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Méthode de rétrovisée pour la caractérisation de surfaces optiques dans une installation solaire à
concentration
Mathieu Coquand
To cite this version:
Mathieu Coquand. Méthode de rétrovisée pour la caractérisation de surfaces optiques dans une
installation solaire à concentration. Autre. Université de Perpignan, 2018. Français. �NNT :
2018PERP0001�. �tel-01743719�
Délivré par
UNIVERSITE DE PERPIGNAN VIA DOMITIA
Préparée au sein de l’école doctorale
Energie Environnement
Et de l’unité de recherche
PROMES CNRS
Spécialité :
Sciences de l’ingénieur
Présentée par Mathieu COQUAND
Soutenue le 16/03/2018 devant le jury composé de
M. Jérôme PRIMOT Directeur de recherche, ONERA-DOTA Rapporteur M. François GOUDAIL Professeur, Institut d’Optique (IOGS) Rapporteur M. Gilles FLAMANT Directeur de recherche, PROMES CNRS Examinateur M. Ryad HAIDAR Professeur, École Polytechnique Examinateur M. François HÉNAULT Ingénieur de recherche, IPAG Co-directeur
Méthode de rétrovisée pour la caractérisation de surfaces optiques dans une installation solaire à
concentration
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Table des matières
1 État de l'art 12
1.1 Réglage des facettes des concentrateurs solaires . . . 12
1.1.1 Premières méthodes optiques et méthodes lasers . . . 12
1.1.2 Utilisation du tube absorbeur pour la mesure des défauts . . . 14
1.1.3 Photogrammétrie . . . 19
1.1.4 Déectométrie . . . 21
1.1.5 Synthèse . . . 26
1.2 Méthodes de suivi solaire . . . 27
1.2.1 Description de la méthode de suivi du four solaire d'Odeillo . 27 1.2.2 Méthode de Re-calibration rapide eSolar . . . 28
1.2.3 Utilisation de caméras pour un système en boucle fermée . . . 29
1.2.4 Synthèse . . . 31
1.3 Introduction de la méthode de rétrovisée . . . 32
1.3.1 Senseurs de front-d'onde . . . 32
1.3.2 SCCAN . . . 35
1.3.3 Première méthode de rétrovisée . . . 37
1.3.4 Nouvelle méthode de rétrovisée à quatre caméras . . . 41
2 Développement théorique de la méthode de rétrovisèe à quatre caméras 43 2.1 Géométrie et dénition des conventions . . . 43
2.2 Équations en autocollimation . . . 45
2.2.1 Introduction d'un prol de soleil analytique . . . 46
2.2.2 Équations dans le cas général . . . 49
2.3 Introduction du suivi solaire . . . 51
2.4 Comparaison avec une surface de référence . . . 54
2.4.1 Changement de surface de référence . . . 55
2.4.2 Reconstruction de surface . . . 56
3 Étude numérique des performances de la méthode de rétrovisée 59
3.1 Présentation du logiciel COSAC . . . 61
3.2 Objectifs de performance . . . 62
3.3 Simulation en autocollimation avec un soleil gaussien . . . 63
3.3.1 Modèles d'héliostat et soleil utilisé . . . 63
3.3.2 Description du programme de reconstruction . . . 64
3.3.3 Introduction de défauts de pentes . . . 67
3.3.4 Introduction d'aberrations optiques d'ordres supérieurs . . . . 69
3.4 Introduction du tracking et soleil super-gaussien . . . 74
3.4.1 Erreurs sur l'alignement des facettes . . . 74
3.4.2 Erreurs sur l'alignement des facettes avec des erreurs de suivi solaire . . . 77
3.4.3 Erreurs sur les pentes et la reconstruction du front d'onde . . 80
3.5 Reconstruction de surface . . . 86
3.5.1 Résultats des simulations pour la reconstruction de surface . . 86
3.5.2 Bilan sur la précision et la robustesse de la méthode . . . 90
3.6 Limites de la méthode . . . 90
4 Étude expérimentale de la méthode de rétrovisée 93 4.1 Présentation de la centrale Themis . . . 93
