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(1)

PRO FRIBOURG

Septembre INFORMATIONS Trimestriel N° 30

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(4)
(5)
(6)

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A Londres, l'église de St. Benet, construite par Christopher Wren après le Grand Incen¬

die, telle qu'elle se trouve «protégée».

(7)

7

Un constat. é

Le coeur de la ville :

cassé, éventré, disloqué.

Les rares témoins du passé : des épaves englouties

dans la marée du béton#

Le centre-ville, forum et

lieu de rencontre des habitants : une City accaparée

par le monde des affaires.

A lfEst comme à lfOuest :

la bureaucratie écrasante des uns rivalisant avec

le dynamisme "anarchique" des autres.

(8)

8

SOMMAIRE

p. 9 Le système urbain, par Jacques VICARI 24 L'éléphant dans le magasin de porcelaine s

Grands magasins et centres historiques.

28 En souscription : le dossier en images

"La pelle mécanique" ou La transformation de la ville..

32 A Fribourg : quand la PLACETTE fait PLACE NETTE ...

34 ••• comme en Allemagne ! 35 Bande dessinée belge *

* Tirée de l'excellente revue d'architecture "Aplus" (CIAUD, 158 rue de Livourne, 1050 Bruxelles. Abonnement étranger : 1400 FB par an).

Rédaction et mise en page : G. Bourgarel

La revue PRO FRIBOURG publie des études et des informations sur le cen¬

tre historique de Fribourg ainsi que sur les problèmes d'urbanisme géné¬

ral de la ville. Participant à la Fédération internationale CIVITAS NOSTRA, dont elle assume le secrétariat, elle contribue à la diffusion de dossiers collectifs. La présente publication a été réalisée à la sui¬

te du congrès CIVITAS NOSTRA de Fribourg pour l'Année européenne du pa¬

trimoine architectural.

PRO FRIBOURG Secrétariat: Stalden 14, 1700 Fribourg Cotisation :

(donnant droit à l'envoi du bulletin)

Ordinaire, 15 fr.; de soutien, 30 fr.

Etudiants, habitants des quartiers anciens (Auge - Neuvevilie - Bourg): 50% de réduction.

C.C.P. 17-6883 1700 Fribourg

PRO FREIBURG Jahresabonnement :

Zeitschrift «Pro Freiburg» in deutscher Sprache 8 Fr.

inkl. Zeitschrift «Pro Fribourg Informations » (Vierteljährlich) 15 Fr.

Ausserordentliche Unterstützung 30 Fr.

Tirage 3200 ex. Imprimerie St-Paul, Fribourg

(9)

9

Les villes se détruisent donc elles-mêmes ?

Pourquoi ? Comment ?

Par quel processus ?

Jacques VICARI, *

nous livre une synthèse de ses travaux et quelques éléments de réponse.

Car comment agir sur un mécanisme si on n'en connait pas les rouages ?

v

La croissance des villes est-elle inéluctable ? La campagne doit-elle être une zone de réserve pour les futures urbanisations et / ou

une zone de détente pour les citadins ? La concentration doit-elle se poursuivre ? Les habitants du centre doivent-ils être

"centrifuges" à la périphérie ?

L'expansion urbaine est-elle un phénomène naturel ?

* Professeur à l'Ecole d'architecture de l'Université de Genève

(10)

10

Jacques Vicari

LE SYSTEME URBAIN ou la dynamique de la ville

L'ampleur du phénomène d'urba¬

nisation n'a d'égal que sa rapi¬

dité.

Jusqu'à la fin du 17e siècle, l'écart démographique entre quel¬

ques grands pôles de concentra¬

tion restait très modeste. Paris, la plus grande ville d'Europe, ne comptait pas plus d'un demi- million d'habitants.

Au milieu du 19e siècle, il y avait déjà quatre villes d'un million d'habitants.

Aujourd'hui, on en dénombre 140.

Autre mutation, la proportion de la population vivant dans les villes par rapport à la popula¬

tion vivant "à la campagne" prise dans son sens le plus large : A la fin de ce siècle, seul un habitant sur cinq vivra et mourra hors de la ville, alors que la proportion était inverse il y a seulement 200 ans.

