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Submitted on 1 Jan 1914
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Interprétation mécanique de la loi de gravitation
A. Séligmann-Lui
To cite this version:
A. Séligmann-Lui. Interprétation mécanique de la loi de gravitation. J. Phys. Theor. Appl., 1914, 4
(1), pp.562-571. �10.1051/jphystap:019140040056200�. �jpa-00241924�
INTERPRÉTATION MÉCANIQUE DE LA LOI DE GRAVITATION;
Par M. A. SÉLIGMANN-LUI.
1.
-REPRÉSENTATION DE L’ÉNERGIE DE GRAVITÉ PAR UNE INTÉGRALE.
1° Problème de la gravitation.
-La loi de Newton exprime-t-elle
une propriété primordiale, irréductible, de la matière, ou peut-elle
se ramener à des principes plus généraux? La formule de l’attraction, malgré sa simplicité, renferme un coefficient, la masse, emprunté à
un phénomène d’un autre ordre. La masse est le coefficient spéci- fique de chaque corps, dans la relation entre la force appliquée au
corps et l’accélération correspondante. Or on retrouve ce coefficient dans un phénomène tout différent, l’attraction exercée par un corps
sur tous les autres. Il est impossible d’attribuer cette coïncidence au
hasard; elle est l’indice d’un lien caché entre les deux phénomènes,
attraction et accélération . Il faut donc renoncer à voir, dans la gravité,
une action élémentaire, s’exerçant à toute distance ; on est oonduit à
en chercher l’explication par l’action des milieux interposés entre les
,
corps. On doit supposer qu’il s’agit de très faibles modifications des milieux interposés; car la simplicité de la loi de gravitation ne peut
résulter que de formules élémentaires simples ; et l’on imagine diffi-
cilement que les déformations d’un milieu puissent être représentées
par des formules simples, à moins que la petitesse des variations ne
permette de réduire les fonctions aux premiers termes de leur déve- loppement en série.
21 Conditions générales d’équilibre des systèmes en mouvement per- mccnent. - Pour l’interprétation de la loi de Newton, nous serons guidés par les résultats précédemment obtenus pour une loi de forme analogue, la loi de Coulomb. Nous renvoyons à une précédente
étude sur les
«Bases d’une théorie mécanique de l’électricité (1) », et
nous aurons à utiliser quelques propositions énoncées dans cette
étude. Rappelons les hypothèses qui continueront à servir de base à notre théorie.
-(1) Bases d’une théorie M6 eorze ?7zecMMe mécanique e de l’électricité eczce(4 (Annales c des Mines, mai et mai et juin ~1906, et tirage à part chez Dunod et Pinat); article résumé au de Physique, août 1906.
Les développements et démonstrations qui n’ont pu trouver place au présent
article seront publiés dans les Annales des Mines.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:019140040056200
563 On supposera les corps constitués par des points matériels en
mouvement permanent, sans dimensions, doués de masses, exerçant
entre eux, à petite distance, des attractions de loi inconnue. Cette
hypothèse ne fait aucune distinction entre matière et éther; si nous
sommes amenés, par la suite, à admettre l’existence d’un éther dis- tinct de ] a matière pesante, nous n’y verrons cependant qu’un assem- blage de points matériels pouvant se distinguer par leur masse ou par la force qu’ils exercent sur les points voisins.
Nous nous appuierons sur un postulat précédemment formulé pour
interpréter le second principe de la thermodynamique (1) :
..POSTULAT.
-Soit un système en mouvement permanent. Si tétat
d’e’quilibre vient à cesser par suite d’une modification infiniment petite, le système à prendre un état d’équilibre nouveau. Ce déplacement se fera dans le sens des forces agissantes, quiproduiront
un travail positif, de sorte que cinétique du système ira tou- jours en croissant.
De ce postulat on déduit les conditions générales d’équilibre d’un système en mouvement permanent. Soit U l’énergie totale, V l’éner- gie cinétique, P l’énergie potentielle d’un corps. La condition d’équi-
libre de température, dans un corps à température uniforme T, s’exprime par la condition :
où dU et dV sont les variations virtuelles de U et V pour chaque par- ticule du corps, M un coefficient positif indépendant de la nature du
corps. La condition générale d’équilibre est :
Cette condition se réduit à E (dU)
=0 dans le cas particulier où
les variations virtuelles considérées ne modifient pas l’énergie ciné- tique ; et réciproquement, quand on constate un état d’équilibre indé- pendant de la température, on peut en conclure que le phénomène
considéré ne fait pas varier l’énergie cinétique du système. Dans ce
cas, l’énergie potentielle du système étant seule variable, l’équilibre
stable sera obtenu quand l’énergie totale sera minima; sans quoi
(1) Annales des Mines, août 1902 : Note sur une interprétation mécanique des
principes de la ihe>.Jnodynatnique.
l’énergie, rendue disponible par une diminution d’énergie potentielle, permettrait toute transformation donnant un accroissement d’énergie cinétique et conduisant à un nouvel état plus stable.
3° Condition de minimum pour la stccbilité de l’équilibre.
