LA POLYSPERMIE CHEZ LES ANIMAUX
L.
PIKÓ
Station de
Physiologie
animale, Centre national de Rechercheszootechniques, Jouy-en-Josas
(S. et 0.) (1).PI,AN DU
MÉMOIRE
INTRODUCTION
CHAPITRE I
LA POLYSPERMIE CHEZ
LES INVERTÉBRÉS ET
CHEZ LES POIKILOTHERMES A. -Polyspermie physiologique
a) Bryozoaires
b) Insectes
(Arthropodes)
c) Aranéides
(Arachnides ; Arthropodes)
,d)
Sélaciens(Elasmobranches; Poissons)
e) Urodèles(Amphibiens)
f) Reptiles
Discussion et Conclusions B. -
Polyspermie pathologique
Polyspermie pathologique
accidentelle a) Oursin(Echinides)
b)
Ascarismegalocephala (Nématodes)
c) Esturgeon(Acipenséridés, Chondrostéens) d)
Anoures(Amphibiens)
Polyspermie expérimentale
a)
polyspermie
par actiond’agents chimiques
b) polyspermie
par modificationsphysiologiques
del’ovocyte
i. - Fécondation de l’œuf double ou
polynucléé
2
. - Androgenèse di- et
polyspermique
3. -
Hybridation
4
. - Fécondation de l’œuf immature ou surmature. Surinsémination c)
polyspermie
par « refécondation » de l’oeuf fécondéCauses de la
monospermie
Discussion et Conclusions Références
bibliographiques
CHAPITRE II
I,A POI,YSPERMIE CHEZ LES OISEAUX ET LES MONOTRÈMES a) Oiseaux
i. - Observations
cytologiques
2
. - Observations indirectes sur l’effet des
spermatozoïdes
surnu-méraires
(mosaïque, bipaternité)
l l
) Adresse actuelle : Division of Bio’ogy, California Institute of Techiiolo,,,,y, Pasadena, California,
U.S r1. ’
b)
MonotrèmesDiscussion et Conclusions Références
bibliographiques
CHAPITRE III LA POI,YSP!RMI! CHEZ LES MAMMIFÈRES
a)
Polyspermie
naturelle.r. Rat
2
. Souris . 3
.
Campagnol
4
. Hamster doré 5.
Lapin
6.
Cobaye
7. Furet 8. Chat 9. Truie
io. Vache
11 . Brebis
b)
Mécanisme d’inhibition de lapolyspermie.
« Refécondation )).Spermatozoïdes supplémentaires.
r. Nombre des
spermatozoïdes
sur les lieux de la fécondation.2
. Réaction de la zona
pellucida
3
. Réaction vitelline
q.. La « refécondation d’œufs fécondés 5
. La destinée des
spermatozoïdes supplémentaires
c)
Effets de différents facteurs et des conditionsexpérimentales
sur lafréquence
de lapolyspermie.
i. Fécondation retardée
Rat. - Souris. - Hamster doré. -
Lapin.
- Truie.2
. Choc
thermique. Hypo-
ethyperthermie
3
.
Age
de la feinelle 4. Souche 5. Milieu
6. Doubles
accouplements
successifs7
. Insémination artificielle 8. Irradiation artificielle 9
, Autres traitements
r! Morphologie
etdéveloppement
des œufspolyspermiques.
1
.
Cytologie
de la fécondation et du début de segmentationz. La destinée des
embryons polyspermiques
Discussion et Conclusions Références
bibliographiques
RÉSUMÉ ANGLAISINTRODUCTION
Les observations de O. H!RTWIG
( 1 8 75 )
sur l’oeuf d’Oursin et celles de VAN BENEDEN sur l’oeuf de
Lapine ( 1 8 75 )
et de l’Ascaris( 1 888),
ontjeté
les bases de laconception
actuelle sur la nature de la fécondation : la fécondation normale suppose l’union de deuxgamètes haploïdes,
l’un mâle et l’autre femelle.On
peut
différencier deuxtypes
d’oeufs. Dansl’un,
un seulspermatozoïde pénètre
normalement dans l’œuf. La
polyspermie,
c’est-à-dire lapénétration
dans le cyto-plasme
de l’oeuf de deux ouplusieurs spermatozoïdes,
est anormale et aboutit presquetoujours
à undéveloppement pathologique,
d’où le nom de «polyspermie patholo-
gique ».
Nous trouvons cetype
d’oeuf dans laplupart
des groupes durègne
animal.Dans le deuxième
type d’oeuf,
lapénétration
deplusieurs spermatozoïdes
à l’in-térieur de l’oeuf est un
phénomène régulier ;
mais un seulspermatozoïde
s’unit aunoyau
femelle,
tandis que lesspermatozoïdes
« surnuméraires » sont éliminés du pro-cessus de la fécondation. C’est le cas de la
çc polyspermie physiologique
», décrite pour lapremière
fois par RÜCKERT(i8gi).
Cetype
de fécondation s’observe chez lesInsectes,
les Poissonsélasmobranches,
lesAmphibiens urodèles,
lesReptiles,
lesOiseaux.
Dans le
présent
article nous avons cherché à donner une vue d’ensemble des deuxtypes
depolyspermie
dans lerègne
animal en insistantparticulièrement
sur lacytologie
de la fécondation et sur ledéveloppement.