Avec l'urbanisation, les villes ont modifié leur caractère, leur fonction. Elles ne sont plus un point (de passage), un noyau (culturel), un centre (d'échanges) mais un phénomène de surface.

L'URBANISATION RAPIDE de la population mondiale ressort clairement de cette comparaison de la population globale avec la population dans les villes de plus de 100.000 habitants pendant plus d'un siöcle et demi. L'utilisation des villes de 100.000 habitants ou plus pour définir une population urbaine montre une étroite corrélation avec d'autres définitions de l'urbanisme.

(11)

Or, pour des raisons historiques, ce point, ce noyau, ce centre béné¬

ficient d'équipements de façon in¬

comparablement plus grande que la périphérie.

Si l'on considère la ville essen¬

tiellement comme un lieu pour la production et la consommation de biens et de services, il devient évident qu'il y a un avantage éco¬

nomique à être situé près du "cen¬

tre" de la ville. Cet avantage se traduit par un prix du terrain ou du loyer différentiel, lié à la situation de l'immeuble par rap¬

port au centre (rente foncière urbaine différentielle).

La municipalité de Copenhague a fait établir une maquette oû la hauteur de la parcelle permet de repérer le prix du terrain.

Le résultat est le suivant :

\ s-

'JS On observe aisément le pic du

centre—ville ainsi que les crêtes des grandes avenues convergeant vers le centre. Ce modèle reflète une réalité opérant au sein du tissu urbain : le temps qui est donc le fondement de la rente fon¬

cière urbaine différentielle.

C'est le cas de la ville de Londres LONDRES

Ainsi le phénomène de surface en¬

gendré par l'urbanisation a mis en relief la dimension qui se dissimule dans toute organisation de l'espace.

Et lorsque le pic du centre devient trop vertigineux, d'autres pics se créent le long d'une voie de commu¬

nication privilégiée.

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9 i *

1650 1750 1890 1958

(12)

12

Mais le concept de temps ne doit pas seulement être pris dans son acception de durée de la

"journée salaire de 24 heures qui rythme l'activité des hommes et donne la juste mesure à toutes les entreprises" (Le Corbusier).

Il faut aussi l'entendre dans son

sens de durée historique. Si l'on prend la carte londonienne ci-après des densités d'occupation (surfaces de plancher) et si l'on sait qu' elle correspond à l'état de 1970, on admettra que la rente de situa¬

tion était bien différente 100, 200 ou 300 ans plus tôt !

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\ " " I» «»ch bOôfTWWS^âfâ

Dans le Londres de 1650, chaque point de la ville pouvait être atteint à pied en un quart.d'heu¬

re et l'espace-temps n'avait pas encore subi une distorsion créant des dommages dans les relations que les hommes entretiennent avec le monde qu'ils habitent et par là-mSme aux relations qu'ils en¬

tretiennent entre eux.

Le premier de tous, Ebenezer Howard, un visionnaire londonien doublé d'un réalisateur — il a

"inventé" la cité-jardin anglaise

— met en.évidence que le loyer du terrain est directement propor¬

tionnel à la densité de popula¬

tion :

"Puisque la présence d'une population considérable accroit grandement la valeur du sol, il est' évident qu'une migration de population sur une échelle impor¬

tante vers une région déterminée sera suivie à coup sûr par une élévation correspondante du prix des terrains sur laquelle elle s'opère."

Près de 70 ans après, R. Mayer a donné à cette phrase la repré¬

sentation graphique suivante :

(13)

SOLS URBAINS (d'après R. Mayer) l'agglomération

Ce graphique montre le déplacement vers la périphérie d'une valeur don¬

née de rente foncière différentielle.

En effet, le comportement des ména¬

ges et plus particulièrement des firmes va être influencé non seule¬

ment par la distance effective du centre, son accessibilité, mais aussi par le nombre croissant de concurrents désireux d'utiliser un sol qui, par voie de conséquence, joue un r61e dans l'attraction des consommateurs.

Ainsi, des communications rapides (métro, autoroutes urbaines) entre le centre et la périphérie, loin d'opérer une redistribution de la rente de position, l'accentuent par une accessibilité accrue des équipements centraux (banques, grands magasins).

La localisation du ménage ou de la firme dépend de la rente qu'il est disposé à verser ou en mesure de payer. C'est la réduction à l'essen¬

tiel d'une société dont le système de valeur est établi sur le pouvoir d'achat.

