A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
A. L EGOUX
Sur les courbes synchrones
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 6, no1 (1892), p. B1-B16
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1892_1_6_1_B1_0>
© Université Paul Sabatier, 1892, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales de la faculté des sciences de Toulouse » (http://picard.ups-tlse.fr/~annales/) implique l’accord avec les conditions générales d’utilisa- tion (http://www.numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression sys- tématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fi- chier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
B.I SUR LES
COURBES SYNCHRONES,
PAR M.
A. LEGOUX,
Professeur de Mécanique à la Faculté des Sciences de Toulouse.
On trouve dans la
Mécanique
d’Euler(t. II,
p.4~ ~
l’énoncé du pro- blème suivant : :Soient une
infinité
de courbes semblables AMprenant
leurojrigme
enun
point fixe A,
trouver une courbe CMM déterminant sur toutes ces courbes des arcs AMqui
sont parcourus dans destemps égaux
par unpoint
matérielpesant
descendant sur chacune d’elleset partant
de A sansvitesse initiale
(
courbessynchrones).
Comme
application
de saméthode,
Euler traitecomplètement
le casparticulier
bien connu deslignes
droites émanant del’origine ;
la courbesynchrone
est, comme onsait,
une circonférence. Il aborde ensuite les deuxcas
particuliers
où les courbes sont des circonférences et descycloïdes
etl’équation
différentielle de la courbesynchrone
àlaquelle
il arrive esttellement
compliquée qu’il paraît impossible
del’intégrer.
Nous nous proposons, dans ce
qui
vasuivre,
de traiter ceproblème
diffi-cile par une méthode différente
qui
nouspermettra
de trouver les courbessynchrones
dans ungrand
nombre de cas, et ensupposant
lepoint
soumisà des forces
qui
satisfont à une fonctionpotentielle.
. La méthode
s’applique
aux courbes tracées sur des surfaces.Nous définirons les courbes en donnant
l’expression
de leurs coordonnéesen fonction d’un
paramètre
variable.Soient
les
équations
des courbes de lafamille, u désignant
leparamètre
variableet a une constante arbitraire.
Soit y
la fonction desforces,
on al’intégrale
des forces viveson supposera )0 = o pour x = o, y = o.
On tire des
équations
des courbes( I )
de
( 2 ),
on tireCette
intégrale
devra êtreprise
entre des limites tellesqu’elle
s’annulepour une valeur de u
correspondant
àl’origine.
Il faut
que t
soit le même pour tous les parcours sur les arcsAM, quelle
Fig. J.
que soit la courbe que décrit le
point
matériel pour atteindre la courbe CMM(.fig. i).
Or t est fonction de u etde a,
et l’onexprime
que ce tempsest constant en écrivant que sa différentielle totale est
nulle,
En éliminant a entre
( z )
et( 4 ),
on aura leséquations
de la courbe syn- chrone.EXEMPLE I. - La
force
est lapesanteur
et l’axe AX estdirigé
suivantla
verticale;
leslignes
AM sont deslignes
droitespassant
par( EULER. )
Soient
les
équations
de ces droitesposons il vient
Différentions et
égalons
à o la différentielle totaleMais nous remarquerons que
chaque
courbe CMMcorrespond
à une va-leur
particulière de t.,
que pour chacune de ces courbes on doit considérer f, ou2 VI + a2
du comme une constante et, parconséquent,
on pourraremplacer ("du
parl’expression équivalente 2014~ ) ~
danslaquelle
ontraitera t,
comme une constante. En substituant cette valeur dansl’expres-
sion
précédente,
on trouveIntégrant,
on trouvela constante C est
nulle,
car, pour u = o, t, = o. En tirant de cetteéquation
la valeur de a et la
portant
dans lès deuxéquations
deslignes droites,
on a, pour la courbesynchrone,
ou, en
éliminant u,
c’est un résultat bien connu et si nous avons donné un tel
développement
àla solution de cet
exemple
trèssimple,
c’est pourindiquer l’esprit
de laméthode
qui
va nouspermettre
de résoudre desproblèmes beaucoup plus compliqués (t ).
EXEMPLE II. - La
force
est lapesanteur
et les courbes AM(EULER)
Fig. 2.
( f g. 2 )
sont des cercles dontl’équation
estPrenons,
pourparamètre variable, l’angle
u que fait le rayon du cercle(1) Dans ce cas simple, on aurait pu intégrer immédiatement l’équation (4 bis) qui au-
rait donné
a2 = Ç - i,
et, en remplaçant dans les équations (1), on aurait trouvéavec la
verticale,
leséquations
de ces cercles sonton a
On trouve immédiatement
L’équation
différentielle totale sera, enremarquant
quedu cos u
=t1,
,d’où,
enintégrant,
d’où
Par
conséquent,
leséquations
de la courbesynchrone
sontOn voit que les coordonnées d’un
point
de la courbesynchrone s’expriment
au moyen d’une
intégrale elliptique.
On remarquera
qu’il
entre dans ceséquations
unparamètre arbitraire 1, ,
de sorte que nous avons une famille de courbes
synchrones correspondant
à la famille de cercles.
