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L'évolution des ludothèques en France, de 1967 à nos jours

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Academic year: 2022

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L’évolution des ludothèques en

France, de 1967 à nos

jours

Mémoire de recherche JEAN Mathilde 2018-2019

Master 1 Sciences de l’information et des bibliothèques

Sous la direction de Mme Valérie NEVEU

Membre du jury Valérie NEVEU | Maitre de conférences Véronique SARRAZIN | Maitre de conférences

Soutenu publiquement le :

24 juin 2019

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RE MER C IE MENTS

Je souhaite remercier ma directrice de mémoire, Mme Valérie Neveu pour ses précieux conseils, notamment sur la méthode de recherche, et pour s’être impliquée avec curiosité dans ce travail sur un sujet qui ne lui était pas familier.

Mes remerciements vont aussi à l’ensemble du personnel et des bénévoles de la bibliothèque- ludothèque associative 1001 Pages de Saint-Joseph de Porterie, en particulier Mmes Nolwenn Caillet et Mélanie Boucher, pour leur confiance sans bornes envers moi, pour m’avoir permis d’y réaliser mon étude de cas et pour avoir apporté les réponses à mes questions. Je remercie également les 60 adhérents ayant pris le temps de participer à mon questionnaire.

Un remerciement tout particulier à Mme Mélanie Boucher pour m’avoir fourni son cours dispensé au campus de Cholet et pour m’avoir montré l’importance qu’ont les jeux et les jouets sur le public, et notamment sur les enfants, au cours de nombreuses séances passées ensemble en TAP (Temps d’Activités Périscolaires) dans différentes écoles du quartier.

Je remercie aussi mes camarades de promotion de ce Master pour le soutien mutuel témoigné au cours de l’année, notamment Alexia, Camille, Chloé L., Maeva D. et Marianne.

Enfin, je souhaite remercier ma famille et mes cousins, mes premiers partenaires de jeux, pour leur soutien moral durant l’élaboration de ce mémoire

.

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Sommaire

INTRODUCTION

Partie I : Le jeu et les ludothèques

1.Contextualisation : généralités sur le jeu et le jouet 1.1.Petite histoire du jeu et du jouet

1.2.Les différents types de jeux et de jouets 1.3.Le jeu : futile ou sérieux ?

1.4. Le jeu : exclusivement pour les enfants ? 1.5. Le marché du jeu et du jouet en France

1.6. Quelques manifestations mondiales et nationales autour du Jeu 2. Historique des ludothèques et du métier de ludothécaire

2.1.Création des premières ludothèques à l’étranger et en France 2.2. Evolution de la définition de la ludothèque

2.3. Les rôles et missions d’une ludothèque 2.4. Les différents statuts de ludothèques

2.4.1. Données chiffrées 2.4.2. Les différents statuts 2.5.L’ALF et l’ITLA

2.5.1. ALF 2.5.2. ITLA

2.6.Le métier de ludothécaire : de la création à la reconnaissance officielle du métier 3.Le lien particulier de la ludothèque avec la bibliothèque

3.1.Le jeu et le livre : deux supports complémentaires ?

3.2. L’association des structures : complémentarité entre bibliothèque et ludothèque

3.3. La faible place du jeu dans les publications professionnelles de bibliothèques et dans les formations de bibliothécaire

4.Aspects ludothéconomiques

4.1. Politique documentaire, acquisitions et organisation des collections de jeux et de jouets en ludothèque

4.1.1. Politique documentaire 4.1.2.Acquisitions et désherbage 4.2.Gestion des collections ludiques

4.2.1. Le système de classification ESAR 4.2.2. Catalogage, indexation et équipement 4.2.3. Prêt

4.3.Animations

4.3.1. Jeux sur place et soirées jeux 4.3.2. Animations dans d’autres structures Partie II : Bibliographie et sitographie 1.Monographies

1.1. Ouvrages généraux sur le jeu et le jouet

1.2. Ouvrages sur les ludothèques et le métier de ludothécaire 1.3. Ouvrages sur la bibliothéconomie et la ludothéconomie 1.4. Dictionnaires

2.Rapport ministériel et documents officiels 3.Travaux universitaires

4. Articles et revues 4.1.Articles 4.2. Revues 5.Sitographie

5.1.Sources sur le jeu (généralités, historique, évènements, marché)

5.2. Sources sur les ludothèques (généralités, historique, données) et le métier de ludothécaire 5.3. Sources sur la ludothéconomie

5.4. Sources utilisées pour l’étude de cas

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Partie III : Etude de cas : la bibliothèque-ludothèque associative 1001 Pages à Saint Joseph de Porterie (44)

1.Historique de la structure 1.1. Création de la bibliothèque 1.2. Création de la ludothèque

2.Gestion des collections de jeux et jouets 2.1.Acquisitions

2.2. Catalogage et signalétique 2.3. Prêt

3.Comparatif entre la bibliothèque et la ludothèque 3.1.Budget

3.2. Taux d’emprunts des documents 3.3. Animations

3.3.1. Animations autour du livre 3.3.2. Animations autour du jeu

4. Enquête auprès des adhérents de la structure 4.1.Résultats du questionnaire

CONCLUSION ANNEXES

1.Charte des ludothèques (ALF)

2. Tableau du système ESAR (édition 2002)

3. Exemple affiches Fête du Jeu (mondiale et 1001 Pages)

4. Questionnaire auprès des adhérents de 1001 Pages (étude de cas) 5. Ludothéconomie : PMB et système de classification

TABLE DES MATIERES TABLE DES GRAPHIQUES TABLE DES TABLEAUX

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INTRODUCTION

« L’issue d’un jeu est incertaine, le plaisir qu’il apporte est incontestable » (Proverbe malais1)

Sans forcément être un passionné, tout le monde a déjà joué à un jeu de société ou de cartes, ou même s’est amusé avec des jouets durant son enfance. Actuellement, le marché du jeu se porte très bien, les jeux de société font leur grand retour depuis une dizaine d’années et connaissent un regain de succès, en témoignent les nombreuses soirées jeux organisées et les bars à jeux ouvrant un peu partout sur le territoire français. De plus, de nombreux ouvrages et travaux démontrent régulièrement les bienfaits et les vertus ludiques, sociales et éducatives du jeu, quelle que soit sa forme, exercés aussi bien sur l’enfant que sur l’adulte.

Pourquoi alors si peu de ludothèques existent-elles en France ? Parfois associées dans une seule structure avec une bibliothèque, elles sont « seulement » 1 200 comparées aux quelques 16 000 bibliothèques françaises2. Apparue dans les années 1930 aux Etats-Unis et dans les années 1960 en France, la notion de ludothèque est encore très récente à l’échelle de l’histoire du Livre et des Bibliothèques. En outre, par rapport aux réputées bibliothèques, ce lieu culturel et ludique qu’est la ludothèque semble être encore relativement méconnu par une certaine partie du public.

Si un certain nombre de travaux universitaires et de publications professionnelles traitent de ce sujet, il nous a semblé intéressant de présenter les ludothèques à travers leur historique, leurs missions pour promouvoir le jeu et leurs personnels qui exercent un véritable métier à part entière avec des compétences spécifiques, mais aussi des compétences les rapprochant fortement des bibliothécaires. Nous souhaitons développer ces différents sujets afin de donner aux ludothèques et aux jeux l’importance qu’ils méritent, tout en permettant au lecteur de les (re)découvrir.

