A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
N ICOLAS K RYLOFF
Sur différents procédés d’intégration approchée en physique mathématique
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 3
esérie, tome 17 (1925), p. 153-186
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1925_3_17__153_0>
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SUR DIFFÉRENTS PROCÉDÉS D’INTÉGRATION APPROCHÉE
EN
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE
Par NICOLAS KRYLOFF
Membre de l’Académie des Sciences d’Ukraïne (à Kieff).
PRÉFA.CE
Dans le célèbre Mémoire : « Ueber eine neue Methode zur
Lösung gewisser Varia- tionsprobleme
der mathematischenPhysik »,
l’illustrephysicien
suisse Walter Ritz aproposé
pourl’intégration
deséquations
différentielles de laphysique mathématique
‘
une
méthode, qui peut
être résumée brièvement comme il suit : enprofitant
desconditions
frontières,
Ritz considère certaineintégrale correspondant
auproblème,
de sorte que
l’équation,
dited’Euler,
obtenue en faisant varier cetteintégrale (’),
estprécisément l’équation
différentielledonnée, laquelle peut
être considérée ainsicomme la condition nécessaire pour rendre
l’intégrale
susdite « stationnaire ».Dans la méthode de W.
Ritz,
ainsiqu’en général
dans les méthodes basées sur leprincipe
deminimum,
on cherchel’intégrale
del’équation
différentielle donnée sousla forme d’une série
procédant
suivant des fonctions aisément calculables(par
ex.,suivant des fonctions
trigonométriques,
despolynômes
et engénéral
suivant des fonctions dites « fondamentales »correspondant
aux divers cas des vibrations dessystèmes)
etassujetties
à certaines conditions restrictives etéxplicitées
dans lasuite ;
en
général
ces conditions sont les suivantes : les fonctions dusystème
enquestion
doivent vérifier les conditions frontières
imposées
àl’intégrale
cherchée del’équation
différentielle donnée et en outre ces fonctions doivent être
telles,
que les fonctions dites « arbitraires » enPhysique mathématique peuvent
êtredéveloppées
en sériesprocédant
suivant les fonctions dusystème
choisi.La méthode de W.
Ritz, ayant, remarquons-le
enpassant, quelques points
de(t)
Cetteintégrale,
remarquons-le en passant,peut
être formée quelquefois directement.
d’après
les données duproblème,
comme il est bien connu dans laMécanique appliquée ;
on pose ensuite le
problème
de minimum à propos de cetteintégrale
et on démontre que les fonctions minimantes tendent vers une fonction limite vérifiantl’équation
différentielle correspondant auproblème envisagé.
’
Fac. des Sc., 3e série, t. XVII. ,«
I54
contact avec la méthode utilisée
jadis
par LordRayleigh (’),
ramène en somme laquestion
à un certainproblème
du calcul desvariations;
lepoint
dedépart
de laméthode de W. Ritz est par
conséquent identique
à celui surlequel
repose le fameux«
principe
de Dirichlet » tel que Riemann l’a conçu.’
Les considérations bien connues émises
depuis
lors par Weierstrass ont mis endiscrédit le
principe lui-même,
ainsi que les démonstrations sur lui fondées.Les recherches ultérieures de
Arzela (2),
M. Hilbert(3),
M. Zaremba(4)
M. Hada-mard,
M.Lebesgoe,
M. Fubini et d’autresgéomètres contemporains
ont été consa- .crées à la « réhabilitation » du
principe
de Dirichlet. Or lapartie
essentielle et le mériteprincipal
des mémoires de W. Ritz consiste non seulement dans le choix de la suiteminimante,
que l’illustre auteur a su trouver par lavoie, qui
lui est propre, mais aussi dans la démonstration dans certains cas au moyen du calcul effectif de l’existence pour leproblème
du minimumposé,
de la solution vérifiant en effet .l’équation
différentielle donnée. Lesexpressions approximatives
formées dans la méthode de W. Ritz pourl’intégrale
cherchée seprésentent
sous la forme des sériesterminées
(procédant
suivant les fonctions dusystème choisi),
dont les coemcientsse déterminent par les
règles
usuelles du calculdifférentiel;
ainsi pour leséquations
différentielles linéaires on aboutit au
système
deséquations
linéairestoujours
réso-lubles par
rapport
aux coefficients cherchés dans les cas considérés par Ritz lui- même.Par une
analyse profonde
etélégante
W. Ritz démontrerigoureusement
lapossi-
bilité du passage à la limite en établissant la convergence uniforme des
approxima
tions obtenues vers une fonction
continue,
dérivable et vérifiant en effetl’équation
différentielle donnée.
