A NNALES DE L ’I. H. P.
D.W. S CIAMA
Les trois lois de la cosmologie
Annales de l’I. H. P., tome 17, n
o1 (1961), p. 13-24
<http://www.numdam.org/item?id=AIHP_1961__17_1_13_0>
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Les trois lois de la cosmologie
par
D. W. SCIAMA
(1),
Introduction. - La
plupart
desphysiciens
considèrent la cosmo-logie
comme unsujet spéculatif qui
nepeut
être étudié utilement tantqu’il n’y
aura pasplus
de résultatsexpérimentaux
utilisables. lls sou-tiennent surtout ce
point
de vue parcequ’ils
considèrent que lesujet
n’est pas en
rapport
avec leur propre travail. Mon but dans cet articleest de
suggérer
que cette attitude est erronée, que l’Univers en entier peut avoir une influence dominante surbeaucoup
dephénomènes
locaux.
importants.
S’il en estainsi,
on ne devrait passimplement
attendre des
développements
nouveaux enastronomie, puisque
lesphénomènes
locaux contiendront eux-mêmes une information sur lastructure à
grande
échelle de l’Univers. Nous avons donc en main uninstrument à double
emploi :
lesphénomènes
locauxpeuvent
être utilisés pour obtenir des informations surl’Univers,
et l’Univers peutêtre utilisé pour
expliquer quelques-uns
des caractères fondamentaux desphénomènes
locaux.Les influences connues
(ou présumées)
de l’Univers sont de troistypes principaux, qu’il
est commoded’exprimer
au moyen de trois lois : : _Première loi. - L’Univers en entier exerce des forces
appréciables
sur la matière locale.
Seconde loi. - Les processus locaux irréversibles sont liés à
l’expan-
sion irréversible de l’Univers.
(1 Conférence faite à l’Institut Henri Poincaré le 4 mai 1959. Texte anglais traduit
par Mme L. Bouche.
’
Troisième loi. - Le contenu actuel de l’Univers a autant de
signifi-
cation que les lois
auxquelles
il obéit.Dans cet article
je
vaisexpliquer
ces lois et tenter de lesjustifier.
Première loi. - Cette
loi
affirmeque l’Univers
dans son ensembleexerce des forces
appréciables
sur la matière locale. Elle vient de l’existence de forces àlongue
distance entre lesparticules.
Comme ilest bien connu en
physique
du cristal(potentiel
deMadelung),
lesforces de ce type
impliquent
que ce sont engénéral
lesparticules éloignées qui jouent
leplus grand rôle,
leurgrand
nombre faisant mieux que compenser leurgrande
distance. Cet état de chose estillustré par la table suivante :
La
première
colonne contientl’exposant
inverse dans la loi de force. La seconde contient lepourcentage
de contribution desparticules
voisinesles
plus proches
à la force totale exercée par une distribution uniforme departicules.
La dernière colonne montre la forcesupplémentaire
exercée par une
particule plus proche
que 1 o’e fois la distance moyenne.Cette table nous
permet
de lire dequel
côté se trouvent lesparticules
dominantes pour les
différentes
lois de force. Laséparation
entreparticules proches
etparticules éloignées
seprésente
entre /~ == 3et n = 2. Pour n = l, même une
particule exceptionnellement proche
est
insignifiante.
’Les cas o. ==3 et n = i sont d’un intérêt
spécial puisqu’ils
sontréalisés dans la nature. Un
exemple
de n == 3 est fourni par la lumière duciel,
lanuit, qui
est due à la lumière des étoiles dont l’intensité obéit à la loi de l’inverse du carré. Apart
les étoiles de la VoieLactée,
la
plus grande partie
de cette lumière est fournie par desgalaxies
extrêmement
éloignées.
Leur contribution totale serait trèsgrande (paradoxe d’Olbers)
en ne tenant pas compte de la récession de cesgalaxies
et de l’effetDoppler qui
en résulte dans leur radiation.En
principe,
nous pouvons déduire ’le taux de récession desgalaxies
de l’observation de la
quantité
de lumière fournie par le ciel nocturne.Car si nous supposons que
l’expansion
estuniforme,
la vitesse de récession est liée à la distance par1
où T est la constante de Hubble. Cette constante entre
explicitement
dans
l’expression
de la lumière totale du ciel nocturne, et si la contri- bution de la Voie Lactée en estsoustraite,
nous obtenons une mesurede
T (pas trop digne
deconfiance).
