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Analyse des déterminants de la croissance économique dans un pays en développement:|bcas du Sénégal

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Academic year: 2022

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UNITED NATIONS

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NATIONS UNIES

INSTITUT AFRICAIN DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET DE PLANIFICATION AFRICAN INSTITUTE FOR ECONOMIC DEVELOPMENT AND PLANNING

(IDEP)

ANALYSE DBS DBTEllMINANTS DB LA CllOISSANCB ECONOMIQUE DANS UN PAYS EN DEVHWPPHMHNT:

Cas du Sénégal

Soumis en partie pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies en Politique Economique et Gestion de l'Economie de l'Institut Africain de Développement Economique

et de Planification (IDEP)

Lu et approuvé par :

Superviseur Principal:

Membres du Jury:

Examinateur externe:

Directeur de l'IDEP:

Par

Çlément YELOU

Prof Aly Ahmadou MBA YE '

Prof. Fodiyé B. DOUCOURE

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Prof. Mourad LABIDI ~~ . . /·· ,. _

Prof. Birahim Bouna Prof. Am ath NDIA YE

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Dr. Samuel OCHOLA

Date: 23 Mai ~000

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(2)

« COMMENT TOUT EST POSSIBLE»

Au commencement Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide. . .. Dieu dit: Que la lumière soit; et la lumière fut.

. . . Puis Dieu dit: Que la terre produise de la verdure, de l'herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et cela fut ainsi .

. . . Aujourd'hui, Il me fait reposer dans de verts pâturages, Il me dirige près des eaux paisibles ....

Aussi, Il répond à quiconque vient à Lui car Il dit: "Que celui qui a soif vienne, que celui qui veut, prenne de l'eau cie la vie gratuitement'~

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REMERCIEMENTS

Je tiens à signaler ma reconnaissance envers l'administration et tout le personnel de l'IDEP pour le bon climat de collabration qui a régné durant cette formation. En particulier, que le professeur P. K. QUARCOO reçoive mes félicitations pour la bonne organisation des cours. Que 1' ensemble des professeurs qui ont intervenu dans 1' exécution des cours du programme trouvent ici le fruit de leurs riches enseignements; nous espérons en faire un usage utile dans notre carrière professionnel. En outre, la 3écrétaire de la division Formation, Mme NIASSE, a toujours· fourni de grands efforts pour faire passer l'information. Ausi, sans la bonne volonté des interprètes le programme n'aurait pu se dérouler convenablement; je les remercie et leur demande de continuer a toujours faire preuve d'une bonne disposition d'esprit. Grâce aux divers services de maintenance du personnel du centre informatique, l'outil informatique a toujours répondu à nos besoins durant la formation; que Mesdames Aby KAMARA et Hawa TRAORE recoivent ici mes remerciements et mes encouragements pour leur amour du travail bien fait.

Les premières idées de ce travail ont été enrichies de nombreuses manières tout au long de la recherche par mon directeur de recherche, le professeur Aly Ahmadou MBAYE; je lui témoigne toute ma reconnaissance et le remercie pour ses encouragements et 1 '_exemple de rigueur et de précision qu'il m'a montré. Que le professeur Bouna Birahim NIANG reçoive ici mes remerciements pour l'exemple de précision et d'humilité qui caractérise la collaboration avec lui. La coordination et le calendrier de progression de ce travail ont été bien assurés par le professeur M. LABIDI, chef de la division formation de l'IDEP. Que l'ensemble du personnel de la bibliothèque de l'IDEP ainsi que celui du centre de documentation de la mission résidente de la Banque Mondiale à Dakar soient rassurés de mes reconnaissances pour leurs divers services de documentation et d'information. Le directeur de la Division des Entreprises de la Direction de la Prévision et de la Statistique (DPS) du Sénégal, M. SAMBA BA, m'a fourni les données nécessaires aux analyses; qu'il soit remercié pour cela et pour son soutien permanent.

Que mes parents trouvent ici une part du fruit de l'éducation qu'il m'ont assurée dès mon enfance; elle était de nature à m'encourager à l'effort. A mon frère Emmanuel GOLOU et

t

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attention et de beaucoup de soins. Que les familles F ANTODJI et DANS OU trouvent en ce travail l'effet de leur affection toujours renouvelée à mon égard. Que ma soeur Fatima Myriam VICENS soit rassurée de ma gratitude pour son attention, ses encouragements et son soutien. A Madame Soukheynatou KABA, qui s'est toujours montrée préoccupée par rapport à ma situation sociale, je dois beaucoup de conseils et de soutien; qu'elle soit satisfaite de ce travail. Mon frère Thimothé AMOUSSOU m'a toujours aidé de nombreuses manières; qu'il trouve en ce travail un fruit de tous ces efforts. Je dois aussi beaucoup à mes soeurs Ablavi GOZA et SENA VOR DJIGBODI en raison des diverses aides qu'elles m'ont apportées dans mes multiples occupations pendant les moments de ce travail.

A mes amis que l'avancement de ce travail a toujours préoccupé depuis qu'ils savent que je dois le faire je demande d'en tirer toute la fierté possible: Blandine, Angélique, Stéphanie, Antoine, Aby, Olivier, Marius, Wilfrid, Kourouma, Alexis, Sabine, Lydienne, Hervé, Fernand, Essowaza, Reine, Biaka, Calixte, David, Félicité, Stéphane, Ngaradoum, Allasra, Symphorien et les autres dont le nom n'est pas écrit ici.

Que mes amis Narcisse KOUTON, Appolinaire HOUENOU et Damien Fousséni CHABI- YO trouvent un grand plaisir en ce travail; je sais bien qu'ils pensent toujours à moi.

Que mes collègues stagiaires du programme de DEA de l'IDEP se rassurent de ma reconnaissance pour leur collaboration et leur soutien multiforme.

Par dessus tout, cette formation n'aurait pas été possible sans le soutien constant de Dieu.

Je crois que c'est de Sa volonté et je lui rends grâce; il a éliminé tout obstacle et sa fidélité me constitue une bonne source d'espérance et de courage.

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RESUME

Depuis l'indépendance, malgré les efforts mis en oeuvre pour assurer la diversification des l-activités économiques et les diverses politiques économiques appliquées, l'économie sénégalaise n'a pas connu une croissance régulière et continue. Cette absence de décollage économique véritable suggére que les facteurs pertinents pour la croissance économique n'auraient pas été bien maîtrisés dans l'économie. Pour cela, cette etude a essayé de répondre à la question : "Quels sont les facteurs explicatifs des variations du PIB par tête dans l'économie sénégalaise". La méthode d'analyse utilisée consiste à estimer

,.

successivement un modèle de croissance avec résidus de Solow, un modèle à capital humain, puis un modèle avec variables de politique économique en tant que variables de contrôle. Cette démarche vise à endogénéiser le résidu de Solow tel que suggére par les· modèles de la croissance endogène. Ainsi, nous supposons que les variables de politique économique influent sur le taux de croissance par le biais de leur effet sur le residu de Solow. Les données de l'étude sont relatives à la période de 1971-1997 qui prend en compte l'ensemble des principales réformes macroéconomiques et sectorielles adoptées dans l'économie]

Les résultats suggèrent que ni le capital humain ni le capital physique n'ont été bien exploités dans l'économie, faute d'un environnement de travail et de motivation adéquat.