Dans ce travail nous exposerons aussi une autre démonstration
(’’),
différente de celle de Ritz,qui permet
non seulement d’établir la convergence duprocédé,
maisdonne aussi le moyen d’estimer l’ordre de l’erreur
qu’on
commet en s’arrêtant à la mmeapproximation;
ceciprésente,
à notreavis,
uncomplément
essentiel à la méthode de W. Ritz etpeut
êtregénéralisé
pour dessystèmes d’équations
différen- /tielles
(s), d’équations
aux dérivéespartielles,
etc...f~)
«Philosophical
Magaz. », vol. 22, série 6.(’)
« Rendiconti della R. Accademia delle Scienze dell’Istiluto di Bologna »,1896-97.
C)
« Mathem. Annalen », t.59.
(’)
« Rendiconti del Circolo Matematico di Palermo »;igo6-07.
(5) N. Kryloff : « Sur l’estimation de l’erreur commise dans
l’application
de la méthode de W. Ritz pourl’intégration approchée
deséquations
différentielles ». Comptes rendus de l’Académie des Sciences de Paris, t. 1 80, p. I3I6.(6) N. Kryloff : « Sur une méthode permettant d’estimer l’ardre de l’erreur commise
quand
onapplique
leprocédé
de W. Ritz auxsystèmes
deséquations
différentielles de laphysique mathématique
». Bulletin de la Classe des Sciences de l’Académie de t. I, fasc. 4.Pour estimer la méthode de W. Ritz à sa
juste
valeur iln’y
aqu’à
serapporter
aux mémorables
paroles
de H.Poincaré,
citées dans lapréface
aux « OEuvres com-plètes
de W.Ritz(’) )) ;
les voici in extracto :« Les
problèmes
dePhysique mathématique
se ramènent presque tous à untype
,commun. » « C’est le mérite de Freedholm d’avoir trouvé ane méthode
générale
etrigoureuse qui
leur estapplicable
à tous. » « La solution seprésente
ainsi comme lequotient
de deuxexpressions analogues
àdes
déterminants. Ces déterminants seprésentent
eux-mêmessous
la forme de séries. » « Bien que les séries soient extrê- mementconvergentes,
bien que la loi de formation des termes soitélégante
etsiowle,
il en résulte pour le calcul
numérique
des difficultés presque insurmontables. »« Ainsi la méthode de Freedholm, excellente pour démontrer
rigoureusement
la
possibilité
duproblème, »
... « n’a pas encore étéemployée
pour le calcul numé-rique
et neparaît
pas devoir l’être sous la forme actuelle. » « La méthode de Ritz seprête
mieux au calculnumérique ))
... «C’est
une méthoded’ingénieur.
>> ... « Lesmêmes
procédés
de démonstrations seraient-ilsapplicables
à tous lesproblèmes analogues
et, parexemple,
auxproblèmes
de Fourier? Ritz lecroyait, je
le crois aussi,mais le
temps
lui amanqué
pour le vérifier. »Cette
opinion
émise par l’un desplus grands géomètres contemporains
prouve suffisamment toutel’importance
des recherches de W. Ritz et met en relief certains_
problèmes
àexaminer, qui
en découlen t. Les recherches dans la direction tracée par W. Ritzparaissent
d’autantplus nécessaires,
quejustement
dans cedernier temps
les savants éminents tels que MM. S.
Timochenko, Karman,
Pôschl(pour
les diversesquestions de
la scienced’ingénieur)
et M. Love(pour
certainsproblèmes
de la Méca-nique céleste)
enappliquait l’algorithme
variationnel de Ritz ont été unanimes à déclarer sesavantages
incontestables aupoint
de vue du calcul effectif de la solution.Certains des travaux de ces auteurs contenaient les calculs
numériques
sans sepréoccuper
de la convergence desapproximations
enappliquant
sansétude théorique préalable
leprocédé
de Ritz au casimportant,
où la formequadratique
sous lesigne
de
l’intégrale
à varier n’était pas, parexemple,
définiepositive,
c’est-à-dire où n’est pas réalisée la conditionqui
était essentielle dans le raisonnement de Ritz. Le pro- blèmequi
ensurgit
méritait donc une attention touteparticulière,
d’autantplus qu’il
est lié à laquestion
du calcul effectif des valeurs «singulières
duparamètre (ainsi
que des solutionssingulières)
enPhysique mathématique
et que lesparoles,
ci-dessus mentionnées de H.
