Claire
AGABRIEL,
J.B. COULON Geneviève MARTY, B. BONAÏTI P. BONIFACE*ENITA, Marmilhat,
63370 Lempdes
*INRA, Laboratoire
Adaptation
desHerbivores aux Milieux,
Theix, 63122
St-Genès-Champanelle
**
INRA, Station de
Génétique Quantitative
etAppliquée,
78352
Jouy-en-Josas
Cedex**! CCPA, 12 rue des Beaux soleils,
95520
Osny
Effets respectifs de
la génétique et du
milieu sur la
production et la composition du lait
de vache. Etude en
exploitations (1)
Les écarts de production et de composition du lait entre exploitations sont
très importants. On sait maintenant quantifier la part de
cesécarts d’origine génétique et celle liée à des facteurs du milieu. Parmi
cesderniers, largement étudiés de façon expérimentale, quels sont les plus importants à l’échelle d’un élevage ?
La
production
et lacomposition chimique
du lait de vache varient sous l’effet
conjoint
de facteurs liés à l’animal (en
particulier génétiques)
et au milieu. La nouvelle méthode d’indexationfrançaise
(Bonaïti et al 1990)permet
maintenant dedistinguer
les effetsd’origine génétique
et environnementale surla
production
de lait et sur chacun des 2 tauxséparément.
Enpratique,
lamajeure partie
des variations des
performances
d’uneexploi-
tation à l’autre sont attribuables à des fac- teurs du milieu
(Regaldo
1992). Les diffé-rences
génétiques
entretroupeaux
sont eneffet
faibles,
en raison d’unegrande
similitu-de dans les choix
génétiques
des éleveurs vis à vis descaractéristiques
deproduction.
Il est donc
important
de connaître lasigni-
fication réelle des effets des facteurs liés au
milieu, parmi lesquels
l’alimentation (niveauet nature des
apports,
forme deprésentation, fréquence
de distribution...)joue
un rôlemajeur.
Laplupart
de ces facteurs ont été lar-gement
étudiés de manièreexpérimentale
(Sutton1989,
Coulon et Rémond 1991).Mais,
à l’échelle de
l’exploitation,
ilspeuvent
inter-agir
defaçon
variable selon les situations et lescaractéristiques
des animaux (Coulon 1991). D’autrepart,
si les facteurs du milieu ont pu être correctement identifiés pour le tauxprotéique
dans les études réalisées récemment sur cesujet
(Coulon et Binet1987, Seeghers
et al1989, Agabriel
et al1990, Seeghers
et Journot 1992) un certain nombrede
questions
restentcependant posées.
Ellesconcernent notamment le taux
butyreux
dontdes valeurs très élevées ont été observées dans des situations a
priori
peu favorables(Agabriel
etal !993).
L’objectif
de cette étude a étéd’analyser
demanière
conjointe
les variations de laproduc-
tion
laitière,
du tauxbutyreux
et du taux pro-téique
dans desexploitations
où la variabilitéphénotypique
de cescaractéristiques
étaitrelativement
importante. Compte
tenu desacquis
des travauxprécédents
réalisés sur lemême thème et des
questions qu’ils
avaientmis en évidence (Coulon
1991),
des observa- tions et des mesuresparticulières
ont été(1) Cette étude a été réalisée avec la participation tinancière de l’association GALA et de la DGER.
Résumé ,
Soixante-trois
exploitations
laitières du Massif Central adhérentes au Contrôle Laitier et élevant des vaches Holstein ont fait l’objet d’une enquête détailléeconcernant à la fois la structure de
l’exploitation
et du troupeau, laqualité
desfourrages
utilisés (ycompris
leurcomposition chimique),
lespratiques
alimentaires hivernales et estivales et lescaractéristiques génétiques
des animaux (index et effet troupeau pour le lait, le tauxbutyreux
et le tauxprotéique).
