FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNÉE 18 9 9-1900 18
CONTRIBUTION A
L'ÉTUDE
ACRODERMATITES
THESE POUR LE DOCTORAT EN M
présentée et soutenue publiquement le 8 Décembre 1899
PAR
F
rançois-Pierre-Eugène LEDOU X
Né à Luçon (Vendée), le 12 Novembre 1876
Élèvedu Service de Santé de la Marine
/ MM. ARNOZAN professeur Président.
Examinateurs de laThèse:<)
nnnulim
DUBREUlLll agregepiofesseur j
V luges HOBBS agrégé.Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL CASSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJEAUX — 91 1899
Facilité de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doyen — M. PITRES, doyen honoraire.
1»Il O F13 S S13 Ull S
MM. M1GÉ \
| Professeurs honoraires.
MOUSSÔÏÏS'."!! !!!!!!
MM.
P1. . . . , \ PICOT.
tuiiiique iiiIgiiig PIT-RDS
nl. . . \ DEMONS.
Clinique externe
j
LANEL0KaUE.Pathologie et théra¬
peutique générales. VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecine opératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments LEFOUR.
Anatomie pathologi¬
que COYNE.
Anatomie CANNIEU
Anatomie générale et
histologie VIAULT.
Physiologie JOLYET.
Hygiène LAYET.
A6II13 Ci13S 13 A
Médecine légale Physique
Chimie
Histoire naturelle .. .
Pharmacie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique des maladies chirurgicalesdes en¬
fants
Clinique gynécologique Clinique médicale des maladiesdesenfants Chimiebiologique...
■3 A 13 11VD€13 :
MM.
MORAC H13.
BERGONIÉ.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
de NABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
P1ECHAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS.
DENIGÈS.
section de médecine(Pathologie interneet Médecine légale.) MM. CASSAET. | MM. Le DANTEC.
AUCHÉ. | IIOBBS.
SABRAZÈS. |
sectionde chirurgie et accouchements /MM. DENUCÉ. |
V Y1LLAR Pathologie
externe]
BRAQUEIIAYE(
CHAVANNAZ.Accouchements \MM. CHAMBRERENT FIEUX.
Anatomie.,
sectiondes sciencesanatomiques et physiologiques
jMM. PRINCETEAU
| Physiologie MM.PACHON.
"
i N. I Histoire naturelle BEILLE.
Physique.
section des sciences physiques MM. SIGALAS. | Pharmacie
ClOUHS COill1»ÎJ1311 13AT A B fil13S :
M. BARTHE.
Clinique desmaladies cutanées etsyphilitiques Clinique des maladiesdes voies urinaires Maladies dularynx, des oreilles etdunez Maladies mentales
Pathologie interne Pathologieexterne Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Ophtalmologie
HydrologieetMinéralogie
Le Secrétaire de la Faculté:
MM. DUBREU1LH.
POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
RONDOT.
DENUCÉ.
CHAMBRELENT.
DUPOUY.
PACHON.
N.
LAGRANGE.
CARRES.
LEMAIRE.
Pardélibération du 5 août1879, la Facultéaarrêté que les opinions émisesdans e Thèsesquiluisont présentées doivent être considérées commepropres à leursauteurs, qu'elle n'entend leur donner niapprobationniimprobation.
A MON
PÈRE,
.4 MAMÈRE
Jamais ne s'effacera de ma mémoire le souvenir dessacri¬
fices que vousvousêtes impo¬
sés pour moi.
MEIS ET AMICIS
Avous tous qui m'aimez et que j'aime, je dédie ce modeste
travail.
MONSIEUR DOCTEUR W. DUBREUILII
PROFESSEUR AGRÉGÉ, CHARGÉ DU COURS DES MALADIES CUTANÉES SYPHILITIQUES A LAFACULTÉ DEMÉDECINE DE BORDEAUX
MÉDECIN DES HOPITAUX OFFICIER DACADÉMIE
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR ARNOZAN
PROFESSEUR DE THÉRAPEUTIQUE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX.
MÉDECIN DES HOPITAUX OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
INTRODUCTION
Notre ambition est modeste en
présentant
cetravail à la
bienveillancedenosjuges. Nos
connaissances d'une question
si difficile et si peu
étudiée
ne nouspermettent pas de l'élu¬
cider, et si nous avons
choisi les Acrodermatites comme
sujet de notre
thèse inaugurale, ce n'est qu'à la bonne for¬
tune que nous avons eu
de rencontrer à la Clinique de der¬
matologie deux cas
dont
nousreproduisons plus loin les
observations détaillées. Les
exemples de cette affection dans
la sciencesont peu
nombreux
: en yjoignant les nôtres, nous
tâcherons d'étudierles
symptômes cliniques de cette maladie
et d'en fairele diagnostic
différentiel, laissant à des succes¬
seursplus
expérimentés le soin de faire connaître ce qui
nous est resté obscur, faute
de documents
oude preuves.
Dans un
premier chapitre
nousdéfinirons ce que l'on peut
entendre par
acrodermatite. Nous placerons de suite nos
observations et,en nous
inspirant d'elles, nous consacrerons
deux
chapitres à la description et au diagnostic. Suivront
quelquesmotssur
l'étiologie, la pathogénie, l'anatomie patho¬
logique, le
pronostic et le traitement.