Nos connaissances sur la fécondation
polyspermique,
et sur sesconséquences
aucours du
développement embryonnaire,
découlent des étudesapprofondies
faites àla fin du siècle dernier et au début du
présent.
Des résultatsrécents,
comme la décou-verte d’un
type
de «polyspermie pathologique
» chez lesMammifères,
et les obser- vationsgénétiques originales
concernant le rôlepossible
des «spermatozoïdes
surnu-méraires » chez les Insectes et chez les
Oiseaux,
nous ont amené àcompléter
et, enpartie,
à reviserl’image précédemment
admise.Nous avons
adopté
leplan
suivant : Dans unpremier chapitre
sont discutéesd’une
façon
sommaire les observations faites chez les Invertébrés et les Vertébréspoïkilothermes,
enséparant
les deuxtypes
distincts de lapolyspermie.
Dans le deu-xième
chapitre,
sontpassées
en revue les données concernant les Oiseaux et les Mono- trèmes.Enfin,
le troisièmechapitre
traite de lapolyspermie
chez le reste des Mammi-fères.
Mentionnons encore ici les ouvrages
antérieurs,
traitant de lapolyspermie
d’unefaçon plus
ou moins détaillée etqui
nous ont fourni les éléments de base : GODI,!WSKY( 1913
)
et WIISON( 192 8)
donnent des revuesgénérales
de lapolyspermie.
Lesproblèmes
de lapolyspermie physiologique
sont discutés par RÜCKERT(i8qq, igio)
etpar FANKHAUSER
(zg 4 8).
BRACHET(rg 3 z),
GRASSÉ( 1941 ),
donnent uneanalyse
appro- fondie de lafécondation,
surtout chez lesInvertébrés,
avecbeaucoup
de détailssur la
polyspermie.
Le livre de ROTHSCHILD( 195 6)
traite desproblèmes
actuels dela fécondation et consacre un
chapitre
à lapolyspermie,
surtout en cequi
concernele mécanisme d’inhibition de la
polyspermie.
Chez lesMammifères,
AuSTirr etB
RADEN
( 1953 b)
donnent une revuecritique
des observations antérieures sur la«
polyspermie
». AUSTIN et BISHOP( 1957 a)
résument les données sur les conditionspréliminaires
de lafécondation,
ycompris
le mécanisme d’inhibition de lapolysper- mie ;
ces mêmes auteurs(A USTIN
etB ISHOP , 1957 b) publient
par ailleurs unerevue
générale
de la fécondation chez lesMammifères,
contenant un excellent résumé de la fécondationpolyspermique.
CHAPITRE I
LA POLYSPERMIE CHEZ LES INVERTÉBRÉS
ET CHEZ LES POIKILOTHERMES
a. -
Polyspermie physiologique a) Bryozoaires
D’après
BONNEVIE( 1907 )
chezMembranifiora Pilosa
L. lapolyspermie
seraitnon seulement constante mais
indispensable
pour ledéveloppement
de l’oeuf fécondé.Un seul
spermatozoïde
se transformerait enpronucleus
mâle et lesspermatozoïdes
surnuméraires
(d’un
nombre trèsélevé) apporteraient
la « chromatinesomatique
»nécessaire au métabolisme de la
cellule,
rétablissant ainsi la relationnucléoplasmique
normale.
b)
Insectes(Avthvo!odes)
Chez les
Insectes,
la fécondationpolyspermique
semble être presque universelle(WIGGLTWORTH, 1947).
H!rrxIrrG
( 1 8 92 )
est lepremier
à avoir observé avecquelque
détail lapolys- permie physiologique
chezplusieurs
groupes d’Insectes :Hémiptères (Pirrhocoris), Coléo!tèves (Agelastica, etc.), Hyménoptères (Lasia), Lépidoptères.
Bienqu’en général plusieurs spermatozoïdes (jusqu’à 7 ) pénètrent
dansl’oeuf,
lamajorité dégénère
d’emblée dans le
plasma périphérique.
Trèsfréquemment (dans
environ 5o p. 100descas)
2 ou 3spermatozoïdes
arriventjusqu’à
l’intérieur du vitellus où ils subissent les mêmeschangements
et sedéveloppent
enpronucléi
mâles. Mais un seulpronucleus
mâle s’unit au
pronucleus femelle,
tandis que lespronucléi
surnumérairesdégé-
nèrent
probablement
sans subir de division(H!rrKIVG, z8ga).
La destinée des
spermatozoïdes
surnuméraires dans l’oeuf duBombyx
du mûriera été le
sujet
d’étudesapprofondies,
surtoutgrâce
aux travaux de BATAILLONet TcHou-su
( 192 8,
1930,1 933 )
etplus
récemment de TcHou-su et CHA&dquo;,&dquo;G-KO(1949, 1951 ).
Les résultats de ces travaux ont été résumés par ELLENGORN et RIABININA
(ig5 3 )
et TCHOU-SUlui-même(Ig53).
Chez
Bombyx mori,
ainsi que chezSphinx colligata (TcHOU-su
etCH!!rG-xo, I95I)!
lapolyspermie
est larègle :
de 2à 5 ou 6spermatozoïdes pénètrent
dans l’oeuf.Leurs têtes se
gonflent
et autour de chacune d’elles s’isole un îlotplasmatique,
assezvolumineux : il en résulte autant de
pronuclei mâles,
toussemblables,
et caractérisés par une relationnucléo-plasmique ( ! )
faible.Un seul noyau
mâle,
leplus
voisin dupronucleus
femelle s’unit à lui : le noyauamphimixique
commence à se diviser assezrégulièrement
d’heure en heure(sans
formation
astérienne).
