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M.
L'ABBE IVANHOE CARON
ir..oImIi
iLa colonisation
du Témiscamingue
QUEBEC
1910
The EDITH and LORNE PIERCE
COLLECTION of CANADI ANA
ilueeri's University at
Kingston
M.
L'ABBE IVANHOE CARON
Missionnairecolonisateur
La colonisation
du Témiscamingue
QUEBEC
1910
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La colonisation du Témiscamingue
E toutes nos régions de colonisation, il n'en est pas
une
seule qui jouisse aujourd'hui d'une plus grandevogue quecelledu
Témis- camingue. Il faut bien admettreque
c'estune contrée excessivement riche et fertile,
qui est en voie de devenir une des plus belles parties de la province de Québec. Enseaible nous allons par- courir cet
immense domaine
qui est le nôtre, nous allons étudier les efforts courageux des hardis pionniers qui petit à petit ont ouvert à la civilisation ces régions naguère sauvages.En
entendant le récitde leurs labeursardus et pénibles, vous serez intéressés; vous
compren-
drez que l'humble défricheur perduau
fond des épaisses forêts accomplit souvent desœuvres
étonnantes et mérite toute notre admiration, tout notre encouragement.Avant
de nous mettre en route disonsun mot
de lagéographie
du
paysque
nous allons visiter.La
régiondu Témiscamingue
doit sonnom
àun
vaste lac qui n'est qu'une expansion de la rivièredesOutaouaiset qui sépare la province de
Québec
de la province d'(3n- tario.Ce
lac situé dans le 47^'"''' degré de latitude nord est navigable surune
longueur de 75 milles pour les naviresConférencedonnéesouslesauspicesdelaSociétédeGéographie de Québec,
le ISnovembre 1910.
—
6—
même du
plus fort tonnage et justifie sonnom
qui en langue indienne veut dire « eau profonde. » C'est en effet le plus profond et le plus grand de tous les lacs qui se trouvent sur le parcours de l'Outaouais. Sa superficie estde 330 milles, il est à 612 pieds au-dessus
du
niveau de la mer, et reçoit les eaux de plus de dix-huit millionsd'acres carrées. Sa largeur qui atteint 6 à 8 millesapparaîtéchan- crée de baies et bordée de rochers abrupts qui s'élèvent parfois à plusieurs centaines de pieds de hauteur.La
première impressiondu
voyageur qui remonte le lacTémiscamingue
est mauvaise. Il reste déconcerté en voyant cette nature sauvage et stérile. Qu'il ne perde pas courage î Si l'on suit les vallées qui partentdu
fond des baies, on voit qu'il n'y aque
les bords de l'immense réservoir qui sont hérissés de montagnes. Après avoir passé troisou
quatre collines qui vont toujours s'éloignant les unes des autres, on traverseun
sol uni, aussi propre à la cultureque
la valléedu
St-Laurent.«
Le
pays situé à l'estdu
lac, dans la Province de« Québec,dit
Arthur
Buies, dansson ouvrage TwOntaouais«supérieur»
—
formeune
admirable série d'ondulations,(( sans montagnes, sans rochers,
où
croissent le pin blanc,(( l'épinette, le cèdre, le sapin, le tremble et le bouleau.
((
De
loin en loin, on y trouve aussi des érables et des(( merisiers pargroupes clair-semés et solitaires. Ces ondu-
(( lations,qui s'étendent sur des centainesdemilles, offrent
(( le plus beau
champ
possible à la colonisation, outreque
« le climat
y
estmoins
rigoureux et plus uniforme,que
« dans
beaucoup
d'endroits situés sur les bordsdu
St-« Laurent».
Voilà pour la topographie de ce pays.
Voyons
mainte- nant l'histoire de sa colonisationC'était en l'année 1883.
Le chemin
de fer Pacifique Canadien venait d'atteindre le village de Mattawa.On
commençait
à parler d'une grande région inconnue, dé- serte mais fertile, qu'arrosaient le lacTémiscamingue
eto
o
c
—
7—
ses affluents, les rivières Montréal,
Kippewa,
la Loutre et la Blanche. Jusque làaucune
colonisation sérieuse n'y avait été tentée ; la grande forêt n'avait encore retentique du
bruit des grands pinstombant
sous la hache des bûcherons ; elle n'avait entenduque
la voix des mission- naires évangélisant les Sauvages.Or, en l'année 1883,se trouvait parmices missionnaires,
un
prêtre, le Rév. P. Paradis qui, plein d'un grand zèle patriotique, résolut de dévoiler à ses compatriotes les richessesdu
pays qu'il évangélisait. Il visita en entier la valléedu
Témiscamingue, et revint avec la conviction qu'on pouvait y établirune
quarantaine de paroisses.Le
22mars
1884, il présentait à M^^Duhamel,
archevêque d'Ottawa,un
rapport de ses explorations dans lequel ildisait entre autres choses : «
Le
soldu Témiscamingue
« est d'une richesse sans égale dans toute la vallée de
« l'Outaouais. Terre grise, noire etjaune; pas
une
seule(( pierre sur des étendues de vingt à trente milles carrés.