Et maintenant que parvenu aux
termes de nos études
médicales nous allons
quitter cette Faculté et cette ville où
nous avons passé
trois années entières, il nous reste à
remplir un
devoir de reconnaissance envers ceux qui ont
bien voulu s'intéresser à nous.
Nous remercierons tout
d'abord
unde nos compatriotes
qui, par sa
situation,
aété plus à même que personne d'a¬
doucirnoslongues
heures d'ennui, conséquence d un régime
que nous avons parfois trouvé dur à supporter : nous n'ou¬
blieronsjamaisce qu'il aété pour nous pendant notreséjour à l'Ecole.
A tous nos maîtres des
hôpitaux
et de la Faculté, à tousceux qui nousont faitceque nous sommes, notre reconnais¬
sance est assurée.
Nous ne pouvons passer sous silence le
trop
court stageque nous avons fait dans le service de M. le professeur Piéchaud : il n'a pas été seulement pour nous le professeur éminent que nous apprécions tous, mais aussi le Maître bienveillant et dévoué dont les conseils et les encourage¬
ments ne nous ont jamais manqué: nous n'oublierons pas.
Notre séjour à la
Clinique
dedermatologie
restera parminos meilleurssouvenirs : nous avons pu pendant une année entière suivre les savantes
leçons
de M. le professeur agrégé Dubreuilh ; près de lui nous avons pris l'idée de ce travail, et pour le mener à fin non seulement il nous a permis de puiser dans sabibliothèque,
mais encore il ne nous a mé¬nagé ni son temps ni ses conseils ; nous l'en remercions sincèrement.
Enfin, M. le professeurArnozan veut bien nous faire l'hon¬
neur de présider notre thèse
inaugurale,
nous l'assurons de notre respectueuse reconnaissance.Bordeaux,
le29 novembre 1899.F. Ledoux.
DÉFINITION
* Nous ne voulons pas
donner
aumot
«acrodermatite » une généralisation bien grande. Dans sa classification, M. Audry
a classé par
espèces, mais d'une manière transitoire et pour
la facilité de la description,
les affections qu'il désigne sous
ce nom ;
mais
nousallons restreindre considérablement son
cadre et nouscontenter
d'étudier deux des variétés qui s'y
trouvent. Si nous les unissons
ainsi, si nous mettons de
front ce
qu'il appelle les acrodermatites pustuleuses et ulcé¬
reuses continues (Obs. II,
III, VII, VIII, IX) et les acroderma¬
titesrécidivantes à type
névritiquepur (Obs. IV) c'est qu'elles
noussemblent se
confondre,
commele montrera la suite de
ce travail. Du reste, dans une
clinique sur les acroderma¬
tites, M. Hallopeau
étudiait
sansdifférenciation ses polvdac-
tvlites et la
phlycténose récidivante de M. Audry. A la suite
dece maîtreen
dermatologie,
nousnous croyons autorisé
àagir
ainsi.
Dès 1892,
après avoir publié
sesdeux premiers cas de poly-
daetylite, Hallopeau donnait de cette affection la définition
suivante : « C'est une
inflammation suppurative des doigts
remarquable
par sesrécidives incessantes, par ses carac¬
tères cliniques, par
les dystropliies unguéales qui 1 accompa¬
gnent, par
la complication de poussées éphémères de derma-
tite très étendue, et enfinpar
des productions semblables de
lésions dansla bouché. »
Plus tard, en 1898,
après avoir étudié trois nouveaux cas
(Obs.
V, VI,VII) il modifiait ainsi sa définition : « Ces affec¬
tions sont caractérisées par
leurs localisations dans les
extrémités des membres et
plus
particulièrement lesdoigts
et les orteils, parleurs récidives incessantes sur place, par leurs défauts d'extension aux autres parties du corps, par leur résistance opiniâtre au
traitement,
etpar leurs compli¬cations possibles dans leur forme suppurative
d'éruptions
généralisées. »En citantces deux
définitions,
notre but n'est pas de lesattaquer,
bien au contraire, nous nous en servirons pour dire ceque nous entendons paracrodermatite,
et si nousparaissons oublier des caractèresqui semblent
important^,
ce n'est, qu'à
dessein,
nous y reviendrons plusloin.Pour nous, les acrodermatites sont: «Des affectionscarac¬
tériséespar leurs localisations dans les extrémités desmem¬
bres et plus particulièrement des
doigts
et des orteils, par leurs récidives incessantes surplace,
par lesdystrophies
unguéales qui les accompagnent, par leurs défauts d'exten¬sion auxautres parties du corps, sauf la bouche qui peut être
intéressée,
et enfin par leur résistance opiniâtre à tout traitement. »Observation 1
. (Hallopeau, Annales dedermatologie, 1890.)
Chez un malade atteint depuis son enfance de maladie de Raynaud,
il s'est produit pendant plusieurs mois des
polydactylites
suppuratives, qu'ont bientôt accompagnées des poussées généralisées ou disséminéessymétriquement de dermatites pustuleuses. La
polydactylite
a entraîné de profondesaltérations des ongles; les pousséesdes pustulettes ont été remarquablesparleur fréquenceet leurcaractères éphémères ; elles sedesséchaient en moins de
vingt-quatre
heures et ne laissaient d'autres traces qu'unérythème
avec desquamation simulantl'herpétide
exfo-liatrice.