Le calcul montre que la valeur résultante de T serapporte principalement
auxgalaxies
situées au-delà de celles observées avec letélescope
de 5 m, ainsi nous pouvons êtretout à fait sûrs que l’lJnivers est encore en
expansion
à des distancessupérieures
à cellesdéjà explorées.
L’allusion à l’influence
perturbatrice
de la Voie Lactée nousrappelle
la
présence
de sources de radiation extrêmementproches.
La tablemontre que dans le cas
présent
de n = 2, de telles sources sontd’Importance
cruciale. Unexemple
familier de ceci est que le Soleil aune contribution
beaucoup plus grande
que toutes les sources ensemble.C’est
pourquoi
il fait clairpendant
lejour!
lNous considérons maintenant le cas n . -1,
qui
est même bienplus cosmologique
que n = 2. Il est illustré par lephénomène
d’induction d’inertie. Cephénomène
se traduit parl’augmentation
de l’inertie d’un corps par laprésence
d’un autre corps. C’est uneconséquence
de lathéorie de la Relativité
générale (EINSTEIN,
TheMeaning o f Relativity,
p.
97)
et aussi de la théoriesimplifiée
de l’inertie(SCIAMA, Monthly
Notices
.Roy.
Astron.Soc.,
t.~~3, rg53,
p.34).
Ces deux théoriesentraînent que
l’augmentation
de l’inertie varie en raison inverse de la distance du second corps, un résultatauquel
on ne peut s’attendre quesur des bases dimensionnelles
(comme
le Professeur T. Gold me l’a d’abord faitremarquer).
Le
phénomène
d’induction d’inertiesuggère
commegénéralisation
que la totalité de l’inertie d’un corps est due à l’existence d’autres corps. C’est
justement
leprincipe
de Mach. Notre table étaie fortementce
principe,
car elle montrequ’avec
n == i, les corpsproches apportent
une contribution
insignifiante
à l’inertie. Notreincapacité
à altérerl’inertie d’un corps en modifiant son
voisinage,
nesignifie
pas nécessai-rement que l’inertie est
intrinsèque.
L’influence relative desobjets
locaux
peut
être caractérisée comme s.uit :Terre, I0-9; Soleil, 1 O-b.;
Voie
Lactée,
10-- ~ . ,Supposons
alors que la totalité de la matière dans l’Univers contribue vraiment à l’inertie totale. Nous pouvons contrôler cettehypothèse
encalculant l’influence totale de l’Univers par
remploi
de la loi de l’inversede la
première puissance.
Ce n’est pas unprocédé
strictement correcten relativité
générale,
parce que c’est une théorie non linéaire.Physi-
quement,
cette non-linéaritésignifie
que leschamps gravitationnels
dela matière
éloignée
sont eux-mêmes une source degravitation qui
contribuera à l’inertie.
Cependant.,
nous pouvonsespérer
neperdre qu’un
facteurnumérique
de l’ordre de 1 enignorant
cet effet.Le résultat final
(SciAMA,
loc.cit. )
est que la totalité de la matière suffit à rendre compte de l’inertie totale si sa densité moyenne p satisfait à la relation.1,
où G est la constante
gravitationnelle
de Newton. Les valeurs observées de G et Timpliquent
que? N Io-’‘
Nous verrons dans le
prochain
article que _’
I0-25>03C1>I0-31 ’.
g/cm3.
Si bien que notre
exigence théorique
n’est pasincompatible
avecl’intervalle
plutôt large
despossibilités
observationnelles.Comme
pourle paradoxe d’Olbers,
la matière laplus importante
se .situe au-delà du
champ
dutélescope
de 5 m, ainsi nous mesuronsencore une
propriété de
la matière extrêmementéloignée.
C’est unexemple particulièrement
clair de ce que nousappelons
un instrumentà double
emploi,
nous utilisons l’effet àlongue
distance de l’induction de l’inertie à la fois pourexpliquer
l’existence et la nature del’inertie,
et pour déterminer
quelques-unes
desimportantes propriétés
àgrande
échelle de l’Univers
(?).
