ConcoursCentrale- Supélec2008
Épreuve :
MATHÉMATIQUES II
FilièreMP
Notations
• Dans tout le probl`eme n est un entier sup´erieur `a 2, M
nest l’ensemble des matrices carr´ees `a n lignes, `a coefficients r´eels.
• On note (E
ij, 1 6 i 6 n, 1 6 j 6 n) la base canonique de M
n. Ainsi, pour tout couple (i, j) d’entiers compris entre 1 et n, tous les coefficients de la matrice E
ijsont nuls sauf le coefficient d’indices (i, j) qui vaut 1. On rappelle le r´esultat suivant :
∀i, j, k, l ∈ {1, ..., n}, E
ijE
kl= δ
jkE
ilo` u δ
jk= 1 si j = k et 0 sinon.
• Pour tout couple (p, q) d’entiers strictement positifs, on note M
p,ql’espace vectoriel des matrices `a p lignes et q colonnes, `a coefficients r´eels.
• Pour toute matrice M de M
p,q, on note
tM sa matrice transpos´ee.
• L’espace R
nest identifi´e `a l’espace M
n,1. On note B = (e
1, ..., e
n) la base cano- nique de R
n. Ainsi, pour tout entier k compris entre 1 et n, e
k=
t(0, ..., 0, 1, 0..., 0) o` u 1 est en k
i`emeposition.
On munit R
nde sa structure euclidienne canonique.
Pour tout couple ( u, v ) de vecteurs de R
n, u =
t(u
1, ..., u
n) et v =
t(v
1, ..., v
n), on note hu, vi =
tu.v =
n
X
k=1
u
kv
kleur produit scalaire.
• Pour tout couple d’entiers p, q tels que p 6 q, on note : [[p, q]] = {k ∈ N , p 6 k 6 q}.
• Etant donn´e ´
t(α
1, α
2, ...., α
n) ∈ R
n, on note D = diag(α
1, α
2, ...., α
n) ∈ M
nla matrice diagonale telle que, pour tout i de [[1, n]], d
ii= α
i.
On note I
n= diag(1, 1, ...., 1) la matrice de l’identit´e.
Soit A = [a
ij]
1≤i,j≤n∈ M
n. On consid`ere le syst`eme lin´eaire
Au = w, (1)
o` u w =
t(w
1, ...., w
n) ∈ R
nest donn´e, et u =
t(u
1, ..., u
n) est l’inconnue. L’objet du probl`eme est l’´etude de quelques m´ethodes de r´esolution de ce syst`eme lin´eaire. On rappelle que
n
X
k=1
k = n(n + 1)
2 ,
n
X
k=1
k
2= n(n + 1)(2n + 1)
6 .
Partie I - M´ ethode de Gauss et factorisation
Le but de cette partie est de repr´esenter matriciellement la m´ethode de Gauss pour la r´esolution du syst`eme (1).
On note T S
n⊂ M
nl’ensemble des matrices M = [m
ij]
1≤i,j≤ntriangulaires sup´e- rieures (c’est-`a-dire m
ij= 0 pour i > j) et T I
n⊂ M
nl’ensemble des matrice triangulaires inf´erieures `a diagonale unit´e (c’est-`a-dire m
ii= 1 et m
ij= 0 pour i < j). Dans toute cette partie, on suppose que det(A) 6= 0, de sorte que le syst`eme (1) admette une unique solution u =
t(u
1, ..., u
n) ∈ R
n.
I.A - R´ esolution d’un syst` eme triangulaire On suppose dans cette question que A ∈ T S
n.
I.A.1) Calculer u
npuis pour k ∈ [[1, n−1]] exprimer u
n−ken fonction de u
n, u
n−1, ..., u
n−k+1. ´ Ecrire l’algorithme de r´esolution du syst`eme (1).
I.A.2) Exprimer en fonction de n le nombre d’additions, de multiplications et de divisions n´ecessaires `a la r´esolution du syst`eme (1).
I.B - Matrices d’´ elimination de Gauss
La matrice A de M
nest de nouveau quelconque avec det A 6= 0.
