SUR LA PHÉRORMONE DES REINES D’ABEILLES ET SES EFFETS PHYSIOLOGIQUES
Janine
PAINStation de Xecherches
apicoles,
Bures-sur-Yvelld(S.
& 0.).PLAN ne :!7<ÉViOIItE INTRODUCTION.
I. -
HISTORIQUE.
II. - MATÉRIEL ET MÉTHODE DE TRAVAIL.
A. - Le Matériel expérimenta).
B. - Les méthodes de tests.
C. - Matériel et méthode pour
apprécier
l’inhibition de la construction des cellulesroyales.
III. - LOCALISATION DE LA FHÉRORMONE.
A. - Mise en évidence de l’existence de la
phérormone.
- Méthode.
B. -
Importance
de la tête dans la localisation de laphérormone.
IV. - MODE D’ACTION DE LA PHÉRORMONE.
A. - Influence
possible
de divers stimuli.B. - Le mode d’action de la
phérormone :
voiepériphérique
sensorielle.V. - NATURE CHIMIQUE DE LA PH!ROR140NE.
A. - Résultats obtenus par
chromatographie
sur colonne et surpapier.
B. - Résultats obtenus par
chromatographie
gazeuse.VI. - LES OUVRIÈRES ET L’APPARITION DE LA PHÉRORMONE : LE CYCLE DE LA
PHÉRORMONE.
A. -
Apparition
de laphérormone.
B. - Durée de contact.
C. - Essai de mise en évidence d’un
cycle
annuel d’émission de laphérormone.
VII. - LES INTERACTIONS SOCIALES ET LA PHÉRORMONE.
A. -
Trophallaxie
entre reines vivantes et ouvrières.B. -
Comparaison
entre reines vivantes et reines mortes dupoint
de vue del’inhibition ovarienne des ouvrières.VIII. - RECHERCHES PARALLÈLES EFFECTUÉES CHEZ LES TERMITES, LES FOURMIS ET LES HALICTES
CONCLUSIONS GÉNÉRALES.
A. - Castration alimentaire.
B. - Castration
chimique
C. - Le rôle de l’ouvrière dans la formation de la substance
royale
INTRODUCTION
Depuis
trèslongtemps
et sanspouvoir l’expliquer clairement,
avait été soupçon- néel’importance
du rôle de la reine sur ledéveloppement
et lecomportement
des ouvrières d’Abeilles.Les auteurs
qui
étudièrent les causes del’apparition
des ouvrièrespondeuses,
au cours d’un
orphelinage,
furent lespremiers
à saisir l’un desaspects
de l’influence de la reine sur sonentourage.
Parmi eux, HESS( 1942 )
songea lapremière
à lapossi-
bilité pour la
reine,
de distribuer aux ouvrières une substance inhibitrice de la for- mation des oeufs dans leursovaires ;
mais sonhypothèse
resta sans preuvespendant
une dizaine d’années.
Cette substance est sécrétée ou stockée da7as les
glandes
mandibulaires. BUTLER le démontra en 1959 : le contenu de cesglandes empêche
ledéveloppement
des ovaires dans un groupe d’ouvrièresorphelines.
La substance mandibulaire est
répandue
de là sur lestéguments,
où les ouvrières normalement laprélèvent.
Sa
répartition
entre les différents membres de la colonie a lieu par la voie deséchanges trophallaxiques.
L’action de cette substance est
complexe
etmultiple :
ellen’agit
pas seulementsur
l’apparition d’! pondeuses :
ellepossède
aussi ungrand pouvoir
d’attraction.J’ai observé, (I,wI!
etPAIN, ig 5 g)
que lesglandes
mandibulaires de reines attiraient les ouvrières tout aussi fortementqu’une
reine morte ou vivante. La substance man- dibulairepossède
aussi la faculté d’inhiber laproduction
d’autresreines,
enenrayant
la construction des cellulesroyales
dans un groupe d’ouvrièresorphelines. (B UTLER
et
S IMPSO N, 1958).
Cependant,
bien avant de trouver la source de la « substanceroyale
», ses effetssur la construction des ébauches
royales
ont étéplus spécialement
étudiés parB UTLER
,
enprésence
de reines vivantes.Parallèlement,
et à la mêmeépoque,
de moncôté, j’ai
observé les effets de reines moy
tes sur le
développement
des oeufs dans les ovaires dejeunes
ouvrières d’Abeilles.L’inhibition du
développement
des ceufs est liée directement aupouvoir
d’attraction de la reine : les reines lesplus
attractives étant lesplus
inhibitrices.Nous nous trouvions donc en
présence
d’une substance bienparticulière, baptisée
par BUTLER
( 1954 )
du nom de « queen substance » ;mais
dont l’action serestreignait, croyait-on
au début des recherches de cet auteur, à l’effet inhibiteur sur la construction des cellulesroyales.
