J.J.
COLLEAU,
D.REGALDOP.L. GASTINEL*
INRA Station de
Génétique Quantitative
et
Appliquée
78352Jouy-en-Josas
Cedex*Institut de
l’Elevage, Département
deGénétique
et de Contrôle desperformances
149, Rue deBercy
75595 Paris Cedex 12Adaptation de
l’index francais de sélection laitière
(INEL) au contexte
des quotas
L’évolution du contexte économique amène régulièrement le généticien à s’interroger
surle bien-fondé des orientations globales de la sélection qu’il opère
ourecommande. A cet égard, l’instauration
en1984 de quotas de production laitière
ausein de la Communauté Economique Européenne
est
unexemple particulièrement spectaculaire de modification de contexte
économique. Le réajustement de l’index de synthèse économique laitière, appliqué à l’ensemble des
racesbovines laitières françaises, constitue
uneréponse possible à
cegenre de situation.
D’une manière
générale,
l’index d’un repro- ducteur est l’estimée de sa valeurgénétique compte
tenu des informations dont ondispo-
se. L’index peut concerner un caractère
parti-
culier ou une combinaison de
plusieurs
carac-tères. C’est dans ce dernier cas
qu’on parle
d’index de
synthèse.
L’objectif principal
de cet article est depré-
senter
l’argumentation technique
utiliséepour l’élaboration de la dernière version de l’index de
synthèse économique
laitière(INEL)
etd’exposer
lesréponses
attendues àla sélection sur ce nouvel index. En
exposé préliminaire,
de manière à faciliter lacompré-
hension d’un domainequi
n’estpeut-être
pas familier à nombre delecteurs,
onrappellera
la
signification
deconcepts spécifiques qui
sesituent à l’interface de la
génétique quantita-
tive et de
l’économie,
notamment ceux de pon- dérationséconomiques
etd’objectifs
de sélec-tion. A la suite de
l’exposé principal qui
consistera à
présenter
les résultats de simula-tion,
on discutera la solution retenue et on la comparera aux travauxanalogues
réalisés àl’étranger.
1 / Notions théoriques et
formalisation du problème
l.i /Objectif de sélection
Imaginons
que l’on connaisse les valeursgénétiques
vraiesg 1 ,
g2, ..., gnd’unreproduc-
teur pour n caracteres
d’importance
écono-mique.
Ce que l’onappelle objectif
de sélec-tion est tout
simplement
une fonction H(g l , g
2 ,..., g n
) qui
donne defaçon
tout à faitexph-
Résumé ,
La sélection des races bovines laitières s’effectue en France au travers d’un index de
synthèse
économique
laitière (INEL). La formulation de celui-ci a été remise à jouren 1993 pour mieux tenir compte de la situation concrète des quotas laitiers, avec
modulation pour les dépassements de taux butyreux par rapport à la référence.
L’article explicite les raisonnements, hypothèses et paramètres tant économiques
que génétiques, utilisés pour l’examen de plusieurs alternatives possibles. Les hypothèses essentielles sont la constance des surfaces et des quotas par exploitation
ainsi que la prise en considération de marges nettes incluant les charges fixes.
La solution finalement retenue (INEL 1993) n’accorde plus aucun intérêt économique à
l’augmentation
de laproduction
de matière grasse par vache. La sélection sur ce nouvel index entraînera une augmentation du taux protéique et uneamélioration du rapport taux protéique/taux
butyreux.
Le taux butyreux diminueraen race Holstein et restera approximativement constant dans les races Normande et Montbéliarde.
cite,
par une formulationmathématique qui dépend
duproblème posé,
un seul résultat : la valeuréconomique
desynthèse
de cereproduc-
teur. L’intérêt de définir une telle fonction est de maximiser l’efficacité
économique
de lasélection. Si l’on choisit une
proportion
donnéedes animaux
(par exemple
10%) pour en faire desreproducteurs
utilisés àlarge échelle,
la valeuréconomique globale
de leur descendance est maximale si cesreproducteurs
sont triéssur H. Ceci est
plus
efficace enparticulier
que la sélection avec seuils éliminatoires intuitifs pour gl, ...., gn- Si la formulation de H est cor-recte, on
comprend
bienqu’on puisse
aboutir àun tel résultat. Il est d’ailleurs démontré de manière
théorique
dans les ouvragesspéciali-
sés de
génétique quantitative
(Ollivier1981,
Minvielle 1990).La fonction H
peut
êtrecomplexe.
