A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
B. W. C ONOLLY
Marche aléatoire dont la répartition de la longueur des étapes suit une loi exponentielle négative
Annales de l’I. H. P., section B, tome 2, n
o2 (1965), p. 173-184
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Marche aléatoire dont la répartition
de la longueur des étapes
suit
uneloi exponentielle négative
B. W. CONOLLY Ann. Inst. Henri Poincaré,
Vol.
II,
n°2,
1965, p. 173-184.Section B : Calcul des Probabilités et
Statistique.
INTRODUCTION
1. Le
présent
travail a pour but d’étudier lecomportement
d’un mobilequi
sedéplace
sur une droite illimitée de la manière suivante :(i)
lalongueur s
dechaque étape
suit la loiexponentielle négative
,(ii)
parvenu aupoint
terminant uneétape,
le mobile sedirige
soit à droiteavec la
probabilité
p, soit àgauche
avecprobabilité q(=
1 -p).
L’étude est divisée en deux
parties
danslesquelles
on se propose enparti-
culier de calculer
respectivement
les valeurs suivantes :(i)
la densité deprobabilité
pour que le mobile se trouve dans l’intervalle élémentaire(y, y
+dy)
à la fin de la nièmeétape, ayant
commencé sondépla-
cement au
point
de coordonnée x;(ii)
la densité deprobabilité
liée pour que lemobile,
sachant que lepoint
de
départ
a pour coordonnée x,a)
franchissel’origine
pour lapremière
fois au cours de la nièmeétape, b)
et que la distance totale parcourue(mesurée
dupoint
initialjusqu’à l’origine)
ait la valeur y.La méthode suivie se fonde essentiellement sur les
concepts
bien connus de fonctionsgénératrices
et de transformées deLaplace,
mais endévelop-
pant les calculs afin d’obtenir des résultats
complets.
173
174 B. W. CONOLLY
DENSITÉ
DEPROBABILITÉ
DE LA
POSITION
DU MOBILEA LA FIN DE
LA
NièmeÉTAPE
2. On suppose que le mobile commence sa marche au
point ayant
pour coordonnée x. SoitRn(x, y)
la densité deprobabilité
pour que ce mobilese trouve dans
l’intervalle
élémentaire(y, y
+dy)
à la fin de la nièmeétape, où y
> x. Demême,
soitLn(x, y)
la densitécorrespondante
pour y x.En considérant la
position
du mobile au bout de la(n
-étape,
on a :
En considérant la
position
éventuelle du mobile au bout de sapremière étape,
on obtient de même :avec une
expression
similaire pourLn(x, y).
La
comparaison
del’équation (1)
et del’équation (3)
montre queRn(x, y)
est une fonction
de y - x.
De mêmeLn(x, y)
est une fonctionde x - y.
SOLUTION
DESÉQUATIONS (1)
ET(2)
3. On trouve de
façon
immédiate que :175 RÉPARTITION DE LA LONGUEUR DES ÉTAPES
On est donc conduit à rechercher des solutions de la forme
Évidemment,
onpeut
transformerRn
enLn (ou
viceversa)
enremplaçant
p par q et x par y.
4. En introduisant les fonctions
génératrices
et les transformées deLaplace,
on a
avec des définitions semblables pour
x(8, t), 1(z, t)
etIn(z). Évidemment,
et
5.
Remarquons
d’abord quepuisque
au bout d’uneétape quelconque
le mobile doit se trouverquelque part
sur la droite. Alorsou
d’où
(15).
Doncpour 1 t 1 1, r(z, t)
+I(z, t)
est une fonctionanalytique.
Enparticulier,
6. On
peut
facilement obtenir deuxéquations intégrales
pourp,,(8)
etÀn(8)
àpartir
de(1)
et(2).
ANN. INST. POINCARÉ, B-11-2 12
176 ’ B. W. CONOLLY
Puis en utilisant la transformation de
Laplace,
on tire :et
Les solutions des
équations
aux différences finies(19)
et(20) peuvent s’exprimer
comme :L’équation (15)
étantdonnée,
il s’ensuit que et sontanaly- tiques,
de sorte que -z)
doit annuler lasingularité apparente
en(21)
au
point
z =2~.
On suppose alors quern(z)
ainsi queln(z)
sont despoly-
nômes d’ordre n des
puissances
inverses de z.7. En
multipliant (19)
par t n, en sommantpour n >
2 et en utilisant les résultats =h(z)
= on obtientOn obtient une formule semblable pour
I(z, t)
danslaquelle p et q
sont inter-changés.
8. La connaissance
complète
der(z, t) exige
que les fonctionst), /(2~, t)
soient déterminées. On yparvient
enremarquant
quer(z, t)
estanalytique pour 1 t 1 1,
{i. Soient ~i, ~2 les zéros du dénomina- teur de(22),
c’est-à-direou
et soient
mi
etr~2
les zéros du dénominateur del’expression
del(z, t).