J’avais appelé (PAIN, 1954 )
« ectohormone » la substanceroyale
attractive et inhibitrice dudéveloppement
desceufs,
me référant au travail de BETHE( 1932 ), qui
entendaitdésigner
par ce terme certaines sécrétionschimiques, actives,
non pas à l’intérieur d’unindividu,
comme leshormones,
mais « ecto », àl’extérieur,
entre les individus d’une mêmeespèce.
KART.SON, (KA RL S ON
etB U TE N A ND T, 1959 )
considéra que ce terme était en con-tradiction avec la définition même du mot hormoîie : excitation interne
(à
tort,peut-être ;
car, dupoint
de vueétymologique,
le mot grec, dont il estdérivé, peut désigner également
l’excitation exercée par un individu sur unautre).
En accordavec BUTENANDT et LÙSCHER
( 1959 ),
il créa celui de!héyomone.
Cette nouvelle dénomination a été
critiquée
parCHAUVIN,
comme très peueuphonique
du moins enfrançais
et incorrectement dérivée de sonorigine
grecque.Il a
proposé d’employer
le motphérormone,
dérivé desmots q-ip&dquo;) (phérô), je porte, je transporte,
et1, 5 u.à,,> (hormaô), j’excite.
KARLSON( 19 6 0 )
en a donné la définition suivante : cesont
« des substancesqui
sont sécrétées à l’extérieur d’un individu et reçues par un deuxième individu de la mêmeespèce,
chezlequel
ellesprovoquent
une réaction
spécifique.
» Ellesagissent
à des doses minimes.Dans cette
catégorie
desubstances,
on trouve, à côté de laphérormone
des reinesd’Abeilles,
desphérormones
extraites de Fourmis et deTermites,
comme aussi des substances attractives sexuelles de certainspapillons,
ou encore des substances aidant le « marquage » ouprovoquant
l’effroi.Dans le domaine de
l’Abeille,
une classifications’impose déjà.
On nepeut
rangersous la même dénomination les substances attractives
(sexuelles,
de reconnaissanceou d’ « interattraction
»)
et cellesqui provoquent
l’effet inverse comme lafuite,
l’alarme ou le combat.CHAUVIN
(ig6o) distingua parmi
lesphérormones : la phérormone proprement dite,
extraite desglandes
mandibulaires desreines,
lesépagines,
ou substances de« familiarisation », et les
répulsines.
Laphérormone proprement
dite se subdivise actuellement enphérormone
i, ou substance deButler,
inhibitrice de la construction des cellulesroyales,
et laphérormone II, partie
odorante et volatile de laphéror-
mone
proprement
dite.Nous verrons par la suite que,
pour
reconstituer l’odeur attractive de lareine,
ilfaut
absolument associer à laphérormone appelée II, la phérormone I, qui par
elle-même n’est
pas
attractive.C’est cette
propriété particulière
de laphérormone proprement
ditequi
a retenusurtout mon attention ainsi que son
pouvoir
inhibiteur surl’apparition
des oeufs dans les ovaires des ouvrières.CHAPITRE PREMIER
HISTORIQUE
Chez les insectes
sociaux,
l’attractionqu’exerce
la reine sur sonentourage
setraduit clairement par une « cour » d’individus se tenant le
plus près
d’ellepossible
et lui
présentant
souvent de la nourriture.Mais la
présence
d’une reine ne se limite pas seulement à la formation d’une« cour » : sa
présence
provoque desphénomènes
internesplus complexes : la
reineempêche l’apparition
d’autres individusreproducteurs.
Lorsqu’elle
vient àdisparaître
dans unecolonie,
parorphelinage
naturel ouexpérimental,
les Abeilles s’enaperçoivent
au bout de très peu detemps,
engénéral
une
demi-heure,
etsignalent
son absence par un bruitparticulier.
Si les ouvrières ont alors à leurdisposition
de trèsjeunes
larves - de moins de troisjours
- elles enélèveront aussitôt
quelques-unes
enreines,
transformant leurs cellules enloges royales.
Mais si elles ne
possèdent
pas delarves,
ou si celles-ci sonttrop âgées,
elles nepeuvent
élever de nouvelles reines et restentorphelines.
Un certainpourcentage
d’entre ellesva alors se transformer en ouvrières
pondeuses
à grosovaires,
bien que le volume de ceux-ci reste bien moindre que celui de l’ovaire de reine.On aze
peut
doncséparer le problème de l’apparition de
cellulesroyales
de celui de laf ovmatiou
des ouvrièrespondeuses.
A. - Travaux antérieurs à ceux de Hess
H
UB E R
,
en1 8 14 ,
avait émisl’hypothèse
que, dans les ruchesorphelines,
desouvrières
pondeuses
naissenttoujours
dans les cellulesproches
des cellulesroyales.
