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Définitions et représentations de l'agriculture biologique...

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’Agriculture biologique est aujour-d’hui régie par une série de textes réglementaires dans un contexte européen. Cependant l’Agriculture biologique est aussi le fruit d’une lente évolution histo-rique, dont ces textes sont les aboutissements. Elle a connu des visages différents d’un pays à l’autre mais, en général, elle a conquis sa légiti-mité avec l’essoufflement du modèle agricole productiviste. Elle se présente souvent, non seulement comme un mode de production agri-cole, mais aussi comme un élément d’une alter-native socio-politique à un système social contesté par les consommateurs et la société civile.

Il convient de prendre en compte l’Agriculture biologique certifiée mais aussi d’autres formes d’agriculture qui peuvent être considérées comme proches de l’Agriculture biologique. En effet, il existe en réalité un continuum entre plusieurs formes d’agriculture qui, toutes, se veulent des améliorations ou des alternatives au système agricole productiviste aujourd’hui remis en question.

Dans les divers pays qui s’intéressent à l’Agriculture biologique, il existe une contro-verse au sujet de sa définition.

AGRICULTURE BIOLOGIQUE :

PRINCIPES TECHNIQUES

AU SERVICE D’UNE ÉTHIQUE DE LA

PRODUCTION AGRICOLE

Beaucoup (en général les pionniers de l’Agriculture biologique et les acteurs des pays en voie de développement) considèrent l’Agriculture biologique comme un ensemble de pratiques agricoles respectueuses des équi-libres de la nature et du bien-être animal. L’Agriculture biologique se veut une alternative "durable" au modèle agricole productiviste (François et al., 2005).

L’IFOAM (International Federation of Organic Agriculture Movements) définit dans cette optique une liste de principes techniques et éthiques pour l’Agriculture biologique. Ces principes sont :

•écologiques : ils prévoient le maintien et l’amélioration de la qualité des sols et la

réduction des pollutions, l’utilisation de végé-taux et d’animaux adaptés au milieu, le recy-clage des déjections, le bien-être animal, l’économie d’énergie ;

•sociaux et humanistes : ils mentionnent le rapprochement entre producteurs agricoles et consommateurs, l’équité dans les relations commerciales avec les producteurs agricoles, la solidarité internationale, le maintien des paysans à la terre ;

•économiques : la promotion d’entreprises à échelle humaine, le maintien de marchés locaux, de prix équitables pour les produits qui en font partie.

AGRICULTURE BIOLOGIQUE :

UNE RÉGLEMENTATION EUROPÉENNE

ET FRANÇAISE

Les institutions des pays occidentaux se placent dans une perspective de certification de l’Agriculture biologique, destinée à faciliter les échanges commerciaux à courte ou longue dis-tance. Cette certification se base sur des défini-tions réglementaires qui donnent lieu à des contrôles. En Europe, la base juridique pour l’Agriculture biologique est constituée par le règlement 2092/91 pour les productions végé-tales et 1804/99 pour les productions animales. La définition réglementaire retenue par l’Union Européenne reprend en général les principes de l’IFOAM. L’adoption de ce cadre réglementaire est apparue comme un moyen permettant à l’Agriculture biologique de se positionner, de manière crédible, sur le marché que constituent les produits de qualité. Les dispositions réglementaires visent à être précises et contrôlables. La réglementation européenne définit un mode de production agricole pour les végétaux et animaux, régle-mente l’étiquetage, la transformation, l’inspec-t i o n e l’inspec-t l e c o m m e r c e d e p r o d u i l’inspec-t s d e

Définitions et représentations

de l’Agriculture biologique...

Définitions et représentations

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l’Agriculture biologique à l’intérieur de la com-munauté, ainsi que l’importation de ces pro-duits en provenance de pays tiers.

Cette réglementation ne traduit qu’une partie des principes de l’IFOAM ; en particulier, la par-tie "éthique" n’est qu’imparfaitement prise en compte. La déclinaison de ces aspects est laissée à l’initiative du producteur, qui peut aussi se limiter à une approche technico-économique, pratiquant une agriculture n’utilisant que les intrants autorisés.

Par ailleurs, des millions de petits paysans dans le monde, particulièrement dans les pays en développement, et des centaines d’initiatives tendant à améliorer la productivité de l’agricul-ture en se basant sur les ressources locales sont, de fait, des agriculteurs qui peuvent être consi-dérés comme pratiquant une "agriculture tra-ditionnelle écologique" basée sur une gestion durable des ressources naturelles.

