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2 Présentation des zones enquêtées et techniques d’enquête

3.4 Les bordures de champs : l’évolution de leur gestion et des débouchés

3.4.1 La plantation et l’arasement depuis les 20 dernières années

Tout d’abord j’ai demandé aux agriculteurs d’évaluer la quantité de haies présentes dans chaque îlot. D’après les agriculteurs des Côtes d’Armor 55% des îlots ont beaucoup de haies c’est-à-dire qu’il y en a tout autour de l’îlot et parfois même à l’intérieur. Dans l’Orne un peu plus de 40% des îlots sont considérés comme ayant beaucoup de haies tandis qu’ils sont 35% dans le Maine-et-Loire.

Les plantations ou arasement de haies ont été étudiés depuis une plus grande période que les 10 dernières années puisque la question était plutôt posée pour les 20 dernières années. On constate que les 3 départements, que la grande majorité des îlots n’a pas été impacté par un arasement ou une plantation de haies.(figure 32 ) Cela est surtout vrai dans l’Orne ou les haies de près de 80% des îlots n’ont pas été touché par des changements.

C’est dans les exploitations enquêtées en Bretagne que les arasements ont été les plus nombreux et notamment les arasements avec agrandissement qui se produisent lors de l’acquisition d’une nouvelle parcelle adjacente à un îlot de l’exploitation. Dans l’Orne, se sont les arasements sans changements parcellaires qui sont les plus nombreux. Cela veut dire que se sont les haies situées à l’intérieur d’îlots préexistants qui sont arasées. Les arasements sont justifiés par une simplification du travail ; en effet, les haies demandent de l’entretien et il est plus facile de cultiver une grande parcelle sans obstacle au milieu. Quelques arasements se sont produits jusqu’à très récemment dans les 3 départements et un agriculteur des Côtes d’Armor confiait vouloir abattre prochainement les quelques arbres situés au milieu de la parcelle qu’il vient d’acquérir. (Figure 30 a)

Les îlots replantés sont les plus nombreux dans le Maine-et-Loire et les Côtes d’Armor. Quasiment toutes les plantations de nouvelles haies sont faites sans redécoupage parcellaire, cela veut dire que les nouvelles haies sont plantés sur les côtés et non à l’intérieur des îlots. Les raisons évoquées pour la plantation de nouvelles haies sont « pour limiter l’érosion et pour les animaux » ; un agriculteur replante car « on a perdu 1m à 1,50 m de terre à cet endroit » La figure 30 (b) montre un des rares exemples de nouvelles haies au milieu d’un îlot

Figure 31 : les plantations ou arasements de haie dans les 3 départements

0% 20% 40% 60% 80% 100% 22 49 61 départem ent % nomb re d' îl o

ts plantation sans redécoupage

plantation avec redécoupage arasement avec agrandissement arasement sans changement pas de changement

96 a) Talus abimé par une coupe au ras de haies hautes tiges (Côtes d’Armor)

c) Bordure de champ traité au glyphosate d) Fossé curé récemment (Maine-et-Loire)

97 3.4.2 La modification de l’entretien au cours des 10 dernières années

Comme pour les autres thèmes les changements de pratiques dans l’entretien des bordures de champs depuis les 10 dernières années ont été croisés avec les raisonnements des agriculteurs. (figure 34)

Les bordures de champs incluent les haies hautes et moyennes tiges, les talus herbeux, les fossés et les bandes d’herbe à plat. Les bandes d’herbe à plat ne doivent pas être confondues avec les bandes enherbées mises en place dans le cadre des conditionnalités de la PAC. Sept agriculteurs n’ont effectué aucune modification sur ces bordures de champs.

Le principal changement effectué réside dans les changements d’outils. Des agriculteurs ou la CUMA dans laquelle ils adhèrent ont ainsi abandonné la tronçonneuse pour le lamier pour l’élagage des arbres ; d’autres ont investi dans une épareuse pour le débroussaillage. La principale raison évoquée est la simplification du travail, en effet, ces matériels sont plus performants que les anciens.

L’appel à une Entreprise de Travaux Agricoles (ETA) ainsi que la diminution ou l’arrêt d’une opération mécanique sont aussi liés à une recherche de simplification du travail.

L’arrêt ou la diminution des traitements chimiques (au glyphosate notamment) est dû à la meilleure prise en compte de l’environnement par les agriculteurs selon leurs dires.

Toutefois des méthodes de gestions de bordures de champs peu respectueuses de l’environnement sont conservées. (figure 32)

Le climat n’est pas un facteur de raisonnement des agriculteurs dans leur gestion des bordures de champs. Toutefois lors de discussions informelles, beaucoup ont mentionné le fait que les haies selon leurs orientations pouvaient avoir un impact positif sur les cultures en les protégeant du vent notamment.