Ces ouvrières recevraient accidentellement de la
gelée
destinée aux larvesroyales.
Ce
surplus
de nourriture aurait alors pour effet de provoquer la formation d’oeufs dans leurs ovaires. Cettehypothèse n’explique
pascependant pourquoi
l’on obtientdes ouvrières
pondeuses
dans descagettes placées
à l’étuve ne renfermant aucunélevage royal.
Dô NHOFF
, en
1 8 57 ,
observaégalement
que, chez lespopulations orphelines,
presque toutes les ouvrières se transformaient en ouvrières
pondeuses.
Il considéraque le
développement
de leurs ovairesdépendait probablement
de facteurspsychiques
dûs à la
perte
de la reine.De leur
côté,
DADANT, en1 8 93 , puis
Von BUTTEL-REEPI!,N( 1915 )
et LEUEN-BERGER
( 192 8)
constatèrent que,lorsque
la ruche devientorpheline,
lesjeunes
Abeillesqui
n’ontplus
de larves àélever, peuvent
utiliser à leurprofit
leurs propres réserves etpondent
peu detemps après.
P EREPELOVA
, en
192 8,
nota que, dans les coloniesorphelines,
comme aussi danscelles
qui possèdent
une reine - si elle estvierge
-ou si les colonies sont en coursd’essaimage
ou desupersédure, apparaissent
des ouvrières à gros ovaires. Leurpré-
sence ne
dépend
pas de l’absence de lareine,
mais seulement de l’absence dejeune
couvain
qui supprime
la castration nutriciale. TUENIN(zg26), puis
GorrTnRSxz(1 93 8)
sont du même avis.
Hn y D
ax, en 1940, étudia deux colonies : l’une est
orpheline ;
dansl’autre,
la reine estencagée
et dansl’impossibilité
depondre.
Dans lapremière colonie,
mais non dans ladeuxième, apparaissent
au bout d’un mois dans les cellules des oeufs d’ou- vrièrespondeuses.
Ilconclut,
commeD5 NHOFF ,
à laprésence
de facteurspsychiques dépendant
de la reine etjouant
un rôleimportant
dans les réactions de la colonie.B. - Travaux de Hess
Le travail le
plus important
est, à notreavis,
celui de HESS(zg 4 2), qui
prouva, contrairement auxhypothèses
de DONHOFFet deH A y D aK, qu’il
ne faut pasinvoquer,
pour
expliquer l’apparition
des ouvrièrespondeuses,
des causespsychiques
dues à l’ab-sence de
reine;
mais unfacteur trophique,
unéchange
de nourriture entre reine et ouvrières.Nous allons résumer
quelques-unes
de sesexpériences,
en raison de la contribu- tion considérablequ’elles apportent
à notresujet :
G. HESS trouve que les ouvrières de 12 ruches
orphelines
montrent environ 10à30 p. 100 d’Abeilles aux ovaires contenant des oeufs
(ovigères,
dans lestableaux)
au bout d’une semaine. Une
population depuis longtemps orpheline présente
toutes les
transitions, depuis
l’ovaire ne contenant aucun ceuf(ouvrière
d’unepopulation
avecreine), jusqu’à
l’ovaire contenant de nombreux oeufsmûrs,
caractéris-tique
de l’ouvrière d’unepopulation orpheline.
Cette maturation de l’ovaire seproduit
chez des Abeilles
d’âges
très différents. HESS rendorpheline
une ruchetteexpérimentale
et y
introduit,
tous les troisjours,
par groupes de z5à6 0 ,
des Abeillesmarquées d’âges
connus,
qu’elle
a fait éclore en étuve. Les Abeillesprimitives,
c’est-à-dire cellesqui appartiennent
à laruchette,
élèvent sur le couvain restant une « reine de sûreté ».Cette reine est enlevée par
l’expérimentateur
avantqu’elle
ait commencé àpondre.
A ce moment, c’est-à-dire lors de
l’orphelinage définitif,
iln’y
a doncplus
ni reineni couvain : il se trouve dans la ruchette 400 abeilles
marquées.
Lesplus âgées
ont4
0
jours ;
lesplus jeunes
14jours.
Les ouvrières ont alors depetits ovaires,
sansoeuf,
mais des
glandes hypopharyngiennes
biendéveloppées.
25jours après,
27 p. 100 d’Abeilles ont des oeufs dans leurs ovaires et les ouvrières commencent àpondre ;
mais leurs
glandes
ontrégressé.
Au bout de 32jours,
lepourcentage
d’Abeillesovigères
tombe à 13 p. 100 et les
glandes
sont alors très peudéveloppées.