4.1.1 Histoire et caractéristiques de la centrale . . . 93
4.1.2 Géométrie des héliostats et choix d'E06 . . . 94
4.2 Choix du matériel utilisé . . . 96
4.2.1 Caméras . . . 96
4.2.2 Choix des objectifs . . . 97
4.2.3 Filtres . . . 99
4.3 Calibration des caméras . . . 102
4.3.1 Images de atelds . . . 102
4.3.2 Correction des diérentes valeurs de densité des ltres . . . 104
4.4 Montage Expérimental . . . 107
4.4.1 Mode d'acquisition des images . . . 110
4.5 Campagnes d'acquisition . . . 111
4.5.1 Premières campagnes d'acquisition . . . 111
4.5.2 Changement de protocole et deuxième campagne d'acquisition 113
5 Étude des méthodes de reconstruction en vue du traitement des
données expérimentales 117
5.1 Mesure du prol du soleil . . . 117
5.3 Méthode 2 : choix d'un couple de variable de pentes . . . 125 6 Traitement des données et validation expérimentale 132 6.1 Traitements des images . . . 133 6.1.1 Correction des défauts liés à l'expérience . . . 134 6.1.2 Superposition des images . . . 135 6.2 Reconstruction des pentes de la WFE avec les images d'acquisition . 139 6.3 Soustraction des références et résultats . . . 145 6.3.1 Première approximation : soustraction du meilleur plan . . . . 146 6.3.2 Soustraction des pentes des WFE simulées . . . 150 6.3.3 Analyse des résultats et sources d'erreurs . . . 154
A Aberrations optiques 158
B Documentation de l'objectif et du modèle de caméra utilisés 164
C Courbes de transmission des ltres rééchissants 168
D Documentation de la sphère intégrante utilisée pour réaliser les
atelds 169
E Calcul des angles de suivi de l'héliostat dans le repère du plan cible
à partir des coordonnées solaires 171
F Articles et Proceedings 175
Remerciements
Avant toute chose, je tiens à adresser des remerciements sincères à l'adresse de toutes les personnes ayant participé à l'élaboration du travail présenté dans ce ma- nuscript.
Je pense, tout d'abord, à François Hénault et Cyril Caliot qui sont à l'origine de ce projet et ont co-encadré ce travail de thèse. Je tiens à les remercier tout particuliè- rement pour leur disponibilité, leur rigueur scientique, ainsi que les connaissances et méthodes qu'ils m'ont inculquées tout au long de ces trois années.
L'aide apportée par Emmanuel Guillot, ingénieur de recherche au laboratoire PROMES, a également été précieuse. Je tiens à lui exprimer toute ma reconnaissance pour avoir accepté de mettre à disposition le matériel expérimental, pour m'avoir appris à maîtriser son utilisation, ainsi que pour m'avoir partagé sa connaissance et son expérience du domaine.
Je tiens également à exprimer ma sincère gratitude envers Le personnel de la centrale Thémis : Alain Ferrière, Antoine Pérez et William Baltus, pour leur aide précieuse lors de la mise en place de l'expérience, et leur assistance pendant la préparation et la réalisation des campagnes d'acquisitions.
Je pense aussi à toutes les personnes qui ont pu me dépanner à un quelconque moment, je pense en particulier à Christophe Escape, Jean-Yves Peroy pour la réa- lisation de supports sur-mesure adaptées aux degrés de liberté souhaités sur les caméras, ou encore Laurent Lestrade et Georges Pichelin du service informatique.
Je remercie sincérement Messieurs Jérôme Primot et François Goudail pour avoir accepté d'être rapporteurs de ce mémoire. Je tenais également à remercier tous les membres du jury, en particulier M. Ryad Haidar pour l'avoir présidé.