A noter que durant ce mémoire, les jeux vidéo et les jeux numériques ne seront pas évoqués. Il existe en effet plusieurs travaux de recherche sur ce sujet et nous avons voulu restreindre notre propos aux jeux et aux jouets, ce qui nous semblait amplement suffisant. Cependant, il sera également question d’un autre support culturel : le livre et sa complémentarité avec le jeu.

Comment l’émergence progressive des ludothèques a-t-elle abouti à la reconnaissance du métier de ludothécaire et à l’implantation du jeu dans le monde de la Culture et du livre en particulier ? Telle est la question à laquelle nous tenterons de répondre dans ce mémoire.

1 Citation trouvée sur le site de l’association Wellouëj, disponible sur : http://www.wellouej.com/blog/716-jeux-en-citation- 11-proverbe-malais. Consulté le 22 mai 2019.

2 Chiffres de 2012, issus du site du Ministère de la Culture, disponible sur : http://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Livre- et-Lecture/Bibliotheques/ Consulté le 22 mai 2019.

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Dans une première partie historique et professionnalisante, nous ferons une contextualisation du jeu à propos de son histoire, de son rôle social et du marché actuel du jeu ; puis nous verrons comment les ludothèques ont progressivement émergé, à travers les institutions gravitant autour d’elles, leur définition, leur évolution dans le domaine de la Culture, leurs différentes missions et la reconnaissance tardive du métier de ludothécaire ; nous nous attarderons ensuite sur le lien particulier qu’entretiennent les ludothèques avec les bibliothèques ; enfin, nous présenterons les diverses tâches ludothéconomiques nécessaires à la gestion d’un fonds ludique et d’une ludothèque.

Dans une seconde partie, nous présenterons les sources et références bibliographiques qui ont été nécessaires à l’élaboration de ce mémoire de recherche.

Dans une dernière partie, nous étudierons un exemple spécifique de structure associant une bibliothèque et une ludothèque, en nous appuyant sur l’analyse de la bibliothèque-ludothèque associative 1001 Pages de Saint-Joseph de Porterie, un quartier de la ville de Nantes (44).

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PARTIE I : Le jeu et les ludothèques

1. Contextualisation : généralités sur le jeu et le jouet

1.1. Petite histoire du jeu et du jouet

Le jeu trouve son origine très tôt dans l’histoire des civilisations. Lorsque les peuples ont peu à peu cessés d’être nomades pour devenir sédentaires et que la survie ne fut plus la seule préoccupation, les jeux ont progressivement vu le jour.

Les premières traces de jeux avérées sont des toupies et des dés retrouvés en 1926 en Chine3 et datant du 3ème millénaire avant Jésus Christ4. Depuis, de nombreux jeux ont été inventés dans différents lieux du monde, que ce soit en Europe, en Asie ou encore en Orient, et se sont diffusés progressivement à l’ensemble du monde entier.

Durant l’Antiquité, on trouve notamment les osselets, le yoyo et les échecs, le jeu de go, les dominos5. Par ailleurs, les enfants de la fin de la Préhistoire et de l’Antiquité jouaient déjà et possédaient des balles, des poupées, des statuettes ou des figurines faites en différents matériaux.

Par la suite, d’autres jeux sont créés mais ne se diffusent pas partout uniformément. Par exemple, les cartes à jouer ont été créées au VIIème siècle en Chine mais n’apparaissent et se diffusent en Europe qu’au XVème siècle, avec la naissance de l’imprimerie par Gutenberg6.

Bien que le jeu de l’oie ait été créé à la Renaissance, durant cette période ainsi qu’au Moyen-Age, ce sont des jeux plus physiques ou sportifs qu’intellectuels qui se développent, comme le jeu de paume. On peut trouver un bon nombre de ces jeux dans le tableau Les Jeux d’enfants7 du peintre Pieter Bruegel l’Ancien. Ce tableau, peint en 1560, représente 200 enfants jouant à environ 90 jeux différents, parmi lesquels colin-maillard, saute-mouton, la marelle, les échasses, les bulles de savon, les cerceaux ou encore les galipettes8. Ces jeux représentés dans le tableau ont été répertoriés et sont consultables sur une illustration interactive créée par la Bpi9. Aux XVIIIème et XIXème siècles, ce sont les jouets qui connaissent une forte hausse et une diversité, avec notamment l’apparition des fameux « soldats de plomb ». L’industrialisation de la société permet une fabrication de masse de certains jouets.

3Fiche Wikipédia de la toupie, disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Toupie_(jouet). Consulté le 16 mai 2019.

4 LEGENDRE, Françoise (inspecteur général des bibliothèques), Jeu et bibliothèque : pour une conjugaison fertile. Rapport à Madame la ministre de la Culture et de la Communication, rapport n°2015-009, 2015, p.15

5 Site de la Ludothèque de Palaiseau (Association La Souris Verte), disponible sur : http://www.ludopalaiseau.net/une- breve-histoire-du-jeu/. Consulté le 16 mai 2019.

6 LEGENDRE, Françoise (inspecteur général des bibliothèques), Jeu et bibliothèque : pour une conjugaison fertile. Rapport à Madame la ministre de la Culture et de la Communication, rapport n°2015-009, 2015, p.16

7Les Jeux d’enfants, Pieter Bruegel l’Ancien, huile sur bois, 116 cm x 161 cm, 1560, Kunsthistorisches Museum de Vienne 8LAMOUREUX, Sophie, Le livre des jeux, Arles : Actes Sud Junior, 2007, p.46-47

9 Site du web-magazine Balises (Bibliothèque publique d’information), disponible sur : https://balises.bpi.fr/education/jeux- denfants-de-pieter-bruegel-lancien. Consulté le 16 mai 2019.

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Enfin, les XXème et XXIème siècles voient le retour et l’expansion des jeux de société, dont les célèbres Monopoly (1934), Scrabble (1938) et Trivial Pursuit (1984) qui connaissent toujours le même succès aujourd’hui10. De plus, les éditeurs de jeux ne cessent de croitre, comme Asmodée, Days of Wonder, Filosofia, HABA, MB, Ravensburger, Repos Production ou encore Smart Games.

Parallèlement, les jouets connaissent aussi un bond en avant avec l’utilisation généralisée du plastique à partir des années 1950.

Ainsi, le jeu a toujours eu une place dans la vie des hommes, en particulier dans celle des enfants, et les jeux et jouets ont évolué en fonction des différentes mutations de la société.

1.2. Les différents types de jeux et de jouets

Il existe actuellement une grande quantité de jeux et de jouets différents. Il s’agit d’abord de distinguer les deux : dans les jeux sont notamment compris les jeux de société, de plein air, de bois, d’adresse, de construction, les puzzles ; dans les jouets sont évidemment compris les jouets que l’on trouve dans les catalogues publicitaires des grandes surfaces et magasins spécialisés, mais aussi les peluches, les poupées ou encore les figurines.

En dépit de ces quelques informations, il est très difficile de trouver des définitions exactes pour expliquer la différence entre le jeu et le jouet. Pour résumer approximativement, on peut dire que le jeu est davantage encadré par des règles, qui peuvent être importantes ou non, tandis que le jouet sert le jeu mais sa fonction dépend surtout de la personne qui l’utilise. Ainsi, en théorie, n’importe quel objet peut être détourné en jouet.

Dans la catégorie des jouets, il faut aussi ajouter le jeu symbolique qui est particulier. Il est appelé

« jeu » mais il n’est pourtant pas assimilé à des règles. Il s’agit pour l’enfant de jouer à « faire semblant » à l’aide d’objets, d’imaginer des scénarios, de jouer des rôles ou d’imiter les autres.