En fait, les politiques macroéconomiques et le cadre de production n'ont pas permis une pleine exploitation des ressources. Par ailleurs, les politiques de dépen,ses de consommation de l'Etat ont induit des attitudes favorables à la croissance. En outre, les changements climatiques engendrant une forte sécheresse ont des répercussions négatives sur 1' économie. Enfin, les politiques de libéralisation commerciale se révèlent comme des mesures qm incitent, aussi bien les entreprises de production locale que celles d'exportation, à rechercher une meilleure compétitivité à travers une hausse de la productivité et l'amélioration de la qualité des produits; de ce fait, elles favorisent la crOissance.

Ces analyses suggèrent que la politique gouvernementale devrait définir un cadre à l'intérieur duquel les entreprises peuvent fonctionner à pleine capacité et aux meilleures productivités. Les différents acteurs de l'economie devraient se déployer pour exploiter au mieux les opportunités de production offertes par les ressources disponibles et par 1' environnement socio-économique national ou international.

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ABSTRACT

Since independence, despite the efforts put forth to secun;! the diversification of economie activities and the various applied economies, senegalese economy hasn't known constant and regular growth. This absence of real economie take off suggests that pertinent factors for the economie growth haven't been mastered in the economy. For tfhat, this study has tried to answer to the question : "What are the explicative factors of the per capita GDP variations in the senegalese economy". The analysis method use consists in estimating successively a growth model with Solow residual, a model with human capital and a model with economie policy variables considered as control variables. This proceeding aims at endogenizing the Solow residual as suggested by endogenous growth models. So, we suppose that economie policy variables influence the growth rate through the impact they have on Solow residual. The data of the study relate to the period 1971-1997 that includes the whole of the main sectorial and macroeconomie reforms adopted in the economy.

The results suggest that neither human capital nor physical capital have been well exploited because of the lack of an adequate working environment and motivation. In fact, macroeconomie policies and the production frame didn't allow a full exploitation of resources. Besides, the public consumption expenses policy induced fovourable attitudes to growth. Futhermore, climatic changes causing strong grought have negative effects on the economy. Finally, commercial liberalization policies are measures that incite as well as local production enterprises than the orres of exportation to look for a better competitiveness through a rise of productivity and an improvement of the products' quality ; so, they incite growth.

These analyses suggest that government policy should define a frame in which enterprises could widely work for better productivity. The different actors of the economy should put forth all their strenght to better exploite the opportunities of production.

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SOMMAIRE

REMERCIEMENTS ... · ... i

RESUME ... iii

INTRODUCTION GÉNÉRALE ... ! 1. Introduction ... 1

2. Problème Central De L'étude ... 3

,. 3. Justification De L'étude ... 7

4. Objectifs De L'étude ... 8

5. Hypothèses De Recherche ... 8

6. Organisation De L'étude ... 9

CHAPITRE PREMIER : EVOLUTION RECENTE DE L'ECONOMIE SENEGALAISE ... lü 1.1. CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DE L'ÉCONOMIE SÉNÉGALAISE ... 10

1.1.1. Localisation géographique et contexte économique du Sénégai. ... I

o

1.1 :2. Structure de l'économie sénégalaise ... , ... 13

1.2. POLITIQUES DE RÉFORMES MACROÉCONOMIQUES ET SECTORIELLES ........ 18

1.2.1. Programmes de stabilisation et d'ajustement structurel (1980-1993) .... 18

1.2.2. La politique d'ajustement externe :la dévaluation du franc CFA (1994 )22 1.3. PERSPECTIVES DE CROISSANCE ÉCONOMIQUE ......... 26

CHAPITRE DEUXIÈME :FACTEURS DE CROISSANCE ÉCONOMIQUE : UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE ... 28

2.1. EVOLUTION DES THÉORIES DE LA CROISSANCE .... : ....... 28

2.2. CONCEPT ET ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE ...... 34

2.3. STRATÉGIES COMMERCIALES ET CROISSANCE ......... 42

2.4. ENVIRONNEMENT MACROÉCONOMIQUE ET CROISSANCE .............. 49

(8)

CHAPITRE TROISIÈME: ETUDE EMPIRIQUE DES FACTEURS DE

CROISSANCE: MÉTHODOLOGIE ET RESULTATS ... 56

3.1. MÉTHODOLOGIE D'ANALYSE ............. 56

3.1. 1. Spécification du modèle d'analyse de la croissance ... 56

3.1. 2. Technique d'estimation du modèle .................. 66

3.1.3. Sources des données ...................... 69

3.2. RÉSULTATS ............. 71

3.2. 1. Estimation des modèles de croissance ........ 71

3.2.2. Analyse et interprétation des résultats .............. 80

3.3. IMPLICATIONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE ... 91

3.3.1. Politique macroéconomique ................................. 91

3.3.2. Développement technologique ............. 92

3.3.3. Valorisation du capital humain ..... 94

3.3.4. Politique commerciale ........... 95

3.3.5. Politique environnementale ......... :··· 96

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ... 97

CONCLUSION ... 97

RECOMMANDATIONS ... 99

1) Une politique macroéconomique saine .......... 99

2) Réforme de l'intervention publique axée sur la bonne gouvernance ... 100

3) Réformes en matière de dépenses publiques ... 103

4) Renforcement du capital humain ...... 104

5) Expansion rapide des exportations ..................... 106

6) Information- Education et Communication en matière d'Environnement ... 108

7) Rendre les réformes irréversibles ........ 109

BIBLIOGRAPHIE ...

11

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ANNEXES

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Introduction Générale

INTRODUCTION GENERALE

1. INTRODUCTION

En Afrique subsaharienne, plusieurs mesures ont été adoptées après les indépendances en vue d'assurer une croissance économique rapide susceptible de éonduire chaque pays vers l'autonomie économique. A cet effet, des stratégies d'industrialisation basées sur la substitution aux importations ont été adoptées dans la plupart des pays. Mais, la protection élevée et permanente des entreprises locales que cette stratégie requiert a engendré des coûts de production élévés, la stagnation de la productivité et l'absence de compétitivité.

Aussi, la qualité de la technologie et de la main-d'oeuvre utilisées dans les firmes productrices n'étant pas à la hauteur de celles utilisées dans les pays développés, cela n'a pas permis aux produits locaux de répondre aux critères de compétitivité en terme de qualité. Malgré la faible compétitivité-qualité des produits locaux, ceux-ci sont so.uvent vendus à des prix plus élevés que ceux des produits homologues importés. Ce qui n'encourage pas les consommateurs à les acheter. Cette stratégie de croissance n'a donc pas permis de relancer les économies.

Dans le secteur agricole, pilier naturel de 1' économie en Afrique, le taux de croissance annuel de la production n'a été que 2% en moyenne entre 1965 et 1980, ce qui est moins que le taux de croissance démographique qui est de 2,8% en moyenne (V AN DER HO EVEN et V AN DER KRAAIJ, 1994). Les autres secteurs des économies de 1' Afrique subsaharienne n'ont pas enregistré des résultats meilleurs, si bien que depuis le milieu des années 70, le taux de croissance annuel est devenu plus faible que sa valeur de la période

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Introduction Générale

1965- 1973 (BANQUE MONDIALE, 1993). En effet, alors que dans cette région, ce taux était de 4. 7 % sur la période 1965 - 1973, il est tombé à 3.2% au cours de la période 197 4 - 1980, puis à 1.2% entre 1981 et 1985 avant de remonter à 2.5% entre 1986 et 1990 (BANQUE MONDIALE, 1993).

