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Edition999 présente ce manuscrit gratuitement. Je dédie ce livre à tous ceux. qui ont participé au manif en. faisant preuve de nationalisme

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Je dédie ce livre à tous ceux qui ont participé au manif en faisant preuve de nationalisme

et de pacifisme …

Depuis la nuit des temps , ce peuple n’a pu jouir d’une liberté

tant attendue et voilà l’opportunité…

Les mains étrangères

Menouar Laksi.

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L’insurrection.

Octobre 1988,

une journée

inoubliable. Je venais de quitter mes parents qui résidaient non loin du centre-ville. Un soulèvement populaire venait de saccager des propriétés privées, des magasins, des institutions

administratives …Je pris le boulevard de l’Emir en me dirigeant vers la gare routière. Ce jour-là était inhabituel, une atmosphère de peur m’envoutait, je ne savais que faire en cheminant au milieu cette route bordée des agents de l’ordre vêtus d’uniformes conçues pour des interventions spéciales. J’eus cette présence d’esprit de marcher droit en regardant devant et sans manifester des gestes susceptibles de les provoquer. Les émeutes populaires de jeunes citoyens revendiquaient violemment des droits constitutionnels. Ils étaient imprévisibles, je craignais qu’ils ne surgeassent à tout moment

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2 pour provoquer le désordre en obligeant l’armée d’intervenir.

Des centaines de milliers furent assassinés dans d’autres villes : Alger, Tizi-Ouzou, Oran, Annaba, selon des informations recueillies dans des quotidiens de l’époque.

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Premier processus démocratique.

Quelques mois plus tard, le président Chadli avait déclaré dans un discours officiel à la télé que désormais les

partis de

l’opposition ont le droit institutionnel pour organiser un débat national. Ce fut ainsi et des anciens politiques qui furent exilés se sont rapatriés : FFS, FIS, MDA, FLN et d’autres se sont mis en œuvre pour dialoguer. Je fus si enthousiasmé, en ce temps -ci, d’écouter les hommes politiques dialoguer. C’était pour la première fois dans l’histoire de l’humanité où l’on pouvait échanger des propos démocratiques et de liberté d’expression dans un pays Maghrébin. Une vraie révolution s’était affirmée dans un pays régis par une dictature depuis le départ des colonisateurs Français. J’ai toujours admiré le débat télévisé lors des présidentielles françaises. Tous ces hommes politiques français me fascinaient en échangeant des propos opposés où chacun défendait ses idées, de gauche, de droite ou centriste, en

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4 élucidant, argumentant pour convaincre un large public. En outre, j’admirais toutes ses infrastructures françaises qui couvraient ces élections présidentielles : affichages munis de slogans ,liberté d’expression et débats entre belligérants s’exprimant en français très correct, parfois même académique que l’on pouvait écrire le discours en se basant sur la vidéo pour en réaliser des textes sans fautes. Hélas, les dialogues organisés chez-nous ne ressemblaient guère à ceux des français. Sans doute, on n’avait pas encore acquis ce comportement civique

« dialoguer sans vexer son interlocuteur ». Que dire ? On ne peut apprendre à faire des omelettes sans casser des œufs. En somme, certains journalistes arrivaient à mener certains débats dans de parfaites désillusions télévisées. Le dialecte algérien n’est pas académique pour qu’on puisse discuter sans préjuger et ne manifester aucun reflexe violent. Quelques arabophones classiques ne pouvaient concentrer leur discours politique sans se référer à la religion. En effet, l’école algérienne les a forgés par le stimulus de Pavlov depuis les années 70. On leur inculquait la xénophobie contre l’occident au profit l’arabisation pour les soumettre aux exigences de la religion et de la gouvernance totalitaire. Les francophones, eux, qui généralement, peuplaient les grandes agglomérations avaient un discours plus ou moins ouvert, cartésien et approprié pour accélérer le processus de gouvernance démocratique.

Manifestement, on peut dire que la majorité de ce peuple arabophone ne pouvait percevoir les concepts démocratiques qui sont à l’encontre des principes religieux et culturels inculqués dans leur esprit depuis la nuit des temps.

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5 Implicitement, la majorité qui fut opprimée par ce système totalitaire eut le réflexe de vengeance en s’adhérant au FIS

« Front Islamique du Salut »…

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Les élections municipales.

Le président Chadli était à la tête du parti révolutionnaire le FLN et la constitution lui déléguait le pouvoir absolu : ministre de la défense, ministre de la justice. Son statut lui permettait d’organiser

des élections

transparentes et sans fraudes. Mehri, l’intellectuel le soutenait politiquement. Le premier ministre Ham Rouch, un vrai stratège politique et économique œuvrait pour le transfère démocratique. Le bloc de l’ex URSS venait de s’effondre, géopolitiquement le monde devint unipolaire et la démocratie l’emporta sur le communisme de Staline. Traditionnellement l’Algérie fut le chouchou des forces communistes et l’ennemie des capitalistes ; livrée à elle-même, elle n’avait d’autres choix que de s’aligner aux républicains démocrates capitalistes.

Toutefois, le FIS sous la tutelle du révolutionnaire Abassi, exilé en Angleterre, profanait un discours populiste islamiste si convainquant qu’il arrivait à mobilisait la majorité populaire devant le petit écran. D’autant plus, les mosquées qui se dressent sur les quatre coins du territoire ne lui procurèrent une

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7 plateforme considérable pour incorporer le plus grand nombre de partisans et de partisanes. Le RCD et le FSS majoritairement Kabyles plaidaient un discours démocrate républicain à l’encontre des islamistes. Le jour des élections municipales, les partis belligérants avaient posté leurs représentants pour veiller sur la bonne conduite des opérations. Le FIS l’emporta majoritairement suivi du FLN et le FFS. Les trois grands belligérants n’ont témoigné aucune violence. Cependant, la presse internationale avait violemment dénoncé les résultats électoraux …-

- Salam, tu vois mon ami, nous les avons battus, ces ennemis d’Allah, me dit un ami d’enfance.