C’est une activité essentielle pour le développement psychologique des enfants en bas âge, notamment en termes de communication et de langage. Selon un blog, tenu par une éducatrice de jeunes enfants, le jeu symbolique permet à l’enfant « d’exprimer ses émotions, ses peurs, ses angoisses. Il lui permet également d’inverser les rôles du quotidien et de se mettre à une place qu’il désire […]. Ces jeux lui permettent également de l’aider dans la résolution de ses conflits inconscients (agressivité, défense…). Ce qui est fondateur dans ces jeux-là, c’est que l’enfant est tout à la fois. Il est le scénariste qui écrit l’histoire, le metteur en scène qui met en place le scénario et l’acteur. Il travaille donc son quotidien, se l’approprie tout en développant son imaginaire. Il mélange le réel avec ce qu’il invente »11.

10LEGENDRE, Françoise (inspecteur général des bibliothèques), Jeu et bibliothèque : pour une conjugaison fertile. Rapport à Madame la ministre de la Culture et de la Communication, rapport n°2015-009, 2015, p.16-17

11Blog Enfance Joyeuse, disponible sur : http://enfancejoyeuse.fr/jeu-symbolique. Consulté le 10 mai 2019.

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Dans la catégorie des jeux, les plus plébiscités sont les jeux de société puisqu’ils ont l’avantage d’être intergénérationnels et cadrés. En effet, pour la plupart, il est possible d’y jouer « de 7 à 77 ans » comme le veut la célèbre expression. Les deux dernières décennies ont vu le renouveau du jeu de société familial. Les revues de l’ALF (Association des Ludothèques Françaises, que nous présenterons plus tard) parlaient notamment de ce renouveau dans les années 2009 et 2010 :

« Nous assistons, peut-être justement à cause de la crise, à un retour au jeu de société, loisir familial intergénérationnel peu coûteux »12, « Le jeu de société a, ces dernières années, regagné ses lettres de noblesse. C’est en partie parce que ce sont des jeux préalablement réglés, qui proposent un cadre facilement repérable par l’adulte »13. Ainsi, contrairement aux jouets ou jeu symbolique, l’activité est cadrée par des règles que chaque joueur doit respecter et tous les joueurs sont mis sur un pied d’égalité.

Actuellement, à l’image du jeu de société Unlock!14 (jeu d’escape room) ou Détective15 récompensés par le prix As d’Or 2017 et 2019 au Festival des Jeux de Cannes, les jeux de société coopératifs connaissent un véritable engouement. Il ne s’agit plus de jouer les uns contre les autres mais tous ensembles, en coopération : les joueurs gagnent ou perdent ensemble. Ceci renforce l’idée d’interaction entre les joueurs et changent la façon de jouer par rapport aux jeux classiques d’opposition. On retrouve donc cette notion d’égalité entre les joueurs expliquée plus tôt.

Par ailleurs, les jeux de société traditionnels, à l’image des jeux de cartes notamment, sont appréciés et transmis de génération en génération. Ainsi, la belote, le Scrabble, le Monopoly et les autres jeux plus récents forment ensemble un patrimoine culturel au même titre que les livres :

« Le patrimoine ludique – celui que nous créons aujourd’hui par l’invention de nouveaux jeux comme celui qui a été créé par le passé – doit être un patrimoine vivant. Il est tout à fait important d’avoir conscience que c’est un patrimoine »16.

Ainsi, tout ce patrimoine est composé de jeux et de jouets très variés et il est impossible de tous les présenter de manière exhaustive. Cependant, nous nous attarderons plus loin sur le système de classification ESAR qui a permis de classer ces jeux selon leurs fonctionnalités et ainsi faciliter le catalogage des jeux et jouets en bibliothèque et ludothèque.

12 Revue La Lettre ALF n°30, juillet 2009, p.3. Disponible sur : https://alfludotheques.wordpress.com/tag/lettre-alf/

Consulté le 26 mars 2019.

13 Revue LUDO (ALF), n°32, décembre 2010, p.10. Disponible sur : https://alfludotheques.wordpress.com/tag/lettre-alf/

Consulté le 26 mars 2019.

14DEMAEGD, Cyril, Unlock!, JD Editions, Space Cowboys, 2017 15TRZEWICZEK, Ignacy, Détective, éditions Iello, 2019

16Revue La Lettre ALF n°14, octobre-nov-déc 1996, p.8. Disponible sur : https://alfludotheques.wordpress.com/tag/lettre- alf/ Consulté le 16 mars 2019.

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1.3. Le jeu : futile ou sérieux ?

Le mot « jeu » vient du latin « jocus » qui signifie « plaisanterie, badinage, facétie »17. D’après son étymologie, le jeu vise donc à divertir celui qui le pratique. Ceci est confirmé par la première définition du « jeu » dans le dictionnaire : « Activité non imposée, à laquelle on s’adonne pour se divertir, en tirer un plaisir »18. Pour autant, peut-on réduire le jeu uniquement au plaisir ? Ou dans le cas contraire, ajouter de la pédagogie dans le jeu est-ce forcément le dénaturer ?

On assiste régulièrement à une opposition de deux visions concernant le jeu : dans un cas, le jeu doit être exclusivement basé sur le plaisir et être une source d’amusement, sans contraintes et ne doit servir d’autres buts que le divertissement ; dans un second cas, le jeu est utile quand il est employé à des fins pédagogiques, puisque son utilisation et le temps consacré est « rentabilisé » et le jeu n’est alors pas futile car il permet de faciliter l’apprentissage, notamment pour les enfants. Ni l’une ni l’autre de ces visions manichéennes du jeu ne sont évidemment satisfaisantes. La réalité du jeu est en effet bien plus complexe.

Les anglophones ont saisi cette complexité en distinguant notamment le « play » (jeu libre, divertissement) et le « game » (jeu à règle)19. Cette distinction est importante pour comprendre les différents mécanismes et utilisations du jeu. Ainsi, le « jeu » tel que les francophones l’appellent est ambigu puisqu’il peut prendre ces deux sens. Cependant, selon les personnalités et les professions de chacun, un seul de ces deux sens prédomine.

Ainsi, certains défenseurs du jeu pensent que le jeu ne doit pas être associé à la pédagogie.

Certains propos paraissent excessifs à l’image de ce responsable d’une ludothèque de Perpignan qui s’insurge : « Ils ont osé intituler un lieu "pédagoludothèque". Ce concept est un véritable génocide philosophique. Vingt ans d’explications, d’informations, d’efforts, de souffrances, de joies et de luttes pour faire reconnaitre le jeu pour le jeu ne doivent pas, par la crétinerie d’associations lexicales sémantiques débiles, être rayées d’un seul coup de notre mémoire »20. Il semble ridicule d’être aussi révolté concernant cette idée, comme si le jeu ne devait en aucun cas être associé à la pédagogie, sous peine d’être dénaturé et donc en danger. Il est vrai que le « combat » pour faire reconnaitre le jeu pour le jeu, comme simple activité ludique a demandé des efforts de la part des professionnels du jeu, néanmoins, il ne faut pas pour autant limiter le jeu qu’à cette idée et ainsi se fermer aux diverses activités qui peuvent lui être associées. Cependant, cette idée de plaisir exclusif est appuyée par les critères de jeux définis par le sociologue Roger Caillois et qui font toujours référence dans le domaine sociologique21. Ainsi, le 4ème critère de définition du jeu explique que le jeu doit être une « activité improductive ».