C’est lecas si les caractères ne
s’expriment
pas au même moment dans la vie de l’animal et avecla même
fréquence (par exemple,
une vache al’occasion d’extérioriser son
génotype
laitierpendant
trois lactations en moyenne, alors que songénotype
boucher n’estexprimé qu’une fois,
à la réforme). Parailleurs, l’impact économique
d’une variation donnée d’un giparticulier peut
ne pas être constant : parexemple,
l’incidence d’une diminution de la fertilité est d’autantplus marquée
que celle-ci est faible audépart,
comme l’a montré Boichard (1990).Le cas le
plus complexe
est celui où tous lesphénomènes précédents
coexistent. Elsen et al (1986) discutent les difficultés rencontrées et les solutionsproposées
dans la littératurescientifique
pour de tels cas.Le cas le
plus simple
est celui où les carac-tères
s’expriment
simultanément et où la fonc- tion H est detype linéaire,
au moins pour des variations modérées autour de moyennes (linéarisation de fonctionscomplexes
deplu-
sieurs variables par un
développement
limitéde
Taylor
autour desmoyennes).
Cette situa-tion se rencontre
précisément
pour les carac-tères de
production
laitière et de richesse du lait. On a alors :H = k
(m l
91 + m2 g2+ ----mng n)
où les mi
correspondent
aux marges unitaires de chacun des caractères 1 à n et où k est uneconstante d’échelle (nombre de lactations ou
nombre de descendants suivant les cas). Il est à noter que le résultat du tri des
reproduc-
teurs, et donc lesréponses
pourchaque
carac-tère,
nedépend
pas de k. Si l’on s’intéresseuniquement
à cesaspects,
onpeut prendre
k = 1 pour
simplifier.
Tous les
développements précédents
neprennent
pas encompte
des variations pos- sibles dans letemps
de la forme même de la fonctionH,
liée notamment aux fluctuations àlong
terme des conditionséconomiques (par exemple
instauration dequotas puis
suppres- sion mais avec nongarantie
duprix
du lait).La sélection doit donc s’effectuer
après
desréexamens
périodiques
dutype
depondéra-
tions à utiliser.
1.
2
/ Modalités de calcul des
pondérations de l’objectif de
sélection
a /
pondérations
sans contrainteLes mi
correspondent
alors à la différence entre lesupplément
de recettes et decoûts,
liés à uneaugmentation
d’une unité de gi. On peut essayer d’évaluer cesparamètres
àpartir
de
l’analyse statistique
de données réelles.Cependant,
cette méthodeprésente
lerisque
de donner des résultats biaisés par l’effet
conjoint
de variablesparasites
nonprises
encompte
dansl’analyse
(Elsen et al 1986). C’estla raison pour
laquelle
il estpréférable,
cequi
ne veut pas
toujours
direaisé,
de modéliser le fonctionnement des unités deproduction
(modèlemicroéconomique)
ou de filières entières (modèlemacroéconomique),
suivant laperspective
choisie.b /
pondérations
sous contrainte dequotas
Cette contrainte introduit descomplica- tions,
car une variation de niveaugénétique
pour le caractère soumis à quota a non seule-
ment pour
conséquence
de faire varier le bilanéconomique
au niveau dechaque
animal maisaussi de faire varier le nombre d’animaux. On
comprend
ainsi très facilement que si le bilan d’uneexploitation
nedépend
que d’un caractère(par exemple
laquantité
delait),
l’instauration d’unquota
pour cecaractère,
en situation deprogrès génétique,
aura pour effet de diminuer le nombre total d’animauxexprimant
ce pro-grès génétique.
La nouvelle marge par unité decaractère, rapportée
àchaque animal, peut
être alors différente et même inférieure à l’ancienne marge. Si le bilan
économique
del’exploitation dépend
d’un deuxième caractère et si celui-ci n’est pas soumis àquota,
la margegénérée
par unprogrès génétique
pour ce caractère n’est pas modifiéepuisque
ceprogrès
ne contribue pas alors à la réduction des effec- tifs.
Pour calculer les nouvelles marges, il est alors nécessaire de formaliser à l’aide de para- mètres et
d’équations adéquats,
le bilan écono-mique
d’uneexploitation
et de calculer àpartir
de ce modèle l’effet net d’une variation unitaire pour le caractère soumis à
quota.
