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Influence des changements climatiques sur la gestion territoriale des exploitations de polycultures-élevage. Analyse de l’organisation spatiale de l’utilisation des terres, des itinéraires techniques du blé et du maïs et de la gestion des bordures de cham

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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HAL Id: hal-01458576

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01458576

Submitted on 6 Jun 2020

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Influence des changements climatiques sur la gestion territoriale des exploitations de polycultures-élevage.

Analyse de l’organisation spatiale de l’utilisation des terres, des itinéraires techniques du blé et du maïs et de

la gestion des bordures de champs

Anne-Sophie Leon

To cite this version:

Anne-Sophie Leon. Influence des changements climatiques sur la gestion territoriale des exploitations de polycultures-élevage. Analyse de l’organisation spatiale de l’utilisation des terres, des itinéraires techniques du blé et du maïs et de la gestion des bordures de champs. 2010, pp.149. �hal-01458576�

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1 Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche

ECOLE NATIONALE d’INGENIEURS des TRAVAUX AGRICOLES de BORDEAUX

1, cours du Général de Gaulle - CS 40201 – 33175 GRADIGNAN cedex

MEMOIRE de fin d’études Pour l’obtention du titre

D’Ingénieur de l’ENITA de Bordeaux

Influence des changements climatiques sur la gestion territoriale des exploitations de polycultures-élevage.

Analyse de l’organisation spatiale de l’utilisation des terres, des itinéraires techniques du blé et du maïs et de la gestion des bordures

de champs.

Léon, Anne-Sophie

Option : Gestion des Espaces Agricoles

Etude réalisée à l’INRA SAD-Paysage

Institut National de la Recherche Afronomique

Département Sciences pour l’Action et le Développement Tuteur : Claudine Thenail

- 2010 –

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3 Remerciements

Je tiens tout d’abord à remercier pour leur patience et leur gentillesse tous les agriculteurs m’ayant reçu lors des enquêtes. Sans leur participation, cette étude n’aurait pas été possible.

Merci aussi à Claudine pour son encadrement de qualité et sa disponibilité pour toutes mes questions.

Je tiens aussi à remercier tout particulièrement Maryvonne, car, grâce à elle, le logiciel Access n’a plus de secrets pour moi ! Merci aussi à Christophe pour ses conseils plein de bon sens sur les enquêtes en exploitation, à Nicolas pour sa disponibilité et sa gentillesse dans l’aide à la résolution de mes problèmes cartographiques et à Alexandre pour ces remarques constructives sur la place de mon stage dans le projet Climaster.

Un grand merci à toute l’équipe du SAD-paysage pour leur bonne humeur et leur disponibilité en général.

Merci à Emmanuel et à Sarah les 2 autres stagiaires du projet pour le partage de leurs informations et l’aide précieuse qu’ils m’ont fournit quand j’avais des difficultés.

Et enfin merci à tous mes collègues stagiaires pour cette bonne ambiance de travail et particulièrement à Stéphanie et à Chloé pour leurs relectures et leurs conseils avisés.

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Résumé

L’objectif de l’étude est de mesurer les changements de pratiques survenus dans la gestion territoriale des exploitations de polycultures-élevage depuis les 10 dernières années et de déterminer la part des changements climatiques dans les raisonnements des agriculteurs. Ce sont les changements survenus dans l’organisation spatiale de l’utilisation des terres, les itinéraires techniques du blé et du maïs et la gestion des bordures de champs qui ont été étudié. La méthode choisie est l’enquête en exploitation agricole. Ce sont ainsi 28 enquêtes chez des éleveurs laitiers qui ont été mené dans le Grand Ouest de la France. Les exploitations enquêtées se situent dans les Côtes d’Armor, le Maine-et-Loire et l’Orne. Ces 3 zones ont été choisies pour leur différence de climat, elles sont représentatives des contrastes du Grand Ouest.

Il en résulte que les changements de pratiques liés aux changements climatiques sont peu nombreux en nombre d’occurrences dans les exploitations et sont surtout présents dans les itinéraires techniques du blé et du maïs. Les changements climatiques sont mis en évidence par une avancée des dates de semis et de récolte et le passage à des variétés plus précoces.

La principale raison évoquée par les agriculteurs pour justifier les changements de pratiques est la recherche d’une simplification de leur travail.

La diversité des situations des exploitations entre départements, entre exploitations et dans chaque exploitation être prise en compte pour comprendre les changements actuels et sans doute la façon dont les agriculteurs anticiperont les changements futurs.

Mots clés : changement climatique, exploitation agricole, gestion territoriale, enquêtes, régions Grand Ouest

Abstract

The aim of the study was to measure changes in practices implemented for the territorial management of dairy farms for the past 10 years and to determine the role of climate change in farmers decisions.

The changes in land use allocation, crop management of wheat and maize and management of field margins were studied.

A set of farmers interviews (close to semi-open questionnaire) were carried out have been led in the North West of France. The surveyed farms were located in Côtes d'Armor, Maine-et- Loire and Orne “départements”. These three areas were chosen for their difference of climate, representative on the major climate zones in this region.

It was found that changes in practices related to climate change were few in the number of occurrences in the farms and were mostly found in crop management of wheat and maize.

Climate change influenced farmers’ decision toward earlier sawing and harvesting dates and shift to earlier varieties.

The main reason given by farmers to justify the changes in practices is looking for simplify.

The diversity of farms situations between each “department”, each farms and into each farms has to be taken into account to understand current changes and how farmers will anticipate future changes.

Keywords : climate change, dairy farms, territorial management, interviews, West of France

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Table des figures

Figure 1 : Récapitulatif des volets de recherche du projet Climaster et des tâches du volet 2 27

Figure 2 : Positionnement des 3 départements étudiés ... 36

Figure 3 : Comparaison du climat des stations de référence ... 39

Figure 4 : Répartition des quotas laitiers au niveau national en 2004... 40

Figure 5 : Matériau parental des sols des communes étudiées... 42 

Figure 6 : Paysages des 3 départements enquêtés ... 44 

Figure 7 : Raisonnement suivi lors de l'analyse des données... 49 

Figure 8 : Statuts et OTEX des exploitations enquêtées ... 51 

Figure 9 : Comparaison des SAU des exploitations enquêtées à des moyennes régionales d'exploitations laitières... 53 

Figure 10: Nombre d'UTA pour 100 ha de SAU pour chaque exploitation... 55 

Figure 11 : Evolution de l'assolement des exploitations enquêtées entre 2000 et 2010... 55 

Figure 12 : Evolution de l'assolement des exploitations enquêtées par département... 57 

Figure 13 : Dispersion des parcellaires de chaque exploitation enquêtée... 59 

Figure 14 : Morcellement des exploitations enquêtées ... 61 

Figure 15 : Représentation de 2 exploitations enquêtées ... 62 

Figure 16. L’utilisation des terres suivant l’hydromorphie... 65 

Figure 17 : Les différents types de successions existantes par département... 67 

Figure 18 : Les successions suivant la distance au siège d’exploitation ... 67 

Figure 19 : Les différents types de prairies suivant les départements... 69 

Figure 20 : L’utilisation des prairies suivant la distance au siège d’exploitation ... 71 

Figure 21 : Les changement d’utilisation des îlots des départements enquêtés ... 73 

Figure 22 : Changement d’utilisation des îlots et raisonnement des agriculteurs dans les 10 dernières années ... 75 

Figure 23 : Changement d’utilisation des îlots prévu par les agriculteurs dans un futur proche ... 79 

Figure 24 : Dates de semis et de récolte du blé pour les 3 départements... 81 

Figure 25 : Dates de semis et de récolte du maïs pour les 3 départements ... 81 

Figure 26 : Les principaux changements de pratiques dans l’ITK du blé depuis 10 ans dans 85  Figure 27 : Raisonnements des agriculteurs dans leurs changements de pratiques depuis les 10 dernières années ... 87 