De leur côté, les pays socialistes rencontrent des difficultés dans l'attribution des parcelles aux utilisateurs car la détermination des coûts économiques des diverses utilisations du sol est délicate

en l'absence d'un prix résultant d'un marché libre. Dans ce cas, la médiatisation s'opère le plus souvent par le degré d'apparte¬

nance à une hiérarchie. Quel que soit le régime de la propriété du sol, il n'est pratiquement pas possible de donner une solution satisfaisante à la rente urbaine différentielle qui n'est, nous l'avons vu, autre chose qu'une rente de situation.

En théorie, une solution équita¬

ble consisterait en une rotation entre les habitants du centre et de la périphérie de façon à faire bénéficier chacun à tour de rôle des avantages des équipements cen¬

traux !

En utopie, ceux qui cherchent la solution par la décentralisation retrouvent la "Broadacre City" de F.L. Wright : une ville-territoire ou un territoire-ville sur lequel seraient disséminés des unités de production, de consommation et d'habitat, reliés par les moyens de communication les plus élaborés.

Ou encore, la "Walking City" du groupe anglais Archigram : un cen¬

tre itinérant qui mettrait succes¬

sivement les équipements du centre à portée de tous (selon le modèle présenté à la page suivante) :

(14)

Mais, dans l'une comme dans l'au¬

tre utopie, Rome n'est plus dans Rome et c'est la fin de la Cité.

En pratique, chaque jour la rente foncière urbaine différen¬

tielle aussi désurbanise par la division économique et sociale de l'espace qu'elle engendre.

Ce n'est pas un phénomène nou¬

veau : 1'enchérissement des sols urbains dans une agglomération en expansion a été la caractéristique de ces deux derniers siècle. Vers 1832, Balzac, dans la Cousine Bette, notait :

"En ce moment, la spéculation qui tend à changer la face de ce coin de Paris (...) en modifiera certainement.la population, car la truelle est à Paris pluâ civi¬

lisatrice qu'on ne le pense ! En bâtissant de belles et élégantes maisons à concierges, les bordant de trottoirs et en pratiquant des boutiques, la spéculation écarte par le prix des loyers les gens sans aveu, les ménages sans mobi¬

lier et les mauvais locataires."

La modification de population, c'est-à-diré la division sociale de l'espace est le premier trait caractéristique de l'effet de la rente de situation.

Mais la division de l'espace ne s'opère pas seulement au niveau des lieux d'habitat, mais aussi de travail et de récréation. La proxi¬

mité des équipements centraux ainsi que la proximité des activités com¬

plémentaires font que la division de l'espace et la rente foncière urbaine différentielle se détermi¬

nent et se redoublent mutuellement.

La rente est alors payée par les firmes du secteur tertiaire qui se développent au centre des villes et dont le pouvoir d'achat est large¬

ment supérieur à celui des ménages.

Ainsi la population résidente à 1'intérieur des grands boulevards de Paris diminue de 35*000 habitants par an. Les firmes, par la hausse des prix, chassent du centre les ménages économiquement plus faibles.

La tertiarisation de la ville, c'est—à—dire la division économique de l'espace est le second trait caractéristique de la rente foncière différentielle.

Cette tertiarisation se fait selon de multiples avatars qui dépendent du statut juridico-politique du ter¬

rain. En effet, dès 1850, l'Etat a édicté un certain nombre de règles de gestion de l'espace urbain : dé¬

finitions de gabarits et alignements de constructions, puis, plus tard, des plans de zones protégées d'ex¬

pansion, etc. et, récemment, des plans d'affectation de sol. L'essen¬

tiel consiste à définir la limite entre l'espace public et l'espace privé. Aujourd'hui encore, cette

limite est imprécise notamment au ni¬

veau des droits à bâtir souterrains.

Jusqu'à quelle profondeur s'enfonce¬

ront les sous—sols ? C'est à l'inté¬

rieur de ces règles de gestion que les immeubles sont modernisés, trans¬

formés, démolis-reconstruits :

(15)

DIFFERENTIATION ECONOMIQUE ET SOCIALE DE L'ESPACE RENOVATION

SANS DEROGATION DE GABARIT ^

URBAINE

AVEC DEROGATION A, ZONE PROTEGEE ZONE NON PROTEGEE

A, MODERNISATION TRANSFORMATION RECONSTRUCTION

A.