Leprincipe
de ce calcul est immédiat
puisqu’il
ne nécessiteque le calcul de dérivées
algébriques
concer-nant des fonctions en
général
trèssimples.
c / contraintes simultanées de quota de
production
et desurface d’exploitation
Si l’on introduit une contrainte de
surface,
on est alors
obligé d’intégrer
dans le bilan les variations d’activité directement introduites par l’améliorationgénétique.
Si lasuperficie
consacrée aux bovins laitiers
diminue,
notam-ment à cause d’une réduction des
effectifs,
lasuperficie
alors ouverte à des activités de sub-stitution
(cultures,
autres formesd’élevage)
doit être
prise
en considération.d / nécessité et
forme
d’une solutiongénérale
Compte
tenu de ces deuxtypes
de contrainte etcompte
tenu du fait que la contrainte deproduction peut
concerner non un caractère mais une combinaison decaractères,
il est alors nécessaire de chercher à établir une for- mulationgénérale qui permette d’analyser
unesérie de situations diverses.
Cette formulation
figure
en annexe. Ellepermet
notammentd’analyser
l’incidence dequotas
différents :production laitière, quantité
de matière grasse ou
production
laitière modu- lée en fonction du taux de matière grasse.On voit que dans la situation c
(quota
deproduction
et surfaced’exploitation constants),
la nouvelle margecorrespondant
à une aug- mentation d’une unité pour un caractère donné estégale
à l’ancienne marge modifiée par deux termes correctifs.Le
premier
terme correctifcorrespond
àl’incidence de cette
augmentation
sur la surfa-ce utilisée par animal. Le second
correspond
àl’incidence de cette
augmentation
sur la margetotale par le biais d’une variation de l’effectif des animaux.
Cette formulation
permet
enparticulier
d’évaluer
quantitativement
le bilan net d’unesituation conflictuelle où l’amélioration
géné- tique permet
d’obtenir des animaux deplus
enplus performants
au niveau individuel mais eneffectif de
plus
enplus limité, contraignant
l’éleveur à se tourner deplus
enplus
vers desactivités moins rentables que la
production
lai-tière.
1.
3
/ Index synthétique de sélection
Une fois établie la fonction H = E migi, il faut alors sélectionner les
reproducteurs
surun index
synthétique
1qui
doit être en corréla-tion maximum avec H (Hazel
1943,
Ollivier1981,
Minvielle 1990).Si l’on connaît toutes les relations statis-
tiques
(héritabilités et corrélationsgénétiques
notamment) concernant les caractères debase,
il est alors
possible
d’estimerconjointement
lesn valeurs
génétiques
gl, ...g au travers de nindex élémentaires
Il, Ï’ (indexation
multi-variate). La forme de la
solution
est alors trèssimple I=EmiI i
Si les
Ii
sont obtenusgrâce
à des indexa- tionsséparées
(et nonconjointes),
la formula- tionprécédente
n’estplus
valable à moinsqu’on
ne soit dans le cas trèsspécial
où iln’existe aucune relation entre
caractères,
tantgénétique
que nongénétique.
1.
4
/ Réponses à la sélection
Si l’on connaît les
paramètres statistiques qui
ontpermis
le calcul des index et si l’on connaît laprécision
de ceux-ci enprenant
en considération les effectifs d’animauximpliqués
et leur
apparentement,
il est alorspossible
d’évaluer a
priori
l’effet d’une variation unitai-re de 1 sur les niveaux
génétiques
gl... gn de chacun descaractères,
et donc sur H.La
pression
de sélection exercée sur lesreproducteurs permet
en outre de moduler lesvariations
enregistrées
sur I.On voit donc
qu’il
estpossible
deprédire
lerésultat
(réponse
à la sélection) d’unepolitique
de sélection caractérisée par son
degré
de sévé-rité et par le type d’index
synthétique
utilisé (Ollivier1981,
Minvielle 1990).2 / Lignes directrices de
l’application à l’INEL
_En raison du
sujet abordé,
l’améliorationgénétique,
et des durées trèsimportantes séparant
décisions de sélection etimpact
réel àgrande
échelle dans lapopulation (supérieures
à 10 ans
quand
on raisonne au niveau des tau-reaux
d’insémination),
on s’est efforcéd’imagi-
ner les
conséquences
assez lointaines de déci- sions de sélectionactuelles,
endépit
des incer-titudes sur la
conjoncture économique
future.Les
hypothèses
sont les suivantes:1- Les
quotas
et surfaces pourchaque exploita-
tion laitière ne varient pas. Cette
hypothèse
volontairement très sévère par
rapport
à la réalitéprésente permet d’apprécier
le revenuréel lié à la
sélection,
en s’affranchissant d’une autrehypothèse
encoreplus
forte pour l’ave-nir,
et peu souhaitablesociologiquement :
celled’une diminution
permanente
etacceptée
du nombre deproducteurs
laitiers.2- Le bilan
économique
del’exploitation
estévalué au travers de la marge nette, hors
charges
de travail : ilpermet précisément d’apprécier
comment le travail peut être effec- tivement rémunéré.3- On considère que sur le
long
terme, lescharges
fixes tendent às’ajuster
au nombre devaches et à la surface affectée aux activités de substitution. Cette
hypothèse représente
une différence fondamentale parrapport
aux rai-sonnements à court terme, relatifs par
exemple
à l’effet du mode de conduite d’un troupeau laitier. Lescharges
fixes d’amortisse- ment de matériel et de bâtiment sont inva- riables sur le court terme. Sur lelong
terme (10 à 20ans),
on considère que ces matériels et bâtiments sont renouvelés et dans ce casadap-
tés à la structure du
cheptel
et del’exploita-
tion.