- Félicitations ! Cher ami, tu sais que je suis apolitique, je fais la prière et je n’ai voté pour personne, lui répondis-je.

- Ils ont tort, ces gens-là, on ne peut pas l’emporter sur Allah, le tout puissant, répliqua-t-il comme pour me discréditer.

- Cher ami, je suis prof et je m’occupe de l’enseignement. Tu n’as pas le niveau pour préjuger les vrais politiciens qui font la politique et qui ne la subissent pas.

- Tu veux dire que je suis un petit qui a réussi à l’emporter sur les grands…

- Vous avez gagné une bataille mais pas la guerre et on verra bien d’ici quelques temps…Les occidentaux, des laïques sont à l’apogée des

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8 civilisations pas les islamistes. La politique et la religion sont incompatibles si vous avez fait des études, vous l’aurez su, hélas, l’ignorance ne peut engendrer que des maux.

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9 A cette époque-là, les

partisans du FIS avaient pris le pouvoir des communes. Les mosquées plaidaient des discours politiques en discriminant toutes les idéologies. Sous le prétexte du blasphème, on ordonna la fermeture des bars, des salles de

cinéma, de spectacles et les résidences du commerce des prostituées sans leur assurer le moyen de survie, comme pour les condamner. Les hauts responsables et les directeurs des institutions avaient changé leur comportement en s’initiant en islamistes sans conviction. La conviction devint une référence incontestable pour prouver son intégrité patriotique. Toutefois l’esprit tribal et régional l’emportait sur la morale, la conscience et la justice. Les années 80 ont généré des artistes, des créateurs, des intellectuels, des romanciers Algériens comme partout dans le monde. En vain, le FIS et ses partisans avaient métamorphosé ces composantes socio-cultuelles en les islamisant au détriment de l’identité ancestrale.

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Décennie noire …

Quelques mois plus tard, eurent lieu des élections des APWI et l’armée décida de rompre le processus électoral sous l’ordre du général Nézar. L’armée de nouveau envahit les rues. On obligea Chadli de démissionner. Ce roi de la démocratie maghrébine fut remplacé par un général. Les leaders de l’opposition furent expatriés. Des centaines de milliers de partisans du FIS furent incarcérés, sans qu’ils ne soient jugé, à Reggan. D’autres ont pris le maquis de peur qu’ils ne soient jugés pour insubordination aux lois républicaines et de terrorisme. Quelques milliers de sympathisants ont disparu et jamais retrouvés. Ceux qui avaient contesté cette rupture démocratique et avaient organisé des grèves. Lesquelles grèves leur ont coûté des licenciements sans préavis. Désormais, le concept « terroriste » fut ancré dans le vocabulaire des citoyens.

Des génocides furent exécutés sans que personne ne soit accusé et sans preuves. Qui tue qui ? Les terroristes ont fait ceci, cela, les forces de l’ordre sont intervenues en les éliminant, les tuant sans identifications et sans preuves. Très souvent, on nous fait découvrir des armes quelques part pour justifier la présence des soi-disant terroristes virtuels. Des intellectuels furent assassinés par des présumés terroristes non-identifiés : El Maatoub Loues, Alloula le grand homme du théâtre et d’autres journalistes démocrates. Depuis, aucun meurtre n’eut été élucidé, ni par les forces de sécurité ni par la justice.

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11 Un vendredi du mois de juillet, j’ai rencontré l’ami d’enfance…

- Eh bien, cher ami, comment vont les choses ? - J’ai perdu mon boulot, on m’a licencié sans

préavis, c’est injuste. La grève est un droit constitutionnel, n’est-ce pas ?

- Chez ceux qui font la politique, pas chez ceux qui la subissent, lui ai-je répondu.

- Que veux-tu insinuer par faire et subir ?

- Ce qui corrobore mes dires, il y a quelques mois, vous avez gagné une bataille mais la guerre. Te voilà sans emploi. Les gens pour lesquels tu t’es battu, ne viendront pas s’investir pour nourrir ta petite famille. Tu peux toujours faire recours auprès de la justice et avec un bon avocat, tu réussiras peut être à bénéficier d’un préavis.

- C’est déjà fait et je l’espère bien…

Sur ces propos, nous nous sommes quittés…

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Boudiaf, le président…

Par décret, en cas de démission présidentielle, le président du conseil constitutionnel peut nommer un président pour la durée de transition électorale avec l’approbation d’une majorité parlementaire. M. Boudiaf, vivait paisiblement au Maroc.

Cet ex révolutionnaire de libération nationale faisait partie des grands politiciens de l’époque coloniale. Le jour où il

atterrit à l’aéroport, cette psychose terroriste semblait s’être atténuée. Voilà, se disaient les citoyens, enfin la crise politique n’est plus et nous allons passer des moments agréables pour réélire un vrai président démocratiquement. De jour en jour, peuple semblait retrouver cette stabilité sécuritaire tant espérée.

Un jour, à Annaba, ce brave révolutionnaire fut assassiné, alors qu’il prononçait son discours dans une conférence de presse devant un large public. Le pauvre, il avait à peine n’avait-il pas achevé sa phrase : « Les occidentaux nous dépassent que par les sciences de technologie …» on le vit baiser la tête entre quelques coups de feu…Cet assassinat demeure énigmatique bien que, selon les autorités aient présenté un suspect dont la maman certifiait que son fils présumé assassin n’était de ce

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13 monde depuis bien longtemps. Une enquête a été ouverte pour élucider ce meurtre mais en vain…

Tout le monde sait que le défunt président avait déclaré à maintes reprises que le FLN devait moisir dans le musée et qu’il avait fini sa mission, celle de la libération nationale. Il avait opté pour une réconciliation nationale. Ce qui dérangeait le système du pouvoir est qu’il avait engagé un historien enquêteur qui détenait les dossiers de faux moudjahidine pour une mission afin d’assainir le ministère de la justice et d’autres institutions gouvernementales. Une opération Icare fut organisée pour l’en empêcher, lui, qui voulait s’envoler vers la liberté en fouinant dans les secrets d’état, en s’approchant du soleil éclatant qui symbolise la vérité incontestable, il s’est fondu les ailes collées aux deux bras au moyen de la cire, comme cela est conté dans la légende Grègues. Certains spécialistes considèrent qu’il fut assassiné par ceux qui l’ont invité à présider. Ceux-là, non seulement occupaient des plus hauts postes dans la présidence et qu’ils devaient être inscrits dans la liste des harkis. Il me semble que nul ne détient la vérité, le futur seul en décèlera le secret.