EXEMPLE III. - La
force
est encore lapesanteur
et les courbes sontdes
cycloïdes. (EULER. )
Soient
les
équations
descycloïdes,
leparamètre
arbitraire adésignant
le diamètredu cercle
générateur.
On a
L’équation
prend
laforme,
toutes réductionsfaites, après
avoirremplacé V2 a f
dupar 1 , ,
Intégrons
et remarquons que la constante estnulle,
car pour u = o on a 1, = o, on ad’où l’on tire
et,
remplaçant a
par cette valeur dans leséquations
de lacycloïde,
on a pour la courbesynchrone
On voit aisément que les courbes
synchrones
forment unsystème orthogonal
au
système des cycloïdes.
Ces trois
exemples
sont les seulsqui
ont été traités par Euler(foc.
cit.).
( 1 Dans ce cas particulier, l’équation différentielle totale
du u + da 2a
= o s’intègre immé-diatement et donne a =
C u2,
C désignant une constante.Cas des
forces
centrales.Supposons
que les courbes soient des cerclesreprésentés
par leséqua-
tions
si l’on
désigne
par r le rayon vecteurpartant
del’origine,
on aOn a aussi
Supposons
que la force centrale R soitproportionnelle
à la distance etposons
’
La durée du parcours du
point
matérieldepuis l’origine jusqu’à
unpoint
Mcorrespondant
à une valeur donnée de u étantindépendante de a,
la courbe
synchrone,
dans ce casparticulier,
est une droitepassant
parl’origine;
cette droite coupe tous les cercles sous le mêmeangle.
On obtientson
équation
enregardant
u comme constant dans leséquations
des cercleset en éliminant a. On trouve
.Autre
exemple.
- Soit R =on trouve
aisément,
en considérant la même famille decercles,
En
posant
na = r, on trouveque t
estindépendant
de a : : c’est le cas par- ticulier traitéprécédemment.
On
peut
écrirel’expression
de t sous la formesuivante,
endésignant
par A une constante,
On forme facilement les
expressions
de~t ~u
et de~t ~a,
et, en les substituant dansl’équation
Or,
pour chacune des courbessynchrones,
la valeur de t doit être consi- dérée comme constante et l’on pourraremplacer
dansl’équation précé-
dentc
et l’on
obtient,
toutes réductionseffectuées,
Intégrons,
on aura, en résolvant par rapport à a,Cas
particulier :
m = - I . --On
aet les
équations
des courbessynchrones
sontFoiniule
générale.
Nous allons maintenant donner une formule
générale qui comprend,
outre les cas
précédents,
ungrand
nombre de cas nouveaux.Si le
paramètre
a,qui
entre dansl’équation
des courbessemblables,
re-présente
unelongueur, l’équation
des courbes serahomogène
entre .’1:, y,a. On pourra
toujours,
et cela d’une infinité demanières,
écrire sous laforme suivante les deux
équations
de la courbe ,u étant un
paramètre variable, Ii
et12
étant des fonctions données de ceparamètre. Supposons
que la fonction des forces soit aussi une fonctionhomogène
descoordonnées,
on pourra écrire .Comme on
peut appliquer
leprincipe
des forcesvives,
l’intégrale
devant êtreprise
entre deslimites
telles que letemps t
soit nulà l’origine.
Posons .
On aura
On tire de là
remplaçons
dansl’équation
différentielle totaleil vient
Les
équations
de la courbesynchrone
résultent de l’élimination de aentre
(1)
et( !~ ).
Si nous remarquons que la durée du parcours dupoint
matériel sur l’arc de courbe
compris
entrel’origine
et la courbesynchrone
est constant, on aura,
d’après (3),
formule dans
laquelle 1,
out2
doit être considéré comme une constante.par cette valeur dans
l’équation précédente,
elle de-viendra
Intégrons,
on aurad’où
remplaçons a
par cette valeur dans leséquations (1),
on aura pour la courbesynchrone correspondant
à cette valeurde t1
On arriverait au même résultat en observant que
l’équation (~) peut
semettre sous la forme suivante
d’où,
enintégrant
etdésignant
par C une constantearbitraire,
On voit que la constante C est l’inverse de la constante t, .
Les
équations ( 5 )
définissent une famille de courbessynchrones
corres-pondant
auxtrajectoires
dupoint
matériel.Courbes
synchrones
sur lessurfaces.
La méthode
précédente permet
de trouver les courbessynchrones
sur lessurfaces. Nous supposerons que
chaque point
de la surface est défini par l’intersection de deux courbesappartenant
à dessystèmes orthogonaux
définis par deux
paramètres
ret §
et que l’élément linéaire estreprésenté
par la formule
, f et g
étant des fonctions donnéesde §
et r ; soitl’équation
d’une famille de courbes tracées sur la surface enquestion,
a
représentant
une constante arbitraire.Supposons
que les courbesprécé-
dentes
partent
toutes d’un mêmepoint
de cette surface etqu’elles
soientles
trajectoires
d’unpoint
matériel soumis à des forces tellesqu’il
existeune fonction
potentielle
o. On aura9 étant une fonction donnée de r et
~.