4- Sur le
long
terme, lescharges
fixes bovines sontproportionnelles
au nombre de vaches.L’incidence
possible
des variations de niveau deproduction
par vache sur lescharges
fixespar vache est considérée comme nulle.
5- Les besoins
alimentaires,
en unités d’éner-gie, correspondant
à laproduction
laitière sontproportionnels
à cetteproduction
ou, cequi
estéquivalent,
les besoins parkg
de laitsupplé-
mentaire sont constants.
3 / Critères économiques détaillés,
sourceset
paramétrage
Les
paramètres technico-économiques
nécessaires ont été déterminés en trois
étapes.
D’abord les
situations-types
ont été définiespar les Etablissements
Départementaux
del’Elevage
deBretagne.
L’Institut del’Elevage
aensuite
procédé
à l’estimation de marges brutes ramenées à la vache laitièrecompte
tenu des connaissances
préalables
détailléesd’exploitations
laitièresspécialisées
deBretagne. Enfin,
une fourchette decharges
fixes ramenées à la vache laitière ou à l’hectare de l’activité de substitution a été estimée par l’Institut de
l’Elevage d’après
lescas-types
décrits par le réseau Eleveurs de Bovins Demain.3.i / Les situations-types
Les
situations-types
(tableau 1) font varier : lepaiement
du gramme différentiel de tauxprotéique,TP, (3,5
centimescorrespond approximativement
à la situation actuelle et5 centimes à une
hypothèse haute) ;
le niveaude
production
laitière à 5 000kg,
7 000kg
et9 000
kg
avec deux niveaux de tauxbutyreux
(TB) à 41%c et38%. ;
le coût de l’UF lait concentré avec deux modalités à1,35
F et à 1 Fet le
type d’exploitation
selon deux variantes (EBD 7 et EBD 2) rencontrées enBretagne- Pays
de Loire(Anonyme
1987).De
plus,
pour laproduction
d’unkg
de laitsupplémentaire,
les besoins en UFL - soit0,45
ou
0,55 UFL/kg
(valeur volontairementpessi-
miste) - sont couverts par le concentré dans les
proportions
1/2 ou 2/3 alors que le taux moyen de couverture par leconcentré,
au niveau de l’ensemble de laproduction initiale,
est de l’ordre de 1/3. On tient donccompte
du fait quel’augmentation
de laproduction
coûte cher enconcentré. Ces besoins sont
imputés
à lamatière grasse, à la matière
protéique
et auvecteur (lait hors matière grasse et matière
protéique)
dans lesproportions respectives
de55%, 22,5%, 22,5%
(Wilmink1988,
Vermorel1991,
communicationpersonnelle).
Les
situations-types
sont étudiées dans trois contextes : quota matière grasse, quota lait et absence de quota.3.
2 / Les marges brutes
Les
produits
considérésproviennent
du laitvendu,
des veaux de huitjours
purs et croisés ainsi que des réformes.Les
charges opérationnelles incluent,
pour la vache laitière et sasuite,
l’alimentation(fourrages, concentrés, complément
minéral etvitaminique, poudre
delait,
alimentjeune bovin),
les fraisd’élevage,
les fraisvétérinaires,
les taxes à laproduction,
lapaille
et divers.La marge brute liée à l’activité de substitu- tion a été fixée à 2 000 F ou 4 000 F par hectare.