17Site Dicolatin, disponible sur : http://www.dicolatin.com/XY/LAK/0/JOCUS/index.htm. Consulté le 16 mai 2019.

18Dictionnaire Le Petit Larousse Illustré 2009, p.561.

19CHIAROTTO, Annie, Les ludothèques, Paris : Éditions du Cercle de la librairie, coll. Bibliothèques, 1991, p.19

20 Revue La Lettre ALF n°10, octobre-nov-déc 1995, p.3, article « Menace sur le jeu ! ». Disponible sur : https://alfludotheques.wordpress.com/tag/lettre-alf/ Consulté le 13 mars 2019.

21Roger CAILLOIS, Les jeux et les hommes : le masque et le vertige, Gallimard, Idées, 1967, p.42.

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A l’inverse, d’autres personnes expliquent qu’un jeu sans intérêt pédagogique est justement une activité improductive. Le jeu ne serait donc légitime qu’à la condition qu’il transmette un savoir. Le

« jeu sérieux » comme il est appelé par ces défenseurs, est l’objet de nombreuses analyses ces dernières années, dans le domaine de la psychologie, de l’éducation ou des bibliothèques. Par exemple, l’ENSSIB (l’Ecole Nationale Supérieure des Sciences de l’Information et des Bibliothèques) a organisé une journée d’étude sur les thèmes des « Serious games en bibliothèque » et un document de recherche sur le sujet est disponible sur leur site22.

Ces « jeux sérieux » sont des « activités qui combinent une intention sérieuse de type pédagogique, informative […] avec des ressorts ludiques »23 ou plus précisément une « application informatique, dont l'objectif est de combiner à la fois des aspects sérieux tels […], l'enseignement, l'apprentissage, la communication, ou encore l'information, avec des ressorts ludiques issus du jeu- vidéo. Une telle association a donc pour but de s'écarter du simple divertissement »24. Si au départ les « jeux sérieux » désignaient des applications informatiques ou des jeux vidéo à visée pédagogique, le terme s’est développé pour englober tous jeux qui visent autre chose que le simple amusement. Il existe donc différents types de « jeux sérieux » mais nous traitons ici des jeux ludo- éducatifs qu’ils soient informatisés ou non, qui visent à faciliter l’apprentissage d’un savoir ou qui utilisent le jeu pour apporter des connaissances ou des compétences précises et ainsi « rendre attrayante la dimension sérieuse par une forme, une interaction [ludique] »25.

Dans un chapitre de Jouer en Bibliothèque, il est écrit que le principe « Placere et docere » (« plaire et instruire ») est « celui le plus souvent convoqué lorsqu’il s’agit de justifier l’utilisation de jeux numériques pour des visées éducatives ». L’auteur ajoute que le jeu est souvent utilisé « comme une ruse pédagogique » et insiste sur la motivation : « considérée comme un élément clef du processus d’apprentissage, la motivation est une dimension souvent abordée par la recherche en éducation et son importance [est] largement démontrée »26. Ainsi, il ne faut pas négliger cette motivation que le jeu véhicule pour aider à l’apprentissage, en particulier pour les enfants.

Par ailleurs, nous assistons depuis de nombreuses années à une « ludification du savoir » (ou

« gamification »27). Cette ludification s’est traduite par la création de jeux éducatifs, apparus au XIXème siècle dans un projet d’alphabétisation de la population. Parmi ces jeux éducatifs, on

22 ANCELIN, Justine, BABU, Clément, BOBET, Sophie, BOSCOLO, Quentin, DUCROUX, Céline, HOCHET, Yvan, LEJEUNE, Albane, DE MONTGOLFIER, Amaël, ROUX, Maïté, « Les serious games en bibliothèque : définition, enjeux et usages », Villeurbanne : ENSSIB, 2012.

Journée d’étude ENSSIB « Faites vos jeux ! Rien ne va plus ? Les serious games en bibliothèque » présentée p.71-72.

Disponible sur : https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/60535-les-serious-games-en-bibliotheque.pdf.

Consulté le 2 juin 2019.

23 Définition sur la page Wikipédia de « Jeu sérieux », disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_s%C3%A9rieux.

Consulté le 2 juin 2019.

24 ALVAREZ, Julian, Du jeu vidéo au serious game : approches culturelle, pragmatique et formelle, thèse spécialité

« Sciences de la communication et de l’information », Université de Toulouse II (Le Mirail), décembre 2007, p.9.

25Ibid. note 22, p.2.

26 DEVRIENDT, Julien (dir.), SANCHEZ, Eric, Jouer en bibliothèque, Villeurbanne : Presses de l’Enssib, coll. « La boite à outils », 2015, p.72.

27 DEVRIENDT, Julien (dir.), ROBERT, Thierry, Jouer en bibliothèque, Villeurbanne : Presses de l’Enssib, coll. « La boite à outils », 2015, p.122.

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trouve alors les lotos, les cartes, les imageries, les puzzles (pour les départements de la France par exemple) mais aussi des jeux qui apparaissent dans les journaux28. En outre, la reconnaissance de l’enfant et de ses besoins, ainsi que la place du jeu et du jouet dans le développement de l’enfant ont permis la réelle croissance des jeux pédagogiques au XXème siècle jusqu’à aujourd’hui29. Par ailleurs, on remarque que le jeu éducatif ne concerne pas seulement les enfants. De nos jours, à l’image des jeux de société ou mêmes des jeux télévisés de questions-réponses, il est évident que les jeux éducatifs sont aussi destinés aux adultes. Qui peut dire alors s’ils apprennent en s’amusant ou s’ils s’amusent en apprenant ?

Par ailleurs, il est évident qu’on peut également apprendre en jouant, s’en sans rendre compte. En effet, les apprentissages ne sont pas toujours d’ordre intellectuel et même un jeu sans but éducatif va transmettre des savoirs : par exemple, les valeurs citoyennes qui commencent par respecter les règles du jeu et les autres joueurs, mais les autres bénéfices du jeu peuvent être nombreux. D’une manière générale, tous les jeux, sérieux ou non, sont donc plus ou moins productifs et utilitaires30 mais pas dans le sens purement éducatif que certains pédagogues souhaitent ardemment. En effet, les jeux et les valeurs qu’ils transmettent touchent chaque joueur différemment en fonction de leur personnalité et de leur « bagage » émotionnel et intellectuel.

Enfin, il est important de noter que le mot latin « ludus » désigne aussi bien le « jeu » que

« l’école »31, preuve que le divertissement et l’éducation sont intimement liés. Ainsi, le jeu n’est ni uniquement futile et divertissant, ni uniquement sérieux. Tout dépend de la façon dont il est employé. C’est pourquoi, peu importe quels buts le jeu sert (plaisir ou apprentissage), l’important est la convivialité du moment, qu’il soit agréable et accepté par chacun des acteurs du jeu.

1.4. Le jeu : exclusivement pour les enfants ?

Qu’il soit uniquement divertissant ou à dominance sérieuse, le jeu est assimilé aux enfants, la plupart du temps. Il est indéniable que le jeu est indispensable pour l’enfant, de sorte qu’il est même inscrit dans les droits de l’enfant de la Convention Internationale de Nations Unies relative aux droits de l’enfant de 1989. Ainsi, l’article 31 stipule que « Les Etats parties reconnaissent à l’enfant le droit au repos, aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à son âge, et de participer librement à la vie culturelle et artistique »32. Le jeu est donc nécessaire et indispensable à la construction des futurs adultes épanouis et éduqués.

