HAL Id: jpa-00243890
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Submitted on 1 Jan 1975
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Spectroscopie Mössbauer de 57Fe et 119Sn par détection
des électrons de conversion et auger application à des
études de surface
J.P. Schunck, J.M. Friedt, Y. Llabador
To cite this version:
SPECTROSCOPIE
MÖSSBAUER
DE 57Fe ET 119Sn
PAR
DÉTECTION DES
ÉLECTRONS
DE
CONVERSION
ET
AUGER
APPLICATION A DES ÉTUDES
DE
SURFACE
J. P.
SCHUNCK,
J. M. FRIEDT et Y. LLABADOR Laboratoire de Chimie NucléaireCentre de Recherches Nucléaires
(*),
B. P.20,
67037Strasbourg Cedex,
France(Reçu
le 11 décembre1974,
accepté
le 20janvier
1975)
Résumé. 2014
Nous avons construit un appareil permettant le relevé de spectres Mössbauer en
fonction de l’énergie des électrons de conversion et Auger. L’intérêt de la technique développée dans
ce travail est lié au faible parcours des électrons dans les solides, ce qui permet de limiter l’analyse
par spectroscopie Mössbauer à une couche superficielle mince de l’échantillon (0,3 03BC pour le 57Fe et 3 03BC pour 119Sn). Les électrons sont monocinétiques à l’émission et leur perte d’énergie est fonction
de l’épaisseur de matière traversée. La sélection en énergie des électrons à l’aide d’un spectromètre 03B2
permet donc une analyse sélective de couches de profondeur et d’épaisseur déterminées. Quelques exemples d’application sur des échantillons de fer et d’étain sont décrits.
Abstract. 2014 We have built a
system which allows the measurement of Mössbauer spectra as a
function of the energy of conversion and Auger electrons. The interest of the technique developed
in this work arises from the low range of the electrons in a solid so that Mössbauer spectroscopy deals only with a thin superficial layer of the sample (0.3 03BC for 57Fe and 3 03BC for 119Sn).
Mono-chromatic electrons are emitted and the loss of their energy is related to the depth of material they
come from. Selecting the electrons in terms of their energy with the use of a 03B2 spectrometer thus
allows an analysis of layers of known thickness and depth. Some examples of application on iron
and tin samples are described.
Classification
Physics Abstracts 0.695 - 7.880 - 8.680
Introduction. - La
spectroscopie
Môssbauer s’est révélée être une excellentetechnique d’analyse
non destructive et d’identification dephases [1].
Lamajeure
partie
desapplications
a utilisé les résonances de14,4
keV et23,8
keV de57 Fe
et119Sn
en raison descaractéristiques
favorables de ces deux noyaux[2].
Les éléments fer et étainprésentent
deplus
ungrand
intérêttechnologique.
Il nous a paru intéressant d’étendre lespossibilités analytiques
de laspectroscopie
Môssbauer àl’analyse
des couches mincessuperficielles.
Le
principe
de la méthode consiste à détecter pour le relevé des spectres nonplus
la variation du flux dephotons
y transmis à travers un absorbant mais celle du nombre d’électrons de conversion ouAuger
provenant
de la désexcitation par conversion interne(a
= 9 et 5 pour 57 Fe et119Sn
respectivement)
du niveau Môss-bauer des atomes de l’absorbant.L’analyse,
effectuée engéométrie
derétrodiffusion,
est alors limitée à unecouche
superficielle d’épaisseur
fixée,
déterminée par le parcours maximal desparticules
dans le matériau étudié.La détection en
géométrie
de rétrodiffusion des(*) Associé à l’Université Louis-Pasteur.
rayonnements X ou y a été
exploitée
dans divers travauxrécents
[3, 4].
Dans le cas du rayonnement X de 6 keV dufer,
l’épaisseur
de la coucheanalysée
est de l’ordre de 4 03BC. Pour lesphotons
de14,4
keV et23,8
keV de5’Fe
et 119Sn,
lesépaisseurs
atteintes sontrespectivement
de20 03BC
et 80 03BC.L’intérêt des mesures de
spectroscopie
Môssbauer réalisées à l’aide des électrons de conversionprovient
du parcours inférieur de cesparticules
de faibleénergie
dans unsolide ;
seuls les atomes situés auvoisinage
immédiat de la surface(dans
des couchesd’épaisseurs
maximales de0,35 03BC
pour le fer et3 03BC
pourl’étain)
sont ainsianalysés.
Une étudeintégrale
des couches situées dans cesépaisseurs
est réalisée en détectant l’ensemble des électronsrétrodiffusés,
parexemple
à l’aide d’un compteurproportionnel
contenant l’échan-tillon àanalyser [4].