Enfin, une proportion d’agriculteurs pauvres pratique une agriculture traditionnelle qui n’utilise pas non plus d’intrants extérieurs, par manque de ressources. Ces systèmes ne sont pas à relier à l'agriculture traditionnelle écolo-gique, du fait de leurs faibles performances en termes de productivité. Dans ces contextes, l'agriculture traditionnelle écologique, et l’Agriculture biologique qui en est issue, peu-vent apporter des techniques susceptibles d’augmenter les rendements et la productivité. Au niveau mondial, co-existent donc une Agriculture biologique certifiée et réglementée de différentes façons, une agriculture traditionnelle écologique, non encore certifiée, ou cherchant des voies nouvelles de certification en lien avec l’IFOAM et une agriculture traditionnelle, prati-quée par la plus grande partie des agriculteurs du monde majoritairement situés dans le tiers-monde. L’Agriculture biologique certifiée est minoritai-re, voire marginale en termes de surface et de nombre d’exploitations concernées, mais l’agri-culture traditionnelle écologique et l’agricultu-re traditionnelle couvl’agricultu-rent, de fait, la plus gran-de partie gran-des terres cultivables dans le mongran-de et fournissent de la nourriture à la plus grande partie de la population de la planète (François et al., 2005).

REPRÉSENTATIONS

On note donc une coexistence entre l’Agriculture biologique certifiée (à la fois dans

les pays développés et en développement) et l'agriculture traditionnelle écologique, défen-due par des producteurs de pays en développe-ment, qui considèrent que la certification obli-gatoire est trop coûteuse, et peut-être inutile si on vend sur les marchés locaux.

En métropole, certains petits producteurs qui vendent leurs produits localement rejoignent cette option. Les producteurs de certains pays en développement considèrent que le proces-sus de certification ne peut se limiter à l’utilisa-tion des normes des pays importateurs, véri-fiées par des organismes certificateurs issus des pays importateurs.

Pour ces raisons, l’IFOAM soutient une démarche de certification par groupe. L’IFOAM reconnaît que si des groupes de petits agricul-teurs développent un système de contrôle interne, une inspection annuelle par un orga-nisme certificateur tiers peut assurer un systè-me de garantie efficace. En outre, ce systèsystè-me contribue au renforcement de la capacité managériale du groupe.

Enfin, dans certains pays comme au Brésil, des groupes de producteurs et de consommateurs militent pour une "certification participative". Les promoteurs de ce type de certification et notamment le réseau Ecovida considèrent que l’agriculture traditionnelle écologique et l’agri-culture familiale ont pour objectif essentiel de rapprocher les producteurs et les consomma-teurs alors que l’agriculture industrielle tend au contraire à les éloigner. La certification doit alors être un outil au service du projet social du groupe et non seulement un processus visant à l’obtention d’un label pour accéder au marché. Cette certification participative est basée sur la mobilisation de réseaux sociaux liés aux pro-ducteurs, mais aussi aux consommateurs, voire aux transformateurs. C’est alors l’organisation du contrôle social autour de la certification par-ticipative qui assure le consommateur de la qualité biologique du produit.

L’Agriculture biologique non-certifiée ne peut fonder la confiance du consommateur que sur une relation locale de confiance entre les pro-ducteurs et leurs partenaires où la relation directe producteur-consommateur permet d’as-surer au consommateur la qualité biologique du produit.

S’il n’y a plus de relation directe entre produc-teur et consommaproduc-teur, notamment dans les

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cuits longs de commercialisation, par exemple pour une vente dans des supermarchés ou à l’exportation, c’est une certification officielle qui permet d’assurer au consommateur la qua-lité "biologique" du produit. Cette certification permet de passer à des échanges de type "convention industrielle" où le label de l’Agriculture biologique garantit à l’acheteur la nature du produit.

L’Agriculture biologique non-certifiée voit donc

son développement réservé aux circuits courts et/ou locaux (basés sur la relation directe entre producteur et consommateur), alors que la cer-tification ouvre la voie aux circuits longs (super-marchés et exportation notamment).

Le tableau ci-dessous résume les différentes formes d’agriculture et les modes de certifica-tion accessibles.

Tableau 1. Différents formes d’agriculture et modes de certification (d'après François et al., 2005) Mode de

Exemples en contrôle et de Référentiel

Martinique certification

Certification Bio des Antilles

officielle Référentiels officiels : norme 45011 - Règlements nationaux

Agriculture - Règlement européen

biologique - IFOAM

Certification par groupe

Orgapéyi pourrait recouvrir l’une ou Mode de production fidèle l’autre de ces

aux principes de acceptions, si le

Agriculture l’Agriculture biologique référentiel prévoit au

traditionnelle Certification (interdiction a minima de moins l’interdiction

écologique participative persticides et engrais de pesticides et

chimiques, et d’engrais de synthèse

préconisations additionnelles) RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES François M., Moreau R. & Sylvander B. (coord.), 2005. Agriculture biologique en Martinique : Quelles perspectives de développement ?, Paris : IRD (Coll. Expertise collégiale), 304 p. + cédérom (515 p.). IFOAM, 2002. IFOAM Conference on organic guarantee systems: International harmoni-sation and equivalence in organic agriculture, IFOAM, UNCTAD, (17-19 février 2002, Nuremberg, Allemagne), 63 p. 5556 PRAM 5 8/02/07 9:06 Page 9

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