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Submitted on 1 Jan 1967
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Interprétation des spectres optiques de basse fréquence de la glace à l’aide d’un modèle dynamique du réseau
cristallin
P. Faure, A. Kahane
To cite this version:
P. Faure, A. Kahane. Interprétation des spectres optiques de basse fréquence de la glace à l’aide d’un modèle dynamique du réseau cristallin. Journal de Physique, 1967, 28 (11-12), pp.944-950.
�10.1051/jphys:019670028011-12094400�. �jpa-00206605�
INTERPRÉTATION
DES SPECTRESOPTIQUES
DE
BASSE FRÉQUENCE
DE LA GLACEA L’AIDE D’UN
MODÈLE DYNAMIQUE
DURÉSEAU
CRISTALLINPar P. FAURE et
A. KAHANE,
Laboratoire de Spectrométrie Physique (associé au C.N.R.S.), Faculté des Sciences de Grenoble,
Domaine Universitaire, 38-Saint-Martin-d’Hères.
Résumé. 2014 On donne une
interprétation
desspectres optiques
de bassefréquence
de laglace
en termes depaires
dephonons
auxpoints
de hautesymétrie
de la zone de Brillouin.Les
fréquences
en cespoints
sont calculées à l’aide d’un modèledynamique
du réseau cristallin.On
représente,
en outre, les courbes dedispersion
et lespectre
defréquence
de ce modèle.Abstract. 2014 An
interpretation
isgiven
of the lowfrequency optical spectra
of ice, interms of
pairs
ofphonons
at the symmetrypoints
in the Brillouin zone. Thefrequencies
atthese
points
are calculated with thehelp
of adynamical
model of the lattice. Thedispersion
curves and the
frequency spectrum
of the model are alsogiven.
I. Introduction. - Nous nous proposons de mon- trer que
1’exploitation
d’un schemamécanique simple
du reseau cristallin de la
glace
permetd’interpr6ter
les spectres Raman et
infrarouge
de bassefrequence
observes
expérimentalement [1], [2], [3].
Cesspectres présentent,
enplus
d’une raie intense situ6e environ a 220cm-1,
ungrand
nombre de raies faiblesd’origine
incertaine. Nous attribuons ici ces raies a des processus
optiques
a deuxphonons.
Les
spectres
Raman etinfrarouge
du deuxi6me ordre font intervenir descouples
dephonons
de vecteursd’onde
opposes,
a l’int6rieur de la zone de Brillouin.Certains
points
de1’espace r6ciproque
dits «points critiques » [4] jouent
un role tresimportant
dans cesprocessus a deux
phonons.
Auvoisinage
despoints critiques,
eneffet,
lafrequence
de certains modes eststationnaire,
cequi correspond
a une densite 6lev6e dephonons.
Laplupart
despoints critiques
sont situ6sa des
points
de hautesym6trie
de la zone de Bril-louin
[5].
La
ligne generale
des calculs se d6duit alors ais6ment des considerationspr6c6dentes.
Nous cherchons lesfréquences
de vibration auxpoints
de hautesym6trie
de la zone de Brillouin a
partir
d’un schema m6ca-nique simple
du reseau cristallin de laglace hexago-
nale. A. Kahane
[2]
ad6jA
montre l’intérêt de ceschema dans 1’etude des basses
fréquences optiques
de la
glace.
Pour unpoint critique donne,
nousajou-
tons deux a deux les différentes valeurs obtenues et nous comparons les résultats aux
fréquences
observ6esen Raman et en
infrarouge.
II. Structure de la
glace
et mod6lemdeanique
uti- lisd. -L’arrangement
des atomesd’oxyg6ne
dans laglace ( fig. 1) poss6de
lasym6trie D 4 ,
avecquatre
FIG. 1. - R6seau et motif de la
glace hexagonale.
atomes par maille
[6].
Les protons sont situ6s sur les liaisonsjoignant
deux atomesd’oxygène voisins,
maisleur
r6partition
d’ensemble est controvers6e[7], [8], [9], [10].
Pour rendre
compte
despropri6t6s dynamiques
dureseau de la
glace,
A. Kahane[2]
admet que lesprotons
n’ont pas uneposition
d6termin6e sur cesliaisons,
mais sontresponsables
des actions mutuellesentre atomes
d’oxyg6ne.