L’étatcorporel
et le tourthoracique
des animaux ont par ailleurs été mesurés. Ces données ontpermis d’analyser conjointement
les variations de laproduction
et de lacomposition chimique
du lait d’uneexploitation
à l’autre, et depréciser
certains facteurs du milieuresponsables
de ces variations. Laproduction
moyenne par vache et par an avarié de 5040 à 8330 kg, le taux
butyreux
de 36,5 à 42,9g/kg
et le tauxprotéique
de 28,1 à 32,4 g/kg. Ces écarts sontprincipalement
liés aux facteurs du milieu. Les performances lesplus
faibles sont rencontrées dans lesexploitations
où lespratiques
alimentaires sont les moins favorables : une alimentationénergétique
insuffisante chez les génisses puis chez les vaches en production, se traduisant par
un état corporel médiocre et un faible
développement corporel
des animaux est associée aux productions laitières et aux tauxprotéiques
lesplus
faibles. L’absence de liaison significative entre les effets troupeau tauxprotéique
et lait,qui
conduit àobserver les taux
protéiques
lesplus
élevés dans desexploitations
où laproduction
laitière est moyenne est discutée. En particulier, le rôle de la nature des aliments (valeur laitière de la ration), de l’état
corporel
des animaux et de leur état sanitaire est mis en évidence. Les variations du tauxbutyreux
du lait sont d’abord liées à la nature de la ration de base(présence
ou nond’ensilage
de maïs).réalisées pour
appréhender
de manièreobjecti-
ve la valeur nutritive des
aliments,
le formatet l’état
corporel
desanimaux,
et les conditions de leur conduitependant
laphase d’élevage.
1 / Conduite de l’étude
Soixante trois
exploitations
desdéparte-
ments du
Cantal (50),
du Lot(11),
de laCorrèze (1) et de
l’Aveyron
(1) ont été choisies de manière aléatoire à l’intérieur de lapopula-
tion des
exploitations
adhérentes au ContrôleLaitier,
en raceHolstein,
et faisantl’objet
d’unsuivi
technico-économique
de lapart
de l’entre-prise
Centre Lait.Sur chacune de ces
exploitations,
des don-nées relatives à leur structure, à l’utilisation des
surfaces,
à la conduite et au rationnement hivernal et estival des animaux ont été recueillies parenquête
(cf annexe).Au cours de ces
enquêtes
(février 1992) desprélèvements
desfourrages
utilisés par les vaches laitières ont étéréalisés,
pour détermi- nation de leurcomposition chimique, complé- tée,
pour lesensilages,
de leurpH.
Les teneursen cellulose brute (méthode de
Weende),
enmatières azotées totales (méthode
Kjeldhal)
eten matières minérales des différents
fourrages
(45foins,
41ensilages
d’herbe et 45ensilages
de maïs) ont été mesurées. Ces mesures ont
permis
de déterminer la valeur nutritive deces aliments
(UFL,
PDIN et PDIE) àpartir
deséquations proposées
par Andrieu etDemarquilly
(1987). En mêmetemps,
unenotation de l’état
corporel (par
maniement)d’une douzaine de vaches par
exploitation
(dont 1/3 deprimipares) représentatives
dutroupeau,
se trouvant entre leur 2ème et leur6ème mois de
lactation,
a été réalisée ainsi que la mesure de leur tourthoracique.
Par
ailleurs,
lescaractéristiques
zootech-niques (âge,
niveau deproduction, répartition
des
vêlages...)
etgénétiques
(valeursgéné- tiques
moyennes et effetstroupeau)
du trou-peau concernant la campagne 1991-92 ont été recueillies
auprès
du Contrôle Laitier.Enfin,
les valeurs mensuelles de la
composition
chi-mique
du lait ont été relevées à l’échelle dutroupeau
entre novembre 1990 et mars 1992 (donnéeslaiteries,
moyennes de 3prélève-
ments par mois). Toutes les données de compo- sition
chimique
du lait ont étéexprimées
eng/kg.
2 / Traitement des données
Une
partie
des données recueillies a été uti- lisée en l’état (cas des données decomposition chimique
du lait). Les autres ont servi à la construction de donnéessynthétiques
relativesà un
aspect particulier
de la conduite des ani-maux. Par
exemple,
larépartition
mensuelledes
vêlages
a étéappréhendée
en calculant lapart
devêlages
réalisée danschaque exploita-
tion au cours des mois de
septembre-octobre-
novembre d’une
part
et dedécembre-janvier-
février d’autre
part ;
une variable de conduitedu
pâturage
auprintemps
a été construite en fonction duchargement
sur la surface de base et du nombre de passages sur chacune des par- celles de cette surface. L’ensemble des variables retenues estprécisé
en annexe. Uneanalyse
factorielle descorrespondances (logi-
ciel LADDAD) a ensuite été réalisée sur un tableau de
contingence comprenant
en colonne les variables deproduction
et decomposition
du
lait,
et enligne
les variablesexplicatives
deces
performances
(annexe). De cettefaçon
ilest
possible
dejuger
d’unepart
des relations entre les variables deperformances
entre elleset d’autre
part
des relations entre ces variables et les donnéesd’enquête explicatives.