A ce moment lesouvrières
pondeuses
nourrisent 40 larves de mâles. L’auteur pense quel’élevage
ducouvain de mâles
par
les ouvrièrespondeuses
a unerépercussion
sur leurs réserves nutri- tives etenraye le développement
desoeufs
dans leurs ovaires. Aussitôt que les cellules renfermant ces larves sontoperculées,
lepourcentage
d’Abeillesovigères
remonte : ilatteint
4 6
p. 100 au bout du7 q. e jour
del’expérience.
De leurcôté,
lesglandes hypopha- ryngiennes augmentent également
detaille ;
mais leurdéveloppement, comparé
àcelui des
ovaires,
n’est pas siimportant.
La réduction desglandes,
au cours de cetteexpérience,
sembleindiquer
que les ovaires de certaines Abeilles sedéveloppent
aux
dépens
desglandes
des autres Abeilles.De tous ces faits l’auteur conclut que
Lorsqu’elles
sontorplielines,
des Abeillesâgées
d’au moins 14jours (elle
n’a pas examiné les Abeillesplus jeunes),
ont lacapa-
cité dedévelo!!er
leurs ovaires et deformer
desoeufs.
Cettepremière
conclusion vient renforcer celle deP!x!P!r,ova, qui
pense aussi que l’existence des ouvrièrespondeuses
est en corrélation avec l’absence de
jeune
couvain.Cependant
HESS a pu obtenir des ouvrièrespondeuses
en réalisantl’expérience suivante, capitale
à nos yeux : elle introduit deux cadres sanscouvain,
maisgarni
de2 8
0 ouvrières
âgées
de l à 2jours, parmi
unepopulation
nonorpheline,
maisséparés
de celle-ci par deux toiles
métalliques, espacées
de 5 cm, c’est-à-dire suffisamment écartées pourempêcher
leséchanges
de nourriture. Dans chacun descompartiments,
les ouvrières avaient accès à l’extérieur. Les Abeilles
séparées
de lareine, malgré
saproximité,
secomportèrent
enorphelines
et, au bout de troissemaines,
l’auteur trouva, dans lecompartiment
à deuxcadres,
du couvain d’ouvrièrespondeuses
àtous les
stades,
contenant des larves abondamment pourvues degelée,
et 8 p. 100deces ouvrières
orphelines
avaient des ovaires contenant des oeufs. Lesglandes hypo- pharyngiennes
étaientégalement
trèsdéveloppées.
La
population orpheline
finit donc pas devenirbourdonneuse,
bienqu’elle
setrouve dans la même enceinte que la
population
nonorpheline.
Cetteexpérience permet
d’exclure la
présence
d’unfacteur ol f acti f , qui
aurait puagir
dans laruche,
parexemple
une
hypothétique
« odeur » de lareine, qui
inhiberait ledéveloppement
des ovaires chez les ouvrières. Mais elle nepermet
pas de trancher entreplusieurs
autreshypo-
thèses : 1
° Ou bien les ouvrières distribuent à la reine une substance
qu’elles
sécrètentelles-mêmes.
Cette substance est fournie à la reine au fur et à mesure de sa for-mation ;
etlorsque l’échange
de nourriture estimpossible,
il s’ensuit nécessaire-ment une accumulation de cette substance dans le corps des
ouvrières, ayant
pour effet de stimuler leur fonction deponte.
2
° Ou la reine distribue aux ouvrières une substance inhibitrice du
développe-
ment des œufs.
3
°
Ou les deuxphénomènes : ponte
de lareine,
d’unepart,
et inhibition de laponte
chez lesouvrières,
d’autrepart, dépendent
d’unéchange
mutuel de substances et de stimuli entre reine et ouvrières. Les variations dans laproportion
des deuxfacteurs
augmentent
ou inhibent lepotentiel
degénération
de l’ouvrière.4
°
Enfin les stimuli entre ouvrièresparaissent jouer
un rôle excitateur dansl’apparition
des oeufs : eneffet,
HESS isole authermostat,
à33 °C,
60jeunes
ouvrières.Elles
reçoivent,
tout aulong
del’expérience,
une nourriture riche et abondante. Au bout de deuxsemaines,
elle constate que leurs ovaires sont restés trèspetits
etcorrespondent
au stade I. Iln’y
a donc pas, dans ce cas,apparition
d’ouvrières pon- deuses.I,’isolement
a troublé lacapacité
de réaction de l’ouvrière et celle-ci n’a pu accumuler ni assimiler la substance de féconditéqu’elle
distribue normalement à la reine. HESSsouligne
que, dans le cas de l’Abeilleisolée, l’hypothèse
de l’inhibitionprovenant
de la reine est évidemment exclue.Mais,
ce n’est pas ce que nous avons observé(PAIN, ig6o).
Par l’amélioration destechniques
denourrissement,
nous avons forcé l’Abeille à consommerplus
denourriture
pollinique.
Nous avons ainsi réussi à maintenir envie, pendant
untemps
d’observationsuffisant,
des Abeilles isolées ougroupées
pardeux,
partrois,
ouplus.
