MPSI B 29 juin 2019
Énoncé
Partie 1 : Un exemple en dimension 2
Soientα, β∈]0,1[. On note :
A(α, β) =
1−α α β 1−β
.
On noteλ= 1−α−β. 1. a. CalculerA
1 1
etA −α
β
.
b. Expliciter une matriceP ∈GL2(R)telle que : P−1AP =
1 0 0 λ
.
Déterminer égalementP−1. c. Montrer que pour toutn∈N:
An = 1 α+β
β+αλn α(1−λn) β(1−λn) α+βλn
.
2. Soit(Ω,P)un espace probabilisé etn+ 1variables aléatoiresX0, ..., Xn dénies dans Ωet à valeurs dans{0,1}. On suppose que pour toutk∈J0, n−1K:
P(Xk+1= 1|Xk = 0) =α et P(Xk+1= 0|Xk = 1) =β.
a. Montrer que pour toutk∈J0, n−1K: P(Xk+1= 0)
P(Xk+1= 1)
=A(α, β)T
P(Xk = 0) P(Xk = 1)
. b. Montrer que :
P(Xn = 0) =β+αλn
α+β P(X0= 0) +α(1−λn)
α+β P(Xn = 1)
P(Xn = 0) = β(1−λn)
α+β P(X0= 0) +α+βλn
α+β P(Xn= 1)
c. DéterminerP(Xn=X0). d. Posonsr= min
α
α+β, β α+β
. A l'aide d'une étude de la fonction Φ(x) =x+ (1−x)λn, montrer que :
P(Xn=X0)≥r+ (1−r)(1−α−β)n. 3. Soitl ∈N∗. Considérons une famille (Xki)0≤k≤n
1≤i≤l de variables aléatoires dénies sur Ω à valeurs dans{0,1} telles que pour toutk∈J0, nK, les variables aléatoiresXk1, ..., Xkl soient mutuellement indépendantes. On suppose que pour tout i∈J1, lKet pour tout k∈JP, n−1K:
P(Xk+1i = 1|Xki = 0) =α et P(Xk+1i = 0|Xki = 1) =β.
On noteQn la probabilité de l'événement{∀i∈J1, lK, Xni =X0i}. Monter que : Qn≥[r+ (1−r)(1−α−β)n]l.
4. On souhaite transmettre un message constitué de l bits (a1, ..., al)∈ {0,1}l à l'aide d'un réseau de communication constitué de n relais numérotés de 1 à n. Pour être transmis, le message doit passer successivement par lesnrelais. Au passage de chaque relais, chaque bit du message a une probilitéαd'être modié. On suppose que les relais agissent indépendamment les uns des autres et indépendamment sur chaque bit.
Soitε >0. Déterminer un entiernc tel que pour tout n≥nc, la probabilité pour que le message soit erroné après le passage dun-ème relais soit supérieure ou égale àε.
Partie 2 : Spectre d'une matrice stochastique
Soitn≥2, soitA= (ai,j)1≤i,j≤n ∈ Mn(R). On dit queAest une matrice stochastique (respectivement strictement stochastique) si tous ses coecients ai,j sont positifs ou nuls (respectivement strictement positifs) et si :
∀i∈J1, nK,
n
X
j=1
ai,j= 1.
Dans toute cette partie on noteraU ∈ Mn,1(R)la matrice colonne dont tous les coecients valent1.
Cette création est mise à disposition selon le Contrat
Paternité-Partage des Conditions Initiales à l'Identique 2.0 France disponible en ligne http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/fr/
1 Rémy Nicolai Amastoch
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1. SoitA = (ai,j)1≤i,j≤n une matrice stochastique (respectivement strictement stochas- tique). Montrer que pour tout(i, j)∈J1, nK
2 :
0≤ai,j≤1 (respectivement0< ai,j<1).
2. Montrer qu'une matriceA∈ Mn(R)à coecients positifs ou nuls est stochastique si et seulement siAU =U.
3. Montrer que le produit de deux matrices stochastiques (respectivement stochastiques) est stochastique (respectivement stochastique).
4. SoitA= (ai,j)1≤i,j≤n∈ Mn(C), soitλ∈C. On suppose qu'il existeX ∈ Mn,1(C)\{0}
telle queAX=λX. Montrer qu'il existei∈J1, nKtel que :
|λ−ai,i| ≤
n
X
j=1 j6=i
|ai,j|.
5. SoitA∈ Mn(R)une matrice stochastique, soitλ∈C. On suppose qu'il existe X ∈ Mn,1(C)\ {0}tel que AX=λX.
a. Montrer que|λ| ≤1.
b. SupposonsA strictement stochastique. Montrer que siλ6= 1, alors|λ|<1. 6. SoitA= (ai,j)1≤i,j≤n ∈ Mn(C). On dit queA est à diagonale strictement dominante
si :
∀i∈J1, nK, |ai,i|>
n
X
j=1 j6=i
|ai,j|.
