L'éperon barré Chalcolithique du Rocher du Causse

L'éperon barré Chalcolithique du Rocher du Causse

Bilan des recherches 1986-1989

Jean-Claude Roux*

et Gilles Escallon**

Abstrset

Theparticu/arsituation oftheperchedoccupancy oftheRocher du Causse attheendofanockyspurg;vesthisdiggingaspecifie charactetinEastLanguedoc.A defessiveor observation siteasweBaspossiblybeingastoragesheller,ifintegrales perlectly the cultural facturesof Fontbouissewith ilsarchitectureandils œramicfindings.Abandonned during atire,ilwasreoccupied saonafteral the early oId moyen Bronze Age.TheRocherduGausseinnowadaysone of therare Languedoc sitestoon«instratigraphyteve«ofoccupancydating backto the earlyald BronzeAge fitted on Chalcolithic levels ofoccupancy'and destruction.Soil brings aboutinteresting tacts on theway chalcoJithic occupancy canbe carried on iR/a the eartyoId-moyen Bronze Age.

Résumé

Laposition particulière deJ'habitatperché duRocherdu Causseàl'extrémité d'unéperon rocheuxconfereàcegisementun caractère originalen Languedocoriental.Sitedéfensif oud'observation toutenporNantêtre lieuderefuge-grenier,ils'intègreparfaitement parson architectureetsonmobiliercéramiqueaufaciès cultureldeFontOOuisse.Abandonnéaucours d'unincendie,nestréoccupépeude temps

apresau BronzeAncien.Le RocherduCausse est actueDement un des rares sites languedociensàprésenteren stratigraphiedesniveaux d'occupationduBronzeAncierrmoyenbien enplace surdesniveauxd'occupation etde destruction chalcolithiques.'apporte ainsides données intéressantessurlamaniére dontoeuf se rl'occupation d'un habitatchaJcoIithique auBronze Ancien-moyen.

1- Présentation

Situéà30km au nord de Montpellier(communede Claret,Hérault), le sitedu Rocher duCausse occupela partie sommitale d'un petit plateau triangulaire qui se rattache aucausse del'Hortusparun dénivelérégulier.

L'extrémité de ce plateau se présente sous la forme d'un éperon rocheux délimité sur deux côtés par des bords de falaise abruptes. C'est au milieu de cetle avancée quese situe l'habitat préhistoriquechalcolithi- que et plus récemment une cabane et unmur de clô- ture du 1" Age du Fer (Roux, 1989).

Depuis quatre années la Circonscription desAnti- quitésduLang uedoc-Roussillonyeffectuedes fouilles intensives,financéesintégralement parleConseilGéné- rai del'Hérault. Une politique de restaurationetde mise envaleur du gisement estmenée conjointementafinde présenterle siteaupublic.Lesrecherches ont essentiel- lement portésurla moitiésud-ouest dugisementet ont permisde metl reenévidenceun habitatstructuré chal- colithique fort original qui a été ensuite réoccupé au Bronze Ancien.

Il - Les structures d'habitat au Chalcolithique et au Bronze ancien-moyen

Construiten pierressèches, l'habitat préhistorique s'organisesous la forme d'unalignement decabanesà abside, indépendantes les unes des autres, édifiées perpendiculairement à la pentedela colline.Elles sont ftanquéesenaval destructurescirculairessoit,indépen- dantes, soit contiguësaux cabanes.Entre lescabanes desmurs de clôture relient les structuresentre elleset interdisent le passage vers l'intérieurdu village(fig.1).

D'une longueur de53 m cetensembles'interrompt de partet d'autreà 6-8m des bords defalaise.Ildélimite un enclos triangulaire d'une superficie d'environ 1000 m' dans lequel s'organisait la vie de la commu- nauté. L'acc ès à l'intérieurde l'enclos s'effectuait par lesouvertures latérales pourles passages les plus im- portants (troupeau7) tandis qu'une ouverture en "chi- cane" de 1,10m de large et aménagée au milieu de l'habitat facilitait les aller et retour courants.