Figure 28 : Les principaux changements de pratiques dans l’ITK du maïs depuis 10 ans dans les 3 départements concernés ... 89 

Figure 29 : Raisonnements des agriculteurs dans leurs changements de pratiques depuis les 10 dernières années ... 89 

Figure 30 : Haies prochainement arasées et haies nouvelles ... 94 

Figure 31 : Les plantations ou arasements de haie dans les 3 départements... 95 

Figure 32 : Différents modes de gestion des bordures de champs ... 96 

Figure 34 : Mise en relation des changements de pratiques et des raisonnements des agriculteurs ... 97 

Figure 35 : Prairie asséchée au début du mois de juillet dans les Côtes d'Armor... 108 

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9 Table des tableaux

Tableau 1 : Croisement des fonctions et des contraintes des parcelles ... 21 Tableau 2 : Principales caractéristiques des EA enquêtées... 53 Tableau 3 : Différence des variétés de maïs et de blé et de leur date de semis dans chaque exploitation au cours d'une campagne... 83 Tableau 4 : moyenne de la quantité de bois vendue et consommée tous les ans ... 99

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11 Table des matières

Introduction ... 13

1 Insertion des domaines d’étude dans le projet Climaster et hypothèses de travail 17 1.1 Etude des thèmes principaux : quels enjeux des changements climatiques dans la gestion territoriale des exploitations de polycultures-élevages ? ... 17

1.2 Place de ce stage dans le projet Climaster... 27

1.3 Les hypothèses ... 29

1.4 D’autres dynamiques sont aussi à l’œuvre ... 33

2 Présentation des zones enquêtées et techniques d’enquête... 37

2.1 Choix des zones enquêtées et de l’échantillonnage ... 37

2.2 Caractéristiques des zones enquêtées ... 39

2.3 Méthodologie de recueil de données et d’analyse... 45

3 Résultats ... 51

3.1 Les descripteurs de la structure de l’exploitation... 51

3.2 Organisation de l’utilisation des terres des exploitations... 59

3.3 Description des itinéraires techniques du maïs et du blé ... 81

3.4 Les bordures de champs : l’évolution de leur gestion et des débouchés... 95

4 Quelle place des changements climatiques dans les facteurs influençant les changements de pratiques ? ... 103

4.1 Changements de pratiques reliées aux hypothèses... 103

4.2 Les facteurs influençant les raisonnements ... 105

4.3 Les différences de modification des pratiques en fonction des départements ... 107

4.4 Les points forts et les points faibles de la méthode... 111

Conclusion... 113

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Introduction

Cette année est marquée par un été particulièrement sec qui a poussé le 6 août dernier les préfets de 46 départements à ordonner des arrêtés préfectoraux limitant l’usage de l’eau. Sur ces 46 départements, 24 se situent dans l’Ouest de la France dans des zones ou les restrictions sont au niveau 3, qui est le plus élevé.

Ces épisodes de sécheresse touchent particulièrement les éleveurs laitiers dont les stocks de fourrages pour l’année dépendent en grande partie du climat estival.

Cette année « l’est de la Bretagne et la Normandie vivent ainsi une période de sécheresse atypique. Ici, les sols sont assoiffés par une faible pluviométrie, enregistrée depuis le mois de juin, et des températures élevées. » .(Le Figaro, 03.08.10) La conséquence de cette sécheresse est « la demande de reconnaissance d’une partie de l’Ille-et-Vilaine au titre des calamités agricoles » (Ouest-France, 21.08.10)

Tout le grand-ouest français est très touché car dans la partie sud du Morbihan « on s’attend à un déficit de maïs de 70% » (Le télégramme, 14.08.10) et dans le Maine-et-Loire un éleveur déclarait au début du mois d’août : « j’ai perdu un tiers de ma récolte d’ensilage et la moitié de mes foins ». (Le Monde, 07.08.10)

Cet événement peut-il être expliqué par le changement climatique actuellement en cours ? Depuis la révolution industrielle la concentration de gaz à effet de serre comme le CO2, le CH4 et le N2O n’a fait qu’augmenter dans l’atmosphère. Cette augmentation de gaz provoque l’effet de serre dont la conséquence est un réchauffement planétaire. Ce réchauffement dont les effets sont déjà visibles est amené à se poursuivre selon les scénarios des climatologues du Groupement Intergouvernemental d’Experts sur le Climat (GIEC).

Ce réchauffement est observable en France où les 10 années les plus chaudes du siècle sont toutes postérieures à 1988. (Météo France) Cependant il est encore difficile pour les climatologues de conclure à une tendance significative.(Moisselin, 2005; Seguin and Soussana, 2006)

En France, les séries mensuelles montrent une tendance à la hausse des températures moyennes de l’ordre de 1°C sur le XXème siècle. Sur la période 1951-2000 les étés sont de plus en plus chauds et secs et il y a de moins en moins de jours de gels en hiver. Il y a de plus en plus de vagues de chaleur en été et moins de vagues de froid en hiver.

L’évolution des précipitations est contrastée mais on constate une augmentation sur les deux tiers nord du territoire. Les contrastes saisonniers sont marqués, les précipitations sont en hausse en hiver et en baisse en été. (Moisselin, 2005)

Le projet Climaster « Changement climatique, systèmes agricoles, ressources naturelles et développement territorial » dans lequel s’insère mon stage est un projet interdisciplinaire (climatologie, agronomie, sociologie et sciences du sol) qui tente de comprendre comment les changements climatiques s’expriment dans le Grand-Ouest.

Dans ce projet, un autre stage complémentaire au mien est réalisé par Emmanuel Aussems (ESA Angers). Il s’intitule « Changements climatiques : quelles adaptations et évolutions des systèmes fourragers à base d’herbe en exploitations d’élevage bovin du Grand Ouest ».

La question de nos stages est de savoir si les agriculteurs du Grand Ouest de la France, qui vivent dans des régions à priori moins sensibles à la sécheresse et au manque d’eau, mettent en œuvre des stratégies pour s’adapter à ces changements.

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15 L’objectif mon stage est d’évaluer les changements de pratiques des agriculteurs depuis 10

ans dans différents domaines, d’identifier les critères de raisonnement des agriculteurs et la place des changements climatiques dans ces raisonnements. Ces domaines sont :

- l’organisation spatiale de l’utilisation des terres - les itinéraires techniques du blé et du maïs.

- la gestion des bordures de champs

La méthode utilisée pour répondre à ces questions se base sur des enquêtes en exploitations de polycultures élevage. L’objectif est de repérer 2 types d’évolution des pratiques liées aux changements climatiques :1) celles menées sous contrainte des changements 2) celles menées par anticipation pour limiter des changements.

Mon stage s’est déroulé à l’INRA de Rennes au sein de l’unité SAD (Sciences pour l’action et le Développement)-paysage. Les travaux menés sont à la transition entre les disciplines des sciences techniques (agronomie, zootechnie) et l’écologie du paysage en effet l’unité étudie les « interactions entre activités agricole, paysage et biodiversité, au niveau de territoires agricoles et ruraux ».

Dans une première partie de ce rapport nous essaierons de comprendre le contexte de cette étude et des hypothèses seront développées dans chaque domaine étudié. Puis les zones choisies pour les enquêtes seront décrites et les méthodes d’enquête employées seront développées. Ensuite se sont les changements de pratiques dans les différents domaines et les raisonnements des agriculteurs qui seront étudiés. Enfin, nous verrons dans quelle mesure le changement climatique est la cause des changements en cours.

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17 1 INSERTION DES DOMAINES D’ETUDE DANS LE PROJET CLIMASTER ET

HYPOTHESES DE TRAVAIL

1.1 Etude des thèmes principaux : quels enjeux des changements climatiques dans la gestion territoriale des exploitations de polycultures-élevages ?

