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Médecine dentaire esthétique et sexualité

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Texte intégral

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G. Abraham

J.-P. Schatz

unevéritable négligence

Lorsqu’on parle de sexologie, c’est-à-dire d’une branche de la science censée s’occuper d’une manière systématique de la vie et de l’activité sexuelles, on ne peut certes pas escamoter la bouche en tant qu’organe directement impliqué dans toute pratique érotique. Et même, elle se prête d’emblée à une contradiction : on pourrait se demander si la bouche, d’un côté si érotisée et érotisable, ne serait pas cependant, de l’autre côté, une partie du corps relativement asexuée. Une bouche masculine et une bouche féminine ne montrent pas en effet de telles différences anatomiques et fonctionnelles telles à pouvoir les distinguer sans hésitation. Il est évident en tout cas qu’il n’y a pas de comparaison possible entre la différence bien marquée des organes génitaux masculins et féminins, et des caractéristiques différentielles entre la bouche d’une femme et celle d’un homme.

Toujours est-il que si l’on doit prendre en considération la bouche par rapport à la sexualité agie, cette bouche est vue en tant qu’ensemble anatomo-physiolo- gique dans lequel la langue et les lèvres surtout peuvent se targuer d’un rôle éroti que prépondérant. Quant aux dents, elles sont censées valoir surtout comme organe de séduction, ainsi plutôt jouer un rôle «préparatoire» à un érotisme actif, dans le sens d’expliciter la fonction de simple appât, d’un attrait surtout inducteur de ce qui peut suivre.

Lors de l’action érotique proprement dite, les dents, à la rigueur, seraient sus- ceptibles de «déranger» par leur présence encombrante. Peu importe si elles pourraient être utilisées en procédant à de petites morsures – morsures qui néanmoins devraient être sagement dosées, faute de quoi elles se transforme- raient illico en des intentions, si bien cachées soient-elles, d’allure agressive.

Il n’empêche qu’en réalité, les dents déploient un rôle primordial, pas seule- ment au moment du passage à l’acte sexuel, mais en particulier à la base même de l’identité sexuelle de chacun des deux partenaires. Comment, en fait, aussi bien un homme qu’une femme pourraient-ils se sentir aptes à une approche in- time en étant victime d’une denture très asymétrique, et par là très inesthéti- que ? Sans parler, en plus, de quelqu’un qui serait, même partiellement, édenté.

D’autre part, le manque de séduction initial engendré par une mauvaise den- ture ne se manifesterait pas uniquement par rapport à un partenaire donné, mais Orthodontics and sexuality

It must be stressed that a comprehensive evaluation of the general health condition is a pre-requisite in any screening process of a specific sexual activity.

In the same way, the oral health examination should include the soft tissues such as the tongue and the lips, and the oral breath as well as the teeth to stress their possible im- plication in disorders of any kind.

A special attention is given to the connexion between a good sexual life and a good aspect of all the dentition. The main purpose is to presume the importance particularly of smile, kisses and a good breath in the sexual life of a couple.

Rev Med Suisse 2012 ; 8 : 622-6

Pour une évaluation exhaustive d’une activité sexuelle donnée, il est nécessaire de tenir compte aussi de l’état physique géné- ral de la personne en question.

Dans cette perspective, l’état de la cavité buccale, comprenant les dents et la langue, aussi bien que celui des lèvres et de l’haleine, peuvent jouer un rôle majeur et ne doivent certes pas être négligés.

Trois points de repère principaux concernant une bonne dis- position et un bel aspect de la denture sont évalués : le sourire, les baisers et le contact verbal. Tout cela inséré dans la vie sexuelle, en particulier d’un couple.

Médecine dentaire esthétique et sexualité

perspective

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21 mars 2012 Pr Georges Abraham

13, avenue Krieg 1208 Genève Dr Jean-Paul Schatz 1, rue d’Aoste 1204 Genève jpschatz@bluemail.ch

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exercerait déjà au départ une perte d’élan érotique chez l’individu lui-même porteur d’un tel désavantage.