Cette situation économique défavorable de la fin des années 70 a conduit la plupart des Etats de 1' Afrique subsaharienne à mettre en oeuvre des politiques de stabilisation et d'ajustement strucurel à partir de 1980 avec le soutien du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale. Un bilan de ces politiques montre que les résultats macroéconomiques obtenus pendant la période où elles sont appliquées sont mitigés. En effet, dans la plupart des pays, même si on a assisté à une stabilisation financière, l'économie n'a connu qu'une stagnation et les revenus par habitants n'ont augmenté que très faiblement. Ces faibles performances de l'activité économique se sont sérieusement répercutées sur le niveau de vie des populations : le taux de croissance moyen du revenu par habitant de l'Afrique subsaharienne est négatif entre 1981 (où elle vaut -1.8%) et 1992 (où elle est de -0.4%). Il en est découlé l'aggravation des problèmes de pauvreté et le niveau de vie a décliné d'année en année (PNUD, 1998). Ainsi, ces politiques ont engendré une forte détérioration de la condition sociale des populations.

Par ailleurs, des politiques d'ajustement externe ont été appliquées dans certains pays comme ceux de la zone franc. En ce sens, la mesure de la dévaluation du FCF A adoptée en 1994 dans les pays africains de la zone franc devrait relancer la compétitivité de leur économie. Bien que cette mesure ait engendré une baisse du pouvoir d'achat du consommateur, elle a eu des résultats encourageants au niveau macroéconomique.

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Introduction Générale

Au Sénégal, ces différentes mesures de politique économique adoptées au mveau de 1' Afrique subsaharienne ou de la zone franc ont été mises en œuvre avec certaines spécificités comme des mesures d'accompagnement. Mais, elles n'ont pas permis une relance remarquable de la croissance économique depuis l'indépendance. Ce n'est qu'après la dévaluation du franc CF A que 1' on enregistre des taux de croissance économique assez encourageant, de l'ordre de 5%, mais encore faible.

Dans ces conditions des actions devraient être mises en oeuvre par les autorités pour permettre aux acteurs économiques d'accélérer la croissance économique au Sénégal. En fait, même si le concept de croissance a beaucoup évolué et prend en compte aujourd'hui le souci du bien-être individuel et collectif, il est évident que la croissance du revenu global est un préalable nécessaire à la croissance qualitative.

Cette étude recherche les facteurs qui conditionnent la croissance du revenu global dans l'économie du Sénégal. La démarche adoptée met l'accent sur les facteurs qui favorisent l'amélioration de la Productivité Globale des Facteurs: le capital humain, l'ouverture économique et la qualité de la politique macroéconomique.

2. PROBLEME CENTRAL DE L'ETUDE

La recherche des causes des différences entre les résultats économiques réalisés par divers pays au cours d'une même période ou entre ceux enregistrés par un même pays en.deux périodes différentes est une préoccupation majeure des théories économiques. Pour ce faire, les théories de la croissance modélisent l'activité de production en définissant une fonction de production. La fonction de production est définie à partir des facteurs utilisés dans le processus de production, du mode de leur combinaison et de certaines propriétés

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Introduction Générale

théoriques. Les facteurs de production se résument généralement à la main d'oeuvre et au capital physique. Selon les premiers modèles de croissance (modèle de Solow (1956), de Harrod-Domar (1959)) ces facteurs de production sont déterminés en dehors de la sphère

,

économique et ainsi la croissance ne peut donc s'auto-entretenir. Selon ces premiers modèles, les mesures qui stimulent l'épargne et l'investissement n'accélèrent que temporairement la croissance de la production, chaque adjonction nouvelle au stock de

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capital étant censée produit un accroissement dégressif de la production. Aussi, les résultats empiriques montrent l'existence d'une grande part de la croissance économique réelle qui n'est pas saisie par ces deux facteurs. Cette part non expliquée est la Productivité Globale des Facteurs (PGF) désignée par le terme ''résidu de Solow'' ; elle est supposée refléter l'efficience de l'activité de production. La différence de PGF explique.rait une grande part de la différence des résultats obtenus, soit dans le temps, soit dans l'espace, lorsque les mêmes quantités de main-d'oeuvre et de capital physique sont utilisées (Chenery, 1991). Ainsi, à niveau de développement semblable, les pays qui augmentent plus leur PGF enregistrent des taux de croissance plus élevés.

Ces insuffisances des modèles à deux facteurs ont suscité la recherche d'autres facteurs susceptibles de capter une bonne partie du résidu de Solow. C'est alors que les théories de la croissance endogène examinent, à partir du milieu des années 80, les principaux facteurs qui expliquent les dynamiques de croissance et leur caractère auto-entretenu. Ces nouvelles théories partent du principe soit que l'investissement supplémentaire ne produit pas de rendement marginal dégressif, soit qu'une partie de la production supplémentaire sert à des activités économiques. Ces théories suggèrent aussi que les réformes de politiques, par exemple la libéralisation commerciale, la macro-stabilisation et 1' élimination des distorsions, peuvent favoriser la croissance économique en accroissant les incitations à

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Introduction Générale

épargner et à investir d'une part, et la rentabilité de l'investissement d'autre part. A cet effet, elles font une rupture avec les conceptions traditionnelles de la fonction de production macroéconomique; la croissance est désormais vue comme un processus de long terme. La croissance à long terme peut se faire par des rendements croissants du capital, des phénomènes d'extemalités comme l'innovation technologique, les connaissances ou les biens publics (AMABLE ET GUELLEC, !992). L'explication de la croissance économique ne devrait donc plus se limiter à l'analyse des seules variations des facteurs traditionnels de production, mais devrait prendre en compte d'autres aspects comme le niveau du capital humain, la nature des dépenses publiques, l'existence de rendements croissants, l'importance des processus d'apprentissage interne et du progrès technique endogène.

Au Sénégal, il faut dire qu'au cours des années 60 et 70, il a été adopté des politiques caractérisées par 1 'intervention publique dans les marchés des biens et des facteurs, un manque de discipline budgétaire et un protectionnisme commercial et industriel. Ces politiques ont eu pour résultat de faibles niveaux d'épargne et d'investissement qui, face à une forte croissance démographique, ont entrainé à leur tour une stagnation du PIB par tête (Banque Mondiale, 1997). Les politiques d'ajustement initiées au debut des années 80 ont réussi partiellement à rétablir les équilibres macroéconomiques. Mais, au début des années 90, les conditions économiques vont encore se dégrader à la suite d'une profonde détérioration des termes de l'échange, de sécheresses répétées. La dévaluation du franc CF A intervenue en 1994 et les réformes structurelles destinées à améliorer la flexibilité du marché, à développer le secteur privé, à libéraliser l'économie et à réduire la taille du secteur public, ont eu des résultats globalement positifs. Ainsi, sur la période 1994-1997, on a pu enregistrer des taux de croissance annuels de l'ordre de 5%, ce qui est supérieur

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Introduction Générale

aux résultats des périodes antérieures. Mais, ces résultats en matière de crOissance économique sont encore très bas compte tenu du niveau actuel de l'économie.