Enn, je tiens à remercier tout le personnel du laboratoire PROMES pour leur
Introduction
Dans un contexte actuel marqué par l'épuisement rapide des ressources d'énergies fossiles et l'émergence de sérieux problèmes causés par un réchauement climatique qui s'accélère, la nécessité de développer des sources énergétiques propres, renouve- lables et durables apparaît comme un des enjeux primordiaux des années à venir.
De nombreux rapports scientiques, comme celui écrit par Donella et Dennis Mea- dows [1], ont mis en évidence le risque de faillite du modèle énergétique actuel, basé sur des ressources non renouvelables. En conséquence, une forte progression de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique est attendue dans les pro- chaines années si nous voulons éviter des scénarios catastrophes. Pour cela, il est primordial d'élaborer de nouveaux procédés pour soutenir la production d'énergie verte actuelle et future.
Les installations solaires à énergie concentrée sont une des voies les plus promet-
teuses pour la production des énergies renouvelables des années à venir. Le principe
d'une installation solaire thermodynamique à tour, présenté sur la Figure 1, est de
concentrer l'énergie solaire sur un récepteur à l'aide de plusieurs centaines d'hé-
liostats focalisants. Un uide de transfert, circulant dans le récepteur, permet de
récupérer la chaleur. Cette dernière est ensuite soit orientée vers un stockage ther-
mique, soit directement utilisée pour chauer de l'eau et faire tourner une turbine,
de la même manière que dans les centrales thermiques à combustible.
Figure 1 Principe de fonctionnement d'une centrale solaire thermodynamique à tour [2], ici la centrale Themis
Même si l'utilisation de cette technologie semblait abandonnée depuis la n des années quatre-vingts et la chute des cours du pétrole, certains pays tels les États- Unis ou l'Espagne ont recommencé à construire des centrales solaires composées d'une chaudière installée sur une tour à une centaine de mètres de hauteur et d'un champ de plusieurs centaines d'héliostats focalisant les rayons sur la tour (voir Figure 2). D'autres types d'installations comme les fermes de miroirs cylindro-paraboliques ou Fresnel ont également vu le jour (Figure 3).
Figure 2 Centrale solaire à tour de Crescent Dunes (Nevada)
Figure 3 (a) Centrale cylindro-parabolique de SHAMS (Abu-Dhabi) (b) Centrale linéaire Fresnel (NOVATEC BIOSOL)
Une des problématiques soulevées par l'utilisation de telles installations à l'échelle industrielle est le temps et les eorts consacrés aux réglages des diérents miroirs avant l'inauguration de l'installation.
Avant la mise en service du Grand four solaire d'Odeillo (voir Figure 4) dans les années soixante, l'ajustement des facettes de la parabole et des 63 héliostats a été coné à Michel Lebrun, membre d'une équipe dirigée par Claude Royère [3].
Pour régler les facettes des héliostats plans, l'ajustement se fait à l'aide de trois vis,
deux pour l'orientation autour d'un axe vertical (l'azimuth) et une pour la rotation
autour de l'axe horizontal (le zénith). La facette centrale de l'héliostat est prise
comme référence. Une mesure est réalisée avec un théodolite, puis les autres facettes
sont alignées en accord avec cette mesure, pour l'orientation de l'angle zénithal (voir
Figure 5). Pour l'alignement de l'angle azimuthal, un point à l'inni est visé dans
le prolongement horizontal de l'héliostat, puis le théodolite est tourné de 90
o(pour
venir en face de la facette), et l'azimuth de la facette est ajusté progressivement
jusqu'à ce que les mires correspondent.
Figure 4 Grand Four solaire d'Odeillo [4]
Figure 5 (a) Héliostat plan du grand four d'Odeillo (b) Ajustement d'une facette d'un héliostat plan
Une fois le réglage de tous les héliostats du champ eectué, le réglage des facettes
de la grande parabole peut-être réalisé. La première étape est d'installer toutes les
facettes en butée, orientées vers le sol. Une cible passive est installée au foyer, avec
un cercle de 40 cm de diamètre tracé sur celle-ci. Un des héliostat est commandé
en suivi solaire, ce qui va permettre le réglage des facettes de la parabole éclairées
la cible, puis la courbure de la facette est modiée à l'aide d'une vis sur l'extérieur pour que la tache, faite par la facette, soit la plus petite possible. Puis la facette est à nouveau inclinée vers le bas et le réglage de la facette suivante peut être réalisé.