0 1 2 3 4 5 6 7 8 pas de changem ent s changem ent d' out ils appe l d'un e E TA dimi nut ion trai tem ent s chi miques aug menta tion trai tem ent s chi miques arrêt de s tra item ents aug ment ation des opér ation s méc ani ques dim inut ion des opér ations méc ani ques arrêt d'une o pér ation cani que n o m b re d 'exp lo it at io n s réglementatio n main d'o euvre

augmentatio n de la technicité respect enviro nnement simplificatio n pas de changements

99 En reliant les changements de pratiques et les raisonnements, à l’évolution de la SAU par

UTA depuis les 10 dernières années, on s’aperçoit qu’il n’y a pas de concordance.

En effet les exploitations ayant augmenté leur SAU par UTA ne sont pas celles qui modifient leurs pratiques dans le but d’une simplification de leur travail. Au contraire, dans le cas des bordures de champs, 40% des exploitations ayant augmenté leur SAU par UTA n’ont pas changé du tout leurs modes de gestion des bordures de champs au cours des 10 dernières années

3.4.3 La quantité utilisée en bois de chauffage

Sur les 28 agriculteurs enquêtés, seuls 10 - dont 7 dans le Maine-et-Loire et 3 dans les Côtes d’Armor - déclarent ne pas utiliser de bois de chauffage pour leur habitation. Par contre si ces agriculteurs n’utilisent pas le bois comme moyen de chauffage ils le vendent. Cela concerne tous les agriculteurs du Maine-et-Loire n’utilisant pas leur bois comme moyen de chauffage. Tableau 4 : moyenne de la quantité de bois vendue et consommée tous les ans par les exploitants enquêtés

C’est dans les Côtes d’Armor et le Maine-et-Loire que les quantités de bois vendues et consommées sont les plus fortes. (tableau 4) Cela peut s’expliquer par le fait que se sont les régions ou la quantité de bois disponible est la plus forte. En effet dans l’Orne il était courant que les agriculteurs possèdent un peu de forêt et c’est dans les Côtes d’Armor que le bocage était le plus dense. Ces 2 zones ont peut-être une tradition d’utilisation en bois de chauffage plus ancrée que dans le Maine-et-Loire.

Depuis les 10 dernières années, 17 agriculteurs ont jugé que leur consommation de bois de chauffage est restée constante mais 6 (dont 3 dans les Côtes d’Armor) ont déclaré qu’elle avait diminué tandis que 5 (dont 3 dans le Maine-et-Loire) ont constaté une augmentation de cette production. Il n’y a pas de différences entre les départements dans ces évolutions.

Le bois peut aussi être transformé, ainsi 2 agriculteurs des Côtes d’Armor l’utilisent sous forme de plaquettes pour le chauffage des habitations. Quelques agriculteurs sont à la recherche de débouchés pour la revente de leur bois pour le chauffage de collectivités par exemple.

Un agriculteur ornais utilise du bois déchiqueté sous le paillage des boxes des veaux pour « mieux drainer ».

D’autres projets sont à l’étude ; ainsi un agriculteur des Côtes d’Armor a songé à utiliser du bois broyé comme mulch sur ses terres.

départements

Moyenne quantité bois (en m3)

22 24 49 10 61 25 total 20

101 3.4.4 D’autres énergies renouvelables apparaissent

L’énergie solaire est l’énergie la plus utilisée puisque 8 agriculteurs (dont 4 dans les Côtes d’Armor) ont déjà ou vont très prochainement installer des panneaux sur les toits des bâtiments d’exploitation. Cela peut paraître surprenant que ce soit en Centre Bretagne (là ou il y a le moins de soleil) que cette énergie se développe le plus. Certains agriculteurs ont commencé à étudier ce projet mais ne pourront pas le mettre en place car il faut être propriétaire des bâtiments sur lesquels on veut installer les panneaux.

D’autres énergies à l’étude comme la méthanisation, ainsi 2 exploitations l’envisagent sérieusement.

Un agriculteur a mis en place une chaudière à blé pour chauffer sa maison.

Un agriculteur a une presse à colza pour faire du biocarburant et un autre une culture de miscanthus.

En tout, ces énergies renouvelables sont donc présentes dans 11 exploitations. Cela montre que les agriculteurs sont conscients des enjeux actuels en ce qui concerne l’environnement mais cela peut aussi s’expliquer leur consommation d’énergie qui est très couteuse, ils peuvent donc chercher à faire des économies sur ce poste.

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