Deuxième loi. - La seconde loi de
cosmologie
soutient que des pro-cessus locaux irréversibles sont liés à
l’expansion
irréversible de( ~ ) Un exposé plus détaillé de cette question, et aussi de la troisième loi est donné dans mon livre : : The Unity of the Urtivense, Faber and Faber, and Doubleday, 1959-
I7
l’Univers. Je me restreindrai à un seul
exemple
de processus localirréversible, c’est-à-dire,
le transfert parradiation,
de lachaleur,
d’une.région
chaude à unerégion
froide. Si nous nousrestreignons
à desprocessus non
quantiques,
toute la radiation est alors uneconséquence
du fait fondamental que les
charges
rayonnentquand
elles sont accé-lérées. Des
exemples
familiers de cephénomène
sont le rayonnement dusynchrotron
et leBrehmsstrahlung.
L’existence de ce
phénomène
constitue unproblème
sérieux pour l’élec-trodynamique,
car leséquations
de Maxwell sontsymétriques
parrapport
au
temps,
tandis que le rayonnement d’unecharge
accélérée est unprocessus irréversible.
Normalement,
ceproblème
est résolu en consi-dérant seulement la
partie
retardée dupotentiel
deLienard-Wiechert,
et en
ignorant
en même temps lapartie
avancée. Si l’on veut aussiconserver
l’énergie, Inéquation
de rnouvement d’unecharge
doit contenirun terme additionnel pour rendre
compte
de laperte d’énergie
par radiation. Dans la limite non relativistel’équation
de mouvement doitêtre
e(E + I cv~H) + 2 3 e2 c3 (d03B1 dl)2
= m03B1,ou le second terme du côté
gauche
est la force dedamping
de laradiation. Le travail effectué par la
charge
contre cette forcecorrespond
à
l’énergie perdue
enchamp
de radiation.Ce
procédé
adéplu
à de nombreuxphysiciens,
enpartie
parce quel’origine physique
de la force dedarnping
de radiation est obscure et enpartie
parce que lerejet
dupotentiel
avancé, bienqu’exigé
parl’expé-
rience,
estcomplètement
arbitraire dupoint
de vuethéorique.
Lorentzattribuait la force de
damping
à l’action des différentesparties
d’unecharge
l’une surl’autre,
mais pour obtenir une forceirréversible,
ildevait se restreindre à la self-interaction retardée de la
charge ; l’asymétrie
dutemps
nereçoit
encore aucuneexplication.
Un
important
pas en avant a étéaccompli
par Dirac(Proc. Roy Soc., A, t. 167, ïg38,
p.1~8), qui
a montré que la force dedamping pouvait
s’exprlmer
par -’
’
ou
r,~,,
etFret
sont leschamps
avancés et retardés de lacharge
évaluésau
point
de lacharge
elle-même. Cecisuggère
que leschamps
avancéspourraient
être utilisésexplicitement
dans lathéorie,
tandis’ quel’asymétrie
dutemps
esttoujours
unmystère.
Partant
de cettesuggestion,
Wheeler etFeynman Phys.,
t.
17, g~.~,
p.15, ~
ontpensé qu’on pourrait prendre
commechamp produit
par lacharge
. 2 (Tw--~ Fret) ; i . ~ _ _
en
fait,
la combinaisonsymétrique
parrapport
autemps
despotentiels
avancés et retardés. A
première
vue, une tellehypothèse paraît
être enviolente contradiction avec
l’observation,
mais un examenplus
appro-fondi
montrequ’il
n’en est pas nécessairement ainsi..