« D'autres étendues aussi considérables ne so>nt
que
des« prairies faciles à égoutter, ou bien de vastes « brt^lés, »
(( où les arbres sont déracinés etjetés à la renverse. Chose
« remarquable, en très peu d'endroits la terre paraît avoir
« souffert des ardeurs de l'incendie,
l'humus y
est parfai-« tement intact et d'une profondeur dépassant partout six
« à huit pouces ; cette riche couche de terre noire repose
« toujours sur
uue
terre grise très friable et douée elle-«
même
d'une grande ferti'Hé. »A
lademande du
Père Paradis, le Père Gendreau, pro- cureurdu
collège d'Ottawa, fut chargé defaire à son tourune
explorationdu
paysque
celui-ci venait de visiter. Ilconfirma en tous points lesdires
du
Père Paradis. L'année suivante, àla suite dedeux
réunions àl'archevêché d'Ot- tawa, futfondée la société de colonisation d'Ottawa, dontle Père
Gendreau
devint le premier président.La
sociétéune
fois organisée, on se mit à l'œuvre.Le
principal obstacle aumouvement
dela colonisation était lemanque
de communications.
Un
petitchemin
à rails de bois fut construit pour éviter les rapidesdu Long
Sault, de laCave
et des Erables.Une
délégation se rendit auprès des ministres fédéraux pourdemander une
subvention. L'ho- norableMonsieurPope, alors ministre deschemins
de fer,répondit
que
legouvernement
construisait deschemins
de fer etnon
des tramwa^^s.Le
PèreGendreau
intervint, et en vertu d'un actepassé par le parlement fédéral en 1886,une compagnie
fut con- stituée sous lenom
de «Compagnie
dechemin
de ferdu Témiscamingue.
» L'année suivante, lamême compagnie
recevait
une
forte subventionpour
continuer les travauxcommencés,
et grâce à l'invincible couragedu
PèreGen-
dreau, à ses efforts intelligents, la ligne fut bientôtcom-
plétée de
Mattawa
àGordon
Creek, au pieddu
lac Témis- camingue.La
colonisationdu Témiscamingue
entrait dansune
phasenouvelle. Les débuts avaient étépénibles, assezlentssi l'on en juge par lesstatistiques suivantes: dansles
deux
cantonsDuhamel
et Guignes, il y avait en 1875, 10 acres en culture, 130, en 1882, et 850, en 1885.On y
comptait 3 familles en1875—11,
en1882—37,
en 1885.En
1886, 14 familles vinrent s'ajouteraux
37 déjà éta- blies, ce qui porta lenombre
de famillesétabliesà 51.En
1887, ce
nombre
fut porté à 69.Dans
le cours de cette année, legouvernement
fit arpenterdeux nouveaux
can- tons, Laverlochère et Fabre.Le
Père Gendreau, dans son rapport àla société decolo- nisation d'Ottawa, en datedu
7 février 1888, notait qu'ily
avait maintenant dans les cantonsDuhamel
etGuignes, 1085 acres en culture, et 112 familles résidentes ; cesdeux
cantons venaient d'être érigés en muncipalité.Cespremiersessais silaborieux, si longtemps incertains, ont-ils été couronnés de succès? Oui, et malgré les diffi-
cultés presque insurmontables, inhérentes à toute entre- prise de ce genre, en dépit de l'éloignement des grands
CAD
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3O
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CQ
—
9—
centres, et
du manque
de coninuinications rapides, la nuircJie vers le progrès a été surprenante.Chaque
annéedes familles nouvelles sont venues s'ajou- teraux
anciennes ; les missionnaires Oblats ont continué l'œuvrecommencée. Pendant
de longues années, leur résidence, la Mission, a été le point dedébarquement
desnouveaux
arrivés.A
ces familles généralement pauvres,ilsfournissaienttoute sortedeprovisions, leurdonnaientle
moyen
de gagner quelques piastres qui leur permettaient d'acheterun
lot et de s'}^ établir. Et lorsque ces pauvres colons étaient frustrés dans leurs droits par les grands propriétaires de limites à bois, c'étaient encore les mis- sionnaires qui prenaient leur défense, allaient plaider leur cause auprès de nos gouvernants.Sous leur action bienfaisante la forêt faisait place à de magnifiques
champs
de blé, à d'immenses prairies de foin ; des paroisses riches et populeusescomme
celles dela vallée
