvres politiques que sur la substance même des enjeux.

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15 La notion plus spécifique de « strategic news coverage » réfère à la couverture stratégique de l’information et a été définie selon les pratiques américaines du journalisme. Elle fait référence à une des façons de cadrer l’information politique. On peut ainsi dire qu’il s’agit d'une branche actualisée et appliquée aux nouvelles réalités informationnelles contemporaines du courant des études sur le cadrage de l’information. Ce sont principalement les relations de proximité entre les acteurs, l’influence des sondages d’opinion et la personnalisation du politique qui ont mené à cette couverture orientée sur les confrontations, les gagnants et les perdants plutôt que sur le contexte. Cette couverture est fortement influencée par la réalité souvent observée du horserace coverage durant les campagnes électorales où chaque candidat est traité comme un cheval de course et où les analyses politiques des évènements ponctuant la campagne relèvent de métaphores sportives.

Ce cadrage de l’information met ainsi l’accent davantage sur les stratégies et les jeux politiques que sur les enjeux et les débats. Cappella et Jamieson, qui ont étudié l’effet de ce cadrage en opposition avec le cadrage centré sur les enjeux, posent que: « In the strategy structure, policy positions are interpreted as a means of gaining a voter block to advance the candidacy or retain a position in the polls » (1997 : 34). Ce concept a également été défini comme étant la couverture médiatique des motivations et des vies personnelles des candidats, l’emphase mise sur les mésententes entre les parties, les candidats et les électeurs ainsi que la présence importante des sondages dans les médias (de Vreese, 2004: 192). Rinke et al. (2013) abordent également l’importance que prend le cadrage mettant de l’avant les stratégies dans le discours politique ainsi que les impacts de celui-ci sur le processus de délibération politique. Ils affirment que le cadrage dit stratégique est un outil qui permet au public de mieux comprendre la politique, ses aspirations et tous les aspects qui la constituent. Le cadrage stratégique (et le cadrage de contestation, soit celui où les acteurs, les idées, les enjeux sont mis en opposition les uns contre les autres) est donc important à prendre en compte parce que : « they capture the two main dimensions of political competition: politics as an instrumental competition of interested actors […] and as a substantive competition of policy ideas» (Rinke et al., 2013: 475). Ils font également partie de ceux qui tentent de regrouper sous une seule appellation les multiples définitions

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de cadrage de jeux, de cadrage « horserace » et de schémas stratégiques et d’examiner leurs conséquences. Ils indiquent que cela se fait de différentes manières : « strategic game framing often involves the reporting of clashes between political opponents and that this increases the likelihood of uncivil behavior finding its way into the news » (Rinke et al., 2013: 480).

Si une majorité d’auteurs s’entendent sur le fait que les cadrages produisent certains effets, quelques autres défendent la position inverse. On peut notamment penser à Norris (2000) qui affirme dans son étude sur l’engagement civique et l’information, que les cadres n’ont pas autant d’effets qu’on a pu le penser. En effet, selon sa thèse du cercle vertueux, plus un citoyen est exposé aux nouvelles (ou plus il choisit de s’exposer aux nouvelles) plus son intérêt pour la politique augmente et ainsi que ce qu’elle nomme le « democratic deficit » est appelé à diminuer. Sa vision du cadrage de l’information, plus particulièrement du cadrage dit stratégique, explique que les citoyens sont encore capables de faire la part des choses grâce à leur niveau de sophistication, à la fermeté de leur identité partisane et à leur implication politique.

Elle se positionne ainsi à l’encontre de la vision pessimiste de Patterson sur la couverture défavorable de la politique. Elle se place également à l’opposé des conceptions de Cappella et Jamieson. Le débat entre vidéomalaise et cercle vertueux, principalement basé sur une dichotomie entre une vision optimiste et pessimiste du journalisme politique, dure depuis plusieurs années puisque d’un côté, Norris affirme que le cadrage de l’information n’est pas une cause du désengagement politique, que les causes de ce désengagement sont bien plus grandes et fort probablement extérieures aux médias eux-mêmes.