Une bonne connaissance des thèmes abordés lors de l’enquête et des enjeux est nécessaire pour la construction du questionnaire et avant d’aller sur le terrain à la rencontre des agriculteurs. Il est important de savoir quelles modifications on cherche à observer et quels facteurs en plus des changements climatiques peuvent influer sur les décisions des agriculteurs

1.1.1 Les conséquences du changement climatique pour l’agriculture

A l’échelle européenne la hausse des températures serait bénéfique jusqu’à 2 voire 3°C pour toutes les cultures puis néfaste au-delà. (la France Agricole, 2010).

Avec l’hypothèse d’un doublement du CO2 pour la fin de ce siècle, les travaux permettent de prévoir une simulation de la photosynthèse de l’ordre de 20 à 30%. (Seguin et Soussana, 2006). Cette augmentation du CO2 atmosphérique devrait favoriser davantage les espèces en C3 (blé, colza…) que les espèces en C4 (maïs, sorgho…). (Antle, 2008)

L’évolution des rendements se ferait en 2 temps, en effet, les modèles différencient le futur proche (2020-2046) et le futur éloigné (2070-2096). Dans les régions du grand-ouest de la France, les rendements en maïs, prairie et luzerne vont augmenter dans le futur proche puis dans un futur éloigné les rendements en maïs vont décroitre tandis que ceux de la prairie vont se stabiliser et ceux de la luzerne continuer à augmenter. (la France Agricole, 2010)

Pour le blé, la hausse des températures provoque l’avancement des stades phénologiques. Sur les 20 dernières années l’épiaison a avancé d’une semaine en moyenne. Elle pourrait encore avancer de 10 à 15 jours d’ici à 2100. (Bancal et al., 2010)

L’évolution du climat sera plus favorable au maïs dans les régions du Nord de la France où l’optimum thermique pour son développement n’est pas encore atteint. Pour l’instant l’avancement des dates de semis combiné à la hausse des températures a permis l’utilisation de variétés plus tardives. (la France Agricole, 2010)

Sur le territoire français, l’augmentation des températures provoque une anticipation importante de la floraison de 7 à 10 jours dans le futur proche et de 15 à 20 jours dans le futur lointain.L’avancée des semis déjà perceptible depuis 15 ans pourra continuer à un rythme de l’ordre de 1 jour tous les 4 ans. (Brisson, 2010)

Ce réchauffement est confirmé par un dispositif expérimental de l’INRA, on constate pratiquement un mois d’avance dans les dates de semis du maïs depuis 1970 pour 4 sites couvrant l’ensemble du territoire français. (Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique (ONERC))

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19 Pour la prairie le changement climatique pourrait se traduire par une stimulation de la

production hivernale et printanière du fait du réchauffement.

En été la diminution du rendement journalier résulterait de l’accentuation des épisodes de sécheresse avec des effets prolongés sur l’automne.(Durand et al., 2010) Le changement climatique devrait donc accentuer le problème de surproduction d’herbe au printemps et le manque de fourrages en été.

Il faut aussi prendre en compte la possibilité de mouvements géographiques qui amènent certaines maladies ou ravageurs, véhiculés par les moyens modernes de transport, à s’installer dans des régions où les conditions climatiques le leurs permettent.(Seguin et Soussana, 2006)

Selon (Seguin et Soussana, 2006), l’adaptation des grandes cultures et de l’élevage à ces changements pourrait s’effectuer sans trop de problèmes en France. En effet, les années passées ont montrées la capacité des agriculteurs à évoluer rapidement notamment vis à vis des contraintes résultant de la PAC.

Les agriculteurs doivent aussi s’adapter en permanence aux conditions pédoclimatiques et météorologiques de leurs exploitations ce qui induit une variabilité de l’utilisation des terres et de conduite des cultures dans chaque exploitation d’une année à l’autre.

1.1.2 La gestion territoriale des exploitations de polycultures élevages

La gestion territoriale d’une exploitation consiste en l’organisation spatio-temporelle de la gestion du territoire de l’exploitation et comprend : l’organisation des modes d’utilisation des terres, l’aménagement parcellaire, la circulation agricole…

Elle tient compte des spécificités du parcellaire, des moyens de productions disponibles (équipement, main-d’œuvre, etc.) et des objectifs de production de l’agriculteur. (Joannon et al., 2005)

L’hétérogénéité du territoire de l’exploitation est un facteur important de choix de localisation des systèmes de cultures. Ces choix dépendent donc non seulement des conditions pédoclimatiques plus ou moins hétérogènes sur l’exploitation, mais aussi de la place relative des parcelles les unes par rapport aux autres et en particulier par rapport au siège et autres bâtiments d’exploitation, la taille et la forme relative de ces parcelles, ainsi que la structure des voies d’accès à ces parcelles. (Martin et al., 2006)

De même, la façon dont les agriculteurs organisent leur territoire révèle une hiérarchie des productions dans l’exploitation. Les éleveurs laitiers donnent ainsi la priorité au lait, donc aux vaches laitières, qui leur fournissent l’essentiel des revenus. (Morlon, 2005)

Les parcelles les plus proches des bâtiments d’élevage sont réservées à des usages prioritaires comme le pâturage des vaches laitières. Le maïs ensilage est lui aussi préférentiellement cultivé près des bâtiments afin de limiter le temps et le coût pour le transport entre la parcelle et l’aire de stockage.(Joannon et al., 2005)

Dans la pratique les successions culturales font donc que prairie semé pâturée et maïs alternent au cours du temps ; plus loin on trouve les céréales et les jeunes bovins (qui utilisent les parcelles lointaines difficiles d’accès). L’organisation de l’utilisation des terres suit donc un modèle centre-périphérie par rapport aux bâtiments d’élevage.(Thenail, 1996;

Thenail et Baudry, 2004)

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21 Une étude menée en Lorraine sur des systèmes de polyculture-élevage (Morlon et Benoit,

1990) liste les opérations les plus exigeantes au niveau des contraintes du terrain (excès d’eau, pente, sols séchants) ou de la structure du territoire. Ces opérations sont le pâturage des vaches laitières, l’ensilage (maïs ou herbe), et l’installation (du labour au semis) des cultures de vente et la moisson.

Le tableau 1 récapitule les principales contraintes à l’utilisation d’une parcelle. On constate que l’alimentation des vaches laitières est la fonction la plus structurante des choix de l’éleveur.

Tableau 1 : Croisement des fonctions et des contraintes des parcelles Source : (Mathieu et al., 2005)

Signification des cases du tableau : 0 = sans effet sur la fonction ; * = peu souhaitable ; ** = difficile à mettre en œuvre ; *** = très difficile à mettre en œuvre ; - = sans objet

Des indicateurs utiles pour définir le territoire d’une exploitation sont le morcellement et la dispersion. Le morcellement correspond au fait que les parcelles ne sont pas groupées mais en de nombreux blocs distincts et la dispersion correspond au fait que les parcelles sont éloignées les une des autres par rapport au siège d’exploitation. (Thenail, 1996)

Une étude menée dans des exploitations bretonnes (Galy, 2009) a montré que la dispersion d’une exploitation pouvait être corrélée à sa taille, plus une exploitation est grande plus elle a de probabilités d’être dispersée. En effet, l’accès au foncier proche devient de plus en plus difficile compte tenu de la complexité du marché de la propriété foncière, ils doivent donc trouver des terres plus lointaines. Cette dispersion augmente les coûts de transport mais elle n’a pas que des désavantages. Elle permet d’exploiter des milieux aux sols et climats différents et ainsi de disperser les risques. (Morlon, 2005) Cette situation est donc intéressante en cas de sécheresse si les parcelles sont dispersées elles ont plus de chance d’avoir des caractéristiques différentes et donc de réagir différemment..