Les ovaires des Abeilles isolées
peuvent former
desoeufs ;
maisl’apparition du premier
oeuf subit un retard très net, par
rapport
aux ovaires des Abeillesappartenant
à despopulations plus importantes ( 50
ou 100Abeilles). L’influence
du nombre se faitdéjà
sentir àpartir
d’un groupe de deux Abeilles.Dans une
population qui
vaessaimer,
et chezlaquelle
on trouve des ouvrièrespondeuses,
HESS neput
trancher entrel’hypothèse
de la substance inhibitrice pro- duite par lareine, qui
serait distribuée enquantité
insuffisante à la colonie devenuetrop forte,
etl’hypothèse
d’unsurplus
de substance defécondité,
absorbée par cer- tainesouvrières, plus prédisposées
à former des oeufs. Elle neparut
pas concevoir l’idée que les deuxhypothèses pouvaient
être admises à la fois.C. - Travaux de Butler B
UTLER
aborda en I g 54 le
problème
del’orphelinage,
enétudiant,
non pasl’appa-
rition des oeufs dans les ovaires des
ouvrières,
maisl’apparition
des cellulesroyales.
Dans un
premier type d’expériences,
il encage des reinespondeuses,
avec unpetit
nombred’ouvrières,
sur un rayongarni
depollen
et demiel,
de telle sorte que ledegré
de liberté entre une reineet’les ouvrières,
de l’autre côté de la cage,puisse varier, depuis
l’association librejusqu’à
laséparation
laplus complète.
Lesexpériences
sont réalisées sur des colonies de forces
inégales,
les unes contenant deux millecinq
cents
ouvrières,
les autresjusqu’à
huit mille. Au bout de4 8 heures,
la colonie est examinée dupoint
de vue de la formation des cellulesroyales. L’auteur
n’en obtient pas dans le cas où les reines sont fixées à uneplaquette
debois,
ni dans celui où les reines sont enfermées dans une cage construite avec unegrille
àreine ;
mais il en obtientlorsque
la reine estemprisonnée
dans une cage en toilemétallique simple
oudouble
(mailles
de 3mm).
Il conclut que,
lorsque
les ouvrières d’une colonie renfermant 8 00o Abeillesou
plus, peuvent approcher
de leur reine(attachée
ou entourée d’unegrille
àreine)
elles ne construisent pas de cellules
royales.
Si elles nepeuvent
l’atteindre(cagette
en toile
métallique double)
ou si elles n’ont avec ellesqu’un
contact limité(cagette
en
grillage simple),
des cellulesroyales apparaissent.
Dans le cas d’une colonie moins forte( 2 500 ouvrières),
les résultats sontidentiques,
mais dans le cas d’unecagette
àgrillage simple,
le nombre de cellulesroyales
formées estplus petit.
D’autresexpé-
riences
ayant
confirmé cesfaits,
l’auteur pense queplus
le nombre d’Abeilles estélevé, plus grand
est le nombre de cellulesvoyales
construites en l’absence de reine.Il déduit que,
plus
la colonie estforte, plus
la reine doit être accessible auxouvrières,
si l’on veut inhiber lepouvoir
de formation de cellulesroyales.
Ces observations luisuggèrent
que les ouvrières obtiennent normalement de leur reineune substance
particulière,
inhibitrice de la construction de cellulesroyales.
Il pensa d’abord que la «phérormone
I » devait être localiséeprincipalement
sur l’abdomen.Plus
tard,
il reconnutqu’elle
était circonscrite à latête ; puis,
en 1959, avecSrMpso!r,
dans lesglandes
mandibulaires de la reine. Il vérifia que les ouvrièresqui
viennent de lécher une
reine,
redistribuent laphérormone
I aux autres membres de la colonie par la voie deséchanges trophallaxiques
-mais,
pour inhiber la formation de cellulesroyales
dans unepopulation donnée,
il fautqu’elle
soit obtenue enquantité
suffisante.
B UTL E
R
( 1955 ) imagina
undispositif particulier (fig. i), permettant
d’évaluer laquantité
minimum dephérormone
I nécessaire pourempêcher
un nombre donné d’Abeilles de construire des cellulesroyales.
Lapièce
essentielle est constituée parune membrane de
caoutchouc, percée
d’un orifice danslequel
il immobilise une reine.Celle-ci est orientée de telle
façon
que desportions
limitées : ou la tête entière seule,ou la tête
accompagnée
du thorax et despattes,
sontexposées
aux Abeilles du nucléusA,
tandis que desportions :
ou le thorax entier etl’abdomen,
ou seulementl’abdomen,
sont
exposés
en B. Il constate alorsqu’il
n’est pas nécessaire pour les Abeilles d’unecolonie,
de nourrir leur reine ou de se nourrir de ses excréments pour obtenir laphéror-
mone : elle
provient
de toutes lesparties
de son corps ;mais,
pourqu’elle agisse plei-
nement, il faut que les Abeilles aient accès à une certaine surface minimum de son
corps. Plus la colonie d’Abeilles est
petite,
moinsgrande
est la surface minimum nécessaire.Quand
laquantité
de substanceroyale
estinsuffisante,
comme dans lescas de
supersédure
parexemple, (présence
de cellulesroyales
dans les colonies pos- sédantdéjà
unereine),
l’inhibition de laproduction
de cellulesroyales
est moinsnette.