La conséquence
décisive del’hy pothèse
desWhceler-Feynman
estque la
radiation
n’estplus
un processus concernant un seul corps.L’existence d’un
récepteur
est essentielle dansl’apparition
d’une émis- sion de radiation. Nous pourrons voir facilement quel’électrodynamique
n’est
plus
unproblème
à un seul corps de lafaçon
suivante. Considéronsune
charge
A telle que nous nous intéressions à sonéquation
de mou-vement, et une autre
charge
Béloignée
de A d’une année-lumière.Supposons qu’un champ électrique
localcommunique
une accélération àA,
autemps
années. Lechamp
retardé de A atteint alors B aui.enlps t
+ i et luicommunique
une accélération. Lechamp
avancérésultant de B arrive en A au temps t. Donc la force en A au
temps t
contient une contribution de lacharge
B. Môme si A est environné d’une distributionisotrope
decharges B,
si bienque
l’effet de leurschamps
de Coulomb est nul en
A, l’équation
du mouvement de A contiendraen
général
un termeprovenant
descharges
11. Nous n’avonsplus
unproblème
à un corps..Nous devons clairement additionner les effets de toutes les
charges
Bdans l’Univers.
Dans
cetteassociation,
on doit serappeler
que la forceperturbant
unecharge éloignée
B seramoindre,
enfait,
que lechamp
retardé de A à cause de
l’absorption
par lescharges
situées entre A et B.Comme
résultat, il y
aura un effet de saturation. S’il y a ungrand
nombre de
charges
dansl’Univers,
leur réaction sur A converge versune réaction totale
qui
estIndépendante
du nombre decharges.
Wheeleret
Feynman
ont montré que cette réaction totale estjustement égale
àla force de
damping
de la radiation.Naturellement,
cescharges
Bpeuvent exercer une force
supplémentaire
surA,
créée par leur propreI9
radiation
intrinsèque.
Cette force sera incluse dans le terme eE. Leterme de
damping
additionnel est lapartie
de la force due auxcharges
Bqui
est liée au mouvement de Apuisqu’il
estproportionnel
à(d03B1 dt) ] .
Ce résultat
remarquable suggère
quel’origine physique
de la force dedamping
est fournie par lescharges éloignées
dans l’lJnivers.Cepen- dan.t,
en obtenant ce résultat nous avonsesquivé
unpoint.
Nous avonstenu
compte
seulement de laperturbation
de B naissant de l’action duchamp
retardé deA, c’est.-à-dire,
nous n’avons considéré que lescharges
situées dans le cône de lumière futur de A. Il
faut
aussi tenircompte
de l’action duchamp
avancé de A sur lescharges
situées sur son cônede lumière
passée.
La réaction de cescharges
estjustement
la force dedamping
maisiiégative.
On devait s’attendre à cerésultat, puisque
notre théorie est encore
complètement symétrique
parrapport
autemps.
Donc si les deux cônes de lumière sont considérés en même
temps,
iln’y
aura pas de force dedamping
en A.Wheeler et
Feynman
ontessayé
d’éviter ce désastre ensupposant
que les mouvements
intrinsèques
descharges
dans le cûne de lumièrepassée
sont tellement en corrélation avec le mouvement deA,
que laperturhation
due auchamp
avancé de A estjustement l’opposé
de leurmouvement
intrinsèque.
Leur effet net sur A serait alorsnul,
si bienque la réaction des
charges
dans le cône de lumière future donneraitjustement
la force dedamping
demandée.Cette résolution du
problème paraît
très artificielle et nousdevons
àHogarth (Ph.
D.Thesis, London, 1953)
une solutionplus
satisfaisante.Le
point
dedépart
de cette solution est l’observation que lechamp
retardé de A décroît en raison inverse de la distance. Donc l’accélé- ration résultante de B décroît aussi en raison inverse de sa distance à A.
Puisque
lechamp
avancé de B estproportionnel
à son accélération etinversement
proportionnel
à sadistance,
la réaction de B sur A estproportionnelle
à l’inverse du carré de sa distance. Une référence à notre table montre alors que ce sont lescharges éloignées qui apportent
laplus importante
contribution à la réaction totale(au
mêmedegré
que dans leparadoxe
deOlbers).
Ceci
signifie
que nous ne pouvons pas tout bonnementséparer
leproblème
d’avec lacosmologie,
comme Wheeler etFeynman
ont tentéde le faire. De
plus,
la liaison avec lacosmologie
résoud en fait le pro-blême,
car dans un univers enexpansion,
les deux cônes de lumièreont des
propriétés différentes,
et leurs réactions nedisparaîtront
pas engénéral.
