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4 Quelle place des changements climatiques dans les facteurs influençant les

4.3 Les différences de modification des pratiques en fonction des départements

départements

Le choix d’étudier 3 départements avec des climats différents a été fait afin de comparer les réponses des agriculteurs de ces 3 départements aux changements climatiques.

Le résultat est qu’aucun département ne ressort vraiment par rapport aux autres en ce qui concerne ces changements de pratiques liés au climat.

108 Figure 34 : Prairie asséchée au début du mois de juillet dans les Côtes d'Armor

109 Dans les Côtes d’Armor, les exploitations enquêtées se situent à proximité de Plouray « la

commune la plus arrosée de Bretagne » selon un conseiller en culture interrogé. On aurait donc pu penser que les agriculteurs n’ont pas de problème de sécheresse. Or certains agriculteurs ont pris conscience de la vulnérabilité de leurs terres. Les agriculteurs l’ayant le plus ressenti sont ceux ayant des terres situées sur des granites car elles sont plus séchantes et superficielles que celles situées sur du schiste. Cette année quelques agriculteurs interrogés ont déclaré qu’ils allaient devoir ressemer des prairies à cause de la sécheresse qu’elles ont subies.

Dans le Centre Bretagne en juillet, un agriculteur a déclaré ne jamais avoir vu sa prairie touchée par la sécheresse, dans cet état jusqu’à présent. (figure 35)

Ces propos sont à nuancer car le même conseiller en culture a déclaré que même s’il y avait un déficit hydrique, la sécheresse qu’a vécut le Centre Bretagne cet été était due pour une grande partie « à un vent de nord-est au printemps qui a tout desséché pendant 3 semaines ». L’un des climatologues de Climaster consulté sur le sujet a confirmé et déclaré que « ce n'est pas un phénomène inédit car les circulations d'Est ont été plus fréquentes durant les printemps de la première moitié du XXe siècle que durant ceux de la seconde moitié. » Ces vents ne sont donc pas une des manifestations des changements climatiques en cours.

C’est dans les Côtes d’Armor que la moyenne de la SAU des exploitations enquêtées est la plus grande puisqu’elle est de 127 ha ; les 9 exploitations enquêtées par E. Aussems (l’autre stagiaire du projet)ont une SAU moyenne plus faible qui est de 91 ha. C’est aussi dans ce département que les statuts et les OTEX sont les plus diversifiés. Les exploitants enquêtés dans cette zone ont un assolement plus diversifié que dans les autres départements. On peut aussi citer l’exemple des projets d’installation de panneaux photovoltaïques.

L’environnement semble favorable à l’innovation car le tissu agricole est dense et facilite donc les échanges.

La flexibilité est devenue un facteur de survie des exploitations agricoles et cette flexibilité est devenue relationnelle, c’est-à-dire qu’elle s’appuie sur des actions au sein de collectivités (groupements de producteurs, coopératives, réseaux, Cuma…).(Chia, 2008) Les exploitations du Centre Bretagne enquêtés auraient-elles donc une capacité de flexibilité plus importante due aux nombreux échanges menés avec l’extérieur ?

C’est dans le Maine-et-Loire que les précipitations sont les plus faibles et que les températures sont les plus élevées. On aurait donc pût penser que c’est dans cette zone que les exploitations auraient été les plus sensibles à la sécheresse.

Cependant les exploitations se situaient sur des terres peu sensibles à la sécheresse même si elles n’étaient pas forcément « bonnes » pour les cultures.

C’est dans cette zone que j’ai trouvé les exploitations les plus hétérogènes au niveau de la SAU et du territoire (dispersion et morcellement).La SAU moyenne de mes exploitations était de 95 ha alors qu’elle était de 71 ha pour les 10 exploitations enquêtées par E. Aussems. De plus, 4 d’entre elles avaient un atelier granivore en plus de l’atelier lait.

Dans les exploitations enquêtées par E. Aussems, qui se situent seulement à quelques kilomètres d’écart des miennes, on retrouve 4 exploitations sur 10 au total qui irriguent leurs maïs. Ces exploitations sont donc situées sur des terres plus vulnérables à la sécheresse que celles que j’ai enquêtées.

111 Dans le Perche les exploitations enquêtées sont très homogènes au niveau de leur SAU et de

leur parcellaire. Les assolements sont basés sur des prairies permanentes et des successions en blé-maïs. C’est dans ce département que le nombre de cultures différentes dans les assolements est le plus bas. Cependant la part des cultures de vente (céréales et oléo-protéagineux) dans l’assolement est plus importante que dans les autres départements.

La SAU moyenne des exploitations que j’ai enquêté est de 107 ha alors qu’elle est de 169 ha pour les 9 exploitations enquêtées par E. Aussems. Aucunes des exploitations enquêtées par lui n’ont une SAU inférieure à 100 ha et leurs cultures de vente sont deux fois plus importantes dans l’assolement que celles des autres départements.

Comme une grande part des surfaces est en culture d’hiver, on peut penser que ce système est moins vulnérable aux sécheresses que ceux des autres départements.

Ces différentes analyses ont permis de démontrer la grande diversité qui existe entre toutes les exploitations. Selon leurs systèmes de production et la manière dont ils gèrent leur territoire, les exploitants ne s’adapteront pas de la même manière aux changements. Certains ont des marges de manœuvre très réduites, ce qui leur rendra l’adaptation aux changements climatiques plus difficile.

Les résultats d’E. Aussems sur les adaptations des systèmes fourragers vont permettre de préciser davantage les marges de manœuvres possibles dans les exploitations.

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