C OMPOSITIO M ATHEMATICA
A LAIN H ÉNAUT
Caractérisation des tissus de C2 dont le rang est maximal et qui sont linéarisables
Compositio Mathematica, tome 94, n
o3 (1994), p. 247-268
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Caractérisation des tissus de C2 dont le rang
estmaximal
etqui
sontlinéarisables
ALAIN
HÉNAUT
©
Centre de Recherche en Mathématiques de Bordeaux, Université Bordeaux I, C. N. R S. U. A. 226,
U.F.R. de
Mathématiques, 351 cours de la Libération, 33405 Talence Cedex, France Received 30 July 1993; accepted in final form on 18 August 19930. Introduction
Un d-tissu "If/ de
(C2, 0)
est défini par dfeuilletages (d 2)
de courbesanalytiques complexes
lisses de(C2, 0)
enposition générale;
on s’intéresse à l’étudegéométrique
de tellesconfigurations,
c’est-à-dire à unisomorphisme local 0: (C’, 0)
-(C’, 0(0» près (cf.
le livreclassique
de W. Blaschke et G.Bol
[B-B],
et l’article de S. S. Chem[C]).
On
rappelle
que si{Fi(x, y)
=cstel
sont les d feuilles de W oùFi~{x,y}
etFi(O) = 0,
le rang de"Ir,
noté rg W est la dimension duC-espace
vectoriel si des relations abéliennes de W oùon sait que rg W ne
dépend
pas du choix desFi
et que l’on a lesinégalités
suivantes:
Un d-tissu est linéaire si ses d feuilles sont des
(morceaux de)
droites de2,
non nécessairementparallèles;
parexemple,
le d-tissu de(P2,0)
con-stitué par les tangentes issues d’un
point générique
à une courbealgébrique
C de p2 de classe d est linéaire. Si le d-tissu 11/ est
linéaire,
l’existence d’une relation abélienne03A3di=1 gi(Fi)dFi
= 0 avecgi(Fi) ~
0 pour 1 i d per- met,grâce
au théorème de Lie-Darboux-Griffiths(cf. [G],
p.367),
demontrer que W est
associé,
pardualité,
à une courbealgébrique
de p2 dontle
degré
estd;
dans ce cas, le théorème d’Abel entraîne que le rang de W est maximal(i.e.
rg W =2{d - 1)(d - 2)) (en
cequi
concerne lespropriétés
des tissus linéaires de
(2, 0),
cf.l’appendice ci-dessous).
On dit
qu’un
d-tissu 11/ est linéarisable s’il existe unisomorphisme
local~: (C2, 0) ~ (C2, ~(0)) qui
transforme W en un d-tissu linéaire. On saitdepuis l’exemple
de Bol(cf.
remarque1) qu’il
existe des d-tissus de(C2, 0)
dont le rang est maximal et
qui
ne sont pas linéarisables.Dans ce qu
suit,
on se propose derépondre
à laquestion
suivante de S.S. Chern
(cf. [C],
p.6):
déterminer les d-tissus de(e2, 0)
dont le rang est maximal etqui
sont linéarisables. Plusprécisement,
on va caractériser cesderniers et décrire
(pour d 4)
toutes les linéarisationspossibles.
Lesrésultats obtenus ci-dessous
complètent
etprolongent
l’étude de cas par- ticuliers faite dans lechapitre
3 du livre de W. Blaschke et G. Bol citéplus
haut.
Si l’on
désigne
parP,
=Pkbk ~ {x,y}[b] le polynôme
associé à und-tissu W de
(C2, 0)
introduit dans[Hé] (cf. §l ci-dessous) (les
d feuilles de"Ir vérifient
l’équation
différentielle du second ordrey" = Pw(x,
y;y’)),
ona le résultat suivant:
Soit j// un d-tissu de
(C2, 0)
dont le rang estmaximal,
alors nJj/ est linéarisable si et seulement sideg Pw
3.La démonstration de ce résultat pour d 4
(cf. § 3)
utilise fondamentale- ment lespropriétés géométriques
del’espace
des relations abéliennes de o%’rappelées
dans la Section 1 etcomplétées
dans les Sections 2 et3,
et donneune
description géométrique
des linéarisationspossibles
de 1r.Pour la commodité du
lecteur,
on aregroupé
dans unappendice
lesrésultats essentiels
(et
leursdémonstrations)
concernant lagéométrie
destissus linéaires de
(C2, 0).