Etant donn´e ´ M = [m
ij]
1≤i,j≤n∈ M
n, on note pour tout entier q de [[1, n]], ∆
q(M) la sous-matrice de M d´efinie par ∆
q(M)=[m
ij]
16i,j6q´el´ement de M
q, et on note D
q(M) = det ∆
q(M) (D
1(M),...,D
n(M) sont appel´es les mineurs principaux de M).
Par ailleurs, on note L
i(M) le i
i`emevecteur ligne de la matrice M et d´efini par L
i(M) = (m
i1, m
i2, ...., m
in). On note aussi C
j(M ) le j
i`emevecteur colonne de M d´efini par C
j(M) =
t(m
1j, m
2j, ..., m
nj). On dira aussi dans la suite les lignes L
ide M et les colonnes C
jde M.
I.B.1) Soient M une matrice de M
net P = M A. Exprimer, pour tout entier q de [[1, n]], L
q(P) en fonction des lignes L
i(A) de la matrice A.
(On pourra, si l’on veut, utiliser la d´ ecomposition de L
q(P) sous la forme
n
X
j=1
p
qjE
qjavec P = (p
ij)
16i,j6n).
I.B.2) Pour un entier k de [[1, n − 1]] et un vecteur β =
t(β
k+1, ..., β
n) ∈ R
n−k, on note F(k, β) la matrice de M
nqui r´ealise par le produit `a gauche P = F (k, β)A les combinaisons lin´eaires de lignes suivantes, en notant pour simplifier L
i= L
i(A) et L
′i= L
i(P ) :
∀i ∈ [[1, k]], L
′i= L
iet ∀i ∈ [[k + 1, n]], L
′i= L
i+ β
iL
k. (2) a) Montrer que F (k, β)
−1= F (k, −β).
b) Montrer que si P = F(k, β)A on a :
∀q ∈ [[1, n]], D
q(P) = D
q(A).
c) D´eterminer les coefficients ǫ
ijde F (k, β) pour tout couple (i, j) d’entiers de [[1, n]] × [[1, n]]. Montrer que F (k, β) ∈ T I
n.
I.B.3)
a) ´ Etant donn´ee une matrice M = [m
ij]
1≤i,j≤nde M
n, exprimer les vecteurs co- lonnes C
j′du produit matriciel M F (k, β) en fonction des colonnes C
jde M.
b) Soit q un entier de [[1, n]] et pour tout entier k de [[1, q]], β
k=
t(β
k+1,k, ..., β
n,k) un vecteur de R
n−k. On consid`ere la matrice produit
P
q= F(1, β
1).F (2, β
2)...F (q, β
q) =
q
Y
k=1
F (k, β
k). (3) On note C
jqles vecteurs colonnes de la matrice P
qet pour tout entier k de [[1, q]], b
k=
t(0, ..., 0, 1, β
k+1,k, ..., β
n,k) ∈ R
n.
Montrer par r´ecurrence sur q que :
∀ j ∈ [[q + 1, n]], C
jq= e
jet ∀ j ∈ [[1, q]], C
jq= b
j. En d´eduire que P
qappartient `a T I
net que P
n−1= [b
1, ..., b
n−1, e
n].
I.C - Factorisation de A
Dans cette question, on suppose que pour chaque k ∈ [[1, n]], ∆
k(A) est inversible.
On note A
1= A = [a
1ij]
16i,j6nla matrice initiale.
I.C.1) Montrer que a
1116= 0. D´eterminer β
1=
t(β
21, ...., β
n1) ∈ R
n−1pour que
la premi`ere colonne de A
2= F (1, −β
1)A
1soit proportionnelle `a e
1. Que vaut la
I.C.2) On pose F
1= F (1, −β
1).
a) Montrer par r´ecurrence sur k l’existence des suites de matrices (F
k−1)
26k6n, (A
k)
26k6navec
F
k−1= F (k − 1, −β
k−1) A
k= [a
kij]
16i,j6n= F
k−1A
k−1et telles que :
∀j ∈ [[1, k − 1]], ∀i ∈ [[j + 1, n]], a
kij= 0 et ∀m ∈ [[1, n]], D
m(A
k) 6= 0. (4) Exprimer le vecteur β
k`a l’aide des coefficients de A
k.
b) Montrer que les lignes 1 `a k de A
ket A
k+1sont identiques.
c) Pour k ∈ [[1, n − 1]], soit N
kle nombre de multiplications n´ecessaires pour passer de A
k`a A
k+1. Calculer le nombre N
k.