De cettefaçon Hogarth
attribuel’asymétrie
par rapport autemps
dudamping
de la radiation àl’asymétrie
parrapport
autemps
des mouvements àgrande
échelle de l’Univers.Ce n’est pas la fin de
l’histoire, cependant,
car le sens dutemps
danslequel
lescharges
accélérées rayonnent est lié au sens dutemps
danslequel
l’Univers est enexpansion.
Cette relation est différente pour les différents modèles del’Univers,
si bien que la relation observée nouspermet
derejeter
certains modèles.Le
principal
contraste est entre les modèles avec et sans la création continuelle de matière(voir
l’articlesuivant).
Aproprement parler,
nous pouvons dire que dans les modèles avec
création,
le cône de lumièrefuture contient
plus
delignes
d’univers que le cône de lumièreancien,
et ainsi
approche davantage
de la limite de saturation. Sans créationil j-
a les mêmeslignes
d’univers dans les deux cônes delumière,
mais àcause de
l’expansion,
lescharges
du cône de lumière future sontplus éloignées.
Dans ce cas c’est le cône de lumièrepassée qui approche davantage
de la saturation.Hogarth
soutient que cette différence dansl’importance
relative des cônes delumière,
conduit à des résultats différents pour les différents modèles..11 montre defaçon
vraiment concluante que si le taux de création descharges dépasse
deux tiers du tauxexigé
pour le maintien d’un étatstatique,
lescharges
rayonnent dans le sens du temps danslequel
l’Univers se dilate. D’autre part, si le taux de création estmoindre,
les
charges
rayonnent dans le sens dutemps
danslequel
l’Univers secontracte.
Si l’on peut rendre ses raisonnementsrigoureux
et si l’onaccepte
le choix despotentiels
de Wheéler etFeynman,
la direction dutemps
de rayonnement observé entraînera que le taux réel de créationdépasse
les deux tiers du taux de l’état stationnaire.Avant de terminer cette discussion de la seconde
loi, j’aimerais
men-tionner ses
rapports
avec d’autrestypes
de processusirréversibles,
telsque la perte de chaleur par conduction. Le
point
essentiel est quel’expan-
sion de l’Univers nous fournit une chute de radiation à
l’infini,
si bienque nous pouvons
envisager
des processus autres que lesfluctuations
réversibles
qui
conduisent à desgradients
detempérature.
Parexemple,
nous
verrons dans ledéveloppement
de la troisièmeloi,
que pour queles
galaxies représentent
des condensationsgravit.ationnelles
perma-nentes dans le gaz
intergalactique général,
il . fautqu’elles puissent perdre
del’énergie,
cequ’elles
font sous forme derayonnement qui s’échappe
essentiellement vers l’infini. Cesgalaxies
contiendront ungradient
detempérature,
car elles sontplus
chaudes au centrequ’à
l’extérieur. De même. les sous-condensations
(étoiles, etc.)
seformeront à l’intérieur de la
galaxie,
encore parcequ’elles peuvent
rayonner del’énergie.
Finalementplanètes,
barres dernétal,
etc. seformeront.
Les raisonnements habituels de la
mécanique statistique
montrentmaintenant que, une fois
formés,
cesgradients
detempérature
tendrontà
s’aplanir
aussilongtemps
que cessystèmes
seront effectivementisolés,
et en
particulier
ne rayonnerontplus d’énergie
vers l’infini. C’est ainsique la familière
asymétrie
dutemps
dans la seconde loi de la therlno-dynamique provient
de ce que lesgradients
detempérature
seproduisent
en
premier
lieudans
dessystèmes qui
sont associés à unpuits
à bassetempérature
àl’infini,
et ensuite s’uniformisant parce que lessystèmes
deviennent effectivement isolés.
Naturellement,
une fois que des gra- dients detempérature
sontproduits
de cettefaçon,
d’autrespeuvent
êtreproduits
par des interactionslocales,
parexemple,
nous pouvonschauffer une extrémité d’une barre de métal avec un bec Bunsen. Le caractère essentiel est le
gradient,
detempérature primaire, qui
est formédans le même sens du temps que celui dans
lequel
lescharges
accéléréesrayonnent.
