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Sur les effets produits par le bombardement d’une
surface métallique par des électrons rapides
Jean J. Trillat, Roger Mérigoux
To cite this version:
SUR LES EFFETS PRODUITS PAR LE BOMBARDEMENT D’UNE SURFACE
MÉTALLIQUE
PAR DESÉLECTRONS
RAPIDESPar JEAN J. TRILLAT et ROGER
MÉRIGOUX.
Institut de
Physique
deBesançon.
Sommaire. 2014 Dans ce travail, nous avons montré que l’on pouvait enregistrer la trace d’un fin faisceau d’électrons rapides (20 à 60 kV) venant frapper une plaque métallique ; la région bombardée est rapidement
visible à l’0153il nu, et est passive vis-à-vis des réactifs chimiques. Ce phénomène s’accompagne en outre, de la
disparition du diagramme électronique donné au début par le métal.
Les diverses expériences effectuées ont montré que l’on pouvait interpréter cet effet comme du à un dépôt
de carhone, ayant son origine dans les vapeurs hydrocarbonées toujours présentes dans les appareils compor-tant des
joints
graissés ; il est d’autant plus marqué que la vitesse des électrons est plus faible. Il y a lieu de tenir compte de ces observations dans certaines expériences de diffraction d’électrons.Résumé des travaux
antérieurs;
cas desélec-trons lents. -
Quelques
auteurs se sontdéjà occupés
desphénomènes
d’ordrephysique
(dépôts
dematière)
etchimique
(passivation)
localisés auxpoints
où des électronsfrappent
des surfacesmétalliques.
Laissant de côté lesdépôts
produits
parpulvérisation
catho-dique, qui
sortent du cadre de cetravail.,
nousrappel-lerons seulement les
quelques
observations suivantes : J. E. Henderson(1)
asignalé
en 1 927 que dans unspectrographe magnétique
à rayonscathodiques,
uneraie
correspondant
à des électrons lentsapparaissait
ayant ledéveloppement
de laplaque
photogra-phique (*).
Deux ansplus tard,
P. Il. Carr(2 )
aremarqué
que le bombardement d’électrons de faibleénergie
(de
10 à 1 000eV) produisait
sur desplaques
métalliques,
desrégions
où
la surface dumétal,
ainsibombardée,
se trouvaitcllimiquement passivée.
De telsphénomènes
ont étésystématiquement
étu-diés par E. Henriot et ses collaborateurs(3),
(~), (~).
L’hypothèse
émise par cet auteur consiste en lapossibilité,
pour un ionprovenante une
vapeurrésiduelle,
de «s’engager
n dans le faisceau61ectro-nique,
d’y
être retenu par attractionélectrostatique
et de suivre ainsi letrajet
du faisceau sansqu’un
champ
électrique
oumagnétique
transversalpuisse
l’en détacher.On
conçoit
que cettehypotbp8e
explique
l’acciiniti-lation de matièreprovenant
d’ionspositifs
etpouvant
se
produire
àl’impact
des électronslorsque
leurfais-ceau rencontre une surface
inét,alliqur,
parexemple.
on aucun effets de
charge
ne troublel’intégration
des électrons au corps bombardé.Ces
expériences
ont étépoursuivies
par E. Hen-riot(3),
0. Goche(1)
et P. Mollet et lllle Cudell(5).
Elles ont montré que l’onpouvait
« engager )) dans unfaisceau
électronique
un certain nombre d’ions(W,
C,S,
Na, Pt),
mais que dans tous les cas lecar-bone
apparaissait
dans lesappareils
comme uneimpu-j* ) Des observations analogues ont été faites par J..1. dans le cas de la diffraction des électrons, pour des temps de pose
sutnsamment longs (C. R..1cad. ~’c.. 1:-! février 1939).
reté diflicile à
éviter ;
les ionspositifs
de cet élément fournissenttoujours,
aupoint
d’impact
des
électrons, undépôt
matérielvisible,
qui
constitue,
étant donnéesa
passivité chimique,
une coucheprotectrice
sus-ceptible d’expliquer
les observations faites par P. H. Carr(2)
sur la soi-disant «passivation
»produite
par les bombardements
électroniques.
Les
expériences rappelées
ci-dessus n’ontporté
quesur des électrons
d’énergie
inférieure à 1 000eV ;
nousavons de notre côté observé des
phénomènes
parais-sant
analogues
avec des faisceaux accétérés par desdifférences de
potentiel
de 40 nonV,
mis enjeu
dansla diffraction des électrons.
