A NNALES DE L ’I. H. P.
M. B ORN
Quelques problèmes de mécanique quantique
Annales de l’I. H. P., tome 1, n
o3 (1930), p. 205-263
<http://www.numdam.org/item?id=AIHP_1930__1_3_205_0>
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Quelques problèmes de mécanique quantique
PAR
M. BORN
MESDAMES, MESSIEURS,
Je regarde
comme ungrand
honneur l’invitation deprendre
la pa- role àParis,
la villeclassique
de la recherchephysique, et j’en
remerciede tout coeur mes
collègues
de Paris.Je
ne l’aiacceptée qu’avec
hésita-tion,
parce queje
neparle qu’imparfaitement
lalangue française,
etje
vous demande en cela toute votreindulgence.
Le
choix du sujet
m’a causéquelques
difficultés. Eneffet, j’ai publié,
avec mon ami et
collègue Jordan,
un livre « LaMécanique
élémentaire desQuanta »
dont lacomposition
nous apris plus
de deux années.Je
n’ai pas eu letemps
d’aborder un nouveau travail car ce livre n’a été finiqu’au
début de décembre dernier.Je me permettrai
donc deparler
dequelques chapitres
de celivre,
de mes proprestravaux, qui
ne sont pas encore terminés et des recherches de mes élèves.
Aujourd’hui je
voudrais direquelques
mots de laconception
statis-tique
de lamécanique
desquanta.
Vous savez tous que la merveilleuse découverte de M. Louis de BRO- GLIE sur la nature ondulatoire de la matière a donné lieu à une révo- lution dans le monde de la
mécanique.
Lamécanique
ondulatoire de SCHROEDINGERse
rattache d’unefaçon
directe aux idées deM. de BROGLIE. Tout
d’abord,
les deux savants ontbeaucoup espéré qu’il
seraitpossible
d’éliminer tout à fait laconception
dumouvement des
particules (atomes, électrons, protons
ouquanta
de la
lumière)
et de lui substituer desphénomènes
ondulatoires. Mais il est démontré que cela nepeut
se passer ainsi.Chaque phénomène peut s’interpréter
de deuxfaçons,
l’une d’elless’expliquant
par lamécanique
desparticules,
l’autre par lamécanique
des ondes.Un
exemple
nouspermettra
de saisir la différence entre ces deuxinterprétations ;
considérons larépartition
desparticules
dansl’espace après
choc contre un obstaclequelconque.
Si parexemple
un faisceaud’électrons traverse une fente ou rencontre des atomes, il se
produit
un
phénomène
de diffraction dans la théorie desondes,
et un chan-gement
d’orbite dans la théorie desparticules ;
tous deux corres-pondent
à des faits observables : d’unepart
on a pu constater desphénomènes d’interférence,
et d’autrepart
on a pu aussi montrer la natureatomique
desparticules
par leur dénombrement(scintillations
ou
compteur
deGEIGER) .
Alors onpeut dire,
toutefois avecprécau-
tion : les ondes déterminent la
probabilité
deprésence
desparticules.
On aboutit ainsi à une
conception statistique
de lamécanique
ondu-latoire, conception
dont ledéveloppement
formel estprincipalement
dû à
DIRAC, JORDAN,
NEUMANN. HEISENBERG s’est efforcéd’interpré-
ter les faits aussi bien que
possible
en montrant que la mesurabilité d’unegrandeur physique
a une limiteabsolue,
donnée par la relation dite d’ « incertitude »0394p. dq
>h
,’ ~ ==
~’
où q
est unecoordonnée, p
le momentconjugué,
et lesigne
0394 l’in-tervalle dans
lequel
cettegrandeur peut
être trouvée par la mesure. Unemesure exacte
de q
exclut donc une mesure exactede p,
et, enfait,
l’unité d’incertitude est la constante h de PLANCK.
On
comprend
facilement le sens de cetteinégalité
dans lelangage
desondes.
Si q
se trouve dans l’intervalle~q,
on doit construire unpaquet d’ondes, qui
soit considérablement différent de zéro à l’intérieur de l’intervalleLlq.
Pourcela,
on a besoin de nombreuses ondes har-moniques
sin203C0x 03BB,
et,puisque d’après
de BROGLIE lalongueur
d’onde ), est liée au moment
conjugué p par
larelation fi
=h 03BB,
ungrand 0394p correspond
à ungrand
039403BB. BOHR arepris plus précisément
les
conséquences physiques
de cette « dualité » entre ondes et par- ticules.La
mécanique
des ondes ne semble donc pas conduire à des contra-dictions d’après
cetteconception statistique.