Selon
B UTLER , la !hérormone
est trèsfugace:
les reines n’attirentplus
leurs ouvrièresdeux heures
après
leur mort. Laquantité
de substance que celles-ci obtiennent à ce moment-là n’est que très faiblement inhibitrice de la formation de cellulesroyales (i).
La
poursuite
de ses travaux, ainsi que les résultatspubliés
par nous et d’autres auteurs(DE
GROOTet S.VooG D , z 954 ), l’amenèrent,
en195 6,
à penser que l’inhibition de laproduction
de cellulesroyales,
ainsi que l’inhibition ovarienne desouvrières,
devaientdépendre
de lacirculation,
au sein des membres de lacolonie,
d’une certainequantité de la
même « substanceroyale
».Pour vérifier cette
hypothèse,
ilmélangea
à la nourriturepollinique
dejeunes
ouvrières
orphelines,
le contenu stomacal d’ouvrièresqui
venaient de lécher leur reine. Il constata que ledéveloppement
des oeufs dans ces groupes d’ouvrières étaitplus
faible que dans les groupes de contrôle.A
partir
de 1957, il examina l’efficacité d’extraits royaux(acétoniques,
alcoo-liques)
sur le tractusgénital
des ouvrières et dupoint
de vue de la construction des ébauchesroyales,
selon que cesliqueurs imprègnent
le corps de la reine« extraite o,
lescorps d’ouvrières mortes, ou
qu’ils
sont administrés dans lanourriture,
solide ouliquide.
La
comparaison
despourcentages
d’Abeillesovigères
montre une inhibitionplus
fortequand
des groupes d’ouvrières lèchent le corps d’une reineréimprégnée
de sa
phérormone
quelorsque
des groupesidentiques
consomment la mêmequantité
de
phérormone,
mais administrée dans la nourriture.En ce
qui
concerne l’inhibition de la construction des cellulesroyales,
unapport adéquat
d’extrait dereines,
contenant laphérormone I,
suffit àempêcher
la construc-tion de cellules
royales.
Il n’est pas nécessaire pour cela que ces extraits soient associésau corps d’une reine ou d’une ouvrière morte ou à
quelque
autresupport.
Nous discuterons de la
technique
d’administration de laphérormone,
enanaly-
sant, auchapitre IV,
le mode d’action de la substanceroyale.
( 1
) La phéro1’1lJOne est, au contraire très stable.
Au contraire de BUTLER, nous avons particulièrement étudié l’influence des reines mortes, et montré
qu’elles ne présentent pas toutes le même pouvoir d’attraction. L’opinion de I3LTC!R doit s’appuyer sur quel-
ques reines qui justement ne possédaient pas de phérormone au moment de leur mrort, ou n’en possédaient guère.
D. - Travaux de
Voogd
Les travaux de VooGD sont
postérieurs
à ceux de BUTLER et aux nôtres. Elle refit(VOOGD,
1955,195 6)
certainesexpériences
de BUTLER concernant l’efficacité d’extraitsacétoniques
etalcooliques
dereines,
sur l’inhibition dudéveloppement
desoeufs dans les ovaires des ouvrières.
Après
introduction de cadavres d’ouvrièresimprégnés
d’extraits de reines dans descagettes
contenant 50abeilles,
elle remarquaqu’un
certain nombre seulement d’Abeilles léchaient les corps des ouvrières. Lepourcentage d’ovigères
était moindre que celui des ouvrièresqui
ne s’étaient paspréoccupées
des cadavres.Dans cette
expérience
iln’y
a pas euapparemment
transmission de la substanceroyale
d’une Abeille àl’autre,
sinon les ovaires de toutes les ouvrières auraient été dans le même état. Ces résultats semblent en contradiction avec ceux deB UTLER , qui
ne croit pas nécessaire le contact directouvrières-reine,
lepartage
de la substanceroyale
s’effectuant entre les membres cie la coiomequi possèdent
laphérormone
etceux
qui
ne lapossèdent
pas. Mais VooGD( 1950 ) critique
vivementl’expérience
deB
UTLER
, qui
consiste à introduireplusieurs
fois de suite des groupes d’ouvrières venant de lécher unereine,
au sein d’unepetite
colonieorpheline.