Bien évidemment, quand toutes les facettes éclairées ont été ajustées, il est nécessaire de d'assurer le suivi solaire à l'aide de l'héliostat voisin. Quand toutes les facettes de la parabole ont été ajustées, toutes les facettes sont redressées et la parabole est opérationnelle. Le temps nécessaire à l'équipe de Michel Lebrun pour réaliser l'ensemble de ces opérations sur les 11340 facettes des héliostats et les 9500 facettes de la parabole a été supérieur à deux ans et demi. Bien entendu, de tels délais ne sont pas compatibles avec la mise en service de centrales à l'échelle industrielle. Cette expérience met en évidence la nécessité du développement de nouvelles méthodes de réglage plus rapides si la lière solaire thermodynamique concentré veut continuer à se développer et devenir compétitive.
L'objectif principal de la thèse est le développement d'une nouvelle méthode de caractérisation des héliostats par voie optique. Les bases de cette méthode dite de
"rétrovisée" ont été décrites lors d'un dépôt de brevet [5] réalisé par F.Hénault et C.Caliot pour le CNRS en 2014. Ce brevet faisait lui même écho aux travaux réalisés par F.Hénault au laboratoire PROMES entre 1983 et 1987 sous la direction de C.Royère [6].
Le travail exposé dans ce manuscrit est divisé en cinq parties. La première est
la réalisation d'un état de l'art des méthodes de réglage optique des concentrateurs
solaires et de leur calibration. Le deuxième chapitre regroupe l'ensemble des dévelop-
pements théoriques menant aux diérentes équations permettant de reconstruire les
pentes des surfaces optiques que nous souhaitons caractériser à l'aide de la méthode
de rétrovisée. Des simulations numériques ont ensuite été réalisées an de valider
la méthode de rétrovisée. Ces simulations se font en deux temps : tout d'abord, le
système considéré est modélisé à l'aide d'un logiciel de calcul optique, puis l'applica-
tion des équations se fait à l'aide d'un logiciel de traitement numérique. Diérentes
perturbations ont également été introduites dans la simulation pour tester la robus-
tesse de la méthode. L'ensemble de ces modélisations et leurs résultats sont présentés
dans le chapitre 3. Dans le quatrième chapitre sont présentées les études prélimi-
naires à la mise en oeuvre de la méthode sur un héliostat de la centrale solaire à tour
de Thémis. Le choix du matériel, la calibration des caméras, ou encore le déroule-
ment des acquisations sont détaillés. Finalement, le traitement des acquisitions et
l'analyse des résultats sont présentés dans le dernier chapitre. En conséquence des
observations qui auront pu être faites lors de la présentation des résultats, des pistes
d'amélioration seront proposées.
Chapitre 1 État de l'art
1.1 Réglage des facettes des concentrateurs solaires
Nous allons dans une premier temps nous intéresser aux méthodes de carac- térisation de facettes in situ, c'est à dire après l'installation de l'héliostat dans le champ.
1.1.1 Premières méthodes optiques et méthodes lasers
Les premières méthodes optiques sans contact ont été développées à la n des
annèes soixante-dix. En 1978, Smolka et Caudell [7] proposent une méthode de me-
sure des surfaces réectrices à l'aide de la technologie laser. Les pentes de la surface
sont calculées localement en comparant la diérence de phase entre la réexion d'un
laser et un rayon de référence, puis la surface est reconstruite. Bien que la précision
obtenue, de l'ordre du micromètre, soit parfaitement compatible avec une appli-
cation au solaire concentré, la procédure d'acquisition ne semble pas adaptée aux
concentrateurs solaires, la méthode n'ayant pas été pensée pour des mesures en ex-
térieur. Il a fallu attendre 1991 pour qu'une méthode laser soit développée pour une
application solaire, avec la méthode SHOT (Scanning Hartmann Optical Test) [8],
dont le but était de caractériser des concentrateurs monolithiques de grande ou-
verture, et l'année 1996 [9], et la méthode VSHOT (Video Scanning Optical Test),
directement inspirée de cette dernière, orientée cette fois-ci vers les concentrateurs
cylindro-paraboliques. Le principe de la méthode VSHOT, expliqué sur le schéma
de la Figure 1.1 est d'enregistrer la réexion d'un laser sur le concentrateur sur une
cible, à l'aide d'une caméra. La comparaison entre la position du laser sur la cible
et une position théorique permet de déterminer la pente de la surface en une série
de points scannés.