Si maintenant nous en venons aux baisers, reconnus par tout un chacun comme un passage obligatoire dans tout rite érotique, nous devrions enfin admettre que les lèvres et la langue sont, d’une manière ou d’une autre, dépen- dantes de la présence des dents bien en ordre et en bonne santé. Il est même possible d’affirmer, sans crainte d’être démenti par qui que ce soit, que si tout acte d’amour authentique prend son départ par la bouche, la partie buccale la plus significative, et cela à tout point de vue, est constituée justement par les dents. Des dents en mauvaise santé ou inesthétiques peuvent se trans former en un organe menaçant plutôt qu’attrayant, en un organe re- poussant plutôt qu’en une entité suscitant le désir de s’ap- procher le plus possible, d’entrer dans un contact direct et intime avec quelqu’un. A cet égard, on peut penser, à titre presque de symbole, à la denture présumée attribuée à Dracula…

On en revient aussi à la notion d’identité d’un individu, qu’il soit femme ou homme, chez qui ni les lèvres, ni la con formation globale de la bouche ne sont suffisantes pour

«savoir à qui on a affaire», mais bien plus ses dents. De telle façon que si l’on a l’habitude de dire de quelqu’un ou de nous-même que «montrer les dents» pourrait signifier l’expression de propos agressifs, il suffit que la personne en cause ébauche un sourire – et cela avec de belles dents – pour que les propos agressifs présumés se transforment en une manifestation opposée à celle de l’attaque ou de la menace.

Si, dans un couple, la disparition des baisers de toutes sortes peut représenter le signe avant-coureur d’une crise ainsi annoncée, on peut également se demander si, oui ou non, l’absence progressive de baisers a un lien éventuel avec l’état de santé dentaire de l’un ou l’autre des membres du couple en cause, ou des deux.

Si enfin on se transfère d’une prise en considération, ainsi que nous venons de le faire, de baisers bouche à bou- che à des contacts bucco-génitaux, là aussi l’état dentaire perd de son importance : il est néanmoins nécessaire de procéder en l’occurrence à l’évaluation de quelques nuances.

Alors que le cunnilingus est indiscutablement prisé par la femme à la fois comme une manifestation d’appréciation de son propre corps et comme un acte susceptible de lui procurer un plaisir sûr, la fellation, si dans maintes occa- sions elle est désirée par l’homme, peut également produire chez lui un certain désagrément ou éventuellement un dis- crédit, tout paradoxal soit-il, de la relation amoureuse. Le désagrément, dans ce cas, peut être engendré par le fait que la fellation le place, lui l’homme, dans une position très passive et quelque peu «féminisante». Quant au «domma- ge» qui peut se produire dans la relation amoureuse en question, il y a la possibilité que la femme non seulement devienne trop active, mais qu’elle renonce d’emblée à jouir par le coït.

Remarquons que les prostituées, si elles sont prêtes à procéder à une fellation avec leurs clients, refusent net d’être embrassées sur la bouche. Le baiser buccal est en effet censé équivaloir bien plus à un engagement de type sentimental que le baiser génital.1,2

sensations etémotions

:

antagonisme

oucomplémentarité

?

Il nous paraît aller de soi qu’avoir des sensations agréables dans notre propre bouche ouvrirait une possible perspective, toute fantasmagorique soit-elle, de rencontrer une autre bouche dans une sorte d’échange direct de cette perception satisfaisante ressentie dans la muqueuse buccale.