Si nous acceptons la création continuelle de matière à un tauxdépassant
les deux tiers du taux de l’étatstationnaire,
nous pouvons alorsaffirmer,
sur des basesthéoriques,
que laperte
de chaleur par la conduction et par le rayonnementélectromagnétique
se fera dans le même sens dutemps
que celui danslequel
l’Univers sedilate,
en accordavec l’observation. Si l’on
applique
uneanalyse
similaire à la mémoirehumaine,
considérée comme un caractèreparticulier
d’unsystème
nonéquilibré,
nous pouvons alors aussicomprendre pourquoi
les hommesvoient l’Univers se dilater
plutôt
que se contracter.Troisième loi. - La troisième loi de
cosmologie
affirme que le.
contenu réel de l’Univers est aussi
significatif
que les loisauxquelles
ilobéit. Le
point
essentiel de cette loi est. son contraste avec l’idée conventionnelle que toutphénomène
réel n’est d’aucun intérêtparti-
culier, excepté
commereprésentant
d’une classe dephénomènes. La
classe aura
d’importantes propriétés, groupées
en lois de la nature, tandis que les réalisations vraies de la classe ne sont pasplus signifi-
catives que toutes les autres réalisations «
possibles » qui
ne sont pas,comme il
arrive,
trouvées dans la nature.Ce
point
de vue conventionnel est souvent illustré parl’exemple
élémentaire des
projectiles.
Cequi
estimportant ici, c’est
la classe destrajectoires, lesquelles
sont toutes desparaboles.
Toutetrajectoire particulière,
avec une direction et une vitesse initialesparticulières,
n’a en elle-même aucune
signification.
De cettefaçon, apparaît
ladistinction entre les
aspects
fondamentaux d’unphénomène
et lesaspects « accidentels - d’un coté la
parabole
et de l’autre les condi-tions initiales
d’angle
et de vitesse.Mathématiquement,
les aspects fondamentaux sont décrits par deséquations différentielles,
et lesaccidentels par des conditions
dç ,,;iit
liaison.Ce
procédé
n’est pas déraisonnablequand
il existe dans la naturebeaucoup d’exemples
d’unphénomène,
si bien que ses aspects fonda-mentaux et accidentels peuvent se
distinguer plus
ou moins par une étude. Mais s’il n’existequ’un
seulexemple,
nous sommes en difficulté.Par
exemple,
si l’on ne connaissaitqu’une trajectoire
pour unprojectile,
nous ne
pourrions
pas dire que sa hauteur maximale n’est pas aussi fondamentale que sa formeparabolique. Maintenant, quand
nous étu-dions les
propriétés
àgrande
échelle del’Univers,
c’estjustement
ladifficulté à
laquelle
nous faisonsface,
car iln’y
aqu’un
Univers. Nous n’avons donc aucune base pourdistinguer
ces aspects fondamentaux etaccidentels. On doit considérer toutes ces
propriétés
commeégalement
fondamentales.
Par
exemple,
lesgalaxies
ont despropriétés
de moyenne très bien définies : une masse de g, une dimension de I022 cm et une distance mutuelle de cm. Cesquantités
sont donc unepropriété
de l’Universtout aussi fondamentale que la nature
parabolique
destrajectoires
desprojectiles.
Elles ne doivent donc pasdépendre
d’un choix arbitraire de conditionsinitiales,
mais devrait sedéduire,
sansambiguïté
de lathéorie de base.
Un autre
exemple
est laproportion
relative des élémentschimiques.
Si nous nous
restreignons
à la VoieLactée,
poursimplifier,
on pense alors queg3 %
des atomes sont del’hydrogène, 7 %
de l’hélium et23 o,oi
%
sous la forme d’élémentsplus
lourds. Cesquantités
doiventaussi être considérées comme fondamentales.
Malheureusement,
comme nous l’avonsdéjà remarqué,
les lois de lanature sont
exprimées
habituellement sous formed’équations
différen-tielles. Nous ne nous attendons pas à ce que de telles lois déterminent
complètement
lespropriétés
dusystème auquel
on lesapplique.
Eneffet,
elles ont été construitesprécisément
pour avoir cettesouplesse.