Dans cet
exposé,
nous décrirons les observationsnouvelles faites au cours
d’expériences qui
portaient
sur la diffractionélectroni(Itie
par les surfacesmétal-liques.
Cas des électrons
rapides; description
desexpériences. -
L’appareil
employé
est unanalyseur
électronique
dutype ,déjà
décrit par l’un de nous(6)
et dont le collimateur G définit un faisceau
d’élec-trons de
fi,
1 mm de diamètre. Pour observer ladif-fraction par des
surfaces,
on fait tomber cepinceau
presque
tangentiellement
à la surface :1 de la subs-tance à étudier. Lafigure
tindique
ladisposition
sché-matique
del’appareil.
Les
diagrammes
de diffractionapparaissent
surl’écran fluorescent E et l’on
peut
également
lesenre-gistrer
sur desplaques
oupapiers
photographiques
P.Nos
expériences
ontporté
principalement
sur lesmétaux suivants : Au, Pt,
Ni,
Ci.L’adoption
d’un faisceau presquetangent
présente
un
triple
avantage :
10 La
région d’impact
pst alors constituée par unebande
elliptique
traversant presque toute la surfaceplâne
de laplaquette métallique
étudiée, cette bandereprésentant
une section trèsoblique
dupinceau
parle
plan métallique.
L’impact
ainsi « étalé ~· estplus
visible quel’impact ponctuel
donnépar
les incidences normales :246
20 La diffraction et la diffusion
produites
étant observables sur l’écranfluorescent,
onpeut,
pendant
lebombardement,
vérifier que le faisceauconserve une intensité sensiblement
constante ;
3° On seplace
ainsi dans les conditions habituellesde la diffraction
électronique,
cequi
permet
d’unepart
d’appliquer
les résultats à latechnique
de cetteméthode,
et d’autrepart
de voir si lephénomène
s’accompagne
d’une modification éventuelle du dia-gramme par réflexiondu,métal
utilisé.La
puissance
employée
dans laplupart
des essais est de 40 000 V x0,003
A = 120 watts.D’après
ladis-position
de la cathode et l’examen de la tache focaleen e
(fig. 1),
onpeut
admettre que le faisceauélectro-nique
possède, lorsqu’il
rencontre la face d’entrée(e)
ducollimateur,
une section circulaire de 1 mm dediamètre,
tandis que lesdiaphragmes cylindriques
dece dernier ont des sections de
0,1
mm dediamètre ;
ce
qui
représente
environ la centièmepartie
de lasection du faisceau issu de la cathode et tombant sur
la face
(e).
Iule faisceau défini par le collimateur et sortant dudiaphragme
en(s)
necorrespond
doncplus
qu’à
unepuissance
de 1,2
wattsenviron,
qui
estrépartie
sur une surface
d’impact
d’environ0,3
mm2.Une
partie
del’énergie
de ce faisceau se retrouve dans les faisceauxdiffractés,
une autrepartie
est absorbée par laplaque métallique
etdissipée
encha-leur. L’élévation de
température
est d’ailleurs trèsfaible,
et ne saurait en tous cas amener unemodifica-tion de la surface cristalline par effet de recuit par
exemple,
ainsi que nous l’avons vérifié.Malgré
la faiblepuissance
électrique
réellementemployée
(1,2
watts),
lephénomène
de diffraction estcependant
trèsintense,
et directement visible surl’écran au sulfure de zinc.
Après exposition
aux électrons(dans
levide)
et observation desdiagrammes,
durant destemps
variables,
laplaque métallique
est ensuite retirée del’appareil
et examinée aumicroscope,
en utilisant desgrossissements
variant de 30 à 150.On
peut
exposer au faisceauélectronique
soit unesurface
métallique imparfaitement polie,
soit aucon-traire
parfaitement
polie.
Les résultats sontiden-tiques,
mais,
dans lepremier
cas, onpeut
relier les-
phénomènes
d’altération du métal à la variationd’aspect
dudiagramme électronique.
Dans le second cas, on saitqu’une
surfacemétallique parfaitement
polie
estimpropre
à la diffractioncristalline,
à causede la
présence
d’une coucheamorphe
superficielle
dite « couche deBeilby
)) ; parcontre,
la moindrealté-ration
superficielle
du métalapparaît
ensuite beau-coupplus
nettement aumicroscope.