Pour Norris, la couverture des scandales politiques n’est pas en soi la cause du déclin de la confiance des citoyens envers leurs institutions politiques. Ce seraient plutôt les actions des politiciens qui affectent la relation entre les politiciens et les citoyens.

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17 2.2.3 Objet émanant d’une co-construction

À l’instar du modèle en cascade d’Entman (2004), le cadrage peut s’activer au cœur des réseaux interpersonnels, principalement dans les relations entre les journalistes et leurs sources, les acteurs politiques. Les messages des acteurs politiques sont teintés selon un ensemble de facteurs : la réalité interne du parti, les branches administratives, les autres acteurs sociaux et politiques ainsi que les réactions des citoyens aux événements politiques. Les messages sont alors transmis aux médias qui les relayent avec leurs propres filtres journalistiques. On comprend donc que la conception du cadrage par Entman, et de certains autres auteurs comme Patterson (1993), Borah (2011), Scheufele et Tewksbury (2007) est celle d’un exercice co-construit entre les acteurs politiques et les acteurs médiatiques. Patterson (1993), bien que convaincu de l’importance que prennent les pratiques journalistiques dans l’implantation du cadrage, croit tout de même que les politiciens sont au cœur d’un certain cadrage stratégique tant dans la présentation de leur personnalité politique que dans leurs idées. Il affirme que les cadres sont co-construits puisque les journalistes se laissent influencer par la personnalisation de la politique (Langer, 2014), c’est-à-dire qu’ils s’inspirent grandement des cadres proposés par les politiciens pour bâtir leurs propres cadres.

Pour Borah, le cadrage réfère au processus complet de production d’une nouvelle. Elle se crée donc autour d’une multitude d’acteurs sociaux, politiques et médiatiques. Borah se place ainsi dans une position de co-construction du cadrage. Également inspirés du modèle en cascade d’Entman, Borah (2011), Scheufele (2000) et Scheufele et Tewksbury (2007) réfèrent au cadrage comme le « second-level agenda setting » et comme faisant partie de la large famille des « media effects processes ». Le cadrage est, pour eux, à la fois un outil des médias et un médiateur des positions des différents acteurs politiques dans la réalité médiatique. Le cadrage est, pour Scheufele (2000), un processus normalisé de création des nouvelles influencé par les contraintes organisationnelles des grands médias et par les réalités politiques.

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Scheufele et Tewksbury (2007) utilisent également la notion de frame building qu’ils qualifient comme processus de construction des cadres autour de différents éléments influencés par une multitude d’acteurs, notamment les groupes d’intérêts, les politiciens, les journalistes et tout autres groupes intéressés à la construction de l’agenda politique. Ce processus se révèle être une compétition entre ces acteurs pour l’imposition de leur compréhension d’un événement ou d’un enjeu. Les deux chercheurs posent que « [t]he activities of interest groups, policymakers, journalists, and other groups interested in shaping media agendas and frames can have an impact on both the volume and character of news messages about a particular issue » (2007 : 12).

Dans le cadre de ce mémoire, la définition privilégiée du cadrage sera fortement inspirée du modèle en cascade d’Entman (1993) en plus d’utiliser les spécificités des définitions du cadrage stratégique de Cappella et Jamieson (1997) et de de Vreese (2004). Ainsi, la définition choisie pour ce mémoire postule que le cadrage est une co-construction négociée entre les acteurs politiques et les médias d’information qui couvrent leurs activités.

2.3 La transparence

Le concept de transparence s’est imposé dans l’actualité politique québécoise au cours des dix dernières années. Au cœur de divers débats sociaux, le concept de transparence représente, dans le contexte québécois actuel, un idéal démocratique auquel la classe politique aspire. La transparence est considérée comme une qualité démocratique nécessaire à une société pour que celle-ci puisse se développer efficacement. La transparence remplit plusieurs fonctions au sein des sociétés démocratiques. En plus de s’inscrire dans la fonction d’information du public, elle sert d’explication à la logique de la prise de décisions dans les institutions politiques et de légitimation puisqu’elle est « un moyen de regagner la confiance du citoyen et de légitimer ses actions, car l’on montre que l’on agit dans l’intérêt général » (Audria, 2004 : 61).

