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Engager la contre-offensive face aux forces de l'argent et mettre le cap à gauche.

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Conseil national du 21 novembre 2012.

Rapport présenté par Olivier Dartigolles.

Engager la contre-offensive face aux forces de l'argent et mettre le cap à gauche.

Avant de vous présenter ce rapport, je salue en votre nom le nouveau secrétaire général du mouvement jeunes communistes, Nordine Idir, qui vient d'être élu en lui souhaitant bonne route dans sa nouvelle responsabilité et la mise en œuvre des initiatives décidées par le MJCF.

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L'agression israélienne contre le peuple palestinien à Gaza suscite une profonde colère et beaucoup d'indignation. Les dirigeants israéliens mobilisent leur armée et bombardent de façon intensive une ville et des quartiers populaires, des civils, des enfants qui payent un si lourd tribut. Ce matin, un immeuble abritant des journalistes a été la cible de tirs. L'offensive semblable menée en 2009 par les forces israéliennes, avec les crimes de guerre qui l'ont accompagnée, montre aux dirigeants israéliens que leurs guerres ne sont que des impasses meurtrières.

La crise d'aujourd'hui ne peut se résumer à la question : qui a tiré le premier. On échappe pas à la réalité politique : en Palestine, il y a un Etat qui bafoue le droit – Israël -et un droit à l'Etat -le droit des Palestiniens- qui, depuis des dizaines d'années, reste bafoué.

Cette humiliation permanente, cette injustice fondamentale créent les crises récurrentes et les violences.

Le doublement du budget national pour la colonisation et l'annonce de 1200 logements nouveaux dans les colonies de Jérusalem-Est sont des actes inacceptables. Ils résonnent comme des provocations pour les Palestiniens qui ne supportent plus l'occupation militaire, la destruction des maisons, la répression, le blocus inhumain de Gaza. C'est d'abord à cette politique qu'il faut mettre un terme. C'est une responsabilité politique majeure pour la France, qui doit prendre l'initiative, pour les pays de l'Union européenne et ceux du Conseil de Sécurité de l'ONU.

Il y a aussi l'urgence de la solidarité pour le peuple palestinien.

Nous avons décidé d'organiser un meeting le 28 novembre prochain à la Bourse du Travail de Saint- Denis. Ce doit être un grand moment de mobilisation, d'expression de la solidarité. Un moment où l'on dira tous ensemble : la France doit reconnaître l'Etat de Palestine et soutenir les démarches palestiniennes à l'ONU.

Il nous faut décliner cette initiative dans toute la France, les villes, les quartiers, avec le Mouvement des Jeunes Communistes, avec toutes les forces politique et sociales qui le souhaitent, et sous toutes les formes possibles : rassemblements, meetings, débats, intervention auprès des préfectures... Il faut se faire entendre pour qu'à l'occasion du vote de l'Assemblée générale de l'ONU le 29 novembre, la France montre enfin l'exemple et appuie fermement la demande palestinienne d'un statut observateur pour la Palestine aux Nations Unies. Ce sera un premier pas positif vers l'Etat palestinien et vers une paix juste et durable.

***

Ce conseil national propose de faire un point d'étape sur la situation politique, six mois après l'élection de F. Hollande, et de décider des actions à engager. Le fil conducteur de ce rapport sera de savoir si, par rapport à la situation politique présente, il est possible de redresser la barre et de mettre le cap résolument à gauche.

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Sans passer par le Parlement et sans consultation des syndicats, le pacte de compétitivité a été présenté dès le lendemain de la remise du rapport Gallois. Après des semaines marquées par une intense préparation des esprits « aux efforts » que ne manquerait pas de proposer le commissaire à l'investissement, saupoudrée dans la dernière ligne droite par un vrai faux suspens pour savoir si l'exécutif allait suivre le rapporteur dans ses préconisations, les principaux commentaires se sont concentrés sur une question : six mois après son investiture, François Hollande a-t-il opéré un virage, un tournant, dans son quinquennat à l'image du choix de la rigueur en 1983 ?

Patronat : 1 / Le changement : 0.

Le président de la République a contesté cette analyse préférant parler « d'inflexion ». Ne nous laissons pas détourner par cette querelle sémantique qui, au final, masque une seule et unique idée : consolider et enraciner dans la têtes des gens que décidément, on ne peut plus rien faire pour changer de trajectoire, qu'il n'existe pas d'autre politique possible.