L'habtlat préhistoriquedu Rocher duCaussecom- prend deux phases d'occupation bien distinctes. La

• Circonscription desAntiquitésdu Languedoc-Roussillon, B.P.2051,34026 Montpellier Cedex1.

...14. rueJoncasse. 34670Saint·Brès.

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Figure1- Situation topographique de l'habitatchalcolithique duRo- cher du Causseàextrémitédel'éperon rocheux(état desvestiges en 1990).

première occupation (phase 1), à laquelle appartient l'archltecturedécrite ci-dessus,a livré un niveaud'occu- pation homogéne et bien conservé.Ce niveau contient un mobilier archéologique abondant bien en place à l'intérieurdes cabanes dont le matériel céramique est caractéristique de la culture de Fontbouisse.Cet1e oc- cupation a été interrompue brutalement par l'incendie des toitures des cabanesàabside,ce qui a occasionné un abandon précipitè de l'habitat. Des restes dechar- pente calcinées ainsi que les dallet1es maintenant la couverture de chaume recouvrent le sol dans l'axe lon- gitudinal, le long des murs et les absides de la cabane- 3-6.

Laréoccupation du site (phase 2) s'effectue dans un laps de temps tréscourt qui,actuellement,ne peut être évaluéeprécisément.Cependant l'organisationre- lationnelle de la stratigraphie entre les deux phases d'occupation nous inciteà interpréterla phase d'aban- don du village comme relativementrestreinte (absence de niveau de"sédimentation-destruction",non boulever- sement dessols et des niveaux de destruction chalcoli- thiques, réaménagement direct sur les niveaux an- ciens). Durant la seconde phase seules les cabanesà abside sont rèinvesties.Après une remise en état des toitures l'intérieurdes cabanes est réaménagé: pour l'une d'elles l'espace interneest diviséen deux pièces de surface inègale par un mur de refend muni d'une ouverture latérale,pour uneautre,unecavitéancienne- ment aménagée dans le rocher est recouverte de dallet- tes.Au cours de cet1e phase lesstructures circulaires ne sont plus utilisées et certaines ont leur porte condamnées. Cet1e occupation a livrè des cèramiques du Bronze Ancien à décors épicampaniformes. Ce ni- veau a aussi livré de nombreuses graines et la base d'un poteau carbonisés quiont été analysés au Carbo- ne 14.Les résultats obtenusnous donnent un terminus post quem du Bronze Ancien-Moyen. (Poteau: Ly.

5392: 3570 ± 60 B.P. soit - 2112 à -1764 av. J.-C: Graines: Ly.5393:3710 ± 55 B.P.soit-2292à-1978 av. J.-C. sur la table de Pearson).

Le site du Rocherdu Causseprésente uneforme d'habitatd'un type inèdit dans la région. Bien qu'origi- nal,celui-cis'intègre parfaitement dans le mode archi- tecturai du faciès fontbuxien.Les cabanes àabside,ici indépendantes les unes des autres, trouvent de nom- breusescomparaisons dans les sites dela même épo- que de l'Hèrault oriental. D'autre part la présence de

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Figure 2 -Rocherdu Causse.Vaseà panserenfléedetype fontbouisse.

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Figure3 - RocherduCausse.Céramiques detypefontbouisse.N°1:vaseà carènebasse ;n°2à5 : vaseà panse renflée;n°6 et 9:bols cylindriques; n°7: bolsphérique; n°8:vaseà carène médiane.

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structures circulairesn'estpas exceptionnelle,même si cette form e d'architecture n'est actuellement connue que sur quatre habitats ceinturéspar unmurdeclôture ponctué de structuresronde (la lailladette etCampmau sur le causse de l'Hortus, Boussargu es et le Lébous) (Gutherz, Jallot, 1989).