Une autretechnique
consiste à n’utiliser enspectroscopie
Môssbauerqu’une partie
bien définie du spectreénergétique
des électronsémer-geant à la surface de l’échantillon
[5].
Les électronsmonocinétiques
émis sont en effet ralentis durant leur cheminementjusqu’à
la surface. Connaissant la relationentre le parcours et la perte
d’énergie,
on peutanalyser
des couches successivesd’épaisseur
et deprofondeur
bien déterminées.122
Le nombre d’électrons réémis par l’absorbant est
de
plus
trèssupérieur
à celui desphotons
X ou y.Les
énergies
et les intensités des rayonnements etparti-cules émis lors de la désexcitation de 57Pe et 119Sn sont
indiquées
dans le tableau 1.TABLEAU 1
Nature,
énergie
et intensité relative des rayonnementset
particules
secondaires émis lors de la désexcitation des niveaux de 14,4 et23,8
keV de 57Fe et’19Sn
respectivement
l.
Principe
del’appareil.
- Lespremières
expé-riences
d’analyse
enénergie
des électrons émis par des sourcesde 57 Co et 119mSn
ont été réalisées à l’aide d’un détecteur à barrière de surfaceSi-Au,
àpréamplifica-teur refroidi.
Cependant,
la perted’énergie importante
dans la fenêtre propre de la diode nepermettait
que la détection d’électronsd’énergie supérieure
à 8keV ;
ceci exclut laspectroscopie
du ferpuisque l’énergie
maximale des électrons de conversion est de7,3
keV(tableau 1).
Nous avons utilisé pour cette raison unspectro-mètre fi électromagnétique
de type solénoïdelong
àchamp
uniforme,
associé à unspectromètre
Môssbauermonté dans la même enceinte sous vide. Un
appareil
dece type a
déjà
étéemployé
par Bonchev et al.[5] ;
le détecteur utilisé par ces auteurs(scintillateur plastique)
ne
permettait cependant
pasl’analyse
d’électronsd’énergie
inférieure à 10 keV(et
ne seprêtait
donc pasà la
spectroscopie
dufer).
L’originalité
del’appareil
construit au laboratoireprovient
du fait que la détection est réalisée à l’aide d’unmultiplicateur
d’électrons(1)
sans fenêtreplacé
à l’intérieur d’un tubedey
métal afin d’éviter les pertur-bations dues auchamp
magnétique.
Lemultiplicateur
d’électrons fonctionne ainsi defaçon
satisfaisantejusqu’à
une valeur de 150 G duchamp
à l’intérieur duspectromètre.
Des électronsd’énergie comprise
entre100 eV et 300 keV peuvent être détectés. Un
dispositif
approprié
permet de maintenir le détecteur sous videlors de la remise à l’air de
l’appareil.
Le schéma de l’ensemble de
l’appareil
estreprésenté
sur la
figure
1.(1) EMI type 9643/2 B fonctionnant à température ambiante.
Le bruit de fond, en l’absence de source dans l’enceinte est
d’environ 15 coups/min. pour un gain de 106.
FIG. 1. - Ensemble du
Le
champ magnétique
obtenu au moyen d’unassem-blage
de bobines est uniforme àpartir
de 5 cm des extrémités duspectromètre
03B2.
Les conditionsgéo-métriques adoptées
permettent la focalisationd’élec-trons de 19,6 keV pour un
champ
de 100 G.La résolution du
spectromètre
peut être modifiée à l’aide dediaphragmes
mobiles délimitant lestrajec-toires
électroniques
etréglables
de l’extérieur. Elle a été déterminée au moyen des spectres des électrons de conversionde 57Fe et 119Sn.
L’asymétrie
dans la distri--butionénergétique (Fig.
2 et3) provient
de la perted’énergie
des électrons dans la sourced’épaisseur
finie.FIG. 2. -
Spectre en énergie des électrons de conversion et Auger
de 57Co mesuré à l’aide du spectromètre 6.
FIG. 3. - Spectre
en énergie des électrons de conversion et Auger
de 119mSn mesuré à l’aide du spectromètre 8.
Le transducteur de vitesse du
spectromètre
ne peutêtre
placé
dans lechamp magnétique ;
unsupport
approprié
permet dedisposer
la source entre l’échan-tillon et le détecteur(Fig. 1),
un écran deplomb
évitantla transmission directe du rayonnement vers le
multi-plicateur.
L’absorbant est monté sur undoigt
de cuivrepouvant être refroidi à la
température
de l’azoteliquide.