Ces manifestations se sont étendues àla muqueusebuccale.
— 11 -
Observation II
(Hallopeau,Annales
de dermatologie, 1802.)
LanomméeI)..., âgéede
quarante-huit
ans.fait remonter à douze
ansledébut de sa maladie.
Sasanté antérieure avait été
généralement bonne
:à noter seulement
depuis
l'enfance
unpsoriasis qui
atoujours conservé un caractère des
plusbénins et est
resté limité
auxcoudes et aux genoux.
Le point de
départ des inflammations digitales parait avoir été un
traumatisme
(coup de marteau)
surle
poucegauche. Bientôt il y eut
suppuration
de toute la face palmaire du doigt.
Pendant deux ans environ, ilyeut une
série d'éruptions pustuleuses,
puis des
lésions analogues
surla face palmaire des autres doigts et de
la main. Depuis il yeut
des poussées pustuleuses sans interruption ; les
ongles sont
déformés et altérés.
I)... paraît être
d'une constitution vigoureuse. Une éruption géné¬
ralisée de papules
syphilitiques (affection remontant à deux mois)
disparaît
sousl'influence du traitement spécifique sans que les lésions
de la dermatitesoientguéries.
Les lésions sontlimitéesaux doigtset aux
faces palmaires des deux
mains. Dans cesrégions,
il
ya presqueincessamment des suppurations
qui tranchentpar
leur coloration d'un blanc jaunâtre sur la rougeur des
parties voisines;
les dimensions de leurs foyers varient de celles d'une
tète
d'épingle
àplusieurs centimètres, les contours sont arrondis ou poly-
cycliques, sans aucune
saillie.
Leurévolution est des plus
rapides
:ils
sedessèchent très peu de
temps après leur
formation. Le soulèvement purulent de l'épiderme
semble exister : la membrane sembleune
mince croùtelle
ouune squame
épaisse.Les téguments
présentent
unaspect luisant en même temps qu'une
coloration rouge
vif. L'extension des doigts est incomplète. La peau se
plissedifficilement
à leur niveau. Les ongles ont souffert, n ont plus
leur poli et
présentent
unestriation longitudinale. Leurs bords libres
sontsoulevés par desmasses
incomplètement kératinisées.
parties latérales, on trouve des nappes purulentes, ou bien
des croùtelles etdes squames, derniers vestiges des
foyers
desséchés. Le malade éprouve unecuissonpénible mais pasde prurit.Observation III
(J.-H. Stowers, The Bristish Journal ofdermatology, 1896.)
HannahJ,..,
soixante-sept
ans, mariée, mère dedeuxenfants,entre à(Xord-West.-London Hospital)
le 25 avril 1888.Elle était la seconde de troistilles.Sa mère est morte àsoixante-neufansde bronchite. Sonpèreà soixante-dix ans. de complication de goutte. Ses grands-parentsluisont inconnus.Mariéeà
vingt-sept
ans, elleavaitjoui avantd'une bonne santé, mais cependantsouffraitparfois de faiblesse générale et depalpitations:Treize mois aprèsson mariage, elle mit au monde une tille. Au bout d'un an, elleeutun fils : cesdeux accouchement furent heureux.
Quatorzejours après la naissance deson fils, elleeut un petit panaris
à la matrice et au pourtour de
l'ongle
dupoucedroit; il fut incisé,mais bientôt aprèsl'ongletomba parsuite decette affection.Ledoigt n'a pasguéri,mais a continué à s'enflammer pendant que
quelques petites pustules se
développaient
autour. Un an après,lepouce gauche fut pris de lamêmefaçon; l'inflammationcommença par un coin de l'onglepours'étendreaumilieu du doigt. Successivement et à inter¬valles(variant de huità seize
mois)
les autresdoigtset les onglesfurent pris, àl'exception
du troisième et quatrième de la main gauche qui furentindemnes.Le dernier doigtpris l'est depuis quatre ans. Une petite pustule se formasur le côté interne, etpar un processus de lenteulcération détrui¬
sit l'ongle et la matrice, laissant une surface excoriée et ulcérée, cou¬
verte d'une croûtedesséchée et d'un épiderme. Les pustules laissaient
échapper
unliquide-jaunâtre
épais, parfois séreux, sans couleur, sans odeuret accompagné d'unesensation pénible debrûlure.Lesongles du pied droit avaient été aussi atteints.
Les orteilscommençaient às'enflammer unedizaine d'années environ
avant que
trois doigts de la main droite et un de la main gauche fussent
atteints. Les ongles du
pied gauche étaient aussi pris, sauf le troisième,
qui
était légèrement décoloré probablement par suite d'un traitement
antérieur.
Les deuxième et troisième
phalanges des troisième et quatrième doigts
delamain gauche sont
irrégulièrement enflées, faisant croire à un
dépôtde goutte.
La peauen
général, et celle des membres en particulier, est lisse et
polie.
Tous les viscèresthoraciques et
abdominaux sont sains. L'urine est
normale.
La malade est brune, bien
constituée, de moyenne taille, avec une
dilatationconsidérable des
vaisseaux superficiels des joues et du menton.