Ces actions sontexprim6es,
par
analogie
avec les modèlesmol6culaires,
par une constante Kd’allongement
de liaison 0 - 0 et par uneconstante G d’ouverture
d’angle
de valence 0 - 0 - 0.Ce mod6le
dynamique
a deux constantes(K, G) permet,
apartir
des valeursexpérimentales
durapport
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:019670028011-12094400
945
de Poisson et du module de
Young,
de calculer pour les constantesélastiques
de laglace
des valeurs tr6sproches
des valeursexpérimentales,
et semble donc convenir pour lesfréquences acoustiques.
Dans le domaine des
fréquences optiques,
ce mod6len’est pas satisfaisant.
Cependant,
en conservant la meme valeur pourK,
et en prenant G =0 ,
onrepre-
sente la
glace
par un modèlesimplifi6
a une seuleconstante de force
K, qui
rend biencompte
des pro-pri6t6s particuli6res
depolarisation
de la raie laplus
intense du spectre Raman de basse
fréquence :
cetteraie
complexe
estinterpretee [2]
comme la super-position
des trois vibrations(de
typeE+, A1g
etEg )
actives en diffusion Raman du
premier
ordre.La
presence
d’une constanteG
0 dans le mo-d6le introduit des dif’erences entre les
fréquences
des raies
E+, A1g
etEg,
en contradiction avec1’experience.
Le role des protons dans la liaison entre atomes
d’oxyg6ne
semble doncdifferent,
suivantqu’on
etudieles vibrations de haute ou basse
frequence
duréseau,
et A. Kahane
[2]
tented’expliquer
ce fait par 1’eta-blissement,
auxfréquences optiques,
d’une certaine forme de resonance entre les vibrations du reseau desoxyg6nes
et le mouvement des protons, resonancequi
élimine 1’effet des forces traduites par la constante G.
En
consequence,
dans cette tentatived’interpr6ta-
tion des
spectres
Raman etinfrarouge
de basse fr6- quence de laglace,
nous utilisons le modelesimple
àune seule constante de force
K,
sachantqu’a priori
cemod6le n’est pas
adapt6
a 1’etude desfréquences acoustiques.
III.
Btablissement
de la matricedynamique
dureseau cristallin pour un vecteur d’onde q
quelconque.
- Dans le cadre de
l’approximation harmonique [11],
on
peut 6tablir,
apartir
desequations
du mouvementdes atomes, que les
pulsations
des ondesplanes,
sus-ceptibles
de se propager dans un reseau cristallin par-fait,
sont les racines carreespositives
des valeurs propres d’une matricedynamique dependant
duvecteur d’onde q. Si
1’energie potentielle
du reseaus’6crit :
les sous-matrices de cette matrice
dynamique
ont pourexpression :
: Num6rotation des atomes de la
maille,
: Numerotation des
mailles,
: Vecteurs
deplacements
apartir
des
positions d’6quilibre,
: Masses des atomes,
: Matrice d’interaction de deux atomes,
: Vecteur
d’onde,
: Vecteur
joignant
lesorigines
desmailles l et l’.
On
peut
ais6ment determiner ces sous-matrices.Conformément au mod6le decrit en
II,
seules inter-viennent les interactions entre atomes voisins. On utilisera les notations suivantes :
D1, D2
nedependent
pas deq. Dt, D4 , D3 , D3
d6-pendent
de q.La matrice
dynamique peut
etrerepresentee
de lamani6re suivante :
Nous la mettons sous la forme d’une matrice r6elle
sym6trique :
en posant :
Apr6s
avoir effectu6 leschangements
de variables :(a, b,
c = vecteurs de base de lamaille)
À = valeur propre de la matrice
dynamique,
m = masse de la molecule
d’eau,
K = constante d’action entre atomes
d’oxygene voisins,
on peut écrire
1’expression g6n6rale
de la matricedynamique
de valeur propre X’(tableau I).
TABLEAU I
EXPRESSION GENERALE DE LA MATRICE DYNAMIQUE
IV.
Recherche
des valeurs propres auxpoints
de hautesymétríe. Frdquences
Raman etinfrarouges.