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Le président Zeroual.

Le conseil constitutionnel se réunit encore une fois pour élire un nouveau président qui assurerait un nouveau processus électoral. Zeroual, un ex général fut élu par le conseil constitutionnel

présidé par Salah Abdelkader d’origine marocaine. On raconte que M. Zéroual est unique en son genre. Très populaire dans sa ville natale, simpliste et aimable. Personne ne se plaignait en l’accusant d’abus de pouvoir. Il aimait les boissons alcoolisées, les soirées, les jeux de sociétés, la vie en général. Durant son mandat, il avait entamé la réconciliation sociale pour les défunts morts dans la décennie noire. Les associations des disparus ne pouvaient accepter cette réconciliation pour des raisons de justice. Pour ce qui est des détenus politiques, il ne pouvait les libérer car ils constituaient des preuves tangibles d’oppressions contre ceux qui l’ont élu. Il est le seul président africain et maghrébin qui a cédé la présidence à son successeur démocratiquement. Ce fut Bouteflika. Zeroual avait anticipé les élections présidentielles en déclarant dans un discours qu’il

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15 n’allait pas y participer. On avait déjà, à cette là, créé un nouveau parti « RND » qui remporta les élections fraudées à soixante-deux pour cent avec un très faible taux de participation. Le FIS a été dissous, le FLN, Le RND, le FFS, El Nahda, Hamas et d’autre partis annoncèrent leur candidature.

Un jour, Abdelaziz Bouteflika fit son apparition et annonça sa candidature. Il avait déclaré qu’il allait se présenter comme candidat libre…

Les belligérants des différents partis politiques faisaient la compagne électorale pour les présidentielles. Tout le monde avait constaté que le quota fut impartial. On accordait plus de primauté et de privilèges à Bouteflika que les autres. Oui, ceux qui ont veillaient des nuits dans la formation des sciences politiques, ceux qui n’avaient jamais gouverné pour qu’on les accusât de quoique ce soit, ceux qui avaient formé des générations dans les mouvements politiques, n’avaient pas autant d’occasions pour présenter ni pour expliquer leurs programmes. Les chaînes de télévision nationales représentaient Bouteflika comme un héros. Pour la plus part des paysans qui vénéraient Boumediene Boutef est une incarnation révolutionnaire. Certains qui avaient suivi les évènements des années soixante-dix savaient que ce candidat de petite taille et moustachu était accusé de détournement de millions de dollars à l’époque où il fut ministre des affaires étrangères.

Dans un salon de thé, des jeunes amis discutaient :

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16 - Réda, bientôt, nous allons avoir un vrai président,

dit Ahmed.

- C’est un vrai politicien, il était ministre des affaires étrangères du temps de Boumediene, ajouta Amine.

- Oui, c’est un excellent orateur, je l’ai vu à la télé prononcer les obsèques du défunt Boumediene, remarqua Omar.

Cependant un vieil homme aux cheveux grisonnants intervint…

- Permettez-moi de vous raconter l’histoire de cet individu que tout le monde vénère tel un prophète.

J’ai 70 ans, j’ai vécu l’époque de la révolution et j’ai voyagé partout en Europe. Je peux vous assurer que l’homme dont vous parlez n’a jamais participé à la guerre de libération. Il est né à Oujda, au Maroc. C’est un imposteur qui fait de bon discours mais il ne pense pas ce qu’il dit. Il est plus démocrate que les démocrates, plus dictateurs que les dictateurs, plus musulman que les musulmans et plus athée que les athées. C’est un vrai caméléon.

Son but c’est le pouvoir, rien d’autre et il mourra fixé sur son siège comme tous ses semblables dictateurs. Laissez la politique pour les politiciens et faites votre travail convenablement.

- On dit qu’il parle sept langues, c’est vrai ? Interrogea Ahmed.

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17 - Je suis navigateur en marine marchante depuis plus de quarante-ans et je parle autant que lui et peut- être même plus, cela ne veut pas dire que je suis un intellectuel politicien. Je conçois, toutefois, que dans la vie, on ne peut compter que sur soi et il faut travailler durement et substantiellement pour assurer son avenir. On peut vivre sans président.

Sur ces propos les jeunes gens se turent…

Quelques jours avant les élections, les vrais partis de l’opposition retirèrent leur candidature. Quelques-uns ont décidé de poursuivre le processus électoral. Ceux-là n’avaient pas la représentativité populaire du FLN et du RND. Leur but était celui d’occuper quelques sièges dans le parlement pour aider le pouvoir à gouverner et en tirer profit. Louisa Hanoun et Ould Abbes représentaient les syndicats des travailleurs et ils plaidaient des discours populistes et sans représentativité. Les chaines TV leur accordaient des interviews pour justifier cette liberté d’expression contrôlée et dirigée pour leurrer les opinions nationales et internationales. Des millions de dollars ont été investis dans la compagne de Bouteflika pour créer des associations humanitaires. Quelques célébrités chanteurs, joueurs de foot ont été glorifiés, récompensés pour honorer la compagne du candidat libre. Des festivités ont été organisées partout sur le territoire pour glorifier le fameux candidat. Tout le monde était content et rares étaient ceux qui suspectaient les manœuvres des décideurs de l’époque.

