A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
É DOUARD L E R OY
Sur les séries divergentes et les fonctions définies par un développement de Taylor
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 2
esérie, tome 2, n
o3 (1900), p. 317-384
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SUR LES
SÉRIES DIVERGENTES
ET LES
FONCTIONS DÉFINIES PAR UN DÉVELOPPEMENT DE TAYLOR,
PAR
M.ÉDOUARD
LE ROY.I. - LE PROBLÈME DU PROLONGEMENT ANALYTIQUE.
1. On
sait, depuis Weierstrass, quelle
différenceprécise
il convient d’établirentre les deux concepts de
fonction analytique
etd’expression analytique.
La théorie des
fonctions,
dont l’un desprincipaux objets
estjustement d’ap- profondir
les rapports que soutiennent entre eux ces deux termes, soulève donc deuxgrands problèmes,
inverses l’un del’autre,
maiségalement importants.
Étant
donnée d’unepart
une certaine classe defonctions,
on peut en chercherune
représentation analytique appropriée;
et l’on peut aussi d’autre part faire directement l’étude des fonctions définiespar
lesexpressions analytiques
d’untype
déterminé. C’est à ce secondpoint
de vue queje
me suisplacé,
en prenant poursujet
de mes recherches ledéveloppement
deTaylor.
2. Considérons une série entière
Trois cas peuvent se
présenter,
suivant que cette série est convergente danstout le
plan
de la variablecomplexe ,~, qu’elle
a un cercle de convergence fini ouqu’elle diverge toujours.
Un théorème deGauchy,
retrouvé par M.Hadamard,
permet de
décider,
à propos d’unexemple quelconque,
par l’examen de laquantité ’~% ~ «,t (,
danslequel
de ces trois cas on se trouve. Jen’envisagerai
pour le moment que les séries entièrespossédant
un cercle de convergence fini.Je
puis,
sans restreindre lagénéralité,
supposer le rayon de ce cercleégal
àl’unité : en
effet,
une transformation élémentaire ramène un casquelconque
à3I8
celui-là.
Alors,
sous la condition .notre série définit une fonction de z dont les
propriétés
fondamentales sont bienconnues.
Mais il peut se faire que cette fonction existe pour des valeurs de z
qui
rendentla série
divergente.
Dans ce cas, on sait que la seule connaissance de la série permet encore, au moinsthéoriquement,
de définir sansambiguïté
la fonction entous les
points
de son domaine naturel d’existence. En d’antres termes, si l’onadopte
la notion de fonctionanalytique
telle que Weierstrass l’aconstruite,
il estpossible,
-11Z. Poincaré l’a montré(’ ),
-d’instituer,
àpartir
de la sérieenvisagée
comme élément
initial,
une suiterégulière d’opérations
formant un ensembledénombrable et
permettant
d’atteindre la fonction en toutpoint
où elle estholomorphe.
Toutefois,
on n’a aucun moyengénéral
de reconnaître à lasimple inspection
de la série si le
prolongement
estpossible, ni,
dans le cas où il leserait, d’aperce-
voir sur la série même des
signes indiquant
l’allure de la fonction en chacun despoints
où elle existe. D’où il résulte que, si ledéveloppement
deTaylor
constitueune bonne définition
théorique
d’unefonction,
il n’en constitue pas une bonne définitionpratique.
C’est cette lacune queje
me suis efforcé decombler, question
dont la solution
complète
serait d’autantplus
désirablequ’aucun
autre mode dereprésentation analytique
des fonctions neprésente,
aupoint
de vue ducalcul,
les mêmes avantages que la série de
Taylor.
En
résumé,
leproblème
queje
me propose de résoudre peut s’énoncer ainsi : :Sachant
qu’une
série entière pourvue d’un cercle de convergencerepré-
sente une
fonction
douée d’une individualité biendéfinie
etqu’elle
permet de calculer deproche
enproche
toutes les valeurs de cettefonction,
trouverdes caractères
qui fassent
lire sur la série même lespropriétés
de continuitéde la
fonction.
Il va sans dire que
je
n’ai pu obtenir une solutioncomplète.