3.
3 / Les charges fixes
Les
comptes
degestion
des fermes duréseau EBD
permettent
de connaître le niveau desdépenses
de structure(charges sociales, fermage,
taxesfoncières,
consommationsd’énergie
etd’eau,
entretienmécanique),
lesamortissements et frais financiers liés d’une
part
au matériel et d’autrepart
aux bâtiments (18% de la valeur d’inventaire dans les deux cas). Lescharges
de travail ne sont pasprises
en considération.
Les
charges
de structure et d’amortissement du matériel ont étéréparties
entre l’atelier lai- tier et les autres activités auprorata
de la sur- face alors que lescharges
d’amortissement de bâtiments ont été entièrement affectées auxproductions
animales.Quand
un atelier laitier et un atelier &dquo;viande&dquo;coexistent,
lescharges
fixes sont
réparties
au prorata des UGBimpli- quées
dans ces deux activités.D’après
les 9 cas d’EBDanalysés
enBretagne
etPays
de Loire(Anonyme 1987),
lescharges
fixes ramenées à la vache laitière sontestimées, après prise
en considération del’inflation,
à 4 600 F en1993,
les extrêmesétant de 4 100 F et de 5 200 F. Pour les 10 cas
EBD
analysés
dans l’Est de la France(Anonyme 1991) ,
les résultatshomologues
sont de 4 900 F (avec des extrêmes de 4 600 F et de 5 200 F) et les
charges
fixes pour la pro- ductionvégétale
de substitution s’établissent à 3 400 F/ ha (extrêmes de 2 500 F et 4 900 F).En
conséquence,
on a retenu trois niveauxpossibles
decharges
fixes à 4000,
5 000 ou6 000 F par vache
laitière,
et 2500,
3 500 ou4 500 F par ha de
substitution,
en bornant lamarge nette à 0 dans ce cas.
4 / Pondérations économiques
4.
1 / Caractères impliqués
Il
s’agit
de laquantité
de matièreprotéique (MP),
de matière grasse (MG) et du vecteur(V),
c’est-à-dire de laquantité
de lait hors MP et horsMG,
toutesexprimées
enkg.
Les pon-dérations
correspondent
à l’effetéconomique
net d’une
augmentation
de 1kg
pour chacune des trois variables.Rappelons
que cet effetéconomique
net sedécompose
en :- variation de marge par vache
quand
lecaractère progresse de 1
kg.
Elle seule inter- vient horsquota
si l’évolution de l’atelier lai- tier n’affecte pas les autres activités.- valorisation par les activités de substitu- tion des variations de surface par vache. Elle intervient si l’atelier laitier
s’ajuste
au détri-ment des autres activités du fait d’une surface limitée.
- variation de marge due à la réduction des effectifs. Elle intervient si le caractère est contraint par le
quota.
C’est le cas de MG s’il ya
quota MG ;
du vecteur, de la MG et de laMP,
s’il y a
quota
lait (sans ou avec correction pour les variations de TB). Elledépend
alors de laréduction d’effectif
imposée
par lequota
del’exploitation,
et de l’écart de marge entre les activités laitières et de substitution.4.
2 / Absence de quotas
En l’absence de
quotas
(tableau2),
la valeuréconomique correspond
à la différence entre lepaiement
et le coût alimentairemarginal
deproduction
d’unkg supplémentaire.
Elle esttrès
proche
de la recettecorrespondante,
saufpour la MG
qui
absorbe 55% del’énergie
néces-saire pour
produire
unkg
de lait enplus.
Lamodalité de
paiement
choisie (2F/1, 2c/g TB, 5c/gTP)
pousse à réduire le vecteur, à recher- cher la MG etdavantage
encore la MP.4.
3 / Quota MG
Le
quota
MG n’affecte que la valeur écono-mique
de la MG (tableau3),
seul caractère sus-ceptible
de modifier l’effectif dutroupeau.
Cette valeur
économique
devient alors beau- coupplus faible,
voirenégative.
On constateque cette dernière situation survient
quand
lamarge nette par vache est élevée et (ou)
quand
la marge nette de substitution est faible.