On tirera de làMais,
si l’on différentiel’équation ( ~ ),
on aremplaçons
dansl’expression (i)
deds,
on aura, en tenantcompte
de(2)
(p pourra aussi être considéré comme une fonction de r
seulement,
en vertude
l’équation ( 2 ),
et l’on pourra écrire .En raisonnant comme dans le cas des courbes
planes,
y on verrait que1"équation
des courbessynchrones correspondant
aux courbes du sys- tème(2)
et à cette loiparticulière
de la force sera donnée par l’élimination de la constante arbitraire a entrel’équation ( 2)
etl’équation
différentielle totaleAPPLICATION. 2014 Soit à trouver les courbes
synchrones correspondant
à une
f am ille
de courbesgéodésiques
tracées sur unesur f ace
de révo-Fig. 3.
lutiou à
partir
d’unpoint
donné, parcourues par unpoint
matérielsoumis à l’action d’une
force
donnée(fig. 3 ).
Soit ;
l’expression
de l’élémentlinéaire, r désignant
le rayon duparallèle
y~ l’angle
formé par un méridienquelconque
avec un méridienpris
pourorigine,
u lalongueur
de l’arc duméridien, u
étant lié à r par la relationqui
définit la courbe méridienne.On
peut
mettre sous la forme suivantel’équation
des courbesgéodé- siques
a
désignant
une constante arbitraire(voir DARBoux,
Théorie.des
sur-faces).
Si l’on
appelle
il’angle
formé par une de ces courbes avec le méridienon a
et F on voit que a
représente
le rayon d’unparallèle auquel
lesgéodésiques
sont
tangentes.
aConsidérons toutes les
géodésiques passant
par unpoint
donné sur lasurface et que l’on obtient en faisant varier la constante a;
regardons-les
comme les
trajectoires
d’unpoint
matériel soumis à des forces données tellesqu’il
existe une fonctionpotentielle
~.’
On
trouve
aisément pourl’expression
de l’élément linéaire d’uneligne géodésique
tracée sur une surface de révolutionde v2 = ~, on tire
Dans le second membre u est une fonction donnée de r,
et ? qui,
engénéral, dépend
de r etde § peut
aussi être considéré comme une fonction de r en tenantcompte
del’équation (2).
Si l’on suppose effectuée l’inté-gration
dans le secondmembre, l’équation ( 3 )
donneral’expression
de t aumoyen de r et de a. On écrira
l’équation
et les courbes
synchrones
seront définies par uneéquation
résultant de l’élimination de a entre(2)
et(/i).
Application.
- Considérons le casparticulier
suivantla surface en
question
estl’alysséide
de Bour.L’équation
différentielle desgéodésiques
estla
longueur
de l’arcs’exprime
ainsi( 1 ) On suppose que la fonction des forces (p dépend du rayon du parallèle et de la longueur
de l’arc du méridien compris entre ce parallèle et le sommet de la surface.
Il faut éliminer a entre
l’équation (2)
etCeci
posé,
introduisons une variable auxiliaire comme nous avons fait pour le mouvement dans unplan ;
posonsremplaçons
r par sa valeur dansl’équation (2),
on aurasous cette forme on a r
et ’f exprimés
en fonction de e pourreprésenter
lesgéodésiques
del’alysséide.
On trouve pour
l’expression
dutemps
0 et
60 correspondant
aux valeurs r et ro.L’équation ( 5 )
seraremplacée
parou, en
remarquant
queMais on tire de
(!~ bis)
t devant être
regardé
comme une constante;substituant,
on aOn
peut intégrer
et l’on aB.I6 d’où
Portons cette valeur de a dans les
équations ( 2 bis),
nous aurons leséqua-
tions
des courbessynchrones.
Ceséquations
contenant une constante t,on aura une famille de courbes
synchrones correspondant
auxgéodésiques
passant
par unpoint
donné.Cas
particuliers.
- I° na = I . Ce cas n’est pascompris
dans les for- mulesgénérales. L’équation (4 bis)
montreque t
estindépendant
de a ilne
dépend
que duparamètre
9. Or letemps
que met le mobile pour atteindre la courbesynchrone
enpartant
del’origine
est constantquelle
que soit latrajectoire
parcourue, et, t étant une fonction de aseulement,
il en résulteque e est constant.
Donc la courbe
synchrone
dans ce casparticulier
sera définie par leséquations ( 2 bis)
danslesquelles
on considérera 6 comme une constante et a comme unparamètre.
On aural’équation
entre ret §
en éliminant aentre les deux
équations
On a traité
précédemment
un casparticulier analogue
à celui-ci.2° rn -- 2, on a
la substitution de cette valeur de a
dans (2 bis)
donneIl est intéressant de remarquer que les formules
précédentes
nedépen-
dent que de la forme de l’élément linéaire de la surface de révolution. Donc elles
s’appliquent
à destrajectoires
tracées sur toutes les surfacesapplica-
bles sur les surfaces de révolution.