Exercice physique et sante*
Comite OMS/FIMS sur I'activite physique et la sante'
La pr6sente d6claration concernantles r6percussions b6n6fiques qu'a i'exercice physique sur la sant6 a et6 6labor6e parun comit6 mixte de I'OMS et de la F6d6ration internationale de M6decine sportive (FIMS), puis mise au point lors d'une r6union OMS/FIMSsur la promotion de la sant6 etI'activit6 phy- sique quia eu lieu a Cologne (Allemagne) du 7au 10avril 1994. Les gouvernementsdu monde entier devraient examiner l'interd6pendance de l'activit6 physique et de la promotion de la sant6 en tant qu'aspectimportant de politiques d'int6r6t g6n6ral.
On constate aujourd'hui un enorme gaspillage de potentiel humain que l'on peut attribuer 'a l'inactivite physique. En effet, les hommes qui ne prennent pas suffisamment d'exercice risquent deux fois plus que leurs homologues plus actifs d'etre atteints de car- diopathie ischemique. I1 est egalement bien connu que bon nombre des infirmites et incapacites de la vieillesse sont dues aune inactivite habituelle plut8t qu'au vieillissement lui-meme. On admet doncmain- tenantque lasedentarite est un facteur important de mauvaise sante et dedeces premature.
Au cours de ce siecle, la mecanisation et l'auto- matisation ont radicalement r6duit l'activite phy- sique. Celan'est nullepart aussi evident que dans les pays hautement developp,s oui le travail manuel pdnible a pratiquement disparu et oii les appareils menagers ont considerablement amoindri 1'effort physique. L'utilisation croissante de l'automobile et le temps toujours plus long passe 'a des activites de loisirsedentaires telles que latdlevisionontdansune large mesure promu des modes de vie passifs. Ces modes de vie ont prevalu d'abord dans les pays industrialises mais touchent maintenant egalementde plus en plus les pays en developpement. Cette ten- dance n'est pas limitee aux adultes car certains signes montrent que les enfants et les adolescents sontegalement moins actifs.Lareductiondel'activi- te physique devient ainsiunphenomene mondial.
* La versionoriginale anglaise del'article aete publi6edans le Bulletin de lOrganisation mondiale de la Santd, 1995, 73(2):
135-136.
Les demandes de tires a part doivent etre adress6es a lunit6 des Maladies cardio-vasculaires, Organisation mondiale deiaSant6, 1211Geneve27, Suisse.
I Membres ducomite: S.N. Blair, C. Bouchard, I. Gyarfas, W.
Hollmann, H. Iwane, H.G.Knuttgen, G. Luschen,J. Mester, J.N.
Morris, R.S. Paffenbarger, P. Renstr6m, W. Sonnenschein et 1.
Vuori.
Tirea part No 5598
Avantages de I'activite physique
Les resuItats de programmes de recherche 'a grande echelle donnent a penser que l'activite physique accroit lalongevite et, dans unelarge mesure, prote- ge contre le developpement de maladies chroniques nontransmissibles gravestellesqueles cardiopathies ischemiques, l'hypertension, les accidents vasculai- res cerebraux, le diabete sucre non insulino-depen- dant, l'osteoporose et le cancer du colon. Certaines etudessuggerent quelas6dentarite accroit egalement derisque decancerde laprostate, decancerdupou- mon,de cancer du sein et de depression clinique. Par ailleurs, des niveaux adequats d'activite physique contribuent alareadaptation des malades atteints de maladies cardio-vasculaires et autres maladies chro- niques.
Une activite approprieeest necessaire a toutage pouravoirunebonne conditionphysiologique, c'est- a-dire etre capable de faire chaquejour efforts phy- siques et mouvements sans eprouver de fatigue ni d'inconfort excessifs; pour regulariser le poids et eviter l'obesite et la surcharge ponderale; et pour favoriser le bonderoulement de toute unegammede processus physiologiques, dont le m6tabolisme des graissesetdeshydrates de carboneetlesdefenses du corps contre l'infection. Les gens fonctionnent mieux, se sentent mieuxet ont meilleure mine lors- qu'ils menent une vie active, et leurs niveaux d'anxiete et de depression sont egalement reduits.
Chez lespersonnes agees,la limitation delamobilite etlaperted'independance sont tresrepandues; toute- fois, il existe denombreux temoignages montrant la valeurd'uneactivit6physique habituellepourpreve- nir etsoulagercesincapacites.
Engeneralonestime qu'unnombre considerable de personnes n'atteignentpas, et sont meme souvent loind'atteindre, le potentiel biologique qui estle leur enmatiere desante a causedumanqued'activit6phy- sique.Par rapport auxgains multiplesquel'onpeut en attendresurleplande la sante, lesdangers d'une acti- vite physique raisonnableetapproprieesontminimes.