Parfois situées sur une hauteur ou

à

l'extrémité d'un plateau (Boussargues: Balbure, et al., 1986) les stations fontbuxiennes du Languedoc oriental présen- tent ungroup ement compact de cabanes.Dans le cas delastationdu Rocher duCausse l'habitat estaligné et délimite un enclos à l'extrém ité d'un épe ron. Ilcorres- pondd'avantage aux stations provenç ales du Néolithi- que final des Lauzières à Lourm arin dans le Vaucluse (D'Anna,et al., 1989),de la Citad elle à Vauvenargues (D'Anna,1981 )et de MiouvinIII àIstres(Camps-Fabrer, D'Anna, 1981) dans les Bouche s-du-Rhône, qui sont dessites perchés sur lesquelsun espace est limitépar un mur d'enceinte en bord de falaise.CommeleRocher du Causse, les deux extrémités de ces murs n'attei- gnent pas les bord s de falaise ets'arrêtent àquelqu es mètres de ceux-ci. Cependant la différence entre ces sites et le Roc herdu Causse réside dans le faitqu'en Provence "enclos est fermé par unmur etles cabanes sontconstruites de partet d'autre,tandisqu'auRocher du Causse celui-ci est délimrté par un alignement de cabanes à abside et leurs structures circ ulaires, ces derniéres étant disposées en ceinture extérieure (fig.1).

Le RocherduCausse est actuellem ent un desra- res sitesàprésenteren stratigraphieun niveaud'occu- pation du BronzeAncien-moyen bien en place sur des niveauxchalcolithiques.Ilapporte par celadesdonnées intéressantessur la manière dont peut se prolonge rl'oc- cupation d'un habitat chalcolithique au Bron ze Ancien- moyen.DanslecasduRocherduCausse,celui-ci aété réoccupé après un courtaband on.Au cours de cette seconde période seulesles cabanesàabside sont utili- sées tandis que les structures circulaires sont totale- mentdélaissées. L'espace internedesmaisons est réa- ménagé (mur de refend, dallage) pour mieux être adapterau mode de vie des nouveaux occup ants dont les exigences semblent différentes de leurs prédéces- seurs.

La position particuliére du Rocher du Causse à l'extrémité d'un éperon rocheu x dom inant à ^{la fois le} causse de l'Hortusetla plainelui contère-teüe unstatut de siterefuge-grenier toutenpouvantêtre un lieu défen- sif ou d'observation? Sa continuité au Bronze Ancien- moyen marquebiensapositionstratégiqu emaisilsem- blerait que sa vocation première n'ait pas perduré.

III - Le mobili er céramiq ue

111-1 - La céra mique chalcolithique

L'étude du mobilier céramique du Rocher du Causse ne concerne pour l'instant que lemobilier re- cueillidans la cabane à abside 3·6.La découverte de nombreux récipients abandonnés après l'ince ndie et écrasés surplace est une desdonnéesles plusimpor- tantes du site. Ainsi aprés un long travail de tri et de reconstitution une soixantaine de récipients de toutes taillesontétéisolés.Ladescriptionquisuits'appuiesur le travailtypologique de J.CoularouetX.Gutherzpour le site de Boussargues (Coularou,Gutherz.1990) dont le gisementest en bien des points comparable au Ro- cher du Causse.Cinq formes principales de vase ont été déterminées.

La forme la plus fréquente est le vase à panse renflée (fig.2 et fig.3, n°2 à 5) dont la dimension est

trésvariable(du bolàla grandejarrede stockage).Les plusvolumineux sont généralement décorésde canne- lures parallèlesverticales et horizontales disp osées en métopes. Les récipients moyens ou petits présentent desdéccrsvariésoriginaux(pastillage, impressions, ln- cisions) ou pas de décor du tout.

Viennent ensuite en nombredécroissantlesvases sphéroïdaux (fig.3, n°7) le plus souvent de petit vo- lume etornés de cannelurespeuprofondes ou simple- ment lissés.

Les vasesàcarène médiane(fig.3,n°8) sonteux aussi de petite tailleet décoréssoit de cannelures soit simplement de deuxcordonspartant de partetd'autre de la préhension pourrejoindrele bord.La caréne est toujours bien marquée au contraire des vases de vo- lumemoyenàcarènebasseoùcelle-ciesttrès adoucie (fig.3, nO1).