L’ordre d’utilisation des parcelles présentant des caractéristiques différentes peut également constituer un moyen d’adaptation aux variations climatiques. (Andrieu et al., 2008)

Une étude a été menée en Bretagne dans le nord de l’Ille et Vilaine (dans une zone avec des gradients de bocages différents) sur des exploitations de polycultures-élevage.(Thenail et Baudry, 2004). Elle a montré que l’utilisation des terres est mieux expliquée par les

hydromorphie élevée relief important portance faible taille réduite présence de carex et de joncs parcelle isolée Eloignement du siège

alimentation

génisses de 2 ans 0 0 - - * 0 0

génisses de 1 an 0 0 - - ** 0 **

vaches laitières *** * - - *** *** ***

gestion de l'herbe /

stocks

foin de qualité *** ** *** * * 0 0

foin en quantité 0 0 0 * 0 - 0

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23 caractéristiques du territoire de l’exploitation que par les caractéristiques socio-économiques

et techniques de l’entreprise.

Cette étude a montré l’influence de la densité bocagère sur l’utilisation des terres. En effet, dans les exploitations avec le moins de bocage l’utilisation des terres est surtout organisée en fonction de la distance au siège d’exploitation. Dans les exploitations les plus fragmentées et avec les bocages les plus denses la distance est aussi un critère d’allocation mais la taille du champ joue davantage car ces exploitations manquent de surface d’un seul tenant.

Malgré ces aspects positifs, beaucoup de haies ont été arasées pour agrandir les parcelles lors d’aménagements fonciers collectifs et inter-individuels survenus ces 6 dernières décennies.

En effet, dans les champs cultivés les branches sont perçues comme des obstacles pour la croissance des cultures et le passage des machines agricoles. (Lofti et al., 2010)

Le bocage joue un rôle dans l’organisation de l’utilisation des terres via les configurations parcellaires et l’effet perçu de la haie sur les cultures et les prairies par les agriculteurs.

Il est donc intéressant de comprendre comment les agriculteurs entretiennent leurs bordures de champs et pourquoi ils les entretiennent.

1.1.3 La gestion des bordures de champs

Une bordure de champ est un élément linéaire de paysage limitant une parcelle. Deux parcelles contiguës ont chacune leur bordure formant ainsi un inter champ, en sachant qu’une parcelle peut être contiguë à une route, un chemin, un bois, un ruisseau ou à un jardin… Une bordure de champ peut se présenter sous plusieurs formes : fossé, talus, talus et fossé, bande à plat. Outre la forme, la bordure de champs présente plusieurs types de couvert tels que arbres avec ou sans émondes, haie de moyennes tiges, de broussailles, herbe, le tout séparé ou mélangé. (Codet, 2007)

Ces éléments du paysage peuvent être hérités et remodelés par les agriculteurs. Selon Martin et al., (2006), les activités agricoles à prendre en compte sont des activités :

- de production (bois de chauffage). Les agriculteurs sont nombreux à l’utiliser plutôt pour un usage domestique que pour un usage professionnel. On remarque un niveau de consommation relativement élevé dans les régions bocagères car le bois est traditionnellement tiré de l’exploitation des haies. (Jouin, 2003a)

- d’aménagement (installation, arasement ou modification de la structure de l’élément) et d’entretien (finalité de maintien de l’élément dans un certain état).

Les pratiques les plus courantes sont l’émondage, l’élagage et le débroussaillage mécanique ou chimique. L’émondage consiste en la coupe des branches latérales au ras du tronc des arbres. L’élagage consiste à couper les branches des arbres sur une hauteur de 3 mètres environ et de couper les branches des arbustes et des cépées qui débordent dans les parcelles.

Le débroussaillage est effectué pour contenir le développement de la végétation herbacée et arbustive.(Jouin, 2003b)

Les haies sont des éléments du bocage structurant le paysage. Elles ont des impacts sur le territoire de par leur présence. En effet il est reconnu qu’elles ont un effet brise-vent ce qui est recherché par les éleveurs car cela améliore le confort et le niveau des performances des animaux. De même l’ombre qu‘elles apportent en période estivale permet aux animaux de réduire les mécanismes de thermorégulation.

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25 Les réseaux bocagers sont des barrières contre l’érosion et les flux biogéochimiques. Le rôle

anti-érosif des haies est utilisé dans l’aménagement des terres agricoles. Cela permet aussi de prévenir les risques liés aux pesticides et au phosphore attachés aux particules érodées.

(Baudry et Jouin, 2003)

Enfin les haies abritent de nombreuses espèces animales et végétales qui ne peuvent survivre dans les parcelles agricoles.(Pain et Baudry, 2003)

Les haies et autres bordures de champs sont façonnées par les agriculteurs mais comme le nombre d’agriculteurs diminue et que les territoires des exploitations s’agrandissent la gestion des bordures de champs (coûteuse en temps) évolue avec ce nouveau contexte.

Entre 1996 et 2008, le linéaire bocager breton a ainsi baissé de 12%. (Potin et al., 2010), 2010) Le futur reste incertain parce que le mouvement l’agrandissement des champs se poursuit et l’usage de bois de chauffage par les agriculteurs diminue.(Lofti et al., 2010)

1.1.4 Les changements dans le système de l’exploitation agricole

Notre objectif est de mesurer les changements de pratiques passés ou en cours des exploitations. En effet on considère que l’exploitation est « en mouvement » c’est-à-dire qu’elle intègre dans son fonctionnement l’occurrence des aléas et elle doit désormais évoluer dans un environnement émettant des signaux de plus en plus complexes à interpréter.(Dedieu et al., 2008)

Dans la construction de mon questionnaire, il s’agissait de faire apparaître la flexibilité et l’adaptation des exploitations aux changements.

La flexibilité est une notion issue de l’économie industrielle. Selon (Dedieu et al., 2008) elle renvoie à la capacité à s’adapter, à s’accommoder aux circonstances et à maintenir une cohérence par rapport à l’environnement que l’entreprise doit affronter. La notion de flexibilité est donc particulièrement adaptée à l’étude des changements de pratiques face aux changements climatiques car elle renvoie à la question de l’adaptation dans le temps et également à la question de la capacité de réaction.(Chia, 2008)

(Moulin et al., 2008), proposent d’aborder les processus de changements également en étudiant ce qui n’est pas changé, ce qui fait la cohérence et l’identité du système qualifié d’invariant.

Je cherche à étudier la variabilité des pratiques des agriculteurs. La variabilité recouvre des variations qui restent dans une gamme considérée comme normale mais aussi des aléas qui se produisent lorsque intervient un phénomène d’intensité supérieur ou inférieur à une normale établie sur une longue série d’années. (Andrieu et al., 2008)

L’objectif de ma démarche est donc de construire un cadre d’analyse qui relie les processus de changements, les trajectoires d’exploitation et les transformations de l’environnement (milieu naturel et environnement socio-économique).

Pour aborder ces problématiques, il faut inclure dans la méthode d’enquête une notion de temps et donc d’évolution des pratiques. Ces notions font appel à la mémoire des agriculteurs et les souvenirs des anciennes pratiques sont plus ou moins marqués d’un agriculteur à l’autre. Il faut avoir conscience de ce phénomène pendant les enquêtes et en traitant les résultats.

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27 1.2 Place de ce stage dans le projet Climaster

Mon stage s’inscrit dans le cadre d’un projet nommé Climaster « Changement climatique, systèmes agricoles, ressources naturelles et développement territorial ». Ce projet fait partie d’un programme PSDR « Pour et Sur le Développement Régional ». Les questions posées pour ce projet sont : en quoi, comment, pourquoi le changement climatique va modifier l’impact de l’agriculture sur les ressources naturelles ? Comment cela va t’-il s’inscrire spatialement au sein du territoire ?

Ce projet se déroule dans le grand-ouest de la France dans les régions Basse-Normandie, Bretagne, Pays de Loire, Poitou-Charentes et réunit des instituts de recherche des organismes publiques et des instituts privés.