Pour terminer cette
introduction,
on se doit derappeler
que la classifi- cation des tissus de(C2,0)
dont le rang est maximal etqui
ne sont paslinéarisables reste à faire.
1.
Rappels
et introduction des notationsSoit 1r un d-tissu de
(C2, 0);
les d feuilles de j// sont les courbes de niveau{Fi
=este}
d’élémentsFi ~ C{x, y}
vérifiantFi(0) =
0 et enposition générale (i.e. dFi
ndFj(0) ~
0 pour 1 ij d).
On peut supposer,quitte
à faireun
changement
linéaire decoordonnées,
que lesfeuilles
de W sont lescourbes
intégrales
des dchamps
de vecteurs suivants:Xi = ~x + bi~y
pour 1 i doù
bi ~ C{x,y}
avecbi(0) ~ bj(O)
pour 1 ij
d.On dit que W est linéarisable s’il existe un
isomorphisme
local~:(C2, 0)
-(C2, ~(0)) qui
transforme 1r en un d-tissu linéaire(i.e.
und-tissu dont les feuilles sont des
(morceaux de)
droites dec2,
nonnécessairement
parallèles).
A.
Polynôme
associé à "Ir(cf. [Hé])
D’après l’hypothèse
deposition générale,
il existe ununique
élémentPw
=Pkbk
deC{x, y}[b], appelé le polynôme
associéà 1r,
tel que l’on ait:Les d feuilles de 1r sont les
graphes
d’élémentsyi ~ C{x} qui
vérifientl’équation
différentielle du second ordre:et l’on a le résultat suivant:
THÉORÈME
1. Pour d4,
W est linéarisable si et seulement si,deg P,
3 et(Po, Pl, P2, P3) vérifie
lesystème différentiel
non linéairesuivant:
REMARQUE
1. Ondésigne par e
le 5-tissu de Bol deC’;
ce 5-tissu derang maximal
(cf. [Bo])
est constitué par 4pinceaux
de droites de e2 dont les sommets sont enposition générale
et del’unique
famille desconiques
passant par ces sommets. Le 5-tissu é0 n’est pas
linéarisable;
ce résultatconnu est une
conséquence
immédiate de cequi précède puisque deg P 91
= 4.B. Géométrie de
l’espace
des relations abéliennes(cf. [C-G])
Soit W un d-tissu de
(e2, 0)
avec d 4 et dont le rang r = rg 1Y =dimc d
est maximal
(i.e.
r =1 2(d - 1)(d - 2)
oùSoit
(yiJ(F j»
1 id une base deA; puisque
le rang 11/ est maximal on peutdéfinir, d’après
une idée de H. Poincaré(cf. [P]),
d germesd’applications
de rang 1
en posant
Les d
points Zi
nedépendent
que du tissu 11/ et non du choix desFi,
et unchangement
de basepour W
se traduit sur lesZi
par unautomorphisme
linéaire de pr - 1 .
Chaque Zi
définit un germe de courbeanalytique complexe
lisse(Ci, Zi(0))
dans Pr-1 et l’ondésigne
parZ’i(x, y)
unpoint (distinct
deZi(x, y))
de la tangente àCi
enZi(x, y).
Par construction on a
03A3di=1 Zi dFi
= 0 etpuisque
le rang 11/ estmaximal, l’hypothèse
deposition générale
permet de montrer que les dpoints Z,(x, y) engendrent
un sous-espace linéairePd-3(x, y)
de P’’-1 de dimension d - 3.De
plus,
par dérivation de la relation03A3di=1 Zi dFi
= 0 on obtient que les 2dpoints Zi(x, y)
etZ’i(x, y) engendrent
un sous-espace linéaireP2d-6(X, y)
de Pr-1 de dimension 2d - 6. Ce que l’on résume parLes d
points Zi(x, y)
sont enposition générale
dans Pd-3(x, y) (i.e. (d - 2) points quelconques pris parmi
lesZi(x, y)
ne sont pas dans unhyperplan
de
Pd-3(x, y)),
il existe donc uneunique
courbe rationnelle normale dePd-3(x, y),
notéeE(x, y), qui
passe par lesZ,(x, y)
pour 1 i d. Pour(x, y) fixé,
et à unautomorphisme
linéaireprès
de pd -3(X, y),
la courbealgé- brique E(x, y)
admet laparamétrisation
suivante:Chaque
courbeE(x, y)
dePd-3(x, y)
est donclisse, irréductible,
nondégénérée
si d 5(i.e. E(x, y)
n’est pas contenue dans unhyperplan
dePd-3(x, y))
et dedegré minimal,
à savoir d - 3.2.