RENTE FONCIERE 22,5

ANNEE

N RENTE FONCIERE A 7,5

a ANNEE

N - AT RENTE FONCIERE 3,0

Le schéma ci-dessus essaie de ren¬

dre compte de l'évolution possible d'une "belle et élégante maison à concierge" du siècle dernier (immeu¬

ble B construit en 1'année N, rap¬

portant 7,5 mille francs-or) qui elle-même avait remplacé une petite bâtisse (immeuble A construit en l'année N - At, rapportant 3,0 mille francs-or).

Si cette "belle et élégante maison" a la "chance" d'être située dans une zone protégée, elle échappera à la démolition mais elle risque fort d'être modernisée puis mise en vente (immeuble C construit en 1'an¬

née N +At rapportant 22,5 mille francs-or).

(16)

Ain.îi à Londres, l'ensemble de Park Square West abrite maintenant les bureaux de direction d'une firme multi¬

nationale :

Si la "belle et élégante maison"

n'est pas en zone protégée et que sa carcasse est bonne, elle pourra être transformée.

A Zurich, c'est un hôtel que ses anciens habitants ont pu dé¬

couvrir après que les échafauda¬

ges fussent tombés.

(17)
(18)
(19)

4 Parfois la carcasse est bonne mais trop généreuse, il est possi¬

ble de "tirer" cinq étages dans la hauteur des quatre existants.

Alors, foin d'avarice, la "belle et élégante maison à concierge" de Zurich a été démolie et un immeu¬

ble administratif a poussé à sa place. Et combien d'étages ont—ils été enfouis dans le sol ?

▼ La limite entre une zone et une autre est une limite administrati¬

ve aussi arbitraire qu'une fron¬

tière entre Etats nords-américains.

Malheur à la "belle et élégante maison" qui se trouve de 11 autre côté du trait de plume, elle est démolie et remplacée par un immeu¬

ble plus haut qu'avant. Ainsi les Londoniens ne peuvent avoir de doutes sur les limites entre zones le long de Portland Place.

(20)

Les municipalités prenant cons¬

cience de la tertiarisation du centre veulent reconstruire la ville en ville. Mais il n'est pas possible de faire payer aux ménages les mêmes prix au mètre carré que les firmes sont dispo¬

sées à payer. La solution consis¬

te à faire voter une loi ad—hoc qui autorise une forte augmenta¬

tion de la surface bâtie en hau¬

teur, étant donné le but social de l'opération. Il n'est pas rare de voir maintenant dans les quartiers victoriens de Londres de grands ensembles d'habitations à loyers modérés de 15 étages.

(21)

Et que fait-on si la construc¬

tion préexistante est un bien inaliénable ?

On l'enjambe : A Athènes, un immeuble abrite entre ses pilo¬

tis une chapelle.

En Grèce, toute église est un lieu sacré et ne peut être détruite.

Et l'on peut voir dans une rue d'Athènes l'image étrange d'une petite chapelle coincée entre deux piliers sous un grand immeu¬

ble.

(22)

A New-York de St-Pierre entre les pi haut oui sou

j. egxi se été r ec tis de 1 ennent 1 e Lexi ne

lutherien onstruite 12 pieds d es 46 étag ton Avenue

(23)

23 Ainsi la rente foncière diffé¬

rentielle opère-t'elle la divi¬

sion économique et sociale de l'espace urbain. Si cet espace se spécialise, les relations entre les différents secteurs de pro¬

duction, consommation et récréa¬

tion sont multipliées en nombre et en intensité. On voit alors naître ce que Illich appelle la contre—productivité paradoxale î le système urbain produit plus de barrières à la réalisation de son objectif - accroître l'accessibi¬

lité des différents secteurs - que des facilités pour l'attein¬

dre :

"A chaque accroissement du pro¬

duit correspond un éloignement du but qui déclanche un redoublement de l'effort." La congestion du trafic urbain a conduit à la cons¬

truction de parkings centraux.