Que propose ce « pacte » à la France ? Très clairement un nouveau plan d'austérité qui vient s'ajouter à un budget 2013, toujours en cours de discussion, déjà présenté par le premier ministre comme un effort sans précédent pour réduire les déficits publics et atteindre, à marche forcée, les 3% du PIB dès 2013. Ce budget 2013, avec une prévision de croissance très optimiste, sera très certainement complété par de nouvelles mesures de rigueur. Sous la pression des forces de l'argent, hostiles au changement voulu par une majorité d'électrices et d'électeurs au printemps dernier, ce pacte avec les diables de la finance est à la fois une accélération et une aggravation de l'orientation prise par la politique gouvernementale au cours des six premiers mois.

Et pour des millions de personnes, qui ont cru au changement, il est apparu comme l'annonce d'un basculement, assumé par le président de la République dans un exercice pédagogique de plus de deux heures lors la première grande conférence de presse du quinquennat.

Dès la campagne des primaires au PS, le candidat Hollande avait fait du désendettement public un marqueur prioritaire de son programme. Sa victoire le 6 mai dernier, plus annoncée que célébrée, a mis fin à 10 ans de droite. C'était indispensable pour se débarrasser du sarkozysme et ouvrir une nouvelle période. Avec le Front de gauche, les communistes sont pleinement de cette majorité populaire qui a permis un rapport de force politique majoritaire pour battre une droite dont le projet était la destruction totale et définitive de notre modèle social. Mais si le peuple de gauche, de toutes les sensibilités de la gauche, a pu ressentir un soulagement bien légitime le soir du 6 mai, il n'y avait pas pour autant de folles espérances et des rêves plein les têtes. Nous savions bien qu'il n'y avait pas devant nous des « soleils d'or » et que « lundi ne serait pas dimanche ».

On connait la suite : un traité budgétaire européen non renégocié, la loi organique, le budget 2013, la loi de programmation budgétaire 2012/2017. Dans son allocution en ouverture de la grande conférence sociale, le 9 juillet dernier, le président de la République avait proposé 3 grands défis : le

« redressement des comptes publics », « faire face à la détérioration de notre compétitivité », combattre le « chômage et la précarité ». Les deux premiers se sont imposés dans l'agenda gouvernemental alors que le chômage enregistre des niveaux records et que 3 français sur 4 disent aujourd'hui leur crainte de ne plus y arriver.

Depuis le printemps dernier, l' offensive patronale, d'un très haut niveau, tant sur le terrain politique qu'idéologique, orchestrée, médiatisée et menée d'une manière totalement inédite tout juste après le retour d'une majorité de gauche, a plus que marqué des points. Elle a emporté une victoire qui trouve sa traduction dans ce choc de compétitivité. En décidant un cadeau de 20 milliards d'euros supplémentaires aux entreprises, sans aucune garantie réelle en terme d'emploi, d'investissements utiles, de recherche et d'innovation, financé par une nouvelle saignée de 10 milliards d'euros dans la dépense publique, qui s'ajoute aux 50 milliards déjà inscrits dans la loi de finances, soit une

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moyenne annuelle de 12 milliards en moins pour les missions de l'Etat, ses agences et les collectivités locales, et une hausse de la TVA, le gouvernement refuse de mettre le cap à gauche et s'aligne sur les exigences du patronat.

Le pouvoir d'achat et la question centrale du financement de la protection sociale sont attaqués. Les 7 milliards d'euros prélevés dans la poche des ménages avec l'augmentation de la TVA, qui seront complétés par un prélèvement de 3 millions dans le cadre d'une fiscalité écologique qui, là encore, risque d'être profondément injuste, sont une faute politique.

D'abord sur le terrain des engagements pris, des promesses, celles du candidat Hollande puis du Président et de son Premier ministre de ne pas toucher à la TVA sur la durée du quinquennat. Puis, politiquement, Sarkozy chassé par la grande porte du suffrage universel, revient par la fenêtre avec le traité budgétaire européen et une TVA sociale, certes maquillée, mais tout aussi injuste et inefficace alors que notre pays aurait tant besoin d'une relance sociale.

Pression, chantage et provocation.