Application
de Darboux-Blaschke pour les tissus de(C2, 0)
dont le rang est maximalSoit 1r un d-tissu de
(C2, 0) avec d
4 et dont le rang r = rg 1r estmaximal
(r
=2(d - 1)(d - 2)).
En
s’inspirant
de G. Darboux(cf. [D])
et W. Blaschke(cf. [B]),
on poseavec les notations du
§1:
où
Grâce à la relation
03A3di=1 Zi dFi
= 0 etpuisque
l’on peut supposer que{Z3(X, y), Z4(x, y),..., Zd(x, y)} = Pd-3(x, y), l’expression
E définit une ap-plication
appelée application
de Darboux-Blaschke de11’, qui représente
lafamille
U(x,y) e(C2,O) E(x, y)
de Pr-1 des courbes rationnelles normalesE(x, y)
cpd- 3(X, y)
auvoisinage
deE(O) = E(o, 0).
En
effet,
on apuisque
la relation03A3di=1 Zi dFi
= 0 entraîne(on
aXi(Fi)
= 0 pour 1 i d oùXi
=ôx
+biay).
Cequi
montre que Eest
polynômiale
en b dedegré d -
3 et à coefficients dansC{x, y};
deplus,
on a
Ainsi,
à(x, y) fixé, l’application b E(x, y; b) paramétrise
la courberationnelle normale
E(x, y)
cpd- 3(X, y).
Le sous-espace linéaire
{E, ô6(E), ~y(E)}
de Pr-1 est de dimension2;
enparticulier rg(x,y;b)E
2.En
effet, chaque
courbeE(x, y)
est lisse et si~y(E) ~ {E, ~b(E)}
alorsce
qui
est absurdepuisque
l’on peut supposer qued’où le résultat.
LEMME. Si Pw = I:::APkbk
est lepolynôme
associé à"IY,
alorsl’applica-
tion de Darboux-Blaschke E de ir
vérifie
la relation suivante:En
particulier,
on adeg P,
3 si et seulement si,rg(x,y;b)E
est constant etégal à 2.
DÉMONSTRATION. D’après (A),
on apuisque Xi(Fi)
= 0 pour 1 i d oùXi
=ôx
+bj~y.
Par définition on aet
d’après
cequi précède
Ce
qui
montre que l’on apar définition de
P,(P,(x,
y;6J
=Xi(bi)
pour 1 id).
D’après (A),
on aet
Ce
qui
montre que l’on ad’où la relation du lemme
d’après
cequi précède. Enfin,
sideg Pw 3,
alorsd’après
la relationprécédente D,,(E)
E{E, ab(E), DY(E)J
d’où rg E = 2(on rappelle
que pardéfinition,
on aE(x,
y;bi)
=Zi(x, y)
dans Pr-1 pour 1i d).
Inversement,
sirg E = 2
alorsDx(E)
E{E, ab(E), ay(E)j
et la relationprécédente
montre que l’on aComme auparavant, on a
d’où
par définition de E. De
même,
Plus
généralement,
on obtient ainsipour 5 k d - 1. Ce
qui
montre, deproche
enproche,
quePd - 1
= ...=
P4
= 0grâce
à la relation(R)
ci-dessus etpuisque
le sous-espace linéaire{E, ob(E), D2 (E),
...,~d-3b(E)}
depr-1
est de dimension d - 3. Cequi
achève la démonstration du lemme. D
COROLLAIRE. On suppose que
deg P, 3,
alors par toutpoint E(xo, yo; bo) de E(xo, yo)
passe exactement unefamille
à1-paramètre
d’éléments de
~(x,y)~(C2,0)E(x, y), et chaque
membre de cettefamille différent
de
E(x o, yo) ne
rencontreE(xo, yo) qu’au point E(xo,
yo;bo).
DEMONSTRATION.
Soient(Ej)1jr
les composantes deE,
on peut supposer que l’on aEl(xo,
yo;b0) ~
0 et localementD’après
la relation du lemmeprécédent
etpuisque P,
=Po
+P 1 b
+P2b2
+P3b 3
,chaque Ej/E1
vérifiel’équation
aux dérivéespartielles
dupremier
ordre suivante:Ainsi, E-1(E(x
o, yo;bo))
est la courbecaractéristique
del’équation
ci-dessusqui
passe par(x o, yo; bo),
c’est-à-dire la solution dusystème
différentielqui
passe par(xo,
yo;bo).