A leur tour, les noyaux surnuméraires se
préparent
aussi à la division(indépen-
damment de celle du
syncaryon),
mais leur cinèse nedépasse jamais
lamétaphase.
Lesdeux centres se détachent du
fuseau,
entrainant lecytoplasme, puis
s’enéloignent,
s’irradient et
peuvent
se diviserplusieurs
fois. Lesfigures mitotiques figées
et dénudéesdu
plasma,
sont condamnées à ladégénérescence pycnotique,
mais leurs restespeuvent
êtreretrouvés, pendant
24 heures ouplus (TcHou-su, ig53)!
Le
comportement
des noyaux surnuméraires chez leBombyx
estindépendant
dusyncaryon : dans l’oeuf non activé ils subissent essentiellement la même
régression (BATAILLON
etTCHOU-SU, zg33)·
Tcxou-su et CHANG-KO
(194 9 , 1951 ) supposent
que ladésintégration
desîlots
haploïdes
serait due à leur faible relationC p et
seraitprovoquée
par uneinsuffisance
d’oxygène,
tandis que l’îlotembryonnai/re diploïde, à relation ’ P /
en
insuffisance
d’oxygène,
tandis que l’îlotembryonnaire diploïde,
à relation(§§) en
équilibre, peut
sedévelopper normalement ;
mais lasuppression
desoxydations par
une solution faible de
KCN,
provoque chez ce dernier deschangements analogues
àceux des noyaux surnuméraires.
En
effet,
les nuclei surnuméraires semblentpouvoir échapper
à ladégénéres-
cence et commencer à se diviser normalement
si,
parexemple
par la fusion de deux noyaux, ladiploïdie
est rétablie(mérogonie dispermique).
Dans ce cas, unepart
del’embryon
sedéveloppera
àpartir
du noyau de l’oeuf fécondé et l’autrepart
àpartir
du noyau
dispermique
donnant naissance à unemosaïque
ou à ungynandromorphe (T
AN AKA, 1953).
TcHOU-su
( 1953 )
rendcompte également
d’observations intéressantes surl’effet de l’insémination «
hétérospermique
» chezBombyx
avec du sperme mixte de deux ou trois races différentes. La vitalité et la résistance auxtempératures
élevées dela descendance ont
surpassé
celles des croisementssimples.
Les caractèresmorpholo- giques
des larves et des cocons issus de la fécondation «hétérospermique
» ontmontré,
dansquelques
cas, deschangements compliqués
et tout à faitinattendus, qui
nepeuvent
êtreexpliqués, d’après T CHOU - SU ,
que par laparticipation
desspermato-
zoïdes surnuméraires à la détermination de ces caractères.Chez
Drosophila,
dans les castypiques,
decinq
à huitspermatozoïdes pénètrent
dans l’oeuf
(S ONNENBLICK , ig 5 o).
Ce nombrepeut augmenter
considérablementet aller
jusqu’à quelques
centaines. Lesconséquences
de lapolyspermie
excessive ontété examinées en détail par HUETTNER
( 1927 ).
Ledéveloppement
est presquetoujours
anormal. La formation duglobule polaire peut
êtredésorganisée.
Les sper- matozoïdes surnumérairespeuvent
former des fuseaux de forme et depolarité
extrê-mement variables
(avec
ou sans division ducentrosome).
Ilpeut
s’en suivre le déve-loppement
de fuseauxpluripolaires,
avec des mitosesirrégulières. Cependant,
dansquelques
cas, les mitosespluripolaires
serégularisent (par exemple
par élimination decentrosomes)
et, labipolarité rétablie,
il s’en suit une division normale avec le nombrepolyploïde
des chromosomes.(Notons
que la variabilité desfigures mitotiques
et des
changements
d’untype
de mitose à l’autre ont étéégalement
observés par FANKHAUSERet MOORE
( I94I b)
chez les noyauxspermatiques
sedéveloppant
dansles
fragments androgénétiques
de l’oeuf de Triturus!almatus).
Dans
quelques
rares cas, lesspermatozoïdes
surnumérairespeuvent
sedévelopper
indépendamment (par exemple après
laconjugaison
de deux noyaux, à la suite dedimegalie,
ouaprès duplication
des chromosomes d’un seulspermatozoïde)
et, selontoute apparence, sans effet nuisible pour le
développement
de l’oeuf.L’origine
de cer-taines
mosaïques
etgynandromorphes pourrait
être ainsiexpliquée (H U E TTN E R , I g 27 ).
Un
témoignage
de l’interférence desspermatozoïdes
surnuméraires dans le déve-loppement
de l’oeuf vient d’être fourni par l’étude de « femelles stériles » deDrosophila.
Les
femelles, homozygotes
pour cecaractère, produisent
des oeufsincapables
d’undéveloppement
normal(dû
aux anomalies ducytoplasme).
Mais si un tel oeuf estfécondé par un
spermatozoïde, porteur
d’un chromosome Xnormal,
ledéveloppement
devient entièrement
(ou presque) régulier.