Il comprend 4 volets de recherche et chaque volet est divisé en plusieurs tâches (figure 1).

Le SAD paysage en lien avec d’autres unités travaille dans le volet de recherche 2 intitulé

« changements climatiques et changements des pratiques agricoles ». La télédétection de la tâche 1 permet d’observer les changements d’utilisation et d’occupation des sols liés à certaines pratiques agricoles. La tâche 3 a pour objectif de modéliser les jours disponibles pour que les agriculteurs réalisent telles ou telles opérations et la tâche 4 est la synthèse des 3 précédentes.

VR1 : climat

VR2 : Changements climatiques et changements des pratiques agricoles

VR3 : les ressources naturelles VR4 : synthèse et transversalité

Tâche 2.1 : observation par télédétection

Tâche 2.2 : évaluation des changements de pratiques en cours dans les exploitations agricoles et prospectives

Tâche 2.3 : modélisation des jours agronomiquement disponible Tâche 2.4 : synthèse et comparaison des résultats obtenus par les 3 approches

Figure 1 : Récapitulatif des volets de recherche du projet Climaster et des tâches du volet 2

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29 Mon stage s’inscrit dans la tâche 2, c’est l’évaluation des changements de pratiques en cours

dans les exploitations agricoles et les prospectives. Les renseignements nécessaires pour répondre à cette tâche sont pris lors d’enquêtes chez les agriculteurs.

J’ai travaillé sur les mêmes zones qu’Emmanuel Aussems (le stagiaire travaillant sur les systèmes fourragers) mais nous avons enquêté des personnes différentes. Cela nous a permis de doubler l’échantillonnage ce qui est utile pour mesurer la représentativité des exploitations que j’ai enquêté et pour mettre en perspective nos différents domaines d’investigation.

A la suite de mon stage il est prévu qu’une sociologue associée au projet (V. Van Tilbeurgh) retourne dans certaines des exploitations enquêtées par E. Aussems et moi-même pour approfondir l’analyse des points de vue des agriculteurs vis-à-vis des changements climatiques selon la trajectoire socioéconomique de d’exploitation, la vision qu’ils ont de leur métier, etc.

1.3 Les hypothèses

1.3.1 Itinéraires techniques du maïs et du blé

Ce sont ces 2 cultures qui ont été choisies car elles sont présentes chez quasiment tous les éleveurs laitiers du Grand Ouest français. Le blé est la première production végétale française (plus de 17% de la SAU) tandis que le maïs est la seconde production végétale (plus de 10%

de la SAU).

L’itinéraire technique (ITK) est « une combinaison logique et ordonnée des techniques mises en œuvre sur une parcelle en vue d’obtenir une production. » (Sebillotte, 1974)

Comme on constate une avancée des stades phénologiques de ces 2 espèces, les ITK ont pu être modifié pour s’adapter à ces changements.

Selon (Rose et McCarl, 2008), les adaptations envisageables sont la mise en avant d’espèces tolérantes à la chaleur, aux cycles plus courts, et l’amélioration des pratiques.

La modification du positionnement du cycle cultural peut être une solution.(Roger-Estrade et al., 2006; Debaeke et al., 2008). Tout d’abord les dates de semis pourraient être de plus en plus précoces. En effet, l’avancée des dates de semis permet d’esquiver le risque de stress hydrique de fin cycle en installant le nombre de grains/m2 et en amorçant le remplissage de façon plus précoce. (La France agricole, 2010 ; Esco, 2006)

Les agriculteurs adaptent aussi les variétés à l’augmentation des températures. Dans les endroits ou l’eau ne manque pas, les indices du maïs pourraient augmenter et des variétés plus tardives de blé pourraient apparaître.

Dans les zones plus sèches c’est l’inverse qui se produirait : on pourrait constater l’augmentation de variétés aux cycles plus courts. Les indices du maïs diminueraient et le blé augmenterait en précocité. Ces variétés précoces utilisent moins d’eau en raison d’un cycle plus court et d’un indice foliaire réduit et sont adaptées aux années défavorables car l’indice de récolte peut-être amélioré en conditions sèches de fin de cycle. A l’inverse elles sont moins productives en années favorables.

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31 L’apparition de nouveaux ravageurs pourrait être constatée par les agriculteurs, il pourrait

donc y avoir de nouveaux traitements pour résister à ces nouvelles espèces.

Dans les assolements les agriculteurs pourraient faire le choix de semer des cultures d’hiver (céréales à paille, colza) à l’automne ou en fin d’hiver plutôt que des cultures d’été (maïs,, sorgho, tournesol) semé au printemps qui sont plus sensibles aux épisodes de sécheresse.(Esco, 2006)

De même des espèces plus résistantes à la sécheresse pourraient apparaître ou leur surface pourrait augmenter. On peut citer l’exemple du sorgho ou de la luzerne.

Une stratégie d’évitement possible est un « rationnement végétatif de la culture »qui consiste à limiter le développement de la surface foliaire et donc la transpiration. Les moyens utilisés par les agriculteurs pour y parvenir peuvent être la diminution de la densité de semis ou la diminution de la fertilisation azotée. (Esco, 2006)

Le labour pourrait être remis en cause dans des situations pour lesquelles la conservation de l’eau dans le sol est incompatible avec le desséchement qu’entraine le retournement des couches profondes du sol. Les agriculteurs pourraient passer à des systèmes de travail du sol

« de conservation » mais également à des techniques culturales sans labour (comme le semis direct). (Roger-Estrade et al., 2006)

Ces techniques permettent de mieux conserver l’état d’humidité du sol et de ne pas rompre les remontées capillaires et donc de mieux résister aux sécheresses. Il s’agit aussi de préserver l’intégrité du sol pour résister aux érosions causées par l’eau et le vent. (Ugalde et al., 2007)

1.3.2 Organisation de l’utilisation des terres

Traditionnellement les fonds de vallée considérés comme des zones humides sont dévolues à la pâture d’animaux moins exigeants que les vaches laitières et sont donc en prairies permanentes. Néanmoins aujourd’hui beaucoup d’entres elles sont à l’abandon. Les sécheresses subies par les cultures des terres plus séchantes auraient pu conduire les agriculteurs à remobiliser ces fonds de vallée en prairies temporaires exploitées ou même en culture.

La plus forte variabilité du rendement des prairies à cause des sécheresses estivales et la difficulté à réussir les foins pourrait conduire à un accroissement de la part de fourrage conservée dans la ration pour compenser la baisse de production estivale car les agriculteurs opteraient pour la sécurité. La part de maïs ensilage par rapport à celle des prairies dans l’assolement pourrait donc augmenter.

1.3.3 Gestion des bordures de champs

Les épisodes de pluie qui promettent d’être de plus en plus violents affectent la portance des sols et augmentent le risque d’érosion. Pour remédier à cela les agriculteurs pourraient planter des haies ou installer des talus herbeux dans leurs parcelles.

De même les anciennes haies seraient conservées et de nouvelles pourraient être plantées pour leurs effets bénéfiques pour les animaux lors de fortes chaleurs (ombre).

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33 1.4 D’autres dynamiques sont aussi à l’œuvre

Entre 1990 et 2004 le nombre de producteurs de lait a été divisé par près de 2 pour l’ensemble des 3 régions du Grand Ouest (Bretagne, Basse-Normandie et Pays-de-la-Loire).