Montrer qu'une matrice à diagonale strictement dominante est inversible.
7. SoitA∈ Mn(R)une matrice strictement stochastique.
a. Notons A1 = (ai,j)1≤i,j≤n−1 ∈ Mn−1(R) la matrice obtenue en supprimant la dernière ligne et la dernière colonne deA. Montrer queA1−In−1 est à diagonale strictement dominante.
b. Montrer queKer(A−In)est de dimension1.
Corrigé
Partie 1 : Un exemple en dimension 2
1. a. On trouveA 1
1
= 1
1
etA −α
β
=λ −α
β
.
b. Notons u ∈ L(R2) l'endomorphisme canoniquement associé à A. Posons e1 = (1,1)ete2= (−α, β). D'après la question précédente,u(e1) =e1 et u(e2) =λe2. Dans la baseB= (e1, e2)la matrice deuvautdiag(1, λ). NotonsP la matrice de passae de la base canonique vers la baseB. On a par la formule de changement de bases :
P−1AP = 1 0
0 λ
.
De plus :
P=
1 −α 1 β
et P−1= 1 α+β
β α
−1 1
.
c. Pour toutn∈N, on a : An=P
1 0 0 λn
P−1=
β+αλn α(1−λn) β(1−λn) α+βλn
.
2. a. D'après la formule des probabilités totales et les hypothèses de l'énoncé
P(Xk+1= 0) =P(Xk=0)(Xk+1= 0)P(Xk = 0) +P(Xk=1)(Xk+1= 0)P(Xk = 1)
= (1−α)P(Xk = 0) +βP(Xk = 1) De même
P(Xk+1= 1) =P(Xk=0)(Xk+1= 1)P(Xk = 0) +P(Xk=1)(Xk+1= 1)P(Xk = 1)
=αP(Xk = 0) + (1−β)P(Xk = 1) Soit
P(Xk+1= 0) P(Xk+1= 0)
=
1−α β α 1−β
P(Xk = 0) P(Xk = 0)
= tA
P(Xk= 0) P(Xk= 0)
b. D'après la question précédente, P(Xn= 0)
P(Xn= 0)
= (tA)n
P(X0= 0) P(X0= 0)
On en déduit les formules annoncées avec l'expression deAn trouvée en 1.c..
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c. Admettons que
P(X0=0)(Xn= 0) = β+αλn
α+β P(X0=1)(Xn = 0) =β(1−λn) α+β P(X0=0)(Xn = 1) =α(1−λn)
α+β P(X0=1)(Xn= 1) = α+βλn α+β
ce qui est justié par la formule des probabilités totales. On peut alors écrire une union disjointe
(Xn=X0) = (Xn= 0)∩(X0= 0)∪(Xn= 1)∩(X0= 1)
⇒P(Xn=X0) =P(X0=0)(Xn= 0)P(X0= 0) +P(X0=1)(Xn= 1)P(X0= 1)
= β+αλn
α+β P(X0= 0) +α+βλn
α+β P(X0= 1) d. Montrons l'inégalité demandée à l'aide de la fonction auxiliaire Φ donnée par
l'énoncé. On aΦ0(x) = 1−λn≥0 puisque−1< λ= 1−α−β <1. DoncΦest croissante. Pour toutx≥r,Φ(x)≥Φ(r). Or :
P(Xn=X0) = Φ β
α+β
P(X0= 0) + Φ α
α+β
P(x0= 1) donc :
P(xn =X0)≥Φ(r).
C'est le résultat demandé.
On pouvait aussi démontrer le résultat sans étude de fonction. Pour plus de com- modité, notonsu=P(X0= 0)etv=u=P(X0= 1). Alors :
P(Xn =X0) = β
α+βu+ α α+βv+
α
α+βu+ β α+βv
λn
Dans la deuxième parenthèse, remplaçonsupar1−v etv par1−u
P(Xn=X0) = β
α+βu(1−λn) + α
α+βu(1−λn) +λn
≥r(u+v)(1−λn) +λn=r+ (1−r)λn
3. On noteX0le message initial et pour tout k∈J1, nK,Xk le message après le passage duk-ème relais. On a pour toutk∈J0, n−1K:
P(Xk+1=|Xk= 0) = 1−α
P(Xk+1= 1|Xk = 0) =α et
P(Xk+1= 1|Xk= 0) =α P(Xk+1= 1|Xk= 1) = 1−α Ainsi, la probabilité pour que le message nal soit identique au message initial vaut :
P(Xn=X0)≥Φ(r) avecr=1
2 (puisqueα=β). Donc :
P(Xn=X0)≥1 + (1−2α)n
2 .