I.C.3)
a) D´eduire des questions pr´ec´edentes qu’il existe une matrice L de T I
net une matrice U de T S
ntelles que l’on ait
A = LU. (5)
b) Exprimer les coefficients l
ijde L pour i > j et les coefficients u
ijde U pour i 6 j en fonction des coefficients a
kijdes matrices A
k(Utiliser (I.B.2a) et (I.C.2a)).
I.C.4) Montrer que les matrices L et U de la factorisation (5) sont uniques.
I.C.5) Ecrire dans le langage de son choix un programme r´ealisant la factorisation ´ A = LU qui n’utilise qu’un seul tableau carr´e encore nomm´e A pour contenir toutes les it´erations A
k. On prendra soin de commenter les principales lignes du programme.
Comment aura-t-on en final les facteurs L et U `a partir du tableau A ?
I.C.6) Soit S
nle nombre de multiplications n´ecessaires `a la factorisation A = LU . Calculer S
n(Indication : utiliser la question I.C.2.c. )
Partie II - Applications et cas particuliers
Dans cette partie, on applique `a certains exemples la factorisation vue en Partie I.
Par commodit´e d’´ecriture, lorsque l’on repr´esente une matrice, les espaces laiss´es vides sont remplis de 0 qui ne sont pas syst´ematiquement ´ecrits.
II.A - Application ` a la r´ esolution de syst` emes lin´ eaires
II.A.1) On veut r´esoudre le syst`eme (1) en utilisant la factorisation (5). On fait toujours l’hypoth`ese que pour tout entier k de [[1, n]], D
k(A) 6= 0.
Sans compter les op´erations n´ecessaires `a la factorisation, montrer qu’il suffit de n(n − 1) multiplications pour r´esoudre le syst`eme (pr´eciser la m´ethode utilis´ee).
2/4
II.A.2) En d´eduire une m´ethode pour inverser la matrice A en utilisant la factorisa- tion (5). Exprimer le nombre total de multiplications et divisions n´ecessaires `a cette inversion, incluant cette fois-ci le calcul de la factorisation. En donn´e un ´equivalent lorsque n → ∞.
II.B - ´ Etude du cas tridiagonal
On suppose la matrice A tridiagonale, c’est-`a-dire de la forme
A =
b
1c
1a
2b
2c
2· · ·
· · ·
· · ·
a
n−1b
n−1c
n−1a
nb
n
II.B.1) On pose δ
k= D
k(A), δ
0= 1. On suppose que pour tout k de [[1, n]], δ
k6= 0.
Calculer δ
1puis, pour k ∈ [[2, n]], exprimer δ
ken fonction de δ
k−1et de δ
k−2. II.B.2) Montrer que les matrices L et U de la factorisation (5) sont de la forme
L =
1 l
211
l
321
· ·
· · 1 l
nn−11
avec pour tout i de [[2, n]], l
i,i−1= a
iδ
i−2δ
i−1,
U =
δ
1δ
0c
1δ
2δ
1c
2δ
3δ
2·
· ·
· ·
· c
n−1δ
nδ
n−1
.
factorisation pr´ec´edente pour une matrice tridiagonale. Donner le nombre de multi- plications, de divisions et d’additions n´ecessaires `a cette r´esolution.
II.C - ´ Etude d’un exemple
Soit A
n= [a
ij]
16i,j6n∈ M
n, sym´etrique et tridiagonale d´efinie par
∀ i ∈ [[1, n]], a
ii= 2, ∀ i ∈ [[2, n − 1]], a
i i+1= a
i i−1= −1, a
1 2= a
n n−1= −1 tous les autres coefficients ´etant nuls, c’est-`a-dire
A
n=
2 −1
−1 2 −1
· · ·
· · ·
· · ·
−1 2 −1
−1 2
(6)
II.C.1)
a) Montrer que pour chaque v =
t(v
1, ...., v
n) de R
n, on a
< A
nv, v >= v
12+ v
n2+
n
X
i=2
(v
i− v
i−1)
2. b) En d´eduire que la matrice A
nest d´efinie positive.
c) Montrer que pour chaque k de [[1, n]] la matrice ∆
k(A
n) est sym´etrique et d´efinie positive. En d´eduire qu’il existe une factorisation A
n= L
nU
nde la forme (5).