Ces parkings incitent au dévelop¬

pement des zones tertiaires qui, augmentant la densité des rela¬

tions, engendrent un surcroît de trafic. Lorsque tout l'univers

social s'urbanise, lorsque la com¬

munication se fait totale, les be¬

soins croissent non par appétit mais par concurrence.

Il semble dès lors évident que, si certains seiiils dimensionnels sont dépassés, l'expansion du système urbain crée dés dommages atteignant des facultés de l'homme qui ne peuvent être produites ni reproduites par le labeur et le génie et que ne peut remplacer au¬

cun produit de ces activités.

Essayons maintenant de répondre à la question posée en tête de ces lignes : L'expansion urbaine est- elle un phénomène naturel ? Non, elle a sa dynamique : la compéti¬

tion entre ses habitants pour ré¬

duire les délais engendrés par l'organisation spatiale, incompa¬

tibles avec la limite des 24 heu¬

res, car ils s'exercent au détri¬

ment des temps de repos, loisirs, travail et sont irrécupérables.

Toute organisation de l'espace est aussi organisation du temps*

Jacques VICARI.

N.B. Nous signalons à nos lecteurs et lectrices qui souhaiteraient appro¬

fondir l'argument développé dans ce bref article, qu'ils peuvent démandér au Secrétariat de l'Ecole d'Architecture de l'Université de Genève, 9 bou¬

levard-Helvétique, 1205 GENEVE, les "Notes sur le système urbain" du même auteur# ( 46 pages, Genève, septembre 1975» au prix de 5 Fr . suisses ) Source des illustrations :

p» 1» 3» 5 et 33 : photos G. Bourgarel } p. 2 ; The Architectural Review, London ; p. 4, 6, 26 et 27 s F. Mielke (Die Zukunft der Vergangenheit) ; p0 28 et 30 : Verlag Sauerländer, Aarau ; p. 34 bas : photo Der Spiegel, Hamburg j p. 34 haut : photos tirées de "Keine Zukunft für unsere Vergan¬

genheit" by Roland Günter, Verlag Schmitz, Giessen ; ill. p. 10 et 11 : Conseil de l'Europe, Rapport 9076/69 f p. 11 maquette Stadsingeni^rens Direktorat, Copenhagen ; p. 12 : Great London Council, Rapport 1970 ) p. 13 : Ro Mayer, Paris 1965 } p. 14 : Archigram, London 1964 } P* 22 s André Corböz, Montréal ; p. 17 s"Artemis Verlag, Zurich 1973 » P* 18 î Eternit SA, Niederurnen 1975 » P» 15» 16, 19 et 20 : J. Vicari, Genève.

(24)

24

Des livres récemment parus nous font mieux saisir

cette transformation de la ville en instrument de profit :

la PROFITOPOLIS ...

De l'un, nous donnons un extrait

sur l'emprise croissante des grands magasins.

De l'autre, offert en souscription, nous présentons l'analyse visuelle des étapes d'une dégradation.

L'actualité locale fribourgeoise : quand la PLAGETTE fait PLAGE NETTE,

nous en fournit une banale illustration.

Alors qu'une bande dessinée belge

apporte la note de conclusion drôle et amère sur le sort réservé aux traces du passé

par notre société de consommation.

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L'éléphant dans le magasin de porcelaine:

Nous extrayons du remarquable ouvrage du Professeur berlinois Friedrich MIELKE "Die Zukunft der Vergangenheit" (L'avenir du Passé), un résumé de son chapitre consacré à l'emprise des grands magasins dans les centres historiques. Cet ouvrage peut être commandé à notre secrétariat : il pose clairement et de manière critique le problème actuel des quartiers anciens.

( Die Zukunft der Vergangenheit, DVA Stuttgart 1975« 328 S. 111. 58 EM. ) Au contraire du secteur indus¬

triel, le secteur tertiaire des bureaux et des services tend à se concentrer au coeur de la ville, entraînant sa destruction.

L'essor des grands magasins est à la fois le plus spectaculaire et le plus lourd de conséquences pour les centres—villes et les centres historiques. En Allemagne, les grandes surfaces ont pris naissan¬

ce déjà au lendemain de la guerre de l870 mais se développèrent au début dans les seules grandes mé¬

tropoles. Depuis la fin de la der¬

nière guerre, leur croissance tou¬

che les villes de 20 à 50'000 ha¬

bitants qui sont pour la plupart des villes anciennes.