Les
performances
desexploitations
ont ensuiteété
projetées
sur lesplans
factoriels del’analy-
se. Une classification des
exploitations
bienreprésentées
sur les 3 axes del’analyse
facto-rielle les
plus explicatifs
desperformances
desexploitations
(axes 1 et 2 pour laproduction
laitière et le taux
protéique,
axes 1 et 6 pour le tauxbutyreux)
a été réalisée. Lasignification
des écarts entre les
caractéristiques
des 5groupes retenus a été
appréhendée
paranaly-
se de variance pour les variables
quantitatives,
et par le test du Khi deux pour les variables
qualitatives.
Sur les 63
exploitations enquêtées,
23dispo-
saient d’une
proportion
de vaches indexées inférieure à 40 %. Les donnéesgénétiques
deces
exploitations
n’ont pas été retenues pour l’étudeconjointe
des effetsgénétiques
et liésau milieu. La démarche
d’analyse présentée précédemment
a donc été réalisée sur la popu- lation totaleenquêtée
d’unepart,
et sur les 40exploitations présentant
des donnéesgéné- tiques
suffisamment fiables d’autrepart.
Danscette seconde
analyse,
les indexgénétiques
ontété introduits comme variables
explicatives
des
performances
des troupeaux. Les résultats de cette secondeanalyse
ont été très voisins de celle réalisée sur l’échantillon total.Aussi,
seule cette dernière sera
présentée.
Les évolutions de la
production
et de la com-position chimique
du lait au cours de l’annéeont été
corrigées
pour tenircompte
des effets de la saison (Coulon et al 1991) et du stade de lactation moyen dutroupeau
à un moisdonné,
en retenant une
persistance
mensuelle de laproduction
de0,9
et uneaugmentation
destaux
protéique
etbutyreux
de 1g/kg
parmois,
entre le 2ème et le 10ème mois de lactation (Faverdin et al 1987, Coulon et al 1991).
3 / Résultats
3.i / Caractéristiques générales de
l’échantillon
En moyenne, les taux
butyreux
etprotéique
annuels observés sur les 63
exploitations
ontété de
40,3 g/kg (36,5
à42,9)
et30,2 g/kg (28,1
à
32,4),
pour uneproduction
laitière par vache et par an de 6575kg
(5040 à 8330). Ces valeurs sontsupérieures,
surtout pour la pro- duction laitière et le tauxbutyreux,
à cellesobservées sur l’ensemble de la
population
duContrôle Laitier (tableau 1). Par contre, les
caractéristiques génétiques
desexploitations
ont été
identiques
dans les 2populations.
Surles 40 troupeaux suffisamment
indexés,
lesindex lait ont varié de -179 à +641
kg ,
lesindex TB de
-1,4
à+1,0 g/kg,
et les index TP de- 0,5
à+0,3 g/kg.
Pour une mêmevariable,
aucune relation n’a été mise en évidence entre la valeur
phénotypique
des taux et les indexgénétiques correspondants (figure
1). Commec’est couramment
observé,
les écarts inter-exploitations
decomposition
du lait sont doncd’abord liés aux facteurs du
milieu,
en raisonde la faible variabilité des index des
reproduc-
teurs utilisés (l’écart entre les valeurs extrêmes des index TP moyens par
exploita-
tion ne
représente
que 3% du tauxprotéique
moyen observé).