Lapression
résiduelle dans l’ensemble del’appareillage
est de l’ordre de
10 - 6
torr.Le relevé de spectres Môssbauer nécessite le choix d’un
compromis
entre la résolution et la transmission. Enpratique,
nous avonsgénéralement
utilisé uneréso-lution d’environ 5
%
correspondant
à une transmissionde 6
%, l’angle
moyen destrajectoires
avec l’axe duspectromètre
étant de 300.2. Estimation des
épaisseurs analysées.
-L’exploi-tation de la
technique requiert
la connaissance de laperte
d’énergie
des électrons en fonction del’épaisseur
de matière traversée. Un
grand
nombre de travaux ontété consacrés à ce
sujet.
L’estimation del’épaisseur
dematière traversée en fonction de
l’énergie
estgénérale-ment effectuée à l’aide de la relation de Bethe
[6],
soit en utilisant des modèlesd’absorption exponentielle
ou des théories de diffusiond’électrons,
soit àpartir
de
techniques
de convolution-déconvolution despectres
[7].
Cependant,
aucune théorie satisfaisante nes’applique
à des électrons
d’énergie égale
àquelques
dizaines de keV.Les courbes de perte
d’énergie
utilisées dans lepré-sent travail
(Fig.
4 et5)
ont été calculées àpartir
des relationsempiriques
établies par Katz et Penfold oupar Feldman
[8, 9].
FIG. 4. -
Energie résiduelle d’électrons de 19,6 keV en fonction de l’épaisseur d’étain traversée.
FIG. 5. -
Energie résiduelle d’électrons de 7,3 et 5,5 keV en
124
Afin de vérifier
expérimentalement
la validité de cesrelations,
des échantillons dey-FeOOH d’épaisseurs
connues
comprises
entre 50 et 900Â
ont étéanalysés.
Ces échantillons sont obtenus pardépôt électrolytique
sur des électrodes de
platine.
Dans un spectre Môssbauer mesuré en
diffusion,
le facteur d’effet 8 est défini par la relation :où
Ns
etNB
représentent
respectivement
le nombremoyen de coups par canal au sommet du
pic
et sur laligne
de base.La variation de c en fonction de
l’épaisseur
de l’échantillon dey-FeOOH
pour une valeur duchamp
magnétique correspondant
à des électrons de7,3
keVet une résolution de
l’appareil
de 5%
estreprésentée
sur la
figure
6. Ce facteur croît d’abord linéairement enfIG. 6. - Variation du
pourcentage d’effet 8 en fonction de
l’épaisseur du film de y-FeOOH (enrichi à 25 % en 57Fe) pour
Hp = 289 G . cm.
fonction de
l’épaisseur
analysée
puis
atteint une valeur de saturationcorrespondant
à la détection de tous les électrons dontl’énergie
estcomprise
entre7,3
et6,9
keV. Laprofondeur
de la coucheanalysée
est de 450Â.
Cette valeur est du même ordre degrandeur
que celle obtenued’après
les courbesempiriques
(Fig.
5)
(390
Â),
la différence observée étant attribuée aux inéga-litésd’épaisseur
dudépôt
et à la dimension finie des absorbantsprovoquant
unelégère
détérioration de la résolution duspectromètre fl.
On conclut que les relations
empiriques s’appliquent
defaçon
satisfaisante pour les électronsprovenant
duvoisinage
immédiat de la surface.Des électrons provenant d’une
plus grande
pro-fondeurprésentent
un spectreénergétique élargi
si bienque l’incertitude sur
l’épaisseur
de la coucheanalysée
croît. Dans le cas de
S7Pe
uneimprécision
supplé-mentaire
apparaît
du fait que les électrons deconver-sion et les électrons
Auger (tableau 1)
sontd’énergies
voisines. A titre
d’exemple,
la sélection d’électronsd’énergie égale
à5,5
keVcorrespond
àl’analyse
soit d’électronsAuger
provenant duvoisinage
immédiat de la surface soit d’électrons de conversion provenant d’uneprofondeur
de 2 000Â.
L’ordre de succession de coucheschimiquement
différentespeut
donc êtremis en évidence mais la détermination
précise
del’épais-seur ne peut être faite
qu’empiriquement,
à l’aide d’unétalonnage
effectué avec desproduits
purs.3.
Exemples
d’applications.
- Denombreuses
études portant sur la
corrosion,
lapassivation
demétaux,
l’analyse
dedépôts
électrolytiques
ou le contrôle del’épaisseur
de couches minces nécessitent la détermination de l’étatchimique
des différents compo-sésprésents
à la surface de l’échantillon. Laspectrosco-pie
Môssbauer apporte dans un certain nombre de cas une solution satisfaisante à cesproblèmes.