-Tel
est le cas pour le phénomène de la gravité. Dans un système de corps soumis aux attractions de la gravité et à des forces résistantes, l’état d’équilibre est indépendant de la température. L’énergie due à la gravité est donc exclusivement potentielle, et l’état stable doit cor-
respondre à un minimum d’énergie. Dans un système de corps pe- sants, de masses
...,m2’
...,1 M/"
...,ml,
...,situés à des distances rn r2, r3,
...,rk, rl,
...,la valeur de l’énergie est connue, à une cons- tante d’intégration près ; elle est exprimée par la formule :
Pour interpréter le phénomène de la gravitation, il nous faut cher-
cher comment la déformation des milieux interposés entre les corps
pesants, donne au système une énergie additionnelle, représentée, à
une constante près, par :
Il est évident que ce problème admet une infinité de solutions, selon
les hypothèses qu’on pourra varier arbitrairement. Mais toutes ces solutions ne seront pas également satisfaisantes; il est nécessaire
que le résultat obtenu représente un minimum parmi toutes les
valeurs possibles. En d’autres ternies, le système doit être soumis à
certaines liaisons, déterminant incomplètement la valeur de l’énergie;
la détermination complète sera donnée par la condition de stabilité,
c’est-à-dire par la condition du minimum d’énergie.
L’interprétation mécanique de la gravité doit donc consister à
chercher des conditions de liaison telles que le minimum d’énergie compatible avec ces liaisons soit représenté par la formule ex_péri-
mentale
,.
Si telle est la valeur de l’énergie, les forces d’attraction s’en dédui-
.
ront par l’application du principe du travail virtuel; on retombera
sur la loi de Newton.
565 4° Fornle de l’énergie e’le’naentaire.
-Cette formule de l’énergie
doit être la valeur d’une intégrale; car, dans l’hypothèse de la défor-
mation des milieux, l’énergie totale doit être la somme d’énergies
élémentaires ayant leur siège dans chaque particule du milieu inter-
posé entre les corps pesants. Si est l’énergie d’un élément de volume dT, on aura, à une constante près :
Cette valeur n’étant pas altérée par la présence de corps voisins,
il paraît certain que l’intégrale doit être étendue à tout l’espace.
E doit être une fonction homogène des coordonnées, du degré - 4,
où entreront symétriquement les distances rk, rl, du point de l’espace
aux points de masse mk, MI; ce sera une somme de termes de la forme Mk Mi Y (rk, rl) .
Cette forme présente une analogie évidente avec les termes des
doubles produits, dans le développement du carré d’une somme
1 [mAl (rk)J. Nous admettrons donc que la fonction E est de la forme KA2, ou K (A 2+ B2 + C2).
Les fonctions A, B, C doivent être linéaires en m, et du degré
- 2 par rapport aux coordonnées; de sorte que A peut représenter
une quantité ou bien A, B, C peuvent représenter les
,r
projections d’un vecteur :
5° Coefficient négatif du terme carré, dans la forxùile de l’énergie.
-
Terme linéaire dans le développement.
--Les mêmes conclusions
s’étaient présentées en électricité ; mais nous touchons ici à la diffé-
rence capitale entre les données expérimentales de l’électrostatique
et de la gravité; l’énergie électrostatique, comme l’énergie de gra-
vité, est représentée par K mm ; mais, en électricité, le coeffi-
r
cient K est positif, tandis qu’il est négatif pour la gravité, et il en
résulte des conclusions toutes différentes pour la forme de la fonc- tion représentant l’énergie élémentaire.
Un terme carré, avec coefficient positif, est le premier terme da
développement d’une fonction voisine d’un minimum, qu’elle atteint
pour la valeur zéro de la variable. Au contraire, si le premier terme
du développement était un carré avec coefficient négatif, la valeur
zéro de la variable correspondrait à un maximum. Or il est indis- pensable d’admettre que les variables A, B, C sont voisines de zéro
pour que le développement en série puisse être limité aux premiers
termes; il faut qu’on reste au voisinage d’un minimum pour la sta- bilité.
Le terme carré, avec coefficient négatif, ne peut donc pas être le
premier terme du développement de E ; il faut admettre qu’il existe
un terme linéaire, essentiellement positif. Dans l’intégrale f EdT,
étendue à tout l’espace, ce terrne linéaire de la forme S ]
donnera une intégrale S dont la valeur sera indépen-
dante de la position relative des masses mf~’’, ml ; elle ne variera pas
quand les masses se déplaceront. Or nous ne mesurons l’énergie de gravité que par ses variations, dans le déplacement relatif des points pesants; s le terme linéaire n’apparaîtra donc pas dans la formule
expérimentale de la gravité. Cependant il sera prépondérant dans la
valeur de l’énergie, puisqu’on doit supposer les fonctions A, B, C
très petites. Dans la recherche du minimum de stabilité, on pourra
négliger le terme carré de E, et réduire E à son terme linéaire, pour former l’intégralef EdT, à rendre minima.
6° L’énergie élémentaire dépend d’une quantité scalaire, et l’équa-
tion de condition ne peut renfermer qu’un vecteur.