Figure 1.1 Principe de la méthode VSHOT [10]
Le matériel utilisé pour la mise en oeuvre de la méthode est présenté sur la Figure 1.2. Le système est composé d'un laser dont la direction peut-être orientée, d'une cible, et d'une caméra imageant la réexion du laser sur cette dernière.
Figure 1.2 Matériel utilisé pour l'application de la méthode [11]
Il est cependant nécessaire que la distance entre le miroir et le laser soit en- viron égale au rayon de courbure du concentrateur, ce qui compromet l'usage de cette méthode pour mesurer les erreurs de pente d'héliostats possédant des rayons de courbures de plus de 200 mètres. Il a été estimé que la méthode VSHOT peut être utilisée pour caractériser des concentrateurs solaires dont l'ouverture numérique est supérieure à 0,45. La abilité de la méthode a été évaluée à plusieurs occasions.
En 1997, l'incertitude de la mesure a été évaluée à environ 0,1 mrad [12]. En 2010,
[Gray et al] ont analysé la précision de la méthode VSHOT [13] dans le cadre d'une
étude sur des concentrateurs cylindro-paraboliques. L'incertitude obtenue n'est pas
également répartie sur la surface du miroir, mais varie en fonction de l'angle d'incli-
naison du laser (voir Figure 1.3). En fonction de la direction du laser, l'erreur varie entre 0,2 et 0,45 mrad.
Figure 1.3 Estimation de l'erreur de pente de la méthode VSHOT en fonction de la direction du laser [13]
1.1.2 Utilisation du tube absorbeur pour la mesure des dé- fauts
1.1.2.1 Méthodes TOPCAT-TOPHAT
La méthode TOPCAT (pour Theoretical Overlay Photographic Collector Ali- gnment Method) [14] est une technique élaborée pour l'alignement des systèmes cylindro-paraboliques, dont le principe est de comparer des images de la réexion du tube récepteur dans les facettes du concentrateur réalisées par plusieurs caméras avec des cartes de réexion théoriques. Les facettes sont ensuite ajustées pour faire coïncider les images théoriques et expérimentales. Ainsi, il est possible avec cette approche d'avoir un retour en temps réel sur les réglages réalisés sur chaque facette du concentrateur.
Développement théorique
Figure 1.4 Schéma explicatif des notations utilisées [14]
La Figure 1.4 représente une coupe d'un concentrateur cylindro-parabolique.