Poincaré,
contenaient une allusion à cesujet.
La remarque
correspondant
au cas où ledéveloppement
del’intégrale
cherchéeprocède
suivant les fonctionssingulières correspondant
auproblème
a été faite dansmes notes
C) antérieures ;
les coefficients desapproximations
obtenues parl’algo- (’)
G. V illars , 1911.(s)
N. Kryloff, « Surl’application
de la méthode de W. Ritz auproblème
des oscillationsrithrne de Ritz se déterminent irldividuellernent en ce cas-là et leurs
expressions
sontidentiques
à celles que l’onreçoit
parl’application
de la méthodefondamentale
de laPhysique mathématique développée
par les recherches deSchwartz,
H.Poincaré,
E.
Picard,
V.Stekloff,
S.Zaremba;
cette remarque sera aussi utilisée dans la suite de ce travail.Le cas des
équations
différentiellesqui échappe
à la méthode de V. Ritz a été considéré dans une série d’articles(’j
par une méthodequi
sedistingue
essentielle- ment de celle de Ritz etqu’on
aurait pu surnommer « la méthode des déterminantsinfinis » ;
ces considérations basées sur les recherches deHelge
von Koch trouveront tune
large application
au cours duprésent
mémoire.Un de nos articles antérieurs
CS)
contient l’extension de la méthode de Vr. Ritz auxsystèmes
de deuxéquations adjointes
àelles-mêmes;
lagénéralisation
au cas de néquations s’impose
et se trouvedéveloppée
ici avec lescompléments
nécessaires.Le travail
présent
contient donc un essai d’unegénéralisation systématique
de laméthode de W. Ritz dans les diverses
directions;
entre autres, sont traités ainsi dans la suitequelques
casd’équations intégrodifférentielles
et aussi leséquations intégrales
depremière
et de deuxièmeespèce.
’Enfin
l’auteur,
en se basant sur ses recherches récentes(3),
donne la démonstration de la convergence de la méthode des moindres carrés non seulement pour le casd’une seule
équation différentielle,
mais aussi pour le cas dessystèmes
deséquations ;
cette méthode de moindres carrés ainsi que les
généralisations indiquées~) prendront,
nous en sommes
persuadés,
leursplaces légitimes parmi
les autres méthodes d’inté-gration approchée
deséquations
de laPhysique mathématique.
Diverses circonstances
extérieures, qu’il
est inutile d’énumérerici,
n’ont paspermis
dedévelopper
certainesparties
de ce travail avec toutel’ampleur
correspon-contraintes », Cornmrrniccricons de la Soc. de Kharkof,
I9I4.
- N. Kryloff, « Sur les méthodes de W. Ritz et de M.Boussinesq
», Annales de l’École sup. des filines dePétrograd,
1915.
(1)
N. Kryloff, « Sur lesgénéralisations
de la méthode de W. Ritz », Cornptes rendus de l’Académie des Sciences de Paris, I9I7. - N. Kryloff et J. Tamarkine, « Snr la méthode de V. Ritz ponr la solutionapprochée
desproblèmes
de la Physiquemathématique
», Rullelinde l’Académie des Sciem es de
Pélrograd,
Ig 18.
(’)
N. Kryloff : « Thé application of the method of BV. Ritz to a systeln of difl’erentialéquations », Bull. de l’Acad. des Sciences de
Pélrograd,
I9I7.(3) N. Krylon’. « Sur une méthode basée sur le
principe
de minimum pour l’intégrationapprochée
deséquations
dinercntieltes », Comples rendus de 1’:4cad. des Sciences de Paris,t. 181, - N. Kryloff, « Sur l’extension de la méthode des moindres carrés pour l’inté- gration
approchée
dessystèmes
deséquations
différentielles », Bull. de la Classe des Sciences de l’Académie de l’Ukraine, t. I, fasc. 3.(’~ N. Kryloff, « Sur une méthode
d’intégration approchée
contenant comme cas parti-culiers la méthode de V’. Ritz ainsi que celle des moindres carrés ». Comptes rendus de rocade/me dés Sciences de t. I82, p.
fi;f.
dant à
l’importance
dusujet.