Elle nie tout accès de goutte
aiguë, tout ulcère ou autre inflamma¬
tion de la peau, à
part cette affection
;et si l'on excepte quelques indis¬
positions
d'enfance et quelques autres banales, elle n'a souffert durant
sa vie que de
douleurs dans les jambes et les pieds, anomales mais
fréquentes et
pénibles.
Je l'ai
perdue, de
vuependant longtemps, mais grâce au D1' Harris de
Birchington,
j'ai
puavoir la fin de son observation.
Admise à Minster Inffrrnary,
le 25 septembre 1891, elle jouissait
d'une bonnesanté, maisses
mains et
sespieds étaient couverts d'écaillés
épaisses;
les deuxièmes et troisièmes phalanges des doigts, les paumes
des mains, les
orteils
etles plantes des pieds étaient dénudés et luisants.
Tousles ongles
étaient tombés.
Elle accusait des sensations
de brûlure et de démangeaison dans la
peau, qui
l'empêchaient de dormir.
Aprèsde
fortes doses d'iodure de potassium elle dormit un peu mieux
etput se
lever le jour
pourse promener dans la cour.
Enjuin
1893, elle eut
unesorte d'attaque d'épilepsie qui la priva de
l'usage de ses
jambes. Elle n'avait ni paralysie ni anesthésie.
L'éruption
des pieds et des mains s'aggrava en décembre 1893 ; la
malade eut un érythème
généralisé
surtout le corps, après lequel les
mains etles pieds
s'améliorèrent et restèrent ainsi jusqu'à la mort.
L'aspect
vernissé des doigts, de la paume des mains, des orteils et des
plantes des
pieds persistèrent.
En janvier 1895, elle eut des phénomènes gastriques, avec une tu¬
meur dure qu'on trouvait dans
l'épigastre,
probablement de nature cancéreuse.Elle mourut en juilletsuivant à
soixante-quatorze
ans. Il n'y eutpasd'autopsie.
Observation IV
(Audry, Annales cle dermatologie, 1897.)
Homme de
vingt-cinq
ans, sans antécédents héréditaires ni person¬nels, sans syphilis nialcoolisme, sans troubles nerveux, sans engelures, asphyxie ni stase
périphérique.
A eu uneblennorragie,
il y aplusieurs années. Un peu d'acnéau visageet dansle dos.Employé
dans une maison de droguerie qu'il a quittée ily a deuxans et demi, il ne touchaitguère de substances irritantes. Aujourd'hui
voyageur de commerce, sobre, robuste et bien portant.
En mai 1896, sans cause connue, ilvit apparaître à l'extrémité de la pulpe du pouce gauche une vésicule non douloureuse ni prurigineuse;
elle s'étendit, décollal'épiderme superficiel, devint purulente, s'ouvrit et guérit. Le tout duraquinzejours environ.
Il n'y eut rien d'anormal pendant deux mois, puis eut lieu une deuxième poussée en juillet. Au mois
d'octobre,
par suite d'une troisième poussée, l'épiderme delà pulpe superficielle du poucegaucheest décolléen une vaste phlyctène remplie depus, entourée d'une étroite marge de rougeur.
Le malade n'éprouve aucunedouleur;
l'ongle
est normal.Excision de tout
l'épiderme
décollé et mise à nu d'une surface recou¬verte d'un exsudâtjaunâtre.
Le malade a présenté constamment depuis des éléments éruptifs, vésiculeux au début, à peu près indolents, qui s'étendent, deviennent purulents, s'ouvrentet guérissent.
Il n'y eut
jamais d'éruption
sur la face dorsaleni sur le bord interne du pouce.En février 1897, ilexiste destraces squameusesdephlyctènes guéries.
Sur la partie antérieure et antéro-externe de la première phalange, sur
— 15 —
l'éminence thénar, au-devant de l'articulation
métàcarpo-phalangienne
sont dispersées sept ou
huit vésicules
oularges pustules. Les plus
récentes sont coniques, saillantes,
fermes
:l'extrémité transparente
laissevoir un point rouge;
la
peau auvoisinage est légèrement érytlié-
mateuse. Les autres sont plus larges, arrondies,
rondes, purulentes,
encorerecouvertes d'une épaisse couchecornée.
Indolence absolue.
Démangeaison légère au moment
de l'éruption. La face dorsale est
normale, sauf un peu de rougeur
légèrement œdémateuse.
La croissance de l'ongle est régulière et
normale. Aucuns troubles
trophiques, nisensitifs,
pasd'irradiations douloureuses,
pasd'altéra¬
tions dans le reste du membre.
Observations V et VI
(Hallopeau,Annales cledermatologie,
1897.)
(L.. est atteinte depuis cinq ans
d'une dermatose limitée
aumédius
de la main droite. Elle s'est étendue ces dernierstemps à toutes les extrémités digitales sauf l'annulaire et
l'auriculaire droits
:aujourd'hui
elle intéresse en plusles faces
palmaires
etdorsales des mains.
L'éruption est
constituée
pardes vésicules, des excoriations,
unerougeur avec
épaississement du tégument, et des desquamations lamel-
leuses ou légèrement croùteuses.