28 Site de la Ludothèque de Palaiseau (Association La Souris Verte), disponible sur : http://www.ludopalaiseau.net/une- breve-histoire-du-jeu/. Consulté le 16 mai 2019.

29Idib.

30 ALVAREZ, Julian, LIBESSART, Aurélien, HAUDEGOND, Sylvain, Le « jeu non sérieux », une activité improductive ?, Interfaces numériques [En ligne], 3(3), 2014, disponible sur : https://www.unilim.fr/interfaces- numeriques/index.php?id=1593. Consulté le 2 juin 2019.

31Fiche du mot « ludus » sur le Wiktionary, disponible sur : https://fr.wiktionary.org/wiki/ludus#la. Consulté le 2 juin 2019 32 Site officiel de France Diplomatie, disponible sur : https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/Conv_Droit_Enfant.pdf.

Consulté le 11 mars 2019.

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Dans son ouvrage publié en 1981, Jean Vial appuie cette idée du droit de l’enfant et écrit même ceci à propos du jeu : « Le jeu et le jouet sont aussi nécessaires à l’enfant que l’air ou la nourriture »33. Dans ce cas, s’ils sont aussi indispensables (car vitaux) que l’air ou la nourriture, ces besoins devraient perdurer, même pour les adultes. Pourtant, si l’on loue l’importance du jeu pour les enfants, il devient très rapidement futile comme nous l’avons vu, voire mal vu pour les adolescents et encore plus pour les adultes. Comme si le fait de grandir nous dispensait de jouer.

Or, le divertissement est essentiel à l’équilibre humain.

Heureusement, le jeu pour adultes a dernièrement acquis une reconnaissance et une légitimité. En témoigne l’augmentation des « soirées jeux » proposées dans les ludothèques, bibliothèques et autres structures culturelles. Ce phénomène des « soirée jeux » est assez récent mais est rapidement devenu une animation incontournable de toute ludothèque. De plus, les horaires de ces animations proposées en soirée indiquent bien que ces animations sont à destination du public adulte. Les enfants peuvent venir avec leur famille mais il ne semble pas qu’ils soient la cible prioritaire de ces types de soirées. D’ailleurs, les créateurs de jeux ont compris l’importance des jeux pour adultes, comme l’explique le game designer Philippe Keyaerts : « Avant, le jeu était essentiellement réservé aux enfants. Si on était parent, on avait un alibi et on pouvait jouer avec les enfants. Mais maintenant, il y a des soirées où l’on joue entre adultes, les jeux deviennent plus complexes. On peut jouer en tant qu’adulte et c’est accepté. On voit aussi que le jeu apparaît régulièrement dans les médias et qu’il est vu de manière positive dans la société. Il s’inscrit comme un loisir créatif et social. Quand on joue, on est actif, ce n’est pas comme regarder la télé »34. Dans le même ordre d’idée, il est utile de mentionner la hausse du nombre de bars à jeux présents dans les centres-villes de France. Ceci illustre l’idée que le jeu ne concerne pas exclusivement les enfants et que le divertissement est aussi bénéfique, et légitimé, pour les adultes. Il est évident que ces moments de jeux peuvent être partagés avec les enfants ou les adolescents et non exclusivement entre adultes. Les moments de partage et de jeu en famille sont moins fréquents lorsque les enfants grandissent, d’où la nécessité de maintenir l’adulte dans une position favorable de jeu.

Selon un sondage de l’Observatoire de la vie quotidienne des Français du groupe BVA, publié en 201535, les Français sont plutôt joueurs. En effet, 60 % des Français déclarent aimer jouer et 79 % pensent être « bon joueur/fair-play ». Le jeu est donc vécu comme un moment de divertissement et apprécié par les Français. De plus, 87 % des Français jouent aux jeux de société et 20 % d’entre eux y jouent au moins une fois par mois. Ceci montre un intérêt certain pour les jeux, en particulier

33VIAL, Jean, Jeu et éducation : les ludothèques, Paris : Presses universitaires de France, 1981

34Périodique trimestriel belge Prospective Jeunesse : drogues, santé, prévention, n°70 « Mises en jeu », été 2014, p.25-26.

Disponible sur : https://prospective-jeunesse.be/revues/70-mises-en-jeu/. Consulté le 19 janvier 2019.

35Sondage BVA (Brulé Ville et Associé) pour Doméo et la Presse Régionale : Les Français et les jeux, 2015, disponible sur : https://staticswww.bva-group.com/wp-content/uploads/2017/02/fichier_barometre_bva_-_domeo_-_presse_regionale_- _observatoire_de_la_vie_quotidienne_-_juillet_201557cdc.pdf. Consulté le 7 mai 2019.

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les jeux de société qui sont majoritaires avec les jeux de cartes. Enfin, en 2018, le groupe NPD a révélé une statistique qui va dans ce sens : le marché du jeu pour adulte est « un marché dont les ventes ont doublé en 5 ans […]. Les adultes français (de 18 ans et plus) se sont offert plus de 367 Millions d’Euros en jouets en 2017. 1 jouet sur 10 achetés l’année dernière était destiné à un adulte. Véritable aubaine pour le secteur, cette nouvelle cible dynamise les marchés et représente 11% de l’ensemble du chiffre d’affaires »36. Ces chiffres montrent donc le dynamisme du jeu pour adulte et indiquent qu’il s’agit d’un secteur et d’un public à ne pas négliger.

1.5. Le marché du jeu et du jouet en France

Ainsi, le marché du jeu et du jouet en France se porte bien actuellement. En effet, en 2017, le chiffre d’affaires du marché (hors jeux vidéo) s’élevait à 3,40 milliards d’euros. Le tableau ci- dessous montre l’évolution du marché du jeu et du jouet en France, entre 2012 et 2017, selon les chiffres du groupe NPD (spécialiste américain des études de marché)37.

Années 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Chiffre d’affaires

(milliards d’€) 3,14 3,20 3,28 3,40 3,43 3,40

Evolution (en %) - 2 + 1 + 2,8 + 3,7 + 0,8 - 0,8

Tableau 1 – Evolution du marché du jeu en France

Comme on peut le voir, le chiffre d’affaires du marché en France est en constante augmentation depuis 2012 avec cependant une baisse en 2017. Le jouet et le jeu sont donc des biens culturels à part entière, qu’il ne faut pas négliger. Ainsi, en 2017, la dépense annuelle s’élevait à 317 euros par enfant, pour un prix moyen de 16,30 euros le jouet38. D’ailleurs, en 2015, la France était le pays dont le budget jeux et jouet par enfant était le plus élevé39. Les français n’hésitent donc pas à dépenser de l’argent pour s’offrir ces biens culturels. Le marché français est le cinquième marché du jeu dans le monde, derrière le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la Chine et le Japon40.

36 Site officiel NPD, disponible sur : https://www.npdgroup.fr/wps/portal/npd/fr/actu/communiques-de-presse/vous-avez- dit-kidultes/. Consulté le 31 janvier 2019.

37Chiffres recensés sur :

Site officiel de la FJP (Fédération française des industries Jouet Puériculture), disponible sur : http://www.fjp.prefix.fr/les- secteurs-de-la-puericulture-et-du-jouet/le-secteur-du-jouet-2/chiffres-cles-du-marche-du-jouet/. Les sources proviennent de la NDP et de Douanes. Consulté le 31 janvier 2019.

Site officiel NPD, disponible sur : https://www.npdgroup.fr/wps/portal/npd/fr/home/. Consulté le 31 janvier 2019.