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Boutef président…

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19 Le premier mai

1998. Comme prévu, la presse s’est mobilisée pour couvrir l’événement historique. Durant la compagne électorale,

Bouteflika avait promis comme suite : « Cher Algériennes et Algériens, permettez-moi de vous dire que je suis venu sauver la république. Ces prétendus révolutionnaires qui profanent le discours populistes, je leur dit qu’ils ne sont pas plus révolutionnaires que les défunts martyrs, ceux-là ont écrit notre avenir par leur sang sacré… » En faisant allusion à ceux qui détenaient le pouvoir. Et que son passé révolutionnaire, en côtoyant Boumediene, lui reléguait le privilège d’être l’homme qu’il faut pour l’établissement d’une nation souveraine. En outre, il avait souligné que désormais le taux de croissance économique allait s’élever considérablement par rapport à celui des voisins Tunisiens et Marocains…

Après le dépouillement, on annonça les résultats des scrutins. Bouteflika l’emporta largement sur ses prétendus adversaires. Toutefois, le ministre de l’intérieur n’avait pas exagéré sur le taux des participations des élections, en déclarant 40 pour cent au lieu de 30 pour cent. Les Algériens de l’époque savaient pertinemment que les institutions étatiques n’étaient pas assez crédibles pour organiser des élections sans frauder.

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20 Ils préféraient garder le silence et ne pas manifester à cause de la décennie noire qu’ils ont vécu. En Kabylie, le scrutin était presque nul.

Quelques mois plus tard, le programme du nouveau gouvernement a été exécuté. Dés la première entrée scolaire

« sociale : nommée ainsi pour déséquilibrer le citoyen par des nouveaux concepts, ce nouveau président avait décrété deux milles dinars comme prime de scolarisation pour les élèves.

Benbitour, ministre des finances et de l’économie intègre et professionnel ne pouvait exercer du populisme au détriment des contribuables. Ce brave économe dût démissionner de son poste. Certains partisans du FLN fortunés et opportunistes ont créé des associations humanitaires où les pauvres démunis devaient offrir les cartes électorales au partisan fortuné, en revanche, ils bénéficieraient des couffins de Ramadans, du pain et du lait pour l’année. Ainsi, le partisan du pouvoir s’accaparerait de leur voix électorale et de l’avenir du noble peuple nationaliste. En outre, pour les jeunes, on inventa une institution nommée « ENSEJ » : ceux qui ont échoué dans le parcours scolaire et diplômés de centre de formations professionnelles déposent leurs dossiers pour percevoir des crédits bancaires et du matériel coûteux pour réaliser des projets. Cependant, ceux qui ont réussi des études universitaires s’inscrivent dans l’emploi des jeunes au près-emploi percevant un salaire au-dessous du SMIG. Il fallait à tout prix orienter les populations vers les intérêts dictés par les gouvernants, il n’était pas question pour le peuple prenne les initiatives pour s’émanciper ni pour s’auto déterminer. Ce qui par conséquent

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21 exclut le peuple qui se désintéressait de toute sorte de citoyenneté et la rupture entre l’état et le peuple s’accentua et sauve qui peut…

Des associations pour la construction des mosquées ont été créées à travers le territoire. Des minarets poussaient un peu partout semblables à des fusées qui ne décolleront jamais. On avait délégué aux imams qui prêchaient « la djoumouâ » des cotisations, ainsi la prière du vendredi devint payante. On avait autorisé l’installation des agences de voyage pour la Mecque pour des raisons commerciales en promouvant le commerce au profit du trafic aérien et des produits Saoudiens. Le discours religieux du vendredi ne devait en aucun cas discréditer l’état.

Désormais, le président est qualifié de son altesse :

« fakhamatoho » .Toutes ces prérogatives convergeaient vers la dictature où le président est nommé à vie et non élu.

Le commerce des hydrocarbures permettait des rentes phénoménales au système de Bouteflika 140 dollars le baril. Ce qui attira tous les opportunistes vers le gain facile, la corruption, la prohibition et le nombre de nouveaux milliardaires avait augmenté d’une manière vertigineuse. A cette époque-là, on encourageait le commerce informel au détriment de l’officiel et légal. Le pays devint un marché inconstitutionnel où tout le monde agissait à sa guise en portant préjudice aux honnêtes gens, ceux qui payaient les impôts et disposaient des registres de commerce étaient contrôlés et sanctionné en conséquence. Alors que ceux qui exerçaient dans l’informel était exonérés de toute redevance des contribuables.

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22 Au fur et mesure que des

mandats de la présidence se succédaient, l’ampleur du fossé peuple et état s’élargissait.

L’ingérence occidentale s’installait au fur et à mesure que le pouvoir consolidait ses

institutions de gouvernance par un pouvoir militariste d’oppression. Comme dans le passé lointain, il fallait diviser pour régner. On avait créé des associations religieuses, celles des anciens moudjahidines, des fils de moudjahidines en leur accordant des privilèges par décrets constitutionnels. Dans la fonction publique, le fils de chahid avait le droit à la promotion d’accès à la nomination au poste de directeur ainsi qu’à la retraite. Hé oui, la légitimité révolutionnaire devait l’emporter sur celle du savoir faire, celle de la compétence et du pouvoir économique basé sur des critères scientifiques cartésiens. Celui qui savait cirer les bottes et plaider la cause de la soi-disant révolution était mieux traité et considéré. Il était impératif d’accéder au deuxième mandat avec ce même président. Le conseil institutionnel s’était réuni pour décréter et voter une loi qui assurera l’accès au deuxième mandat du président élu et ce fut ainsi. Le taux de participation aux urnes diminua et au flagrant délit en dépit des compagnes menées par la presse locale et internationale de l’époque.

La seule et unique institution qu’on ne pouvait ni dompter et ni maitriser était celle de l’éducation et de l’enseignement.

La nouvelle approche qui préconise l’enseignement par le

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23 projet contre celle de l’ancien programme, basée autrefois sur le quinquennal, commençait à développer des compétences.