Un effetsemblable,
bien que de moindredegré,
seproduit
aussiaprès
fécondation par unspermatozoïde porteur
de chromo-some
Y ;
dans ce cas, l’amélioration dudéveloppement
doit êtredue,
en touteproba- bilité,
auxspermatozoïdes
surnumérairesporteurs
de chromosome X.(C OUNCE , I95
6 > WADDINGTON, 1956,
p.I35).
Chez l’Abeille
(Apis mellifera L.) 3 à 7 spermatozoïdes (jusqu’à 10 ) pénètrent
normalement dans
1’oeuf ;
lesspermatozoïdes
surnuméraires engénéral dégénèrent (N
A C H T SH E IM
, 1913 ). Toutefois, ROT H E NBUHI , F ; R ,
GOWEN et PARK(1 95 2)
ontdémontré que les noyaux surnuméraires
peuvent
sedévelopper
etparticiper
à laformation des tissus
embryonnaires,
donnant naissance à unemosaïque (haploïde-di- ploïde).
Les auteurs sont arrivés à cette conclusion par l’observationgénétique
degynandromorphes, fréquents
chez certaineslignées d’Abeilles,
en utilisant les métho- des suivantes : L,gènes
« marqueurs » chez les animauxappariés
pour laproduction
de
mosaïques ;
2.,testage
de la constitutiongénétique
des tissus(testicules) supposés androgénétiques,
par leurdescendance ;
3., insémination mixte avec du sperme de mâlesgénétiquement
différents.La tendance à la
production
degynandromorphes (par
la coexistence des tissusandrogénétique
etzygogénétique)
est héréditaire etdépend,
selon toute apparence, de l’état ducytoplasme
de l’oeuf(RoTH!NBUHI,!R
etG OW E N ,
1955 ; v. aussi KERR etI, AIDLA W, Ig56).
La
monospermie paraît
habituelle chez laGuêpe parasite
Ha brobraconjuglandis,
où SPEICHER
(1 93 6)
nesignale
que deux oeufsdispermiques
sur 150 oeufs examinés.Toutefois,
des individusgynandromorphes
avec des tissus mâlesd’origine androgé- nétique
ont été décrits(W HI T ING , 1943 ) ;
lafréquence
de cesmosaïques
estsignifi-
cativement
plus
élevée dans une des souches.Il semble donc que le
clivage indépendant
despermatozoïdes
surnuméraires soitune occasion
importante
degynandromorphisme
chez lesInsectes,
comme l’avaitdéjà présumé
T. H. MORGAN(1905).
..c)
Aranéides(Arachnides ; Arthropodes)
D’après
MONTGOM!RY( 190 8),
chezl’Araignée
Theridium l’oeuf estfréquem-
ment
pénétré
par deuxspermatozoïdes, mais jamais
parplus
de trois. Lespronuclei mâles, qui
enrésultent,
ressemblent l’un à l’autre en touspoints.
Un noyau mâle s’unit aupronucleus femelle,
au centre de l’oeuf. Les noyaux surnumérairesrestent,
au
contraire, près
de lapériphérie et,
selon toute apparence,peuvent
se diviser par des mitosesnormales,
avec le nombrehaploïde
de chromosomes. L’auteur n’écarte pas lapossibilité
que ces celluleshaploïdes puissent
ultérieurement entrer dans le blasto-derme,
donnant comme résultat une « variationsomatique marquée
».d)
Sélaciens(Elasmobranches ; Poissons)
C’est chez les Sélaciens que la
polyspermie physiologique
fut décrite commetelle pour la
première
fois par RüCKERTqui
lui consacra des étudesapprofondies (RÜ
CK E R
T, 1 8 91
a etb, 1892, 1899, 1910).
L’oeuf des Elasmobranches est très riche en
deutoplasme (oeuf télolécithe) ;
la
segmentation
est discoïdale. Au cours de lafécondation,
de 10à 50spermatozoïdes pénètrent
normalement dans leblastodisque.
Un seul desspermatozoïdes
s’unit aupronucleus
femelle. lasphère puissante
del’amphycaryon
refoule celles des noyaux surnuméraires vers lapériphérie
dublastodisque.
Cetterépulsion, qui
s’achève àla deuxième division
amphimixique,
est renduepossible
par la formation tardive des sillonsembryonnaires ; ainsi,
les noyaux surnuméraires(haploïdes), qui
se divisentdès le début avec un
synchronisme rigoureux
àchaque segmentation,
nepeuvent
pas provoquer la formation de blastomères. Au bord dublastodisque,
les noyaux surnuméraires(nommés généralement
«mérocytes »)
continuent à semultiplier
dansun
cytoplasme insegmenté
et contribueraient à constituer le« syncytium vitellin »,
ce dernierayant
pour fonction departiciper
à ladigestion
du vitellus.Bien que les
«merocytes
» semblentainsi jouer
un rôle utile dans ledéveloppement embryonnaire,
Rü CKERT(i8gib, z8gg) juge improbable
leurparticipation
éventuelleà la formation du corps de
l’embryon
« pour les raisonsgénérales ».
Rü C
KERT
( 1 8 99 )
décritégalement
l’adhésionfréquente
desspermatozoïdes
à lamembrane vitelline et la
pénétration
directe de ceux-ci dans levitellus ;
ces derniers subissent unedégénérescence précoce.