Laquestion posée,
comme celle de la convergence des séries
numériques,
n’est pas de cellesqui
encomportent. Mais ce n’est pas une raison pour ne
point
proposer les méthodesqui,
sanspermettre
de traiter tous les caspossibles,
procurentcependant
lemoyen d’aborder bien des cas
pratiques.
3. Partons d’un
développement
deTaylor
arbitrairement donné et cherchons àen effectuer le
prolongement analytique.
M. Borel a démontré(2 )
que le cercle de ( 1 ) Rendiconti del Circolo matematico di Palermo, t. II.( 2) Acta mathematica, t. XXI.
convergence d’une série entière est, en une coupure ou
ligne singulière
essentielle pour la fonction que cette série définit. Le
prolongement
est alors im-possible.
Il arrivedonc,
engénéral,
que les théorèmesclassiques
dus à .Abel suf-fisent pour étudier la fonction dans tout son domaine naturel d’existence. D’ail- leurs cela
pouvait
être aisémentprévu,
la série deTaylor
étant uneexpression isotrope
pourlaquelle,
si l’on reste clans le cas leplus général?
aucune directiondu
plan z
ne saurait êtreprivilégiée.
Une remarque
s’impose
à cesujet.
Le théorème de M. Borel est relatif auxséries
quelconques
dont les coefficients sont donnés au hasard. Mais la fonction laplus générale
necorrespond
pas à, la série laplus générale.
Aupoint
de vue ,ordinaire de
l’Analyse,
la fonction laplus générale
est, eneffet,
celle pourqui
ladistribution des
points singuliers
n’est soumise à aucune loi. Il est donc certain que, si l’on se borne auxquestions
naturellesd’Analyse
danslesquelles
les séries deTaylor
que l’on devra considérer seront amenées par un calcul et nonposées
a
priori,
les fonctions lesplus fréquentes
et lesplus
utiles seront des fonctionsprulongeables.
Je crois
pouvoir
conclure de cequi précède
que, en essayant surtout de défi ni [’des classes de séries
prolongeables, je
ne limite pas outre mesure laportée
pra-tique
des recherches quej’entreprends.
Je m’attachèrai doncspécialement
àdécouvrir des caractères de
prolongeabilité.
Il y a là une théorie àédifier,
sem-blable, je
lerépète,
à celle de la convergence des séries. Cettecomparaison expliquera
queje néglige,
aubesoin,
lagénéralité
des résultats devant leur netteté.J’ajoute
enfin que, loin deprétendre
êtrecomplet,
ce Mémoire contientprincipalement
desexemples
et desapplications
dont le but est de montrer lemécanisme de la méthode que
je
propose et l’intérêtqu’elle
peut offrir.4. Pour utiliser le théorème de M.
Borel,
il faut connaître des casprécis
que l’onpuisse
diregénéraux
aupoint
de vuequi
nous occupe.En voici un
exemple.
Les travaux de MM.Hadamard,
Borel etFabry (t)
con-duisent à formuler la
proposition
suivante : :m
La série
03A303B1nzan
admeteffectivement
son cercle de convergence comme0
coupure,
quels
que soient lescoefficients
x"(sous
la seule réservequ’il
y aiten
effet
ccn cercle de convergencefini),
pourvu que les exposants an soient des nombres entierspositifs
et croissants tels que ladifférence
a,t+, - an aug-mente acc delà de toute linzite n. .
(1) HADAMARD, Journal de Mathématiques; I892. 2014 BOREL, Ibid.; 1896. -
Annales de l’École Norm.ale supérieure; I896.
Le
problème
étant ainsi résolu pour les séries à lacunesindéfiniment grandis-
santes,
je
n’examinerai que les sériescomplètes.
Mais il est bien entendu queje
n’exclus pas le cas où une substitution de la forme
p
désignant
un entierpositif,
ramènerait la série étudiée à la formecomplète.
.
~, Il résulte encore des travaux de M.