Désormais tout le monde pouvait voir et savoir ce qui se passe dans le monde grâce à la fonction numérique et les installations des antennes paraboliques par des citoyens. Ce qui avait révolutionné le monde occidental ne pouvait exclure les pays sou -développés. Quand on récolte du blé, on ne peut éviter les mauvaises herbes qui poussent avec. Cela était évident que l’internet permettait aux citoyens usagés à se connecter à temps réel dans différents réseaux sociaux et le printemps maghrébin apparut. Les tunisiens s’était révoltés pour chasser le tyran et ont pu installer de nouvelles institutions démocratiques, ce qui avait gangréné l’Egypte et la Lybie, hélas cette dernière avait été victime d’une guerre civile.

L’approche de l’enseignement par des projets obligeait les apprenants l’usage de l’informatique et les téléchargements des documents du net. Pendant que le pouvoir de Bouteflika continuait à gouverner avec des institutions vidées de leur contenu constitutionnel, la jeunesse évoluait implicitement dans l’informatique et dans les réseaux sociaux. Le professeur de l’enseignement n’avait pas le droit aux erreurs car la vraie référence figurait dans le mobile de ses apprenants connectés.

Désespérés de ne pouvoir mener vie identique à celles de cette jeunesse occidentale libre, les jeunes algériens n’avaient pas d’autres issues que la traversée de la Méditerranée au moyen de petites embarcations équipées de petits moteurs appelées

« Botti ». Les enfants issus de familles riches, en revanche, pouvait s’offrir les voyages et des études à l’étranger

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24 légalement ou par la

corruption. La majorité de la jeunesse moisissait dans le chaumage et dans le commerce informel pendant que la minorité des privilégiés jouissait du pouvoir, de la richesse et du bien- être. Ces crises de

logement et de l’emploi avaient généré un véritable compter- sur soi, une perspective d’une auto-détermination inégalée.

Alors que le pouvoir exerçait de l’oppression dans le cadre du travail et du logement pour empêcher l’évolution et le progrès à tous les niveaux, relativement, le peuple pour subsister et s’affirmer naturellement avait acquis un savoir vivre conformément à son mode de vie. : « Prenez ce que vous voulez, pillez, trichez, fraudez, les richesses naturelles vous appartiennent, faites –en comme bon vous semble et laissez nous la liberté de vivre notre vie ».On avait interdit la manifestation à Alger la capitale. Certains cadres administratifs se sont convertis en hommes d’affaires. D’autres ont pu transférer des richesses à l’étranger en profitant d’une bonne retraite. Les fonctionnaires intègres et nationalistes au sens propre du mot continuaient à servir une minorité livrée à elle- même pour maintenir l’équilibre socioculturel. Les intellectuels ont été expatriés, d’autres ont réussi à œuvrer au

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25 service de la bonne cause, celle d’étayer la colère, le mécontentement au niveau des démunis, des frustrés, victimes des abus de pouvoir et du mépris que leur faisaient subir certains magistraux d’une justice malmenée. La corruption s’était propagée à un niveau tel qu’elle devint une culture, un mode de vie que l’on acceptait naturellement. Le concept

« ghachina » la famille faisait partie du vocabulaire populaire le plus courant. Bientôt, on organisa un troisième mandat au profit du même candidat soutenu par ses proches du pouvoir du conseil constitutionnel, des soi-disant partis de l’opposition, des représentants des soi-disant syndicalistes et des religieux des Zaouïa tribales. Le peuple toujours démissionnaire de toute activité de citoyenneté politique et sociale se contentait de voir sans dénoncer les scrutins de voix électorales dont le taux de participation chutait de mandat en mandat. Trois ans se sont écroulés et les prix des hydrocarbures ont considérablement chuté. Le président avait programmé son dernier discours :

« tab jnani ». Sous doute, il venait de découvrir qu’il ne pouvait plus continuer à présider, tout le monde l’ignorait, excepté les proches, ses frères. Des mois se sont succédés et le voilà sur une chaise roulante. Bien entendu, il fut victime d’un AVC qui le paralysa et ne pouvait pas articuler convenablement en dépit de l’intervention des orthophonistes. Son état de santé se dégradait de jour en jour. Des vidéos ont été confectionnées pour l’exhiber dans des occasions de fêtes nationales. Il avait voté accompagné de son frère et ses neveux pour le troisième mandat. Les téléspectateurs ont bel et bien remarqué qu’au quatrième mandat ces mêmes enfants n’avaient guère grandit

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26 en le représentant entrain de jeter l’enveloppe des urnes dans la boite. La crise économique s’accentuait et Ouyahya, le premier ministre prononça un discours où il avait déclaré que les caisses étaient presque vides et qu’il fallait appliquer une gouvernance d’épargne. Ce qui avait provoqué des répliques sur les réseaux sociaux et la presse libre. Des milliards de dollars ont été investis sur l’autoroute Est-Ouest, certains passages se sont effondrés. On avait construit des milliers d’habitations dans le cadre du social et du LSP mais en vain, les quotas ne couvraient la demande. Des centaines de jeunes risquaient leur vie dans la Méditerranée à la recherche d’une problématique vie meilleure.

Des associations se sont investies pour étudier le phénomène.