Contrairement aux
Sélaciens,
les Téléostéens(RÜ CKERT , igio)
etprobablement
aussi les Chondrostéens
(G INZBURG , 1957 )
ont une fécondation normalement mono-spermique.
e)
Urodèles(Amphibiens)
Le caractère
polyspermique
de la fécondation étaitdepuis longtemps
établichez
plusieurs espèces
de Salamandres : A.xolotl(FI CK , 1 8 93 ; J!rrmrrsorr, 1905),
T
yiturus viridescens
(JoRD:!!r, 1 8 93 ),
Triturusalpestris (B RAUS , 1 8 95 ),
Triturus taenia- tus(MicHA!W s, i8g 7 ).
Mais c’est surtoutgrâce
aux travaux de BATAILLON(zg27),
deBATAILLON et TCHOU-SU
(ig29, I 93 o),
de FA!rKHAUS!R(ig25, 1932,1948, I955)
et deFA NKHAUS E
R et MooRE
( 1941
a,b)
que l’évolution desspermatozoïdes
surnumérairesa été
parfaitement
élucidée. Il nous estimpossible
de discuter ici cesexpériences,
bienque fort
intéressantes,
en détail et nous nous bornerons à un bref résumé des événe- mentscytologiques.
Jusqu’à
une dizaine despermatozoïdes (rarement plus) pénètrent
dans l’oeuf.Le nombre des
spermatozoïdes surnuméraires,
ainsi quel’hémisphère préféré
de lapénétration,
varientd’après
lesespèces.
Tous lesspermatozoïdes développent
unspermaster.
Les asters dansl’hémisphère
animal sontplus puissants
et serepoussent
les uns les autres. I,epronucleus
femellepénètre,
au cours de sa descente àpartir
du
pôle animal,
dans lapremière
airespermastérienne
rencontrée. Lacopulation
dupronucleus
femelle avec le noyau mâle devenu «principal » (pendant
la4 e
heureaprès
lafécondation)
marque unpoint critique
dansl’évolution, jusqu’ici normale,
des noyaux surnuméraires. Dès ce moment, ces derniers commencent à montrer
des altérations et, refoulés par la
sphère puissante
de lapremière
mitose normale dans les zoneséquatoriales
etvégétatives
del’oeuf, dégénèrent
définitivement parfrag-
mentation au cours du deuxième
cycle mitotique.
Lesfragments
des noyaux surnu- mérairespeuvent
être retrouvésjusqu’au
stade de blastulaprès
de lapériphérie
del’hémisphère végétatif
oualors,
dans leblastocèle,
renfermés dans unepetite
masse vitelline.Il faut noter
cependant
que la réaction des noyaux surnuméraires est assezvariable,
suivantl’espèce,
etquelquefois
aussi suivant l’oeuf. Lespermaster peut (Triturus !aLmatus
et Triturusvividescens),
ou non(Triturus alpestvis
et Triturus cris-tatus)
se diviser. Les mitosesmarquent toujours
un retardappréciable
sur celle dunoyau amphimixique,
mais les stades atteints varient considérablement : les unesdégé-
nèrent même avant la
prophase,
tandis que d’autres évoluentjusqu’à
latélophase.
FarrxHAUS!x et MOORE
( I L9 4 ia)
ont trouvé un seul oeuf(sur 5 2 )
au stade de deuxblastomères,
contenant une mitosebipolaire
entièrement normale d’un noyau sur-numéraire. Rien n’aurait
indiqué
unesegmentation
anormale de cet oeuf et il aurait pu donner unemosaïque In/2n (F ANKHAUS E R , 1955 ).
Les mitoses surnuméraires normalespeuvent
être observés à l’occasion dans les oeufs excessivementpolysper- miques ;
mais cet état aboutittoujours
à unclivage
anormal(F ANKHAUS E R
etM OOR E,
I94Ia).
Chez le Tritonalpestre, l’accouplement
entre eux de deux ouplusieurs
noyaux mâles a étéégalement
observé(BATAILLON
etTco H u-Su, ig2g).
. Un ce
qui
concerne le mécanismequi
assure le maintien d’un seulsystème
mito-tique,
il y a au moins deux facteurs en cause(I’arrxHAUS!R
etM OOR E, 194 ib) : L,
ladégénérescence automatique
des éléments surnuméraires «mitotiquement
inférieurs
» (en effet,
lesexpériences d’androgenèse
etd’andromérogonie
ont montréune variabilité
remarquable
dans lacapacité mitotique
desspermatozoïdes
indi-viduels pour une division
indépendante)
et 2., l’influence inhibitrice dusystème mitotique diploïde qui bloque
la division des noyaux surnuméraires «plus dange-
reux »
(probablement
par unchangement
ducytoplasme
lesentourant).
f) Reptiles
La structure et la
segmentation
des oeufs deReptiles
ressemblentbeaucoup
àcelles observées chez les Sélaciens.
Aussi,
lapolyspermie physiologique
fut reconnuepeu
après
les découvertes de RÜCKERT( 1 8gi)
parplusieurs
auteurs, notamment par OPPEL
( 1 8 92 )
chezAnguis, Tvo!idonotus
etLacevta ;
par NICOLAS( 1900 , 1904 )
chezAnguis ;
et par BALLOWITZ( 1903 )
chezVipera
berus.Un nombre variable de
spermatozoïdes,
allant engénéral
de 10 à 30,pénètre
dans l’oeuf. Un seul
spermatozoïde copule
avec lepronucleus
femelle. Tous les noyaux surnuméraires forment unspermaster et,
à leurtour,
commencent à sediviser,
mais avec un retard par
rapport
au noyauamphimixique.