Autrementdit, E-1(E(x o,
yo;b0))
est la courbeX (x, y(x); y’(x))
oùy(x)
estl’unique
solution del’équation
différentielle du second ordrey"(x)
=Pw(x, y(x); y’(x))
telle quey(x o)
= yo ety’(xo)
=bo.
Cequi
montre que la famille à1-paramètre
cherchée est(chaque
membre de cette famille passe parE(x o,
yo;bo)
en b =y’(x)).
Deplus
siE(x o,
Yo;Po)
=E(x 1, y(x1);03B21)
pour(x0, Yo) =1= (x 1, y(x 1))
suffisam -ment
voisins,
alorsPo
=bo
et03B21
=y’(x1) puisqu’il
existe uneunique
solution de
y" = Pw(x,
y;y’) qui
passe par(x0, Yo)
et(x
1,y(x 1)),
à savoiry(x).
1:13. Détermination des tissus de rang maximal de
(e2, 0) qui
sont linéarisables Soit "Ir un d-tissu de(C2, 0)
avec d 2 et dont le rang est maximal(i.e.
rg J%’ = 1 2(d - 1)(d - 2)
=r).
Si d = 2(resp. 3)
alors il est bien connu que"Ir est
linéarisable,
et mêmeparallélisable puisqu’il
existe unisomorphisme local ~ : (C2, 0)
-(C2, ~(0)) qui
transforme W en un tissu linéaire dont les feuillessont 03BE
= cste, 17 = cste(resp. 03BE
= este, 17 = csteet 03BE
+ il = cstepuisque
dans ce cas l’on a une relation abélienne non triviale:On suppose désormais que l’on a d 4.
On
rappelle qu’une surface
de Veronese de Pr-1 est une surfacealgébrique
V de Pr-1
paramétrée,
à unautomorphisme
linéaireprès
dePr-1,
parautrement
dit, V
est déterminée par la donnée d’une base duC-espace
vectoriel des
polynômes homogènes
dedegré
d - 3 deC[z0,
Zl,Z2].
Unesurface de Veronese de pr-1 = p(1/2)d(d - 3) est
lisse, irréductible,
nondégén-
érée pour d 5
(i.e.
non contenue dans unhyperplan
dePr-1)
et dedegré (d - 3)2;
pour d =5,
c’est "la" surface usuelle de Veronese de P5qui
deplus
dans ce cas
(et
seulement dans cedernier)
est nondégénérée
et dedegré minimal,
à savoir 4.THÉORÈME
2. Soit 11/ un d-tissu de(C2,0)
avec d4,
depolynôme
associé
Pw
et dont le rang r est maximal(i.e.
r-1 d - 1)(d - 2)),
alors lesconditions suivantes sont
équivalentes:
(i)
7Y estlinéarisable;
(ii)
lafamille ~(x,y)
e(C2,O)E(x, y)
est contenue dans unesurface
de VeroneseV de
Pr-1;
(iii) deg Pw
3.DEMONSTRATION.
(i)~(iii).
C’est uneconséquence
du théorème 1.(iii)~(i). Quitte
à modifier l’ordre des composantesEj
del’application
deDarboux-Blaschke E de
ff",
on peut supposerd’après
le lemmeprécédent
que
l’application
vérifie rg =
2;
deplus, d’après
le corollairequi précède
et le théorème de Bézout dansP’, chaque
courbealgébrique e(x, y)
de p2(i.e. paramétrée
parb e(x,
y;b))
est une droite(e(x o, yo) et e(x, y(x))
ont exactement unpoint
commum pour
(x o, Yo) =1= (x, y(x)).
Pardualité,
onobtient 0: (e2, 0)
~(P2, 4J(O)
en posant~(x, y)
=e(x, y),
et parconstruction 0
linéarise"Ir;
en effet~({Fi(x, y) = cstel)
est la droite dep2 qui correspond
àe(x,
y;bi(x, y))
etl’hypothèse
deposition générale
montreque 0
est unisomorphisme
local:(ii)=>(i).
Soitv : P2 ~ 03BD(P2) = V ~ Pr-1
leplongement
de la surface de Veronese V n~(x,y)~(2,0) E(x, y),
alorsv-’(E(x, y))
est une droite de Plpuisque
et l’on conclut comme dans
(iii)~(i)
en posant0(x, y) = v-1(E(x, y))
Ep2, (i)~(ii).