Lesvases cylindriques bas (fig.3, nO6 et 9) sont des bols à peu prés de même volume que les petits vases à panse renflée; comme eux ilsposséd ent des déccrs originaux par l'association des motifs.

Les vases en calotte de sphère sont représentés par deuxpetitsrécipients etunvase de volumemo yen ; ces céramiques ne portent aucun décor.

D'autrestypes de formesdécritesdans l'étude cé- ramique de Boussargues sont ici rares ou totalement absentes. Ils'aqit en particulier de vases cylindriques hauts cernés de cordons parallélesetdestinés au sto- ckage que nous ne retrouvons pas sur le site. Par contre au Roch er du Causse les vases de stockage sontreprésentés pardegrandes jarresà ^{panserenflée} et

à

col droit décorés de cordonsetparfoisd'incisions et de cannelures. Les vases ovoïdes bien connus à Boussargu es ne sont représentés icique par un petit boltandis que les vases à caréne haute et les vases tulipiformes sont totalement absents.

Diverses caractéristiques sur les céramiqueschal- colithiques duRocher duCaussesontainsiobservées:

- le pourcentageélevé de vases décorés etla va- riétédes décorstantdu point devue de leur organisa- tion que de la techniq ue mise en œuvre.

- la faible représentation desgrandesjarres cylin- driquesàcordonseten généraldesréc ipientsdécorés uniquement de cordonscomme ilest fréquent de ren- contrer sur certains sites environnants ainsi que dans d'autres faciés (Causses).

- lenombreélevédevaseàpanse renflée demo- dulesdivers (du bol

à

la grande jarre)avec uneprédo- minance de volume moyen.

La présence de boulesd'argile cuites par l'incen- die couvertes d'empreintes digitales etprésentant une pâtecéramique identiqueàlaplupart des vasesrecueil- lisdanslacabane3·6 sembleindiquerqu'unepartie du mobilier céramique ait été fabriquée sur place.

111-2 - La céramique du Bronze Ancien

Elle esttrésfragmentéeetdispersée dans l'ensem- bledes cabanesàabsides; elleesttotalementabsente dans les structuresrondes.Lesobservationsque nous pouvons effectuersontpourl'instant d'ordre trésgéné- raI.

Les deux formes actuellementconnues au Rocher duCausse sont une sorte d'urneà panse renfléepos- sédant uncordon sous le bord et orné d'un abondant décoraupeignecomposédebandeshorizontaleset de chevrons (fig. 4,n°1) etunpetit bol aucol légèrement

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FigLre4 . Rocher duCausse.CéramiquesduBronze Ancienàde- corsépicempanitorrnes.N°1:urneàpanserenflée:n°2:bol;n°3: anseenruban.

convergent orné de bandes remplies par uncroisillon obliqueetsoulignéparunesuitedepetites impressions circulaires(fig. 4,nO2).Unexemplaire pratiquementsi- milaireestconnu dansl'Héraultdansla grolleToumiéà Pardailhan(Ambert, 1973).LeRocher du Causse livre aussides fragments d'anses en ruban décorés (fig.3, n°3) et la base d'un vase à fond plat.

Lesformesnondécoréesprésententdenombreu- sesansesen rubanse rattachant

à

la lévre et des anses en boudinde section ronde ou ovale. Au niveau des bords on observe souvent la présence d'un cordon aplati et régulier sous la lèvre,

En généralle dégraissant de ces céramiquesest beaucoupplusfinquecelui des céramiques chalcolithi- queset une coloration uniformemarqueprobablement un changement dans le mode de cuisson.

Au RocherduCausse l'attributiondecescérami- ques à l'âge du Bronze Ancien est déterminée par la présence de décorsassociésau campaniforme tardit (épicampaniforme) etaustyle barbelébien connudans plusieurs sites de Provence (Camp de Laure à Rove danslesBouches-du-Rhône) (Courtin,1975)etduLan- guedoc (Triple Levée

à

Beaucaire dans le Gard).

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129.