Ainsi, de façon globale, on peut affirmer que la transparence remplit, dans la société, la fonction de contrôle démocratique, c’est-à-dire qu’elle permet de faire le lien entre l’interne (le gouvernement, le processus de prise de décision) et l’externe (les journalistes, l’opinion

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19 publique) sur divers enjeux, de manière ouverte. Elle sert, dans l’idéal, de correspondance sans accrocs entre l’ouverture et la disponibilité des informations chez les gouvernants et la confiance du public envers ses institutions. En tant que qualité démocratique, entre les mains des citoyens, elle devient un contre-pouvoir.

Ainsi, l’analyse des différentes normes démocratiques, dont celle des initiatives politiques liées à la transparence dans la gouvernance, permet de comprendre comment la confiance de la population envers les titulaires des charges publiques peut être affectée.

Ce concept s’inscrit dans la grande théorie de l’accès à l’information et des pratiques de e-government et il s’envisage comme « l’obligation de répondre de ses actes […]; en assumer la responsabilité (j’en réponds) et répondre dans la perspective communicationnelle (je rends compte) » (Libaert, 2003 : 51). L’accès à l’information a été présenté par la Commission d’accès à l’information du Québec, dans son rapport de 2002, comme une volonté collective d’aller vers une plus grande transparence de l’État. La transparence est vue comme une composante essentielle du concept de gouvernance, cela passant principalement par l’ouverture de l’État et la mise en place d’un système d’accès à l’information efficace.

La transparence répond à plusieurs objectifs politiques, notamment de mettre de côté la peur dans la gestion de l’agenda public par la gestion de dossiers délicats et permettre aux électeurs de prendre des décisions éclairées. La transparence se caractérise donc par l’accessibilité des données et d’informations en temps opportun et se pose comme symptôme d’un État fort et ouvert. La transparence étant une des qualités démocratiques, elle se démarque des autres par l’unicité de sa définition et par son utilité dans l’établissement du lien de confiance entre citoyens et acteurs politiques. Elle présuppose « que les représentants politiques et le gouvernement seront honnêtes […] et travailleront aux intérêts collectifs » (Quirion, 2012 : 12), donc que le recours à la transparence dans la gestion des affaires publiques est un outil pour les politiciens de démontrer qu’ils n’ont rien à cacher.

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Dans sa conception généraliste, la transparence se définit comme une des sources de la « confiance au nom du droit du public à l’information, des structures, modalités de fonctionnement et actions d’une institution publique ou privée » (Balle et Albert, 2006 : 449). Ce terme sera ici utilisé dans la perspective des politiques publiques ou des programmes gouvernementaux mis en place pour tenter de faire preuve de plus de transparence. Ce concept s’opérationnalisera selon le recours aux mots ou aux expressions référant à la thématique de la transparence que l’on retrouve dans la couverture que font les médias québécois de l’enjeu de la mise en place d’une commission d’enquête sur l’industrie de la construction.

La transparence est un concept qui permet de relever la conception que les politiciens se font de la démocratie et de quelle manière ils veulent la partager avec les citoyens. Ainsi, l’ouverture des membres du gouvernement à partager les fruits de leur délibération, l’accessibilité à divers documents gouvernementaux, les discours sans ambiguïté des politiciens et l’impression donnée de n’avoir rien à cacher peuvent être des indicateurs de la transparence dans la gouvernance (Ouellet, 2012). Évidemment, le recours à la transparence n’est pas traité de la même manière par le gouvernement et les partis d’opposition. La transparence peut ainsi être présentée sous l’angle de ses bénéfices, par la volonté du gouvernement d’être plus transparent. Elle peut également être présentée sous l’angle de l’absence de volonté, soit qu’un gouvernement se fasse reprocher son manque de transparence par l’opposition ou encore par la présentation des diverses conséquences négatives pour la démocratie entraînées par un manque de transparence du gouvernement.