Vous savez
déjà qu’avant
lamécanique
ondulatoire on avaitproposé
une autre modification de la
mécanique classique ; je
veuxparler
de lamécanique
desmatrices,
fondée par HEISENBERG. Il a été montré que celle-ci est tout à faitéquivalente
à lamécanique
des ondes. Mais cettedernière s’est montrée si commode et si claire que les méthodes de la théorie des matrices se sont trouvées
reléguées
au secondplan.
La raison
principale
en est que lamécanique
des ondesopère
avec desfonctions continues et des
équations
aux dérivéespartielles, qui
nous sontdevenues famillières par un
long
usage. Mais cette similitude formelleavec la théorie
classique
ne doit pas nousempêcher
de constater que lesconceptions
fondamentales de la théorie desquanta
en diffèrent toutà fait. Les idées de BOHR sur les états
stationnaires,
et les transitionsquantiques,
sontcaractéristiques
pour la nouvellemécanique
desquanta.
Le passage de cette théorie des éléments discontinus à la théorieclassique
des éléments continus se fait au moyen duprincipe
de
correspondance
deBOHR, d’après lequel
les lois de lamécanique classique
sont des cas limites des loisquantiques.
Ce fait
s’exprime
clairement si l’onn’emploie
pas la méthode des ondes mais la méthode des matrices..On a observé quel’application
des matrices n’est pas
plus
difficile que lesopérations différentielles,
sur-tout s’il
s’agit
desystèmes
àspectres
discontinus. En outre onpeut
de cette manière non seulement établir très clairementl’interpré-
tation
statistique
mais encore en déduire desconséquences
comme larelation d’incertitude de HEISENBERG.
Je
veux direquelques
mots sur cesujet.
Nous
admettons,
avecHEISENBERG,
que toutsystème mécanique peut
être caractérisé par une matriceq =
(
q21q22....)= (qnm).
q =
...
=(qnm).
correspondant
audéveloppement
en série de FOURIER d’une coor-donnée q classique :
A
chaque
indice ncorrespond
un terme ou valeur del’énergie
Wn età
chaque couple
des termes(ou transition) n, m
unefréquence
=
I h (Wn - Wm).
En
ajoutant
aux éléments de la matrice des facteursharmoniques
parrapport
autemps
on voit que les éléments de ladiagonale
qnn sont les valeurs moyennes de la
quantité q
dans l’état n.Cette
simple
constatation de HEISENBERG est notrepoint
dedépart
pour l’établissement des lois
statistiques.
Avant de lestraiter,
nousdevons dire
quelques
mots de la notationemployée
dans le calculdes matrices.
Le calcul des matrices
Nous prenons, comme définition de la somme et du
produit
dedeux matrices :
(A
+ == Anm. + Bnm=
03A3
AnkBkm.k
Nous notons par z* le nombre
conjugué
d’un nombrecomplexe z (et
non paspar Z,
parcequ’en physique
le tiretdésigne
la valeurmoyenne) .
La matrice
adjointe
d’une matrice A =(Anm)
estA- ==
(Atm)
=(A*mn).
On a la
règle
(:~B)
+ ~ B+A+.Une matrice
s’appelle
matriceadjointe
à elle-même ouhermitique quand
A = A+.La matrice
réciproque
d’une matrice A est la matricereprésentée
par A-1
qui
satisfait à la relation ,. AA-1 = A-1A = I,
100...
0 I 0...
où I ==
== ! / 010’.... B )
est la matrice unité.
o 0 I...
est la matrice unité.
On a
( AB)-i
Une matrice U
s’appelle
« unitaire ))(ou orthogonale hermitique)
siUU+=i.
On
peut
aussiinterpréter
les matrices comme desopérations qui portent
sur des vecteurs x ayant descomposantes
xi, ~’"(générale-
ment
complexes).
Dans ce cas Ax est le vecteur decomposantes (Ax)n
=03A3Ankxh.
k
Le
produit
de deux vecteurs x, y est défini par(x, ~)
- =(y, x)*.
~
La forme
hermitique appartenant
à la matrice Apeut
~w
être écrite de deux manières :
(Ax, x)
==(x, A+x)
;car à cause de
A+nm = A*mn
on a
(x, A+x)
==S~(2A~~=2~~~
=2(2~~)~=~~)’
Comme
longueur
d’un vecteur on définit lagrandeur
|x|
=(x, x).
On
appelle
l’ensemble de tous lesvecteurs x qui ont une longueur finie (malgré
le nombre infini desdimensions)
un « espaced’HILBERT » ;
dans cet espace on fixe une
métrique
ensupposant
l’invariabilité de lalongueur.