Une enquête réalisée par l'Uni¬

versité technique de Berlin a étu¬

dié cette évolution dans les Land de Bavière, Bade-Wurtemberg, Basse- Saxe et Nordrhein-Westfalen. Elle a démontré que sur 310 cités an¬

ciennes, 171 sont déjà occupées par 547 grandes surfaces dont 128 de plus de 5000 m2. 490, soit les 82 ont leur emplacement au cen¬

tre de la Vieille Ville, dont 411 situées sur la place du Marché !

Ces implantations drainent vers le centre historique d'autres bran¬

ches (banques, bureaux, etc.) mais aussi la concurrence0 Si bien que la cité médiévale de NBrdlingen, comptant à 1'intérieur de ses rem¬

parts seulement 5869 habitants sur 51 hectares, a une concentration de six grands magasins.

Les conséquences de ce concept stratégique d'implantation se font partout clairement sentir et mena¬

cent directement les centres his¬

toriques, Car ce n'est pas a priori le volume construit d'un grand ma¬

gasin qui est incompatible avec le quartier ancien, mais bien son po¬

tentiel économique qui contribue de manière décisive à la formation de la "City". Si bien que le problème du "Grand magasin au centre—ville"

ne peut être résolu par des moyens architectoniques. C'est un problème de nature interne et non externe ou esthétique. Et pourtant, la plupart des constructeurs de grandes sur¬

faces restent (ou veulent rester) persuadés qu'il suffit pour les intégrer à leur environnement de trouver une solution satisfaisante au seul problème des façades.

Regensburg fournit un exemple type de la force d'expansion des grands magasins. Les plans de la page suivante montrent les étapes successives de la croissance du Kaufhaus Horten, actuellement de 4500 m2 s en l'espace de 84 ans, onze parcelles ont été réunies, entraînant pour dix d'entre elles la destruction.d'anciennes maisons d'habitation ou à usage mixte, à l'exception de la "Alte Wache", corps de garde qui se trouve main¬

tenant "serti" dans le grand maga¬

sin (voir photo). A remarquer que cette expansion s'est faite égale¬

ment au détriment des espaces pu¬

blics ...à proximité immédiate de la Cathédrale.

(26)

26

Plan de Regensburg montrant les quatre étapes de la croissance du grand magasin Horten. La place de la Cathédrale figure en haut à droite. La photo de la page de droite montre la dernière extension de Horten avec ce qui reste de la "Alte Wache" (bâtimentmarqué d'une croix sur le plan).

(27)

27

Une telle concentration commer¬

ciale altère la structure de la ville et augmente la circulation automobile# Ainsi le changement de fonction provoque nécessaire¬

ment la modification de l'aspect.

Dès lors, les astuces de revê¬

tements de façades des grands ma¬

gasins font penser au loup qui se revêtait d'une peau de mouton : cela ne changeait pas sa nature !

En conclusion, l'application du concept de respecter l'équilibre et la structure vivante du centre historique et de le protéger con¬

tre les fonctions envahissantes et destructrices est une tâche politique.

En Allemagne, un projet de loi contre les gains spéculatifs est

bloqué au Parlement par la CDU.

Et les affaires vont bon train : Ainsi que le dénonce la revue Der Spiegel du 30 août 76, à Würzburg, ville martyre et soi¬

gneusement reconstruite après la guerre, "les grands magasins donnent l'assaut final contre ce qui fut sauvé à grand peine". Le Kaufhaus Hertie a un projet de l60 m de long et 22 m de haut le long des quais, qui bloquera la vue de la Vieille Ville. Les ter¬

rains achetés dans les années 50 pour 250'000 Mark par le banquier milliardaire Finck sont chiffrés actuellement à 10 millions de DM.

Excuse de la Municipalité : "Nous approuvons la libre entreprise, il faut aussi en accepter les in¬

convénients" .

(28)

28

EN

SOUSCRIPTION

«La pelle mécanique»

ou

La transformation de la ville

'fjgsESl"

Hier lallt ein Bous, dort steht ein Kran und euiig droht der Baggeriahn

oder Oie Veränderung der Stodt

Après le remarquable succès du dossier en images "Le marteau-piqueur"

sur la transformation du paysage - qui a atteint un tirage de 100'000 exemplaires et a été édité dans 8 pays ! - une nouvelle série, intitulée

"La pelle mécanique" et consacrée à la transformation de la ville, va maintenant sortir de presse.