En raison du sens que nous donnons au
terme &dquo;valeur
économique&dquo;,
ceci veut dire trèsexactement que l’éleveur a très peu ou pas du tout intérêt à
augmenter
laproduction
dematière grasse par vache.
4.
4 / Quota lait
Tout
changement
concernant le vecteur, la MG ou la MP modifie l’effectif dutroupeau.
Cependant
la contribution de la MG ou de la MP au volume total estfaible,
c’estpourquoi
c’est essentiellement le vecteur V
qui
est sou-mis à
quota
etqui
voit sa valeuréconomique
chuter le
plus
(de100%,
ordre degrandeur).
Les réductions de valeur
économique
pour MG et MP sontbeaucoup plus
faibles : 2 à 8%. Cetype
dequota
pousse donc à la recherche de taux élevés (tableau 4).Le contexte
&dquo;quota
lait&dquo; est aussi celui où la variabilité desobjectifs
entreélevages
est laplus marquée,
rendant ainsiplus
délicatel’orientation
générale
des schémas.5 / Coefficients des index
synthétiques
En raison de la formulation de l’index INEL
précédent
(INEL1989),
on a choisid’exprimer
ces index en fonction de la matière
protéique,
dela matière grasse et du taux
protéique.
Les tech-niques
derégression multiple,
connaissant tous lesparamètres génétiques impliqués, permettent
d’obtenir les coefficientsadéquats,
même si lafonction
économique
H neporte
pas directementsur le taux
protéique
mais sur le vecteur. Parailleurs,
pour limiter le nombre de coefficients àmémoriser,
nous avons choisid’affecter,
parconvention,
unpoids
1 à la matièreprotéique.
Onsait en effet que la modulation d’effets d’échelle
ne modifie pas les résultats de la sélection.
L’index
synthétique
est alors de la forme : MP + a MG + b TP(kg) (kg) (g/kg)
Il doit être
rappelé
ici que les coefficient a et bprocèdent
d’unesynthèse
entre des considé- rationséconomiques (pondérations
écono-miques)
et des considérationsstatistiques
(connaissance de la variabilitégénétique
descaractères considérés et de leurs liaisons).
En l’absence de
quota,
a est de l’ordre de0,4
et b de l’ordre de
1,5, quand
l’index de sélec- tion est celui d’un taureau évalué sur 50 filles.En situation de
quota
matière grasse, l’indexoptimal
estapproximativement
MP + 2 TP (tableau 5). En situation dequota lait,
l’indexoptimal
est en moyenne de MP + MG + 10TP,
en notant une extrême variabilité des coeffi-
cients en fonction des
paramètres économiques
considérés
(tableau
6). Dans ce dernier cas, la recherche de meilleurs taux se retrouve dans la fortepondération
de l’index TP et aussi dans celle de l’index MGqui
favorise l’éleva- tion duTB,
du fait de la liaisongénétique posi-
tive entre ces deux variables.
A titre de
comparaison,
l’INEL 1989 est dutype
MP +0,5
MG + 3 TP. De cefait,
cet INELconvient
plutôt
à une situation sansquota.
Ilest très différent des index
justifiés
par le contexte&dquo;quota lait&dquo;,
ceuxadaptés
au contexte&dquo;quota
matièregrasse&dquo;
étant intermédiaires.6 / Réponses à la sélection
en
situation de quota
de matière grasse
Outre l’INEL
1989,
5 indexadaptés
auquota MG,
de la forme MP +(0,2 ; 0,1 ; 0 ; - 0,1
ou - 0,2) MG + 2 TP ont été testés pour évaluer la
réponse
à la sélection. Celle-ci concerne la sélection des taureauxaprès
letestage.
Lapression
de sélection estsupposée
corres-pondre
aux 20%supérieurs
pour l’index syn-thétique.
Les taureaux sontsupposés
testéssur 50 filles.
Cinq
index similaires avec un coefficient de 3 pour l’index TP ontégalement
étéenvisagés
car ils sont
plus adaptés
aurèglement
actuelqui n’impose
pas strictement unquota
MG. Eneffet,
cerèglement
est :- moins défavorable à la MG (les valeurs écono-
miques
varient de -1,6
F à7,6 F/kg
et les coef-ficients de l’index MG sont
compris
entre -0,05
et +
0,30).
-
plus pénalisant
vis à vis du vecteur (-0,55
à -0,68 F/kg)
et donc un peuplus
incitatif à demeilleurs taux.