Alors toutes les transformationspermises
des coordonnéessont
unitaires ;
car si x = Uxl est une transformation unitaire on aet en vertu de la réversibilité de la
transformation,
on conclutUne forme
quadratique (Ax, x)
se transforme par la substitutionen
x)
=(AUx’, Ux1 )
=(U+AUx1, x1)
=(U-1AUx1, xi),
ou bien la matrice A se transforme en Ai - U-’AU.
Soit F
(qi, q2,...)
une fonctiondonnée,
dont les variablesindépendantes
sont des
matrices ;
on a pour une transformation unitaire des va-riables
qk’
=U-lqkU
~1-_
) -
...)Il.
Les fonctions F les
plus importantes
sont surtout cellesqui
sonthermitiques lorsque
les matrices variables le sontégalement ;
elless’appellent
fonctionsadjointes
à elles-mêmes.On
peut
réduire toute matricehermitique
A à unsystème
d’axesfondamentaux ;
il existetoujours
une matrice unitaire U telle queU-1AU == a =
(ak03B4kl).
Les ax sont les valeurs propres ou
caractéristiques
de A. Si on écritAU = aU
on
peut
faireopérer
les deux membres de cetteéquation
sur un vec-teur arbitraire
x°,
et si l’on posex =
Ux°,
on a
Ax = ax.
Les vecteurs
qui
satisfont à cetteéquation
sont les vecteurs propresou caractéristiques
de A.Dans la théorie d’HEISENBERG par
exemple
les Wn sont les valeurs propres de la matrice H =(Hnm), qui représente l’énergie
dusystème
dans unsystème
de coordonnéesq°, p0.
Si nous
représentons
desgrandeurs physiques
par desmatrices,
il sera commode de
regarder
toutes les matrices transformablesl’une en l’autre par une transformation unitaire comme
représentant
une même
grandeur.
Onpeut appeler
cet ensemble de matrices un tenseur del’espace d’HILBERT ;
les matrices sont lesreprésentants
du tenseur dans les différents
systèmes
de coordonnées.On
peut
aussi caractériser lespoints
del’espace
d’HILBERT par des fonctions continues. Si(xl,
x2,...)
est un vecteur etrrl(q), c~2(q),
... unsystème orthogonal complet
de fonctions de lavariable q,
de sorte que) ’1
= I , = o~ ~ ~ mon
peut
construire la fonctionx(q)
= ) +x203C62(q)
+ ... ;elle
représente
le vecteur x dans unsystème
de coordonnéesayant
un ensemble continu d’axes. Eneffet,
si l’on écrit ~avariable q
commeindice on a
x1q
"=03A303C6qnxn
. n
et cela
signifie
une transformation unitaire de matrice U -(03C6qn),
dont les éléments ont un indice continu et un indice discontinu.
Cet
indice q
continupeut
être considéré comme le numéro des va- leurscaractéristiques
d’unegrandeur physique (comme
dans la théorie d’HEISENBERG parexemple
l’indice discontinu n est le numéro des valeurs propres del’énergie).
Il y a un nombre infini degrandeurs physiques qui
ont des valeurscaractéristiques aq
=~(q),
fonctions con-tinues de q. Parmi cet ensemble de
grandeurs
laplus simple
est cellequi
a les valeurscaractéristiques aq
= q ; cettegrandeur
est notée sim-plement
par lesymbole q,
et la même notation est aussiemployée
pour le tenseur
correspondant.
Quand
on veutdistinguer
les valeurs propres du tenseur on écritavec DIRAC pour les valeurs
propres q’
ouq".
Onpeut
donner unereprésentation
dutenseur q
au moyen d’une matricesymbolique,
introduite par DIRAC. Pour cela on définit la fonction
symbolique 03B4(q)
de la variable
réelle q, qui
est nulle pourchaque
valeurde q excepté
q = o, où elle devient infinie mais de manière que
Le sens exact de cette définition de DIRAC est le
suivant : ~ (q)
estla limite d’un
système
de fonctions ... tel que00
lim 03C6n(q)
= o, pourq ~
o,- , f m f(q)03C6n(q)dq
=f(q)
n2014~~ n~~ -~
pour toute fonction
f (q)
.Maintenant nous pouvons voir
qu’une représentation
de lagrandeur
q est donnée par la matrice à indices continus q q’ q" =
U~l~ - q’))
icar on a
(’~‘s(q, -
=q’x(q’)
ou,
plus
brièvementqx ==
q’x..