Chaquejour,
il
vaformation de nouvelles vésicules qui s'ouvrent,
se dessèchent et donnent lieu soit à desexcoriations, soit à descroùtelles
ou à des squames. Lorsque
celles-ci
sedétachent,
onvoit le derme
recouvertd'un épiderme
aminci, lisse
etbrillant;
end'autres points, la
peau est au contraire
épaissie et
sesplis sont exagérés; les parties
maladessont rouges par places; pas
de prurit, mais cuisson.
L'ongle de l'index
droit présente au-devant de la lunule
unedépres¬
sionqui indique un
trouble de nutrition.
S... a une éruption
limitée
àl'index de la main droite; elle s'y
repro¬duit incessamment depuis le
mois de septembre. On voit
uneproduction
journalière de vésicules isolées qui bientôt serompent et sont rempla¬
cées par de mincessquames ou croùtelles.
Le doigtenvahiprogressivement dans toute sonétendue est rouge et squameux; l'ongle est creusé verticalement de sillonsprofondseta perdu
son poli.
Il existe une légère cuisson et une sensationpénible dans les mou¬
vements.
Observation VII
(Frèche et Hallopeau, Annales de dermatologie, 1897et 1898.)
Homme de quarante-deux ans, assezvigoureux, habitant la campa¬
gne, ne présente aucun trouble de lasanté générale.
N'aeu qu'un seul jour de fièvre durantl'expéditiondu Tonkin.
Il y a deuxou trois ans, cet homme a taillé des haies le long d'une ligne de chemin de fer, ce qui le fatiguait beaucoup.
Au bout de quelques mois de cetravail,et
longtemps
après, ileut des douleurs à la racine de la nuque, s'irradiant lelong du bras avec des sensationsde chaleur aux mains. Ces douleurs, non localisées auxarti¬culations, empêchaient le sommeil; elles étaient atténuées par l'éléva¬
tion des mains au-dessus de latète.
Pas de syphilis.
En même temps que les lésions des mains ont apparu des lésions buccales caractérisées par des plaques arrondies, blanc jaunâtre, de la grandeur d'une lentille, formantunvéritable enduitdiphtéroïde recou¬
vrant les papilles, sansaréole intlarnmatoire périphérique,sansinfiltra¬
tion sous-jacente.
Les lésions cutanéesont débuté le 27 août 189(3 au niveau du pouce droit par unetache brunâtre de l'ongle,sans traumatisme ni blessure apparente. D'après la femme, il y aurait cependant eu une piqûre d'épinesous l'ongle? Quelquesjoursplus tard unpeude rougeuret de gonflement autour de la sertissure del'ongle semontra, puis du pus qui
souleva l'ongle ainsi quel'épiderme voisin. Ily eut propagation de pro¬
che en proche et envahissement de toutel'éminence thénar.
Les autres ongles furent malades à intervalles assez rapprochés, et
- 17 —
dans l'ordre suivant : auriculaire, index,annulaire etmédius. Quelque temps après des lésionsidentiquessemontrèrentaupouceet àl'annulaire gauches par un processus semblable; l'ongleprend une coloration bru.
nâtre enfumée et est
frappé
d'un arrêt complet decroissance.Puis apparut unearéole rouge dans la sertissure latérale de l'ongle,
avec gonflement etsuintement autour de l'ongle qui se déchausse; le pus soulève en même temps l'épidermequi se décolle et la lésion est constituée.
Plustard, toute la face palmaire de la main droiteet des doigts est dépouillée de son épiderme, formant une vaste plaque excoriée,résul¬
tant de lafusion desdivers ilôts issus de chaquedoigt. Le derme est rouge, foncé, lisse, non papillomateux, parsemé de pustules miliaires aplaties, remplies de pus jaune etépais, suintant etsuppurant abon¬
damment.
Lepourtour de la lésion est parfaitement tranché, formépar unebor¬
durelargede quelques millimètres d'épiderme décollé et macéré. Cette collerette est plus nette dans les régions où l'épiderme est épais et la lé¬
sion en voie de progression. Par son bordadhérent ellesecontinue avec
l'épidermesain des parties voisines.
A la face dorsale les placards ne remontent qu'à 1cent. 1/2 au-dessus des replis sus-unguéaux. Ceux-ci sont saillants, tuméfiés, douloureux,
de couleur rougevifetforment un bourrelet de4 millimètres de haut sur 5 millimètres de large. L'ongleest inégal, bosselé, rougeetsuppu¬
rant, fortement surélevé, surtout au niveau de la matrice. Tous leson¬
gles de la main droite sont tombés; la flexion des doigtsest presqueim¬
possibleetdétermine une douleur très vive.
Au pouce gauche, l'ongle estdécollé etne tientque par un point du repli latéral externe.Les lésions occupentles deux tiers de la face pal¬
maire. La sensibilitéestpartout conservée. Les parties malades sont douloureusesau toucher. On fait despansements créolinés.
Après des alternatives diverses, jusqu'àmai 1897, on constate à ce moment que la maladie est toujours en voie d'évolution. Les lésions n'ont rétrocédé sur aucun point. Les diversplacards ont conflué pour formerun placard unique quirecouvre toute la surface des mains etdes
doigts;
ceux-ci sont raidesetlégèrementfléchis; amincis à leur base,Led,
ils sont renflésetglobuleux à leur extrémité. On ne voit plus trace des ongles ni des lits. L'état général du malade estbon.