Fabry
que, si l’on pose1
Pll et
8,t
étantréels,
pourvu quepnn
tende vers iquand
n augmenteindéfiniment,
on
peut toujours
choisir9"
defaçon
que le cercle de rayon 1 soit coupure effec-m
ti ve pour la série
~
.0
Donc,
même en se bornant aux sériescomplètes,
il ne faut pas chercher des critèresgénéraux permettant
d’affirmer que leprolongement
estpossible :
laquestion posée
nepeut
recevoir que desréponses particulières
dont il y a lieu d’assurer le caractèrepratique plus
que l’étendue.Je dis même que le cercle de convergence de la série a,1 zn est une cou- 0
pure
effective
pour lafonction
que cette sériedéfinit,
si a,t est unefonction
périodique
de ndéveloppable
en sérietrigonométrique
absolument conver-Soit,
eneffet,
- +- 00
la série
1 !~p ) étant convergente.
On a évidemmentLa fonction
f(z), holomorphe
à l’intérieur du cercle de rayon 1, admet tous lespoints
eip de ce cercle commepôles simples. D’après
uneproposition
due àM. Goursat et
reprise
par Borel dans saThèse,
cespoints
sont effectivementsinguliers
pourf (2~.
Or la théorie des fractions continues nousapprend qu’ils
forment un ensemble dense sur tout le cercle. D’où la conclusion. Il
importe
d’ailleurs de remarquer que la fonction
appartient
à lacatégorie
de cellespour
lesquelles
M. Borel a montré que l’onpouvait généraliser
la notion de pro-longement.
’
Ce théorème permet de construire des séries très
simples qui
ont leur cercle de convergence comme coupure. Ilsuffit,
parexemple,
deprendre
On déduit de là sans
peine
desséries
x,t znprésentant
le même caractère et.0
pour
lesquelles :
r ° est
positif
et va en décroissantquand n
augmente;20 La série 03B1n converge;
0
3° Le
rapport
03B1n+1 03B1n tend vers tpour n infini.
Il est visible que l’on
peut
trouver ainsi des séries de même nature dont les coef- ficients satisfont isolément à tellesinégalités
restrictives que l’on veut.de
grandeur
de a" pour ninfini qui
intervient pour lapos.sibilité
du
prolongement,
niais bien la raatecreanalytique
pour ninfini
de x"comme une
fonction
de son indice. Tel est leprincipe
queje
veux établir.Le théorème énoncé
plus
haut comporte deux casd’exception
queje
doissignaler :
.i" Si an par une suite de Fourier
limitée, f(z)
est une sommed’tcn nombre
fini
defractions simples
et donc dans tout leplan qu’un
nombre
fini
depôles simples
distribués sccr le cercle de rayon r ;2° Si est une
fonction périodique
de n àpériode commensurable,
lasuite des
points singuliers
est elle mêmepériodique
et ta’aqu’un
nombre,fini
depôles simples
distribués sicr le cercle de convergence aux sommets d’unpoly gone régulier
inscrit.6. La
question
queje
me suisposée
dans ce Mémoire adéjà
donné lieu à Lien des travauxqu’il
serait troplong d’énumérer.
Maisje
meplace
à unpoint
de vuetrès différent.
Jusqu’ici,
onpartait généralement
d’une série arbitraire et l’on cherchait un moyen d’en découvrir lespoints singuliers :
c’est cequi explique qu’on
ait surtout trouvé des résultats relatifs au cas où leprolongement
est im-possible.
Je veux, aucontraire, développer quelques hypothèses simples
portant, soit sur la formeanalytique explicite
de soit sur la manière dont ce coefficientest donné par un calcul antérieur. ’
lIIiVI. Leau et
Fabry (’)
ont obtenuplusieurs
des résultats queje
donne ici.Mais
je
crois que la méthode queje
proposeprésente plusieurs
avantages. D’abord elle est trèssimple, puis
elle permet d’étudier une fonction dans tout leplan
etnon pas seulement aux environs du cercle de convergence. Issue de cette idée que
toutes les
propriétés
d’une fonction sont pour ainsi dire condensées dans la struc-ture de son
développement taylorien,
ellefournit, lorsqu’elle s’applique,
nonseulement les affixes des
points singuliers,
mais leur nature, lespériodes qui s’y
rapportent
et les valeurs de la fonction en tous les autrespoints. Enfin,
condui-sant à extraire de la série de
Taylor
uneexpression analytique équivalente
valablepour tout le
plan,
elle seprête
à de nombreusesapplications
dontje signalerai
les
principales.
Un résumé de ce Mémoire a paru dans les
Comptes
rendccs de l’Académie desSciences,
le ?o févrierI899.