Cela veut dire :
l’opération
sur le vecteur xindiquée
par q est lamultiplication
de x par la valeurpropre q’
de q.Quand q
est une coordonnée d’unsystème mécanique
onpeut
se demanderquelle
est lareprésentation
du momentconj ugué ~
dans lesystème
d’axes fondamentaux des q.p
est défini par la relation de commutabilité pq - qp = h 203C0i.Cette
équation
est satisfaite parl’opérateur p = h 203C0i d dq’
;car on a pour un vecteur arbitraire x
(q’)
(pq - qp)x = h 203C0i(d dq’q’x(q’)
-q’ d dq’ x(q)) = h 203C0ix.
Pour
représenter p
sous forme d’une matrice il faut introduire la dérivéed’’ (q)
de lafonction 03B4
; alors on apq’q’’ = h 203C0i 03B4’(q’ - q’’) ;
car on a par une
intégration
parparties :
Les valeurs
propres p’ de p
sont définies parl’équation
px = h 203C0i dx dq’ = p’x ;
c’est une
équation différentielle, qui
a pour solutiongénérale
x =
ae 203C0i h p’q’
.Pour définir
univoquement
les valeurs propres dep’
il faut se donnerl’intervalle dans
lequel q peut
êtrechoisi ;
celadépend
de lasignifica-
tion
physique
de q.Quand q’ peut prendre
une valeur réellequelconque
il
n’y
a aucune restrictionpour p’ ;
maisquand q’ et q’
+ 203C003B1 déter-minent la même
position
dusystème mécanique,
la fonction x doit êtrepériodique
parrapport à q’
avec lapériode
203C003B1 ; on en tire~J~, -I- I ~ -E- 2?
....2~’ , , I
En tout cas les
fonctions e h
sont les éléments de la matrice unitaire(à
indices continus oudiscontinus) qui
transforme lesystème
d’axesde q
ensystème
d’axes de~.
Il y a
quelque
difficulté formelle à écrire la relation UU+ = lsous
forme
d’intégrale ;
car on aUq’p0Up0q’’dp0
=e 203C0i h p0q’ e - 203C0i h p0q’’ dp0
= e 203C0ih p0(q’ - q’’)dp0
intégrale qui
estdivergente
pour l’intervalled’intégration
- oo pour
q’ 2014 ~ ~ o.
Mais on
peut
substituer à cetteintégrale
la valeur moyennelim
I 2a2014 e 203C0ihp0(q’ -q") dp0 =
I pourq’
=q"
a
c’est-à-dire
qu’on~’considère
lesystème,infini
àspectre
continu commecas limite d’un
système
fini àspectre
discontinu.On
peut
traiter le calcul desopérations
différentielles comme21ti âq a
des matrices. Si A est un
opérateur
différentielquelconque qui
trans-forme une fonction
x(q)
dans une autreAx(q),
onpeut
définir leproduit
scalaire par uneintégrale :
L’opérateur adjoint
de A est défini par~)
=(~ A-~
c’est-à-dire
.
~.(A~)*~.
Par
exemple l’adjoint
dep = h 203C0i 03B4 03B4q est p+ = p,
parce que
(., ~) =. ,/..(~)~ = /..(~. ~~, ~ - /-~’ ~.,
et par
intégration partielle
(x,p+x)
=x*. h 203C0i xqdq = x*.pxdq = (px, x)
pour toutes les fonctions
x(q) qui
sont nulles à l’infini.Cette
supposition
estgénéralement
nécessaire pour le domaine des fonctionsx(q) qui peuvent
être considérées commereprésentant
desvecteurs
dans l’espace
d’HILBERT. Car pour cette classe defonctions,
la
multiplication des opérateurs
différentielscorrespond
d’unefaçon:
univoque
à lamultiplication
des matrices à indices discontinus.On définit la matrice de
l’opérateur
~)-~-~)
à l’aide d’une série de fonctions
orthogonales 03C61(q), 03C62(q),...
A03C6n(q) = 03A3 Amn03C6m(q),
~
dont les coefficients ont la valeur
ce sont les ’éléments de la matrice A =
(Amn).
Si B est un autreopérateur,
et B =(Bmn)
la matricecorrespondante,
leproduit
desdeux matrices a pour élément
(AB)mn
==03A3 AmkBkn
=03A3Amk(B03C6n, 03C6k) = (B03C6n, 03A3A*mk03C6k),
k k k
puisque
CI x~
y)
_y)
_ (x~~*y~
Mais
A*mk =
A+km,
alors .
(AB)mn
=(B03C6n, 03A3A+km 03C6k)
=(B03C6n, A+03C6m)
;k
’
et si les fonctions
appartiennent
à la classe dont nous venons deparler,
on en tire(AB)mn
= (AB03C6n,03C6m).