Par ailleurs, dans l'économie sénégalaise, l'évolution de la Productivité Globale des Facteurs (PGF) n'a pas été régulière depuis 1960. En effet, Berthélémy et al. (1996) montre que la PGF n'a connu de croissance régulière et positive que sur la période 1960- 1966. Entre 1967 et 1990, la PGF a beaucoup fluctué, enregistrant même des taux de croissance annuels négatifs. Ces auteurs trouvent que malgré cette faible évolution, la PGF a contribué pour près de 22% à la croissance du PIB entre 1960 et 1990. On peut comprendre qu'au Sénégal, cette contribution non négligeable de la PGF à la croissance et ses fortes fluctuations peuvent avoir engendré les faibles résultats enregistrés en matière de croissance depuis l'indépendance en 1960. En fait, depuis lors, des politiques de réformes et d'ajustement interne ou externe ont été mises en oeuvre et l'environnement économique international a beaucoup évolué. Aussi, des efforts ont été faits dans le cadre de 1' accroissement des compétences et aptitudes humaines. En ce sens, il faut noter que les services de santé et de sécurité ont connu à la fois une amélioration de leur qualité et une plus grande couverture géographique. Les taux d'inscription aux divers niveaux d'éducation ont beaucoup augmenté par rapport à ce qu'ils étaient en 1960 (68% en 1996 contre 41% dans l'éducation primaire, World Development Indicators CD-Rom - World Bank, 1999 ) et les domaines de formation se sont diversifiés. Ces différentes politiques économiques et ces mesures de renforcement du capital humain auraient influencé la croissance de la PGF. Dans ces conditions, il est important de rechercher quels ont été leurs effets réels sur les variations du PIB par tête. Cette étude recherche les facteurs qui permettent d'expliquer au mieux les variations du PIB par tête de l'économie sénégalaise dans le temps. Pour cela elle tente de répondre à la question de recherche :

Quels sont les facteurs explicatifs de la croissance économique au Sénégal ?

(15)

Introduction Générale

3. JUSTIFICATION DE L'ETUDE

Aujourd'hui, avec l'aggravation et la généralisation de la pauvreté dans la plupart des pays en développement, notamment dans ceux de 1' Afrique subsaharienne, il est nécessaire de chercher à accroître le revenu par tête. Certes, il s'agit là d'un indicateur basé sur un calcul de moyenne ; ce qui laisse de grands problèmes si de fortes inégalités caractérisent la répartition de la richesse nationale. Toutefois, l'accroissement dJ.I revenu national sur une longue période est une phase préalable et nécessaire à la réduction de la pauvreté. Il reste donc que les politiques macroéconomiques doivent continuer à se focaliser sur l'objectif de la croissance durable. Mais, les variables sur lesquelles il convient d'agir pour accélérer la croissance sont identifiées par les théories et modèles de croissance. Mais, ces modèles ne prennent pas en compte les facteurs de croissance qui peuvent être liés à, 1' environnement ~ , économique- aussi bien interne qu'externe -dans lequel s'opère l'activité de production.

Or, ce type de facteur est important. En effet, les facteurs travail et capital physique ne peuvent opérer que dans un climat qui est favorable à leur pleine exploitation et à leur renouvellement. L'intérêt de cette étude est de montrer que les deux facteurs traditionnels de production sont importants dans l'explication des variations de la croissance, mais qu'ils demeurent insuffisants. On identifiera des facteurs de l'environnement économique qui conditionnent l'efficience du système productif et qui constituent ainsi des facteurs indirects de croissance. De tels facteurs sont donc endogènes à la sphère économique.

Nous pourrons alors disposer de nouvelles stratégies pour l'orientation des politiques macroéconomiques en vue d'atteindre, au cours des prochaines années, des taux de croissance positifs et réguliers.

(16)

Introduction Générale

4. OBJECTIFS DE L'ETUDE

L'objectif de l'étude est de rechercher les facteurs explicatifs de la croissance économique au Sénégal et de formuler des mesures de politique économique favorables à une croissance continue du PIB par travailleur. De façon spécifique, elle vise à cerner :

La nature des facteurs de production prépondérants dans 1' accroissement du produit global par travailleur ;

la pertinence des variables de politique et de comportement économiques par rapport à l'objectif de croissance économique.

S. HYPOTHESES DE RECHERCHE

A partir des résultats de divers travaux empiriques portant sur 1' analyse de ·la croissance dans plusieurs types de pays (en terme niveau de développement) nous formulons les hypothèses suivantes. L'étude s'attachera à leur vérification.

Hl :L'accumulation du capital physique et du capital humain n'explique qu'une part assez faible des variations du taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) par tête de 1' économie sénégalaise.

H2 : La qualité de la politique macroéconomique, les performances à l'exportation, la consommation publique sont les princip<).UX facteurs qui expliquent les variations du taux de croissance du PIB par tête au Sénégal. Ces facteurs seraient positivement liés au PIB par travailleur.

Ces hypothèses mettent ainsi l'accent sur les facteurs endogènes qui sont, en dehors du capital humain, des variables de contrôle ou des variables structurelles.

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Introduction Générale

6. ORGANISATION DE L'ETUDE

L'étude sera présentée en trois chapitres. Le premier est consacré à la connaissance de l'économie du Sénégal, son histoire et son évolution, la structure de sa production, les principales politiques et réformes qui y ont été mises en oeuvre depuis 1960. Le chapitre deuxième examine les théories de la croissance dans la littérature économique. On mettra particulièrement en exergue les liens que le capital humain, le régime commercial et la stabilité macroéconomique entretiennent avec la croissance économique. Alors, au troisième chapitre, nous définirons un cadre méthodologique d'analyse, pms nous procéderons à l'analyse empmque. A partir de ces résultats, nous indiquerons les implications de politique économique et nous formulerons des mesures de promotion de la croissance économique au Sénégal.

(18)

Chapitre 1: Evolution récente de l'économie sénégalaise

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1

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EVOLUTION RECEN"J:E DE L'ECO:NOMIE SE

1

NEGALAISE

1.1. CARACTERISTIQUES GENERALES DE L'ECONOMIE SENEGALAISE

1.1.1. Localisation géographique et contexte économique du Sénégal

Avec sa position très avancée dans 1' ouest de 1 'Afrique, le Sénégal couvre une superficie de 196722 Km2 et comprend une enclave, la Gambie, de 10300 Km2. Le relief du pays est, dans sa grande partie, plat et ne s'élève pas au-dessus de 130 mètres; seule la région Sud-Est est quelque peu accidentée. Le climat subit des influences géographiques et diffère notablement entre la zone côtière et les régions de l'intérieur. D'autre part, la circulation atmosphérique favorisée par l'absence d'obstacles montagneux place le pays sous les effets de l'alizé maritime, de l'harmattan et de la mousson. On note généralement deux saisons dont les durées varient d'une région à l'autre; les pluies diminuent progressivement en durée et en intensité du sud au nord : en moyenne, 1500 mm par an dans la région de Ziguinchor (sud), 800 mm dans la région de Kaolack (zone centrale), 330 mm à Podor (nord). En dehors de ses deux fleuves (le Sénégal et la Gambie), le sénégal dispose d'importantes ressources d'eaux souterraines; celles-ci permettent la mise en oeuvre de programmes d'hydraulique villageoise. Le climat et la nature des sols déterminent plusieurs types de végétations : au nord, on rencontre une brousse clairesemée où prédominent les épineux ; la savane arborée riche en faune caractérise les zones soudaniennes et la forêt épaisse est localisée dans la zone subguinéenne limitée à la Basse- Casamance.

Toutes ces caractéristiques physiques ont fortement limité les possibilités de choix en matière d'activités du secteur primaire, notamment l'agriculture.