Arrêtons-nous un instant sur les conditions du renoncement élyséen et gouvernemental face à l'offensive patronale. Faire le récit de cette énorme pression exercée par les forces de l'argent n'est en rien une explication pour dédouaner le gouvernement PS/EELV de ses responsabilités, le faire passer pour une pauvre victime. Bien au contraire, le nouveau pouvoir a fait ses choix et rendu ses arbitrages sans s'appuyer sur la volonté de changement exprimée dans les urnes, sans faire appel à cette mobilisation pour s'opposer aux exigences de la droite.

Depuis le premier jour de sa présidence, François Hollande s’est trouvé sous la pression du Medef, de la droite, des porte-parole des marchés financiers. Toutes les décisions quelque peu marquées du sceau de la justice sociale ont été dénoncées par la droite et les milieux d’affaires comme des coups dévastateurs contre la « compétitivité des entreprises ». Toute dépense publique annoncée a été vilipendée au nom de « l’exigence de la réduction des déficits ». Toutes les mesures de restriction de dépenses publiques, de baisse du coût du travail, ont été saluées par Laurence Parisot comme positives mais insuffisantes à ses yeux. Fin octobre, après l'épisode des pigeons, l’AFEP, représentant les dirigeants des 98 plus grandes entreprises privées françaises, publiait un appel demandant à l’Etat « 60 milliards d’euros d’économie au cours des prochaines années ».

Remarquons combien ces exigences patronales trouvent leur écho dans les décisions du gouvernement après la publication du rapport Gallois.

La pression ne vient pas que de l'hexagone. Les dirigeants libéraux européens ont, eux aussi, occupé le devant de la scène. Soufflant le chaud et le froid, la chancelière allemande, qui vient d'effectuer une tournée des capitales européennes à la manière dont une maison mère pourrait faire le tour ses succursales, a occupé une place de premier rang dans cette opération visant à peser sur les choix budgétaires d'un pays souverain. Quand elle ne se déplace pas, c'est le Premier ministre de la France qui vient à Berlin remettre sa copie ! Fait inédit, des économistes qui conseillent le gouvernement allemand ont été sollicités pour plancher sur des propositions de réformes pour la France. Les dirigeants allemands ne s'interdisent rien, même pas la menace et le chantage en précisant que « les marchés financiers pourraient attaquer notre pays si des efforts supplémentaires n'étaient pas réalisés », notamment sur le marché du travail, tout en souhaitant le succès des réformes engagées pour « améliorer la compétitivité du pays ». Moscovici a réagi : « On y travaille ». La semaine dernière, le magazine britannique « The Economist » présentait, à sa une, la France comme « le plus grand danger pour la monnaie unique européenne ». Quant à la Commission européenne, elle pourra vérifier que le pacte de compétitivité répond parfaitement – quelle coïncidence - aux

« recommandations annuelles », taillées sur mesure pour chaque Etat, adressées par Barroso le 30 mai, sitôt après l'élection de F. Hollande. N'en jetez plus, la coupe est pleine.

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Après tant de reculades, le nouveau pouvoir attendait-il en retour un geste du patronat, une sorte de donnant/donnant permettant un premier pas vers le compromis historique souhaité par F. Hollande ? La réponse du MEDEF ne s'est pas faite attendre avec la remise des préconisations patronales dans les négociations avec les syndicats sur la sécurisation du travail. Véritable provocation, le texte patronal ne propose ni plus ni moins qu'un mode d’emploi pour transformer le CDI en contrat précaire et licencier en toute liberté. Sans grande surprise, on y retrouve les vieilles lunes patronales : laisser le salarié seul face à l’employeur, s’en débarrasser en toute impunité et à moindre coût, écarter le juge, empêcher toute résistance des représentants du personnel. Bercy exprimait il y a quelques jours que le plan de compétitivité allait être apprécié par les agences de notation, Moody's vient de dégrader la note de la France. Plus on leur en donne, plus ils en veulent.

Au final, tout ceci montre combien nous avons a réfléchir et à travailler la question qui fait l'objet d'une « fenêtre » dans la proposition de base commune : « La gauche et le changement en question »...Quel sens recouvre aujourd’hui l’idée de gauche ? Comment se positionner face à l’impasse social-libérale en France et en Europe ? Comment redonner force à la gauche ? Ce sont des questions dont discutent les communistes, qui font débat au sein du Front de gauche et qu'il y a besoin d'approfondir.

Cela ne marchera pas.