Lorsque
cette variabilité estplus importante,
comme dans le cas de la pro- duction laitière dans cette étude (où l’écartentre les valeurs extrêmes des index atteint 12% de la
production
moyenneobservée),
laliaison avec la valeur
phénotypique
devientsensible
(figure
1).Enfin,
aucune relation n’a été observée entre les différents effets trou- peaux(figure
1).Certains facteurs du milieu ont
présenté
une
grande homogénéité
dans l’échantillonenquêté :
ils’agit
d’abord des variables de structure (taille desexploitations, âge
et for-mation des
exploitants ...), mais
aussi de cer-taines
pratiques
de conduite des animaux. Enparticulier,
dans lamajorité
desélevages
lesvêlages
sontgroupés
sur lapériode
hivernale(54% des
élevages présentent plus
de 70% desvêlages
entreseptembre
et mars). Par contre, la conduite alimentaire des animaux (vacheset
génisses) présente
une variabilité trèsimportante.
L’état
corporel
desvaches,
mesuré il est vraià la
période
laplus
défavorable (fin d’hiver et milieu delactation),
a été faible et variable :sur les 935 notations retenues (301
primipares
et 634
multipares),
il a été de 1,8 en moyenne et a varié de0,5
à4,5.
Le tourthoracique
deces animaux a varié de 178 à 243 cm
(respecti-
vement 197 et 204 cm en moyenne pour les
primipares
et lesmultipares) (figure
2).La
composition chimique
des différentsfourrages analysés
estprécisée
sur le tableau 2. Leur valeurénergétique (figure
3) et azotéeont varié de
respectivement 0,57
à1,04
UFL(0,80
UFL enmoyenne),
42 à 133 gPDIN/kg
MS (70 en
moyenne),
52 à 93 gPDIE/kg
MS (70 enmoyenne).
La valeur des rations utili- sées (au moment del’enquête),
estimée en pon- dérant la valeur des différentsfourrages
par leur part dans laration,
a varié derespective-
ment
0,72
à0,92 UFL/kg
MS(0,84
en moyen-ne),
48 à 111 gPDIN/kg
MS (77 enmoyenne),
58 à 79 g
PDIE/kg
MS (69 enmoyenne).
Lateneur en matière sèche des
ensilages
d’herbea varié de
16,2
à39,8
et celle desensilages
demaïs de
26,3
à44,5.
LepH
a varié de3,7
à5,4
pour
l’ensilage
de maïs (70% des échantillonsprésentaient
unpH
inférieur à4,0)
et de3,7
à5,0
pourl’ensilage
d’herbe(dans
les échan- tillons dont la teneur en matière sèche étaitinférieure à 30%,
plus
de la moitiéprésen-
taient un
pH supérieur
à 4). Ce résultat assezmédiocre est à mettre en relation avec la faible utilisation de conservateur lors de la réalisa- tion des
ensilages
d’herbe (25% seulement desexploitants
déclarent utiliser un conservateur).3.
2 / Relation
entreles
caractéristiques du troupeau
etles performances de production
L’essentiel des relations entre les
perfor-
mances des animaux et les
caractéristiques
deleur conduite
peut
être décrit parl’analyse
des2
premiers
axes del’analyse
factorielle réaliséesur les 63
exploitations
(et dans une moindremesure l’axe 6 pour le taux
butyreux).
Ces 2axes
permettent d’opposer
nettement(figure
4et tableau 3) les
exploitations présentant
à la fois des tauxprotéiques
etbutyreux
faibles etune
production
laitière faible(respectivement 28,7 g/kg, 38,1 g/kg
et 5811kg/vache)(groupe 1),
à cellesprésentant
soit uneproduction
lai-tière élevée et un taux
protéique
moyen (7595kg/vache
et30,6 g/kg)(groupe 2),
soit une pro- duction laitière moyenne et un tauxprotéique
élevé (6415
kg/vache
et31,3 g/kg)(groupe
3).Les faibles
performances
du groupe 1 sont associées à une série de facteurs décrivant tous le niveaud’alimentation,
enparticulier énergétique,
des animaux :malgré
un apportimportant
en moyenne de concentré au coursde l’hiver la
qualité
de la ration reste insuffi- sante, en raison de la valeurénergétique
limi-tée de la ration de base
(0,79 UFL/kg
MScontre
0,86
dans les groupes 2 et3, P<0,01),
composée
dans lamajorité
des cas de foin etd’ensilage
d’herbe. Ceci se traduit par un faible étatcorporel
des animaux(1,7
contre2,0,
P<0,05)
et un tauxprotéique
très faible en find’hiver,
où l’écart avec les groupes 2 et 3dépasse
3g/kg (figure
4). Ce déficit hivernal n’est pasrattrapé
durantl’été,
aucontraire,
enraison d’une
exploitation
dupâturage
peu maî- trisée (faiblepression
depâturage,
pas ou peu defourrage complémentaire
en été). Cettesous-alimentation
énergétique
se retrouve chez lesgénisses,
etconduit,
dans cesexploita-
tions,
à un format des animaux leplus
faiblede la
population
(197 cm de tourthoracique
contre 205 dans les groupes 2 et
3, P<0,01), malgré
unâge
aupremier vêlage
élevé (32 mois). Cesexploitations présentent
par ailleurs desvêlages
un peuplus
étalés que les autres. Leprix
de leur lait est inférieur de 15centimes à celui des groupes 2 et 3.
