Revue Médicale Suisse
–
www.revmed.ch–
18 avril 2012869
revue de presseLes hôpitaux manquent de plusieurs médicaments indispensables
Les ruptures de stock étaient rares par le passé mais «deviennent de plus en plus fréquentes», a expliqué hier André Pannatier, le chef du Service de pharmacie du CHUV à Lausanne. Les hôpi
taux rencontrent également des problèmes de qualité, les matières premières provenant surtout d’Inde ou de Chine. «Ces deux pays produisent entre 70 et 80 % des principes actifs généri
ques», atil indiqué, revenant sur des informations de la Sonntagszeitung et du MatinDimanche. A cause des marges de plus en plus faibles, la branche pharmaceutique doit «se plier à l’écono
mie de marché habituelle et les entreprises tra
vaillent de plus en plus en flux tendu», atil ajouté.
Conséquence : des problèmes qui vont «cres
cendo depuis 2011». Ainsi, le CHUV avait épuisé son stock de cisplatine, un anticancéreux connu depuis longtemps et très utilisé. Comme d’autres grands hôpitaux suisses il a dû se fournir en Alle
magne en attendant la prochaine livraison pro
mise pour la miavril.
«Une quinzaine de médicaments posent pro
blème», selon le Pr Pannatier. Les grands hôpi
taux sont les plus touchés car c’est là que se concentrent les médicaments anticancéreux.
Aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), ce ne sont pas moins d’une cinquantaine de médica
ments qui sont actuellement en attente de livrai
son. «C’est un grave problème qui nous occupe quelques heures chaque jour», indique Laurence
Cingria, responsable assurancequalité à la phar
macie des HUG. Différentes préparations sont concernées, y compris des vaccins qui «man
quent régulièrement». Dans certains cas, l’hôpital se voit contraint de reprendre l’original, même s’il coûte plus cher que le générique. Ou de se four
nir en Allemagne, pays plus grand que la Suisse avec de nombreux «génériqueurs».
Autre souci : la qualité. Dans 75% des cas, les certificats suspendus ou retirés pour défaut de qualité concernaient l’Inde ou la Chine, note An
dré Pannatier. «Les usines chinoises sont cinq fois moins inspectées que les sites européens», précise le pharmacienchef.
Le Pr Pannatier n’est «pas très optimiste» pour l’avenir : «Il faut une prise de conscience des au
torités politiques au niveau supranational» afin de faire pression sur les pays producteurs. Avec comme corollaire probable une hausse des prix.
«On ne peut plus agir que sur le seul levier, les prix, et rogner les marges. Si on augmente les exigences, les prix aussi vont augmenter», con clut le spécialiste.
Dans un communiqué diffusé hier sur le site inter
net de Swissmedic, Sandoz Pharmaceuticals a confirmé des ruptures d’approvisionnement pour certains cytostatiques, des médicaments utilisés en chimiothérapie. L’une des raisons est que la demande générale a rapidement augmenté ces derniers mois. (…)
La Liberté du 11 avril 2012
42_45.indd 4 16.04.12 12:21