Les différents index testés amènent à des
réponses
sensiblement différentes de celles liées à l’INEL 1989.Cependant,
il est nécessairede différencier le cas des races Monbéliarde et Normande de celui de la race
Holstein,
en rai-son des différences de
paramètres
de variabili- tégénétique.
Eneffet,
en raceHolstein,
le tauxbutyreux
estgénétiquement plus
variable que dans les racesfrançaises
etplus opposé
à laquantité
de lait. Enconséquence,
la MP (trèsinfluencée par la
quantité
de lait parce que leTP est peu variable) y est
plus opposée
au TBque dans les races
françaises.
Les corrélationsgénétiques
entre MP et TB sont de -0,24
et de-
0,08 respectivement
(tableau 7). De cefait,
les
réponses
du TB selon les indexenvisagés
sont
pratiquement toujours négatives
en raceHolstein,
alorsqu’au contraire,
elles serontpratiquement toujours positives
pour les racesfrançaises.
Il faut bien être conscient de cettesingularité qui
n’a rien à voir avec le raisonne- mentéconomique.
Le tableau 8 montre que dans les races fran-
çaises,
lesprogrès génétiques
sur la MP serontsensiblement les mêmes
qu’avec
l’INEL1989,
alors que les
progrès génétiques
sur la MGseront ralentis (d’environ 10%). On pourra s’étonner que ceux-ci ne soient pas
nuls,
vuque le
poids économique
de la MG dansl’objec-
tif de sélection est en
général
faible ou nul. Ilfaut
rappeler
ici que ce résultat est un résultat degénétique
despopulations :
les liaisonsgénétiques
entre MP et MG sont très fortes.L’augmentation
de l’une entraîne une augmen- tation de l’autre même si cette dernière n’a pas d’intérêtéconomique (réponse
indirecte auto-matique).
Parailleurs,
chacun des deux tauxsera amélioré avec une nette
préférence
pour le TP (cequi
contraste avec laréponse
atten-due à l’INEL 1989 où c’est le TB au contraire
qui
était favorisé). Eneffet,
lesprogrès
sur leTP seront consistants (environ doublés) alors que les
progrès
sur le TB seront nettement diminués (environ divisés par deux). Il y aura doncaugmentation
durapport
TP/TB avec une relative stabilisation du TB.Le tableau 9
qui
concerne lesréponses
attendues en race Holstein montre bien les
spécificités
liées à cette race. On y voit que l’INEL 1989 yaugmente plus
le TB que le TPcomme dans les autres races mais que les nou- veaux index
envisagés
entraînent desréponses négatives
sur le TB et desréponses positives
sur le
TP, supérieures
à celles obtenues avecl’INEL
1989,
à condition que le coefficient du TP dans l’indexsynthétique
soitégal
à 3.Quand
ce dernier estégal
à 2, laréponse
sur leTP est moins bonne
qu’en
utilisant l’INEL 1989. Comme dans les autres races, lesréponses
sur la MP seront maintenues et mêmeaugmentées,
alors que lesréponses
surla MG seront
plus
freinées que dans les autresraces (environ - 20%). Les
réponses
différen-tielles selon les races ont été vérifiées sur
fichiers
réels,
en réalisant des sélections fic- tives sur des séries de taureaux dont onconnaît les index individuels. Le
comportement spécifique
de la race Holstein a ainsi été confir-mé.
A titre de
comparaison,
on aplacé
autableau concernant la Holstein les
réponses
attendues à une sélection selon les index offi- ciels de différents pays
(Allemagne, Italie, Pays-Bas, Grande-Bretagne,
USA). On y voit que ces index sontplutôt parents
avec l’INEL1989,
avec uneréponse positive
trèsimportan-
te sur le taux de matière grasse, à
l’exception
des index RZW
(Allemagne)
et PTA$
MFP (USA)plus
laitiers maisdégradant génétique-
ment les deux taux.