Pour les mêmes raisons certainesparties
de ce travaildestinées à
paraître
ailleurs sontpubliées
àprésent,
presque avec huit ans deretard ; quelques-uns
des résultats obtenus ont étécependant communiqués
dans mes Notes«déjà
mentionnées. L’indexplacé ci-après
donne une idée nette du contenu dumémoire;
la fin du travail estaccompagnée
d’une liste de travaux relatifs ausujet.
~
CHAPITRE PREMIER
Application de la méthode de W. Ritz à
l’équation intégro-différentielle
provenant de la variation d’uneintégrale
double considérée par G. Fubini.S 2. Sur
l’application
de la méthode des moindres carrés auxéquations intégro-différen-
tielles et sur l’ordre de l’erreur
qu’on
commet dans cette méthode en s’arrêtant à nmeapproximation.
,S 3.
L’exposition
de la méthode de W. Ritz(proprement dite)
àl’équation
différentielle du second ordre.S 4. Autre manière
d’exposer
la méthode de W. Ritz.S 5. Sur l’estimation de l’erreur
qu’on
commet dans la méthode de W. Ritz en s’arrêtant à nmeapproximation.
6. Sur la
possibilité d’appliquer
la méthode de W. Ritz auxéquations
différentielles nonadjointes
à elles-mêmes.S 7.
L’application
de la méthode de W. Ritz à certaineséquations
différentielles nonlinéaires ;
l’estimation de l’erreur.
S 8. La méthode des moindres carrés pour
l’intégration approchée
del’équation
différen-tielle
générale
du second ordre avec l’estimation de l’ordre de l’erreur commise ens’arrêtant à nme approximation. ’
S g. Sur une nouvelle méthode
d’intégration approchée, généralisation
de la méthode deW. Ritz et de celle des moindres carrés.
Les
équations intégro-différentielles, rencontrées(’) jadis
par Duhamel dans l’étude de certainsproblèmes thermo-mécaniques,
ont été récemmentl’objet
desprofondes
recherches de M. VitoVolterra(2)
et de ses successeurs; ces travaux ontattiré l’attention des
géomètres
sur le rôle de toutepremière importance, joué
par les diteséquations
dans les diversproblèmes
de laPhysique mathématique,
notam-ment dans ceux où entrent en
jeu
lesphénomènes
« d’hérédité ».Au
point
de vue du «problème
de minimum » l’étude de ceséquations
a étéreprise
par M. GuidoFubini;
or la méthode du savantgéomètre
deTurin, exposée
dans son
Mémoire(’),
se borne seulement à la démonstration de l’existence de la solu- tion et parconséquent
ne donne pas le moyen de la calculer effectivement. Le pro-(’)
Journal de l’EcolePolytechnique,
t. XV.(~)
Voir les nombreux travaux de cet auteur dans les Rendiconli dell’Accad. dei Lincei,.Acta etc., résumés
partiellement
dans ses : cc Leçons sur leséquations intégro-
différentielles ») et « Leçons sur les fonctions de lignes ». Paris, G. Villars,
1913.
(3)
« Alcuni nuoviproblemi
di calcolo delle variazioni », Annali di Matemalica, série 3,,vol. 20. -
’
.
blème se pose donc de chercher cette solution dans la direction des idées de
Ritz,
cequi
feral’objet
de cepremier paragraphe.
Visant le but de créer un nouveau
chapitre
du.calcul fonctionnel « alla constru- zione delquale
», selonl’expression
de M.Fubini,
« tanti sforzi sono ora dirette » dans le Mémoire ci-dessusmentionné,
cet auteur considèrel’équation intégro-diffé-
rentielle aux dérivées ordinaires, comme
l’équation d’Euler,
obtenue en faisant varierune certaine
intégrale
double.Soient
x, X
deux variables ; en dénotant par lesgrandes
lettres del’alphabet
le ,.résultat de
l’échange
entre x etX,
considéronsl’intégrale
double de M. Fubini :où dans la forme
quadratique placée
sous lesigne intégral
les a, b. c, e sont les fonc-tions de x et de X,
lesquelles
en vertu de la convention admise se dénoteront parA, B, C, E quand
onéchange x
et X entre eux ; ?,et
selon lasupposition
sontsymétriques
parrapport
à x et X et tous les coefficientsa, b,
c, epossèdent
lesdérivées
premières .bornées..