Cela veut dire que la matrice AB
correspond
auproduit
desopéra-
teurs AB.
q)
est une fonctionadjointe
à elle-même des variablesq,p
d’un
système mécanique,
leurs fonctions propresx(q)
et leurs valeurspropres
f
sont données parl’équation
différentielleR’)x(R’) = fx(q).
On
peut
passer facilement à lareprésentation
par matrices enposant x(q)
= 03A3xn03C6n(q),n
où les
~n(q)
sont unsystème orthogonal.
Intoduisant cette série dans
l’équation,
on a03A3xnF(p, q)03C6n(q)
= f03A3xn03C6n(q) ;n n
si nous
multiplions
cetteéquation
par etintégrons
par rap-port à q,
nous en tironsoù
Fmfl
= f dq
_03C6m).
Cette
équation
estéquivalente
auproblème
de la réduction de lamatrice F à~ des axes fondamentaux.
On voit que les deux formes de calcul :
opérateurs
différentielset
matrices,
sont tout à faitéquivalentes.
Quand F(p, q)
est la fonction d’HAMILTONH(P, q)
dusystème
mé-canique considéré, l’équation
différentielle de SCHROEDINGERH(
q,h 203C0i
q)x(q) = Wx(q)
et
l’équation
de HEISENBERG03A3
Hmnxn = Wxnn
sont
identiques,
c’est-à-dire sont des formes différentes del’équation
tensorielle
Hx = W x.
’
Cela
posé
il suffit de se borner à la considération d’une des deux formes. Nouspréférons
ici le calcul des matrices parce que nous vou- lons démontrer quel’interprétation statistique
de lamécanique
quan-tique peut
êtredéveloppée d’après
la théorieoriginale
d’HEISENBERG .d’une manière trèssimple
et naturelle.1. - L’interprétation statistique de la mécanique quantique.
Après
cettedigression mathématique
retournons à notreproblème.
Nous considérons une fonction d’HAMILTON
q)
des coordonnées .qk et desmoments qui
obéissent aux relations de commutabilitépkql
-qkpl
=h 203C0i03B4kl, pkpl
-plpk
= 0.qkql -
qlqk = o.
On sait que la solution des
équations
du mouvementdqk dt
= Hpk,dpk dt = H qk
est
équivalente
auproblème
de trouver une matrice unitaire Uqui
mette la matrice H sous forme
diagonale,
ou bien de trouver des coor--données
Ph =
U-1phU, Qk = U-1qhU
telles que la matriceH(P, Q)
=q)U
=W
=(Wn03B4mn)
soit une matricediagonale.
Si
F(p, q)
est une fonction(adjointe
àelle-même)
il existetoujours
une matrice U telle que
U-IFU
= f
=(fk03B4kl).
Imaginons que F
soitl’énergie
d’unepartie
dusystème donné, f l, f 2, ~ ~ ~
étant les valeurs
possibles (ou caractéristiques)
de lagrandeur
F.On a alors
,
Fnm
k
D’après
la définition donnée audébut,
la valeur moyenne dans. u letemps,
de F dans l’état ~, estFnn =
03A3UnkfkU-1kn.
k
La condition UU+ = l ou U -1 = U+ veut dire
U-Ikn = U+kn = U*nk
et de là on tire :
~~Urzr~~~ i 1,
,k
03A3fk |Unk |2
= Fnn.k
Imaginons qu’une première
mesure faite sur lesystème considéré, .
nous ait seulement
appris qu’il
est dans l’étatquantique
n, etque l’on doive déterminer par une autre mesure la valeur de F.
La variation de F dans le
temps
se traduit par le fait que si l’onrépète
àplusieurs reprises
la même mesure on obtient des valeurs . différentesf1, f2,...
Nos formules font
comprendre l’interprétation
suivante : Le nombredonne la
probabilité
pour que la mesure nous fournisse exactement la kième valeurcaractéristique
de F(pendant
quel’énergie
dusystème
total a sa ntème valeurcaractéristique).
La valeur moyenne dans letemps
Fnn seprésente
alors comme valeur moyennestatistique
ou«
espérance mathématique
». Apartir
de là onpeut
aisémentdévelop-
per la théorie
statistique.
D’abord onpeut
étendre cequi
a été ditdes
grandeurs
H et F à deuxgrandeurs quantiques quelconques
A etB, qui
sont fonctionsadjointes
à elles-mêmes despk, qk
;pk, qk
étantdonnés comme
matrices,
et sont aussi des matrices.Si l’on transforme les
coordonnées, c’est-à-dire
si l’onprend
pour nouvelles coordonnéesPk’
= =U-1qkU,
-A et B se transforment en
A’ =
U-’AU,
B’ = U-1BU;Il existe
toujours
unsystème
de coordonnées~’ (r)
danslequel A a la
forme
diagonale
A(1 ) =
(ananm)
et un autre
système !(2)
danslequel
B a la formediagonale
B(2) =
(b/takl).