Au cours despremiers
stades de la
segmentation,
leur activité se manifeste par laprésence
de sillons acces-soires,
isolés à une certaine distance autour des sillonsprincipaux.
Sur leur sort ulté-rieur,
lesopinions divergent.
OPPEL( 1 8 92 )
pensequ’ils dégénèrent
bientôt et neprennent probablement
aucunepart
directe à la formation del’embryon (il
leurattribue
pourtant
unesignification possible :
« doch dürften dieselben wohl kaum ganzbedeutungslos
sein » p.2 8 4 ). D’après
BAU.owrrz( 1903 )
chezVipera
bevus lesnoyaux surnuméraires contribueraient à former le
syncytium
vitellin etparticipe-
raient
peut-être
à la formation du blastoderme. NICOLAS( IGOO , 1904 ) souligne,
chezl’Orvet
(A itguis fragilis),
la variabilité ducomportement
des noyauxsurnuméraires,
allant d’unedénégérescence plus
ou moinsprécoce jusqu’à
unesegmentation
acces-soire ;
les élémentssuperficiels
de cettesegmentation pourraient
semélanger
aux blas-tomères véritables.
Récemment PASTEFLS
( 195 6)
apublié
une étude desphases
desegmentation
chez trois Lacertiliens
africains,
avec une revuecritique
des travaux de Nicor,es.Il conclut que l’évolution des
spermatozoïdes
surnuméraires chez leslacertiliens
est
identique
à cellequi
a été décrite chez les Urodèles. Les têtesspermatiques
ins-tallent une
première
mitoseanastrale, bloquée,
sans orientation des chromosomes etappelée
à ladégénérescence ;
leur «segmentation
» ainsi que leurparticipation
au
syncytium
vitellinparaissent
exclues.Discussion et conclusions
«La
polyspermie physiologique
suppose(et
c’est cequi légitime
sonnom)
l’uniond’un seul noyau mâle avec le
pronucleus
femelleet,
parsuite,
l’exclusion desspermies surnuméraires,
dont l’intervention créerait unehétérogénéité
fatale à l’ébaucheembryonnaire.
» Cette constatation de BATAILLON et TCHOU-SU( 1930 ,
p.533)
reste,en
général,
valable pour les cas examinés.La cause directe de la
polyspermie
est àchercher,
sansdoute,
dans la lenteur de la réaction propre de l’oeuf encombré d’enclaves vitellinesqui permet
àplusieurs spermatozoïdes
depénétrer
avant que la modification du cortex soitcomplète.
Maisque le
blocage
de lapolyspermie
existe dans cesoeufs,
estprouvé par les
faits suivants :z., le nombre des
spermatozoïdes ayant pénétré
dans l’oeuf est normalementlimité ;
2
., un bon nombre des
spermatozoïdes
reste accroché à la membrane vitelline sanspouvoir
la franchir(par exemple
chez lesSélaciens).
Les mécanismes assurant la souveraineté du
système mitotique amphimixique,
ainsi que l’évolution des
spermatozoïdes surnuméraires,
sont variables. Chez lesBryozoaires,
lesspermatozoïdes
surnumérairesdégénèrent
sans aucun effort de divi- sion. Dans l’oeuf télolécitheméroblastique
des Sélaciens(et
à un moindredegré
danscelui des
Reptiles)
les noyaux surnuméraires sont refoulés du territoire declivage
dans une zone
insegmentée
où ilspeuvent
se diviser sans effet nuisible pourl’embryon.
Dans l’oeuf
oligolécithe holoblastique
desAmphibiens
urodèles iln’y
a pas de « zone neutre ».Ici,
l’élimination des noyaux surnuméraires est due à deux facteurs : i.,dégé-
nérescence
automatique
et 2., influence inhibitrice dusystème mitotique diploïde.
Cependant,
le sort des noyauxspermatiques
variebeaucoup
selonl’espèce
et aussiselon l’individu. Dans l’oeuf des Insectes la
dégénérescence automatique
des noyauxhaploïdes,
parasphyxie (?)
aurait le rôleprincipal.
Si la
polyspermie
estexcessive,
le mécanisme d’inhibitionpeut échouer ;
ledéveloppement
devient anormal et ressemble à bien despoints
de vue à lapolys- permie pathologique
véritable. Aussi en cas depolyspermie modérée,
des noyauxsurnuméraires
peuvent échapper
à ladégénérescence
et débuter une mitose indé-pendante
normale(Insectes, UrodèLes).
La formation de certainesmosaïques peut
êtreexpliquée
de cettefaçon.
La
question se pose :
lapolyspermie physiologique
a-t-elle une utilité ? Le faitqu’elle
s’observe
spécialement
dans les oeufs à réservesdeutoplasmiques abondantes,
asuscité
l’hypothèse, qu’elle
accroît dans ces oeufs volumineux les chances de la fécon- dation(BovnRi, 1 8 91 ,
p.401 ).
Dans l’oeuf desSélaciens,
les noyauxsurnuméraires, participant
à la formation du «syncytium vitellin », pourraient
avoir uneimpor-
tance pour le
développement ;
un rôle semblableparaît
exclu chez lesLacertiliens.