Article du Télégramme du 16/03/2018, disponible sur : https://www.letelegramme.fr/economie/jouet-pourquoi-le-marche- est-en-crise-16-03-2018-11887869.php. Consulté le 31 janvier 2019.

38 Site officiel NPD, disponible sur : https://www.npdgroup.fr/wps/portal/npd/fr/actu/derniers-rapports/un-coup-d-oeil-au- marche-du-jouet-francais/. Consulté le 6 mai 2019.

39 Enquête FIMIF (Fédération Indépendante du Made in France), disponible sur : http://www.fimif.fr/wp- content/uploads/2017/03/Enquete-FIMIF-Jeux-Jouets-Made-in-France-Novembre-2016.pdf. Consulté le 6 mai 2019.

40 Site de la NDP, disponible sur : https://www.npdgroup.fr/wps/portal/npd/fr/actu/derniers-rapports/un-coup-d-oeil-au- marche-du-jouet-francais/. Consulté le 6 mai 2019.

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A noter que le jouet est davantage vendu que le jeu. En effet, pas moins de 239 millions de jouets ont été vendus en France en 201741, contre 112 millions pour les jeux de société42. Ceci s’explique par la part importante des enfants dans le marché du jeu. Même si le jeu adulte est en hausse ces dernières années, ce sont les nourrissons et les enfants qui sont les premiers consommateurs d’objets ludiques et donc de jouets, dont les ventes sont plus du double de celles des jeux. Par ailleurs, il est évident que c’est la période de Noël la plus prolifique en termes de vente de jouets et de jeux. Ainsi, le mois de décembre 2017 a représenté à lui seul 33 % du marché annuel43.

Concernant la distribution, les ventes de jouets en 2017 ont été réalisées à 40 % dans les commerces spécialistes du jouet (comme les enseignes Toys’R’Us, JouéClub, ou encore La Grande Récré), à 32 % dans les hypermarchés et supermarchés, et à 19 % sur internet, les 9 % restants se faisant d’une autre manière44. Cette répartition d’achat est stable depuis 2014, avec néanmoins une hausse concernant l’achat de jouets en ligne ces deux dernières années. Il est cependant visible que pour leurs achats, les français préfèrent se tourner vers les enseignes spécialisées qui proposent un large choix de jeux et jouets. Par ailleurs, les jouets vendus sont majoritairement importés d’autres pays, en particulier la Chine, avec 54,9 % des jouets vendus en France qui proviennent de ce pays45.

Comme nous l’avons vu, les produits vendus en France sont donc majoritairement des jouets, en particulier ceux pour le premier âge. Viennent ensuite les jeux de société et puzzles, puis les jeux sportifs et plein air, les jeux de construction, les poupées, les activités artistiques et les peluches46.

Enfin, le jouet français s’exporte tout de même, puisqu’en 2017, les exportations ont rapporté 797,4 millions d’euros. Ces exportations sont destinées à 86,7 % aux pays de l’Union Européenne47, le premier pays importateur étant l’Allemagne, pays pour qui le jeu occupe traditionnellement une grande place.

1.6. Quelques manifestations mondiales et nationales autour du Jeu

Plusieurs fois par an, le jeu est mis à l’honneur à travers des manifestations au niveau mondial et national qui ont pour but de valoriser le jeu et d’inviter toute personne qui le souhaite à le célébrer.

Ces manifestations étant nombreuses, nous allons en présenter seulement quelques-unes.

41Site officiel de la FJP (Fédération française des industries Jouet Puériculture) http://www.fjp.prefix.fr/les-secteurs-de-la- puericulture-et-du-jouet/le-secteur-du-jouet-2/chiffres-cles-du-marche-du-jouet/. Les sources proviennent de la NDP et de Douanes. Consulté le 31 janvier 2019.

42 Reportage de la chaîne BMF TV du 30 avril 2019, consulté le 6 mai 2019, disponible sur : https://www.facebook.com/mediatheque.renegoscinny/videos/677835339337643/

43Site officiel de la FJP (Fédération française des industries Jouet Puériculture) http://www.fjp.prefix.fr/les-secteurs-de-la- puericulture-et-du-jouet/le-secteur-du-jouet-2/chiffres-cles-du-marche-du-jouet/. Les sources proviennent de la NDP et de Douanes. Consulté le 31 janvier 2019.

44Ibid.

45Ibid.

46Ibid.

47Ibid.

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Au niveau mondial, le rendez-vous incontournable des ludothécaires et de tous les amateurs de jeux est évidemment la Fête Mondiale du Jeu (World Play Day). Cette Fête mondiale a été créée en 1999 par l’ITLA (International Toy Library Association, dont nous parlerons plus tard) et souffle donc ses vingt bougies cette année. C’est une fête annuelle et internationale qui se tient toujours le samedi le plus proche du 28 mai, « date de la création de l’association internationale des ludothèques en 1987 au congrès de Toronto »48.

Auparavant, l’ALF (Association des Ludothèques Françaises, dont nous reparlerons également) organisait aussi depuis 2001 une Fête du Jeu nationale dissociée de cette manifestation de l’ILTA.

Cependant, en 2009, suite au congrès international des ludothèques se tenant à Paris, il a été décidé d’inscrire la Fête française du Jeu dans l’évènement mondial créé par l’ILTA. Cette fête est notamment parrainée et soutenue par le Ministère de la Jeunesse et des Sports.

Cette Fête Mondiale du Jeu a différents objectifs : ouvrir les portes des ludothèques, fournir un accès au jeu pour tous, promouvoir le jeu sous toutes ses formes et montrer ses multiples avantages, faire connaitre et reconnaitre les activités des ludothèques et des ludothécaires, partager la passion du jeu à tous les publics, sans distinctions. Ces objectifs sont énoncés dans la Charte de la Fête du Jeu, publiée dans la revue de l’ALF, en 200249. Cette charte insiste aussi sur les principes sur lesquels s’appuie la journée : la gratuité de la participation à la fête, le jeu pour tous et sous toutes ses formes (« jouets, jeux de société, de plein air, traditionnels, jeux vidéo, [et même] toute autre initiative en rapport avec le jeu, tels que exposition, conférence, débat »), le jeu partout (« dans les lieux publics et privés, les institutions, la rue »). En effet, parmi toutes les manifestations organisées, la plupart propose des jeux dans la rue, en dehors de tout cadre structuré afin d’attirer le plus de monde possible.

Enfin, la Fête du Jeu a aussi son importance pour l’image des ludothèques auprès des municipalités : « Véritable point d’orgue d’une année passée à faire reconnaitre, chaque jour, l’importance du jeu, la Fête du Jeu est un moment capital de communication à l’attention des élus des médias, des partenaires et des habitants du quartier, de la ville ou du village… »50. Ceci semble efficace puisque le site de l’AMF (Association des Maires de France) présente l’évènement comme suit : « Plus qu’un évènement axé autour du jeu et du jouet, [c’est] l’occasion pour les ludothécaires français de faire la promotion de leur activité et d’œuvrer à la reconnaissance de leur métier en organisant une manifestation annuelle de grande envergure, le plus souvent en sortant les jeux hors les murs de la ludothèque et en investissant les places publiques »51.

48Revue La Lettre ALF n°29, avril-mai-juin 2003, p.4 Disponible sur : https://alfludotheques.wordpress.com/tag/lettre-alf/

Consulté le 18 mars 2019.