Tout le monde pense que cela est du au manque des infrastructures pour créer de l’emploi et améliorer le niveau de vie. Sans projet civilisationnel, l’avenir de nos enfants sera voué à l’échec affirment les intellectuels et les politiques. Le système persiste cette fois-ci pour aller vers un cinquième mandat avec le candidat extrêmement malade. On fait venir quelques chefs d’états Européens pour qu’ils témoignent sur l’aptitude et la santé du président. Quelques humoristes faisaient du spectacle pour faire rire leurs téléspectateurs en incarnant le zambien sur le fauteuil roulant. On fit venir des citoyens de toutes les wilayas gratuitement à la coupole d’Alger en leur promettant un spectacle avec repas « kachir ». De là naquit le concept « Kachiriste » sur les réseaux. Les chaines de télévision n’ont pas eu froid aux yeux en exhibant un spectacle où le cadre du président est vénéré par des hommes politiques du système. On est arrivé à offrir un cadre à un cadre pour

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27 poursuivre un cinquième mandat… Cette flagrante aberration avait fait le tour du monde et les algériens se sentaient déprimés, humiliés, dépourvus de toute forme de dignité, eux qui avaient mené des combats de bravoure depuis la nuit des temps. Hélas ça ne peut plus duré…

Le Harak…

Ce qui signifie le mouvement. Décembre 2018, on publia dans les journaux la liste des candidats pour la présidence des individus sans aucune référence et méconnus du peuple. Ce qui les caractérise est qu’ils ont en commun des

très mauvaises dentitions. Ces prétendus politiques n’ont

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28 aucune cohérence dans le discours et ne maitrisent aucune langue académique. Ceci pour imposer le handicapé sur le fauteuil roulant que l’on a déjà connu en bonne et parfaite santé dans le passé lointain. Quelle honte ! Remarquèrent les algériens. N’y a-t-il pas des hommes, des vrais politiciens ? Que ça pour nous représenter ? Le 16 février les gens de Kharata ont manifesté en déchiquetant le portrait de Bouteflika.

La presse algérienne les a ignorés par un non évènement. El Magharibia, une chaine libre qui diffuse depuis l’Angleterre, n’avait pas tardé à divulguer l’évènement. Des téléspectateurs des quatre coins du monde se sont empressés pour discuter en élucidant l’évènement au profit des manifestants de Kharata.

Certains les ont bien glorifiés en héros.

Vendredi 22 février, jour historique que personne n’attendait. Depuis le départ des colonisateurs en soixante deux, aucun évènement n’avait connu une aussi grande manifestation.

Comme un monstre légendaire, un volcan dormant, une créature mythique, le peuple s’est réveillée et a hanté les 48 wilayas pour clamer : « non au cinquième mandat, ya Bouteflika ». Le lendemain matin tout les journaux et de nombreuses chaines TV ont annoncé l’évènement. Ce qui stupéfia les esprits est que cette jeunesse algérienne n’a manifesté aucune violence. Que des couleurs, du rouge, du blanc et du jaune mêlés aux exhortations des manifestants. Un spectacle inouï avait dessiné des fresques qui inspirent l’artiste dessinateur. Des femmes, des hommes et des enfants de tout âge chantaient des hymnes sous des banderoles affichant

« NON au Cinquième mandat ». Enfin, les algérois avaient

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29 brisé le mur de l’épouvantail qui interdisait le rassemblement à la place Auden et celle de la grande poste. Les agents d’intervention spéciale ne pouvaient arrêter les marches qui convergeaient de partout sur ce centre-ville historique. Oui, on devait le nommé « Place de la liberté » car c’est de là qu’en 62, les algérois avaient fêté l’évènement de l’indépendance. Ce qui intrigua les spécialistes des mouvements protestateurs est que tout le monde revendiquait la même chose « non au cinquième mandat » et partout dans les 48 wilayas et tout les algériens étaient unis en dépit du régionalisme, des différentes idéologies

« islamistes, laïques, athées, socialistes, capitalistes, républicains et autres ». Malheureusement, la presse locale était absente ou elle ne pouvait diffuser l’évènement faute de conditions législatives imposées par les propriétaires des chaines TV. Certains intervenants ont été interviewés : « Nous n’acceptons jamais que Bouteflika nous gouverne. Il est âgé et très malade, nous lui souhaitons le rétablissement. Il a servi la nation depuis 20 ans, ça suffit, il faut qu’il parte ! Toute cette jeunesse est mûre et consciente, elle veut choisir son président sans l’intervention de personne et vive l’Algérie ! ». Les intervenants partageaient le départ de l’homme du fauteuil roulant pacifiquement. En outre, on clamait « silmia, silmia, silmia » ; ce qui signifie pacifique en trois redondances pour en rassurant les agents de l’ordre et pour se sécuriser en filmant des vidéos sur mobile et éventuellement pour la presse. Ce slogan du pacifisme m’avait si enchanté que j’ai dû écrire une toute petite prosodie :

Silmia!

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30 - Silmia, Silmia, Silmia...

- Que la jeunesse prenne le flambeau de la liberté

- . Ah, comme il serait heureux Ait Ahmed - d'admirer ces jolies fresques qui expriment

la liberté tant attendue.

- Silmia, Silmia, Silmia

- , Elle se pâme partout en contant l'histoire d'un peuple opprimé.

- Sans couleurs, ni conviction et ni de racines, - Elle nous implore en nous disant de fredonner

des hymnes enchantées.

- Silmia, Silmia, Silmia,

- Elle se refuse de se soumettre à la volonté tyrannique qui ne témoigne que mépris.

- Silmia, Silmia, Silmia,

- Enfants, femmes et hommes se révoltent et dénoncent ces scènes d'élections fraudées.

- Qu'importe que l'on soit du peuple ou des forces de l'ordre

- , Elle nous tend la main de la paix ,de la prospérité...

- Silmia, Silmia, Silmia,

- L’histoire s'en souviendra, elle triomphera aussi longtemps que l'herbe poussera, que la colombe planera, que les ruisseaux sillonneront

nos montagnes, nos prairies et nos plaines...

- Silmia, Silmia, Silmia..

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31 Ce qui est très agréable est que le ton du manifestant en prononçant ce slogan magnifique, ce fut comme un supplice comme pour protéger quelque chose de précieux, la patrie en danger. Hé, oui, on s’est investi pour cette noble cause, on s’aventure contre ces forces de l’ordre au péril de sa propre vie.