Lesquelques
analyses présentées
démontrent lespossibilités
d’appli-cation del’appareil
dans ce domaine.3.1 CAS DU FER. - Les
expériences
sont effectuée avec une source de 25 mCide 57CO
dans une matrice de cuivre. Bien que l’utilisation de fer naturel soitpossible,
nous avons
employé
leplus
souvent des échantillons enrichis en57Fe
afin de diminuer la durée desexpé-riences.
La
figure
7représente
les spectres d’une feuille de ferexposée
à l’humidité de l’air durant 48 h. Ces spectres,obtenus pour différentes valeurs du
champ magnétique
correspondent
à des couches situéesrespectivement
en surface et à desprofondeurs
de 2 000 et 3 000Â.
Les trois mesures fontapparaître
laprésence
simultanée de fermétallique
et dey-FeOOH.
La variation relative des aires des spectres de Femétallique
ety-FeOOH
montre la diminution de la
proportion
de ce dernier enprofondeur.
On en conclut que :a) l’attaque
du fer par l’humidité de l’air conduit à la formation d’un seulcomposé : y-Fe00H ;
b)
l’attaque
n’est pasuniforme ;
c)
en 48h,
l’épaisseur
de la couche dey-FeOOH
atteint localement 3 000Â.
La
figure
8représente l’analyse
d’une couchesuperfi-cielle d’environ 400
Â
d’un échantillon de ferphos-phaté
par immersion dans une solution d’acidephos-phorique
0,1
Mpendant
20 s. Le spectre révèle laprésence
simultanée de fermétallique
et d’une faibleproportion
deFe3(P04)2,
8H20.
3.2 CAS DE Sn. - Tous les résultatsprésentés
ontété obtenus à l’aide d’échantillons d’étain naturel et
d’une source de 25 mCi de
119mSn
sous forme deBaSn03.
FIG. 7. - Spectres d’un échantillon de fer (enrichi à 80 % en 57Fe)
oxydé à l’air ambiant obtenus à diverses profondeurs.
FIG. 8. -
Spectre de la surface d’un échantillon de fer (enrichi à
80 % en 57Fe) attaqué par H3P04 (Hp = 289 G . cm).
traces de fluor.
L’analyse
aporté
sur des couches situées en surface et à desprofondeurs
de1,
1,7
et2,3
Jl(Fig. 9).
Une couche de 680
A
deSnF2
est observée à la sur-face de l’échantillon(cette épaisseur
est calculée àREVUE DE PHYSIQUE APPLIQUÉE. -
T. 10, N° 3, MAI 1975
FIG. 9. -
Spectres d’un échantillon d’étain naturel attaqué par
du fluor obtenus à diverses profondeurs. Les courbes supérieures représentent les spectres des fluorures SnF4 et SnF2 purs.
partir
d’unétalonnage
réalisé à l’aide deSnF2 pur).
L’analyse
de la couchesuperficielle
révèle deplus
laprésence
deSnF4
et d’étainmétallique.
propor-126
FIG. 10. -
Spectres d’un échantillon d’étain naturel oxydé anodiquement dans NaOH 0,1 M obtenus à diverses profondeurs.
tion de ce dernier augmentant en
profondeur.
L’obser-vation d’étainmétallique
dans toutes les mesuresprovient
du fait quel’attaque
n’est pas uniforme maisprocède
parpiqûres.
Laprésence
deSnF2
en surfaceuniquement
est liée àl’inhomogénéité
dudépôt : SnF2
ne se forme que transitoirement à la surface du métal et
s’oxyde
trèsrapidement
enSnF4
enprésence
du fluor. Lafigure
10représente
les spectres d’une électrode d’étainoxydée
anodiquement
dans une solution desoude
0,1
M.Sn02
est observé à la surface de l’échan-tillon alors que SnOapparaît
àpartir
d’uneprofondeur
de1,7
g. Le spectre de Sn métalprésent
dans tous les cas reflète les défautsd’homogénéité
dudépôt d’oxyde.
4. Conclusion. - Le
présent
travail démontre lapossibilité
de l’extension de laspectroscopie
Môssbauer à l’étude de couches mincessuperficielles
de fer etd’étain en relevant les spectres à l’aide des électrons de conversion et
Auger.
Latechnique
permet
de réaliser uneanalyse
non destructive des surfaces et ceciindé-pendamment
de la nature et del’épaisseur
du support. Deplus, l’épaisseur
et l’ordre de succession des couches ainsique
l’inhomogénéité
de la surfacepeuvent
être déterminés.
La limite inférieure de
l’épaisseur
de matériau suscep-tible d’être étudiée est de l’ordre de 10A
dans le cas du fer. Nous avons pu relever le spectre d’undépôt
de 10A
dey-FeOOH
(enrichi
en57Fe)
déposé
sur unsupport
deplatine.
La limitepratique
de détection estsensiblement
supérieure
dans le cas de l’étain.Bibliographie
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