Cela
étant, changeons
leproblème posé
par M. Fubini et formulé de la manière que voici : on cherche une telle fonctiony(x)
finie et continue avec sapremière
dérivée
qui
sur les frontières x = o, x = iprend
les valeurs données d’avance M et N et annule lapremière
variation del’intégrale
I.A cet effet supposons la forme
quadratique
sous lesigne
del’intégrale
1 définieet
positive
et effectuons lechangement
de variables’
à l’aide
duquel
les conditions frontières serontL’intégrale
double enquestion
seprésentera sous
la formeoù F et H ont des
significations
bien déterminées.Pour trouver la fonction
qui
rendl’intégrale
1 « stationnaire)) procédons
confor-.mément aux idées de VV. Ritz convenablement
adaptées
au cas actuel.un
système
infini de fonctions d’une variableréelle,
vérifiant lesconditions,
dont ona
parlé
dans laPréface,
et soit t "une suite des nombres à déterminer
d’après
les conditions duproblème
de minimum.. En
posant
t .dénotons par I,n le résultat de la substitution dans
I,
au lieu deu(x)
etU(X),
desséries terminées
(4);
en déterminant alors les coefficientsinconnus ai
par lesrègles
usuelles du Calcul différentiel on aboutit au
système
suivantd’équations
linéaires : :.Puisque
lapartie quadratique
de Im est définiepositive (d’après
lasupposition admise),
on s’assure aisément que leséquations (5)
sont résolubles et donnent pour les coefficientscherchés ai
unsystème
de valeursuniquement déterminées,
car ledéterminant du
système (5)
est différent de zéro comme discriminant d’uneforme quadratique
définiepositive.
Le
système (5) peut
revêtir une autreforme,
utile pour la suite. A ceteffet,
endésignant
parAi, As,
...,A
des nombresarbitraires,
posons :En
multipliant
chacune deséquations
dusystème (5) respectivement
par unA~
correspondant
et faisant la somme, on obtient :Cela étant,
posonset formons la différence de deux valeurs non minimées de 1 :
or pour la valeur de l’indice
égale
à(m
+n)
lesystème (6)
s’écri t comme suit :et, vu
que
les coefficientsAi
sontarbitraires,
onpeut
y poser :En faisant cette
substitution
et en combinant le résultat obtenu avecl’expression
pour la différence
Im+n - Im,
on s’assure aisément que :égalité
enlaquelle
l’indice zérosignifie
que les conditions de minimum sontdéjà prises
enconsidération.
Vu la
supposition
faite à propos de la formequadratique
sous lesigne
de l’inté-grale,
toutes lesintégrales I°i
sont bornées inférieurement etpuisque,
en vertude
la relation
(8),
elles diminuent à mesure que leur indiceaugmente,
onpeut
affirmerqu’elles
tendent vers une limitedéterminée;
donc pour toute valeur n et pour m suffisammentgrand :
où e est un nombre arbitrairement
petit.
En se souvenant que cr, selon
l’hypothèse,
est une forme définiepositive,
nousferons la
supposition plus générale
que 03C6 estpositive
et différente de zéroquand
l’une au moins des
quantités u’,
U’ est différente dezéro ;
cettepropriété
aura lieuévidemment
après
la soustraction de c et C d’unequantité positive a,
suffisammentpetite,
c’est-à-dire :.
Cela posé,
la combinaison des relations(8), (g), (to)’
donnel’inégalité
évidente :, E
ou , = - .
x
En
remarquant
que les u,dépendent
seulement de x et lesU,
deX,
on tire de(tï)
lesinégalités suivantes :
d’où,
au moyen del’inégalité
bien connue deBouniakowsky-Schwarz,
on obtient°
aisément
grâce
aux conditions frontières vérifiées par ui etUi :
et ceci prouve la convergence uniforme de
um(x) vers
une fonction continueu(x)
et par
conséquent
deUm (X)
versU(X).
Pour trancher la
question
de l’existence des dérivées de cette fonction limiteu(x)
et pour former
l’équation intégro-différentielle
vérifiée paru(x) partons
du sys- tème(6),
d’où au moyend’intégration
parparties,
on obtientaprès quelques
réduc-tions et en utilisant les conditions frontières la relation suivante :
Or,
en vertu d’unepropriété
del’intégrale,
dont lechamp d’intégration
est uncarré,
onpeut
enéchangeant
les variables x et Xreprésenter
la secondeintégrale
de
(i à)
sous la forme :En introduisant donc la condition
supplémentaire
pour les~~i(x), (i = ~,
2, ...,n),
,et
exprimant
que non seulement(2),
mais encore les conditions frontières :sont
réalisées,
on tire aisément de(t4)
au moyen del’intégration
parparties
et enprenant
en considération( 15) :
’En effectuant la
première intégration
parrapport
à X on tire de là :Dans cette
expression,
onpeut
évidemment passer à la limite sous lesigne
inté-gral,
card’après
cequ’on
a démontréplus
haut les u",convergent
uniformémentvers une fonction limite et, les coefficients
Ai
étantarbitraires,
onpeut
les choisirde sorte que : ’
où w, tout en restant
arbitraire,
estpourtant
deux fois dérivable. La seconde dérivéeest finie et continue et doit s’annuler avec sa
première
dérivée auxpoints frontières.