II. -- CALCUL NUMÉRIQUE D’UNE FONCTION EN DEHORS DU CERCLE DE CONVERGENCE.
7. Le
premier problème qui
seprésente
est celui-ci :Étant
donnée unefonction
par sondéveloppement taylorien,
calculer sestout
point
où elle estrégulière.
La série
primitive
et cellesqu’on
en peut déduire par la méthode duprolonge-
ment fournissent une
première solution,
malheureusement trèscompliquée.
M. Borel
(2),
par ses recherches sur la sommation des sériesdivergentes,
aouvert une voie nouvelle où 11I. Servant t
(3), après lui,
a obtenud’Importants
résultats.
M. Lindelüf
(-’t)
aindiqué
unprocédé
tout à faitgénéral,
fondé surl’emploi
dereprésentations
conformes.Enfin,
toutrécemment,
M.Nlittag-Leffler (’’)
a montré que l’onpouvait
tou-jours construire,
àpartir
de la série entièredonnée,
une série depolynomes qui
converge en tout
point
où la fonction estholomorphe,
sauf des coupures recti-lignes
allant de chacun despoints singuliers
à l’infini.(1) FABRY, Journal de
Mathématiques;
1898. 2014 LEAU, /6tc/.; I899. 2014 Le présent Mé-daté du 23 février I899, était rédigé avant
Ibid.; 1899. - Le présent Mé-moire, daté du 23
février I899, était rédigé avant la publication du Mémoire de Leau.Des circonstances indépendantes de ma volonté en ont retardé l’impression : j’en ai profité
pour y ajouter le paragraphe II, ainsi que plusieurs indications
bibliographiques.
(2) de Mathématiques; 1896, et Annales de l’École Normate; I899.
(3) ) Thèse de Doctorat; I899.
( 4) Acta Societatis fennic0153; 18g8.
(;» ) Comptes rendus; I5 mai 1 899.
Mais,
dans unepareille question,
on ne saurait tropmultiplier
les méthodes que le calculateur aura à sadisposition.
Je vais doncindiquer
unprocédé
nou-veau,
qui
permet d’ailleurs de retrouver trèssimplement
le théorème de M.Mittag- Leffler (1 ).
8. Considérons d’abord la
progression géométrique
Soit t un
paramètre
réelcompris
entre o et 1. Je poser
désignant
la fonction eulérienne de secondeespèce.
La formule bien connuequi
donne la valeurasymptotique
de l’ montre immédiatement que G est une fonction entièrede z,
tantque t
reste inférieur à t .On peut écrire
et cette
intégrale
est convergentepour t
I,quel
que soit z.Le chemin
d’intégration
coïncide d’abord avec lapartie positive
de l’axe réel duplan.
Mais il est visiblequ’on peut
lui substituer un autre cheminrectiligne L
allant de
l’origine
à l’infini et faisant avec lepremier
unangle 03C6
moindreque ;-
’
en valeur absolue. Cela tient à ce que
l’intégrale G, prise
lelong
d’un arc decercle C
compris
entre les deux cheminsprécédents,
tend vers zéroquand
lerayon de C croît au delà de toute limite.
Imaginons
maintenantque t
tende vers 1. Alors ledéveloppement (2) tend for-
mellement vers le
développemen t (I).
Maisqu’arri ve-t-i pour
G ?Considérons
l’intégrale
prise
lelong
du cheminrectiligne
L. Elle est convergente et a pour valeurI I-z
tant que le
point
.5 est dans un certain domaine T. La convergence est même (1) On verra facilement le lien de cette méthode avec celle de M. Borel.absolue et
unifor~me
dans tout domaine intérieur à T.Or, quel
est ce domaine 7.’?Posons
Le domaine T est formé de toute la
région
duplan
située du même côté queJ’origine
par rapport à la droite dontl’équation
estCette dernière
droite,
frontièreunique
deT,
n’est autre que la droite menée par lepoint z
=1 tparallèlement
à lasymétrique
de L par rapport à la bissectricex = ~.