Ce mémoire cherche ainsi à comprendre comment les médias québécois ont parlé du thème de la transparence dans la gouvernance dans leur récit de la mise sur pied de la Commission Charbonneau. Il permettra également de voir comment le recours à des initiatives de transparence dans un contexte sociopolitique polarisé est présenté par les journalistes.

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21 2.4 Enjeu

Lorsque l’on parle d’enjeux, on réfère à différents sujets d’intérêt populaire que l’on retrouve dans la sphère publique. Röttger (2008) les définit plus précisément comme : « debatable topics of public interest that are connected with controversial opinions, expectations, or problem solutions » (en ligne). Les enjeux sont des objets de débat, des outils pour les politiciens afin de faire connaître le contenu de certains dossiers. Taylor affirme que : « issues are constantly being used in elections and campaigns and can be categorized based on the ease of their use » (2009: 4).

La production scientifique distingue deux catégories d’enjeux : les « hard issues » et les « easy » ou « soft issues ». La principale distinction entre ces catégories réside dans la manière dont les citoyens y réagissent. Les « easy » ou « soft issues » sont principalement des enjeux qui se concentrent sur l’atteinte d’objectifs plutôt que sur les moyens d’y parvenir. Ils sont souvent présents sur une longue période dans les agendas politiques et dans l’espace public et provoquent des réactions instinctives et émotives plutôt que de susciter la réflexion sur le fond d’un sujet (Carmines et Stimson, 1980 : 80). On peut penser à des enjeux comme le débat québécois sur la laïcité des institutions politiques ou encore à divers débats sur des dossiers de nature culturelle.

Au contraire, les « hard issues » sont des enjeux aux sujets réfléchis qui se trouvent dans l’espace public de débat pour une courte période mais dont l’influence sera importante. On réfère aux « hard issues » lorsque l’on parle de moyens d’agir, de débats, de réflexions sur des sujets et dossiers plus techniques et complexes. Chez les citoyens, ils mènent à une réflexion, à la nuance, généralement dans le but d’obtenir un consensus à large échelle (Carmines et Stimson, 1980 : 79). Ici, on réfère principalement à des enjeux de nature économique ou encore de défense, par exemple l’implication dans une guerre, qui font appel à des éléments rationnels plutôt qu’émotifs. C’est à cette catégorie d’enjeux que ce mémoire s’attarde. L’utilisation du terme « enjeu » référera à des sujets complexes, portant à débat, mettant l’emphase sur les moyens plutôt que sur les objectifs et ayant un impact important sur les citoyens, leurs réflexions et leurs prises de décisions politiques.

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23 3. Questions de recherche

Plusieurs questionnements émanent d’une problématique aussi vaste. Notre mémoire s’attarde toutefois précisément à l’identification des types de cadres médiatiques concernant l’enjeu de la mise en place d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les multiples allégations de corruption et de collusion au Québec. De plus, il tentera d’identifier la place que prend la thématique de la transparence dans ce grand débat. Il vise à relever comment a été présenté cette question dans toute la couverture médiatique dans les mois précédant la création de la Commission Charbonneau. Notamment, il tente de discerner les cadres centrés principalement sur les enjeux de ceux traitant principalement des stratégies et intentions des acteurs politiques (inspiré des notions de Cappella et Jamieson, 1995 et 1997 et de Vreese, 2004). Le mémoire s’articule autour des deux questions de recherche suivantes :

Q1: Dans les médias québécois, le cadrage est-il centré sur les enjeux liés à la question de la mise en place d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les multiples allégations de corruption et de collusion dans l’industrie de la construction ou plutôt sur les stratégies et les intentions des acteurs politiques québécois interpellés dans le débat entourant la création de la Commission Charbonneau?