Resterait quand même à savoir si, par exemple, ce se- rait plutôt un goût assez intense, comme celui produit éventuellement par des épices, ou un goût plus discret et naturel, comme celui produit par des douceurs. Toujours est-il que cela nous entraîne fatalement à nous confronter à notre nutrition quotidienne, ce qui veut dire replacer les dents au premier plan, soit à cause de la mastication, soit aussi par rapport aux transformations subtiles ou moins sub tiles que cette dernière induit. De plus, la nutrition s’enchaîne avec l’absorption et l’assimilation proprement dites de tout ce qu’on avale : bref, avec la possible prise de poids, avec son retentissement inévitable sur notre «iden- tité érotique», c’est-à-dire avec notre capacité effective de séduction par notre morphologie corporelle.

D’ailleurs, tous les troubles alimentaires (anorexie, bou- limie, binge eating, etc.) déterminent non seulement toute une série de problèmes sexuels, mais sont susceptibles d’engendrer un conflit avec son propre corps tout court.

Pour entrer ici dans quelques détails, l’anorexique en gé- néral refuse d’entrer en contact par sa bouche autant avec une certaine nourriture «menaçante» de prise de poids, qu’avec une «langue étrangère». Quant aux boulimiques, ils se vouent à l’ingestion de quantité d’aliments saisis pour ainsi dire au hasard, donc sans trop les sélectionner gustativement et en les avalant avec le moins de mastica- tion possible. Quitte ensuite à vomir le tout, et là, de nou- veau, les dents sont évidemment tenues à l’écart. Au sujet du vomissement impératif des boulimiques, on peut avoir parfois l’impression qu’il s’agit d’une sorte d’orgasme gas- trique, d’autant plus que l’on peut faire des conjectures de similarité avec la puissance vomitive déclenchée par l’apo- morphine. On sait en effet que le chlorhydrate d’apomor- phine est un précurseur de la dopamine qui, à son tour, pourrait participer à la «construction» de la libido.

Si, au contraire, on veut faire appel, dans un contexte de normalité, à de la nourriture prétendue érotique, l’effet érotisant ne serait-il qu’un effet «placebo», donc purement imaginé, ou alors un certain stimulus excitant se produirait- il avant l’ingestion de cette nourriture, en pratique surtout au moment de sa mastication ?

Si les sensations buccales, au lieu d’être agréables, ou du moins imperceptibles parce que trop habituelles, de- viennent d’un coup ou progressivement désagréables, de quoi pourrait-il s’agir ? Ce point d’interrogation, qui semble inopportun ou incompréhensible, est dû en réalité au fait qu’un bon nombre de sensations orales désagréables n’ont pas obtenu jusqu’à nos jours une étiopathogénie claire. En pratique, si une soudaine perception désagréable se mani- feste, nous avons tendance à cracher ou à nous rincer la bouche. A remarquer en passant que le crachat, autant qu’une morsure, possède en soi une connotation de «dé- sagrément relationnel» renfermant en somme des propos agressifs. Des perceptions désagréables, telles que par

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exemple des brûlures de la langue ou des picotements inexplicables dans la bouche, ont reçu le nom de stomato- dynies, ce qui correspond donc à une forme de trouble tendant à se chroniciser en véritable dysperception à l’in- térieur de la cavité orale. Non seulement il est difficile d’en localiser et comprendre l’origine première, mais elles ne sont pas non plus faciles à éliminer de façon thérapeutique.

Etant donné qu’ici nous parlons des différents rapports envisageables entre la bouche – et en particulier les dents – et la sexualité, il faut signaler un paradoxe qui pourrait nous laisser vraiment perplexes : il ne s’agit pas directement des stomatodynies, mais de douleurs également «énigmati- ques». Certaines femmes fibromyalgiques admettent que l’apparition chez elles de ces douleurs vaguantes dans leur corps aurait amélioré les perceptions érotiques dans leur activité sexuelle. Les stomatodynies en question pour raient- elles avoir paradoxalement l’effet d’une quelconque stimu- lation érotique au niveau buccal ?