Ilest clair
qu’on peut
les obtenir eninterchangeant
p et q dansl’expression (23).
Pour
tout p
et 0 t1,
onpeut
montrer facilement que mi ainsi quecl
RÉPARTITION DE LA LONGUEUR DES ÉTAPES 177
ne sont pas inférieurs à ~.. Il en résulte que le numérateur de
(22)
doit s’annu-ler pour z = mi tandis que celui de
l’expression correspondante
pour1(z, t)
doit s’annuler pour z = Ainsi on obtient
d’où
et
On a donc
complètement
déterminé les fonctionsgénératrices R(x,
y,t)
et
L(x,
y,t)
des densitésRn(x, y)
etLn(x, y).
9. Le cas
où p = q = 1 2
est d’un intérêtparticulier. R(x, y, t)
etL(x, y, t)
sont alors
identiques,
mais x et y sontinterchangés.
On aoù C est un contour
simple
fermé autour del’origine,
tel queR(x, y, z)
soit une fonction
analytique
de z à l’intérieurde,
et sur, C. La transformation~ =
1 -il(1 - z)
donneoù C’ est un contour
simple
ferméqui inclut ~
=0,
maisexclut ~
= 2.En calculant le résidu
correspondant à ~
=0,
on obtient178 B. W. CONOLLY
où 8 = y - x. La formule pour
Ln(x, y)
estidentique
sauf que, en ce cas,~ = x - y. En raison de cette
symétrie
et del’équation (16)
on est naturel-lement conduit à écrire :
pour tout n. Par
ailleurs,
la formule(33) peut
se démontrerdirectement,
ce
qui
fournit une vérification de(32).
DISTANCE
PARCOURUEJUSQU’AU
PREMIER PASSAGE A L’ORIGINE10. La seconde
partie
a pourobjet
d’étudier la densitéun(x, y).
Cettefonction définit la
probabilité
que lemobile, ayant
commencé sontrajet
au
point
X de coordonnée x, arrive pour lapremière
fois àl’origine
au boutde,
oupendant
la nièmeétape
enayant
parcouru une distance totale s’telle
que y s y
+dy.
On suppose d’abord que x > 0. Nous donnerons~’expression
de la fonctiongénératrice
deun(x, y)
pour x >0,
ainsi d’ailleurs que dans le casparticulier
où x = 0.11.
Supposons
que lapremière étape
soit àdroite,
etdésignons
parf n(x, y)
la densité deprobabilité
conditionnelleexprimant
que le mobile arrive pour lapremière
fois àl’origine
au boutde,
oupendant,
la nièmeétape, ayant
parcouru une distance totale s telle que~~~~~+~(~~jc).
Soit
gn(x, y)
la densitécorrespondante
à unepremière étape dirigée
àgauche. Puisque
la définition deun(x, y)
est telle que la direction de lapremière étape
estindifférente,
il s’ensuit quepour y >
0 ; n >
1.12. Dans le cas où le mobile va directement à
l’origine
la distance par-courue est exactement x. Soit
hn(x)
laprobabilité
conditionnelle poui que lemobile,
s’étantdirigé
d’abord àgauche,
arrive pour lapremière
foisà
l’origine
au coursde,
oupendant,
la nièmeétape, ayant
parcouru une distance x exactement. On aRÉPARnTION DE LA LONGUEUR DES ÉTAPES 179 pour n > 1 et pour n =
1,
Il
s’ensuit
queet que la fonction
génératrice
a pourexpression :
13. Aucune des trois fonctions
f~,
gn, un n’existe pour y x. D’ailleurs toutes les trois sont nulles pour n =1, y
> x, car lalongueur
d’un parcours àl’origine
nepeut
pasdépasser x
si le mobile neparcourt qu’une étape.
Pour n >
1, y
>x,f", gn
et un sont liées parl’équation (34)
et leséquations
suivantes :
chaque équation
étant obtenue en considérant laposition
du mobile aubout de la
première étape
dans les différents cas. Deséquations
semblablessont satisfaites par les fonctions
génératrices F{x,
y,t), G{x,
y,t)
etU(x,
y,t)
dont la définition est :
Il est intéressant de remarquer que chacune des fonctions
F, G,
U estsolution de
l’équation
destélégraphistes
=0,
où14. Les
équations analogues
à(34), (37)
et(38)
pour les fonctionsgéné-
ratrices sont
180 B. W. CONOLLY
On introduit maintenant la transformée
intégrale
tout en
remarquant
que la transformée deLaplace
deU(x,
y,t)
parrapport
à y,U*(x,
z,t)
est liée àU(x,
z,t)
parl’équation :
Substituons
(42)
et(43)
dans(41), puis appliquons
la transformée(44)
au résultat. Nous obtenons par suite
où
15. Pour résoudre
l’équation (46)
on introduit encore une transforméeintégrale,
soit :On tire de
(46)
Cette
expression
détermineU(w,
z,t )
sauf pour la valeurparticulière U(a,
z,t).