du
St-Laurent se formaient, s'organisaient : c'est Ville-Marie avec ses belles maisons d'éducation, son hôpi-tal, ses grands hôtels, ses jolies résidences privées ; c'est Lorrainville, St-Bruno de Guigues, St-Edouard de Fabre, St-Isidore de Laverlochère, St-Placide de Béarn, Témis- camingue-Nord, paroisses qui ont
chacune
leur curé rési- dent, avecune
population variant de 800 à 1200 âmes.Un événement
important allaitdéterminerun nouveau
courant d'immigration de ce côté. C'est la création, leV
octobre 1908,
du
Vicariat apostoliquedu Témiscamingue,
avec M^*" E.-A. Latulipecomme
titulaire. S'inspirant desa belle devise: «
Da
mihi animas», l'évêque missionnaire a entrepris unecampagne
active en faveur de la colonisa- tion de l'immense territoire placé dans sa juridiction. Il ademandé
des âmes, et lesâmes
sont venues à luicomme
une moisson féconde et bienfaisante. Sous l'influence de son laborieux apostolat
deux nouveaux
cantons ont été ouverts; le canton Guerin, en 1908, le canton Latulipe, le printempsdernier, etcesdeux
cantonssepeuplent rapi-dement.
—
10—
Pour
vous endonner une
idée, voici quelques statisti-ques recueillies au cours de
mon
dernier voyage dans ces cantons.Le
premier colondu
canton Guerin, vint s'y fixer au mois d'avril 1908. Aujourd'hui, oncompte
dans Guerin 56 familles, 320âmes
; 140 lots sont occupés, et950 acres sont défrichées.
Le
canton Latulipe,ouvert à la colonisation au mois d'avril de l'année présente, renfermemaintenant
22 familles.La
population totaledu
Témiscamingue, Québec, étaitau mois d'août dernier de 6,45'^
âmes
; 12,780 acres ontété semées en grain le printemps dernier; 18,690 acres ont été laissées en prairies à foin. Si l'on prend
comme
base de
rendement
pour le grain 16 minots de Tacre, ce qui certainementn'estpas excessifpourleTémiscamingue,on
arrive àun
total de 204,480 minots de grain pour la récolte de la présente année ; pour le foin, si l'on prendcomme
hase lerendement
de le tonne de l'acre, ce qui aussi est loin d'être excessif, on trouveque
le Témisca-mingue
Québécois a produit cette année 28,035 tonnes de foin. Voilà certainementun
résultat satisfaisant.Permettez-moi
maintenant
d'attirer votre attention surdeux
facteurs importants dans l'œuvre de la colonisation de notre pays; jeveux
dire laméthode
à suivre et les voies de communications. Et d'abord pour réussir danscette œuvre, il faut suivre
une
méthode, et cetteméthode
consiste à faire
marcher
ensemble la colonisation et la religion.Le
canadien français est essentiellement colonisateur, mais il ne peut se résoudre à entreprendre de lointains défrichements, s'il n'est pas encouragé par la perspective de voir bientôt surgirau milieude la forêtune
petitecha-pelle, de voir bientôt s'installer
un
prêtre qui le soutien- dra, l'encouragera dans son pénible travail.((
Le
colon, disait M^"" Labelle, dansune
petite brochure(( publiée il
y
a trente ans, en apercevant le clocher et le(( prêtre dans la forêt, le colon entrevoit dans
un
temps3O
H œ
T3
W
— li-
ft nipproché, rangmentation do la valeur de la propriété,
« à la suite le médecin,le notaire, le marchand, le moulin,
« la municipalité religieuse, scolaire et civile. ... Il faut
(( adopterun plan décolonisation en rapport avecles
mœurs,
« les habitudeset lesbesoins religieux et
moraux
desCana-« diens français.
(( Faites vivre
un
prêtre dansun
canton, construisezune
ft modeste chapelle pour y dire la messe,et la colonisation
« decette localité sefait
comme
parenchantement,pourvu
« quel'on colonise graduellement et
que
l'on suive la zone« des bonnes terres. Il est nécessaire de conduire,
comme
« par la main, les braves colons dans ces belles terres, de
« leur ouvrir, dans
chaque
canton, une route encommu-
« nication avec les grands centres de
commerce,
et deleur« procurer, aussitôt que faire se pourra,
un
prêtre etune
« modeste chapelle qui les réunisse au
moins une
foistous(( lesquinzejours.