La
question
des noyauxdégénérés
et absorbés ultérieurement parl’embryon
mérite attention.
Que
leurprésence
ne soit pas une nécessité absolue(abstraction
faite
peut-être
desBryozoaires),
est montré par lefait,
que lapénétration
dans lesoeufs normalement
polyspermiques
d’un seul ou de peu despermatozoïdes
est suivipar un
développement
normale(W ITSCHI , r g 5 6,
p.5 6). D’autre part,
les substancesspéci- fiques
contenues dans les noyaux surnumérairespourraient
avoir un effet utile pour ledéveloppement
del’embryon.
Enfait,
des preuvesindirectes, témoignant
d’uneintervention des
spermatozoïdes
surnuméraires dans ledéveloppement
de1’oeuf,
ont été fournies récemment chez le Ver à Soie et chez la
Drosophile.
Leschange-
ments observés sont d’ordre
morphologique
etphysiologique (augmentation
de lavitalité) .
A la base de ses
observations,
faites sur la « stérilité femelle » deDrosophile,
C OUNC
E
( 195 6, III)
arrive à des conclusions fort intéressantes concernant le rôlepossible
desspermatozoïdes
surnuméraires dansl’embryogenèse :
i. Une interac- tion entregènes
etcytoplasme
seraitpossible
au moment de l’entrée desspermato-
zoïdes dans l’oeuf et avant la fusion despronuclei,
comme l’avaient observédéjà
GLASS et PLAINE( 1950 ).
2. Lesspermatozoïdes
surnumérairespourraient
ainsi
jouer
un rôle actif aux stadesprécoces
dudéveloppement
de l’oeuf. 3. Il estprésumable
que non seulement laqualité
mais aussi laquantité
desspermatozoïdes
surnuméraires ont uneimportance («
effet de seuil»).
4. L’effetdes
spermatozoïdes
surnumérairespourrait participer
àl’explication
de certainsphénomènes complexes
de lagénétique
comme lapénétrance
etl’expressi-
vité.
L’action des
spermatozoïdes
surnumérairespourrait
être liée au rôle fonda- mental des acidesnucléiques
dans le métabolisme cellulaire et dans l’hérédité(v.
CnsP!RSSOrr,
1950 ;J. B RACH E T , 1957 )
et relever deplusieurs
mécanismes : 1.Par-ticipation
au métabolisme des cellulesembryonnaires,
surtout en cequi
concernela
synthèse
deprotéines,
2.Libération
dans lecytoplasme
de l’oeuf deproduits géniques spécifiques
formés àpartir
despermatozoïdes
surnuméraires avant leurdégénérescence (v. GLASS, ig5!),
3. Provocation de mutations detype
« transfor-mation bactérienne ».
Ces différents faits
permettent
de remettre enquestion
lasignification possible
de la
polyspermie physiologique. Jusqu’ici,
on avaitgénéralement
considéréqu’elle
est indifférente pour le
développement embryonnaire.
Mais il n’est pasimpossible
que lesspermatozoïdes
surnumérairespuissent jouer
un rôle dans ledéveloppement
et
qu’ils
soient la source d’une sorte d’hétérosis pourl’embryon.
LaDrosophile
pourra fournir un matériel de
premier
ordre pour résoudre ceproblème
d’un intérêtbiologique
considérable.B. -
Polyspermie pathologique
POLYSPERMIE PATHOLOGIQUE ACCIDENTELLE
a)
Oursin(Echinides)
La
polyspermie
futdéjà observée par
O. HERTWIG( I 875,
p.3 8 3 ; i878).
For,(1877)
a décrit la
pénétration
dejusqu’à
15spermatozoïdes
dans des oeufs immatures ouautrement anormaux. Une étude
systématique
de laproduction
artificielle de lapolyspermie
a été faite par O. et R. HERTWIG( I 88 7 ).
Tous ces auteurs ontsouligné
le caractère
pathologique
de la fécondationpolyspermique
et ils ont conclu que la fécondation normale suppose lapénétration
de l’oeuf par un seulspermatozoïde appartenant
à la mêmeespèce.
Les abberrations ducomportement
des nuclei et de lasegmentation (formation
depolyasters)
ont été décrites.DRI!scII
( 1 8 92 )
a étudié ledéveloppement
de8 3
oeufsdispermiques ;
le stadele
plus
avancé obtenu par lui était une blastule anormale(«
stéréoblastule»).
Nos connaissances actuelles sur le mécanisme des processus dans l’oeuf
disper- mique
ont été établies par BOVERI dans une série d’études résumée en Ic!o7. Lesprincipaux points
en sont les suivants :Dans le cas
typique
chacun des deux noyauxspermatiques copulent
avec lepronucleus femelle,
avec la division d’un ou des deuxspermocentres (types
triasterset
tétrasters).
Lapremière
mitose est tri- outétrapolaire
et les chromosomes sont distribués entre lespôles
au hasard. Lespremiers
blastomères( 3
ou4 )
contiendrontun nombre différent de chromosomes et cette
hétérogénéité
nucléaire serareproduite
à
chaque
division successive. I,edéveloppement
restefréquemment bloqué
au stadeblastula.