Mais pour achever la déterminationde U(w,
z,t),
on doit fairedes
hypothèses
sur lecomportement
deun(x, y).
RÉPARTITION DE LA LONGUEUR DES ÉTAPES 181
16. Considérons la
probabilité Eo
pour que lalongueur
du parcours soit x(passage
àl’origine
dès lapremière étape)
et laprobabilité Ei
pour que, la marcheterminée,
le parcours soitplus long
que x.Alors,
en utilisant leparagraphe 12,
Évidemment Eo
est tel que :De
plus :
pour tout
x ( > 0)
et il s’en suit queEi
doit rester finie etqu’il
doit existerune limite finie au
plus égale
à l’unitélorsque x
tend vers l’infini.Or,
de sorte que
U(x,
z,t )
doit être une fonctionanalytique
du moinslorsque
0 t 1 et 0. Le
comportement
deEi indique
que la fonctionU(w,
z,t)
estanalytique
du moinslorsque
0 t1, 0,
Rlw > 0.17. Ce
point établi,
reconsidéronsl’équation (49).
Les zéros du dénomi- nateur sont :expressions
danslesquelles
et
182 B. W. CONOLLY
18. Pour les valeurs de t et de z
prises
enconsidérations,
il est évident quemais,
Donc,
le numérateur de(49)
doit contenir un facteur w - w2, cequi
déter-mine
U(a,
z,t)
et donne enfin :d’où par
inversion,
et, en utilisant
(45),
19. Les transformées de
Laplace
deF(x,
y,t)
etG(x,
y,t)
sont définiespar :
On obtient alors à
partir
de(43)
et
F*(x,
z,t)
àpartir
de la transformée del’équation (4~ ).
20. Par inversion on obtient dans le cas y > x, x >
0,
ou
et
Io, Il
sont les fonctions modifiées de Bessel depremière espèce.
RÉPARTITION DE LA LONGUEUR DES ÉTAPES 183
21.
Jusqu’à
cepoint,
nous avons traité le cas où le mobile commence sa marche en unpoint
situé à droite del’origine.
Il est évident que l’onpeut
étudier d’une manière semblable le cas où x 0.22. Dans le cas où x = 0
(le
mobile commence sontrajet
àl’origine),
le
premier
paspeut
êtredirigé
àdroite,
ou àgauche. D’ailleurs,
dans le casextrême,
le mobilepeut
sediriger
aupoint
decoordonnée 1 2 y
revenant à
l’origine
en(n
-1) étapes.
Enenvisageant
alors toutes lespositions
intermédiaires à l’issue de lapremière étape
et en utilisant les notationsemployées auparavant,
on obtient :où h’ et u’
signifient
que pet q
sontinterchangés
dans les fonctions h et ucorrespondants.
A l’issue decalculs identiques
à ceux que nous avonsdéjà effectués,
nous obtenonss étant donnée par
(55).
Or,
dans ce cas,U(0,
z,t)
est latransformée
deLaplace
de la fonctiongénératrice.
Par inversion on tire :23. Il
paraît
difficile et sans doute inutiled’expliciter
la formegénérale
des densités de
probabilité un(x, y)
etun(0, y)
parlesquelles
nous avonsdébuté cette
partie
de l’étude.Toutefois,
onpeut
faire les observationsgéné-
rales suivantes.
24. Considérons d’abord la
probabilité
pourqu’au
cours de sa marchele mobile ne franchisse
jamais l’origine (fin
deprocessus).
Cetteprobabilité
est évidemment
U*(x, 0, 1).
On obtient(i) quand p q
184 B. W. CONOLLY
de sorte que la fin du mouvement
(passage
àl’origine)
est presque certainequand
lesétapes
veis lagauche
ont uneprobabilité supérieure
à cellesvers la
droite,
ainsi quelorsque
ces deuxprobabilités
sontégales.
Mais(ii) quand
p > qil y a une
probabilité
non nulle que la marche ne se terminejamais.
Cesconclusions sont valables pour le cas x > 0 et pour x 0 les conclusions
sont inverses. Pour x =
0,
on conclut de(66)
que seul le cas p = qproduit
un retour certain à
l’origine.
Dans le cas p > q, laprobabilité
est2q,
tandisqu’elle
est2p
dans le cas p q.25. La
longueur
moyenne y dutrajet jusqu’à l’origine
est donnée parLorsque
x >0, p
q,autrement y
est infini.Lorsque x
=0, y
esttoujours
infini.26. On
peut
remarquer queU(x,
y,1)
est la densité deprobabilité
pour que lalongueur
dupremiel
passage àl’origine soit y (y
>x)
et il y a une concentration deprobabilité
pour y = x donnée par La distributionpossède
alors une discontinuité aupoint y
= x.Août 1964.