-La forme li-
néaire de cette intégrale minima exclut la possibilité de représenter
E en fonction d’un vecteur (A, B, C); car ce vecteur changerait de signe avec le sens, et l’intégrale serait nulle. Il faut donc que l’éner-
gie élémentaire dépende d’une quantité scalaire A, et se présente
sous la forme :
L’énergie totale est :
L’intégrale f /zAdT devra être essentiellement positive, et sa va-
567 leur minima déterminera l’état d’équilibre du système. Cet état se
trouvant ainsi déterminé, on devra pouvoir identifier l’intégrale
A étant une quantité scalaire, linéaire en m, du degré - 2 en r, ne
peut avoir qu’une seule forme :
Le problème se ramène donc à chercher des conditions de liaison telles que cette dernière valeur représente le premier terme du dé- veloppement de l’énergie élémentaire, et que l’intégrale f Ad. soit
un minimum parmi toutes celles qui satisfont aux liaisons.
Or, si l’on cherche une équation de condition, symétrique, linéaire
en m et du degré - 2 en r, on ne trouve qu’une équation entre les
trois projections d’un vecteur :
.Il faut donc que la quantité scalaire,
soit déterminée par des conditions de liaison où entre un vecteur
(a, ~, y). Cette condition mathématique limite singulièrement le champ des recherches, et c’est ce qui nous permet d’arrêter notre choix sur les liaisons qui, sous une forme exactement semblable,
déterminent le minimum du viriel, dans un milieu où des pressions
s’exercent autour de points centraux.
II.
-RECHERCHE DU VIRIEL MINIMUM, DANS UN MILIEU RENFERMANT DES CENTRES DE PRESSION.
’1° Hypothèse des petites sphères et des pressions au contact.
-Soit un milieu indéfini, où sont plongées des particules très petites,
supposées sphériques, avec des pressions uniformes, invariables,
appliquées entre les particules et le milieu enveloppant, sur toute la
surface des petites sphères. Les pressions sur les sphères étant don-
nées, les équations générales de la statique ne suffisent pas à déter- miner la distribution des pressions dans tout le milieu.
Parmi une infinité de distributions possibles, proposons-nous de chercher celle qui donne la valeur minima au viriel dû aux pressions
exercées dans toute l’étendue du milieu.
Pour résoudre ce problème, nous exprimerons les conditions
d’équilibre statique sous une forme un peu différente des formules usuelles.
Soient, en chaque point du milieu, P, Q, R les trois pressions principales rectangulaires, qui sont normales au plan sur lequel
elles sont appliquées. Traçons, dans tout l’espace, des surfaces
normales aux pressions P, et appelons pcQ, IPR le rayon de courbure de la section d’une de ces surfaces par le plan (PQ) ou (PR). Sur les lignes tracées tangentiellement aux pressions P, convenons d’un
sens positif, et comptons positivement les rayons de courbure, situés
du côté positif par rapport aux surfaces. Désignons par P un vec- teur, de projections P~, Py, P~, ayant même grandeur et même
direction que la pression principale P, et même sens que la force
appliquée sur la face positive de la surface. Les conditions d’équi-
libre statique seront :
et les deux équations similaires en Q et R.
Le viriel est la somme M + Yy + Zz); le viriel, dû aux pressions appliquées à un élément de volume dT, a pour valeur
(P + Q + R) d~ .
8° Recherche du viriel minimum. - Le problème posé consiste
donc à chercher la distribution des pressions P, Q, R qui donne la
valeur minima à l’intégrale
Pour que ce problème ait une solution, il faut que les pres- sions P, Q, R soient soumises à certaines conditions restrictives;
sans quoi les pressions pourraient prendre des valeurs négatives,
569
croissant, en valeur absolue, au delà de toute limite, et il n’y aurait plus de minimum. Nous nous proposons de chercher les conditions telles que le viriel minimum soit atteint pour la,distribution suivante :
Soit P la pression uniforme exercée sur une petite sphère de
centre M ; posons :
Considérons une distribution de pressions où les Q et les R sont
nuls et où les pressions P sont, en chaque point de l’espace, diri- gées vers le point M et égales a 2. - r C’est ce que nous appelons
la distribution rayonnante autour du centre M.
Faisons la même construction pour toutes les petites sphères de
centres
1M2,
...,lB1k, et superposons les distributiuns rayon- nantes autour de chaque centre.
Nous nous bornerons ici, pour abréger, à chercher la condition
du viriel minimum, dans le cas d’une seule sphère. Dans ce cas particulier, la distribution rayonnante dans la valeur minima du viriel,
pourvu que les pressions soient essentiellement positives.
,Il suffira de démontrer que Pd V esf minimum, puisque les termes supplémentairesf (0- + R) d-r, essentiellement positifs, s’annulent
dans la distribution considérée. Supposons une distribution voisine,
où les vecteurs (Px, P,, P~) sont remplacés par des vecteurs (Px + oc,
La pression P deviendra :
Pour que l’intégrale du viriel se soit accrue par l’addition des composantes ~, ~, y, il suffit de vérifier que l’intégrale
est positive.
En remplaçant par leur valeur P, Px, P2/1 Pz, cette intégrale
s’écrit:
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