49 Revue La Lettre ALF n°26, juillet-aout-sept 2002, p.5 Disponible sur : https://alfludotheques.wordpress.com/tag/lettre- alf/ Consulté le 16 mars 2019.

50 Revue La Lettre ALF n°30, octobre 2003, p.4 Disponible sur : https://alfludotheques.wordpress.com/tag/lettre-alf/

Consulté le 18 mars 2019.

51 Site de l’AMF (Association des Maires de France), disponible sur : https://www.amf.asso.fr/page-partenariat/35901. Consulté le 10 avril 2019.

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Le succès ne se dément pas et chaque année, c’est près de 310 manifestations organisées sur tout le territoire français par plus de 350 ludothèques participantes en moyenne52.

En dehors de cette journée mondiale, on trouve également le Salon International du Jouet se tenant chaque année depuis 1949 à Nuremberg, ou encore le Festival International des Jeux de Cannes et son As d’Or, récompensant les meilleurs jeux de l’année dans différentes catégories.

Au niveau national, on trouve de nombreux festivals propres à des villes, dont le plus réputé est le FLIP (Festival Ludique International de Parthenay), créé en 1987. C’est une manifestation unique

« qui transforme la ville en un véritable plateau de jeux durant près de quinze jours »53 avec différentes animations. On peut aussi mentionner les festivals de Jeu de Saint-Herblain et de Vire.

D’autre part, plusieurs villes proposent aussi des Semaine des Jeux de Société. Enfin, il existe aussi des expositions telles que le LudoLand, une exposition itinérante avec de nombreuses structures gonflables, des parcours et des jeux pour toute la famille.

52 Revue La Lettre ALF n°30, 35, Revue LUDO n°25, 30, 33, octobre 2003, novembre 2005, octobre 2006, juillet 2009, octobre 2011. Disponible sur : https://alfludotheques.wordpress.com/tag/lettre-alf/

53Site du FLIP, disponible sur : http://www.jeux-festival.com/. Consulté le 6 mars 2019.

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2. Historique des ludothèques et du métier de ludothécaire

2.1. Création des premières ludothèques à l’étranger et en France

Pour comprendre l’arrivée des ludothèques en France, il faut d’abord aller voir de l’autre côté de l’Atlantique. En effet, c’est à Los Angeles que la première ludothèque du monde a vu le jour en 193454. Selon certains, la ludothèque Los Angeles Toy Loan aurait été créée par un marchand de jouets qui souhaitait proposer des jouets aux enfants pauvres de la ville qui venaient voler dans son magasin.55 Par la suite, le concept traverse les frontières et les océans pour arriver en Europe. On observe ainsi la création d’une ludothèque à Copenhague, au Danemark en 1959. Vient ensuite la Grande-Bretagne (1967), où se crée une ludothèque pour enfants souffrant de handicaps divers, initiée par une mère ayant elle-même deux enfants handicapés56. Dans la décennie suivante, des ludothèques sont créées notamment en Allemagne (1970), en Belgique (1973), en Suisse (1976), aux Pays-Bas (1976)57. Dans la majorité des cas, les ludothèques ont au départ des liens particuliers avec le public handicapé et les hôpitaux.

Par ailleurs, la création des ludothèques est en lien avec la reconnaissance de l’importance du loisir pour les enfants et les tout-petits, mais aussi avec la hausse des secteurs « jeunesse » dans les équipements culturels et de lecture publique en France dans les années 1960-1970. Dans son rapport ministériel58, Françoise Legendre explique que « La proposition de jeux était présente dès l’ouverture de la bibliothèque de "L’Heure joyeuse" en 1924. Mais la montée en puissance de l’ouverture des bibliothèques aux enfants dans les années 60 et 70 a permis l’introduction de pratiques ludiques et la présence assumée de certaines formes de jeux dans ces établissements » et donc par là même la création d’espaces dédiés uniquement aux jeux pour enfants et leurs familles.

En France, la première ludothèque ouvre ses portes en 1967 à Dijon, avec l’aide de l’Association Bourguignonne Culturelle. La revue Ludo, publiée par l’ALF (l’Association des Ludothèques Françaises), nous explique les origines du projet en France, suite à un déplacement professionnel : « Au cours d'un voyage au Danemark en 1962, Marianne Foltz, présidente de l'Association Bourguignonne Culturelle (ABC) de Dijon, et son directeur, André Lhuillier, découvrent le concept de la ludothèque. Ils en apprécient la

54 Site officiel de l’ALF : http://www.kananas.com/associationdesludothequesfrancaises/definition-de-la-ludotheque/

Consulté le 15 décembre 2018.

55 Revue Ludo (ALF), n°24, mai 2006, p.8 Disponible sur : https://alfludotheques.wordpress.com/tag/lettre-alf/ Consulté le 22 mars 2019.

56CHIAROTTO, Annie, Les ludothèques, Paris : Éditions du Cercle de la librairie, coll. Bibliothèques, 1991, p.78 57Ibid, p.78-79

58LEGENDRE, Françoise (inspecteur général des bibliothèques), Jeu et bibliothèque : pour une conjugaison fertile. Rapport à Madame la ministre de la Culture et de la Communication, rapport n°2015-009, 2015, p.35

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formule et décident de l'introduire au sein de l'ABC. Après plusieurs années de recherches et d'études de faisabilité menées par une équipe intéressée au projet, la première ludothèque de France voit le jour à Dijon en 1967. Située en annexe d'une salle de lecture, d'une bibliothèque et d'une discothèque, elle propose le prêt de jeux et de jouets » 59. Ainsi est née en région de la Bourgogne la première d’une longue liste de ludothèques. Il est cependant nécessaire de noter que cette première ludothèque est associative. En effet, il faudra attendre encore dix ans pour voir apparaitre la première ludothèque municipale française en 1977.

2.2. Evolution de la définition de la ludothèque

La première occurrence du terme français de « ludothèque » est relevée dans un article du quotidien suisse La Tribune de Genève du 12 février 197160, où on peut lire : « Les adultes ont leur bibliothèque, leur discothèque : pourquoi les enfants n’auraient-ils pas leur ludothèque ? »61. Cependant, comment définir correctement le concept de ludothèque ? Dans les pays anglo-saxons, la ludothèque est nommée « Toy library ». « Toy » étant les « jeux » et « Library » désignant la

« bibliothèque », on remarque clairement la simple équivalence d’une bibliothèque pour jeux et jouets. Cependant, la ludothèque est-elle seulement une transposition du concept de bibliothèque pour les jeux ?

Le terme français de « ludothèque » a une double origine62. Etymologiquement, il vient du latin

« ludus » qui signifie « jeu, amusement » et du grec ancien « thêkê » qui désigne un « entrepôt ».

On retrouve aussi la même formation pour le mot « bibliothèque » mais c’est la notion de collection et d’entrepôt qui est reprise et non le terme entier de « bibliothèque » comme dans la langue anglaise. En effet, les ludothèques ne sont pas désignées en France comme étant des

« bibliothèques de jeux ». Au départ, dans les années 1970, on trouve aussi bien les termes de

« joujouthèque » que « ludothèque » pour désigner la structure culturelle. Par exemple, on peut observer la trace de ces deux mots dans le titre d’un mémoire de conservateur de l’ENSSIB en 197963. Cependant, si le terme de « joujouthèque » a rapidement laissé sa place à celui de

« ludothèque » en France, il reste encore utilisé de façon courante au Québec.