Lors de sa conférence de presse à l'Elysée, F. Hollande a dit comprendre « les inquiétudes et les doutes » des Français mais il n'y répond pas. Après six mois d'exercice du pouvoir, la confiance accordée au président et à son Premier ministre est l'une des plus faibles enregistrée sous la cinquième République. Le discrédit touchant le pouvoir est d'abord imputé à la crise et aux réponses qui lui sont apportées. Cet exécutif est jugé en mal de solutions efficaces et contraint par des promesses de campagne estimées trop faibles.

Par millions, les gens s'interrogent. Que peut-on raisonnablement espérer ? Les efforts qui nous sont demandés, les sacrifices consentis auront-ils comme résultat une amélioration concrète pour nos conditions de vie ? Va-ton voir le bout du tunnel ? Est-il possible de retrouver un peu d'espoir ? D'autres ont définitivement cessé de croire à quoi que ce soit. Les ravages de la crise, le sentiment de fatalité, sans parler de la perte de confiance de nos concitoyens en la politique, qui ne date pas d'aujourd'hui et qui se creuse, distille chaque jour son venin.

Une telle orientation est en échec partout en Europe. Elle conduit à la récession et au chômage de masse. Les mauvais chiffres s'accumulent chaque jour un peu plus. En pleine journée européenne de mobilisation contre l'austérité, mercredi 14 novembre, la Grèce et le Portugal ont publié les chiffres de leur produit intérieur brut au troisième trimestre 2012. Celui de la Grèce a chuté de 7,2% sur un an, quand celui du Portugal diminue de 3,4%.

Chaque semaine apporte son lot de déclarations venant d'acteurs de ce système qui, de l'intérieur, commencent à redouter l'issue du processus. C'est le cas du président de l’Institut de la finance internationale, organisation regroupant 400 des plus grandes banques du monde, déclarant qu’il était

« temps de reconnaître que l’austérité seule condamnait non seulement la Grèce mais aussi l’ensemble de l’Europe à la probabilité d’une ère douloureuse (…) si la récession s’accélère, il s’agira d’une tragédie » prévient-il. Le chroniqueur François Lenglet a même sorti un graphique montrant que plus les dépenses publiques baissent, plus la dette augmente. Emporté par son élan, le chroniqueur parle de véritable « mâchoire ». En effet, en Grèce, début 2011, la dette publique s'élevait à 142% du PIB. Elle était de 158% fin 2011 et de 170% aujourd'hui !

C'est à partir de tout cela, des contradictions à l'œuvre, qu'il nous faut engager une contre-offensive,

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en ouvrant des brèches, en avançant des propositions pour une sortie de crise, en invitant à une dynamique de débat à gauche, à des initiatives pour construire et rassembler. Nous proposons de porter les exigences et la contre-offensive des forces populaires au niveau de celui des forces de l'argent qui bloquent le changement. Même si le plan compétitivité rend les choses plus difficiles pour notre peuple, l’affaire n’est pas pliée. Il n'y a aucune fatalité à un nouvel échec de la gauche et au retour d'une droite revancharde dans un climat de tension, de divisions et de régressions de la société à l'image des manifestations contre le mariage pour tous.

Bien se faire comprendre.

A chaque fois que nous nous opposons à un projet de loi, nous avançons des contre-propositions, des solutions pour mettre le cap à gauche. A chaque fois, nous adoptons une attitude de responsabilité pour toute la gauche, on parle pour toutes celles et ceux qui ont voulu le changement.

Nous ne sommes pas dans une posture comme voudrait le faire croire les médias.

André Chassaigne à l'Assemblée et Eliane Assassi au Sénat ont, avec nos parlementaires, expliqué en quoi nos votes n'étaient en rien une alliance avec la droite mais un ancrage pour obtenir le changement de gauche et le faire réussir. Jusqu'à ce jour, le Parti socialiste adopte un comportement d'une très grande étroitesse. Refusant tout débat, alors que ce débat existe dans à gauche et dans la société - c'est d'ailleurs cette diversité qui a fait gagner la gauche au printemps dernier-, le PS reste sur un message qui tourne en boucle depuis le début de la nouvelle mandature : il n'y a rien à discuter, rien. Plus, il entend donner des leçons sur ce que signifie être de gauche après avoir voté avec la droite le traité Merkozy.

Dans un travail de proximité, au plus près des populations de nos territoires, veillons à bien expliquer notre positionnement, à bien faire connaître le contenu de nos propositions, car le traitement médiatique des dernières semaines sur nos votes, notamment au Sénat, a pu faire naître de l'incompréhension chez des électrices et des électeurs de gauche qui, tout en regrettant le manque de combativité du gouvernement, veulent aussi que les choses puissent aller dans la bonne direction.