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Chapitre 1: Evolution récente de l'économie sénégalaise

A propos de l'historique de la constitution de l'économie sénégalaise, il faut noter que lors de son accession à l'indépendance en 1960, le Sénégal avait hérité d'une infrastructure matérielle et sociale assez développée en raison de la place prépondérante de Dakar, dans les rapports de la métropole avec ses colonies d'Afrique occidentale. En effet, pour des raisons de rentabilité et de difficultés d'acheminement liées aux conflits mondiaux, l'investissement privé français en Afrique s'est développé par la création d'industries ,.

légères de substitution aux importations. La prolifération de ce type d'industrie s'est notamment accentuée durant la grande crise de 1929, puis pendant et au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Ainsi, le Sénégal avait été privilégié par les autorités coloniales dans l'installation des infrastructures industrielles et administratives en Afrique. De ce fait, le Sénégal avait joué un rôle de premier plan dans les affaires coloniales en Afrique et ,a bénéficé de plusieurs facilités d'obtention de ressources extérieures substantielles. C'est dans les années qui suivent l'indépendance que l'économie nationale s'est orientée, structurée et planifiée en vue d'un développement économique et social harmonieux.

Au cours des deux décennies qui ont suivi 1 'indépendance (1960-1980), la situation économique du Sénégal n'a été que peu satisfaisante dans l'ensemble, même au regard des autres pays d'Afrique subsaharienne. Le PIB a augmenté en moyenne de 2,1% par an alors que l'accroissement de la population était de 2,8%, ce qui a engendré une baisse du revenu réel par tête. Aussi, de tous les pays africains épargnés par la guerre, le Sénégal est celui qui a enregistré le plus faible taux de croissance au cours de cette période. En fait, on peut distinguer sur cette période quatre sous-périodes caractérisées par des tendances différentes en matière de croissance économique.

Jusqu'en 1966, année où le sénégal a perdu le bénéfice du traitement préférentiel accordé par la France à ses exportations agricoles, la gestion de l'économie nationale a

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Chapitre 1: Evolution récente de l'économie sénégalaise

été relativement saine et la croissance a atteint 3,5% par an environ, soit plus que le taux de croissance démographique.

Entre 1967 et 1974, année où le prix mondial du pétrole a quadruplé, le PIB du Sénégal n'a augmenté que de 1,3% par an et la production d'arachide a chuté de près de moitié.

Pendant cette période, le pays a poursuivi une politique active de nationalisation et de substitution aux importations industrielles.

Pendant la troisième période, de 1974 à 1978, la croissance moyenne du PIB a été à peu près égale à celle de la population, ce qui s'explique en grande partie par de bonnes conditions météorologiques et par l'évolution très favorable des termes de l'échange, résultant de la hausse des prix mondiaux du phosphate et de 1' arachide.

Au cours de la quatrième période, de 1978 à 1980, le Sénégal a été victime de deux grandes sécheresses et de la forte baisse des cours mondiaux de 1' arachide ; ce qui a conduit à un taux de croissance moyen du PIB de 0,8% par an.

A la fin de cette période, les principaux indicateurs économiques faisaient tous apparaître de graves déséquilibres financiers et structurels. Le déficit budgétaire et le déficit extérieur courant atteignaient, respectivement 12,5% et 25,8% du PIB. Le taux d'épargne était négatif et la consommation totale était supérieure au PIB. Aussi, entre 1975 et 1980, l'inflation s'est accélérée pour atteindre un taux de 12% tandis que les termes de l'échange diminuaient eux aussi de 12%. Cette situation laisse percevoir la nécessité de réformes économiques structurelles en vue d'une relance de la croissance de 1' économie.

Avant de présenter les grandes politiques de gestion et de réforme macroéconomiques qui y ont été mises en oeuvre depuis 1980 nous faisons d'abord un aperçu de la structure de la production nationale.

(21)

Chapitre 1: Evolution récente del 'économie sénégalaise

1.1.2. Structure de l'économie sénégalaise

L'économie sénégalaise développe ses activités à travers trois pnnc1paux secteurs : le primaire, le secondaire et le tertiaire; certaines tenninologies distinguent aujourd'hui le

secteur infonnel du tertiaire.

La population active du pays est inégalement répartie entre ces secteurs ; de même la contribution à la production nationale et à sa croissance diffère entre secteurs. L'évolution globale de la structure de la population active selon ces trois secteurs est donnée dans le

· tableau suivant.

Structure sectorielle de la population active occupée de 1980 à 1997 (%).

~

s 1980 1983 1991 1995 1997

Primaire 32,5 23,1 20,6 21,0 19,0

]

Secondaire 27,3 20,5 19,0 19,5 19,8

Tertiaire 40,2 56,4 60,4 59,5 61,2

Total 100 100 100 100 100

Source : Rapport Zone Franc, Pans - France, d1vers numeros.

L'emploi au Sénégal se déplace de plus en plus vers le secteur te1iiair•!. Ce transfert s'explique par la forte expansion des activités du secteur informel et par l'exode rural qui engendre une baisse de la population engagée dans les activités agricoles. Depuis 1983, la part de l'emploi du secteur secondaire semble stagner autour de 20% de l'emploi total; ce qui résulte de l'importance toujours accordée aux activités industrielles dan~. le pays. Cette réallocation progressive de la main-d'oeuvre semble conditionner les performances des

différents secteurs.

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Chapitre 1: Evolution récente de 1 'économie sénégalaise

Tableau n°2 : Taux de croissance annuel moyen des valeurs ajoutées sectorielles réelles (prix constant de 1987) de 1970 à 1997 (%).

~

s 1970-74 1975-79 1980-84 1985-89 1990-93 1994-97

Primaire 1,66 0,89 0,42 2,38 -2,38 1,88

Secondaire 3,38 4,15 5,10 4,67 0,40 7,6

Tertiaire 0,34 0,90 2,34 4,17 0,61 6,50

Source : Calculs de 1' auteur a partir des PIB sectonels de la base de données économiques '

annuelles de la Direction de la Prévision et de la Statistique du Sénégal.

Le secteur secondaire a presque toujours amélioré la performance de ses activités même si le déclin général de la période 1990-1993 a ramené sa croissance moyenne au taux de 0,4%. De plus en plus, la croissance de la valeur ajoutée du tertiaire s'améliore. On peut alors penser à une amélioration de la productivité de la main-·d'oeuvre dans le secondaire et dans le tertiaire. Par contre, les taux de croissance toujours faibles du primaire peuvent s'expliquer par les mouvements climatiques et la réduction de la main-d'oeuvre. L'analyse

de la structure de la doissance montre toutefois qu'en général le . .~secteur primaire y contribue plus que le secondaire, le tertiaire étant le plus prépondérant.

Tableau n°3 : Décomposition de la croissance du PIB selon les contributions des différents secteurs, de 1970 à 1997 (%).

~

s 1970 1975 1980 1985 1990 1993

Primaire 1,7 1,1 -4,8 1,6 2,2

Secondaire 1,4 1,1 1,2 0,4 0,7

Tertiaire 5,6 5,5 1,6 2,0 1,7

Total 8,8 7,6 -2,0 4,0 4,5

Source: World Bank, World Tables, 1990, 1995.

Une étude détaillée des activités de chaque secteur permet de mieux cerner les conditions de déroulement de leurs activités.

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Chapitre 1: Evolution récente de l'économie sénégalaise

a) Le secteur primaire

Il s'agit principalement de 1' agriculture, de 1' élevage, de la pêche et des services forestiers de maintien et d'amélioration de la fertilité des sols. L'importance stratégique de 1' agriculture dans 1' économie et dans la subsistance de la population - notamment dans l'optique de l'autosuffisance alimentaire - doit inciter à mieux gérer les atouts et les contraintes qui y sont liés au Sénégal. Or, depuis deux décenniss, cette branche agricole traverse des difficultés dues à une pluviosité défavorable, à la réduction des subventions et aux inadéquations de la politique agricole du pays ; sa contribution au PIB est passée de 18,8% sur la période 1960-1986 à 11% sur la période 1987-1993 (MEPF, 1997).