Nous offrons ce dossier de huit séquences (format 85,5 par 31»5 cm) AU PRIX DE SOUSCRIPTION DE Fr. 19,80

( Prix à partir du 1er janvier 1977 î 24,80)

L'édition allemande est disponible dès maintenant et l'édition fran¬

çaise paraitra en décembre prochain.

RESERVEZ DES AUJOURD'HUI CE CADEAU INSTRUCTIF ET ELOQUENT

par écrit au Secrétariat de PRO FRIB0URG, Stalden 14, 1700 Fribourg ou par téléphone au No (037) 22.07•50 (enregistreur automatique)

(29)

Jörg Müller présente son ouvrage:

Faisant suite au dossier en images "Le marteau piqueur"

(Chaque année le marteau piqueur taraude à nouveau le sol ou La transformation du paysage), voici son complément logique et indis¬

pensable, le dossier en images

"La pelle mécanique" (une maison qui s'écroule, une grue qui se dresse : les mâchoires de la pelle mécanique restent une me¬

nace perpétuelle ou La transfor¬

mation de la ville).

Le dossier "Le marteau piqueur"

a parfois suscité des applaudis¬

sements là où ils n'étaient pas désirés et on en a délibérément fait un usage abusif. Ainsi ce professeur d'une université cana¬

dienne, qui a cité "Le marteau piqueur" comme exemple d'un heu¬

reux aménagement du territoire.

Qu'il se soit exposé, en faisant cela, aux quolibets de ses étu¬

diants nous permet de garder es¬

poir.

Nous ne nous laissons pas cir¬

convenir par les romantiques, les obsédés de la défense du patri¬

moine, les nostalgiques. En colè¬

re, mais pleins d'espoir, nous avons travaillé pendant plus de deux ans au dossier "La pelle mécanique"} en colère, à cause de tout ce que nous avons dû voir et subir dans les bureaux de l'ad¬

ministration, auprès des autori¬

tés, dans le secteur privé mais souverain de la construction ; pleins d'espoir à cause des en¬

fants et.des adolescents pour qui nous avons travaillé.

Ce sont les conditions telles qu'elles sont que nous voulons montrer, pour rendre concevables les conditions telles qu'elles de¬

vraient être0 Nous pensons qu'il

est indispensable de restaurer le passé sur la base du futur. D'où notre tentative. Attachés à inter¬

préter le plus objectivement pos¬

sible la transformation de notre espace de vie en nous contentant de montrer, nous avons été fré¬

quemment contraints d'atténuer le contenu de certaines représenta¬

tions bien documentées} car ces réalités auraient eu un effet trop polémique et seraient ainsi allées à 1*encontre de nos inten¬

tions.

Notre période de travail a coin—

cidé avec l'année de la protection du patrimoine, une entreprise qui parait au premier abord cynique et perverse dans une société qui n' émet guère de prétentions quant à l'aménagement et à la beauté de son environnement. Quelle est la crédibilité d'une société qui, en se cantonnant dans l'alibi, trans¬

forme l'année de la protection du patrimoine en une année de la pro¬

tection des façades - ou condamne pratiquement de nouvelles possibi¬

lités de construction en se consa¬

crant au ravalement de vieilles bâtisses de troisième ordre ? Nous sommes ici de l'avis de l'historien de l'art Dehio, que même nos nos¬

talgiques un peu fleur bleue ne considèrent pas comme un révolu¬

tionnaire intransigeant. Bien au contraire. Nos concitoyens assoif¬

fés de Culture s'en vont en quête de merveilles architecturales d' une époque révolue, leur Dehio sous le bras. Dehio donc nous met en garde contre le danger *de ruiner indirectement un monument : par des dissonances dans l'envi¬

ronnement. La protection du patri¬

moine n'est pas possible sans res¬

trictions". Et il poursuit :"Voilà pourquoi je dis que la protection

(30)

30

du patrimoine est une mesure so¬

cialiste." Dehio a dit cela il y a 70 ans. Qui pourrait bien de nos jours nous traiter de socialistes?