Ils ne veulent pas la division, ils veulent la construction pour que les choses avancent dans la bonne direction. C'est ce que nous voulons aussi. C'est la même démarche qui nous amène à voter contre le projet de loi de financement de la sécurité sociale et à nous abstenir sur le projet de budget pour 2013. Revenons sur des questions où le vote de nos parlementaires a été repéré, commenté et interprété.

Le projet de loi sur le financement de la protection sociale comprend des choses positives, comme la prise en charge à 100% des IVG, mais nous ne pouvons pas accepter le maintien de la loi Bachelot, la poursuite des fermetures de services hospitaliers, de blocs opératoires, de maternités, de centres IVG. Comment prétendre lutter contre le renoncement au soin sans prendre la moindre mesure contre les franchises médicales, la fiscalisation des indemnités journalières, le jour de carence décidés par la droite. Comment expliquer que sur la question des recettes à mobiliser pour le financement de la protection sociale, la majorité de gauche au Sénat ne se soit pas rassemblée en 2012 sur des propositions portées ensemble il y a tout juste un an dans la riposte à Sarkozy et Fillon?

Sur le projet de loi de programmation des finances publiques, là encore, nous avons remis sur la table les propositions communes dont la mise en œuvre permettraient de dégager 30 milliards d'euros par le rétablissement complet de l'ISF, la progressivité de l'impôt sur le revenu ou encore la majoration de l'impôt sur les sociétés pétrolières.

Face au massacre industriel, nous demandons le dépôt et le vote dans les plus bref délais de la

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proposition de loi de suppression des licenciements boursiers, adoptée l'année dernière par les sénateurs PS, verts et le groupe communiste, républicain et citoyen. Il en va de même pour l'amnistie des syndicalistes et des militants associatifs, la limitation du travail du dimanche déjà adopté par le Sénat l'automne dernier, ou encore pour étendre l'interdiction des expulsions locatives.

Voilà qui permettrait, sans tarder, de mettre le cap à gauche. Rappelons enfin, que cette nouvelle majorité de gauche avait adopté le droit de vote des résidents étrangers aux élections locales.

Dans le même temps, le ministre de l'Intérieur, personnage clé de ce début de quinquennat, souffle sur des braises dont on connait les dangers car elle sont là pour écarter la question sociale, pour diviser quand il faudrait au contraire rassembler. Le récépissé policier, n'en parlons plus. Une rupture dans la politique d'immigration menée par la droite ? N'y comptez pas. Une amélioration des conditions d'accueil et d'hébergement des Roms ? Pas davantage. Et quant à l'arrestation et l'extradition d'Aurore Martin pour sa participation à des réunions publiques d'un parti interdit en Espagne mais légal en France, c'est un gouvernement de gauche qui vient de commettre cet acte indigne de nos valeurs républicaines, ce que la droite n'avait pas osé faire. Manuel Valls ferait bien mieux de consacrer son énergie à ce que les lois de la République s'appliquent à la Corse. Le président de l’Assemblée de Corse, notre camarade Dominique Bucchini, l’a dit avec beaucoup de force : c’est l’appât du fric qui tue et gangrène la Corse en l’étouffant dans ces dérives affairistes et mafieuse avec en toile de fond la spéculation immobilière, la rapine de fonds publics, les trafics criminels liés aux jeux et à la drogue. Le 14 décembre, Pierre Laurent et Marie-George Buffet seront sur l'île pour rappeler à l'Etat ses devoirs et ses missions. Il faut à la fois l’action résolue contre la criminalité organisée et tout autant de détermination pour enrayer le chômage, la vie chère et la pauvreté. C’est essentiel pour ouvrir une perspective et produire le sursaut démocratique et citoyen attendu.