Une majorité les intervenants souhaitaient que Dieu guérisse le président excepté quelques -uns qui trouvaient que c’est un honte de vouloir l’imposer vu son état de santé et que son élection est anticonstitutionnelle. Certains confirment que le président ne peut prendre aucune décision, il est out, ceux qui écrivent des lettres en les lui attribuant nous prennent pour des dupes. Arrêtez d’insulter notre intelligence. Le pauvre, il souffre le martyre depuis plus de sept ans. Sa place est à l’hôpital pas à la El Mouradia. Souhaitons-lui un prompt rétablissement !

Le lendemain, le bruit circulait que le président a été évacué à Genève où devait subir un contrôle médical ordinaire et qu’il allait rentrer à la présidence dans peu de temps. Des journalistes avaient filmé le véhicule qu’il devait le transporter et l’avion à l’aéroport de Genève. Selon des sources très fiables, il résidait dans un hôpital genevois, au septième étage et que tout un pavillon lui a été réservé. Un de ses frères veillait sur sa sécurité et que personne n’avait le droit de visite. Pendant ce temps-là d’autres journalistes confirment que le président n’est plus de ce monde au conditionnel en filmant le cimetière d’Ain Naja assiégés par les forces de l’ordre. Plusieurs scénarios ont

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32 été exposés, mais la vérité demeure ambigüe faute de preuves tangibles. On se demandait où était le président. Personne n’en savait rien. Qu’il nous le montre, demandaient les manifestants.

Trois jours plus tard, El Nahar, une chaine algérienne annonce que le président est rentré indemne et qu’il avait écrit une lettre où il présentait des excuses au peuple. Il ajouta qu’il renonce au cinquième mandat et qu’il préconise un prolongement pour préparer des élections dans quelques mois…

Les algériens trouvent que cette lettre est une arnaque et pour croire qu’il est capable d’écrire de lettres qu’on nous le présente et qu’il dise un seul mot. Ce jour- là, j’étais si ému que j’ai écris un poème me demandant où est passé le président…

Où est passé le président ? S’accrochant à son fauteuil roulant, Il ne dit pas un mot depuis longtemps.

On le réclame tout en hurlant.

Il nous écrit des mots insignifiants.

Où est passé le président ? Il désigne son humble gouvernement…

Et un drôle frère le remplaçant…

On le vénère tout en priant Pour un mandat trop abusant.

Où est passé ce président ? De son portrait nous souriant,

On lui offre tant de présents, Nous prenant pour des ignorants.

Qu’ils aillent au diable ces figurants !

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33 Où est passé le président

Qui ne réplique pas aux slogans ? Le sourd -muet le rappelant, En mimant des mots au flagrant

Du droit banni et décevant.

Où est passé le président ? L'histoire raconte en dénonçant

Son passé hideux et violent, Sans scrupule, il ne sème que du vent

Quand on lui dit « c’est suffisant… » Norine.

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34 Le premier mars, deuxième vendredi.

Ce jour-là, avait sa particularité ; insister pour que la président parte. Des

millions de

manifestants chantaient les fameux slogans :

« pas de cinquième

mandat, ya

Bouteflika Ö, Ö, Ö… ».En ajoutant : « une république, pas un royaume… ».Et encore : « blad, bladna wen dirou rayna ô, ô, ô… ». Ces slogans avaient émerveillé les algériens. Les enfants des villes des villages et mêmes ceux des compagnes chantaient les slogans en portant les couleurs de la nation. Cette fois-ci, les décideurs avaient déployé plus de renfort de sécurité contre les manifs. Ce mouvement, en revanche, comptait plus de vingt millions, hommes, femmes, enfants avaient inondé les grands boulevards de la capitale, tel un grand

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35 fleuve en mouvement vu d’en haut. Nombreux étaient ceux qui en voulaient au président d’avoir plongé la république dans une impasse difficile. L’article 102 préconise que dans le cas où le président démissionne, il appartient au conseil constitutionnel de se réunir obligatoirement pour organiser des élections présidentielles pour une durée de trois mois.

Les citoyens, eux, savaient que ce processus dure et ne répond à leurs prérogatives. Il fallait coute que coute qu’ils imposent leur revendications, un aller simple pour le président. Pour cela, il fallait revendiquer les articles 7 et 8 ; lesquels articles octroient le pouvoir au peuple. On dirait que ces jeunes présupposés marginalisés avaient étudié parfaitement le droit constitutionnel et qu’il serait difficile de les duper. Cette constitution que l’on a bafouée, piétinée va servir au Harak comme une arme pour maintenir l’armée dans sa position, celle de subir en évitant la violence. Toujours, pacifiquement, on demandait au système d’annuler le 102 qu’ils estimaient qui n’avait plus cours et qu’il est révolu pour le 7 et le 8. Enfin, rien n’est plus dur que lorsqu’on se fait attaquer par ses propres armes. Des débats eurent lieu à la chaine d’El Magharibia, on invita des spécialistes en sciences politiques en vue d’informer les téléspectateurs et de soutenir le mouvement révolutionnaire. Ils ont estimé que la Harak est un phénomène invincible qu’aucune force ne pouvait contrer.

En effet, il rassemble toutes les souches de jeunes compétences, des docteurs, des politiciens, des magistrats, des professeurs, des romanciers, des étudiants et des journalistes et des artistes de tout genre. En somme, tous les ingrédients convergent vers le bon sens, le système n’y pouvait rien contre, du moment que ce mouvement mûre, conscient et déterminé n’a pas de têtes. Il n’est, par

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36 conséquent, n’est représenté par personne pour qu’on puisse dialoguer ou négocier ni le trahir. Ceux qui avaient vécu aux mouvements des années 80 et 90 avaient appris la leçon et ces soi-disant partis d’opposition ne servaient à rien et qu’il fallait les éviter en les empêchant surfer les vagues du mouvement.

Vendredi 8 mars.

Ce qui coïncide avec la fête de la femme. Des discours ont été prononcés à la télé. Le président qui ne parle pas à son peuple avait adressé une deuxième lettre aux femmes pour les féliciter. Cette aberration avait

provoqué la

conception de nouveaux slogans. Il était convenu d’inviter

les femmes pour fêter cet évènement dans des salles étatiques conçues pour des célébrations. Cependant, les femmes se sont réunies pour consolider le mouvement.

