Université Bordeaux 1 Algèbre 4 – Licence 3
Mathématiques Année 2013–2014
FEUILLE D’EXERCICES no4 Polynômes, anneaux nœthériens
Exercice 1– SoitAun anneau (commutatif unitaire). On considère le polynôme P(X) =Pn
i=0aiXi deA[X].
1) Montrer que P(X) est nilpotent dans A[X] si et seulement si tous les ai (06i6n) sont nilpotents dansA.
2)Dans cette question on supposeran >1. SoitQ(X) = Pm
i=0biXi un polynôme deA[X]. Montrer que siP(X)Q(X) = 1, alorsai+1n bm−i = 0 pour tout06i6m et que an est nilpotent.
3)En déduire queP(X)∈A[X]× si et seulement sia0 ∈A× eta1, a2, . . . , ansont nilpotents.
Exercice 2 – Soient P(X) ∈ Z[X] et m ∈ Z. On note P(X) le polynôme de Z/mZ[X] obtenu par réduction modulo m des coefficients de P(X).
1) Montrer qu’on a un isomorphisme d’anneaux Z[X]
(m, P(X)) ' Z/mZ[X]
(P(X)) .
2) Supposons que m soit premier et que P(X) soit irréductible. Montrer que (m, P(X))est maximal dans Z[X].
Exercice 3 – On rappelle qu’un anneau nœthérien est un anneau dans lequel toute suite croissante d’idéaux est stationnaire. On a vu dans la feuille 3 que tout anneau principal est nœthérien.
1) Montrer que les trois assertions suivantes sont équivalentes : (i) A est nœthérien ;
(ii) tout idéal de A est de type fini ;
(iii) tout ensemble non vide d’idéaux de A a un élément maximal pour l’in- clusion.
2) Montrer que si A est nœthérien et si I est un idéal de A, alors A/I est nœthérien.
3) On se propose de montrer que si A est nœthérien, A[X] l’est aussi (théorème de transfert de Hilbert).
a) Soit I un idéal de A[X] Pour tout n ∈ N, on note dn(I) l’ensemble des coefficients dominants des éléments deI de degrén auquel on adjoint0. Montrer que :
(1) dn(I) est un idéal de A;
(2) si I ⊆J, dn(I)⊆dn(J) pour toutn; (3) dn(I)⊆dn+1(I);
(4) si I ⊆J, alors I =J ⇔dn(I) =dn(J) pour toutn.
b) Soit (In)n>0 une suite croissante d’idéaux deA[X]. Montrer que l’ensemble des dn(Ik) (n, k ∈ N) admet un élément maximal dl(Im) et que pour tout k 6l, il existe nk tel que pour tout n>nk on a dk(In) =dk(Ink).
c) SoitN = max{m, n0, n1, . . . , nl}. Montrer que pour toutn >N on aIn=IN et conclure.
4) On a vu que principal implique nœthérien. Donner un exemple d’anneau nœ- thérien non principal.
5) Montrer que si A est intègre nœthérien, la propriété d’existence de la décom- position de la factorialité est vérifiée par A. On pourra considérer l’ensemble des idéaux (a) oùa ∈A\ {0} eta ne se décompose pas comme produit d’une unité et d’un produit d’irréductibles.
6)Montrer par un contre-exemple que l’on n’a pas nécessairement l’unicité (à as- sociation et ordre près) de cette décomposition1. On pourra considérerA=Z[i√
5]
et monter que dans A, l’élément 9admet deux décompositions incompatibles, ou encore que dans A, les éléments 6et 2 + 2i√
5 n’ont pas de pgcd.
7) Montrer2 que factoriel n’implique pas nécessairement nœthérien. Pour cela, considérer K[X1, X2, . . . , Xn, . . .] l’anneau des polynômes à une infinité dénom- brable d’indéterminées sur un corps K.
1Ainsi nœthérien + intègre 6=⇒ factoriel, alors que principal + intègre =⇒ factoriel (voir cours).
2On pourra utiliser le théorème de transfert de Gauss qui sera vu prochainement en cours : siAest factoriel, A[X]l’est aussi.