Bref, tout cela n'est pas bon. Tout cela prend une mauvaise pente et peut très mal se terminer. Une droite dite décomplexée, incarnée par Jean-François Copé, se tient en embuscade. Depuis l'entre- deux-tours de la présidentielle, cette droite dérive vers une radicalisation se présentant comme

« populaire » alors qu'il s'agit d'un cocktail réactionnaire et populiste. Flanqué d'une Marine Le Pen qui profite à plein régime des effets d'une crise qui s'installe sans que les équipes gouvernementales successives n'y changent rien, et d'un centre allié à l'UMP avec l'UDI de Jean-Louis Borloo, le dispositif se recompose, certes dans la douleur, mais avec une sérieuse volonté de reconquête. On souhaite à la gauche un autre horizon que celui, comme cela fut le cas ce week-end, qui voit François Bayrou devenir le porte-parole de François Hollande, et qui voit le président de la République, hier devant le congrès des maires, dire très clairement à certains d'entre eux, vous pourrez de pas appliquer la loi sur le mariage pour tous, vous pourrez faire prévaloir une «liberté de conscience », vous avez le droit, en fait, d'assumer une discrimination homophobe car c'est bien de cela dont il s'agit. Christine Boutin s'est aussitôt félicitée des propos du chef de l'État. Quand la France, par la voix de son président de la République, recule face aux milieux les plus réactionnaires, en ne défendant pas la liberté, l'égalité et la fraternité, alors elle se manque à elle même.

Reconquérir les consciences dans la bataille des idées.

Dès lors, le moment est venu de se mobiliser de nouveau à gauche comme y invitait Pierre Laurent dans un entretien récent au journal l'Humanité. Puisque la politique du gouvernement se fait sous pression patronale, nous proposons aux citoyens de gauche qui ont voulu le changement de réinvestir massivement le débat public et d'agir ensemble.

Il faut déjà s'expliquer sur le moment choisi pour engager résolument cette contre-offensive. Pour

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de très nombreuses personnes, nous sommes dans les tout premiers mois après le vote du printemps dernier. Oh, certes, il sont tout aussi nombreux à douter de la capacité, de la volonté y compris, du nouveau pouvoir à changer les choses. « Attendons encore un peu... » peuvent se dire celles et ceux qui n'ont pas encore basculé dans une résignation. Si nous voulons nous adresser au plus grand nombre, très largement, sans regarder qui a voté quoi à gauche au premier tour de la présidentielle, et y compris aux électrices et électeurs dont la colère a pu être dévoyée, sans oublier les abstentionnistes, il nous faut convaincre sur le fait que les choses se jouent aujourd'hui. Pas dans un an. 2013, comme on peut parfois l'entendre, n'est pas une année sur laquelle il faudrait mettre une croix, une année offerte à l'austérité en attendant les rendez-vous électoraux de 2014. Nous le refusons car on a besoin d'engager des batailles et de rassembler des forces dès 2013. Cela pèsera pour la suite.

Dans les échanges des dernières semaines, nous pouvons rencontrer des personnes qui doutent et s'interrogent, d'autres qui sont impatientes, qui attendent une amélioration. Il y a aussi celles et ceux qui sont totalement désarçonnés face à la tournure des évènements, d'autres encore qui expriment un ras le bol et de la colère. Ont-ils pleinement conscience de l'ampleur de ce qui se joue pour leur vie, pour l'avenir des nouvelles générations ? Et ont-il pleinement la perception de l'énorme dispositif idéologique et médiatique mobilisé pour leur faire, au final, accepter une chose : une seule politique est possible et il se trouve que c'est celle qui ne va pas permettre un changement ? Il y a beaucoup de travail devant nous et du terrain à regagner pour faire reculer la pensée dominante au service des puissants.

Mercredi dernier, dans les capitales européennes, les peuples s'étaient donnés rendez-vous pour exprimer leur opposition à l'austérité. Voilà le chemin à suivre : celui de la mobilisation populaire.

La recherche de ripostes communes face aux forces de l'argent à l'échelle européenne vient, à Florence, de se doter d'un nouveau Forum social européen avec un « service public des économistes qui veulent servir l'économie et désarmer la finance ». Alors que le président du Conseil européen vient de présenter un budget en réduction de 75 milliards, notamment pour les politiques de cohésion et pour la PAC, en préparation du prochain sommet européen des 22 et 23 novembre, le bras de fer entre les peuples et les marchés va se durcir.

Engager la contre-offensive.