Pour la suite de la théorie, le système est considéré comme invariable selon l'axe x (axe du tube récepteur). Si on considère un rayon solaire provenant de l'inni, le vecteur BG, qui représente la normale au miroir dans le cas d'une parabole parfaite, doit coïncider avec la bissectrice de l'angle SBF [ , et les distances FG et BF sont égales. Ceci est vrai pour tout les points B appartenant à la parabole. Comme dit précédemment en introduction, la première étape consiste à calculer la position théorique de la réexion du tube récepteur dans le miroir vue par une caméra placée au point A de la Figure 1.4. Pour déterminer la position de l'image du bord inférieur du récepteur (B) dans le miroir vu par la caméra (A), le vecteur réection BD peut- être calculé à partir des vecteurs incident BA et normal au miroir BG en utilisant la formule 1.1 (les vecteurs ne sont pas normalisés)
BD = 2 BA . BG
BG . BG BG − BA (1.1)
En considérant que les normes des vecteurs BA et BG sont égales. Dans la suite du développement, les coordonnées selon X et Y d'un point P seront notées de la manière suivante P (P
Y, P
Z) : Notons que les coordonnées du vecteur normal BG peuvent être calculées à l'aide des équations de la parabole qui nous donnent :
B
Z= B
Y24f (1.2)
F G = 2f
1 + cos(φ) (1.3)
Les coordonnées du point E, où le vecteur BD coupe le collecteur, peuvent être obtenues en calculant la coordonnée en y du vecteur BD. Si M est déni comme le facteur d'échelle entre BE et BD on obtient
M = E
Z− B
ZD
Z− B
Z(1.4)
Et on obtient E
Y:
E
Y= B
Y+ M (D
Y− B
Y) (1.5)
Cependant, les équations présentées ne permettent pas de trouver explicitement les coordonnées d'un point B sur le miroir tel que le rayon BD soit tangent au récepteur. Une méthode itérative doit être utilisée [14].
Dispositif d'alignement
Figure 1.5 Dispositif d'alignement [14]
La Figure 1.5 illustre le principe de la méthode d'alignement TOPCAT. Le
concentrateur est placé en position horizontale, en face du dispositif composé de
cinq caméras : une pour chaque module, plus une caméra de visée pour aider à
l'alignement du dispositif. Le dispositif d'alignement doit être placé à une distance
telle qu'une caméra puisse voir la réexion complète du tube dans la facette à la-
quelle elle est assignée. Les images prises par les quatre caméras sont ensuite utilisées
pour l'alignement des facettes. Le système peut ainsi fonctionner en boucle fermée
(bien que l'alignement des facettes reste manuel), puisque des informations supplé-
mentaires sur le réglage peuvent être obtenues si les caméras prennent des images
Résultats expérimentaux
La méthode TOPCAT a été testée à plusieurs reprises en Californie. Le dernier exemple de test trouvé dans la littérature date de Juin 2009, et a été eectué sur les boucles LS-3 des centrales cylindro-paraboliques SEGS VIII et XI [15]. Lors de ces tests, les acquisitions sont réalisées à la chaîne, les défauts observés sur les facettes ne sont corrigés qu'une fois toutes les acquisitions réalisèes.
Figure 1.6 Dispositif d'alignement monté sur pick-up [15]
Le dispositif d'acquisition est placé sur un pick-up (Figure 1.6) pour que les acqui- sitions soient les plus rapides possibles. Grâce à cette astuce, chaque boucle peut-être évaluée en 45 minutes, et chaque module en 20 secondes, tant que la vitesse du vent n'excède pas 40 km/h. Après correction des erreurs constatées, la température de sortie de la boucle a augmenté de 3
oC, ce qui représente une amélioration de 3,5%.
Élargissement aux champs d'héliostats
La méthode TOPCAT ayant été testée avec succès sur des concentrateurs de cen-
trales cylindro-paraboliques, c'est naturellement que la méthode a été adaptée aux
champs d'héliostats de centrales à tour [16].
Figure 1.7 Cible utilisée pour la méthode TOPHAT [17]
Dans cette conguration, le tube récepteur ne peut pas être utilisé comme objet, l'application de la méthode TOPHAT nécessite une cible dont les dimensions sont environ égales à celles de l'héliostat que l'on souhaite mesurer, et sur laquelle sont placées cinq caméras, comme montré sur la Figure 1.7. Lors du processus de cali- bration, l'héliostat et la cible se font face. Les positions théoriques des neuf cibles peuvent être calculées selon les mêmes principes que pour la méthode TOPCAT.
L'alignement des facettes est corrigé jusqu'à que l'image enregistrée par les caméras corresponde à l'image théorique. Cependant, les références concernant cette méthode restent rares. Ainsi cette méthode soulève certaines interrogations : le temps néces- saire à la mise en oeuvre de la méthode peut sembler long si on doit régler plusieurs centaines d'héliostats, tous les héliostats doivent être accessibles pour le dispositif de mesure, et aucune information sur la abilité et la précision ne sont disponibles.