En
adoptant le s^^stème paroissialpour« coloniser, on se sert d'un grand levier qui est en
harmo-
« nie avec lesbesoins, les désirs et lesaspirations
du
Oana-« dien français, w
Le
système paroissial, c'est-à-dire, legroupement
des colons en paroisse, voilà laméthode
à suivre, et c'estcelle qui a été adoptée pour la colonisationduTémiscamingue.
Voici
comment
on procède.Le
département des Terres et Forêts fait d'abord arpenterun
canton ; les ingénieurs forestiers qui, disons-le en passant, rendent desservicesin- appréciables en cette occurrence, aprèsun examen minu-
tieux, séparent les lots colonisables de ceux
non
coloni- sables; puis le gouvernement, de concert avec l'autorité religieuse, détermine dans la partiejugée propre à la cul- ture, le centre autour duquel devra rayonner la future paroisse. C'est là que la chapelle, l'école s'élèveront; c'est là que le curé aura sa résidence.Autour
de ce centre, de ce lot cédé gratuitement par legouvernement, les colons, à
mesure
qu'ils arrivent, vien- nent se fixer, s'échelonnent les uns à la suite des autres ;—
12—
lorsque le cadre qui contient les limites de la paroisse est rempli,
un nouveau
centre est marqué,une
nouvelle pa- roisse est organisée, et ainsi de suite.C'est en suivant cette
méthode
que M^"" Labelle a colo- nisé le nord de Montréal, elle réussit dans le Témisca- mingue, elle réussira dans tous nos autres endroits de colonisation.Quant aux
voies decommunications
nous avons dansle
Témiscamingue
d'assez bonnes routes carrossables.Grâce à unegénéreuse subvention de l'honorable ministre de lacolonisation, on a pu dans le courant de l'été réparer
les anciennes devenues défectueuses, et en ouvrir de nou-
velles.
Des
routes sillonnant la forêt en tous sens sont absolu-ment
nécessaires pour ouvrir à la colonisationun
pays nouveau: elles ne suffisent pas; il faut quelque chose de plus ; il faut lechemin
de fer, et cechemin
de fer nousle désirons
ardemment
dans ce beau paysdu
Témisca- mingue. M^'" Labelley
avait songé; écoutons le exposantlui-même
son projet devantune
assembléedu comté
de Terrebonne en l'année 1882.«
Le chemin
de fer que je voudrais voir construire,(( disait-il, irait jusqu'au lac
Témiscamingue
; de là il(( pourrait se souder
aux
voies de l'Ouest; de là encore et« ce serait le point le plus rapproché, le plus avantageux,
« on pourrait pousser
un embranchement
jusqu'à la baie(( d'Hudson. Voilà pour l'Ouest.
Du
côté de l'est, qui(( nous empêcherait de traverser les Laurentides pourarri-
« ver jusqu'à la région
du
Lac-St-Jean? Notrechemin
(( trouverait là
une
descente jusqu'àQuébec
; il pourrait(( encore en trouver
une
autre en deçà par lechemin
des(( Pilesjusqu'à Trois-Rivières.
((
A
partirdu
Lac St-Jean, le «Grand Tronc
» des Lan-ce rentides pourraitsuivre larive estdela rivièreSaguenay,
« en inclinant vers le sud,et atteindre facilementTadous-
« sac, qui, la chose est reconnue aujourd'hui par les
-13 —
«
hommes
les [)liis compétents, peut Fournir un magnifique« port de mer.
c( Cette voie serait ainsi la plus courte pour tout Tim-
((
mense
tratic de l'Ouest.On
ne peut concevoirde quelle« importance serait cette ligne, sans parler
du
tratic local(( qu'elle créerait sur son pai'cours, tant pour la colonisa-
(( tion et l'agriculture que pour l'industrie ; car laplupart
(( des rivières
que
l'on rencontre à cette distance sont« coupées de rapidesetde chutes qui formentdes pouvoirs
(( hydrauliques d'une valeur incalculable.
(( Voilà l'idée, voilà le plan. Il est grand
comme
l'ave-« nir de notre province.
Un
jour il sera réalisé ; les Lau-(( rentides auront leur Pacifique
comme
les provinces de(( l'Ouest et
comme
Ontario. Cela prendradu temps
sans(( doute ; mais
un
jour on verra lecouronnement
de cette(( grande œuvre. Et cette ligne nous
donnera une
telle« force qu'on ne saurait la calculer, et qu'il n'y aura
((
aucune
puissance sur terre pour nous disputer l'empire(( de cette province de Québec, notre patrie ».