En France, des salariés, les organisations syndicales ne baissent pas les bras. Des citoyens, des économistes, des pans entiers de notre société n'acceptent pas l'idée que la gauche va de nouveau se fracasser contre ce mur de la finance. C'est aussi vrai en Europe. C'est en pensant à ces forces disponible que nous proposons que notre conseil national décide d'une grande campagne nationale sur le thème « l'alternative à l'austérité, c'est possible ». Le Parti communiste a fait la proposition au aux organisations du Front de gauche que cette campagne devienne une grande campagne du Front de gauche , d'en faire notre feuille de route des six prochains mois, et d'y associer toutes celles et ceux qui veulent en être. Nous proposons une implication citoyenne très large : grand meeting national de lancement avec une série de réunions publiques en régions, organisation de votations citoyennes, de marches contre l'austérité, assemblées, ateliers législatifs, journées de mobilisation sur des questions précises permettant de faire la démonstration que des solutions existent. Nous allons proposer des mesures plus justes socialement et bien plus efficaces économiquement.

Il nous faudra très rapidement identifier les questions essentielles, celles qui doivent faire l'objet d'une campagne de haut niveau, dans la durée. Nous avons besoin de points d'entrée dans cette campagne qui deviennent des repères visibles pour les gens.

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Nous devons faire très fort sur l'emploi et les salaires et le faire en articulant les deux car toute la stratégie de l'adversaire vise justement à les dissocier et à les opposer. Le chantage du groupe Renault (emploi contre baisse du salaire) n'est que la version la plus brutale de la «flexicurité ».

Voilà la réalité du compromis historique proposé aux syndicats. Prenons appui sur cette actualité pour avancer nos propositions avec le souci de dégager de véritables solutions, de faire la démonstration qu'il est possible de faire autrement. C'est ce que vient de faire Pierre Laurent dans sa lettre à F. Hollande sur Florange et la sidérurgie.

L'emploi industriel est en effet un sujet brûlant. De ce point de vue, le constat fait par le rapport Gallois est alarmant. Notre pays, vieille puissance industrielle, est aujourd'hui relégué au 16 ème rang sur 19 – juste avant la Grèce, Chypre et Malte). Notre industrie manufacturière n'entre plus que pour 10,1% dans la valeur ajoutée totale contre 25,9% en Allemagne. La réalité est que notre industrie est affaiblie, l'appareil productif est touché. L'indépendance économique est largement entamée, sa base industrielle étant complètement anémiée. Le 24 novembre, à Lille, le secrétaire national du PCF dira l'ambition d'une grande politique industrielle pour la France. Une politique fondée d'abord sur la reconnaissance et la valorisation du travail des ouvriers, des techniciens, des ingénieurs, des cadres et chercheurs, sur l'obtention de droits nouveaux pour qu'ils participent aux décisions stratégiques des groupes industriels. Une politique fondée sur l'appui à l'investissement productif et qui vise à décourager la spéculation et la rente financière. Une politique de crédits s'appuyant sur un pôle public financier. Une politique qui se donne les moyens d'un développement industriel durable, pourquoi pas par une nationalisation démocratique de certains groupes industriels stratégiques.

Nous devons faire la démonstration qu'un des éléments essentiels de la relance sociale est constitué par un développement des services publics afin de répondre aux besoins accrus des populations. Or, il faut le dire, avec les diminutions de postes dans les fonctions publiques, c'est désormais l'os qui est attaqué : l'Etat sous les coups de la RGPP, les hôpitaux et les collectivités sous le coup des restrictions budgétaires ne sont plus à même d'assurer correctement leurs missions de service public. La dépense publique pour des missions d'intérêt général n'est pas une charge mais le principal pilier pour l'activité, les investissements utiles.

Sur ce point, un mot sur les collectivités locales qui sont dans le cœur de cible des politiques d'austérité budgétaire alors qu'elles assument à elles seules plus de 70 % de l'investissement public.

Elles ne pourraient plus tenir bien longtemps sans effectuer des coupes claires, cela est déjà le cas dans des communes, sur des projets qui, pourtant, sont une nécessité pour le développement de nos territoires, pour des politiques sociales de solidarité en direction des plus fragiles, pour les jeunes, pour le vivre ensemble, des politiques culturelles dont nous avons tant besoin, et plus fortement aujourd'hui en temps de crise, pour redonner du sens et de l'imaginaire alors que le budget culture de l'Etat n'avait pas connu une telle baisse depuis 30 ans.

C'est dans cet esprit que nous préparons les prochaines élections municipales de 2014. A quoi seront-elles utiles ? Dans l'esprit de la contre-offensive que nous proposons, elles seront un rendez- vous déterminant pour ouvrir des perspectives contre l'austérité. Avec la volonté de faire échec aux ambitions de la droite et de l'extrême droite, travaillons à des rassemblements les plus larges possible à gauche, en commençant, sans tarder, à construire des contenus progressistes élaborés avec les habitantes et les habitants de nos communes.