Nous supposerons désormais que 3 reste dansT. D’ailleurs,
en faisantvarier f
dans les limitespermises,
T balaie leplan
toutentier,
sauf une coupurerectiligne
allant de z _ ~ ï à z = oo lelong
de l’axe réel.Quoi qu’il
ensoit,
supposons L et T fixés. Si z est dansT, l’intégrale
prise
lelong
de L est absolument et uniformément convergente pour t ~ I . On conclut de là queG(z, t)
tend versI
I-2quand
t tend vers I; G tend mêmeuniformément vers sa
limite,
pourvu que zn’atteigne
pas la frontièrede
T.Nous pouvons donc énoncer le théorème
suivant,
tout à fait fondamental dansla
question qui
nous occupe : ..Soit T un domaine
fini quelconque
dont lafrontière
reste à distancefinie
d’une coupure allant du
point
z .--_ i aupoint
z = ~ lelong
de l’axe réel :l’expression
oic t
désigne
uraparamètre
réelinférieur
à 1, tenduniformément
versquand
t tend vens ~, que z reste dans T .9. Soit maintenant
une fonction
holomorphe
àl’origine. Traçons
des coupuresrectilignes
allant dechacun des
points singuliers
def(z)
à l’infini lelong
des rayons vecteurs de cespoints singuliers.
Jedésignerai
par ~h un domaine finiquelconque
dont la fron- tière reste à distance finie des coupuresprécédentes
etje supposerai
que z nesort pas de T.
Appelons
d’ailleurs C un contour fermé contenant T à son inté- rieur et ne rencontrant aucune des coupuresenvisagées.
On a
Posons
t
désignant
comme ci-dessus unparamètre
réelcompris
entre o et i. La fonctionentière G peut se mettre sous la forme
car
Or on peut
toujours
supposer C choisi de tellefaçon
que, z restant dans~l’,
1 u
reste(quand
u décritC)
dans un domaine T’auquel
estapplicable
le théorème duparagraphe précédent.
Alorstend uniformément vers
et, par
suite,
G tend uniformément versf(z),
le toutqaand
t tend vers 1.Nous ohtenons donc finalement le théorème que voici :
Étant
donnée unefonction holomorphe
autour del’origine
et un doniaine T
défini
comnie il a étédit, l’expression
tend
uniformément
versf(z) quand
t tend vers 1 par valeurs réelles etplus petites
que 1, pourvu que z reste dans T.10. La méthode
précédente
donne immédialement l’extension d’une série deTaylor
à tout leplan.
Elle
constitue,
si l’on veut, unprocédé général
pour rechercher lespoints singuliers
d’une fonction définie par sondéveloppement taylorien.
Mais
je l’envisagerai
surtout comme fournissant un moyen de calculer numéri-quement
cette fonction.A ce dernier
point
de vue, ellepermet
de retrouver bien aisément le théorème deMittag-Leffler. Soit,
eneffet,
ê un nombrepositif
donné aussipetit
que l’on veut. Choisissons t = to de telle manière que l’on aitquel
que soit z dans T. Celafait,
onpeut
limiter la série convergenteG(,z, to)
de
façon qu’en désignant
par somme de ses npremiers
termes, on aitdès que n surpasse une certaine limite
assignable.
Ilvient
alorsAinsi la
fonction
peut êtrereprésentée
par unpolynome
avec telleapproximation
que l’on veut dans tout le domaine T.Soient enfin
des nombres
positifs
tels que la sériesoit convergente.
Déterminons,
par la méthodeprécédente,
lespolynomes
Pn telsque , ... r .. ,
dans T. On a évidemment
et la série du second membre est absolument et uniformément convergente dans T.
C’est le théorème de
Mittag-Leffler.
Mais,
sans insisterdavantage, je
vaisprésenter quelques
rernarquesgénérales.
11. Considérons une série
quelconque
_convergente ou
divergente.
Nous dirons avecCauchy qu’elle
est de modulefini,
si la série entière associée
possède
un cercle de convergence limite. Dans ce cas, la série auxiliaireest convergente.