Les
plaquettes métalliques,
avant d’êtreplacées
dansl’analyseur
électronique,
sontsoigneusement
dégraissées
par unlavage
à l’alcool chaud.Modifications
superficielles
de la surfacemétallique.
m-Entre
30 Q00 et 60 000V,
lesdia-grammes
électroniques
sontparticulièrement
visibles si la surface du métal est convenablementpréparée ;
cependant,
l’actionprolongée
du faisceau incident rasantproduit
toujours
unedisparition
progressive
dud Lagramrrze.
Les anneaux ou lestaches,
selon les cas,deviennent de
plus
enplus
flous pour ne laisserplace
bientôt
qu’à
une diffusiongénérale
des électrons(fig.
A etB,
planche
I).
Ladisparition
dudiagramme,
que l’onpeut
également
constater sur d’autres subs-tances que les métaux(par
exemple
sur desoxydes,
du gypse,
etc.),
se fait d’autantplus
rapidement
queles électrons sont
plus
lents et que l’intensité dufais-ceau est
plus grande,
faitsqui
trouverontplus
loin leurexplication.
Une observation
analogue
a étésignalée
par J. J. Tril-lat et S. Oketani(?),
dans le cas dediagramme
obtenuspar transmtssiofi.
Le tableau suivant donne
quelques
chiffres relatifs à ladisparition
d’undiagramme électronique lorsque
le faisceau vientfrapper
la mêmerégion
de la surface du métal(Ag) ;
il est à noter que cesexpériences
ont été faites avec le même débitélectronique
primaire
de3
mA,
cequi
correspond
à unepuissance
croissailt avec levoltage
(à
puissance égale,
lephénomène
estévidemment
encorebeaucoup plus
net).
Les chiffres
indiqués
ne sont bien entenduqu’ap-proximatifs
;. ilscorrespondent
à des moyennes demesures effectuées par différents
observateurs,
me-sures coïncidant d’ailleurs toutes entre elles à peu de choseprès.
Observations au
microscope. -
Il est naturel dese demander si les variations de
propriétés
superfi-cielles,
annoncées par la variation de visibilité dudiagramme, s’accompagnent
dechangements
d’aspect
lors d’un examen aumicroscope.
Les
expériences systématiques
ayant
été faites sousla tension constante de 40 000 V et avec un débit
de 3
mA,
on constate que lesexpositions
de l’ordre de 5 à 10 min ne laissent aucune trace visible à l’oeil.L’aspect
de la buéedéposée
par le soufflepermet
cependant
déjà
de révéler larégion
bombardée. Ce n’estqu’après
unevingtaine
de minutesd’expo-sition que la trace laissée par le
pinceau électronique
apparaît
comme une fine bandeayant
exactement pourlargeur
le diamètre dupinceau
(0,1
mm).
Cetteapparaît
(fig. C, pl. I)
comme unerégion
où le métalsemble
dépoli ;
elle est formée demicroscopiques
gra-nulations scintillantes dont la grosseuraugmente
avecle
temps
d’exposition ;
cequi explique
la variation de la coloration de la lumière diffusée par leurensemble,
celle-ciapparaissant
d’abord de couleur bleutée(*).
Pour une duréed’exposition
suffisante(de
l’ordred’une
heure),
lesgranulations
sont nettement visibles et ont un diamètre d’environ2 u.
(fig.
D,
pl. I)
et leur ensembleprésente
par diffusion la couleur dumétal.
Ce résultat conduit à penserqu’elles
sontconstituées,
soit par desparticules
diz métal(cristaux),
soit par untranslucide. Nous verrons que c’est cette der-nière
hypothèse
que nous avons été amenés à retenir seule.Passivation
chimique
apparente
de larégion
bombardée. - Lesrégions
ayant
subi le bombarde-mentélectronique
font preuve par la suite d’unegrande
passivité chimique.
Dans le cas del’argent,
parexemple,
le métalpeut
êtreimmergé
pendant
plusieurs
heures dans une solution de sulfure d’ammonium sansqu’il
y aitattaque
de la zonebombardée,
alors que lereste de la surface du métal se recouvre d’une couche
brune ou noire de sulfure. La trace du faisceau appa-rait
alors,
sur un fondsombre,
sous forme d’une bandebrillante.
Pour obtenir cette «
passivation
n il n’est pasnéces-saire de
prolonger
le bombardementjusqu’à
obtenirune trace directement visible à l’oeil.