Nous pensons,comme
elle,
que l’introductionrépétée
d’ouvrièresdérange profondément
la colonieréceptrice, qui
ne se trouvePlus
dans des conditionsnovmales,
d’oùpeut-être
l’inhi-bition de la construction de cellules
royales.
Le transfert de la substance n’est pasdémontré,
d’autant moins que BUTLER( 1954 )
n’a pas réservé detémoins,
en intro- duisant parexemple
des ouvrièresn’ayant pas
léché la reine.VooGD
( 195 6)
discute le mode dep y ésentation de La Phérormone,
selonqu’elle imprègne
le corps d’une ouvrière morte ouqu’elle
estincorporée
à la nourriture des ouvrières.L’auteur
conclut à l’effet inhibiteur de l’extrait de reine seulementlorsque
la
phérormone
estprélevée
parléchage
sur le corps d’une ouvrière et non dans l’autrecas. Or BUTLER admet au contraire l’efficacité de la
phérormone, mélangée
à la nourri-ture,
pour inhiberl’ovogénèse
et la construction des cellulesroyales.
Mais lesexpé-
riences de BUTLERsont en réalité de deux sortes : en
effet,
s’il estvrai,
comme cetauteur et nous-même l’avions
pensé,
au début de cesrecherches,
que les deux méca- nismes d’inhibition(ovaires
et cellulesroyales) puissent
être déclenchés par la ou les «substances royales
», ils ne mettent sans doute pas enjeu
les mêmes processusphysiologiques
chez les ouvrières et demandent aussi des doses différentes dephéror-
mone. De
plus,
dansl’expérience
de VooGD, 1959 et dans celle de BUTLER(i957),
les extraits sont
incorporés
à une nourriture solide. Dansl’expérience
de BUTLER etGiBBONS
( 195 8)
les extraits sontmélangés
à une nourritureliquide,
différencequi
nous
apparaît plus importante qu’à
ces auteurs.Conclusion
Pour tirer une brève conclusion de ces données
bibliographiques,
dont certainesont dû être
présentées
defaçon détaillée,
on remarque avecquelle rapidité,
àpartir
de 1954, les
expériences
et les résultats se succèdent. On n’avaitjamais
pu prouverjusque là,
d’unefaçon
aussinette,
chez les insectessociaux,
que des extraits de reinespouvaient
êtreresponsables
de l’inhibition d’autressexués,
soit parempêchement
dudéveloppement
des oeufs dans leursovaires,
soit par inhibition de la construction deloges royales
contenant des individus sexués deremplacement.
Devant un
champ
silarge d’expérimentation,
BUTLERet nous-même fîmesporter
d’abord nos efforts sur la recherche de lalocalisation, puis
de lapurification chimique
de la
phérormone.
Pour cette
recherche,
nous avons utilisé trois méthodesdifférentes,
que nous allons exposer dans lechapitre
suivant.CHAPITRE II
MATÉRIEL ET MÉTHODE DE TRAVAIL
A. - Le matériel
expérimental
Les
expériences
relatives à l’étude dupouvoir
attractif desreines,
comme cellesqui
serapportent
à leurpouvoir
inhibiteur del’ovogénèse
desouvrières,
ont été conduites enprésence
d’Abeilles adultesjeunes, d’âge
connu. Elles nécessitent doncl’apport
d’un couvain naissantabondant,
enparfait
état de santé etpouvant
suppor- ter unecaptivité
à l’étuve deplusieurs jours
ou deplusieurs
semaines. C’estpourquoi
nous insistons sur la méthode d’obtention de ce matériel.
(Nous
traitons àpart
lesexpériences
serapportant
à l’étude de l’inhibition de la construction des cellulesroyales,
parcequ’elles
demandent des ouvrières adultesd’âge plus avancé,
et que, d’autrepart,
le matérielexpérimental
utilisé est diffé-rent).
Les
jeunes
Abeillesproviennent
donc de cadres de couvainoperculé, prélevés
au rucher dans des colonies réservées à cet usage. A
part quelques
essais effectués surdes colonies de race
noire,
les races caucasiennes et italiennes étaient leplus
communé-ment mises à contribution. On
peut
nous fairegrief
de n’avoir pastoujours
travaillésur des colonies de même race ;
mais,
même dans ce cas, le chercheur n’est pas à l’abri des variations individuelles. Ainsi de GROOT( I g 5 o),
étudiant lepoids
sec et la teneuren azote d’Abeilles
naissantes,
sur un mêmecadre,
en provenance d’une mêmeruche,
a trouvé que les chiffres variaient d’une cellule à l’autre : les
individus,
dès lepremier jour
de leurexistence,
sontdéjà
trèshétérogènes
et celaexpliquerait peut-être
pour-quoi
certainesAbeilles,
au sein d’un groupe, ont des ovaires contenant moins d’oeufs que d’autres.Pour les
expériences
exécutées durant lapériode d’hivernage,
le couvain prove- nait de colonies réactivées parchauffage
et suralimentées enpollen.