Intéressons-nous maintenant à la définition de base, telle que présentée dans les dictionnaires Larousse. Le terme « ludothèque » apparait pour la première fois dans l’édition de 1982. Il s’agit

59 Revue Ludo, n°25, octobre 2006, p.7 Disponible sur : https://alfludotheques.wordpress.com/tag/lettre-alf/ Consulté le 21 mars 2019.

60Dictionnaire Le Trésor de la langue française, dictionnaire de la langue du XIXe et du XXe siècle (TLF), (CNRS, Gallimard, 1976-1994)

61 Dictionnaire en ligne Trésor de la Langue Françaises Informatisé. Disponible sur le site ATILF (Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française) : http://stella.atilf.fr/Dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=568248375;. Consulté le 7 février 2019.

62 Site La Langue Française : https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition-ludotheque/. Consulté le 10 avril 2019.

63 BARGOT, Jean-François, MERLAND, Marie-Anne (directrice de mémoire), Une expérience de ludothèque à Lyon : la joujouthèque du centre pédagogique du jouet. Mémoire de conservateur DSB, Villeurbanne : ENSSIB, 1979, 130 p.

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du dictionnaire Le Petit Larousse Illustré dont la définition est la suivante : « Organisme mettant des jouets à la disposition des enfants ». Plusieurs observations sont à faire concernant cette première définition. D’une part, seuls les jouets sont mentionnés – et non les jeux – et il n’est pas certain qu’ils puissent être empruntés car l’expression utilisée « à la disposition » semble assez floue ; elle peut simplement signifier que le lieu offre uniquement du jeu sur place. D’autre part, la notion d’animation envers les publics n’est pas encore présente. La ludothèque étant encore au stade embryonnaire, les structures manquent de personnel et de moyens et leurs activités sont donc plutôt restreintes. Enfin, concernant les publics, il est clair que seuls les enfants sont concernés et que les adultes ne semblent pas être la cible des ludothèques.

Par la suite, la définition va bien sûr évoluer. En effet, en 2001, on peut observer l’apparition de la notion d’animation dans la définition : « Espace d’animation ludique et de prêt de jeux et jouets ».

La définition reste relativement sommaire mais est correcte. La ludothèque est présentée à la fois comme un lieu d’animation et à la fois comme un lieu de prêt. De plus, il est question de jouets mais aussi de jeux, et le type de public n’est pas clairement défini. Cette définition n’a pas changé et est actuellement la même dans les dernières éditions du Petit Larousse Illustré.

Maintenant, qu’en est-il de la définition de la ludothèque du point de vue des professionnels de l’Education et de l’Enfance ?

Annie Chiarotto, Docteure en Sciences de l’Education, a créé une ludothèque en Gironde, et a été la présidente de l’Association des ludothèques de la région Aquitaine et responsable du pôle

« Formation » au sein de l’ALF (Association des Ludothèques Françaises)64. Dans son ouvrage Les Ludothèques, qui fait désormais référence dans le milieu professionnel, elle définit la ludothèque comme suit : « le néologisme LUDOTHEQUE désigne l’endroit où une collection de jeux et de jouets est mise à la disposition d’adhérents pour une durée limitée. C’est donc d’abord un lieu de prêt, mais c’est aussi un lieu de rencontre, un centre d’animation socio-culturelle, de documentation et de réflexion par et pour le jeu »65. Ici, la définition est assez complète : elle mentionne le prêt et l’animation mais aussi la dimension sociale du lieu qui permet les rencontres entre différents publics et qui place évidemment le jeu au cœur des activités de la ludothèque.

Pour Nathalie Roucous, Maitre de conférences en Sciences de l’éducation (sociologie de l’enfance) à l’université Paris 13, la ludothèque est principalement vue comme un lieu d’animation culturelle autour du jeu. Dans son article publié dans la Revue Française de Pédagogie66, elle écrit que « les ludothèques sont des structures organisées pour "donner à jouer" avec des jeux et des jouets. […]

Initialement construites autour d’un service de prêt, elles se sont progressivement développées en prenant de la distance avec cette activité transposée de la bibliothèque pour se rapprocher davantage des activités d’animation telles qu’elles sont développées dans d’autres structures

64CHIAROTTO, Annie, Les ludothèques, Paris : Éditions du Cercle de la librairie, coll. Bibliothèques, 1991, 4è de couverture.

65 Ibid, p.73

66 ROUSCOUS, Nathalie, Les loisirs de l’enfant ou le défi de l’éducation informelle, Revue Française de pédagogie : Recherches en éducation, n°160 : « Les jeux du formel et de l’informel », juillet-septembre 2007. p.64

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comme les centres culturels ou maisons de quartier ». Ici, Nathalie Roucous met l’accent sur les animations en ludothèque. Pour elle, il est essentiel de donner la possibilité à tous de jouer à différentes sortes de jeux, et ceci passe par les animations organisées par les professionnels.

Enfin, voyons comment la ludothèque est décrite selon les premiers intéressés : les professionnels du Jeu qui travaillent dans ces structures et les organisations nationales qui encadrent les activités des ludothèques.

Au niveau international, l’ITLA, l’International Toy Library Association, a adopté une définition officielle de la ludothèque en 2003. La structure culturelle est décrite ainsi : « Toy libraries provide resources for play, including toys, games, trained staff and dedicated space »67, ce que l’on peut traduire de cette manière : « Les ludothèques sont des lieux ressources pour le jeu avec des jouets, des jeux de société, une équipe de professionnels et un espace dédié au jeu ». Cette définition demeure trop succincte et ressemble pour beaucoup à celle relevée dans le dictionnaire Larousse.

Pour avoir la définition la plus complète possible, il faut alors se tourner vers l’ALF, l’Association des ludothèques Françaises, qui a aussi rédigé une définition de la ludothèque au niveau national.

Officialisée en 2004 un an après l’élaboration de la charte de qualité des ludothèques, cette définition stipule que « Les ludothèques sont des équipements culturels qui mènent des actions autour du jeu en tant que pratique : l’acte de jouer, et en tant que patrimoine : les jeux et les jouets. Ce sont des lieux ressources gérés par des ludothécaires, ouverts à toutes et tous, qui ont pour mission de donner à jouer, d’accompagner les mises en jeu, de diffuser la culture ludique, et de préserver le jeu de toute récupération […]. Elles accueillent ensemble des publics de tout âge et sont ouvertes aux collectivités les plus diverses (écoles, crèches, centres de loisirs, institutions spécialisées…). Elles proposent du jeu sur place, du prêt, des animations, du conseil. Ce sont des lieux ressources pour les parents et les professionnels. En favorisant le jeu, les ludothèques aident les enfants à grandir et les parents à vivre des moments privilégiés avec eux. Convivialité, éducation, socialisation et plaisir font le quotidien des ludothèques »68. Cette définition est certainement la plus complète puisqu’elle mentionne tous les différents aspects des ludothèques.

En définitive, ce sont des équipements culturels qui visent à proposer du jeu, à le rendre accessible à tous et à le promouvoir dans les différents lieux de la vie sociale et éducative. Ces objectifs sont atteints par le prêt, les animations envers les divers publics mais aussi par la participation active de tous les acteurs du monde du Jeu, qu’ils soient professionnels ou amateurs.

67 Revue La Lettre ALF, n°29, avril-mai-juin 2003, p.4 Disponible sur : https://alfludotheques.wordpress.com/tag/lettre-alf/

Consulté le 18 mars 2019.

68 Site officiel de l’ALF : http://www.kananas.com/associationdesludothequesfrancaises/definition-de-la-ludotheque/

Consulté le 17 novembre 2018.

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