En
passant
donc à la limite dans(17)
et en serappelant
unlemme,
établi par M.Hilbert(’)
etdéjà
utilisé par W. Ritz dans sesrecherches,
on obtient aisément(’)
HILBERT, « Ucber das Dirichletsche Prinzip ». ~~luth. Annalen, t. LIX.Ensuite,
par un raisonnement biensimple,
on s’assure queu(x)
vérifiel’équation
intégro-différentielle
suivante : ‘où l’on a
posé :
Remarquons
enpassant
que c’est auxéquations intégro-différentielles
dutype (i8)
que se réduit le
problème
del’intégration
del’équation intégro-différentielle
auxdérivées
partielles :
quand
on yapplique
la méthode deséparation
des variables.Ainsi,
parexemple,
dans le cas où :il suffit de poser :
En résumant le
contenu
de ceparagraphe,
onpeut
dire que leproblème
de laminimisation de
l’intégrale
double(1)
conduit à la suite minimisante um,qui
converge
(pour m-oo)
uniformément vers une fonction limite upossédant
deuxpremières
dérivées et vérifiantl’équation intégro-différentielle (18).
’Or,
enréalité,
c’est leproblème
pour ainsi direinverse,
leproblème
de l’inté-gration
d’uneéquation intégro-différentielle donnée, qui
a’ uneimportance
bienplus
considérable et nons le traiterons dans la suite à l’aide des autres méthodes.
S 2. Dans leurs
Mémoires,
M.Fubini(’)
et M. L.Lichtenstein(2)
se sontoccupés
du
système intégro-différentiel
suivant : :(t)
« Alcuni nuovi problemi di calcolo delle variazioni ». Annali di Matematica, série 3 vol. 20.’ ’
(2)
LICHTENSTEIN, « Ueber eineIntegro-Differentialgleichung
und dieEntwicklung
will-kürlicher Funktionen nach deren Eigenfunktionen. Festschrift
Schvarz, Springer I9I4
».au
point
de vue de l’existence de la solution.’
’
Proposons-nous
dedévelopper
ici pour lesystème (19)
la méthode del’intégration approchée,
basée sur la minimisation du carré moyen de l’erreur, c’est-à-dire surle problème
de minimumposé
pourl’intégrale :
La
méthode, ci-après exposée, présuppose
bien entendu certaines conditions res-- trictivesimposées
aux données duproblème
etexplicitées
dans la suite.Prenons la suite minimisante sous la forme des séries terminées
procédant
suivant les fonctions aisément calculables et vérifiant les conditions frontières de(19) ;
onpeut prendre
pour dans le casactuel,
parexemple
lessinus.
Pour la détermination des coefficients inconnus on aura,
d’après
lesrègles
usuelles du Calcul
différentiel,
lesystème
suivantd’équations
linéaires :évidemment résolubles par
rapport
aux dans le cas actuel.D’autre
part,
ensupposant
le théorème d’existence del’intégrale
de(1.9) préala-
blement démontré
(ce qu’on
a le droit dans le cas considéré d’autantplus qu’il s’agit
d’élaborer une méthode de
l’intégration approchée
et non un théorème de l’existence de lasolution),
on aura aussi :Donc
en
multipliant
leséquations
dusystème (22) respectivement
par - et en faisant la somme parrapport
àl’indice i,
on tire aisément de(22)
.
m
,en dénotant par Um
= 03A3 Ai(m)03C8i(x), la
somme d’ordre nz de M. L.Féjèr (ou
celleI .
’
.de M. D.
Jackson),
obtenue enappliquant
audéveloppement
del’intégrale
de(19)
le
procédé
de sommation de M. L.Féjèr (ou
de M. D.Jackson).