Donc,
si nous tentions d’en déduire la masse moyenne réelle d’unegalaxie,
ou l’abondancecosmique
del’hélium,
nous nous attendrions à échouer. Pour obtenir un résultatprécis,
il nous faudrait faire un choixspécial
de conditions deliaison,
sans aucun fondementthéorique, toutefois,
pour un tel choix.-
C’est
justement
la situation dans les modèles évolutifs del’Univers,
c’est-à-dire ceux
qui
ne sont pas dans un état stationnaire. C’est seule-ment
quand
onspécifie
latempérature
dans l’Univers en untemps particu- lier,
et le nombre de Mach du mouvement turbulent du gazprégalactique, qu’on peut
calculer lespropriétés
desgalaxies
et les abondancescosmiques
d’éléments. Si donc nousespérons
retenir la troisième loi decosmologie,
nous devons trouver un moyen de nous soustraire à la nécessité despécifier
des conditions initiales.Le seul moyen
proposé jusqu’ici
estd’adopter
le modèle de l’état stationnaire de l’Univers. Car on peut montrer(SCIA1IA, Monthly
Notices
Roy.
Astron.Soc., t. 115, I955,
p.3 )
que la condition de l’état stationnaire tient lieu de condition initiale en choisissant une solutionparticulière,
etqu’alors
aucun nombre n’a besoin d’être arbitrairementspécifié.
Le mécanismephysique sous-jacent
à ce résultat est que lesgalaxies
forment unepopulation
enauto-expansion. L’exigence
del’indépendance
despropriétés
de cespopulations
parrapport
autemps
suffit-à déterminer cespropriétés
à elle seule. Car de nouvellesgalaxies
sont continuellement en formation dans les
région intergalactiques
oùla densité de matière s’accroît par l’action
gravitationnelle
desgalaxies pré-existentes.
Pour que ces nouvellesgalaxies puissent
seformer,
deuxconditions doivent être satisfaites :
(i)
Un critérium dutype
de Jeans pour assurer que lagravitation
propre est assez forte pour maîtriser toute influence
dispersive ;
(ii)
Uneénergie
suffisante doit êtreperdue
en rayonnement si bienque le
système
condensé soitlié, ,
et nepuisse
pas se redilater à sesdimensions
originelles.
Un calcul d’ordre de
grandeur
montrequ’une population
degalaxies
d’un état stationnaire satisfera à ces deux conditions que si les para- mètres caractérisant la
population
ont des valeursparticulières.
Lesvaleurs calculées de ces
paramètres
sont du même ordre que les valeurs observées mentionnéesplus haut,
mais on ne devrait pastrop
insistersur cet accord car les calculs et les observations sont tous deux très
imprécis.
Lepoint important
estqu’on
a trouvé un modèle danslequel
les
propriétés
desgalaxies
n’ontplus
la formed’aspects
accidentels de l’Univers.On
peut imaginer
un programme similaire pour les abondances d’éléments. Dans un univers à l’étatstationnaire,
ils nepeuvent
seformer
qu’à partir
del’hydrogène
dans lesrégions
chaudesqui
sontobservables
maintenant, c’est-.à-dire,
dans les diverstypes d’étoiles ;
il n’est pas
question
d’unepremière phase
chaude de l’Univers entier lui-même.Hoyle
et sescollègues (BURBIDGE, BURBIDGE,
FOWLERet HOYLE,
Rev. Mod.
Phys.,
, t.29, 1957,
p.547)
ont montré que ce programmea une
grande
chance de réussite.Naturellement,
ils utilisent les pro-priétés physiques
des étoiles comme des conditionsinitiales,
mais onpeut
certainement les calculer sansambiguïté
àpartir
de la théorie de la formation desgalaxies.
Sansdoute,
il deviendrapossible, plus tard,
de calculer des
propriétés plus
détaillées de l’Univers d’une mômefaçon
nonambiguë.
Malheureusement,
il reste un sérieuxproblème
deprincipe.
Car lathéorie de la Relativité
générale
estcompatible
avec un nombre infini de modèles d’univers et pas seulement le modèle de l’état stationnaire(Me CREA,
Proc.Roy. Soc., A,
t.206, io5i,
p.562).
Même si lemodèle de l’état stationnaire est mauvais et si les
propriétés
réelles del’Univers sont déterminées d’une autre
façon,
nous devons trouver unethéorie moins