-Les valeurs
de X, Y,
Z associ6es auxpoints
de hautesym6trie r, A, M,
K(voir fig. 2)
sont :Les valeurs propres calculées en ces
quatre points
sontgroupees
dans le tableau II.Quelle
valeurnum6rique peut-on
attribuer a l’uni- que constante de force K du modele ? Commesignalé
en
II,
les trois vibrations actives en diffusion Raman dupremier ordre,
dans cemod6le,
ont meme fr6-quence si on les associe a la raie situ6c a 226 cm-1 de la raie excitatrice
(raie
laplus
947
FIG. 2. - R6seau
réciproque,
zone de Brillouin etpoints
de hautesym6trie,
r, A, M, K.2022 : Reseau
r6ciproque.
-- : Première zone de Brillouin.
Partie hachur6e :
1/24
de lapremière
zone.intense du
spectre
de bassefrequence
a - 125 °C[2] ),
il en r6sulte
pour K
la valeur 2 X 104dynes.
cm- 1.Cette raie est par ailleurs peu
d6plac6e
par deut6ration(6tude infrarouge
a -180 OC[12] :
229 cm-1(H20)
et 222 cm-1
(D20) ) .
Nous calculons donc lesfréquences
aux
points
de hautesym6trie
apartir
de la correspon- dance 226cm-1 ) . 4 lg-K- 3m 8K 3m (voir
tableau II).
On remarque que, pour les trois
points A,
M etK,
les
frequences
0 et 226 cm-1apparaissent quatre
foisTABLEAU II
VALEURS PROPRES AUX POINTS DE HAUTE SYMITRIE ET
FREQUENCES
CORRESPONDANTESTABLEAU III
FREQ,UENCES
RAMAN ET INFRAROUGESchacune. 11
parait
alors16gitime
de considererqu’en
chacun de ces trois
points
les combinaisons ou inter- viennent ces deux valeurs seront nettementpr6pon-
d6rantes. Avec cette
hypothèse,
nous obtenons les valeurs du tableau III que nous comparons aux valeursexpérimentales.
On note que, pour lacomparaison
avec les mesures d’Ockmann
[1],
nos valeurs ont 6t6recalcul6es avec la
correspondance
219 cm >8K 8K3m
pour éliminer un
simple
effet detemperature.
L’accord entre les valeurs
th6oriques
et les valeursexpérimentales
est bon : les valeurs calcul6es corres-pondent
a des valeurs mesur6es souvent aquelques
cm-1
pr6s.
On notera que, bien que lepoint
dedepart
du calcul soit un mod6le de la
glace hexagonale,
nouscomparons aussi bien nos valeurs a des donn6es infra- rouges de la
glace
vitreuse. Eneffet,
lesspectres
d’absorption
dans1’infrarouge
lointain de trois formesallotropiques
de laglace (hexagonale, cubique
etvitreuse) présentent
une ressemblance tresmarquee,
et on peut voir
Ih,
avecGigu6re
et Arraudeau[3],
une
consequence
de la distributionpartiellement
al6a-toire des protons.
(Rappelons
que, dans le mod6lem6canique
utiliseici,
laposition
desprotons
n’est pas d6termin6e sur les liaisons 0 -0.)
V. Courbes de
dispersion
pourtrois
directions de hautesymdtrie.
-Compte
tenu de1’interpretation
satisfaisante des spectres Raman et
infrarouge
de bassefrequence,
le mod6le a eteexploit6
pourrepresenter
les courbes de
dispersion
dans les trois directions de hautesym6trie ( fig. 3).
Deux faits
peuvent
retenir Inattention. Toutd’abord,
FIG. 3. - Courbes de
dispersion
dans les trois directions de hautesym6trie.
949
le croisement de deux courbes dans la direction
et
l’apparition
d’unpoint critique
que nous n’avions pas consid6r6.
Toutefois,
on noteque les
fréquences
en cepoint
sont les m6mesqu’au point
M de hautesym6trie,
et que leur interventionne modifierait donc pas notre
interpretation.
Un deuxi6me fait
plus remarquable
est 1’existence de deuxdégénérescences
d’ordre(4)
dans les branches lelong
de ces trois directions de hautesym6trie.