Soit U la matrice
{unitaire qui
sert de transition entreil)
et~($) ;
alors on a
A(2) = U-1A(1)U
=(03A3U-1nkakUkm)
,B(1) = =
n
’
Bien que les éléments de
A,
B necorrespondent plus
engénéral
à desfonctions
simplement périodiques,
nous pouvonsdéfinir
commevaleur moyenne de B
quand
la valeur an de A est connue.Alors on a
A(2)nn
= 03A3ak | Ukn |2,
B(1)kk = 03A3n|Ukn|2.k n
Ensuite on
appellera wkn = |Ukn|2 la probabilité
de trouver lavaleur
bn de
B, quand
A a lavaleur ak
;parallèlement
wkn= |Ukn |2
est aussila
probabilité
de trouver la valeur ak deA, quand
B a la valeur bn.Quand
on fixe ax on connaît donc larépartition
dessystèmes
d’un ensemblestatistique parmi
les valeursbi,b2,... de B ;
cetterépartition
.est donnée par
=
|Uk1|
2, wk2= | Uk2|
2, ...Quand
on connaît la kiémeligne
de la matriceB
~ jJ2~U29 .... ,
U = ...
...
ou, ce
qui
est la mêmechose,
la kiéme colonne de la matrice.... Uk 1...
U+ = U-1 = (U*12U*22....U*k2... ),
on connaît la
répartition.
Nous allons en donner un
exemple.
Soit A une coordonnéecontinue q,
B le moment
conjugué correspondant ~.
Alors - comme nous l’avonsdéj à
vu - on aUq’p’
=e 203C0ih q’p’
.La
probabilité
d’une valeurpropre P’ de p, quand q
a la valeurdonnée est donc
wq’p’
=|Uq’p’ |
2 = I,c’est-à-dire que
chaque valeur ~
a la mêmeprobabilité.
Dans le cas des variables continues on ne
peut
pas normaliser laprobabilité
defaçon
que la somme des;probabilités
soitl’unité ;
on nepeut parler
que des valeurs « relatives » de laprobabilité.
Cet
exemple
de variablesconjuguées représente
un casextrême ;
engénéral
lesprobabilités
ne seraient pas constantes mais fonctions de la valeur de la variable considérée.Retournons aux
systèmes
àspectre
discontinu.Dans
l’espace
d’HILBERT le passage d’unsystème
de coordonnées 2:à un autre
système
~’correspond
à une transformation unitaireou bien
xn’
_ ~ Unh‘x,~
k k
Quand
onprend
pour x le vecteur unitéqui
coïncide avec l’axe fon.damental de A
appartenant
à ak,x = OOO... OIO...
(où
le l occupe la kièmeplace)
lescomposantes
de ce vecteur dans le sys- tème 03A3’ sontxn’ = UL.
Choisissons en
particulier pour 1,
~’ les axes fondamentauxapparte-
nant aux
grandeurs
A etB,
etappelons
c un vecteur fondamental de A(de longueur 1) ;
on a pour sescomposantes
dans lesystème
fondamental de B :’
Cn = Ul a.
La
probabilité
de trouver une valeur bk deB, quand
la valeur carac-téristique
de Aappartenant
au vecteur c a étémesurée,
est~ n
On a
supposé ici
que A n’est pasdégénéré,
c’est-à-dire que A n’a pas de valeurs fondamentales coïncidentes. Si on a un ensemble statis-tique
tel que pourchaque système
une certainegrandeur
A prenneune valeur déterminée nous
l’appellerons (d’après NEUMANN)
un« cas pur »
(cela
veut dire le cas leplus simple possible) ;
il est carac-térisé par le vecteur de c, et a la
propriété
que lastatistique
de toutegrandeur
Bpeut
être construite enprojetant
c sur les axes fondamen-taux de B et en élevant au carré les
composantes
de c.La moyenne
statistique
d’unegrandeur quelconque
Bpeut
donc s’écrire :B -
03A3 bkwk
=03A3bk |ck|2
= 03A3bkck.c*k ;k k k
ci, cs.. , étant les
composantes
de c dans lesystème
fondamental deB,
on ac’est-à-dire que les
produits
bxcx sont lescomposantes
du vecteur Bc dans cesystème
de coordonnées. De là on tireB =
(Bc, c)
=03A3Bkncnc*k.
kn
La valeur
statistique
d’unegrandeur
B dans le cas pur c est doncsimplement
la valeur de la formehermitique appartenant
à B pour lescomposantes
de c dans lesystème
fondamental de B.Le cas pur
représente
dans lamécanique
desquanta
la délimitation laplus
étroitequ’on puisse imposer
à un ensemblestatistique.