Des milliers de femmes couvraient des boulevards de la capitale par des banderoles sur lesquelles figuraient des slogans revendiquant leur droit constitutionnel.

Particulièrement, les mères et les femmes des disparus

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avaient exposé des photos de leurs victimes

respectivement. Tout le monde sait que tous les hauts

responsables se soignent à l’étranger en accusant les

pauvres qui revendiquent le minimum de leur droit pour

des alliés des mains étrangères sans les désigner. Ceux qui

ont assassiné les deux cent cinquante milles algériens

durant la décennie noire ne sont-ils pas des mains

étrangères ? Ceux qui ont interrompu le processus

démocratique des années 90 ne sont-ils pas des mains

étrangères ? Ceux qui ont assassiné, incarcérés, torturé des

milliers de citoyens ne sont-ils pas des mains étrangères ?

Ceux qui ont invité des milliers des gens à la coupole pour

fêter et élire un pauvre handicapé pour une tâche aussi

lourde que la présidence ne sont-ils pas des mains

étrangères ? Celui qui, sans avenir, sans emploi fixe, sans

domicile et qui n’arrive même pas à se faire soigner dans

son propre pays ni fonder une famille recourt aux mains

étrangères. Comme c’est abominable, mesquin, je dirais,

que ces opportunistes politiques recourt aux mains

étrangères pour justifier leur incompétence. Si le peuple

disposait du pouvoir pour solliciter les mains étrangères

de le délivrer des mains mafieux, il l’aurait fait. Le génie

du Harak avait offert des roses aux femmes, ce jour-là. Ce

ne sont que roses qui symbolisent l’amour, la paix qu’on

ne peut échanger contre du casher « kachir »…

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38 Vendredi 15 mars…

Le premier ministre et son gouvernement ne faisaient plus de discours comme avant le 22 février car ils avaient reçu des répliques par des slogans très significatifs et convaincants. Ils avaient perdu la crédibilité et ne pouvaient d’effectuer des visites de travail pour inaugurer ou contrôler quoi que ce soit.

Seul le chef d’état major répliquait sans s’impliquer. Tantôt, il est pour le Harak et tantôt contre. Les journalistes le présentaient comme un individu qui ne perçoit pas ce qu’il lisait au public en évoquant des propos contradictoires.

Fakhamatoho, comme on le surnomme, continue à adresser des lettres. On fit venir l’ex diplomate El Ibrahimi pour confirmer l’état de santé de l’homme du fauteuil roulant. Ce dernier eut le culot et l’audace de confirmer que le président l’avait bel et bien reçu et qu’ils ont échangé des pour parlers pendant des heures. Comment cela pouvait-il être admis dans les esprits cartésiens ? Un président qui n’a pas dit un mot depuis plus de six ans, parlerait sans qu’il ne soit filmé entrain de prononcer des mots. Comme c’est ahurissant, osé, je dirais, un diplomate de ce calibre pouvait mentir et sans scrupule ! Que la vie est belle ! Cela nous amuse et nous fait pleurer que les valeurs n’existent nulle part ailleurs sauf chez-nous…

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Vendredi 15 mars.

Comme d’habitude, l’appel au rendez-vous pour vendredir « un néologisme populaire que l’on peut conjuguer dans le dialecte et au deuxième groupe » se partageait dans les réseaux sociaux. La veille, Gaid Salah avait anticipé son discours comme pour justifier sa position pacifique. On avait bouclé des passages des entrées principales d’Alger pour diminuer les nombre des manifs. Je ne sais comment les véhicules des manifs arrivaient à franchir les barrages malgré tout. Que du spectacle ! Des pièces théâtrales ont été jouées sur la place Auden en plein air. Des artistes peintres venaient faire le portrait du décor qui illustre le mouvement. Des manifestants se coiffaient de casquettes et chapeaux couleur de drapeaux de toute sorte. Certains couturiers les confectionnaient en faisant du commerce avec. Des associations humanitaires offraient des repas gratuits aux étrangers qui venaient d’autres wilayas. Des camions chargés de fardeaux d’eau potable venaient pour abreuver les manifs. Des journalistes étrangers faisaient des reportages en interviewant les manifestants. Quelques jeunes profs expliquaient magistralement les concepts politiques et les principes fondamentaux sur lesquels sont déterminés l’état de droit, la démocratie, l’économie, le libre échange, la tolérance,

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40 le pacifisme et convivialité. Le soir avant de libérer les chaussées, certains bénévoles nettoyaient les ordures en se servant des sacs en plastic.

Les vendredis se succédaient, toujours pacifiquement, on chantait des hymnes révolutionnaires sous des banderoles affichant des slogans. Quelques artistes avaient composé des chansons que des chanteurs présentaient en vidéo sur différentes chaines et dans des réseaux sociaux. A vrai dire, ce que l’on nomme Harak est une révolution au sens propre du mot. Ceux qui autrefois insubordonnés, irresponsables et laxistes devinrent unis, solidaires et conscients pour la réalisation d’une nouvelle république où l’égalité, la fraternité et la paix triompheront sur tout. La faim justifie les moyens et tout est relatif. L’oppression, le mépris et l’injustice engendrent des révolutions comme partout ailleurs dans l’histoire de l’humanité. Des responsables ont été limogés, certains ont été coffrés dans des prisons et d’autres mis sous surveillance en attendant leur verdict. Bouteflika avait déposé sa démission. Le premier ministre Ouyahia fut remplacé par Bédoui ex ministre de l’intérieur. Ce dernier un vrai exécutant, il n’hésite pas à écrouer n’importe qui, innocent soit-il, pour une durée indéterminée. Pendant le mois sacré Ramadan, les révolutionnaires occupaient le centre ville et avaient réussi à écarter Bouteflika en annulant les élections qui devaient avoir lieu le 4 juillet…

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41 Menouar Laksi.

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