Si la somme de la série
(3)
tend vers une limite Lquand t
tend vers i, nousconviendrons de’dire que la série
(t)
est sonimable et a pour somme .L.Il est clair
qu’une
série convergente esttoujours
sommable et a la même sommeaux deux
points
de vue de la convergence et de la sommabilité : la notion de som-mabilité fournit donc une
généralisation légitime
de la notion de convergence.Cette
généralisation
esteffective,
comme le montrent les théorèmes établis ci-dessus.Si la série
(1)
estdivergente
et a ses termes touspositifs,
la série(3)
augmente indéfiniment à mesure que t serapproche
de i . Il fautdunc,
dans le cas de ladivergence,
que la série(i)
soit oscillante pour que la considération de la série(3)
permette de lui attribuer une vraLe valeur.Lorsque
les 03B1ndépendent
d’une variable u, nous dirons que la série(i)
est uni-formément
sommable dans un domaine T si la série(3)
tend uniformément versune limite
quand 1
tend vers i , il restant dans T.Il résulte des théorèmes établis dans ce
Chapitre
que toute série entière de module fini est sommable dans le domaine naturel d’existence de la fonctionj8(Z) quelle
définit autour del’origine.
Une telle série peut être maniée dans le
calcul,
soit aupoint
de vue de la mul-tiplication,
soit aupoint
de vue del’intégration
ou de la dérivation terme à~
terme, comme si elle était convergente.
On
voit,
en fin decompte,
que les considérationsdéveloppées
dans ceChapitre
donnent une solution
complète
duproblème
des sériesdivergentes
de moduleLa valeur
numérique
d’une telle sériepeut
être calculée ainsi par unprocédé qui
nedépend
que de la valeurnumérique
des termes de la série donnée.J’ai à
peine
besoind’ajouter qu’une
série uniformément sommable de fonctions continues est une fonctioncontinue, qu’une
série uniformément sommable de fonctionsholomorphes
est une fonctionholomorphe, qu’on
peutintégrer
ou dé-river terme à terme une série uniformément sommable dans les mêmes conditions
(mutatis mutandis) qu’une
série uniformément convergente, elc.On
pourrait
essayer d’étendre la méthode queje
viensd’esquisser
au cas desséries entières dont le rayon de convergence est nul. C’est un
point
surlequel je
me réserve de revenir. Mais ici
je
m’attacherai surtout à une autreméthode,
àl’étude de
laquelle je
me bornerai désormais.III. - PRINCIPES DE LA MÉTHODE EMPLOYÉE.
12. Voici la marche
qu’il
est leplus
naturel desuivre
pour effectuer leprolonge-
ment
analytique
d’une série deTaylor :
déduire de la série donnée une autre ex-pression qui
converge dans laplccs grande
étenduepossible
dccplan
etqui
prenne les mêmes valeurs que la série
primitive
autour del’origine.I,a légitimité
de cette méthode est fondée sur le théorème
suivante qui
est bien connu : Deuxfonctions, holomorphes
dans un dorr2aine d’un seul tenant, coi’rzcident en tout.point
de ce domaine si elles coïncident dans unepetite
aire intérieure.C’est cette marche que l’on suit dans les cas tout à fait élémentaires où l’on
peut
sommer lasérie,
parexemple
dans le cas des séries récurrentes. C’est encore cette marchequ’ont
suivie M. Lindelöf(1)
en utilisant desreprésentations
con-formes et M. Borel
(2)
en introduisant la notion de sériedivergente
sommable.Mais,
dans unequestion
de ce genre, il est avantageux demultiplier
les méthodesque le calculateur aura à sa
disposition.
C’estpourquoi je proposerai
un autreprocédé,
basé surl’emploi
de certainesintégrales
définies.Ce
procédé
n’est pasabsolument
inédit. M. Hadamard(3) signale rapidement
dans sa ‘Thèse l’une des
propositions
fondamentales dontj’aurai
à faire usage.M. Pincherle
( ~ )
a consacréquelques
pages au mêmesujet.
Maisje
meplacerai
àun
point
de vue exactement inverse de celuiqu’adopte
M. Hadamard etje
devraid’autre part
m’éloigner beaucoup
de NI. Pincherle dans lesdéveloppements
queje
donnerai à
quelques-uns
de ses théorèmes.(1 ) Acta Societatis fennic0153; 18g8.
(2) ) Journal de Mathématiques; I8g6, et Annales de l’École Normale
supérieure ;
(3) ) Journal de Mathématiques; I8g2.( 4 Acta mathematica; I887.
