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Article pp.319-324 du Vol.8 n°3 (2010)

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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É DITORIAL

En proposant de traiter la notion de distance dans l’enseignement des langues à l’occasion d’un numéro thématique de Distances et savoirs, notre ambition était avant tout de combler ce que nous percevions comme une lacune. En effet, alors que l’enseignement des langues a constitué depuis longtemps l’un des secteurs les plus actifs en matière de formation à distance, les contributions consacrées à ce secteur sont restées rares dans les pages de Distances et savoirs.

Plusieurs raisons expliquent cette situation. L’une d’elles tient au fait que l’usage des technologies dans le domaine des langues est structuré depuis longtemps sous la forme d’une communauté active. Dès lors, les spécialistes des langues qui se sont intéressés à la formation à distance se sont naturellement tournés vers cette communauté qui possède ses propres revues et colloques. Une autre raison est liée au fait que Distances et savoirs est essentiellement perçue comme une revue généraliste dans le domaine de la formation à distance et que, de ce fait, elle a toujours éprouvé des difficultés à structurer une communauté dont elle serait l’organe d’expression. Rien d’étonnant dès lors que les spécialistes de la distance dans le domaine de l’enseignement des langues, qu’ils soient didacticiens, linguistes ou informaticiens, n’aient que très rarement ressenti l’envie de délaisser, ne fût-ce que temporairement, les lieux de publication qu’ils connaissaient bien.

Pour tenter de mobiliser les chercheurs intéressés par l’enseignement des langues, nous avons proposé d’explorer la notion de distance et plus particulièrement la manière dont celle-ci peut être accommodée avec les exigences de l’apprentissage des langues. Comme le lecteur pourra s’en rendre compte dans ce numéro, les auteurs ont non seulement illustré la pertinence de certaines formes de distance déjà bien documentées, notamment dans les travaux de Moore, mais ont aussi investi des formes de distance plus subtiles directement liées aux particularités de l’enseignement des langues.

Jean-François Bourdet, dans une contribution consacrée à l’étude de l’évolution des représentations initiales chez des enseignants et futurs enseignants en langue, montre l’importance de la distance linguistique dans l’apprentissage d’une langue et plus particulièrement de la distance avec la langue d’origine d’une part, et de la distance construite avec la langue cible d’autre part. Cette distance est d’autant plus importante à prendre en compte que la distance physique impose certaines contraintes au dialogue et fait émerger certaines représentations. C’est notamment le cas du passage par l’écrit dans le dialogue pédagogique et de la permanence qui lui est associée qui exposent davantage le locuteur que l’échange oral.

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Christine Develotte et François Mangenot s’intéressent également à une formation destinée à des enseignants en langue, celle-ci se déroulant selon deux modalités : synchrone et asynchrone. Il s’agit de mettre en évidence les effets de ces deux modalités sur les formes de tutorat qui sont mises en œuvre par des tuteurs en formation. Cette étude est également l’occasion d’explorer la notion de distance socio-affective et d’analyser la manière dont celle-ci est perçue selon que les interactions privilégient le synchrone ou l’asynchrone. L’observation du comportement des tuteurs a notamment conduit à souligner des différences intéressantes en ce qui concerne les activités de tutorat selon que l’enseignant en formation se trouve dans un contexte d’échange synchrone ou asynchrone.

Églantine Guély a choisi de croiser la notion de distance avec l’apprentissage dans les centres de ressources en langue. À l’évidence ce n’est pas de la distance physique dont il s’agit ici, mais plutôt de la distance transactionnelle au sens défini par Moore, au sein de laquelle l’auteur différencie distance pédagogique et distance psychologique. C’est essentiellement par rapport à ces formes de distance que l’auteur s’efforce d’analyser le fonctionnement des centres de ressources en langues en prenant pour objet d’étude un centre mis sur pied à l’université de Nancy en collaboration avec l’équipe du CRAPEL et un mandataire privé. L’analyse menée s’inscrit dans le cadre de l’étude des usages en distinguant dispositif prescrit et dispositif perçu et vécu. Les données recueillies à propos du dispositif prescrit conduisent à le caractériser comme hautement ouvert. Le dispositif perçu et vécu fera l’objet de travaux ultérieurs qui s’attacheront à analyser les processus d’appropriation du dispositif par les apprenants à travers leur utilisation des ressources mises à leur disposition.

Les articles de Charlotte Dejean, Nicolas Guichon et Viorica Nicolaev d’une part, et de Brigitte Gruson d’autre part, concernent tous deux une technologie très largement exploitée dans le domaine de l’enseignement des langues, à savoir la visioconférence. Si ces deux contributions partagent la même technologie, les bénéfices pédagogiques recherchés sont assez différents. Pour les premiers, il s’agit de former des tuteurs à distance en leur confiant l’animation de séances de visioconférence suivies par des étudiants non francophones alors que pour B. Gruson l’enjeu est essentiellement d’offrir à des élèves de l’enseignement primaire des expériences culturelles et langagières inédites. Plus précisément, la première étude vise à saisir les dynamiques interactionnelles qui se mettent en place entre les apprentis tuteurs et les apprenants de manière à dégager des pistes pour la formation des tuteurs impliqués dans ce type de dispositif. La méthodologie d’investigation s’appuie à la fois sur une analyse quantitative et qualitative des échanges pour mettre en évidence le lien qui existe entre la conduite des échanges par le tuteur et les productions observées chez les apprenants. Les analyses proposées par Brigitte Gruson fournissent une vue assez précise de la dynamique générée par les séances de visioconférence, des difficultés de mise en œuvre qui les accompagnent et de l’enthousiasme qu’elles soulèvent tant chez les élèves que chez les enseignants.