On peut supposer que W estlinéaire,
c’est-à-direFi
= y -x. bi
oùXi(bi)
= 0 pour 1 id (cf. [Hé], §2),
et l’on obtient d germesd’applications
de rang 1
en posant
Ui(x, y) = [1, bi(x, y), F,(x, y)]. Puisque
W est de rangmaximal,
ilexiste une relation abélienne
d’algébrisation 03A3di=1gi(Fi)dFi
= 0 oùgi(Fi) ~
0pour 1 i
d; grâce
au théorème de Lie- Darboux-Griffiths(cf. [G],
p. 367 etappendice §4)
il existe une courbealgébrique
réduite r= {f(s, t)
=01
dep2
de
degré d (non
nécessairement irréductible et éventuellementsingulière)
contenant les d germes de courbes
analytiques
lisses de p2 définis par lesUi.
Autrement
dit,
on aiJI" = 2r
où2r
est le d-tissu linéaire deP " associé,
pardualité,
à la courbealgébrique
r cp2.
Si 03C90393 est le faisceau dualisant der,
alorsH0(0393, 03C90393)
estengendré
sur C parOr
d’après
le théorème d’Abel(cf. appendice §3), H°(r, (Or)
estC-isomorphe
àl’espace
vectoriel si des relations abéliennes de"Ir,
cequi
montre que(dans
cecas)
l’on peut supposer que l’on apour 1 i d. D’où le
résultat, puisque
dans ce cas on obtientREMARQUE
2. Au cours de la démonstration du théorème2,
on a obtenu ladescription
suivante d’un d-tissu 1%’ de(e2, 0)
de rang maximal et linéarisable(d 4),
vial’espace
vectoriel SI! de ses relations abélienes: lalinéarisation ~
définie par e est
unique,
à unautomorphisme
linéaire de p2près (cf. [Hé]) et 0
transforme 1%’ en le d-tissu linéaire
2 r
de2 associé,
pardualité,
à une courbealgébrique
réduite r de ¡p2 dedegré
d. Ladescription
de la courbe r c ¡p2 est la suivante:chaque
germe de courbeCi
défini parZi
est contenu dans unecourbe
algébrique
C =v(r)
de pr-l tracée sur la surface de Veroneseest le
plongement
définissant K La courbealgébrique
C de Pr-1contenant
lesCi
est non nécessairementirréductible,
éventuellementsingulière,
nondégén-
érée
(i.e.
non contenue dans unhyperplan
dePr-1:
le rang de "Ir estmaximal!)
et de
degré d(d - 3).
REMARQUE
3. On notera,d’après
cequi précède,
que les relations abéliennes d’un d-tissu W de(C2, 0)
dont le rang est maximal permettent de "résoudregéométriquement"
lesystème
différentiel non linéaire(*)
du théorème 1.REMARQUE
4. Pour d =4,
la condition(iii)
du théorème 2 esttoujours
vérifiée et le résultat
(resp.
ladémonstration) (iii)=>(i)
du théorème 2 est celui(resp. celle) classique
de Poincaré:Tout 4-tissu 1X’ de
(C2, 0)
dont le rang est maximal est linéarisable(dans
ce cas,(x, y) ~(x, y)
=e(x, y) = P1(x, y)
E2
estl’application
de Poin-caré de "Ir
(cf.
parexemple [C-G]))
Appendice
Dans cet
appendice
on aregroupé quelques
résultatsclassiques
sur lagéométrie
des courbesalgébriques
de p2 et détaillé les démonstrations des théorèmes de base concernant lagéométrie
des tissus linéaires de(C2, 0).
On reconnaitra l’influence de l’article "Variations on a theorem of Abel"
de P. A. Griffiths
[G],
ainsi que la démonstration de G. Darboux du théorème de Lie concernant les surfaces de translation(cf. [D]).
1.
Rappels
sur lagéométrie
des courbesalgébriques
de p2(cf. [B-P-V], [G-H], [H])
Soit C
= {f(s, t)
=01
une courbealgébrique
réduite dep2,
non nécessaire- ment irréductible et éventuellementsingulière
dont ledegré
est d= deg f.
Puisque
C estréduite,
le lieusingulier Sing (C) = {f = fs = f = 0}
oùfs
=ôflbs et f = ~f/~t
est constitué d’un nombre fini depoints
de C.On
désigne
par n :é -
C la normalisation deC; C
est une variétéprojective
lisse non nécesairement connexe: siC
=Uk-1 Ei
est la décom-position (finie)
deC
en composantes connexes, alors C =ki=1 n(Ci)
est ladécomposition
de C en composantes irréductiblesCi
=n(Ci);
deplus,
njé, :
Ci ~ Ci
est la normalisation deC;.