13. Considérons tout d’abord
l’intégrale
et cherchons-en les
propriétés principales.
Nous supposerons
l’intégration
effectuée lelong
dusegment (o, i)
de l’axeréel OX.
Quant
à la fonction -~, nous ne ferons pas sur elle d’autrehypothèse
que celle-ci :l’intégrale
.a un sens.
Cela
posé, l’intégrale J (z )
a une valeur finie et déterminée en toutpoint z qui
n’est pas situé sur la
partie (+
i, +oo)
de OX. Il y aplus : : je
dis queJ(.~)
estholomorphe
dans le même domaine.-Eneffet,
choisissons au hasard unpoint z0
dont l’affixe ne soit pas réelle et
supérieure
ouégale
à i. On voit immédiatementque l’on
peut
écrire ,avec
La
convergence a
lieu dans un certain cercle décrit t de ~o comme centre et le théorème annoncé est donc vrai.La fonction J(z)
estholomorphe
en toutpoint
du
plan,
pour z réel etplus grand
que i . Posons maintenantOn a, au
voisinage
del’origine,
Le rayon de convergence de cette série est
égal
au moins à i.L’intégrale J(â) coincide,
à l’intérieur du cercle de convergenee, avec la somme de la série(r)
et, par
suite, définit
l’extensionanalytique
à tout leplan
de lafonction
ne-présentée
par celle-ci.Les
points singuliers
deJ (z)
nepeuvent
être situés que sur laportion (-t-i~
de OX. En
particulier,
si le cercle de convergence de la série(ï)
a l’unité pour rayon, il ne contientqu’un point singulier
deJ(z): z
== 1. ..La
portion (+
i,+~)
de OX est pourJ(z)
une coupure. Cette coupure estessentielle si la
fonction T
n’est pasanalytique
pour o~.r C ~ .
Mais supposonsc~(x) holomorphe
dans une aire contenant ce segment à son intérieur. Alors l’In-tégration
peut ètre effectuée lelong
d’un chemincurviligne
allant dupoint
o aupoint
i : d’oic l’on conclut que la coupure n’est pas essentielle et queJ(z )
n’apas d’autres
points singuliers
que z .~ 1 _ ~o.Plus
généralement,
siy (x)
estholomorphe
autour dupoint 03BB (03BB réel
et com-pris
entre o eti), J(z)
estholomorphe
autour dupoint y.
Si donc~.~(x)
estgé-
néralement
holomorphe
auvoisinage dusegment (o, -f-1)
deOX, sauf
en despoints isolés, J(z)
n’a que despoinls singuliers isolés,
distribués sur lapartie
(+
i , -4- du même axe.Dans ce cas
simple, JO (z)
n’est pasuniforme
et le calcul du sautbrusque
subi. par
l’intégrale quand
on.franchit
la coupure donne lesdiverses
déter-minations de
J(z).
Ilsuffit,
pour levoir,
de se reporter aux travaux bien connus de M. Hermite sur lesintégrales
àcoupures
etd’appliquer
le théorème des ré-sidus. Plusieurs circonstances peuvent se
présenter :
Sica(x)
estholomorphe dans
tout le
plan,
saufpeut-être
àl’origine,
on peut faire passer la coupure par telpoint
que l’on veut et lespériodes
deJ (~), quand
on tourne autour dupoint
t,sont données par
l’expression
Dans
le casgénéral (la
coupure n’étantcependant
pasessentielle),
la mêmeformule
est valable pour lespoints
voisins de OX et peut ensuite être étendue parprolongement
à tout leplan,
mais toutes lessingularités
sont alorspossibles,
suivant la. nature
analytique
de lafonction
y, pour lesdéterminations
deJ(z)
autres que la déterminationprincipale.
Ces résultats sont bien
simples
et l’on voit que la considération deJ(,~)
permet de résoudrecomplètement
leproblème
de l’extensionanalytique
de la sériey).
On peut bien souvent aller
plus
loin, Je ne citerai quequelques exemples,
Sila fonction
-.~(x)
estpositive
et si l’on pose il vient~ Si v n’est pas
nul,
il estimpossible
d’annuler le coefficient de i dansl’expres-
sion de
J(,~) : l’équation J(z)
= o n’a donc pas de racinesimaginaires.