Onpeut prendre
aussi pour Um la somme de
Fourier d’ordre
m.Cela
étant remarquonsque
Donc de
(~3)
on tire :Ensuite,
en vertu del’inégalité
bien connue deBouniakowsky-Schwarz,
on obtientaisément :
où lim cm = o et l’ordre de cm
peut
être fixé encorrespondance
avec les restric- tionsimposées
aux coefficients del’équation intégro-différentielle
donnée(19);
ainsipar
exemple
sip(x), q(x), K(x, y), f(x)
vérifient parrapport
à x la condition deLipschitz
d’ordre un, l’ordre de cm, comme il est facile de s’en assurer, seraégal
è i : m ,
d’après
les théorèmes connus surl’approximation
des fonctions.Pour cela remarquons, que si
J(x)
est dérivable et vérifie les conditions fron- tièressusdites,
alors(voir
parexemple
Steklofi : « Problèmes fondamentaux de laPhysique mathématique )) [en russe] ; Pétersbourg,
t.I,
p.233, 1922) :
on M00FF =
0
etTa
= const.positive indépendante
de n . .Si
f(o)
o ;f(1)
o prenons les fonctionsF(x)
= etF1 (x)
= cci(
- _et 03B11
sont déterminésrespectivement d’après
les conditions(E
est un nombrepositif
donnéd’avance)
et introduisons la fonctioncp(x)
de celle.de M. Stekloff au moyen des conditions : .
de sorte que
’P(x)
est dérivable et vérifie les conditions frontières. Il suffit alors ens’appuyant
sur la formulede
répéter
textuellement les raisonnements de M. Steklofi(voir ibid. §
1 6 et S 1 7 du.Chapitre X)
enprenant
aussi E =T ,
, pour s’assurer quen
ce
qu’il
fallait démontrer.Au moyen de
l’intégration
parparties
on a :Donc si
p (x) ~ p, ~ o ; q (x) fl
o et si le noyauK (x, y)
est défininégatif d’après.
la
terminologie
de la théorie deséquations intégrales,
on tire de(25)
d’où
Ceci prouve la convergence du
procédé
et donne en mêmetemps
le moyen d’es- timer l’ordre de l’erreurcommise, quand
on s’arrête en m~°approximation.
En utilisant les
inégalités {21~)
et(26)
onpeut aisément,
à l’aide de(25),
fixerl’ord re de
où l’on a
posé :
Il suffit alors d’utiliser l’identité évidente :
(où
xet;
sont deuxpoints quelconques
de(0,1))
pour obtenir au moyen de l’iné-_
galité
deBouniakowsky-Schwarz :
.De là on
conclut,
d’un coup, nonseulement
la convergence de lapremière
dérivéedes suites minimisantes vers la dérivée de
l’intégrale
del’équation intégro-différen-
tielle
donnée,
mais en mêmetemps
onpeu t
aussi fixer l’ordre dedu -
.Les restrictions
imposées
aux données duproblème dépendent
essentiellement du mode de la démonstration etpeuvent
être levées dans une certaine mesure; - nous nous étendronsplus longuement
sur cesujet
dans lasuite,
en nous bornant .d’énoncer, d’après
cequi
vient d’êtredit,
le théorème suivant : Sip(x) ~
o;q(x) fl
o , avecK(x, y) définie négative,
onpeut,
pourl’intégration approchée
du sys- tèmeintégro-différentiel ( r g), appliquer
la méthode basée sur la minimisation de l’inté-grale
et cetteméthode, qu’il
estlégitime
de dénommer° « des moindres carrés », donne non seulement leprocédé convergent,
maispermet
aussi dans bien des cas d’es- timer l’ordre de l’errean commise, dans l’évaluation del’intégrale
et de .sadérivée,
quand
on s’arrête enapproximation.
. Cette méthode donne lieu à différentes
généralisations
et seprête
bien aux calculsnumériques,
comme il est facile de s’en assurer. C’estpourquoi
la méthode des moindres carrésprendra,
ce noussemble,
saplace légitime parmi
les autres métho-des pour
l’intégration approchée
deséquations
différentielles etintégro-différentielles
de la
Physique mathématique.