Quelques
minutesd’exposition
suffisent pour que la sulfuration révèle letrajet
du faisceau. Engénéral,
onpeut
dire que,dans le cas d’une surface donnant un
diagramme
élec-tronique,
il suffit d’uneexposition juste
suffisante pour fairedisparaître
lediagramme,
pourqu’il
y aitpassivation.
D’autres
expériences,
effectuées avec diversmétaux,
confirment ce
phénomène.
C’est ainsi que les métauxsont
protégés
un certaintemps
contrel’attaque
par desacides,
et quel’or, exposé
aux vapeurs de mercure, blanchitpartout,
sauf dans larégion
del’impact
élec-tronique.
Il est certain
qu’en prolongeant
suffisamment letemps
de pose, on arriverait àenregistrer
ainsi undia-gramme de diffraction sur une
plaque
métallique
(Ag
poli,
parexemple)
remplaçant
laplaque
photo-graphique ;
ledéveloppement
s’effectueraitsimple-ment par immersion de
l’argent
dans du sulfure d’ammonium. Nous avonsqssayé
d’obtenir cerésul-tat,
en utilisant comme substance diffractante un filmde
platine, d’oxyde
de zinc ou de micadisposé
nor-malement aux électrons
(méthode
detransmission) ;
mais si la trace du faisceau directe non diffracté s’obtient
rapidement,
la trace des anneaux ou taches dedit-fraction
n’apparaît
pasaprès
quatorze
heures de pose consécutives(ZnO).
Il est d’ailleurspossible qu’elle
(*) A noter que cette lumière diffusée par ces granulations estlégèrement polariaée.
apparaisse
pour destemps
de pose de l’ordre deplu-sieurs
jours,
maisl’expérience
est difflcilement réali-sable aupoint
de vuepratique,
lapréparation
dif-fractante donnant undiagramme qui
s’affaiblitpro-gressivement
pourdisparaître
après
quelques
heures.(Voir
plus
haut).
Interprétation
des résultats. - Pourexpliquer
ces faits
expérimentaux,
on est amené aux deuxhypo-thèses suivantes :
10 La «
passivation
» dumétal,
aux endroitsfrappés
par lesélectrons,
est due à une actionparticulière
des électrons sur la surfacemétallique,
actionqui
reste d’ailleurs àexpliquer ;
20 La «
passivation
» est due à la formation d’undépôt
adhérent etprotecteur.
1. La
prerrzière
hypothèse
est difficilementsoute-nable ;
eneffet,
cette actionparticulière
des électrons devraits’accompagner
d’une modification de l’état cristallin dumétal,
l’amenant à un étatamorphe
moins sensible aux réactifschimiques.
Rien nejustifie
unepareille
conception.
On sait d’ailleurs que la
passivation chimique
des métaux est dîieprincipalement,
soit à la trèsgrande
pureté
dumétal,
soit à laprésence
d’un film très minced’oxyde ;
dans les deux cas, l’action locale des électrons nes’expliquerait
pas.2. La deuxième
hypothèse
fait intervenir la formation d’undépôt
adhérent etprotecteur.
Dans unappareil
fonctionnant dans le
vide,
avec de nombreuxrodages
graissés
et avec une cathodeincandescente,
deuxsortes de
dépôts
peuvent
êtreenvisagés,
dûs soit autungstène
provenant
del’évaporation
dufilament,
soit à laprésence
des vapeurs degraisses.
Le cas dutungstène
peut
êtreéliminé,
car l’étroitesse du colli-mateur nepermet
guère
l’émission d’unjet
d’atomes detungstène
du côté de lapréparation.
Deplus,
lesdépôts
obtenus,
une foischauffés,
ne deviennent pasblancs,
cequi
serait le cas s’il se formait del’oxyde
de ce métal.°
Reste donc
l’hypothèse
de vapeurs degraisses.
Lesexpériences
décrites trouvent uneexplication
claire etsimple
en considérantsimplement
qu’il
règne
tou-jours
dans unappareil
muni dejoints graissés
unecertaine
pression
de vapeurshydrocarbonées.
Auvoi-sinage
immédiat de lapréparation bombardée,
setrouve donc en permanence une couche de vapeurs
grasses continuellement renouvelée par
l’aspiration
des pompes.Le faisceau d’électrons venant
frapper
le métal ionise etdécompose
cette vapeur ; ilcharge
deplus
localement etnégativement
laplaque
métallique,
surtout si celle-ci estdéjà légèrement
isolantesuper-ficiellement par suite de
l’adsorption
de molécules grasses, cetteadsorption
ayant
d’ailleurs étéprouvée
antérieurement par l’unde nous
(g).
voi-248
sinage
du métal sont attirés auxpoints
d’impact
desélectrons,
ets’y
fixent par attractionélectrostatique ;
il estprobable
qu’ils
sont alors amenésrapidement
à l’état de carbone par le bombardementélectronique.