Au mois deseptembre
1898
lesdeux petits orteils furent atteints. Les ongles tombèrent et la surface dulit de l'ongle, ainsi que toute la partie avoisinante,sur uneétenduede 5 centimètres,estrouge,suintante, bordée d'une collerette d'épiderme desquamé.Au mois cle mai 1897, le malade quitta Bordeaux, mais bientôt ilse rendit à Paris et fut soigné par M.
Hallopeau
quicontinue l'observation.
Peu dejoursaprès avoir quitté le service de M. Dubreuilh, les lé¬
sions suppuratives au lieu de rester limitées aux quatre extrémités, s'étendent rapidement d'abord aux jambes, puis à toute la surface du corps. Elles se présententsous la
forme
de pustules dont le volume variede celui d'ungrain de millet à celui d'une lentille; la face est tuméfiée,
il seproduit de la fièvre presquetous les soirs.
L'éruption secondaire
se dessèche bientôtpour nelaisser quedesacro-dermatites et un certain nombre de foyers disséminéssur diversesré¬
gions. Ilseproduit des déviations digitales : lessuppurations continuent
à serenouveler incessamment.
Lorsque le malade entre dans le service les suppurations sont en pleine activité: elles représentent parleurs localisations des paires de gants et de brodequins.
Les lésionsen forme de gants sont limitéesen hautpar unrebord
cir¬
culairequi setrouve à environ trois traversde doigt au-dessus des
poi¬
gnets; c'est un bourrelet érythémateux et finement squameux.
Les
parties situées au-dessous de lui sont presque entièrement recouvertesdecroûtesépaisses, mélicériques. En certains endroits elles font défaut et
l'on voit alors une rougeurpigmentée surlaquellesedétachent des
infil¬
trations purulentes arrondies ou sinueuses.
L'épidermeest aminci et en partie desquamé. Les extrémités
des
doigtssontrenflées en massues; les ongles sont tombés; leursmatrices
sont recouvertesde croûtes épaisses.
Lesdoigts sontfléchissur les paumes des mains; les deuxièmes
pha¬
langes des annulaireset des médiussontétendues surles premières.
Ces
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parties ne se meuvent que
difficilement
: onpeut cependant les redresser
partiellement.L'éruption en brodequins est
analogue, mais moins complète.
Les lésionsconsécutives à la poussée
généralisée du mois de mai
per¬sistent dans la continuité desmembres, au tronc et au visage.
Les placards sont
constitués
pardes surfaces érythémateuses
parse¬mées de pustules, de croûtes
jaunâtres
oud'excoriations recouvertes
d'un pusconcret.
Le malade accuse des sensations pénibles de
cuisson dans les parties
atteintes, surtout auxextrémités. Les mouvements
sont très gênés.
La face dorsale de lalangue estcreusée
d'un petit nombre de sillons
peuprofonds; sapointe est
légèrement desquamée
;la mastication est
unpeu douloureuse.
Sousl'influencede pansements
boriqués, les croûtes tombent
pourmontrerune peau d'un rouge
vif, où tranchent des décollements
puru¬lents affectant les formes lesplus diverses.
Le 10 décembre 1897, le maladeéprouve un
frisson qui
seprolonge
pendant deux heures,
auquel fait suite
unesensation de chaleur intense
etpénible.
Nouvellepoussée de
dermatite suppurât!ve
auniveau et
aupourtour
des anciens foyers.
Les nappespurulentes sont
criblées de myriades de pseudo-pustules
plates, degrosseur
variable
etdiversement disposées.
Puis, avec de nouvellespoussées, on trouve
des
groupesde pseudo¬
pustules disposées en
cercles irréguliers,
*dont le centre est devenu
érythémateux. Les
ganglions des régions inguinales semblent
un peutuméfiés.
Les altérations des cuisses descendent
jusqu'au
creuxpoplité.
Les viscères sont normaux.
Leventre, le dos, le scrotum et les
régions inguinales, puis le thorax,
sontenvahisprogressivement.
Enfinlalangue estprise à son tour
et l'on voit plusieurs soulève¬
mentspurulents, irrégulièrement
polycycliques et très analogues à
ceuxdu thorax etdu ventre. Plusieurs d'entre eux entourent des surfaces déprimées et ulcérées. L'état
des extrémités n'est
pasmodifié.
Le malade meurtle 14janvier, présentant enplus de la dyspnéeet
un étatsyncopal.
Autopsie. — Le foie est trèsaugmenté devolume, il pèse 2 lui. 500,
est décoloré.
Les reins sontdécolorés.
Lecœuretle mésentère sontlesièged'une surcharge graisseuse.
On constate de l'hydro-péricardite.
La rate estsaine.
Lessegments de l'intestin sont hyperémiés.
Lésions desnerfs : cubital : trois à quatre tubes à myéline monili- forme.
Nerf collatéralde l'orteil : un tiers altéré; état moniliforme delà myéline; fragmentation de la myéline qui seréunit en boules; la gaine du cylindre-axe paraît conservée.
Peau : dermite ordinaire des microbes pyogènes
(staphylocoques).
Cœur: Lemuscle est normal.
Lefoie etles reinssont graisseux.
Observation VIII
(Personnelle).
(Prise dans le Service de M.le Prof. Dubreuilii.)