Nousavons vérifié par le calcul des
fréquences
en unpoint quelconque
de la zone de Brillouin(ou
cette situationsubsiste) qu’il s’agit
d’unedégénérescence m6canique
due au mod6le.
L’existence de ces branches
uniformes,
enparticulier
des branches
acoustiques
defrequence nulle,
est arapprocher
de1’impossibilite, deja signal6e (II),
derendre compte des constantes
élastiques
de laglace,
sans
adjoindre
a la constante K une deuxième cons-tante G d’ouverture
d’angle
de valence.L’accord obtenu dans cet essai
d’interprétation
desspectres Raman et
infrarouge
de bassefrequence
semble confirmer que, pour les basses
fréquences optiques,
« tout se passe comme si » cette deuxi6meconstante G était
nuile (ou pratiquement nulle).
VI.
Spectre
des bassesfréquences optiques.
-Malgr6
le caract6re tressch6matique
du mod6le uti- lis6 et soninaptitude
a rendrecompte
desfréquences acoustiques,
il nous a paru int6ressant d’obtenir sonspectre
defrequence.
Ce
spectre (fig. 4)
a 6t6 calcule a la machine par recherche des valeurs propres de la matricedynamique
pour 275
points 6galement r6partis
dans1/24
de lazone de Brillouin et par
d6compte
du nombre defréquences trouv6es, comprises
dans un intervalledonne
(50 intervalles).
Les deux
pics prononcés
a 226 cm-1 et 0 cm-1(ce
deuxi6me
pic
contient toutes lesfréquences acoustiques
du
modele)
sont 6videmment laconsequence
des deuxdégénérescences
d’ordre(4) deja signal6es.
Nous avons cherché a comparer la
partie
utilisabledu
spectre
calcule(environ
de 100 cm-1 a 220cm-1)
a des resultats de diffusion
in6lastique
des neutronslents
[13].
Lesspectres
de laglace
obtenus par cettetechnique
sont rares etg6n6ralement
mal resolus dans laregion qui
nous int6resse. Nousreproduisons figure
4une
partie
des mesures r6centes de Prask et Boutin[14]
sur la
glace
a 250 OK.Cette
unique comparaison
nepeut
mener a une conclusiondefinitive,
en raison del’impr6cision
desFIG. 4.
(A) Spectre
defrequence
calcule.(B)
Unepartie
duspectre
de Prask et Boutin[14].
mesures aux neutrons
lents,
mais ne semble pas infir-mer la validité du modèle pour les basses
fréquences optiques.
VII. Conclusion. - Cette 6tude
parait
confirmerque le modèle
dynamique
de laglace
a une seuleconstante
(K) constitue, malgr6
sasimplicity
uneapproximation
valable pour 1’etude des basses fr6- quencesoptiques.
Par contre, cetteapproximation
est
inacceptable
dans le domaine des tres basses fr6- quencesacoustiques.
Il semble donc
qu’on puisse
rendrecompte
defagon
satisfaisante des
propri6t6s dynamiques
du reseau de laglace
a basse et tr6s bassefrequence
a l’aide d’un modèleunique
a deux constantes K etG,
a conditiond’admettre que cette deuxi6me constante G
peut
avoir des valeurs diff6rentes suivant le domaine defrequence
6tudi6. Cette
dependance
serait li6e aucomportement
desprotons qui
cr6ent les liaisons entre atomesd’oxyg6ne.
Cette situation
particuli6re
montre 1’interet d’etudesanalogues
avec d’autres corps lies par liaisonhydrog6ne.
Remerciements. - Les calculs sur machine ont pu etre effectués dans les Services de
Math6matiques Appliqu6es
de laFaculty grace
al’obligeance
deMlle N6delka
qui
s’estcharg6e
de laprogrammation.
Les auteurs 1’en remercient vivement.
Note. - Dans une 6tude
publi6e r6cemment,
E.
Whalley et J.
E. Bertie[15] interpr6tent
les bassesfréquences
desspectres
Raman etinfrarouge
de laglace
apartir
d’un mod6le a deux constantes de force. Nous n’avons pasadopt6
ce mod6le(deja
decritantérieurement
[2])
pour des raisonsqui
sontexpos6es
dans le
present
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