L’épaisseur
de cedépôt
augmentant
avec la durée dubombardement
empêche
les électrons incidents depénétrer
jusqu’aux
couches cristallinessous-jacentes
et les diffuse dans toutes les directions. Ceci suppose que la couchedéposée
est elle-mêmeamorphe ;
et,
eneffet,
aucuneexpérience
ne nous apermis d’y
décelerune structure cristallisée.
D’autre
part,
l’on sait que le nombre d’ions formés diminuelorsque
la vitesse des électronsaugmente ;
des électrons trèsrapides
sont moins absorbés par des vapeurs, donc sont moinsionisants,
que des électronsplus
lents. Lediagramme électronique
initial du métal cristallisé doit doncdisparaître plus rapidement
avecdes électrons de 25 000 ou 30 000
V,
parexemple,
qu’avec
des électrons de 50 000 ou 60 000V ;
c’est ceque montre le tableau I.
L’expérience
est d’ailleurs extrêmement nette et nepeut
donner lieu à aucundoute.
D’après
ceshypothèses,
ils’agit donc,
dans nosessais,
d’un
dépôt
carbonéprotégeant
ultérieurelnent le métal contre l’action des réactifschimiques.
On
pourrait
également
songer à un «engagement
»d’atomes de carbone dans le faisceau
électronique,
suivant les idées de Henriot etGoche (3), (4), (5) ;
mais cetteconception
ne nousparait
pas nécessaireici,
les
phénomènes
observéss’expliquant
clairement en sebasant seulement sur l’ionisation locale de la vapeur
et le
dépôt
des iuns auxpoints d’impact. Nos
expé-riences,
d’ailleurs,
n’infirment en aucunefaçon
les conclusions de cesauteurs,
maisn’y
apportent
pasnon
plus
de confirmation.°
Vérifications de cette
hypothèse. -
10 Commenous l’avons
indiqué plus
haut,
nosexpériences
ontporté
sur divers métaux(Au,
Ag, Ni,
Cu,
etc.),
qui,
tous,
donnaient lieu àl’apparition
d’une trace visible directement ouaprès
un «développement
»conve-nable.
Qr,
si l’onprend
l’une des lames ainsiimpression-nées,
à la sortie del’analyseur
électronique,
etqu’on
la chauffe au rouge dans la flamme d’un bec Bunsen. on constate que la trace du faisceauélectronique
prend
subitement unaspect
plus vif,
brûlerapidement
etdisparaît. Après
refroidissement,
ripn rze subsiste snI’la surface redevenue uniforme du 111étal refroidi. Aucun moyen
chimique
nepermet
ensuite de et révé-ler » la trace du faisceau d’électrons.2° Si la
présence
de vapeurshydrocarbonées
est totalelnent exclue, on ne doitplus s’attendre, d’après
cequi
précède,
à aucundépôt
aux endroitsfrappés
par les électrons. Nous l’avons vérifiée enenlployant
un tube démontable de Lenard de
grande
puissance
(fig.
2),
fonctionnant sous une tension de 4U OUO à 50 0001~,
et muni d’une fenêtre en aluminium deli’ig. 2. - Schéma de
l’expérience avec tube de Lrnard. E. Faisceau électronique large ; G. Grille refroidie ; F. Feuillue
mince d’-~l. ; P. Plaquette de métal ; J. Joints ciment.
0,01
mmd’épaisseur, disposée
sur unegrille épaisse
enlaiton,
et refroidie par un courantd’eau ;
cette fenêtre d’aluminium ne modifie pas la vitesse des électronssortants.
Contre cette fenêtre est
disposé,
sans l’intermé-diaire d’aucunjoint
à lagraisse,
unrécipient
cylin-drique
(fig. 2)
de faibleprofondeur,
où se trouveplacée
laplaque métallique
que l’on désirebombarde.
Cerécipient
peut
être lui-même vidé au moyen depompe, et il est en outre refroidi par une circulation
d’eau,
defaçon
à éviter tout échauffement du aubombardement. Le
trajet
desélectrons,
compris
entre la fenêtre et laplaque,
est d’environ 1 mm.Dans ce
dispositif,
la fenètreagit
simplement
commepiège
à vapeurshydrocarbonées.