II.C.2) On reprend les notations de la question II.B. Expliciter et r´esoudre la r´ecurrence sur δ
k. En d´eduire l’expression des matrices L
net U
n.
II.C.3) On veut r´esoudre le syst`eme A
nx = e
kpour un entier fix´e k ∈ [[1, n]].
a) R´esoudre le syst`eme L
ny = e
k. b) R´esoudre le syst`eme U
nx = y.
(On montrera que : x
i= i(n + 1 − k)
n + 1 si i 6 k et x
i= k(n + 1 − i)
n + 1 si i > k).
II.C.4) On pose A
−1n= [b
ij]
1≤j,k≤n. Calculer b
ijpour (i, j) ∈ [[1, n]] × [[1, n]].
Partie III - Une m´ ethode it´ erative
III.A -
Soit A = [a
ij]
1≤i,j≤nune matrice inversible de M
n. On ´etudie ici une m´ethode it´erative de r´esolution du syst`eme (1). On utilise la norme euclidienne sur R
n, d´efinie par ||x||
2=< x, x >=
n
X
k=1
x
2k, avec x =
t(x
1, ..., x
n) ∈ R
n. On rappelle que la norme matricielle subordonn´ee de A ∈ M
nest d´efinie par ||A|| = sup
||x||=1
||Ax||.
III.A.1)
a) Exprimer ||Ax||
2en fonction de B =
tA.A et de x. En d´eduire que B est une matrice sym´etrique positive.
On note sp(B) = {λ
1(B), ..., λ
n(B)} le spectre de B, c’est-`a-dire l’ensemble des valeurs propres de B ´enonc´ees de sorte que λ
1(B) ≤ ... ≤ λ
n(B).
b) Montrer que ||A|| = p λ
n(B).
c) On suppose que A est sym´etrique et on note ρ(A) = max
λ∈
sp
(A)|λ|, o` u sp(A) est l’ensemble des valeurs propres de A. Montrer que l’on a ||A|| = ρ(A).
III.A.2) On note H une matrice de M
net c un vecteur de R
ntels que le syst`eme (1) peut se r´e´ecrire sous la forme
u = Hu + c (7)
Soit U
0∈ R
n. On consid`ere la suite vectorielle it´er´ee (U
k)
k∈N d´efinie par la relation de r´ecurrrence U
k+1= HU
k+ c. Montrer que, si ||H|| < 1, la suite (U
k)
k∈N est convergente dans R
nde limite u, solution de l’´equation (7).
III.A.3) Dans les questions qui suivent, on applique la m´ethode it´erative ci-dessus au syst`eme A
nu = w o` u A
nest d´efinie en II.C par (6). On d´ecompose A
nen
A
n= 2I
n− M
n. (8)
a) Calculer les valeurs propres de M
n(Indication : interpr´eter le syst`eme M
nx = λx comme une ´equation r´ecurrente sur la suite (x
k)
06k6n+1avec x
0= x
n+1= 0. (On constatera qu’il n’y a de solution non nulle que si |λ| < 2).
b) En d´eduire qu’il existe une suite de r´eels (µ
n)
n∈N telle que
∀ n ∈ N
⋆, µ
n> 0, lim
n→∞
µ
n= 0, ||M
n|| = 2 − µ
n.
III.A.4) On consid`ere la d´ecomposition (8). On choisit la donn´ee initiale U
0de sorte que ||U
0|| = 1. On suppose en outre que ||w|| = 1.
a) On choisit H = M
n2 . Expliciter le vecteur c de mani`ere `a appliquer la m´ethode it´erative puis donner l’expression compl`ete de U
ken fonction de U
0, de c et des matrices H
mpour m ∈ [[1, k]].
b) Majorer l’erreur ǫ
k= ||U
k− u|| en fonction de k, µ
net ||A
−1n||.
c) Montrer que lim
n→∞