On note, malgré les mesures prises à partir de 1981 par les autorités pour la résorption du déficit alimentaire, que celui-ci s'aggrave du fait de la forte croissance démographique et de l'urbanisme accéléré à la hauteur desquelles les disponibilités alimentaires n'ont pas pu se hisser pour réaliser 1' équilibre.

L'élevage contribue en moyenne pour près de 7,3% au PIB. Cette branche a connu des efforts de développement mais ne satisfait pas encore toute la demande en lait (MEPF, 1997). Elle permet cependant des exportations de cuirs et de peaux. Elle souffre de la fragilité du paturâge due à la légère végétation du pays et à une mauvaise gestion du milieu naturel.

La pêche a connu une croissance régulière qui la place aujourd'hui au premier rang de l'économie nationale en terme de recettes d'exportations. Cette filière comporte la pêche artisanale qui a connu depuis les années 70 de nouvelles techniques, et la pêche industrielle qui est surtout tournée vers 1' exportation.

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Chapitre 1: Evolution récente de 1 'économie sénégalaise

b) Le secteur secondaire

Le secteur secondaire regroupe les activités industrielles, les activités de bâtiment et travaux Publics (BTP) et d'artisanat. Bien que la contribution à l'économie nationale des autres composantes ne soit pas négligeable, les activités industrielles constituent la branche

prédominante du secondaire. Le secteur industriel est caractérisé, depuis 1994, par de nouvelles potentialités liées au contexte de la dévaluation du franc CF A et à 1 'instauration d'un climat favorable au marché. L'industrie fournit l'essentiel de l'offre nationale au commerce international. En effet, le Sénégal dispose de matières premières agricoles, minières, énergétiques, forestières et halieutiques importantes dont la transformation fournit les produits manufacturiers d'exportations. En vertu de cette variété de ressources, il suffit de renforcer la synergie entre les branches de production pour obtenir des avantages en terme de coûts de production et de qualité des produits. Aussi, des possibilités de diversification demeurent inexploitées dans l'industrie (MEPF, 1997). Les principales branches industrielles sont: l'industrie alimentaire, l'industrie chimique, les mines, le textile et l'énergie. Selon les critères de la valeur ajoutée et des opportunités d'emplois offertes, l'industrie alimentaire se révèle comme la branche la plus importante. En effet, cette dernière fournit en moyenne 40% de la valeur ajoutée industrielle et près de la moitié de l'emploi total de l'industrie manufacturière (Latreille, T., 1996). Il faut noter que dans le cadre des politiques de développement industriel la stratégie de substitution aux importations a été adoptée jusqu'en 1985; cette stratégie vise à protéger l'industrie locale par l'instauration de barrières tarifaires et non tarifaires. La forte protection n'a pas permis à l'industrie d'être compétitive ni sur les marchés extérieurs ni par rapport aux produits importés. Mais, depuis 1986 des politiques de libéralisation ont été adoptées et l'industrie devrait désormais faire des efforts pour améliorer sa compétitivité prix et qualité.

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c) Le secteur tertiaire

Il est dominé par les services du tourisme, du commerce, de télécommunication, de transport et par des activités du secteur informel. Les services de transport, de poste et de télécommunication sont les activités dominantes. Le fort taux d'analphabétisme adulte au Sénégal fait que plusieurs personnes s'adonnent aux activités commerciales ou à des activités relevant du secteur informel. Ceci justifie la forte contribution du tertiaire au PIB. En fait, cette prépondérance du tertiaire dans l'économie devrait susciter un meilleur encadrement visant à prendre en compte l'intégralité de tous les avantages économiques qu'il crée. Le tourisme est favorisé par la position géographique du pays, la qualité de ses plages et de ses sites touristiques : le tourisme occupe la deuxième place en terme de recettes en devises après la pêche (MEPF, 1997).

Dans le domaine des télécommunications, le Sénégal est le pays le plus compétitif dans la zone UEMOA. Il possède aussi les produits de télécommunication les plus nombreux et de la meilleure qualité, y compris 1' accès à 1 'internet. Ce secteur vient aussi d'être libéralisé.

En outre, ses infrastructures de télécomunication sont 1 'une des plus modernes de 1 'Afrique de l'ouest; leur taux de défaut de 39% est parmi les plus bas de l'Afrique subsaharienne (Banque Mondiale 1997).

Au Sénégal, les politiques budgétaires et monétaires sont caractérisées par une forte intervention de l'Etat et par des contraintes liées à l'appartenance à l'UEMOA1Elles ont engendré des déséquilibres macroéconomiques qui se sont aggravés vers la fin des années 70. Alors, les institutions internationales vont intervenir à travers des politiques de stabilisation et de relance de 1' économie.

1 Dans le cadre de sa politique de crédit, cette union impose un plafond statutaire aux avances consenties aux gouvernements qui ne peuvent dépasser 20% des recettes budgétaires ordinaires de l'exercice budgétaire précédent. Ce qui limite le financement des déficits publics par la Banque Centrale de l'Union.

(26)

Chapitre 1: Evolution récente de 1 'économie sénégalaise

1.2.

POLITIQUES DE REFORMES MACROECONOMIQUES ET SECTORIELLES.

1.2.1. Programmes de stabilisation et d'ajustement structurel (1980-1992)

A la fin des années 70, le gouvernement sénégalais a commencé à se renue compte des faiblesses de ses plans de développement du secteur public et de ses ambitieux programmes de nationalisation. En effet, la flambée des cours de 1 'arachide et des phosphates au cours des années 1973-1977 et un contexte d'endettement fac le ont favorisé des politiques internes expansives (Diagne, A., 1995). Les déséquilibres internes et externes se sont accentués et l'endettement extérieur, de plus en plus lourd, a financé essentiellement la consommation. C'est dans ce contexte que le gouvernement a dû faire appel aux institutions de Bretton Woods pour mettre en oeuvre des programmes de stabilisation et d'ajustement structurel. L'ensemble de ces programmes )nt couvert la période 1980-1993 et comprennent deux grandes phases.

a) La phase de stabilisation : le Plan à Moyen Terme de Redressement f~conomique et Financier (PREF) (1980-1984).

Dans une première phase, entre 1980 et 1984, le pays s'est efforcé de mettr( en oeuvre des politiques de compression de la demande interne afin de résorber les déficit~ budgétaires et du compte courant: c'est la phase de stabilisation. Cette phase a été marquée par l'adoption d'un Plan à Moyen Terme de Redressement Economique et Financier (PREF) en Novembre 1979 sur une période de cinq ans. Les mesures contenue~ dans ce plan visaient l'accroissement de l'investissement dans les secteurs productifs, l'augmentation de l'épargne publique, la libéralisation du commerce et la rationalisatic'n du secteur parapublic. Il a aussi été conclu en Août 1980 un accord de facilité élargie (FEE) avec le FMI, puis un prêt à l'ajustement structurel en Décembre 1980 avec la Banque Mondiale.

(27)

Chapitre 1: Evolution récente de 1 'économie sénégalaise

Le FEE contenait des mesures fiscales visant à accroître les recettes et let réduction des dépenses publiques. Mais le gouvernement sénégalais n'ayant pas appliqtLé les mesures demandées par le FMI, aucun achat n'a pu être effectué au titre du FEE el en Septembre

1981 le FEE a été annulé à la demande du gouvernement.