Mais il faudrait majorer cette probabilité et non la minorer ! Pour cela, reprenons l'expression de la question 2.c. On a commeα=β :
P(Xn =X0) = 1 + (1−2α)n
2 P(X0= 0) +1 + (1−2α)n
2 P(X0= 1) =1 + (1−2α)n
2 .
On cherchentel queP(Xn=X0)≤1−ε. Pour cel il sut d'avoir : 1 + (1−2α)n
2 ≤1−ε⇔nln(1−2α)≤ln(1−2ε)⇔n≥ ln(1−2ε) ln(1−2α) car les deux logaritmes sont négatifs. En posant :
nε=
ln(1−2ε) ln(1−2α)
on a :
∀n∈N, n≥nε=⇒P(Xn =X0)≤ε.
Partie 2 : Spectre d'une matrice stochastique
1. Soit (i, j) ∈ J1, nK
2. Par dénition, ai,j ≥0 (>0 si A est strictement stochastique).
Alors :
ai,j≤
n
X
k=1
ai,k= 1 et l'inégalité est stricte siA est strictement stochastique.
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2. SoitA = (ai,j)1≤i,j≤n ∈ Mn(R)à coecients positifs. Pour tout i ∈J1, nK, la i-ème ligne de la matrice colonneAU vaut :
n
X
j=1
ai,j.
Ainsi,AU =U si et seulement siA est stochastique.
3. Soient A = (ai,j)1?eqi,j≤n, B = (bi,j)1≤i,j≤n ∈ Mn(R) deux matrices stochastiques.
Notons(ci,j)1≤i,j≤n=AB. Pour tout(i, j)∈J1, nK
2 :
ci,j=
n
X
k=1
ai,kbk,j.
Pour tout(i, j)∈J1, nK
2 et toutk∈J1, nK, ai,kbk,j ≥0 doncci,j≥0. SiA etB sont strictement stochastiques, l'inégalité est stricte.
Pour touti∈J1, nK:
n
X
j=1
ci,j=
n
X
j=1 n
X
k=1
ai,kbk,j=
n
X
k=1 n
X
j=1
ai,kbk,j=
n
X
k=1
ai,k n
X
j=1
bk,j
| {z }
=1
=
n
X
k=1
ai,k= 1.
DoncABest stochastique (strictement stochastique siAet B le sont).
4. NotonsX =
x1
...
xn
. Pour touti∈J1, nK, lai-ème ligne deAX vaut :
n
X
j=1
ai,jxj =λxi=⇒(ai,i−λ)xi=−
n
X
j=1
ai,jxj.
Notonsiun indice tel que|xi|= max{|xj|, j∈J1, nK}. CommeX 6= 0, alors|xi|>0. On a en divisant l'égalité précedente précedente par |xi| on obtient par l'inégalité triangulaire :
|ai,i−λ| ≤
n
X
j=1 j6=i
ai,j xj
xi
|{z}
≤1
≤
n
X
j=1 j6=i
ai,j.
5. Raisonnons par contraposée et supposons A non inversible : il existe X =
x1
...
xn
∈ Mn,1(R)tel queAX= 0. D'après la question précédente :
|ai,i| ≤
n
X
j=1 j6=i
|ai,j|.
DoncAn'est pas à diagonale dominante.
6. a. Soiti∈J1, n−1K. Alors :
1 =ai,i+
n
X
j=1 j6=i
ai,j> ai,i+
n−1
X
j=1 j6=i
ai,j
puisqueai,n−1>0. Donc :
|1−ai,i|= 1−ai,i>
n−1
X
j=1 j6=i
ai,j=
n−1
X
j=1 j6=i
|ai,j|.
DoncA1−In−1 est à diagonale dominante.
b. A1−In−1est inversible doncA−In possède une sous-matrice inversible de taille (n−1)×(n−1). On en déduit querg(A−In)≥n−1. Mais commeU ∈Ker(A−In), alorsdim(Ker(A−In))≥1 soitrg(A−In)≤n−1 par la formule du rang. On en déduit quedim(Ker(A−In)) = 1.
7. a. D'après la question 8, on a par la minoration de l'inégalité triangulaire :
|λ| −ai,i≤
n
X
j=1 j6=i
ai,j=⇒ |λ| ≤
n
X
j=1
ai,j= 1.
b. Supposons que|λ|= 1. Siλ6= 1, alorsλ6∈R+ donc d'après le cas d'égalité dans l'inégalité triangulaire :
|λ| −ai,i<|λ−ai,i|
donc en reprenant la question précédente, on obtient|λ|<1.
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