7 / Robustesse et critères de choix d’un index unique
7.i / Comparaison de l’efficacité d’un index unique
etd’un index adapté
à chaque situation particulière
Les résultats de la
partie
concernant le cal- cul despondérations économiques
ont bienmontré
qu’elles
ne sont pasrigoureusement identiques
d’une situation à l’autre. Parailleurs,
lesréponses
à la sélectiondépendent
des races. Dès
lors,
est-il raisonnable de selimiter à un seul index dans un but de
simplifi-
cation ? On s’est efforcé de
répondre
à cettequestion,
encalculant,
dans chacune des com-binaisons situation x race, la valeur écono-
mique
de la descendance de taureaux choisisd’après
la combinaison d’indexcorrespondant
exactement à la situation considérée. La valeur
économique
de la descendance corres-pond
alors bien entendu aux résultats desréponses
à lasélection,
pourchaque caractère,
calculées pour cette combinaison situation x race etpondérées
par les coefficients écono-miques correspondant
à la situation étudiée.Par rapport à cette référence
qui,
par défini-tion, correspond
àl’optimum,
on a chiffré envaleur relative
(%),
laperte
de valeur écono-mique
de la descendancequand
les taureauxsont choisis sur un index
unique.
Làaussi,
lesréponses
par caractère ont étépondérées
par les coefficientséconomiques correspondant
àchaque
situation.Le résultat de ce calcul
figure
au tableau 10.On
peut
constater deuxphénomènes :
- la perte par
rapport
àl’optimum
liée àl’utilisation d’un index
unique
est engénéral faible, quand
ils’agit
des indexenvisagés
dansla
prospective.
Ceci n’est en vérité pas éton- nant car ils ont été choisis dans la zonequi correspondait approximativement
auxpondé-
rations
théoriques
données par le calcul pour les différentes situationséconomiques.
De cefait,
l’utilisation d’un seul index national estune
procédure plutôt
robuste.- l’utilisation des nouveaux index
envisagés permet
decorriger
la situation où l’utilisation de l’INEL 1989porte
leplus
depréjudice
à larace
Holstein,
laperte d’optimalité
étant envi-ron deux fois
plus importante
que dans les autres races (voir tableaux 8 et 9). L’utilisation des nouveaux index en race Holstein réduit laréponse
MG etaugmente légèrement
laréponse MP,
cequi
a un effetéconomique
en moyenne favorable bien que laréponse
du vecteur soitelle aussi accrue.
En
conclusion,
les indexenvisagés parais-
sent être robustes en raisonnant tant entre situations
qu’entre
races, mais en seplaçant
dans des conditions relativement futuristes de
paiement
du lait (fortpaiement
du différentiel TP et fortepénalité
de la dilution des matières dans lelait).
Ceci est unpari
sur l’avenirqui jusqu’à présent
n’a pas été concrétisé parl’industrie laitière.
Il convient de
préciser,
pour éviter tout mal-entendu,
ce quesignifie
ici le terme &dquo;robustesse&dquo;.Les résultats du tableau 3 montrent que les
pondérations économiques
sont moins favo- rables à la sélection laitière dans les situationsB, M,
H que dans la situation R (la situationMa étant mise à
part
à cause de différence desystème
depaiement
dulait),
essentiellement parce que les coûts deproduction
du lait y sontplus
élevés. Les résultats du tableau 10 mon-trent en fait que les meilleurs taureaux sont
toujours
les mêmes dans toutes les situationscompte
tenu des informations dont ondispose
à leur
sujet.
Seule laprise
en considération d’index nouveaux pour des caractères tels que laproduction
de viande ou lareproduction
per- mettrait de différencier le classementoptimal
en fonction des conditions de milieu.
7.
2 / Choix de l’index
retenuIl a été montré
précédemment
que les 10 modalités d’indexenvisagées
ont des effica- citéséconomiques
assez voisines.L’argument
finalqui
a été retenu pour lesdépartager
aporté
sur lescapacités
à stabili-ser les évolutions de niveau
génétique
pour letaux
butyreux,
c’est-à-direempêcher qu’il
nes’élève ou au contraire ne baisse
trop.
Un com-promis
raisonnableparaît
être la combinaison MP + 3 TP car cette évolution est simultané- ment faiblementnégative
en Holstein et fai-blement
positive
dans les autres races.7.
3 / Corrélations
entrele nouvel INEL
etles index élémentaires
Le tableau 11
présente
d’une autre manièreles
propriétés
de cetindex, appliqué
à unepopulation
de taureaux récents indexés. Il estmanifeste que l’INEL 1993 ne
peut
être confondu avec l’index &dquo;lait&dquo; (corrélation0,7
à0,8)
et que la corrélation avec l’index &dquo;tauxprotéique&dquo;
est sensible(0,2
à0,3).
On y observeune fois de
plus
laspécificité
de la raceHolstein. L’INEL 1993 est moins corrélé à la MG et