Par la suite, il a été conclu avec le FMI un programme annuel de confirmat on pour 1981- 1982 avec révision à mi-parcours et des achats et des achats au titre de cet accord sont conditionnés à la réalisation de progrès satisfaisants. Les mesures prises dan~: le cadre de ce programme sont : augmentation des prix des denrées de première nécessité, majoration des taux d'imposition indirecte, blocage des salaires de la fonction publique, cc,mpression des dépenses d'équipements, limitation de la croissance du crédit intérieur.

En 1982, un autre programme conclu pour la période 1982-1983 avait mi~ en oeuvre les mesures suivantes : limitation des effectifs de la fonction publique, relèvem;nt du prix des intrants, compression du coût des effectifs des filières agricoles et de certaines entreprises publiques, relèvement des taxes à l'importation, limitation de la masse n·.onétaire et du crédit.

Pour la période 1983-1984, les mesures prises visaient 1 'ugmentation des prix des produits de base, l'augmentation de la retenue sur les prix au producteurs, la réduction des dépenses de fonctionnement et la limitation de la croissance des effectifs dans la fonct on publique.

b) Le Programme d'ajustement à moyen et long terme (PAMLT) (1985-1992).

La deuxième phase (phase d'ajustement structurel oud'ajustement partiel) a débuté en Décembre 1985 avec l'adoption d'un Programme d'Ajustement à Moyen d Long Terme (PAMLT). Ce programme est basé sur le diagnostic fait par le "Mémorandum de l'économie sénégalaise" de la Banque Mondiale en Novembre 1984. Selon ce diagnostic, la stagnation de 1' économie sénégalaise est imputable à trois catégories de facteurs : une

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demande intérieure supérieure au PIB, le faible potentiel de croissance du secteur primaire, un secteur public hypertrophié et inefficace. Les mesures contenues dans le P AML T ont alors mis l'accent sur la résorption des déséquilibres macro-économiques, le développement de l'initiative privée, la correction des distorsions de prix, la stimulation de l'épargne intérieure et la relance des activités agricoles, industrielles et commerciales. A cet effet, des politiques agricole, industrielle et commerciale ont été élaborées dans le cadre des programmes d'ajustement structurel (PAS).

La Nouvelle Politique Industrielle qui est un plan d'actions mis au point en Juillet 1986 a été adoptée pour s'attaquer à la protection excessive dont l'industrie sénégalaise a toujours bénéficié et pour renforcer la compétitivité de l'économie. Considérée comme le volet de politique industrielle et commerciale des PAS, la NPI a pour objectifs :

L'amélioration de la compétitivité et des gains de productivité dans les entreprises industrielles par la libéralisation des échanges intérieurs et extérieurs et par 1' élimination des distorsions de prix sur le marché intérieur ;

La rationalisation du dispositif des incitations industrielles afin de promouvOir les activités à haute valeur ajoutée et tournées vers les marchés extérieurs;

L'assouplissement des conditions de fonctionnement du marché du travail par 1' élimination de tous les facteurs de rigidité relatifs à 1' emploi et à la détermination des salaires.

Pour sa mise en oeuvre prévue pour trois ans (1986-1988), les mesures suivantes ont été envisagées : 1) La réduction et l'harmonisation des tarifs douaniers ; 2) La suppression progressive des restrictions quantitatives aux importations; 3) Le réaménagement du système de subvention aux exportations afin de promouvoir les industries exportatrices et à forte valeur ajoutée; 4) La révision du code des investissements et l'élimination graduelle des conventions spéciales, de manière à encourager les investissements privés.

(29)

A propos des retombées macro-économiques de ces programmes, elles sont mitigées.

Plusieurs études sont unanimes que de nombreux changements stratégiques et institutionnels sont intervenus pendant la période où elles ont été appliquées: succès des mesures de stabilisation, introduction de mesures d'ajustement axées sur l'offre (déréglementation sur les marchés, suppression des contrôles des prix, meilleure gestion des entreprises parapubliques) (Elliot Berg and associates, 1990; Ministère de l'Economie des Finances et du Plan, 1991 ; Banque Mondiale,.1993.).

Les résultats macroéconomiques sont plutôt médicocres. L'étude de BERG, E. and associates (1990) aboutit à la conclusion centrale : ''Le Sénégaln 'a pas apporté de grands changements en matière d'ajustement durant les années 80, décennie pendant laquelle l'intérêt pour le changement structurel occupait vraisemblablement le centre de la scène

politique"(p.32). Selon cette étude, l'ajustement structurel a été ajourné au Sénégal. Pour Diagne, A. (1995), le bilan de l'ajustement structurel au Sénégal durant la période 1980-

1992 peut être résumé par l'expression: "Stabilisation, peut-être; croissance, non" (p.

XI). Diagne, A. (1995) trouve en effet que la diminution du déficit budgétaire entre 1985 et 1992 a été obtenue au moyen de mesures incompatibles avec l'objectif de croissance. Pour lui, la pression fiscale s'est alourdie, les taxes frappant les facteurs techniques (eau, énergie, télécommunication) ont provoqué une hausse de leurs prix, ce qui a réduit la compétitivité des entreprises. Par ailleurs, les ressources d'entretien et d'investissement ont baissé alors que la masse salariale augmentait. Pour BERG, E. and associates, la lenteur des efforts du Sénégal en matière d'ajustement structurel peut s'expliquer par plusieurs facteurs : 1) des facteurs exogènes comme la sécheresse, la structure des prix des importations ou des exportations; 2) l'inaction des agents économiques (absence d'action ou actions non adaptées, lenteur bureaucratique, absence de volonté ou d'engagement

(30)

politique); 3) la présence des bailleurs de fonds qm auraient manqué de capacité à superviser des réformes complexes.

En terme d'impact de la NPI, les études menées à cet effet montrent que les résultats escomptés n'ont pas été atteints et que la politique a même engendré des effets négatifs sur certains aspects de 1' économie nationale. En effet, la Banque Mondiale ( 1992) montre que la libéralisation des importations a eu des effets négatifs sur la production et l'emploi industriels. Cette mesure a transformé un grand nombre d'industriels en importateurs, d'où une accentuation de l'informalisation de l'économie, la perte de nombreux emplois industriels et la baisse subséquente de la production industrielle. De même, sur les exportations industrielles, l'effet de la politique n'a pas été positif. A l'exception du phosphate, toutes les exportations ont en réalité, soit stagné, soit diminué.

1.2.2. La politique d'ajustement externe: la dévaluation du franc CFA (1994)

Au début des années 90, la plupart des pays africains de la zone franc ont vu leurs conditions économiques se dégrader à la suite d'une profonde détérioration des termes de l'échange et de la récession économique en Europe (Banque Mondiale, 1997, p.9). Les gouvernements ont cherché à adapter leurs économies à ce nouveau contexte. Il a été adopté une dévaluation du franc CFA de 50% le 11 Janvier 1994. L'objectif principal est de restaurer la compétitivité de ces économies. En effet, une dévaluation augmente le prix des biens échangeables par rapport à celui des biens non échangeables, améliore la balance commerciale et incite à une réallocation des ressources en faveur du secteur des biens exportables.