N'est-ce pas
que
ce plan est grandiose, qu'il offreun
vaste
champ aux
entrepriseslesplus gigantesques.Eh
bien, ce projet qui aurait pu semblerune
utopie en 1882, estenbonne
voie de se réaliser. Etudions sur la carte les diffé- rents réseaux qui sillonnent leNord
de la province de Québec, et nous en aurons la preuve.Du
côté de l'Est, leCanadien
Nord
vient de St-Jérôme,comté
de Terrebonne, se souder à l'ancienchemin du
Lac St-Jean etQuébec
après avoir traverséune
régionéminemment
propre à l'agriculture,riche enpouvoirs hydrauliques ; delà,s'élan- çant dans la directiondu
nord il traverse les Laurentides pour jeter la vie, l'activité sur les rivesdu
Lac St-Jean,et jusqu'à Chicoutimi ;demain
il sera à Tadoussac. Voilà pour la partie est.Du
côté de l'Ouest aussi, le projet s'estdéveloppé.
Le
petitchemin
de St-Jérôme, inauguré en 1877, a été prolongé à travers lecomté
de Terrebonne, jusqu'au lacNominingue, du
lacNominingue
au Rapide—
14—
de l'Orignal, à
une
distance de 158 milles de Montréal.Quand
il auraétécontinué delàau lacTémiscamingue,une
distance de 250 milles environ, le projet de M=^ Labelle aura eu sacomplèteréalisation.Ce
n'est pas tout. Parve-nu
à la hauteurdu
grand lac Expanse, cechemin
de ferpourra se diviser et envoyer une branche vers le sud pour rejoindre le tronçon de
Mattawa
etdu Long
Sault,une
autre vers le Nord, pour atteindre leGrand Tronc
Paci- fique soit au lac Abitibi, soit à l'endroitoù
cechemin
traverse la rivière Harricana.
Le Grand Tronc
Pacifiqueau
Nord, cette ligne projetée traversant les comtésOttawa
et Pontiac, à 150 milles plus au sud, quelleimmense
région serait par làmême
ouverte à la colonisation, quelles magnifiques industries pourraient se développer le long des lacs Barrière, Victo-
ria, Expanse, et quelle force ce serait pour notre nationa-
lité, si
un
jour toute cette vaste contrée était peuplée par nos compatriotes ?(( C'est le nord, disait encore M^"" Labelle, qui sera
un
(( jour la force, le boulevard de notre nationalité; çà ne
(( peut-être le sud qui est trop petit et trop exposé.
Nous
« formerons
un
jourune
grande nation par l'étendue de«notre domaine, par nos richesses naturelles....
Pour
(( cela, il nous faut de grandes voies commerciales dont
(( nous profiterons, et
que
personnene nous enlèvera. »Pourquoi le Pacifique
Canadien
qui amené
àbonne
fin de si gigantesques entreprises, ne réaliserait-il pas celle-ci? C'est le désirde nos
hommes
d'État, c'est l'ambi- tion d'un des plus habiles et des plus compétentsparmi
noshommes
dechemin
de fer de la voir se réaliser. Met- tons-nous à l'œuvre et bientôtun
projet qui auraun immense
contre-coup sur les destinées de notre peuple seraun
fait accompli.Un
dernier mot.La
question de la colonisation de notre pays est d'une importance majeure ; seulement ce n'est pas aumoyen
d'articles de journaux, de discoursc/:
—
15 -patriotiques que nous [)ourron8 la résoudre.
Une
chose certaine, c'est que l'agriculture n'est plus en faveur ; nos jeunes gens n'ont plus le courage de se faire défricheurs ;ils aiment
mieux
aller végéter dans les villes, épuiser leurs forces dans les usines américaines, (]ue d'aller passer (pielques années dans la foret, pour y exercer le durmé-
tier de colon.
Pour
remédier à ce mal, il faudraitun
effort patrioti-que de la classe dirigeante ; il nous faudrait des jeunes gens instruits qui ne craindraient pas d'aller affronter les
rudes travaux
du
défrichement, qui, par leur exemple, feraientcomprendre
à leurscompatriotes, l'immensediffé-rence qu'il
y
a entre le labeur pénibledu
mercenaire dansun
pays étranger, et l'œuvredu
colon,du
pionnier.Com-
bien de jeunes gens émigrés
aux
Etats-Unis, ou sur lepoint d'émigrer, seraient
heureux
d'aller coloniser des régions nouvelles, s'ils rencontraientun
appui, si surtout l'exemple leur étaitdonné
par des compatriotes auxquelsl'instruction prêtât