Le Ministre Maihofer, ministre de l'Intérieur d'Allemagne fédéra¬

le, expliquait que les pelles méca¬

niques avaient fait plus de dégâts au cours des 30 dernières années que les bombes pendant la dernière guerre. "Le visage des villes suis¬

ses n'a pas été abîmé par des bom¬

bes, mais par les gerbes de feu à froid du miracle économique", dit le Professeur Knoepfli de Zurich.

Des situations qui sont transposa- bles n'importe où.

La transformation de la ville.

Habiter veut dire vivre ensemble.

Personne n'habite pour soi seul.

Mais vit-on dans les villes ? Ne vit-on pas plutôt dans ma rue, dans mon quartier ? C'est aussi par l'habitat qu'un citoyen s' identifie à sa ville. Mais peut- on encore parler d'habiter dans les villes quand on sait qu'actuel¬

lement, il faut déjà compter vingt usagers du centre-ville pour un véritable habitant ? Parce que dans une optique de profit, on rogne sur des tracés entiers de route, que l'on construit à la barbe du citoyen en tenant uniquement compte de l'aspect utilitaire dans 1'aménagement, que les enfants disposent de moins d'espace de jeu que les voitures de places de stationne¬

ment ? Qui laisse faire cela ? Nous, les citoyens de telle ou telle ville ? L'urbanisme est-il une politique construite ?

Des hangars, des bunkers, des silos, des batteries à pondre, ces notions empruntées à la lan¬

gue courante décrivent des réali¬

tés de vie et d'habitation très amères dans la mesure où cons¬

truire une maison ne signifie plus rien d'autre qu'édifier qua¬

tre parois étanches. Pourquoi

l'utile et l'esthétique sont-ils considérés comme des contraires inconciliables ?

Une surface construite n'ordonne- t'elle donc que des activités et des échéances du type : se rendre au travail, aller faire ses achats, dormir ? Ne s'agit-il pas aussi d'un vaste espace de vie qui impli¬

que la joie de vivre, le plaisir ? Qui en sont, qui doivent en être

les bénéficiaires ?

Ce sont là quelques-unes des questions dont nous avions à nous préoccuper dans notre travail.

Pour représenter la transformation de la ville d'une manière aussi complète que possible, il nous fallait partir d'une vision en raccourci de la ville aussi diver¬

sifiée que possible. Pour assem¬

bler la vieille ville, la ville moderne, les petits jardins, la cour, la rivière en une vision uni¬

que, nous avons dû constituer une documentation considérable. C'est ainsi que nous avons fait environ 800 diapositives à Frankfurt, à Hanovre, à Zurich, à Bienne, etc., et nous avons puisé des éléments actuels dans les archives des villes, dans des revues, des anna¬

les, des albums de photos ; nous nous sommes donc efforcés d'étayer la période de vingt ans que recou¬

vre le dossier d'une documentation exacte et sans lacunes.

Nous avons toujours tenu compte du fait que précisément les en¬

fants perçoivent leur environnement avec une netteté saisissante, et ceci à tous les niveaux de la cons¬

cience. C'est pourquoi nous avons essayé de travailler avec beaucoup de détails anacdotiques, avec des histoires et des séquences liées à des personnages. Nous avons tenté d'offrir des possibilités d'identi¬

fication qui ne fournissent pas seulement des explications mais permettent de garder intact le plai¬

sir de regarder et de découvrir.

Quatre des huit séquences de la "pelle mécanique"^

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Quand la PLACETTE fait PLACE NETTE

au centre de Fribourg, elle n'obéit qu'aux lois de la recherche du profit.

Voyez pour preuve ce que

la PLACETTE ou autres GRAND PASSAGE ont fait en plein centre historique, à Nyon ou à Yverdon.

Partout les mêmes blocs

et, plus ou moins "camouflés", les mêmes murs aveugles,

la même politique aveugle.

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Fribourg

Yverdon

Nyon

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Ils disent avoir pris exemple en Allemagne ! Bien sûr •••

Voyez ce que les Karstadt et autres avaleurs de m2 ont fait

des cités allemandes s

Ils ont fait brutalement MAIN BASSE SUR LA VILLE.

Karstadt-Bau in Lübeck: Düstere Betonburg

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