Q2 : Quelle place est réservée à la thématique de la transparence et comment a-t-elle été présentée dans la couverture médiatique réservée à la mise en place d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les multiples allégations de corruption et de collusion dans l’industrie de la construction?

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3.1 Hypothèses

Cette recherche tente de comprendre de quelle manière l’enjeu de la mise en place d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les nombreuses allégations de corruption et de collusion été présenté dans les médias à travers différents cadres. Elle tente aussi de comprendre quelle place a pris la thématique de la transparence dans le débat sur cet enjeu.

Premièrement, inspirée des travaux de Cappella et Jamieson (1995 et 1997) ainsi que de ceux de de Vreese (2004) et Rinke et al. (2013), nous anticipons que la réalité médiatique québécoise reflétera la réalité américaine, c’est-à-dire que l’enjeu de la mise en place d’une commission d’enquête sera fortement cadré sur les stratégies des acteurs politiques. Les conclusions de ces travaux antérieurs nous amènent à croire que la couverture de la thématique de la transparence au cœur du débat entourant cet enjeu sera présentée majoritairement sous l’angle de l’inaction du gouvernement plutôt que de mettre de l’avant la volonté de ce dernier d’être plus transparent.

Comme l’indiquent Nadeau et Giasson : « le ton négatif, l’accent placé sur les scandales et les conflits, la visibilité accrue que s’accordent les journalistes et leur tendance montante au commentaire » (2003: 6) révèlent la montée de la focalisation des pratiques journalistiques sur les stratégies politiques. Les études semblables déjà menées ont semblé démontrer que les enjeux au cœur d’un débat politique polarisant font souvent l’objet d’une couverture médiatique centrée sur les stratégies politiques et le développement des jeux partisans (Patterson, 1993).

Deuxièmement, comme l’affirme de Vreese (2005), le cadrage est un processus à la fois influencé par la réalité des faits et par de nombreux facteurs internes propres à chaque média. Les valeurs sociales, la ligne éditoriale et la manière de présenter une nouvelle sont propres à chaque journal. On peut également affirmer que le vocabulaire associé à chacun des genres journalistiques est différent. En effet, la nouvelle fait place aux faits, au contexte, aux événements alors que les articles d’opinion (éditoriaux, chroniques, lettres des lecteurs) laissent place à un vocabulaire exprimant le point de vue, le commentaire,

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25 misant sur la personnalisation de la nouvelle et proposant une vision subjective de l’actualité (Sormany, 2011).

Entman affirme que la présence ou l’absence de certains mots-clés, d’expressions types, d’images stéréotypées, de sources d’informations et de phrases renforcent les associations d’idées et de faits (1993 : 52). de Vreese affirme lui aussi que le type d’article et de cadres choisis peut être influencé par le vocabulaire et la présentation d’un texte : « a news frame must have identifiable conceptual and linguistic characteristics » et « frames are specific textual and visual elements or ‘framing devices’. These elements are essentially different from the remaining news story which may be considered core news facts » (2005: 54). On peut alors croire que le type de cadre, associé chacun à un type de vocabulaire particulier, utilisé dans une nouvelle ou dans un texte d’opinion, sera différent. Cappella et Jamieson, dans Spiral of Cynicism, tiennent le même type de propos : « framing seems to reduce to “the way the story is written or produced”, including the orienting headlines, the specific word choices, the rhetorical devices employed, the narrative forms and so on » (1997: 39).

Ainsi, pour les articles d’opinion on peut croire que le recours à un vocabulaire orienté sur l’analyse politique, les opinions et le commentaire influencé par les perceptions du journaliste, chroniqueur ou éditorialiste mettra davantage de l’avant des cadres centrés sur les stratégies. Pour ce qui est des articles de nouvelles, on peut croire que le vocabulaire inspiré des faits, des événements d’actualités ou de citations et actions des acteurs ne laissera pas beaucoup de place aux cadres stratégiques, mais plutôt aux cadres centrés sur les enjeux. Nous anticipons donc que dans le contexte de la création de la commission d’enquête sur l’industrie de la construction, les textes de nouvelles et les textes d’opinion utiliseront fort probablement des types de cadrages différents.