Tout autre ensemble est un
mélange
de cas purs. Voici ce que celasignifie :
Onpeut
caractériser le cas pur, au lieu du vecteur c, par un tenseur del’espace
d’HILBERT :1~=
c*c, Fn’c -cncl, qui n’a jamais
de valeursnégatives.
On aB
=03A3Bkncnc*k
=03A3BknFnk
=Sp(BF)
kn kn
la « trace »
Sp(A)
étant définie par=
03A3Ann
n
représente
la somme des élémentsdiagonaux
d’unematrice ;
il vientSp(P) = 03A3Fnn = 03A3cnc*n = 03A3 |
cn|2
= I.n n n
F
s’appelle
le tenseur deprobabilité.
Pour
chaque
ensemblequi
n’est pas un cas pur, on apareillement
untenseur de
probabilité (positif)
fi ayant lespropriétés Sp(03A6)
= I=
B.
Quand
on a un certain nombre d’ensemblesqui
sont des cas purs,avec les tenseurs de
probabilité ~~~, ~~2~,...
onpeut
construire en lesmélangeant
dans lesproportions z~2~,...
un ensemble que nousappelons
unmélange, ayant
le tenseur deprobabilité
On
peut
démontrer que tout ensemblepeut
êtrereprésenté
de-cette manière. Enfin on a le théorème : I,a condition nécessaire et suffisante pour
qu’un
ensemble soit un cas pur estqu’on
nepuisse
leconstruire autrement que par des ensembles
qui
soientégalement
descas purs. ,
Ces résultats sont
équivalents
à la restriction de la mesurabilité desgrandeurs physiques qui
dans lamécanique
des ondes est illus--trée par la construction de HEISENBERG . On ne
peut
d’aucune ma- nière déterminerplus précisément
un ensemble desystèmes
que par la mesure d’une valeurcaractéristique ak
d’unegrandeur physique
Anon
dégénérée.
Toutegrandeur
B non commutable avec A(p.
ex..coordonnée et moment
conjugué)
n’estjamais
mesurable en mêmetemps
que A. Car cetteimpossibilité
d’intervertir leproduit
veut direque le vecteur c
appartenant
à ale ne coïncide pas avec un axe fondamen- tal deB ;
donc lescomposantes ci,
c2, ... de c dans lesystème
fonda- mental de B ont des valeursqui
sont certainement différentes de 1000..., ozooo..., ... Laprobabilité
Wk= ~ ck ~2
d’existence d’une valeur caracté-ristique
bk de B est donc déterminée et différente de 0 et de 1. Donc il est inconcevablequ’une
valeurcaractéristique
déterminée bx de B et.aucune autre ait
toujours
été trouvée en mêmetemps qu’ak.
D’ailleurs on
peut
aussi très facilement déduire la loi deréciprocité
d’HEISENBERG pour la restriction de la mesurabilité des
grandeurs
noncommutables. De
l’égalité
dérivée ci-dessus(Ax, x)
==(x, A+x)
ondéduit pour la valeur moyenne
statistique
de AA+ dans le cas pur c : : AA" ==(AA+c,
c) =(A+c, A+c) >
o,parce que le carré de la
longueur
d’un vecteurn’est jamais négatif.
Soient
A,B
desgrandeurs hermitiques,
A =A+,
B = B+ et A un.nombre
réel ;
on a(A
-t-inB) (A ; il,B)+
==(A
-1-(A -
o, A~ + i,2B’ -i~(AB - BA) >
opour toute valeur réelle de A. Par
conséquent
on a. 4 -
On
remplace
maintenantalors comme on
peut
le voirfacilement,
il vient03B4B03B4A = AB - BA donc
03B4A2.03B4B2 ~
-I AB - BA’.