L’écart de
production
laitière entre lesgroupes 2 et 3 (1180
kg/vache/an), qui
estplus marqué
en étéqu’en
hiver(figure 4), s’explique
en
partie
par un niveaugénétique supérieur
dans le groupe 2 (de 250
kg, P<0,05).
Parailleurs,
sil’ensilage
de maïs est dominantdans la ration hivernale de ces 2 groupes, il est
plutôt
associé à del’ensilage
d’herbe dans le groupe 2 et à du foin dans le groupe 3. D’autre part, la conduite dupâturage
est différente dans ces 2 groupes : si la mise à l’herbe semble mieux maîtrisée dans le groupe 3(par
unapport important d’ensilage
demaïs), permet-
tant à la fois une
augmentation
deproduction
et de taux
protéique,
lapériode
depâturage
estivale l’estbeaucoup plus
dans le groupe 2 où les animauxdisposent pratiquement
tou-jours
defourrage d’appoint
enquantités importantes,
distribué en stabulation. L’écart deproduction, corrigé
des effets du stade de lactation et de lasaison,
atteint ainsi 4kg/j
aucours des mois de
juin
àseptembre,
entre lesexploitations
du groupe 2 et celles des groupes 1 et 3(figure
4).Enfin,
lesexploitations
dugroupe 2
présentent
uneproportion
de chutesde
production
laitière individuellesbeaucoup
moins
importante
que celles du groupe 3 (18contre 27
%, P<0,05).
Cette différencepeut
être liée à une
fréquence
de troubles sani-taires,
enparticulier
demammites, plus
élevéedans les
exploitations
de ce dernier groupe,comme le
suggère
leurplus
fort niveau decontamination cellulaire : 4
exploitations
de cegroupe
présentent
des taux de cellules auniveau du tank
supérieurs
à 300 000/ml 8 foisou
plus
dansl’année,
contre 2 dans le groupe 2. Lesgénisses
desexploitations
du groupe 2 sont très bienalimentées,
cequi
conduit à unformat élevé des
animaux, malgré
unvêlage plus précoce.
Les variations
inter-exploitations
du tauxbutyreux
sont bienexpliquées
par les axes 1 et 6 del’analyse
factoriellequi opposent
lesexploitations
du groupe 1 (faible tauxbuty- reux), déjà
décritesprécédemment,
à celles desgroupes 4 (taux
butyreux élevé, 41,7 g/kg)
et 5 (tauxbutyreux
moyen,40,0 g/kg)
(tableau 3).L’écart de taux
butyreux
entre ces 3 groupes a lieu essentiellement l’hiver(figure
5) où ilatteint
respectivement
5 et2,5 g/kg
entre lesgroupes 1 et 4 et entre les groupes 4 et 5. Ces 3 groupes se différencient surtout par le
type
deration de base
hivernale,
mais aussi par les méthodes de distribution des aliments. Le groupe 1 est caractérisé par l’absence d’ensila- ge de maïs dans la ration. La distribution desfourrages
et des concentrés y est laplupart
du tempsséparée,
et lesfourrages
sontapportés
en 1 ou 2 repas. Les 2 autres groupes se diffé- rencient essentiellement par une
présence
unpeu
plus importante
de foin dans la ration dans le groupe4,
l’utilisationquasi systéma- tique
dans cette classe de concentrés riches enénergie
(mais pas enrichis en matièresgrasses),
et une distribution desfourrages
etdes concentrés
plus
souventsimultanée,
per- mettant vraisemblablement une meilleurerépartition
del’ingestion.