Troisièmement, nous pensons que le débat sur la transparence dans la gestion gouvernementale représentera une part significative de la couverture médiatique de l’enjeu de la mise en place d’une commission d’enquête sur l’industrie de la construction. Plusieurs auteurs, notamment Pritchard et al. (2005), Kepplinger et al. (2012), et Gingras (2012) indiquent que l’intérêt renouvelé pour le journalisme d’enquête et la mise en lumière des

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scandales entourant les gouvernements ou la gestion des affaires publiques remettent à l’avant-plan les pratiques du cadrage centré sur les stratégies se concentrant sur les acteurs au cœur du débat, leur personnalité, leurs réactions plutôt que sur leurs actions et leur volonté d’offrir des solutions. Puisque « [l]es rédacteurs en chef s’intéressent aux erreurs des politiciens, aux divisions au sein des partis et du gouvernement, et aux scandales » (Kavanagh, 2000 : 163), on peut croire que le débat polarisant sur la transparence sera grandement couvert. L’importance accordée par les médias à cette thématique ainsi que leur intérêt pour les divisions et débats intra-partis nous permettent de croire que la couverture médiatique mettra de l’avant majoritairement les reproches de l’opposition sur l’inaction du gouvernement en matière de transparence. Il serait surprenant, dans un contexte où les médias couvrent de manière soutenue les moments de division politique, qu’ils mettent l’accent de leur couverture sur les actions du gouvernement menant à une plus grande transparence dans l’appareil gouvernemental.

Plus spécifiquement, nous tenterons de vérifier les hypothèses suivantes :

H1 : Le traitement journalistique associé à la création de la Commission Charbonneau va privilégier un recours au cadrage stratégique au détriment du cadrage centré sur l’enjeu. Ainsi, les considérations stratégiques et tactiques des acteurs politiques impliqués dans la mise en place de la commission d’enquête seront davantage représentées dans la couverture médiatique que l’enjeu de la mise en place d’une commission d’enquête sur l’industrie de la construction lui-même.

H2 : Le type de cadrage utilisé dans la couverture de la création de la Commission Charbonneau sera différent selon le type de texte journalistique.

Dans le cadre de la mise en place de la commission d’enquête sur l’industrie de la construction, les articles d’opinion utiliseront plus de cadres centrés sur les stratégies alors que les textes de nouvelle utiliseront plus de cadres centrés sur les enjeux.

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27 H3 : La thématique de la transparence sera majoritairement présentée sous l’angle du manque de volonté ou d’inaction des acteurs gouvernementaux.

Le traitement journalistique de la mise en place de la commission d’enquête pour faire la lumière sur les allégations de corruption et de collusion abordera la thématique de la transparence comme un manque de volonté du gouvernement plutôt que de mettre de l’avant les solutions qu’il propose.

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29 4. Méthodologie de recherche

Afin de comprendre de quelle manière la mise en place d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les allégations de corruption et de collusion a été cadrée dans la couverture médiatique des dernières années, nous avons mené une analyse de contenu d’un échantillon de cette couverture. Tous les articles publiés dans les quotidiens Le Journal de Montréal, La Presse et Le Devoir entre le 5 mars 2009 et le 22 mai 2012 et traitant des différents scandales dans le monde de la construction ainsi que du processus ayant mené à la mise en place d’une commission d’enquête sur le monde de la construction ont été recueillis pour cette analyse. Ces trois quotidiens provinciaux ont été choisis puisqu’ils rejoignent une majorité de lecteurs québécois, soit plus de 2 000 000 de personnes hebdomadairement (Étude NADbank, 2011) sur plusieurs plateformes, notamment le papier, le web, les tablettes, les téléphones intelligents et les réseaux sociaux. En plus de représenter une majorité du lectorat des quotidiens québécois payants, ces trois journaux sont facilement accessibles et servent de source de référence dans l’ensemble de la province.