On note
x(C) = di me HO(C, (9c) - dimcH1(C, (9c)
lacaractéristique
d’Euler-Poincaré de
C,
etp.(C) =
1 -x(C)
le genrearithmétique
de C.Si
Pc
est lepolynôme
de Hilbert de C(i.e.
associé àC[z,,
zlZ2]/
(F(z
0, zl,z2))
oùf(s, t)
=F(l,
s,t»,
alorsPc(v)
= d. v +x(C).
Orce
qui
montre que l’on aD’après
l’additivité de x, la normalisation de C donned’où la formule suivante:
où gi =
dimc H1(Ci, (9ë,)
=pa(Ci)
est le genregéométrique
deCi (i.e.
legenre
arithmétique
de la normalisation deCi).
On
rappelle
queoù
Jl( Ci, p)
est le nombre de Milnor de lasingularité (isolée)
p deCi,
et rpest le nombre de branches locales en p de la courbe
C;.
Soit coc
le faisceau
dualisant deC;
les sections locales de 03C9C sont de la formeSi C est
lisse,
Wc =Q¿.
La dualité de Serre et la connexité de Cimpliquent:
dimCH0(C, wc)
=dimCH1(C, (Dc)
Soit
Çlp2(C)
le faisceau des 2-formesméromorphes
surà pôles simples
le
long
deC;
les sections locales deQÉ2(C)
sont de la former(ds
ndt)/ f
oùr ~
(9c.
Le résidu de Poincaré surC,
notéResc,
donne la suite exacte surP2:
où l’on
rappelle
quePuisque
l’on adimCHi(P2, 03A92P2) = dimC
la suite exacte
précédente
induit unisomorphisme:
H0(P2, 03A92P2(C)) H0(C, 03C9C).
Toute fonction
méromorphe
sur p2 estrationnelle;
ainsi tout élément deH0(P2, 03A92P2(C))
s’écrit localementr(s, t) (ds
1Bdt)/f(s, t)
oùr ~ C[s, t]
avec lacondition
qu’il n’y
ait pas depôles
à l’infini. Si s =1/s’
et t =t’/s’
alorsf(s, t)
=f(s’, t’)/(s’)d,
et l’on aOn doit donc avoir
deg
r - d + 30;
orce
qui
permet de retrouverl’égalité:
dimC H0(C, wc)
=i(d - 1)(d - 2).
2. Théorème d’Abel: version différentielle de P. A. Griffiths
(cf. [G])
Une droite
générale H E p2
coupe transversalement C en dpoints
lissesdistincts,
et l’on a unecorrespondance
d’incidencela
première projection
induit unmorphisme
x : I -P2 génériquement fini,
debranches locales
où
(x,
y = tx +s)
sont des coordonnées locales surP2.
Pour toute 1-forme rationnelle co sur
C,
il existe une 1-forme rationnelleTrace(co)
surP "
définie parTrace(co)
=03A3di=1
1P*1(03C9).
Si localement surC,
on aQ) =
r(ds)/ft) = -r(dt)/fs)
avecr ~ C[s,t]
alorslocalement sur p2 où pour
(x, y) fixé,
En
effet,
on af(y - bi .
x,b,)
=0;
d’oùpuisque F’(b) = -x(~f/~s)
+of/ote
Par suite:Ainsi:
Pour
(x, y) fixé,
lepolynôme
F à des zérossimples,
à savoirles bi
=bi(x, y)
etpour k
0d’après
la formule des résidus:où
F(0) ~
0 et b =1/b’.
Si deplus, deg r
d - 3 alorspour k
= 0 où 1 on ak +
deg r -
d + 20;
cequi
montre queAinsi, d’après
l’écriture locale dumorphisme Trace,
on obtient le résultat suivant:THÉORÈME
1. Pour toutWEHO(C, mc),
3. Tissu linéaire associé à une courbe
algébrique
de P2Soit C =
{f(s, t)
=01
une courbe réduite dep2,
dedegré
d =deg f.
Avecles notations
qui précédent,
toutedroite Hp[-y,x,1={[1,s,t]; - y + tx + s = 0)
voisine de
H[0,0,1]
dans p2 coupe C en dpoints
lisses distinctsP,(x, y) = (y - bi(x, y). x, bi(x, y)).