4
En
particulier, quand p, q
sont des variablesconjuguées,
pq - qp = h 203C0i
,on a
03B4p2.03B4q2
~ h2I603C02. Si l’on définit maintenant,
~q
-‘l ~q‘’
~on a en définitive
0394p.0394q ~ h403C0,
et on reconnaît tout de suite que c’est la limitation la
plus
exacte pos- sible de lagrandeur
d’incertitude.Cet
exemple
montre nettement que la méthode des matrices ouplus
exactement des tenseurs del’espace
d’HILBERTpermet d’exposer
la
mécanique quantique
d’une manièresimple
et claire. Lesopérations
différentielles et
intégrales
de lamécanique
des ondes ne sontimpor-
tantes que
lorsqu’il s’agit
desphénomènes
ondulatoires propres, c’est-à-dire desystèmes
àspectres
continus danslesquels
lesparti-
cules viennent de l’infini ou
disparaissent
vers l’infini.J’en
donneraides
exemples
dans les conférences suivantes. Mais même dans ce casil est souvent
plus
commode de rendre d’abord lespectre
des valeurs propres discontinu par unchangement
des conditions et de le trans- former à la fin en unspectre
continu par unprocédé
de passage à la limite.En toute
rigueur,
dans lamécanique quantique
letemps
est aussiun
opérateur (tenseur
del’espace d’HILBERT)
comme toute autregrandeur physique
et en effet elle estconjuguée
àl’énergie
H == E dusystème.
Il
y a donc une restriction pour la mesure simultanée del’énergie
et du
temps ;
La détermination d’un état stationnaire
(avec
uneénergie exacte)
demande donc nécessairement un
temps long ;
cela n’a donc aucun sensprécis
deparler
des états d’unsystème
à un moment déterminé.Mais comme
approximation
il est souventavantageux
de faireabstraction de ce
couplage
entrel’énergie
et letemps.
On a alors le droitd’employer
letemps t
commeparamètre.
Au lieu del’équation
U-1H(P, q)U
= W(matrice diagonale)
ou
HU 2014 UW == o
on a
l’équation
différentielleHU + h203C0i dU dt
= O,et ceci doit être
interprété
ainsi : On introduit dansq)
pourpk, qk
les matrices
Pk(O), qui correspondent
~à la valeur t = o ; ;puis
on cherche une
solution U(t)
del’équation qui tend’pour t
= o vers lamatrice unité. Si l’on pose
==
U-1(t)qk(o)U(t), pk(t)
=U-1(t)pk(o)U(t),
on obtient les matrices des coordonnées et des moments
conjugués
pour le moment t. Toutegrandeur A(P, q)
est maintenant aussi fonction de t et l’on aA(t)
=A(p(t), q(t))
=q(o))U(t)
=U-1(t)A(o)U(t).
Dans la notation
employée jusqu’ici A(o)
etA(t)
sont desgrandeurs physiques différentes ;
car ellescorrespondent
à des tenseursayant
des axes fondamentaux de directions
généralement
différentes. Mais ils’agit
d’autrepart
de la mêmegrandeur physique
parce que les lon- gueurs des axes fondamentaux deA(o)
etA(t)
sontégales,
donc la- réduction aux axes fondamentaux de
A(o)
et:de A (t)
donne la même matricediagonale :
A°(o)
=At(t)
=(an03B4nm).
Dans le
système appartenant
àA(o)
on a doncAO(t)
=U-1(t)AO(o)U{t)
=U-1(t)At(t)U(t),
et de là on déduit
Ici on a relié unitairement deux
représentations
d’une même gran- deurA(t) («
même )) dans lepremier sens).
Donc onpeut employer
lesconceptions statistiques développées auparavant
et on trouve le ré-sultat :
03A8nk =
| U-1nk(t) |2
=I Ukn(t) I
aest la
probabilité
de trouver exactement la valeur ak pour lagrandeur
A au
temps t
si A avait eu la valeur an autemps t
= o.On
parle plus particulièrement
deprobabilité
de transition dans le cassuivant. Soit un
système mécanique d’énergie H0(p, q),
influencé parune force
perturbatrice extérieure,
de manière quel’énergie
totale soit donnée par~’~
t)
=q)
+ q~t).
Pour la
grandeur
A onprend l’énergie Ho
dusystème
nonperturbé.
On introduit dans celle-ci les solutions du
système
nonperturbé,
c’est-à-dire les matrices pour
lesquelles f)
= W° est une ma-trice
diagonale ;
et on détermine la matrice U parl’équation
’
+
q°, t)U
= o,U(o)
= 1. .Alors
03A8nk
= | Ukn(t) |2
est la
probabilité
de transition n - kpendant
letemps
t. Onpeut
aussiremplacer l’équation
différentielle pour la matrice U par unsystème
d’équations
différentielles ordinaires en choisissant un vecteur cons-tant arbitraire XO et en introduisant le vecteur x = Ux° comme indé- terminée. On a pour ce dernier vecteur
h 203C0i
dx dt + H(p0,q0, t)x
= Oou
plus explicitement
h 203C0i dxn di + 03A3 Hnmxm
= 0.Nous rencontrerons cette dernière forme
d’équation
dans lesappli-
cations.