(Ferey, 2006)

En Bretagne de 2000 à 2005, les exploitations ont disparus à un rythme annuel de -4,7%. La cessation d’activité d’un exploitant agricole a conduit 4 fois sur 5 à une dispersion de ses moyens de production. La redistribution des terres profite pour les ¾ à des exploitations pérennes qui ont augmenté leur taille moyenne de 24% en 5 ans.(Cébron, 2007)

L’évolution en cours contribue donc irrémédiablement à l’agrandissement des exploitations qui va souvent de pair avec une dispersion du parcellaire et des équipements d’élevage et du matériel de culture supplémentaire. (Huchon et al., 2010) Ce sont les élevages laitiers de petite dimension encore en nombre important dans l’Ouest qui ont connu le plus fort taux de disparition. Ceci est le résultat d’un départ massif non compensé par les installations. (Ferey, 2006)

Cette tendance devrait se poursuivre car les perspectives démographiques laissent penser à de nombreux arrêts d’activités lors de la décennie à venir. D’autres éléments conjoncturels (baisse des prix du lait ou baisse des revenus de l’exploitation par exemple) ou structurels (obligations d’investissements pour mises aux normes, conditions de travail…) peuvent également encourager des départs précoces. (Ferey, 2006)

Les transferts de terres pour les éleveurs laitiers s’accompagnent aussi de transfert de quotas donc d’une augmentation de la production laitière. L’augmentation de la taille des troupeaux et des surfaces s’est traduite par une augmentation de la part de maïs dans les systèmes fourragers et une diminution de la part du pâturage : on peut y voir les conséquences d’une recherche de sécurisation du système fourrager. (Seegers et al., 2006; Huchon et al., 2010) Cependant la forte augmentation des volumes produits s’est faite sans réelle progression de la main d’œuvre.

Or une des principales revendications des éleveurs consiste à pouvoir rompre régulièrement l’astreinte quotidienne de la traite (qui représente 50% du travail obligé en élevage laitier) lors de week-end ou des vacances. (Ferey, 2006)

La solution mise en œuvre le plus souvent repose sur le partage de l’astreinte entre associés dans le cas d’exploitations en forme sociétaire. (Seegers et al., 2006)

En effet les stratégies de regroupement des exploitations dans des formes sociétaires augmentent. Ces regroupements peuvent être expliqués par la recherche d’économies d’échelle et la nécessité de réduire les contraintes de présence auprès des animaux notamment quand les conjoints travaillent à l’extérieur.(Cébron, 2007)

Depuis 2008, le contexte économique est très difficile pour les éleveurs laitiers. En effet le prix du lait suit celui des cours mondiaux qui est très bas depuis 2 ans. On parle de « crise du lait ». Cette crise a mis de nombreux éleveurs dans de grosses difficultés économiques et a accéléré le processus de diminution du nombre d’exploitations.

Ces difficultés s’accompagnent d’une réglementation agri-environnementale davantage contraignante. Ainsi depuis 2005, la Politique Agricole Commune (PAC) soumet ses aides à conditionnalités. Cela veut dire que les agriculteurs doivent mettre en place de « bonnes pratiques » plus respectueuses de l’environnement. Ce sont les Bonnes Conditions Agro- Environnementales (BCAE).

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35 De plus, les élevages laitiers en zones vulnérables (qui comprennent la majorité

du territoire des régions du Grand-Ouest) sont confrontés à l’application de la directive Nitrate via le dispositif du second Programme de Maîtrise des Pollutions d’Origine Agricole (PMPOA 2) qui nécessite d’adapter les pratiques pour répondre aux exigences de préservation de la qualité des ressources en eau et de leurs usages.

Enfin, des mises aux normes environnementales qui sont plus contraignantes que les BCAE doivent être effectuées dans une majorité de bâtiments non-conformes.

On peut penser que toutes ces mutations dans le paysage agricole laitier français poussent les éleveurs à modifier leurs pratiques. Il faut donc prendre en compte ces questions lors des enquêtes. Les changements de pratiques liés à d’autres facteurs peuvent être beaucoup plus importants que les adaptations sous contrainte des changements climatiques.

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36 Figure 2 : Positionnement des 3 départements étudiés

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37 2 PRESENTATION DES ZONES ENQUETEES ET TECHNIQUES

D’ENQUETE

2.1 Choix des zones enquêtées et de l’échantillonnage

Il a été choisi d’enquêter des exploitations de 3 zones différentes pour pouvoir comparer les zones entre elles et évaluer les possibles réponses des agriculteurs aux changements climatiques. Les 3 départements enquêtés sont les Côtes d’Armor (22), le Maine et Loire (49) et l’Orne (61), (figure 2).

C’est en concertation avec des climatologues du volet de recherche 1 de Climaster que ces départements ont été choisis. Ils représentent des zones les plus différentes possibles dans le Grand-Ouest d’un point de vue climatique et restent des endroits où l’élevage laitier est très présent. Des zones ont été ciblées dans chaque département pour leur climat encore plus marqué. Ainsi c’est la partie des Côtes d’Armor située dans le Centre Bretagne, la partie de l’Orne située dans le Perche et le Nord du Maine et Loire qui sont les zones retenues.

De plus, pour limiter la diversité des systèmes de production seuls des éleveurs laitiers ont été enquêtés. Ces éleveurs sont installés depuis plus de 10 ans car dans le questionnaire beaucoup de questions portent sur l’évolution des pratiques depuis les 10 dernières années.

Les coordonnées des agriculteurs ont été obtenues par les contrôles laitiers de chaque département. Nous avons contacté en leur expliquant notre projet et ils nous ont renvoyé une liste d’agriculteurs des zones visées.

Les exploitants d’abord été prévenus par courrier de l’étude menée et d’une probable prise de rendez-vous.

Dans le Maine et Loire et l’Orne plus d’un agriculteur sur 2 répondait positivement aux demandes d’entretien. Dans les Côtes d’Armor il y avait moins de réponses positives j’ai donc trouvé des coordonnées d’autres d’agriculteurs grâces aux pages jaunes et à une association partenaire du projet : le Centre d’Etude pour un Développement Agricole Plus Autonome (CEDAPA), une association des Côtes d’Armor chargée de promouvoir les systèmes herbagers.

Ce stage est basé sur une approche compréhensive et un montage de méthode, ça n’est pas une méthode où l’on recherche une représentativité et des tendances statistiques.

L’objectif du début du stage était de réaliser 30 enquêtes car en faire plus n’aurait pas été possible dans le temps imparti. J’ai réalisé 28 enquêtes au total, dont 9 dans les Côtes d’Armor, 10 dans le Maine et Loire et 9 dans l’Orne.

Ces enquêtes se sont déroulées de la fin du mois de mai au début du mois de juillet.

Pour compléter ces enquêtes nous avons décidé de contacter par téléphone des professionnels de chaque département qui ont une vision plus globale des problématiques de chaque zone.

Nous avons ainsi contacté des conseillers en cultures de coopératives, et des responsables de Coopératives d’Utilisation du Matériel Agricole (CUMA).

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39 2.2 Caractéristiques des zones enquêtées

2.2.1 Climat

Les stations de références choisies pour chaque zone sont : - Rostrenen pour les Côtes d’Armor

- Angers pour le Maine-et-Loire - Alençon pour l’Orne.

Ces 3 stations ont été choisies car elles sont les plus proches (ou font parties) des zones étudiées.

Comme le montre la figure 3, Angers est la plus chaude des 3 zones. En effet, au niveau des températures maximales et des températures moyennes elle est toujours au-dessus des autres sauf de novembre à mars, mois pour lesquels Rostrenen a des températures minimales plus élevées. Pendant l’hiver (de novembre à janvier) les températures moyennes sont quasiment les mêmes entre Rostrenen et Angers .

Alençon est la ville avec la plus grande amplitude thermique car c’est la ville la plus froide en hiver avec une température moyenne de 3,6 °C en janvier et de 17,8°C en juillet.

Les niveaux de précipitations restent assez semblables pendant les mois d’été (même si Rostrenen est toujours au-dessus) puis Rostrenen se détache très nettement au dessus des autres pendant le reste de l’année. En effet la moyenne annuelle des précipitations pour Rostrenen est de 1000 mm tandis qu’elle est de 750 mm à Alençon et de 600 à Angers.