Iln’y
a pas de diffé-rence
importante
dans leprix
du lait desexploitations
de ces 2 classes.4 / Discussion et conclusion
Cette étude confirme
l’importance prépon-
dérante des facteurs du milieu dans les varia- tions des
performances
deproduction
d’uneexploitation
àl’autre,
comme cela adéjà
étémis en évidence sur des effectifs semblables
(Agabriel
et al 1990 et1993),
ou àplus grande
échelle
(Regaldo
1992). Elle confirme par ailleursl’importance
des facteurs liés à l’ali- mentationénergétique
sur laproduction
laitiè-re et le taux
protéique
(Coulon et Rémond1991),
et montre que la conduite de l’alimenta- tion doit se concevoir non seulement à court terme sur les animaux enproduction,
maisaussi à moyen et
long
terme sur les vaches taries et lesgénisses.
La relationsignificative
entre la note d’état
corporel
ou le format desanimaux, qui peuvent
être considérés commede bons indicateurs du
passé
alimentaire éner-gétique
del’animal,
et le tauxprotéique
en estune
illustration,
comme Balch etArgamenteria
Gutierrez (1992) l’ont récemment montré.
L’absence de liaison
significative
entre le tauxprotéique
et laproduction
de lait en cequi
concerne l’effet troupeau,
qui
adéjà
été miseen évidence à
grande
échelle parRégaldo (1992),
est étonnante. Ces 2 variablesrépon-
dent en effet dans le même sens aux variations du niveau des
apports énergétiques
(Coulon et Rémond 1991)qui
est leprincipal
facteur devariation du taux
protéique
du lait. Ellepeut
s’expliquer
par le rôle d’autres facteurs dontles effets ne sont pas
identiques
sur les 2variables. Il
s’agit
1) de l’état des réserves cor-porelles
desanimaux, qui peuvent permettre
de limiter les baisses deproduction
suite à unesous-alimentation,
mais pas les baisses de tauxprotéique
(Larnicol1984),
2) du niveaudes
apports azotés,
dont les variations ont des effetsplus importants
sur laproduction
laitiè-re que sur le taux
protéique
(Rémond1985),
3) de la nature de la ration de base : à mêmeapport énergétique,
les rations à base de foinconduisent à des
productions
laitières infé- rieures mais à des tauxprotéiques légèrement supérieurs
à ceux des rations à based’ensilage
d’herbe (Rémond
1978,
Coulon et Garel 1993).Ceci est dû à un
partage
del’énergie ingérée plus
favorable à la sécrétion lactéequ’à
laconstitution des réserves
corporelles
avec lesrations à base
d’ensilage
d’herbe (Vérité etJournet 1971). Les
quantités
de matières pro- duites sont doncplus
diluées et les taux obser-vés un peu
plus
faibles. Les différences de rations de base observée entre les groupes 2 et 3 vont dans le sens de cettehypothèse,
4) defacteurs non
alimentaires,
enparticulier
sani-taires, pouvant
entrainer des chutesimpor-
tantes de
production
laitière sans modification du tauxprotéique,
comme cela est observé lorsde mammites (Miller
1983, Serieys
1989). Ceschutes de
production
sont ainsibeaucoup plus fréquentes
dans le groupe 3qui présente
par ailleurs les tauxprotéiques
lesplus
élevés. Ilest donc
possible
que dans cesexploitations,
laproduction
laitière soit enpartie
au moinslimitée par des facteurs autres
qu’alimentaires
(sanitaires notamment).Les variations du taux
butyreux
d’uneexploitation
à l’autre sont essentiellementexpliquées
par l’effet propre favorable bienconnu des rations à base
d’ensilage
de maïs (Hoden et al1985),
en raison des orientations des fermentations dans le rumenauxquelles
elles conduisent
(production importante
d’aci-de
acétique
et d’acidebutyrique, précurseurs
des matières grasses à chaîne courte et moyen-
ne du lait) et de leur
apport
en acides graslongs
(Vérité et Journet 1971). Il estpossible
que le mode
d’apport
de la ration (distributionséparée
des concentrés et desfourrages)
et laforme de
présentation
de ses différents consti- tuants, dont on connaît les effets sur les varia- tions du tauxbutyreux (Gibson 1984,
Grant et al1990),
aient accentué les écarts de tauxbutyreux