En
analysant
la cause de la mort de cesembryons,
BOVERI( 1902 , 1907 )
conclutque ce n’est pas le nombre anormal de chromosomes mais l’association fausse des
chromosomes, qualitativement différents,
dans un ouplusieurs
territoires del’embryon qui
provoque l’arrêt dudéveloppement.
Autrementdit,
ce n’est pas laprésence
dedeux noyaux
spermatiques,
mais le nombre élevé despôles
de divisionqui
est trou-blant.
La distribution anormale des chromosomes entre les cellules filles de la
première segmentation peut
être d’undegré
variable. Ainsis’expliquerait
lagrande
varia-bilité
qui
existeparmi
lesembryons dispermiques depuis
la « stéréoblastule» jusqu’au pluteus parfaitement
normal. Ces dernierspourraient,
en touteprobabilité,
terminerleur
métamorphose
avec succès(BovERi,
I9o7 ; BOVERI etSTE V E NS , z 9 oq).
Dans un
type
moinsfréquent
dedispermie,
un des deux noyauxspermatiques
s’unit seulement au
pronucleus
femelle et compose un fuseaubipolaire normal,
tandis que l’autre forme un fuseauindépendant (
«Doppelspindeltypus
»).
Ilpourrait
alors se
développer
un individuhaploïde-diploïde (B OVFRI , zgo 7 ).
b)
Ascarismegalocephala (Nématodes)
D’après
BOVERI et ST!v!NS( 1904 ),
les oeufssupposés dispermiques
de l’Ascaris duCheval,
sedéveloppent
essentiellement de la mêmefaçon
que ceux de l’Oursin.Après
une division d’emblée en 3 ou 4blastomères,
lasegmentation procède
norma-lement
jusqu’au
stade de 40 à4 8
cellules.Après,
ledéveloppement
devientirrégu-
lier et reste
complètement bloqué
au stade blastula.Bov!Rr et STEVENS
concluent,
que l’arrêt dudéveloppement
seraitdû,
à ladifférence de
l’Oursin,
aux troubles del’organisation
ducytoplasme ;
c’est cequi expliquerait
aussi la moindre variabilité et le sorttoujours
fatal. Mais la causepri-
maire serait la même : l’introduction dans l’oeuf de
plusieurs pôles
de division.Récemment,
MAKAROV( 1953 )
a décrit l’incidence de ladispermie
auxpremiers
stades de la fécondation chez Ascaris
megaloce!hala,
dans les oeufs fixés.c) Esturgeon (Aci!enséridés, Chondrostéens)
Au cours de l’incubation industrielle de
l’Esturgeon,
unesegmentation atypique
est couramment observée chez un certain
pourcentage
d’oeufs : l’oeuf se divise d’emblée à 3 blastomères ouplus.
Ledéveloppement
est anormal etd’habitude,
il sebloque complètement
au stadegastrula. L’anomalie s’expliquerait
par une fécondationpolyspermique.
Lapolyspermie provoquée
par du sperme fortementconcentré,
révèle une corrélation étroite entre lepourcentage
des oeufspolyspermiques
d’unepart,
et laproportion
desegmentations
aberrantes d’autrepart (GirrzsuRG,
1953,I957) !
L’étude
cytologique (GiNZ B URG, 1957 )
a dévoilél’image
suivante : lapolys- permie
est dansplus
de la moitié des casdispermique ;
mais il y a aussi des oeufs tri- outétraspermiques.
Tous lesspermatozoïdes
se transforment enpronucléi ;
leur
développement
estsynchrone.
A leur tour, les noyaux mâlescopulent
avec lepronucleus femelle ;
les centrosomes se divisent et forment unpolyaster.
Lapolys- permie
est donc dutype
Oursin.G INZBUR
G
( 1957 )
arrive à la conclusion que la fécondation del’Esturgeon
estnormalement
monospermique
et que lapolyspermie
y esttoujours pathologique (contrairement
à la constatation dePE R SOV, I954)!
d)
Anoures(AmPhibims)
La
polyspermie
des Anouresreprésente
untype spécial
depolyspermie patholo- gique
dont lescaractères, plus particulièrement
chez Ranalusca,
ont été établis defaçon
définitive par les mémoiresclassiques
de A. BRACHET( 1910 )
et H!R!,n!T( 1911 ).
(Pour
résumé et discussion des résultats voir aussi A.B RACH ET,
1912,z 93 i.) .)
La
polyspermie
seproduit quand
on met les oeufs au contact de spermeconcentré,
contenant 2,5 pour mille de chlorure de
sodium, pendant
20 à 30 minutes. Cette méthode donne des oeufspénétrés
par 2 à 100spermatozoïdes.
Nous laisserons de côté lapolyspermie
forte( 15
à 60spermatozoïdes),
entraînant bientôt la mort del’embryon,
et lapolyspermie
très forte(6 0
à ioospermatozoïdes) qui
n’aboutitjamais
à undéveloppement,
et examinerons deplus près
les oeufs contenant moinsde 10
spermatozoïdes.
Peu
après
leurpénétration,
les têtesspermatiques
se transforment en pronu-cléi ;
autour de leurs centrosomes, lecytoplasme
s’irradie : il en résulte autant « d’éner-gides spermatiques
». Ces «énergides
» serepoussent
l’une l’autre(comme
le trahitl’écartement des traînées
pigmentées)
et separtagent
leprotoplasme
del’oeuf,
arrivant à un état