A. D..., trente-cinq ans, brocanteur, habitant Bordeaux, et origi¬
nairede La Fosse
(Dordogne).
Sa mère,non nerveuse, serait morte de complications d'ulcères vari¬
queux? Son père est mort d'apoplexie.
Chez lui,pas de syphilis, pas de nervosisme, pas de rhumatisme.
Alcoolisme léger. Blennorragie ily adeuxans. Pas de douleurs dans les membres. Pasde troubles digestifs.
Un mois avant la maladie,il avait manipulé de l'acide nitrique, ce qui avait amené unecopieuse desquamation, maispas d'ulcères. Pas
de
traumatisme dans les antécédents immédiats.
Histoire de la vialadie. — Les lésions desmains ont commencé, ily adeuxmois, par une tourniole à la racine de l'ongle du pouce
droit.
Cette tourniole, peu douloureuse, est restée stationnaire pendantun mois; puis,ily a un mois, sont apparus, presque simultanément,
trois
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nouveaux
foyers situés
au milieu des deuxpaumes etsur le bordde
l'ongle du poucegauche. En même temps le premier foyera commencéà s'étendre. Depuis lors,ces quatre foyers sesont graduellement éten¬
dus, et actuellement les lésions occupent la face palmaire des doigts
et des mains en totalitéetla face dorsale des deux dernières phalanges
de tous les doigts.
Depuis huitjours, sont apparues deslésions à lapartie interne du pied droit.
Rien à la bouche.
2G novembre 1898. Nous avons devant nous un hommemaigre, pâle,
de teint unpeuterreux. Sur toute la face palmaire de la main et des doigts, la peau estrougevif, sans induration, recouverte par un épi-
derme mince, tendu, lisse, laissant à peine voir les crêtes papillaires,
sec, desquamant peu abondamment en petites lamelles farineuses. En
certains points, cette couche cornée présente quelques érosions d'aspect eczémateux, suintant peu abondamment. Sur la face dorsale des pha¬
langes l'aspect de lapeau est le même, mais le suintement est plus abon¬
dantetformedescroûtes.
Le contour de la lésion est en général assez net et tantôtil n'y a
aucunebordure; etTépiderme, rougeet aminci,secontinueaveclapeau saine, ce qui sevoit surtout dans les régions àépiderme mince; tantôt,
et notamment au talon de la main, on trouve unebordure formée par
l'épiderme épais, décollé en collerettes, formant des lambeaux larges parfois de plus de 1 centimètre, adhérent du côté de la peausaine,
flottant du côté desparties malades, d'aspect vermoulu et recouvrant
unefaible quantité de pus grumeleux et fétide.
L'angle dupouce droit est tombé. Le lit est saillant, gonflé, recouvert
par un amas de squames jaunâtres, irrégulières, molles, se -laissant facilementenlever. En les arrachant, on met à nu le lit, rouge, recou¬
vert d'une faiblequantité de pus épais.
Al'index droit, la partie basale de l'ongle, sur une largeur de 5 millimètres, estmolle, dépressible, écailleuse. lienest de même de l'ongle du poucegauche, lequelest, en outre, déchaussé sur son bord radial. Tous les autres ongles sont normauxet leuraccroissementparaît
être plus rapide qu'à l'ordinaire, particulièrement de ceux qui sontles plusatteints. Sur lestroisième, quatrième, cinquième doigts gauches,
troisième etcinquième doigts droits, l'extrémité de la pulpe est encore
indemne. Surles autres,la maladie atteint le sillon antérieur del'ongle, qui est même un peu décollépar leprogrès de la maladie. La sertissure
desongles estrouge, gonflée, desquamée, mais pas autrement altérée.
Les mains, dans leur ensemble,sontun peu œdématiées.etla face dorsale prend facilement le godet.
Surla face dorsale
(saine) il
survient de temps en temps quelques pustules grosses comme une tète d'épingle, entourées d'une aréolerouge, quiguérissent spontanément sans laisser de trace.
La sensibilité des mains est- normale. Pas de douleur, même quand les mains sontexposées àl'air.
Sur le bord interne du pied droit et le sommet de la voûte plantaire
se trouve un placard arrondi et large de 0 centimètres, couvert de
croûtes et de squames d'aspect eczémateux, prurigineux, sousl'influence
de lachaleur, bien circonscritetlimité par une large collerette desqua- mative. Rien aux ongles des pieds.
3décembre 1808. On constate une amélioration très marquée. Il n'y
y a eu nullepart, ni suppuration ni suintement. La bordure d'épiderme décollé adisparu, etles parties malades se continuent avec lesparties
sainespar une limite mal définie.
L'œdèmeadisparu.
Lapaumedes mains et des doigts présente une peau amincie,rouge,
unpeurétractée et tendue, de sorte que l'extension et la flexion sont impossibles. La couche cornée de l'épiderme est mince, friable, desqua¬
manten petites lamelles blanches, présentant par places de très
petits
pertuis qui lui donnent un aspectvermoulu. Toute la paume et notam¬ment cesderniers points sont souvent le siège de démangeaisons
vives.
Sur laface dorsale desdoigts, la peau est rouge, l'épiderme est
aminci
etécailleux. Sur l'ongle du pouce droit, le litest nettoyé, uni, rouge, couvert d'un épiderme mince, légèrement écailleux : il n'y a pas
la
moindre trace d'ongle.