Cette grande campagne nationale pourra se décliner sur toutes les questions qui relèvent de l'urgence sociale. Je ne développe pas. Nous proposons enfin une très forte mobilisation pour le droit de vote des résidents étrangers aux élections locales. Ça suffit. Pour la troisième fois en trente ans, le Parti socialiste, après l'avoir inscrit dans son programme, renonce. Aujourd'hui face à la

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mobilisation des droites. Les propos du résident de la République lors de sa conférence de presse ont profondément heurté. Ils ont blessé et meurtri ces familles, ceux qui sont privés du droit de vote mais leurs enfants aussi qui ne supportent plus cette injustice.

L'objectif politique de cette grande campagne contre l'austérité pourrait se résumer à une idée : dans six mois, nos concitoyens qui se retrouvent dans des valeurs de gauche seront-il résignés, abattus, où au contraire dans un esprit de combativité contre l'austérité, mobilisés pour obtenir un changement de cap au nom de ceux qui ont fait le choix du changement.

La préparation du 36 ° Congrès.

Un dernier mot sur la préparation de notre prochain Congrès.

Notre ambition pour ce congrès, et c'est ce que veut exprimer la base commune proposée par le Conseil national, est le résultat de tout ce que nous avons entrepris ces dernières années. Offensif, ce 36 eme congrès peut nous permettre de nous projeter vers l’avant en donnant mieux cohérence à nos combats d'aujourd'hui . Le parti pris de notre proposition de base commune est d’afficher notre projet, de le mettre en débat, et de mettre notre action en perspective. Elle pointe les contradictions auxquelles nous devons faire face, ce qui est en germe et sur quoi nous pouvons nous appuyer. Elle donne corps à « l’humain d’abord ». Elle nous invite à franchir une nouvelle étape du Front de gauche et à mieux préciser les chemins de la révolution citoyenne que nous voulons voir grandir partout. Des chantiers exaltants pour notre parti, un Parti communiste que nous voulons renforcer et déployer au plus près dans la société, avec le souci de donner une dimension européenne et internationale plus forte encore à notre combat, une dimension féministe aussi car, pour reprendre le titre de la contribution collective, on vous l'assure, «il ne tue pas».

A ce stade, beaucoup d'adhérentes et d'adhérents nous demandent un mode d’emploi pour les discussions, certains se demandent comment se déroulera concrètement le travail du congrès. Après nos échanges de ce matin sur les statuts, le 72 pages va être imprimé et expédié dès la semaine prochaine. Il contiendra le calendrier du congrès, un texte du secrétaire national, des contributions sur les cinq fenêtres, la base commune proposée par le Conseil national et trois textes alternatifs, un résumé de ces 4 textes, complétés par nos statuts et le bulletin de vote.

Les cinq fenêtres proposées permettent d’entrer plus facilement dans le débat. Elles invitent aux questionnement et à l’approfondissement. Les communistes ont commencé a s'en saisir comme d’un outil de leur réflexion collective. Elles contribuent à élargir le nombre de celles et ceux qui parti- cipent. Mais nous devons aussi être attentifs à ce que les fenêtres nous permettent bien d’entrer dans le propos du texte pour le discuter. La proposition du Conseil national est à la fois d'utiliser les « fe- nêtres » tout en entrant dans la lecture et la discussion du texte lui-même. Il faut donc que nos as- semblées, lorsqu’elles débattent à partir du questionnement des « fenêtres », puissent déboucher sur des contributions, et le cas échéant sur des propositions d’enrichissement ou d’aménagement du texte. Après le vote des communistes qui décidera du choix de la base commune, et au bout d’un processus de discussion, notre texte de Congrès décidera de l'orientation de notre Parti.

Je ne voudrais pas terminer ce rapport sans faire un rapprochement. Nous avons accueilli dans cette même salle, samedi 10 novembre, plusieurs centaines de nouveaux adhérents. En ce moment même, l'Espace Oscar Niemeyer est le lieu d'une programmation de très grande qualité consacrée au trentième anniversaire de la disparition de Louis Aragon. Notre parti, c'est tout cela. La belle énergie de la rencontre avec les nouveaux adhérents et tout ce que veulent dire « ces cartes blanches » autour de l'œuvre d'Aragon.

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