Si v = o,la
partie
réelle deJ(z)
ne peut pas être nulle pour u ~ :l’équation J(z)
== on’a donc pas de racines réelles inférieures à 1. En 2014 o
ne peut avoir que des racines réelles
supérieures
à 1. Cette remarque, utilisée par M. Desaint( ~ )
dans saThèse,
nes’applique
évidemmentqu’à
la brancheprincipale
deJ~,~~. ,
.Je montrerai
plus
loin sur desexemples
que l’on peut tirerparti
del’expres-
sion de
J(z)
pour trouver l’allure de cette fonction àl’approche
de sespoints
sin-gulicrs. Q’u’il
me suffise de faireremarquer
actuellement que la déterminationprincipale
reste finiequand grandit
Indéfiniment avec un argument différent dezéro. , .
14. Considérons maintenant une série entière
dont nous supposerons le rayon de convergence
égal
à l’unité. Soitf (~,~
la fonc-tion définie par cette série. Si nous parvenons à construire une
fonction 03C6(x)
telle que l’on ait
pour toutes les valeurs entières et
positives
de n, nous poseronset nous aurons effectué le
prolongement analytique
de la sérié. Ceprocédé
nousfournit le moyen, non seulement d’étudier la nature
analytique de f(z),
mais en-core d’en calculer
numériquement
la valeur en toutpoint du plan qui
n’est passingulier. ’
Sans
doute,
la méthodeprécédente
ne peut rien donner deplus
que la mé- thodeclassique
duprolongement analytique
à l’aide de cercles de convergence successifs. Mais elle estbeaucoup plus pratique
et permet en outre, ~~’ un en- semblerégulier d’opérations,
d’atteindre la fonction étudiée dans tout son do-maine d’existence,
ycompris
levoisinage
despoints singuliers,
et non pas seu- lement(comme
leprocédé
de M.Poincaré)
dans tout domaine intérieur audomaine naturel d’existence. Le seul inconvénient de la méthode est de n’être pas
générale :
: pour savoir si elle estapplicable,
ilfaut
résoudre unproblème d’in-
(1) E. DESAINT, Sur quelques points de la théorie des fonctions (Annales de l’École Normale supérieure; I897).
version
d’intégrale
définie consistant à construire unefonction y
telle quepour n entier et
positif.
~
~~, On
aperçoit
immédiatement lapossibilité
degénéralisations
étendues.J’y
insisterai peu, les démonstrations étant les
mêmes,
mutatismutandis,
au moinsen ce
qui
concerne lespoints importants.
Rien
n’empêche,
parexemple,
de fairecorrespondre
à une série deTaylor
donnée une
intégrale
de la forme.
.
G( t) désignant
une fonction entièrede t,
ou mêmeplus généralement
encore uneintégrale
telle que 1où
F (t) représente
une fonctionanalytique
de tholomorphe
àl’origine
dont lessingularités
sontsupposées
connues dans tout leplan.
Bornons-nous,
poursimplifier,
au cas oùF (t)
n’a que despoints singuliers
isolés : soient
les affixes de ces
points.
Si
F (t)
n’estpas uniforme,
nous commencerons parpratiquer
dans leplan (,~~
des coupures
rectilignes
allant de chacun despoints tp
à l’infini et dont les pro-longements passent
parl’origine :
la fonction F est ainsi rendue uniforme.Dans tous les cas, ces coupures seront celles de
l’intégrale f (~~,
Celle-ci est holo-morphe
en toutpoint
non situé sur les coupures, au moins tant que l’on se con-tente de considérer les valeurs de
susceptibles
d’être atteintesquand
lavariable z suit un chemin issu de
l’origine
et ne rencontrant pas les coupures. Ilest clair que, dans le
plan
ainsicoupé, f (.~~
est uniforme,Si n’est pas
analytique,
les coupures sont essentielles et iln’y
a rien à direde
plus,
à moins que l’on n’abandonne leconcept
de fonctionanalytique
tel que l’a constitué Weierstrass et que l’on ne cherche àgénéraliser
l’idée deprolonge-
ment.
Mais,
sic~ (x~
estanalytique,
on sait que les coupures ne sontplus qu’appa-
rentes. Dans ce cas,