Figure 3 : Comparaison du climat des stations de référence source : Météo-France

Tem pératures m axim ales de 1961 à 1990

0.0 5.0 10.0 15.0 20.0 25.0 30.0

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

rostrenen angers Alençon

Tem pératures m oyennes de 1961 à 1990

0.0 5.0 10.0 15.0 20.0

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Rostrenen Angers Alençon Tem pératures m inim ales de 1961 à 1990

0.0 2.0 4.0 6.0 8.0 10.0 12.0 14.0 16.0

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

°C

Rostrenen Angers Alençon

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40 Source : Institut de l’élevage

Figure 4 : Répartition des quotas laitiers au niveau national en 2004

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41 Ces trois zones ont été choisies car elles représentent des climats très différents dans le Grand Ouest de la France

Le nord du Maine-et-Loire se situe dans une grande zone homogène d’un point de vue climatique que l’on peut appeler centre Ouest de la France, cette zone est essentiellement constituée de plaines et de bas-plateaux. L’été est peu arrosé dans le Centre Ouest chacun des 3 mois d’été (juin, juillet et août) reçoit en moyenne 40 à 45 mm d’eau. (Planchon, 1997) Le Perche connaît les hivers les plus rigoureux et les plus fortes amplitudes thermiques du grand-ouest.

Le Centre Bretagne est le lieu le plus arrosé de Bretagne et les amplitudes thermiques y sont faibles.

Il est intéressant d’avoir une variabilité de climat dans l’échantillonnage car selon les hypothèses des climatologues du projet le climat change de manière différente dans ces 3 zones. Le changement peut être plus ou moins marqué et sera donc plus ou moins perçu par les agriculteurs dans une zone par rapport aux autres.

On retrouvera forcément pendant les enquêtes des différences de pratiques des agriculteurs d’une zone d’étude à l’autre due pour une grande part aux différences de climat.

2.2.2 Paysage, pédologie et agriculture

La production laitière pèse fortement au sein de l’activité agricole de la Bretagne, la Basse- Normandie et les Pays-de-la-Loire. En effet, à elles seules ces trois ces régions représentaient 46,2% des volumes de lait produit au niveau national en 2004.

Cela est confirmé par la figure 4 qui montre la densité de quota laitier en France. On constate encore une fois que l’ouest de la France et notamment la Bretagne a la densité de quotas laitiers la plus forte.

En 2004, on dénombrait 4930 producteurs de lait dans les Côtes d’Armor, 2578 dans le Maine et Loire et 2655 dans l’Orne. (Agreste) Ainsi même si l’Orne et le Maine-et-Loire sont des régions où l’élevage laitier est présent, on dénombre quasiment 2 fois plus de producteurs dans les Côtes d’Armor.

Contrairement aux Côtes d’Armor, dans le Perche et le Maine et Loire la zone de polyculture élevage est à faible densité d’exploitations agricoles. Cela apparaît comme un « handicap au maintien d’un tissu d’exploitations laitières ayant besoin d’activités de services spécifiques et souhaitant conserver les possibilités de travail en commun et d’échanges. »(Ferey, 2006)

En Bretagne la production laitière est essentiellement le fait d’exploitations intensives utilisant largement le maïs ensilage présent dans 93% des exploitations.(Ferey, 2006)

Dans le Centre Bretagne, c’est l’élevage intensif qui domine. Le tissu agricole y est très resserré. Le lait et l’élevage hors-sol de volailles sont les productions majoritaires.

Sur la carte des matériaux parentaux (figure 5), les communes où se situent les terres des agriculteurs enquêtés apparaissent.

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42 Figure 5 : Matériau parental des sols des communes étudiées

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43 Pour le Centre Bretagne, il y a 2 types de matériau parental : le granite et le schiste. Le

schiste se retrouve au nord de la zone et le granite au sud. Le granite et le schiste sont 2 roches très présentes en Bretagne. Les sols situés au-dessus du socle granitique sont issus de la dégradation de ce granite et sont donc de texture grossière (sableuse).

Les sols situés au-dessus du schiste ont une profondeur comprise entre 80 et 110 cm, elle est plus importante sur les sols situés sur le granite dont la profondeur est comprise entre 60 et 80 cm.

La Réserve Utile est comprise entre 50 et 100 mm sur les sols situés au-dessus du granite et entre 100 et 150 sur les sols situés au dessus du schiste. (Infosol, INRA Orléans, 1998)

Dans le Maine-et-Loire, les enquêtes ont eu lieu dans la partie nord du département dans la région appelée le Ségréen dans le haut Anjou.

Le territoire enquêté est entouré de rivières on recense ainsi la Mayenne, la Sarthe et l’Oudon. Parmi les exploitations enquêtées, 6 d’entre elles se situent dans une zone assez resserrée entre l’Oudon et la Mayenne.

Cette zone correspond au bassin versant de la Loire et est classé en zone vulnérable et en zone d’actions complémentaires (ZAC). Cette zone est en ZAC car elle se situe en amont de prises d’eau superficielles destinées à la consommation humaine. Cela implique notamment une obligation de couverture totale des sols en période de lessivage, un maintien de l’enherbement des berges et une limitation de la fertilisation azotée organique et minérale de 210 kg d’azote/ha.

Aucunes des exploitations enquêtées n’irriguent ; en effet, beaucoup de leurs terres sont déjà hydromorphes.

Deux grands types de matériau parental sont présents dans les communes étudiées ; le schiste en grande majorité et des alluvions qui correspondent aux rivières et leurs alentours citées précédemment. On peut aussi retrouver quelques limons éoliens.

Les profondeurs vont de 80 à 110 cm sur les sols situés sur du schiste et de 30 à 60 cm sur les sols situés sur des alluvions. Les sols ont des réserves utiles comprises entre 100 et 150 cm sur le schiste et entre 50 et 100 mm sur les alluvions. (Infosol, INRA Orléans, 1998)

La troisième zone enquêtée se situe dans le Perche. Le Perche n’est pas une délimitation administrative, c’est un ancien comté qui s’étend sur 4 départements : l’Orne, l’Eure-et-Loir, la Sarthe et le Loir-et-Cher.

Les 9 exploitations enquêtées durant cette étude se situent dans l’Orne.

La quasi totalité des exploitations (8/9) se situent dans le Parc Naturel Régional du Perche, cette situation n’induit pas de contraintes spécifiques pour les exploitants.

Six exploitations se situent plutôt dans le nord du territoire du Perche tandis que 3 se situent à la limite de l’Orne et de la Sarthe dans le sud. D’après les éleveurs le climat est différent dans ces 2 zones ; le sud le climat serait plus chaud et il y aurait plus de pluie ce qui explique pour les agriculteurs certaines différences dans les itinéraires techniques.

C’est en Basse Normandie qu’on trouve le plus de surfaces en herbe dans l’Ouest de la France, « c’est le pôle herbager principal de l’Ouest ».

Cela est lié à la topographie (territoire vallonné) et à la nature des sols défavorables aux cultures (argile à silex).(Ferey, 2006)

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44 a) Centre Bretagne, Côtes d’Armor

b) Haut-Anjou, Maine-et-Loire

c) Perche, Orne

Figure 6 : Paysages des 3 départements enquêtés

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45 C’est en grande partie pour ces raisons que le Perche est resté une terre d’élevage

contrairement aux grandes plaines céréalières de la Beauce situées à proximité.

Toute cette partie de l’Orne est située en zone défavorisée « intermédiaire », cela veut dire qu’elle présente l’ensemble des handicaps suivants :

- mauvaise productivité de la terre

- production sensiblement inférieure à la moyenne en raison de cette faible productivité du milieu naturel

- faible densité ou tendance à la régression d’une population qui dépend de manière prépondérante de l’activité agricole.

Les agriculteurs peuvent donc bénéficier d’aides supplémentaires de la part de l’Europe.