Bulletinde lOrganisationmonialede laSant6,1995, 73 (3): 281-282 ©Organisation mondiale de laSant61995 281
ComIt4 OMS/FIMS
Recommandations
L'OMS et laFederation intemationale de Medecine sportive constatent avec inqui6tude que la moitie environ de la population mondiale n'est pas suffi-
samment active. Elles prient donc instamment les
gouvemements de promouvoir et de renforcer les
programmes d'activite physique dans le cadre d'une politique sociale et de sante publique axee sur les points suivants:
* Une activite physique joumali'ere devrait eftre
accepteecommelapierre angulaired'un mode de vie sain. Cette activite devrait faire a nouveau partie de la routine de la vie quotidienne. I1 serait bon decom- mencer par utiliser les escaliers au lieu des ascen- seurs etd'allerapied ou abicyclette lorsqu'on ade petits trajets afaire.
* I1 faudrait foumir aux enfants et aux adolescents des installations addquates et la possibilite de prendre part a des programmes joumaliers d'exer- cices agreables afin quel'activite physique devienne
unehabitudepourlavie.
* I1 faudrait encourager les adultes a accroitre pro-
gressivement leur activite habituelle afin de parvenir
a consacrer aumoins trente minutes touslesjours a
une activite physique d'intensite moderee, comme
marcher d'un bonpas et monterles escaliers. D'au-
tresactivites plus energiques telles quele jogging,le cyclisme, lapratique desports commele football, le tennis ou la natation pourraient e'tre egalement tres
profitables.
* I1 faut offrir aux femmes diverses possibilitds et
les inciter davantage a prendre de l'exercice pour
qu'elles semaintiennent enbonnesante.
* II faudrait encourager les personnes agees, et no- tammentles plus ageesd'entreelles, dont le nombre
va croissant au niveau mondial, a mener une vie physiquement active afin de leur conserver l'ind&- pendancedemouvement et l'autonomiepersonnelle, dereduireles risquesde traumatismecorporel, etde promouvoirunebonne nutrition. Le role socialetles relations socialesserontparla mefmeegalement faci- lites.
I1 faudrait donner auxpersonnes frappees d'inca- pacites ou souffrant de maladies chroniques des conseils sur les exercices et les installations repon- dantaleurs besoins.
* I1 faudrait diffuser plus largement l'information selonlaquelle il y abeaucoupa gagneren commen-
,antuneactivitephysiqueatoutage.
Laresponsabilitede lasante personnelleincombe
enfindecompte al'individu etalafamille, mais les gouvemements doivent prendre des mesures visant a
creer un milieu social et desinfrastructures propices al'adoption etaumaintien de modes de vie actifssur le plan physique. La promotion del'activite physique doit faire partie integrante de politiques d'interet general en raison de ses importantes et profondes repercussions. Parmi les conditions requises, il faut:
1) Promouvoir l'action a tous les niveaux de gouvemement - tant local que central- afin, par exemple, que lespolitiques en matiere de transportet d'environnement tiennent autant compte des besoins des pietons et des cyclistes que deceux des automo- bilistes. Parailleurs, laplanification urbaine et rurale devrait favoriser l'activite physique pendant les loi- sirs et lestrajets entre le lieu de travail et le domici- le.
2) Eduquer etreeduquer les medecins, les autres professionnels de la sante et les enseignants a tous les niveaux afin qu'ils encouragent l'activite phy- sique en donnant des conseils 'a leurs patients et a leurs eleves et en leur montrant le bon exemple.
3) Encourager lesautorites locales et le gouver- nement central a foumir des installations commodes etd'uncou'tabordable, en tenantcomptedesbesoins des mferes,desfemmesqui travaillent,des personnes agees, des handicapes physiques, et d'autres per- sonnesayantdesbesoinsparticuliers.
4) Accorder un rang de priorite eleve a la pre- vention et au traitement des traumatismes sportifs.
5) Mettre en place des campagnes eprouvees d'education du public par l'intermediaire des ser- vices de sante et desmedias, avecl'appuidesguides de l'opinion etdes personnes qui serventde mod'ele dans la communaute.
6) Etablir des liens avecles nombreuses organi- sations benevoles interessees -surles planssocial, environnemental, sportif et recreatif - pour pro- mouvoir des modes de vie plus sains etplus agrea- bles.
7) Surveillerl'activitd etlaconditionphysiques auniveaunational, ainsi que les programmes visanta promouvoir celles-ci eteviter les traumatismes spor- tifs; des niveaux de base devraient e'tre etablis d'es maintenant.
8) Reconnaitre lesdiff6rences dues al'inegalite socialeenmatifere de santeet aladiversitemarqude faceal'activitephysique-ce sontles personnes les plus aisees et les mieux eduquees qui ont leplus de chances d'avoir des loisirs sains - et prevoir des mesures enconsequence.
Si ces recommandations sont suivies, elles per- mettront de sauver un nombre considerable de vies dans le monde entier et d'ameliorer laqualite de la vie de tres nombreuses personnes. I1 est temps dore- navantdeprendrelesmesuresqui s'imposent.
WHO Bulletin OMS. Vol73 1995
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