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Toutefois, pour ce qui est de l’intérêt pédagogique avéré de ces séances, l’auteur nous renvoie pour l’essentiel à des analyses empiriques fines à venir.

Régine Delamotte et Richard Sabria évoquent la notion de distance en insistant cette fois sur l’importance des distances linguistique et culturelle afin de prendre en compte les dimensions visuelles et gestuelles de la langue des signes. À ces formes de distance, les auteurs ajoutent les distances historique et anthropologique comme éléments de compréhension des processus d’appropriation d’une langue visuelle- gestuelle.

Les quatre contributions qui complètent l’éclairage donné à la thématique abordée dans ce numéro présentent comme caractéristique commune d’être plus étroitement liées au terrain dont elles rendent compte.

Alix Creuzé rend compte d’une formation hybride à la fonction de tuteur en ligne dans un cours de FLE, mise en place par l’Institut français de Madrid. Après une présentation du contexte et du dispositif, ainsi qu’une identification des compétences tutorales visées et des principales caractéristiques du public – acquis, attentes et questionnements, relevés au moyen d’un questionnaire initial –, elle souligne dans cette étude de cas l’intérêt à réduire la distance psychologique ou transactionnelle grâce à la dynamique du groupe et une utilisation appropriée des outils synchrones et asynchrones (audiovisioconférence et forum) pour favoriser l’accompagnement, la collaboration entre pairs et la réflexivité. Des exemples d’interactions considérés comme représentatifs sont présentés et analysés pour étayer ce propos, pointer les freins et leviers du dispositif au regard des objectifs visés, et identifier quelques impératifs et implications relatifs à l’exercice du tutorat.

Dans leur contribution en anglais, Dilek Altunay et M. Emin Mutlu portent le regard sur le dispositif de formation à distance en langues de leur établissement, l’université Anadolu en Turquie, et en particulier sur le Turkish Language Certificate Programme (TSP), élaboré à l’attention des personnes émigrées d’origine turque et des étrangers. Il est constitué de ressources pédagogiques multimédias (vidéo, animations interactives, sources textuelles et sonores, exercices…) organisées autour de contenus linguistiques et fonctionnels et combinées avec un suivi tutoral aussi bien asynchrone que synchrone. Des résultats d’épreuves de certification et des réponses à des questionnaires sont analysés pour tenter d’apprécier la portée de cette formation en langues, complètement à distance, auprès du public cible.

Pour leur part, Catherine Kiyitsioglou-Vlachou et Evangelia Moussouri rapportent les résultats d’une enquête auprès d’enseignants de français langue étrangère en formation initiale ou continue suivant une formation à l’Université Ouverte Héllénique, combinant regroupements présentiels et formation à distance (sans environnement technologique spécifique toutefois). Les données recueillies sur les représentations des formés sont mises à profit pour passer en revue les différents niveaux de distance impliqués et proposer une conception intégratrice à deux dimensions autour de la distance sociolinguistique et de la distance didactique.

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La dernière contribution se présente sous forme d’entretien croisé avec les coordonnateurs du projet IFADEM (Initiative francophone pour la formation à distance des maîtres). Le recours au genre de l’entretien permet de présenter avec un certain rythme un projet où la formation à distance est combinée avec des séquences de formation traditionnelle, le tout s’articulant autour d’un cadre conceptuel commun avec une prise en compte des caractéristiques locales dans quatre pays différents (Bénin, Burundi, Haïti et Madagascar) de manière à offrir des contenus de formation contextualisés et à assurer une véritable intégration institutionnelle. Après un tour d’horizon des questions liées à l’usage des TIC, et un exposé des conditions d’un déploiement réussi et des choix méthodologiques, l’entretien se focalise plus spécifiquement sur les aspects linguistiques du projet puisqu’un des objectifs essentiels est d’assurer une formation des enseignants à la didactique du et en français.

Faute de place dans ce numéro, les lecteurs intéressés devront attendre la prochaine publication (n° 4, volume 8/2010) pour découvrir un dernier texte, de Peggy Candas et Nicole Poteaux, et une importante webo-bibliographie thématique concernant l’enseignement des langues, réalisée par l’Eifad au Cned. Tout comme celui d’E. Guély présenté ci-avant, le texte de P. Candas et N. Poteaux s’intéresse à la notion de centre de ressources de langues en prenant l’exemple d’un centre implanté à l’université de Strasbourg. Après en avoir brièvement présenté les modalités de fonctionnement, les auteurs se proposent d’analyser les formes de distance mobilisées lors de l’apprentissage d’une langue à travers un dispositif de type centre de ressources. En croisant les formes de distance et l’étude d’un dispositif spécifique d’enseignement des langues, il est clair que cette contribution s’inscrit parfaitement dans les thématiques de ce numéro spécial de Distances et savoirs.