Au poucegauche, à l'indexet àl'annulaire droits, l'ongle esten
train
de tomber : la lame dure est brusquement interrompue en
arrière et
chemine vers l'extrémitédu doigt, laissant derrière elle, à nu,
la portion
basale du litrecouverte d'un épiderme mince.
On devine le même processus commençant à l'angle de
l'annulaire
gauche.
Au pied droit,
le pansement
aété moins régulier. La plaque ci-dessus
décrite n'a pas
grandi, mais elle est excoriée, suppurante et entourée
versla plante
d'une bordure d'épiderme décollé.
On a fait despansements
humides à la créoline à 5 0/00.
5 décembre. Depuis le 24
novembre, le malade s'aperçut de quelques
petits
placards
surle pied gauche qu'il n'a signalé qu'aujourd'hui.
On voit sur lebord interne dupied, au
niveau du cuboïde.un placard
ovalaire de 3 centimètres de long, sur 1
cent. 1/2 de large, recouvert
dans laplus
grande partie d'une croûte squameuse. La partie découverte
offre un aspect rougeavec
de petites
squamesd'aspect jaunâtre qui se
détachent de lasurfaceépidermique.
Alapartie
supérieure de la croûte existe une fissure par oû se mon¬
tre un léger suintement.
La
peauqui entoure
ceplacard présente à la
partie
supérieure
unecoloration
rougesur une étendue cle près de
1 centimètre; àlapartie
inférieure, elle
ne sedistingue pas du reste de
l'épiderme. En
arrière de
cepoint, à la partie inférieure de l'espace
rétro-malléolaire existe un second
placard, de forme
assezrégulière,
recouvert de croûtes trèsépaisses, et
présentant à la partie antérieure
un suintement assez abondant. Ces croûtes se
desquament surtout
aumilieu du placard.
L'aspectdu pourtour
de la plaie est identique à celui du placard déjà
signalé.
Enfin, sur la face externe
du pied, à 2 centimètres environ au-dessous
lamalléole, se montre une assez
large plaque exulcérée, de forme ova¬
laire, présentant un
suintement
assezabondant. L'épiderme du pourtour
de la plaieprésente les
mêmes colorations
quecelles décrites plus haut.
Une odeur très désagréable et
particulière,
quenous essayerons de
spécifier dans notre
description,
sedégage de ces plaques ainsi que des
mains du malade, malgré
l'emploi des antiseptiques tels que la créoline.
10 décembre 1898.L'amélioration
signalée il
yahuit jours a continué
etles lésions vontaussi bienque
possible.
A la main droite,les lésionsont à peu
près complètement disparu : on
ne trouve que de
petits trous, taillés à l'emporte-pièce et paraissant cor¬
respondreaux
orifices glandulaires, disséminés en assez grand nombre
sur la pulpe
des doigts et à la face palmaire de la main. Devant 1 insis¬
tance du maladequi
demande la liberté d une main, on a remplacé les
pansements
humides à la créoline
parune lotion picriquée à 1 0/0.
Depuis,
la main s'est séchée, une desquamation assez abondante s'est produite, surtout au niveau de la collerettequi sépare les partieslésées de la peausaine(poignet),
surlepouce et sur la face externe de l'index.L'épiderme, à ces endroits, est encore mince, rouge, légèrement fen¬
dillé, mais exempt de toute suppuration. Au niveau de
l'interligne
arti¬culaire
métacarpo-phalangienne
de l'indexet du petit doigt, et à la partie inféro-externe de l'M de la face palmaire de la main, on trouve trois fentesépidermiques
présentant à leur surface un exsudât séro- sanguinolent solide, et où le malade accuse une certaine douleur dans les mouvements d'extensionet de pression.Unelégèreodeur persiste encore à cette main. Ala main gauche, les pansements créolinésont été continués; on remarque la présence en nombre considérabledepetits pertuis déjà signalés, siégeant surtoutsur toutela face palmaire de la main. L'épiderme estaminci, tendu, mais à surface continue.
Pourpermettre au maladel'usage de ses doigts gauches, une légère applicationde solution picriquéea été faite, et à ce niveau on retrouve les mêmes caractères que sur la main droite.
A signaler la même odeur assezforte quise dégage,très désagréable
pour l'observateur.
Au pied droit, les lésions ont complètement disparu. L'épiderme est lisse, mince, un peu rouge : à la faceplantaire, sous l'influence de pan¬
sements humides,lapeau sechangetrès abondammentsurtout au niveau ducalcanéum.
Aupied gauche, les plaques qui, hierencore,n'étaient pas complète¬
ment cicatrisées, sont recouvertes aujourd'hui d'un épiderme avant môme aspectque sur le pied droit.
Les petits pertuis à
l'emporte-pièce
existent sur le pourtour des anciennes plaques, en nombre moins considérable cependant qu'au niveau de la main gauche.Le malade nous fait remarquer au milieu de la plante du pied, sous les métatarses, une petiteplaque assez régulièrement arrondie, un peu plus grande qu'une pièce de 50 centimes, siège d'une desquamation très abondante, maissans aucune érosion.
L'odeur que dégagent les deux pieds est très forte et toujours parti¬
culière.