1
0 RECHERCHE DU COUVAIN NAISSANT.
Le couvain doit être
prélevé
trèsmûr,
c’est-à-dire sur lepoint d’éclore,
cequi
se reconnaît facilement à ce que les
opercules
des cellules foncent et s’amincissent.A ce moment, on vérifie le
degré
dematurité,
endésoperculant
au hasardquelques cellules,
à l’aide depinces souples.
Le cadre est bon àprendre lorsque
la tête et lesantennes de l’ouvrière
apparaissent
noirâtres et s’animent de mouvements caracté-ristiques (photos
Iet2 ).
Les cadres de couvainoperculé, transportés trop
tôt àl’étuve,
ne sont pas dans des conditions
optima
dedéveloppement
et ils éclosentplus
tardi-vement. Les ouvrières de ces cadres
paraissent
aussi moinsvigoureuses
et viventmoins
longtemps encagées.
Les cadres de
couvain,
une foischoisis,
sont alorstransportés
du rucherjusqu’au laboratoire,
dans des boîtes à deuxcadres,
munies decouvercle,
construites en isorel dur de 33cm dehauteur,
45cm delongueur
et 8 cm delargeur intérieure, préalable-
ment maintenues à
35 °C ;
car il est trèsimportant
de ne pas refroidir le couvain au cours dutransport.
Une fois au
laboratoire,
les cadres de couvain dans leur étui sont immédiatemententreposés
à33°C.
2° RÉPARTITION DES ÉCI,OSIONS.
Les Abeilles naissantes sont
encagées
parpetits
groupes, toutes lesvingt-quatre
heures. A. MAURIZIO
( 1954 ) opère
de la mêmefaçon.
De GROOT( 1953 )
les encage au fur et à mesure desnaissances,
c’est-à-dire toutes les huitheures ;
mais il pensequ’il
eût été
préférable
derépartir également
parcagettes
les Abeilles dechaque période d’éclosion,
pour éviter l’influence des variations individuelles. Nous avons choisi unepériode
d’éclosionplus longue.
De cettefaçon
les individus’plus
nombreux serépartissent plus
facilement et d’une manièreplus homogène
dans lescagettes.
Ona ainsi
plus
de chance de réduire les variations dues au hasard.Il nous est arrivé
quelquefois,
parpénurie
de couvain enhiver, d’encager
desAbeilles
âgées
d’un à troisjours.
Au début des recherches concernant les
problèmes
de l’inhibition de la formation des oeufs dans les ovaires del’ouvrière,
les Abeilles naissantes étaientréparties
dansles
cagettes expérimentales
par groupes de 30 à 35. Elles étaientpréalablement
endor-mies en
quelques secondes,
au gazcarbonique.
Nous avons presque aussitôt abandonné cetteméthode, qui risquait
de troubler le métabolisme de l’ouvrière. RIBBANDS(i949)!
anesthésiant
pendant quelques
minutes au gazcarbonique
ou à l’azote des butineuses depollen,
constataqu’à
leur réveil elles récoltaient du nectar. Il supposa que l’admi- nistration de gazcarbonique provoquait
une accumulation de métabolites acides dans le sang del’Abeille,
dont il résultait un vieillissement artificiel.(Les
butineuses depollen
sont considérées comme des Abeillesplus jeunes)
H. GONTARSKI( 1950 )
établitque les Abeilles oublient la
position
de leur rucheaprès
anesthésie au gazhilarant ;
mais RIBBArIDS le conteste. F’yG( 1950 ),
soumettant,quinze
minutes parjour, pendant cinq, trois,
ou unjour,
des Abeillesprélevées
à une ruchenormale,
dansune
atmosphère
de gazcarbonique,
constata que lesovaires,
ainsi que lesglandes hypo- pharyngiennes
et les réservesadipeuses,
restaientrudimentaires,
bien que dupollen
se trouvât à leur
disposition
dans lescagettes.
Donc,
par lasuite,
nous avons évitél’anesthésie ;
les ouvrières étaient saisies à l’aide depinces souples
et introduites directement dans lescagettes,
par groupes de 50à 55
Abeilles,
pour lesexpériences portant
sur l’inhibitionovarienne,
et par groupes de 40 pour lesexpériences
relatives aupouvoir
d’attraction.Dans la mesure du
possible,
nous avonstoujours
utilisé des Abeilles de début et de milieud’éclosion, jamais
de find’éclosion,
parce que les Abeilles dernières nées sonten
général plus fragiles,
etquelques-unes
mêmepetites
et malformées.Les
cagettes,
une foispeuplées,
sont maintenues dans une étuve à33 °C.
A destempératures supérieures,
on observe uneagitation
intense et uneaugmentation
dela mortalité. Les