En amorçant maintenant des connexions, ou au moins des alternances entre des sensations ici essentiellement bucco-dentaires et des émotions prises au sens large, bor- nons-nous pour le moment à nous dire que le retentisse- ment buccal d’émotions fortes ne peut pas éviter d’avoir une influence d’envergure tantôt à l’égard de l’excitation du désir érotique, tantôt à celui de son inhibition. Mais qui plus est, l’apparition de fortes émotions pourrait en l’occur- rence réduire l’intensité de sensations, qu’elles soient de connotation plutôt agréable ou plutôt désagréable, comme d’autre part la présence de sensations intenses dans la bouche ou ailleurs dans le corps «drainerait» un envahis- sement inattendu d’émotions violentes. Autrement dit, des stomatodynies, pour y revenir, auraient, entre autres, la pos- sibilité de «tenir en laisse» un débordement émotionnel de forte envergure.3

qu

en est

-

ildusommeil

?

En parlant du sommeil, nous nous référons, c’est évident, à un autre niveau de conscience que celui qui caractérise l’état de veille. A vrai dire, le sommeil possède différents niveaux de conscience, ce qui signifie également différents degrés d’autoperception.

Il y a d’abord des cycles de sommeil plus ou moins pro- fond, que les anglophones nomment non-REM sleeps (où REM correspond à des mouvements rapides des yeux qui ici, sont donc absents dans le non-REM sleep). En réalité, ces cycles produisent, au fur et à mesure que la nuit avan ce, un sommeil de moins en moins profond. En outre, déjà à la fin du premier cycle non-REM apparaît un autre type de som- meil, appelé par les anglophones REM sleep, qui est d’abord de très courte durée, mais qui, en allant vers le matin, aug- mente progressivement sa durée : il est de toute manière loin d’être apaisant, mais au contraire assez stimulant.

Du point de vue sexuel, nous savons que, lors des cycles de sommeil REM sleep (appelé paradoxal en français), se produisent chez l’homme des érections spon tanées et chez la femme une augmentation de la sécrétion vaginale. Que se passe-t-il dans la bouche au même moment ? Nous som- mes loin de le savoir, et même de le concevoir, étant donné qu’en présence aussi d’un bruxisme (grincement des dents),

il n’est pas tout à fait sûr qu’il ne se produise pas exclusi- vement pendant le sommeil paradoxal, ou hors de celui-ci.

Pourrait-on en tout cas affirmer que le bruxisme est ou non l’expression d’une éventuelle excitation érotique ? Ou qu’il serait lié à l’apparition de fortes émotions ? Puisque, pen- dant les cycles de sommeil paradoxal, il existe aussi une paralysie musculaire étendue dans le corps du dormeur, on pourrait en déduire que le bruxisme ne serait pas censé avoir lieu lors de ce type de sommeil, néanmoins il reste difficile de se prononcer d’une façon définitive. Et encore plus d’exclure d’emblée que le bruxisme ne recèle aucune excitation érotique.

Des questions encore davantage panoramiques se dressent devant nous à propos du sommeil. Dans quel de- gré, par exemple, notre vécu de la veille va-t-il vraiment in- fluencer notre sommeil ultérieur, ou au contraire est-ce ce qui se passe chaque nuit pour chacun de nous en dormant qui influencerait d’une manière déterminante la journée suivante ? Une maladie trouverait-elle son origine premiè re plutôt pendant la nuit ou pendant le jour ? Le sommeil contribuerait-il davantage que la veille à construire l’es- sentiel d’une personne donnée ?

Toujours est-il que la cavité orale, avec sa sensibilité par- ticulière, sa qualité de porte d’entrée de l’intimité viscé- rale, serait peut-être à même de jouer des rôles imprévisi bles vis-à-vis de notre avenir, de notre équilibre psycho-émo- tionnel, de nos capacités relationnelles. De plus, au milieu de cette muqueuse orale, si sensible et à certains égards délicate, se situent les dents, une entité dure, osseuse, et pendant la nuit dépourvue d’un emploi fonctionnel précis.