Par dualité on obtient un d-tissu linéaire
Yc
de(e2,0) = (P2, H[0,0,1])
oùl’on
regarde e2
dansp2
via leplongement (x, y)[-y,x,1];
les d feuilles deLc
passant par(x o, yo)
sont les droites distinctesOn
appelle Lc
"le" tissu linéaire associé à la courbealgébrique
C de/p2.
Si l’une des composantes irréductibles de C est une droite
projective Di,
alorsla i-ième famille des feuilles de
.;:LJ c
est lepinceau de
droites passant parDi
oùDi
est lepoint p2 qui correspond
par dualité à la droiteDi
de/p2.
Si aucunecomposante irréductible de C est une droite
projective
alors les d feuilles deLc passant
par(x o, yo)
sont les dtangentes à la
courbe dualeC
cp2 de
Cqui passent
par(xo, yo):
onrappelle
queC
est l’adhérence del’image
dumorphisme
C -
Sing(C) ~ p2
défini par cT(C, c)
oùT(C, c)
est la tangente à la courbe C aupoint
c; deplus, la
classe de C(i.e.
ledegré d
de la courbe dualeC
deP2)
est donnée par(cf. [T]):
où
p(C, p) (resp. m((C, p))
est le nombre de Milnor(resp.
lamultiplicité)
de lasingularité (isolée)
p de C.Par
transversalité,
on a desisomorphismes
ni :(C, 0) (C, Pi(O))
oùni(s)
=[1, s, 03BEi(s)],
et l’on aP,
= ni ai avecai(x, y)
= y -bi(x, y). x,
soitb,
=03BE(ai);
enparticulier
le d-tissu linéaireLc
est défini par les{ai
=cstel,
et leschamps
devecteurs associés à
Efc
sontXi
=ôx
+bi~y.
Soit
wEHO(C,wc);
localement sur(C,Pi(O»
on ane(co) = gi(s) ds
oùgi ~ C{s}; d’après
le théorème d’Abel(cf. §2)
on obtient:On a ainsi construit une
application
C-linéairedéfinie par
03B8(03C9) = (g i(aJ)
i où d est leC-espace
vectoriel des relations abéliennes du d-tissulinéaire !f c de (C2, 0) = (P2, H[0,0,1]).
On va montrer que 0 est un
isomorphisme.
Soit(gi(ai))i ~ A,
il suffitd’après
ce
qui précède
et le lemme d’extension de Griffiths(cf. [G],
p.385)
deconstruire au
voisinage
deH[0,0,1]
dans p2 une 2-forme03A9=(r(s, t)/
f(s, t))
ds A dt dont le résidu de PoincaréResc(Q)
= w vérifie localement sur(C, P;(0)) l’égalité n*i(03C9)
=g,(s) ds;
soit encoreau
voisinage de 0 ~ C2.
Le vecteur
est non nul pour
(x, y)
voisin deOE e2,
et est tangent à C enP,(x, y);
d’oùCe
qui
montre que si à(x, y) fixé,
on poseF(b)
=f(y - bx, b)
alors on a:D’après
la formuled’interpolation
deLagrange,
la fonctionvérifie pour
(x, y)
fixé:LEMME. On suppose que l’on a
Ed-1 gi(ai) dai = 0,
alors lafonction
vérifie ~x(03BB)
+b~y(03BB)
= 0.DÉMONSTRATION. D’après l’hypothèse 03A3di= 1 gi(ai)~y(ai)
=0,
cequi
montreque l’on a
d’où
Ainsi,
puisque Xi(ai)
=Xi(bi)
= 0 oùXi = Gx
+bby.
Cequi
donne le résultat. DD’après
le lemmeci-dessus,
la fonctionl(t,
x, tx +s)
nedépend
pas de x, cequi
montre que la fonctionest
holomorphe
auvoisinage
deH[0,0,11
dans p2. Orce
qui
prouve que 0 est unisomorphisme.
Enparticulier, d’après
cequi précède
on a le résultat suivant:
THÉORÈME
2. Soit C une courbealgébrique
réduite de p2 dont ledegré
est d.Alors le rang du d-tissu linéaire
Ife
associé à C est maximal etégal
au genrearithmétique
de la courbeC,
ou encore4.
Algébrisation
des tissus linéaires de(C2, 0)
Soit 2 un d-tissu linéaire de
(C2, 0). Quitte
à faire unchangement
linéairede
coordonnées,
on peut supposer que leschamps
de vecteurs associés à 2 sontXi = Ox
+bi. Oy
avecXi(bi)
= 0(cf. [Hé], §2).