Nous souhaitions inscrire ce numéro dans la diversité, couvrir un large panel de situations d’enseignement/apprentissage des langues et, partant d’acceptions différentes de la notion de distance. L’ensemble des contributions présentées ici nous semble représentatives de cette intention, notamment dans la confrontation qu’il permet avec des notions centrales en didactique des langues comme peuvent l’être l’autonomie et les interactions.

Certes, on penserait volontiers que la proximité relationnelle prime sur toute autre chose et que les moyens déployés pour gérer la distance réelle, d’ordre spatial, ne sont que des artefacts pour assurer cette proximité, parfois même mieux qu’en face-à-face. Pourtant, dès lors qu’on admet qu’il peut y avoir de la distance en dehors de toute considération spatiale, entre deux langues par exemple, ou encore entre les parlers de différents locuteurs dans une même langue, on s’expose à une multiplication des acceptions du terme et à une expansion sémantique de la notion qui peut en brouiller les contours définitionnels, notamment lorsqu’elle est assimilée à la notion d’écart. Mais c’était le parti pris de ce numéro de ne pas enfermer a priori la notion dans un corset trop étroit, de lui laisser du champ pour « respirer » et aborder les questions de l’enseignement/apprentissage à distance des langues sous différents angles.

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Notre projet était également de poser la question des effets de la distance sur l’enseignement/apprentissage des langues. Effet de frein, effet de levier ? Les présentes contributions abordent cette question soit explicitement en ces termes, soit implicitement. Pour s’en tenir à ceux qui l’abordent explicitement, on citera Develotte et Mangenot pour qui la visioconférence, en dépit de son intérêt qui, comme le souligne Gruson, en fait « un levier pour réduire la distance au jeu épistémique source », peut aussi « s’avérer un frein dans certains cas de figure ».

Creuzé s’inscrit également dans cette vision prudente des choses en avançant que, si la distance est un levier pour la formation des tuteurs et la réflexivité collective, grâce aux « mises en situation » et aux « activités de groupe, dans un schéma collaboratif », elle peut aussi constituer un frein. Et elle cite à ce sujet la peur du jugement de l’autre qui peut se manifester dans la communication asynchrone, de par le caractère public et pérenne des messages postés, ou encore de par le risque d’une réception en décalage avec les intentions de l’auteur.

Néanmoins, tous les articles ne se placent pas sous cet angle comparatiste. D’abord parce que la problématique du numéro n’est pas exclusivement centrée sur ce point puisqu’il s’agit d’abord de poser et de clarifier les formes de distance impliquées dans les formations totalement ou partiellement à distance. Ensuite, parce qu’on peut légitimement avancer qu’il n’est pas nécessairement pertinent d’adopter un point de vue comparatif consistant à isoler un facteur distance entendu sous le seul sens spatial, et faire valoir qu’au contraire, les situations d’enseignement/apprentissage que configurent ces formations doivent être abordées pour elles-mêmes, de façon à décrire les compétences et stratégies qu’elles font émerger ainsi que les usages, règles et moyens qui permettent de rendre palpables les signes de présence.

CHRISTIAN DEGACHE LIDILEM, Université Stendhal, Grenoble 3

CHRISTIAN DEPOVER Université de Mons

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Chers lecteurs de Distances et savoirs

La revue American Journal of Distance Education (AJDE) collabore avec Distances et savoirs (D&S) dans le cadre d’une initiative exceptionnelle. Son numéro du printemps 2011 comprendra deux articles américains publiés dans le n° 4, vol. 7/2009 de D&S. Il s’agit de Impacts de la globalisation sur l’enseignement à distance aux USA et Politiques publiques et stratégies des acteurs, avec en réponse et parallèle francophone à ces articles : La formation à distance en contexte de globalisation. Perspectives francophones par Gaëtan Tremblay et Politiques publiques et stratégies des acteurs par Pierre-Jean Loiret.

AJDE publiera de même, par paires, des articles américains et français dans chacun de ses quatre numéros suivants.

Pour commander et lire The American Journal of Distance Education en ligne : http://www.tandf.co.uk/journals/titles/08923647.asp

Dear readers of Distances et savoirs

The American Journal of Distance Education (AJDE) is collaborating with Distances et savoirs (D&S) in a unique initiative. The Spring 2011 issue will include two articles that appeared in the vol. 7/2009 number 4 issue of D&S. They are:

Implications of Globalization for Distance Education in the United States and Policies, Administration, and Management. Responses to these articles from a French perspective will be Distance Education in the Context of Globalization: A Francophone Perspective by Gaëtan Tremblay and Public Policies and Strategies by Pierre-Jean Loiret.

Similarly, in each of its four subsequent issues, AJDE will carry pairs of American and French articles.

To order and read The American Journal of Distance Education online:

http://www.tandf.co.uk/journals/titles/08923647.asp

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