Le résultat obtenu est le suivant :
quels
que soient le métal étudié et letemps
de pose(allant jusqu’à
dixheures,
pour 40k BT,
10m,X),
laplaque métallique
estinaltérée ;
aucontraire,
si elle estdisposée
à l’intérieur del’ampoule,
lesrégions
atteintes par les électronsprésentent
rapidement
une trace décelable au souffleet inerte vis-à-vis de la sulfuration
(Ag, Cu).
Par
conséquent,
laprésence
de vapeurshydrocar-bonées au
voisinage
de laplaque
est nécessaire àl’apparition
duphénomène.
Le
dépôt
carboné ne seproduit
qu’exclusive-ment aux
points frappés
par les électrons. Eneffet,
sil’on dévie le faisceau
cathodique
au moyen d’unchamp
magnétique
créé par un aimant, on constate que laplaque métallique
porte
encore la trace b6’ du nouveli1pact (lig 3) ;
cetteexpérience
exclut donc lapro-pagation
enligne
droite d’unjet atomique
detung-stène
provenant
ducollimateur, qui
devraits’imprimer
en
40 Dans tous les cas,
l’épaisseur
dudépôt
augnente
Fig. 3. - C. Collimateur; Hm. Champ magnétique normal au plan de la figure; b b’. Trace du faisceau tangent.
d’électrons ;
ledépôt
étantbeaucoup
plus
rapide,
comme nous l’avons vu, avec des électrons de 30 000 V
qu’avec
des électrons de 60 000 V.On
pourrait
penser que ladisparition
plus
lente dudiagramme
avec des électronsrapides
estsimplement
dûe
à laplus grande pénétration
de cesderniers,
qui
les rend
susceptibles
de traverserplus
facilement ledépôt
formé pour se diffracter sur le métal cristallisésous-jacent.
Les
expériences
suivantes montrentqu’il
n’en est rien.Si,
eneffet,
on examine avec des électrons de60 kV une
région
déterminée du métalneuf,
on observeun très brillant
diagramme
de réflexion. On réduitalors la tension à 28 000 V en conservant le même débit de 3
mA ;
lediagramme disparaît
enquelques
minutes,
et on laisse le métal
exposé
aux électrons(toujours
aumême
point)
durant 10 min. On remonte alors la tension à 60 kV(3 mA) ;
lediagramme
réapparaît
alors,
mais très faiblement. Aucontraire,
enexposant
simplement
durant 10 min unerégion
neuve auxélectrons de 60
kV,
lediagramme
est encore nettement visible.Le
dépôt
estégalement
fonction de l’intensité ducourant
électronique,
comme on doits’y
attendred’après
noshypothèses.
En effet, en bombardant10
min,
avecdes
électrons de28 kV,
unpoint
dumétal,
mais cette fois avec un débit de 6mA,
ledia-gramme a alors totalement
disparu
lors de l’examen ultérieur avec des électrons de 60 kV.C’est donc la preuve que le
dépôt
ainsi formé aacquis
uneépaisseur
plus
grande
qu’avec
la mêmeexpérience
(voir
plus
haut)
faite avec un débit de3
mA,
épaisseur
telle que cette fois des électronsrapides
nepeuvent
plus
le traverser et sontsimplement
diffusés.Cette
augmentation d’épaisseur
avec la durée de lapose et l’intensité du faisceau
peut
d’ailleurs être aussi constatée par l’observationmicroscopique.
La
disparition progressive
dudiagramme
électro-nique
est donc dûe à la formation d’undépôt
carbonénon
cristallisé,
qui
vient enquelque
sorte colmater lesaspérités
cristallines du métalresponsable
de la dif-fraction. Il y a donc là un moyen direct de suivrel’apparition
du
dépôt ;
il n’est pas nonplus
sansinté-rêt de
signaler
que cephénomène
est à considérer dans làtechnique
de la diffraction desélectrons,
qu’il
exclut lapossibilité
delongues
poses, etqu’il
peut
prêter
à desinterprétations
erronées.a~
Enfin,
desdépôts
semblables ont éto observesen utilisant des feuilles de
papier blanc,
du verre, des cristaux clivés de mica et de gypse, cequi
montre lagénéralité
duphénomène.
Manuscrit reçu le 28 février 1939.
BIBLIOGRAPHIE
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