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avaient exposé des photos de leurs victimes

respectivement. Tout le monde sait que tous les hauts

responsables se soignent à l’étranger en accusant les

pauvres qui revendiquent le minimum de leur droit pour

des alliés des mains étrangères sans les désigner. Ceux qui

ont assassiné les deux cent cinquante milles algériens

durant la décennie noire ne sont-ils pas des mains

étrangères ? Ceux qui ont interrompu le processus

démocratique des années 90 ne sont-ils pas des mains

étrangères ? Ceux qui ont assassiné, incarcérés, torturé des

milliers de citoyens ne sont-ils pas des mains étrangères ?

Ceux qui ont invité des milliers des gens à la coupole pour

fêter et élire un pauvre handicapé pour une tâche aussi

lourde que la présidence ne sont-ils pas des mains

étrangères ? Celui qui, sans avenir, sans emploi fixe, sans

domicile et qui n’arrive même pas à se faire soigner dans

son propre pays ni fonder une famille recourt aux mains

étrangères. Comme c’est abominable, mesquin, je dirais,

que ces opportunistes politiques recourt aux mains

étrangères pour justifier leur incompétence. Si le peuple

disposait du pouvoir pour solliciter les mains étrangères

de le délivrer des mains mafieux, il l’aurait fait. Le génie

du Harak avait offert des roses aux femmes, ce jour-là. Ce

ne sont que roses qui symbolisent l’amour, la paix qu’on

ne peut échanger contre du casher « kachir »…

38 Vendredi 15 mars…

Le premier ministre et son gouvernement ne faisaient plus de discours comme avant le 22 février car ils avaient reçu des répliques par des slogans très significatifs et convaincants. Ils avaient perdu la crédibilité et ne pouvaient d’effectuer des visites de travail pour inaugurer ou contrôler quoi que ce soit.

Seul le chef d’état major répliquait sans s’impliquer. Tantôt, il est pour le Harak et tantôt contre. Les journalistes le présentaient comme un individu qui ne perçoit pas ce qu’il lisait au public en évoquant des propos contradictoires.

Fakhamatoho, comme on le surnomme, continue à adresser des lettres. On fit venir l’ex diplomate El Ibrahimi pour confirmer l’état de santé de l’homme du fauteuil roulant. Ce dernier eut le culot et l’audace de confirmer que le président l’avait bel et bien reçu et qu’ils ont échangé des pour parlers pendant des heures. Comment cela pouvait-il être admis dans les esprits cartésiens ? Un président qui n’a pas dit un mot depuis plus de six ans, parlerait sans qu’il ne soit filmé entrain de prononcer des mots. Comme c’est ahurissant, osé, je dirais, un diplomate de ce calibre pouvait mentir et sans scrupule ! Que la vie est belle ! Cela nous amuse et nous fait pleurer que les valeurs n’existent nulle part ailleurs sauf chez-nous…

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Vendredi 15 mars.

Comme d’habitude, l’appel au rendez-vous pour vendredir « un néologisme populaire que l’on peut conjuguer dans le dialecte et au deuxième groupe » se partageait dans les réseaux sociaux. La veille, Gaid Salah avait anticipé son discours comme pour justifier sa position pacifique. On avait bouclé des passages des entrées principales d’Alger pour diminuer les nombre des manifs. Je ne sais comment les véhicules des manifs arrivaient à franchir les barrages malgré tout. Que du spectacle ! Des pièces théâtrales ont été jouées sur la place Auden en plein air. Des artistes peintres venaient faire le portrait du décor qui illustre le mouvement. Des manifestants se coiffaient de casquettes et chapeaux couleur de drapeaux de toute sorte. Certains couturiers les confectionnaient en faisant du commerce avec. Des associations humanitaires offraient des repas gratuits aux étrangers qui venaient d’autres wilayas. Des camions chargés de fardeaux d’eau potable venaient pour abreuver les manifs. Des journalistes étrangers faisaient des reportages en interviewant les manifestants. Quelques jeunes profs expliquaient magistralement les concepts politiques et les principes fondamentaux sur lesquels sont déterminés l’état de droit, la démocratie, l’économie, le libre échange, la tolérance,

40 le pacifisme et convivialité. Le soir avant de libérer les chaussées, certains bénévoles nettoyaient les ordures en se servant des sacs en plastic.

Les vendredis se succédaient, toujours pacifiquement, on chantait des hymnes révolutionnaires sous des banderoles affichant des slogans. Quelques artistes avaient composé des chansons que des chanteurs présentaient en vidéo sur différentes chaines et dans des réseaux sociaux. A vrai dire, ce que l’on nomme Harak est une révolution au sens propre du mot. Ceux qui autrefois insubordonnés, irresponsables et laxistes devinrent unis, solidaires et conscients pour la réalisation d’une nouvelle république où l’égalité, la fraternité et la paix triompheront sur tout. La faim justifie les moyens et tout est relatif. L’oppression, le mépris et l’injustice engendrent des révolutions comme partout ailleurs dans l’histoire de l’humanité. Des responsables ont été limogés, certains ont été coffrés dans des prisons et d’autres mis sous surveillance en attendant leur verdict. Bouteflika avait déposé sa démission. Le premier ministre Ouyahia fut remplacé par Bédoui ex ministre de l’intérieur. Ce dernier un vrai exécutant, il n’hésite pas à écrouer n’importe qui, innocent soit-il, pour une durée indéterminée. Pendant le mois sacré Ramadan, les révolutionnaires occupaient le centre ville et avaient réussi à écarter Bouteflika en annulant les élections qui devaient avoir lieu le 4 juillet…

41 Menouar Laksi.

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