De surcroît, par souci de faisabilité, ce projet s’est tourné vers la presse écrite plutôt que la télévision ou la radio pour la composition du corpus. La disponibilité de l’ensemble des contenus récents de ces trois quotidiens sur la banque de données Eureka facilite d’ailleurs la constitution du corpus et la réalisation de la recherche.

Les journaux choisis dans le cadre de cette étude rejoignent chacun un public différent. On peut notamment les identifier ainsi : « La Presse (quotidien grand public) », « Le Journal de Montréal (tabloïd populaire) » et « Le Devoir (journal “sérieux”) » (Charron et de Bonville, 2002 : 32). Les publics qu’ils rejoignent sont distincts de même que leur mise en forme de l’information de l’actualité politique. Ainsi, cette diversité de publics et de traitements nous permet de tracer un portrait englobant de l’information quotidienne au Québec.

Ces trois quotidiens se sont fortement intéressés à l’enjeu de la mise en place d’une commission d’enquête sur l’industrie de la construction et au débat sur la transparence.

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Leur volonté de couvrir cet enjeu se manifeste notamment par les ressources importantes qui ont été dégagées dans la couverture consacrée à l’enjeu de la mise en place d’une commission d’enquête et au débat sur la transparence. Elle s’exprime par le nombre important de reportages d’enquête produits dans ces journaux sur ces questions recensés pour cette étude, appuyé par État de la nouvelle 2011 et 2012, publication annuelle d’Influence Communication (Influence Communication, 2011 : 14; 2012 : 36-37), la mise en place de cellules d’enquête au sein des rédactions, la couverture constante des débats à l’Assemblée nationale et l’implication des chroniqueurs et des éditorialistes de ces publications dans le débat (G. Lavoie, Le Soleil, 11 septembre 2014). Leurs efforts dans la production de contenu sur cet enjeu ainsi que la manière dont ils ont alimenté ce débat justifient notre choix.

4.1 Corpus à l’étude

Le mémoire analyse un corpus d’articles publiés dans la presse québécoise qui ont été recensés à l’aide de la banque de données Eureka.cc. Nous avons sélectionné tous les articles publiés dans les quotidiens choisis et faisant référence aux termes « commission d’enquête » et étant directement liés à la commission d’enquête sur l’industrie de la construction. Ceci représente 552 articles différents. L’analyse de contenu a été réalisée sur un échantillon aléatoire de 275 articles (53% de l’ensemble des textes recensés dans la base de données). Chacun des articles choisis aléatoirement représente une unité d’analyse dans le cadre de cette recherche et a été analysé individuellement à l’aide d’une grille d’analyse de contenu déductive (voir Annexe A) permettant de relever le cadre dominant de couverture de chacun. Les articles dans Le Journal de Montréal représentent 20,5% de tous les articles recensés, La Presse, 43,6% et Le Devoir, 35,8%.

Nous avons étudié 136 articles d’opinion (49,5 % de l’échantillon) et 139 textes de nouvelle (50,5 % de l’échantillon). La répartition des articles entre les trois journaux est la suivante : Le Journal de Montréal, 54 articles pour 19,6 % du corpus étudié, La Presse, 117 articles pour 42,5 % du corpus étudié et Le Devoir, 104 articles pour 37,8 % du corpus étudié.

Figure

Figure 1 : Répartition des articles selon le média et le type d’article (n=275)
Tableau 1 : Répartition des articles selon le type d’articles et le type de  cadrage utilisé
Tableau 3 : Répartition des articles selon le média et la référence à des  expressions connexes à « transparence »
Figure 3 : Répartition des articles selon le type d’article et les références à la  thématique de la transparence (n=275)  59 47,6% 77 51%6552,4% 74 49% Opinion NouvelleNombre d'occurrences Référence à la thématique de latransparence
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