. S 3. Dans son Mémoire
fondamental, déjà mentionné,
W. Ritz traite leséquations
différentielles aux dérivées
ordinaires, provenant
de l’annulation de lapremière
va-riation de
l’intégrale,
sous lesigne
delaquelle
se trouve la formequadratique
définieet
positive,
donnée à l’avance. Parl’application
de sonprocédé
Ritz démontre que les fonctions de la suite « minimante » par luiformée, convergent
vers une fonc-tion continue, dérivable et vérifiant en effet une certaine
équation
différentielle du secondordre,
dont les coefficientsdépendent
évidemment de la formequadratique, placée
sous lesigne
del’intégrale
à varier.Or à côté de ce
problème,
conformément à cequi
a été dit dans laPréface,
uneimportance
touteparticulière appartient
auproblème
del’intégration
del’équation
différentielle donnée à l’avance. Nous croyons donc être utile au lecteur en
esquis-
sant en peu de mots ici
(sauf
à delégers changements près)
la démonstration de la convergence duprocédé,
telle que son célèbre auteur l’a conçue, car cela fera mieux ressortir laportée
deschangements
et desgénéralisations exposées
dans les para-graphes
suivants.En nous bornant pour la brièveté
d’exposition,
commepartout
dans lasuite,
auxcas les
plus simples,
considéronsl’équation
différentielle du secondordre(’), adjointe
à elle-même avec les conditions frontières les
plus simples
aussi, c’est-à-dire le sys- tème différentiel :Au
moyen
del’intégration
parparties,
on s’assure immédiatement quel’intégrale
à minirner dans le cas actuel est :
Les coeiiicients inconnus de la suite minimante
(où [~~i(x)~
est unsystème orthogonal,
norrnal et fermé de fonctions aisément cal- culables vérifiant les conditions frontières(27),
comme parexemple
les sinusl se(1) Au rnoyen de la multiplication par un facteur convenable toute
équation
du secondordre sous des
hypothèses
assez larges peut être rendue adjointe à elle-inême.déterminent,
pourchaque
valeur de rn, par unsystème d’équations
linéaires parrapport
aux :.
où I,n =
I(ym);
le déterminant dusystème (29)
est différent de zéro comme le dis-criminant d’une forme
quadratique,
définie etpositive d’après
lessuppositions
faites ;donc le
système (29)
estrésoluble
et la solution estunique.
En
posant alors
où sont des ’coefficients
arbitraires,
on tire de(29) :
d’où en
posant
= Y == y,n ? iEn formant alors la différence de deux valeurs de I de l’indice et
m,
on a
où l’indice zéro
signifie
que les conditions de minimum sontdéjà prises
en considé-ration.
De
(32)
on voit que lesI°2
diminuent avecl’augmentation
del’indice i,
donc sion démontre l’existence de la borne inférieure de I, on conclut alors de
(32)
la pos.sibilité de trouver un nombre M assez
grand
afin que pour m >M
et pour toute valeur de nd’où,
vu lesigne
deC(x), l’inégalité
deBouniakowsky-Schwarz
et les conditionsfrontières
imposées
aux~",(x),
on tire ...ce
qui
prouve la convergence uniforme de ym pour vers une fonction continue.L’existence de la borne inférieure de 1
peut
être démontrée par la voieindiquée
par W. Ritz
lui-même,
enpartant
del’intégrale
de(27),
vérifiant les conditions deCauchy
éttoujours existante;
or il estplus simple
au moyen del’intégration
parparties
de s’assurer que leproblème
de minimum enquestion
estidentique
à celuide rendre stationnaire
l’intégrale :
eu la fonction sous le
signe intégral
estpositive.
Pour prouver que la limite des suites minimantes ainsi
formées,
c’est-à-dirè lirn y,n = y vérifiel’équation
différentielle donnée(2 ~)
il suffitd’intégrer
parparties
dans la relation(30),
en choisissant les nombres arbitrairesAi
de sorte queEn
passant
alors à la limite sons lesigne
del’intégrale,
.cequi
estpermis
vu larelation
(35),
on obtient aisément :d’où en vertu d’un lemme du Calcul de variations
déjà précédemment
utilisé ontrouve :
eu
Ci
etCs
sont des constantes; or lapartie
droite de(36) possède
unedérivée,
’
donc
y(x)
estdérivable;
en différentiant une seconde fois on s’assure que y existe et quel’équation
différentielle(’J’7)
donnée se trouvevérifiée,
c. q. f. d.Chemin faisant il n’est pas inutile de remarquer que, si les fonctions
’fn(x)
sui-vant
lesquelles
ondéveloppe
la solution cherchée sont les fonctions « fondamentales »(« singulières ») correspondant
auproblème,
.les coeflicients desdéveloppements
deRitz se détermineront individuellement et