Cette zone est la plus hétérogène au niveau des sols car elle a le plus grand nombre de matériaux parentaux différents, elle est donc très difficile à caractériser. Sur chaque exploitation et même sur un même îlot il n’était pas rare de rencontrer plusieurs types de sols différents.

Dans les communes enquêtées on retrouve des matériaux argileux et des limons éoliens. On retrouve aussi des Marnes en petite quantité.

Les sols présents dans cette zone ont une profondeur supérieure à 80 cm.

Les réserves utiles sont supérieures à 150 mm sur les limons éoliens et sont comprises entre 50 et 100 mm sur les matériaux argileux. (Infosol, INRA Orléans, 1998)

En terme de parcellaire et de paysage, les 3 zones enquêtées ont un paysage dit « de bocage ». (figure 6)

En Centre Bretagne, le paysage est plutôt vallonné et le bocage est plutôt dense et composé de haies hautes tiges.

Dans le Perche, le paysage est encore plus vallonné et le bocage est moins dense qu’en Centre Bretagne. Par contre il y a beaucoup de bois, quasiment chaque exploitation enquêtée en avait sur son territoire. Une des photos permet de visualiser une parcelle en prairie permanente (figure 6 c).

Dans le haut Anjou, le paysage est moins vallonné que dans les 2 autres régions et le bocage y est moins dense aussi même s’il reste présent. On note la présence de beaucoup de gros chênes présents même en milieu de parcelle (photo figure 6 b)

2.3 Méthodologie de recueil de données et d’analyse

2.3.1 Construction du questionnaire et application sur le terrain

Le questionnaire (annexe1) est divisé en plusieurs modules. Il a été construit à partir d’un questionnaire de base déjà utilisé par l’unité, « Agripays ». Je l’ai modifié en prenant en compte les différents thèmes sur lesquels j’avais émis des hypothèses. Tous les modules ont été modifiés pour y inclure une notion d’évolution des pratiques dans le temps. De plus ce nouveau questionnaire laisse une plus grosse part aux questions ouvertes et donc aux raisonnements des agriculteurs.

La méthode choisie est d’étudier le système tel qu’il est aujourd’hui et de demander aux agriculteurs les changements qu’ils y ont effectués.

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47 C’est un questionnaire semi-directif c’est-à-dire qu’il est directif et fermé en ce qui concerne

les caractéristiques factuelles de l’exploitation (nombre d’animaux, surfaces…) et il est ouvert en ce qui concerne les raisonnements des agriculteurs. Il a été choisi de ne jamais aborder frontalement la question du changement climatique pendant l’enquête pour ne pas biaiser les réponses des agriculteurs. En effet ils pourraient être tentés de nous « faire plaisir » en affirmant avoir constaté un changement climatique là ou il n’y en a pas en réalité.

L’enquête suit donc ce plan :

module A : trajectoire socio-économique de l’exploitation. Ce module vise à connaître l’évolution de l’exploitation depuis l’installation de l’agriculteur. Il est présenté sous forme de frise chronologique que je remplissais au fur et à mesure des événements marquant et de leurs dates. Cette partie de l’enquête détaille la composition du ménage et ses activités. Elle aborde aussi les projets de l’agriculteur et les nouveautés qu’il souhaite mettre en place dans son exploitation.

module B : productions végétales et élevage. Les questions portent sur l’assolement en 2010 et son évolution depuis 2000. Le nombre d’animaux et la quantité produite par animal sont aussi demandés. Le recueil de ces données permet entre autre de positionner l’exploitation selon des critères standards du dispositif statistique agricole (Réseau d’Information Comptable Agricole (RICA)) en calculant son OTEX (Orientation Technico-économique des Exploitations).

module C : territoire et parcellaire : caractéristiques et aménagement des îlots et mode d’utilisation des terres. Pour ce module je montrais une carte IGN au 1/25000 avec les contours des îlots déclarés à la PAC superposés. Selon la définition du site de déclaration PAC, « un îlot est un ensemble de parcelles culturales contiguës que vous exploitez : portant une ou plusieurs cultures ; délimité par des éléments permanents facilement repérables (chemin, route, ruisseau…) ou par d’autres exploitations ; stable d’une année sur l’autre. » Il a été choisi de travailler à l’échelle de l’îlot et non de la parcelle car cela aurait demandé trop de temps lors de l’enquête de détailler toutes les parcelles unes à unes.

L’agriculteur repassait au crayon ces îlots, nous les numérotions puis je lui posais des questions îlot par îlot. Ces questions portaient sur les caractéristiques et le type d’utilisation de ces îlots (taille, aménagements, successions de cultures, types d’animaux et de prairies).

La succession culturale peut-être définie comme la nature des cultures et leur ordre de succession. On essaie de comprendre comment l’agriculteur gère ces successions de cultures est quel est son raisonnement technique portant sur des pas de temps supérieurs à l’année culturale. (Doré et al., 2006)

module D : pratiques culturales (itinéraires techniques du maïs et du blé) et gestion des bordures de champs. Dans ce module nous abordions les itinéraires techniques du blé et du maïs en 2009 et je demandais si des choses avaient changé depuis 2000 et si oui pourquoi. De plus je notais aussi si des années exceptionnelles (très bon ou très mauvais rendement) apparaissaient aussi entre 2000 ou 2009.

Après cela les questions portaient sur le type de bordures de champs présentes sur l’exploitation et l’entretien qui en était fait cette année mais aussi en 2000. Cela m’a permis d’identifier des changements de pratiques depuis les 10 dernières années. Pour aider l’agriculteur à identifier ces bordures de champs je montrais des photos de différentes bordures.

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49 L’enquête durait 2h00 environ mais la durée dépendait de la taille de l’exploitation et du

nombre d’îlots à passer en revue. Puis l’entretien était très souvent suivi d’une discussion informelle avec l’agriculteur.

Ensuite cet entretien était systématiquement suivi d’une visite sur le terrain des parcelles de l’exploitation pour vérifier les informations données pendant l’enquête et prendre des photos Il était fréquent que les agriculteurs m’accompagnent pour ces visites.

Tous les entretiens étaient enregistrés, cela m’a permis de revenir plus tard lors de la saisie des données sur certains points mal notés. Les enregistrements que j’ai jugé les plus riches en informations ont été transmis à V. Van Tilbeurgh la sociologue travaillant sur le même projet. Des retranscriptions d’entretiens seront réalisés par une entreprise extérieure à partir desquels la sociologue réalisera une analyse des discours de l’agriculteur.

2.3.2 Méthode d’analyse des données

Les données ainsi recueillies ont été rentrées dans une base de données Access. Cette base de données s’inspire d’une base utilisée par le SAD-paysage, «Agripays». Nous avons beaucoup remanié cette base pour qu’elle corresponde mieux à mes données.

La figure 7 montre le raisonnement suivi pour l’analyse de mes données. Ce que l’on cherche à expliquer ce sont les évolutions des pratiques des agriculteurs en termes de gestion territoriale. Pour expliquer ces pratiques il faut comprendre le raisonnement de l’agriculteur, c’est pourquoi pendant l’enquête dès que l’agriculteur me faisait part d’un changement dans ces pratiques je lui en demandais toujours les raisons.

Les descripteurs de la structure de l’exploitation agricole (SAU, le nombre d’UTA, la forme sociétaire…) et leur évolution sont aussi très importants pour comprendre les changements de pratiques. En effet une modification de ces paramètres dans les 10 dernières années peut avoir amené les agriculteurs à s’adapter à ces modifications en modifiant certaines de leurs pratiques.

Facteurs explicatifs

Pratiques des agriculteurs en termes de gestion territoriale Descripteurs de la

structure de l’EA Raisonnement

de l’agriculteur

A expliquer

Figure 7 : Raisonnement suivi lors de l'analyse des données

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