Ces dents, si importantes, voire indispensables soient-elles, il suffit que l’on se morde la langue ou les lèvres par mé- garde pour les ressentir, ces «chères dents», comme deve- nant d’un coup dangereuses et difficiles à manier.

De plus, nous savons qu’une «rage de dents» peut ter- rasser le plus gaillard des individus. Et que la fameuse peur du dentiste n’est pas aussi éradiquée qu’on pourrait le croire. «Avoir une dent contre quelqu’un» pourrait faire partie d’une attitude tendant à se montrer hostile ou peu sociable, mais «ne rien avoir à se mettre sous la dent»

pourrait signifier ne pas être nanti de l’essentiel. Dans ce cas, on fait allusion surtout à la nourriture, mais à quoi bon avoir de la nourriture si l’on ne peut pas la mâcher comme il faut ? Dents et nourriture forment un binôme inséparable : il suffit d’observer la situation gênante de quelqu’un qui doit subir une alimentation par voie parentérale.

L’un des cauchemars les plus répandus est celui de la chute ou de la perte de dents, ce qui, pour la psychanalyse, serait la représentation onirique d’un fort sentiment de castration.

Les Latins disaient que prima digestio in ore, la première digestion s’opère déjà dans la bouche. Peut-être, en étu- diant bien la chose de près, pourrait-on supposer que le lieu d’origine de la libido se trouverait dans la bouche plu- tôt que dans les organes génitaux. Et que, de plus, la libido prendrait ses mouvances, non pas du tout en pleine cons- cience, comme lors de nos journées, mais au contraire sur- tout quand nous sommes entièrement en contact avec notre corps, ce qui ne pourrait se réaliser que lorsque nous dormons.

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la bouche

,

plaquetournante

dela communication

C’est bien notre langue qui nous permet de parler, et aussi de communiquer, et cela non seulement avec notre entourage, mais de quelque façon aussi avec nous-même, puisqu’on n’est pas sûr de pouvoir penser sans langage.

Quand on dit langue, on dit bouche, et quand on dit bou- che, on dit aussi dents. Effectivement, les dents prennent forcément part à toute expression langagière quelle qu’elle soit : si d’ailleurs il existe pour quelqu’un un problème dentaire, son élocution va être handicapée.

En outre, lorsqu’on se réfère au fait de parler, d’émettre en somme des sons, on peut également se référer au chant, au cri, au marmonnement. Pourquoi alors ne pas faire allu- sion aux halètements pendant le coït et à la possibilité d’émettre un cri au moment de l’orgasme ? Des jeunes femmes aveugles de naissance, interrogées sur la manière dont elles entrevoyaient leur avenir sentimental, répon- daient sans l’ombre d’un doute que leur partenaire devait être un bel homme. Comment pouvaient-elles le savoir, étant aveugles ? Eh bien, ce serait à la voix de cet homme de les assurer de sa beauté et de sa masculinité foncière.

Le ronflement d’un des membres d’un couple finit par réduire l’élan érotique du partenaire qui ne ronfle pas. Que peut déterminer, sur un plan érotique, le phénomène d’ap- née du sommeil qui peut se manifester aussi chez de jeunes personnes, étant donné que des jeux érotiques de stran- gulation, et aussi de réduction de l’oxygénation cérébrale, visent justement une augmentation de l’excitation sexuelle ?

Si l’on se déplace vers une perspective plus générale et qu’on mette en question ce qu’on appelle la qualité de vie, il est impératif d’en exclure des tendances persistantes à la dépression et à la mauvaise humeur : rien de mieux, pour s’assurer cette incontournable qualité de vie, que d’afficher un sourire majestueux, pourvu que la denture soit convenable. Le sourire, dans ce cas, devient en quel- que sorte un véritable «lifting de l’âme».