entre le groupe 1 et les groupes 4 et 5 et soient enpartie responsables
des écartsentre ces 2 derniers groupes, bien que les don- nées
d’enquête disponibles
nepermettent qu’en partie
de le confirmer. La détermination des facteursqui permettent d’expliquer
lesvariations du taux
butyreux
enexploitations
nécessite en fait une connaissance très
précise
des
pratiques
de conduite alimentaire des ani-maux. Contrairement au taux
protéique,
laseule
prise
encompte
du niveaud’apport
nutritif de la ration ne
permet
pasd’expliquer
les variations du taux
butyreux
(Journet et Chilliard1985,
Coulon et Rémond 1991). Si lanature de la
ration,
et dans une moindremesure les modalités de sa distribution peu- vent être déterminées par
enquête,
la propor-tion des concentrés dans cette
ration, qui
estun facteur de variation
prépondérant
du tauxbutyreux
(Journet et Chilliard 1985) reste dif-ficile à
appréhender
en l’absence de mesuresdes
quantités ingérées
par les animaux.En
pratique,
cette étude montrequ’il
resteune marge de
progrès importante
en matièrede taux
protéique
dans lesexploitations enquê-
tées. Si dans les meilleures
exploitations (groupes
2 et3),
ces taux sont voisins de ceuxobservés dans d’autres
régions,
avec le même type d’animaux et de ration(Seeghers
et al1989),
ils restent faibles dans laplupart
desautres. Ceci
peut s’expliquer
d’unepart
parune alimentation
énergétique
insuffisantequi
se traduit par un état
corporel faible,
mêmelorsque
les animauxprésentent
un format élevé (dans lesexploitations
du groupe 2 les formats sontlégèrement supérieurs
à ceuxobtenus en station
expérimentale,
sur desvaches de
type
Holstein dans des conditions de milieucomparables
(D’hour et al nonpublié)),
et d’autre
part
par un déficit estivalimportant.
Une fois
pris
encompte
les effets du stade de lactation et de lasaison,
toutes lesexploita-
tions
présentent
une chute considérable du tauxprotéique
en été(figure
6). Cette chute n’est pas observée dans d’autresrégions (Agabriel
et al1990,
Coulon1991),
ni dans des situationsexpérimentales
où la conduite dupâturage
estival est bien maitrisée (Coulon etal 1990).
Remerciements
Nous tenons à remercier les éleveurs qui ont participé à l’enquête et les étudiants de l’ENITA de Clermont-Fd qui
l’ont réalisée ainsi que J.C. Demaison pour sa participation
à la fourniture des informations et J.P. Fénelon pour les conseils qu’il nous a apportés dans la démarche de traitement des données.
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Changes
in milkproduction
andfat
andprotein
contents in
farms : effects of genetic
and environ- mentalfactors.
Sixty
threedairy
farms with Holstein cows wereincluded in a detailed survey
involving
the herdand the farm structure,
quality
offorage
(inclu-ding
chemicalcomposition),
winter and summerfeeding practices,
andgenetic
characteristics(breeding
value and herd effect for milkproduc- tion,
fat content andprotein
content).Body
condi-tion of the cows were recorded. These data per- mitted
analysis
of the variations of milkproduc-
tion and
composition
among farms. The meanannual
production
varied from 5040 to 8330kg,
fatcontent from 36.5 to 42.9
g/kg
andprotein
contentfrom 28.1 to 32.4
g/kg.
Suchvariability
resultsessentially
from environmental factors. Thelowest milk and
protein
content occurred infarms where
feeding
factors were the least favou- rable (insufficientroughage
energy value for hei- fers and then forproducing
cows) and wherebody
condition of the cows the lowest. The absence of correlation between milk
production
herd effect andprotein
content herd effect is discussed. Inparticular,
the role of thetype
ofroughage, body
condition of the animals and their health is envi-
saged.
Variations in fat content weremainly
rela-ted to the
type
of ration(presence
or absence of maizesilage).
AGABRIEL
Claire,
COULONJ.B.,
MARTYGenevi6ve,
BONAITI
B.,
BONIFACEP.,
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