Les feuilles du d-tissu 2 sont définies par
{ai
=este}
oùai(x, y) =
y -
bi(x, y). x puisque Xi(bi)
=0;
deplus,
ona bi = 03BEi(ai)
avec03BEi ~ C{s}.
On pose
Ui(x, y) = [1, ai(x, y), çi[ai(x, y)]],
alors lesUi
définissent d germes de courbesanalytiques
lisses(0393i, Ui(0))
dans p2qui
sont trans- verses à la droiteH[0,0,1] ~ P2
en dpoints
distinctsUi(O) = [1, 0, bi(O)];
deplus,
pour(x, y)
voisin de0 ~ C2,
c’est-à-dire pourvoisin de
H[0,0,1]
dansp2,
on a:Par
transversalité,
on a desisomorphismes
ni :(C, 0) (ri, Ui(0))
oùni(s)
=[1,
s,03BEi(s)]
et desapplications Pi: (H[0,0,1], P2) ~ (ri, Ui(0))
oùP,(H)
= H.ri
=
U,(x, y)
= ni 0ai(X’ y)
avec H =H[-y,x,1].
THÉORÈME
3(Lie, Darboux,..., Griffiths).
On supposequ’il
existe unerelation abélienne du d-tissu linéaire 2 de la
forme 03A3di= 1 gi(ai) dai
= 0 avecg,(a,) :0
0 pour tout 1 i d. Alors il existe une courbealgébrique
réduite r dep2,
non nécessairement irréductible et éventuellementsingulière
dont ledegré
estd et
qui
contient les germes(03931, Ui(0)),
et un élémentW E HO(r, wr)
tel que localement sur(ri, Ui(0))
on aitn*i(03C9)
=g,(s)
ds. Enparticulier
2 est le d-tissulinéaire associé à la courbe r de p2
(i.e.
2 =2 r).
DÉMONSTRATION. D’après
le lemme d’extension de Griffiths(cf. [G],
p.385)
et cequi précède,
il suffit de construire une 2-formeméromorphe
S2 auvoisinage
deH[0,0,1] dans
p2 dont la variétépolaire
est03A3di= 1 0393i
et telle quen*i[Res0393i(03A9)]
=gi(s)
ds sur(F,, Ui(0)).
Eneffet,
l’extensionfi
de S2 s’écrit alorslocalement
Q
=(r(s, t)/ f (s, t))
ds A dt avec r etf
dansC[s, t], deg
r d - 3 oùd = deg f.
Soit
2(b,
x,y)
=03A3di= 1 gi(ai)Oy(ai)/b - b,(x, y), d’après
le lemme du§3
lafonction
2(t,
x, tx +s)
nedépend
pas de x. La 2-formeest
méromorphe
auvoisinage
deH[0,0,1]
dansP2
de variétépolaire 03A3di=1 ri puisque
pour tout 1 i d on agi(ai) =1=
0 eta,(x, y)
= y -bi(x, y).
x, soitbi(x, y)
=bi(x, bi. x
+ai).
Deplus,
on an*i[Res0393i(03A9)]
=gi(s)
ds sur(Fi, Ui(0)) puisque
et
Ce
qui
démontre le théorème.Références
[B] W. Blaschke: Über die Tangenten einer ebenen Kurve fünfter Klasse, Abh. Hamburg 9 (1933) 313-317.
[B-B] W. Blaschke und G. Bol: Geometrie der Gewebe, Springer, Berlin, 1938.
[Bo] G. Bol: Über ein bemerkenswertes Fünfgewebe in der Ebene, Abh. Hamburg 11 (1936)
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[B-P-V] W. Barth, C. Peters and A. van de Ven: Compact Complex Surfaces, Springer, 1984.
[C] S. S. Chern: Web geometry, Bull. Amer. Math. Soc. 6 (1982) 1-8.
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[D] G. Darboux: Leçons Sur la Théorie Générale Des Surfaces, Livre I, 2 ème édition, Paris, 1914.
[G] P. A. Griffiths: Variations on a theorem of Abel, Invent. Math. 35 (1976) 321-390.
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[Hé] A. Hénaut: Sur la linéarisation des tissus de C2, Topology 32 (1993) 531-542.
[P] H. Poincaré: Sur les surfaces de translation et les fonctions abéliennes, Bull. Soc. Math.
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[T] B. Teissier: Résolution simultanée I, II in Sémin. sur les singularités des surfaces, Lect.
Notes Math. 777, Springer, 1980.