La notion de norme ne peut pas non plus suffire pour témoigner de la possession d’une qualité de vie rassurante pour la société tout entière, comme pour nos amis et nos proches. Il faut se garantir une «optimalité», tout en sa- chant qu’elle est encore plus difficile à décrire et à définir que la «normalité», devenue, elle, quelque peu désuète.

Sourire affiché et presque constant, possible uniquement, dirait-on, si soutenu et alimenté par un sourire intérieur correspondant. On pourrait même concevoir l’avenir d’une société tellement préoccupée face à un état dépressif de ses membres, où alors existerait une police ou une milice sanitaire apte à dénicher les gens trop tristes et moroses, les obligeant à retrouver vite un sourire éclatant, seule preuve d’une bonne intégration communautaire.

D’autant plus que des discours rassurants d’une bonne volonté de la part de gens souriants soupçonnés d’être au contraire des éternels pessimistes et par là de représenter une menace pour la communauté, ne pourraient pas être pris au sérieux, tandis qu’un beau sourire présumé authen- tique, on ne peut pas facilement le simuler. Bref, le langage du corps, dans ce cas de figure, celui en particulier de la bouche et des dents, possède une marge de garantie bien plus fiable que des raisonnements.

La voix, quant à elle, possède aussi une double valeur communicative : d’un côté elle permet d’établir un lien avec les autres, et de l’autre elle finit par acquérir des traits de personnalisation, permettant de la sorte de bien distinguer une personne donnée d’une autre. Avec les moyens de communication à distance d’aujourd’hui, on s’attend à en- trer rapidement en contact avec quelqu’un, mais quoi qu’il en soit pas tant avec une voix quelle qu’elle soit, qu’avec une voix personnellement reconnaissable. Et cette voix connue, si la conversation dure un certain temps, ne peut empêcher de nous faire nous rendre compte, par des nuan- ces de sonorité, de la présence dans la bouche de l’inter- locuteur de dents en bon état, et non pas, par exemple, d’un dentier.

Il y a également dans tout acte communicatif l’arrière- plan de la respiration, qui, même à distance, peut signaler des variations de rythme susceptibles de faire comprendre l’état d’âme ou l’humeur de l’interlocuteur. Si par contre l’acte communicatif a lieu à une distance rapprochée, dans le contexte de la respiration connectée à l’expression lan- gagière, entre en scène par la force des choses la dimen- sion olfactive. Il est assez difficile que cette dimension ne soit pas du tout perçue ou se réduise à une entité tout à fait neutre ou négligeable. Elle peut nous informer si notre interlocuteur vient de boire un café, de l’alcool, ou de fu- mer une cigarette, ou d’introduire dans sa bouche tel ou tel type de nourriture. On peut constater facilement s’il a fait usage d’un produit rendant son haleine trop «artificielle»

en la rendant particulière. Se dégage ici le problème de l’halitose, c’est-à-dire d’une mauvaise haleine. En ce qui nous concerne ici, tout prend l’aspect d’un questionnement : y a-t-il eu ou non un préalable brossage des dents ? D’une manière plus spécifique : l’haleine d’une personne peut- elle ou non dégager l’impression d’une disponibilité ou d’une indisponibilité érotique ?4

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Bibliographie

1 Mohlin B, Kurol J. To what extent do deviations from an ideal occulsion constitute an health risk ? Swed Dent J 2003;27:1-10.

2 Kiyak HA. Does orthodontic treatment affect patient’s quality of life ? J Dent Educ 2008;72:886-94.

3 Shaw WC, Richmond S, Kennedy PM, Kongdon A, Worthington H. A 20- year cohort study of health gain from orthodontic treatment : Psychological outcome. Am J Orthod Dentofacial Orthop 2007;132:146-57.

4 Philips C, Broder HL, Benett ME. Dentofacial disharmony : Motivation for seeking treatment. Int J Adult Orthodon Orthognath Surg 1997;12:7-15.

* à lire

** à lire absolument

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