Au Sénégal, la dévaluation a été accompagnée d'un programme de stabilisation axé sur l'ajustement budgétaire et d'un programme de réformes structurelles destinées à améliorer la flexibilité du marché, à développer le secteur privé, à libéraliser 1' économie et à réduire

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la taille du secteur public. Depuis 1994, les mesures de réforme suivantes ont été bien menées (Diagne, A., 1995, p.XIII; Banque Mondiale, 1997, p.lO):

Le renforcement de la concurrence au sein de 1' économie : libéralisation des pnx, suppression ou renégociation des conventions spéciales qui protégeaient plusieurs entreprises privées ou publiques ;

La libéralisation des échanges : élimination des autorisations préalables d'importer ou d'exporter, ainsi que des prix de référence au cordon douanier, réduction des tarifs douaniers et simplification du barème des tatifs, suppression du monopôle sur les importations pour tous les produits à l'exception du pétrole;

La promotion de l'investissement privé et des exportations;

L'amélioration de la flexibilité du marché du travail : élimination des autorisations préalables requises pour les licenciements effectués pour des motifs économiques ; La réduction du rôle de l'Etat dans l'économie, préparation d'un audit de la fonction publique et règlement des dettes croisées au sein des entreprises publiques ;

En terme de mesures sociales, la hausse des salaires de 10% et la mise en place d'un filet de sécurité sociale d'une enveloppe de 15 milliards de francs CF A.

Par rapport à l'objectif de croissance, les effets de la dévaluation peuvent être analysés dans le secteur productif et au niveau macroéconomique.

Dans le secteur productif, l'Etat a mis en oeuvre plusieurs programmes d'appui à la dévaluation : le P ASA (le Programme d'Ajustement Structurel de 1' Agriculture), le projet d'appui au secteur privé, etc. D'une façon générale, les effets ont été mitigés et ne sont pas très encourageants.

(32)

Trois études2 menées en 1996 sur la réaction des petites et moyennes entreprises (PME) du secteur industriel à la dévaluation ont abouti aux conclusions suivantes.

Les PME au Sénégal utilisent beaucoup d'intrants importés, lesquels sont difficilement remplaçables par des intrants locaux. La dévaluation n'a donc pas permis la substitution des intrants importés dont le coût a pourtant augmenté ;

La dévaluation a réduit la concurrence venant de l'étranger et encouragé de plus petites entreprises à se lancer dans les secteurs qui concurrencent les importations. Une concurrence accrue est née de la part des micro-entreprises et du secteur informel qui peuvent produire des marchandises à moindres coûts. Dans ces conditions, les entreprises intervenant sur le marché local ont été contraintes d'ajuster vers le bas et le prix et la qualité de leurs produits ;

Tous les secteurs tournés vers les exportations ont pns un grand essor, surtout l'industrie de la pêche;

Les secteurs protégés de la concurrence extérieure (électricité, eau, énergie), mais qui sont d'importants fournisseurs du secteur extérieur, ont continué à affaiblir l'efficacité de ce dernier secteur ;

Etant donné l'importance de la capacité de production non utilisée au cours de la période antérieure à la dévaluation, l'amélioration des conditions de la demande ne conduit pas à la création d'emplois. Les entreprises préfèrent augmenter les salaires et le nombre d'employés temporaires plutôt que d'engager des employés permanents. Il y

2 Les références de ces études sont: 1) Les petites et moyennes industries après la dévaluation du franc CF A:

Conséquences, réactions et potentiels au Sénégal, par R. QUALMANN; R. FRACKMANN; T.

GANSLAMYR; B. GERHARDUS et B. SCHONEWALD, Etudes et rapports d'expertise 1511996. Institut Allemand de développement, Berlin, 1996.

2) L'offre des entreprises manufacturières deux ans après la dévaluation du franc CFA: le cas du Sénégal, par G. COLLANGE, Département des Politiques et des Etudes, Division de l'ajustement et de la macro-

économie (CFD), Janvier 1996.

3) Impact de la dévaluation sur le secteur productif. Rapport provisoire. Ministère de 1' Economie, des Finances et du Plan. Unité de Politique Economique, Dakar, Mars 1996.

(33)

a donc eu une baisse de la sous-utilisation des capacités de production, ce qui s'est traduit par une importante hausse de la productivité.

Toutefois, au niveau macroéconomique, il a été noté une reprise de l'activité économique depuis 1994. Aussi bien le gouvernement que les bailleurs de fonds trouvent que les effets de la dévaluation et des réformes ont été positifs (Harold, 1995 ; Banque Mondiale, 1997).

Il est cependant à prendre en compte les facteurs exogènes à cette politique qui peuvent avoir joué. Le tableau suivant donne l'évolution de quelques indicateurs macroéconomiques sur des périodes avant et après la dévaluation.

Tableau n°4 :Quelques indicateurs macroéconomiques au Sénégal de 1986 à 1997( %)

Années 1986-90 1991-93 1994 1995 1996 1997

Croissance du PIB 3,3 0,0 2,0 4,8 5,6 4,7

Croissance du PIB/tête 0,3 -2,8 -0,6 2,2 3,0 2,1

Investis. Intér. Brut /PIB 12,6 13,1 13,7 15,6 16,3 16,7 Investissement privé/PIB 8,6 8,9 9,0 10,8 Il ,5 11,7 Epargne intér. Brute /PIB 6,5 5,6 7,4 10,4 11,4 11,8

Croissance exportations 7,9 -3,7 5,3 9,4 4,8 0,7

Taux d'inflation (IPC) 0,1 -0,8 32,1 8,1 2,8 2,5 Déficit compte cour./PIB -10,7 -9,5 -9,3 -7,9 -7,2 -6,1 Déficit budgétaire -3,1 -1,9 -5,7 -3,2 -2,0 -1,3 Sources : World Bank, World tables, 1992 , 1995, African Development Ind1cators, 1997, 1998/1999

L'inflation a été ramenée de 32% en 1994 à moins de 3% en 1996. La croissance réelle du PIB a été positive en 1994 et passe de 4,8% en 1995 à 5,6 en 1996, puis à 4,7% en 1997; ce qui contraste avec la stagnation du début des années 90. Les déficits budgétaires et de la

(34)

balance courante (hors dons) sont passés respectivement de 5,7% et 9,3% du PIB en 1994 à 2% et 7,2% du PIB en 1996, puis à 1,3% et 6,1% en 1997. L'épargne intérieure brute est passée de 7,4% du PIB en 1994 à 10,9% en 1996. Après avoir diminué de 3,7% par an au cours de la période 1991-1993, le total des exportations a augmenté de 6,5% en volume pendant la période 1994-1996.

Les politiques macroéconomiques ont ainsi eu des résultats mitigés en terme de croissance.

Les récentes mesures de politique économique permettent toutefois d'envisager de bonnes perspectives en matière de croissance.

1.3.

PERSPECTIVES DE CROISSANCE ECONOMIQUE

En définitive, depuis l'indépendance, l'économie du Sénégal n'a pa pu connaître un véritable décollage en terme de croissance. Bien que les aléas climatiques peuvent avoir joué, les avantages en terme d'infrastructures dont le pays bénéficiait dès le départ (l'indépendance) apparaissent avoir été mal exploités. Ainsi, cette absence de décollage véritable devrait être plutôt liée aux erreurs contenues dans la mise en oeuvre des différentes politiques économiques adoptées dans le pays. Mais, les nouvelles orientations de la politique économique depuis 1995 permettent d'être optimiste. En effet, le gouvernement du Sénégal a adopté en 1995, à l'issue de la troisième réunion du groupe consultatif des bailleurs de fonds, une nouvelle stratégie fondée sur 1' accélération de la croissance et dont les objectifs sont: 1) Réaliser l'équilibre des opérations financières de l'Etat à partir de 1997 ; 2) Réduire le déficit des paiements courants de 8,3% du PIB en 1994 à 6,8% en l'an 2000; 3) Maîtriser l'inflation pour le maintenir à des niveaux semblables à ceux d'avant dévaluation (autour de 2%); 4) Relever le taux d'investissement à 19% à 1 'horizon 2000.

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