1.1.2.2 Méthodes TARMES et QFly
La méthode TARMES (Trough Absorber Reection Measurement System) [18]
dont le principe est présenté sur la Figure 1.10, utilise également le tube absorbeur
comme objet.
Figure 1.8 Tracé de rayon pour la réexion du tube (TARMES) [18]
Une caméra est placée à une distance d'environ cent fois la distance focale du concentrateur, au voisinage de l'axe optique. Le tube absorbeur est légérement tilté de sa position optimale (représenté par les distances ∆x et ∆z sur la gure). À cette distance, nous pouvons considérer que l'image du tube absorbeur, reétée par le concentrateur et arrivant à la caméra, provient de l'inni. Puis, une série d'image est prise pour diérentes orientations du collecteur (dans un intervalle d'amplitude de ± 5 degrés). Les pentes sont ensuite reconstruites à partir de ces images, et la précision obtenue est de ± 1 mrad. Cependant, devoir déplacer le récepteur pour faire évoluer les points de vue n'est absolument pas pratique. C'est pourquoi cette méthode a été améliorée en remplaçant la caméra sur trépied par une caméra aéro- portée. Dans la méthode Qy [19], les concentrateurs cylindro-paraboliques doivent garder une position verticale pointant vers le ciel, le récepteur fait toujours oce de frange, et les diérents angles de vue sont obtenus par les mouvements du drone transportant la caméra. La vitesse du vent ne doit pas excéder 6 m/s pour ne pas perturber le trajet de la caméra aéroportée. La précision obtenue pour ce type de mesures est de l'ordre du dixième de mrad.
1.1.3 Photogrammétrie
La photogrammétrie est une technique de métrologie visant à déterminer la forme
d'objet à partir d'images bi-dimensionnelles. La mise en place la plus convention-
nelle de cette technique consiste à déterminer les coordonnées tri-dimensionnelles
de points d'intêrets par triangulation à partir de plusieurs images prises depuis
diérents points de vue. Bien évidemment, l'usage de la photogrammétrie couvre de nombreux domaines, de la topographie à la vision industrielle. En ce qui nous concerne, nous allons nous intéresser à la photogrammétrie dite à bout portant ou approchée, dont le but est la reconstruction précise de la géométrie des objets.
Techniques de photogrammétrie approchées
La photogrammétrie à bout portant (en anglais close-range photogrammetry ou CRP) est utilisée pour générer les coordonnées en trois dimensions de plusieurs points appartenant à l'objet que l'on cherche à reconstruire. Les acquisitions réali- sées, souvent sous forme de photographies, conduisent à l'établissement de systèmes surdéterminés devant être résolus à l'aide d'estimations comme les moindre carrés par exemple. L'avénement du numérique a rendu les techniques de photogrammé- trie intéressantes et abordables pour l'industrie. En 1986, Fraser et al [20] décrivent un des premiers systèmes automatisé permettant une précision de mesure évaluée à 1/500000 (dépendante des dimensions de l'objet). Le développement de capteurs CCD plus performants et l'amélioration des algorithmes de détection d'objets dans des images a ensuite permis à la photogrammétrie d'atteindre des niveaux de per- formance supérieurs aux théodolites antérieurement utilisés dans l'industrie [21].
Applications au solaire concentré
La première application de la photogrammétrie au domaine du solaire à concen- tration date de 1996, quand Shortis et al [22] l'ont utilisée pour estimer la sur- face du "BigDish" de 400 m
2de l'Université nationale d'Australie. Pour cela, des petites cibles ont été collées sur toute la surface du miroir, et plusieurs caméras sont chargées de faire les acquisitions depuis diérents points de vue. La surface du concentrateur est ensuite reconstruite en utilisant le principe de colinéarité. À noter que le nombre de caméras (quatre au minimum) et d'images prises dépendent de la précision désirée. D'autres études ont également été menées sur d'autre type de concentrateurs, notamment cylindro-paraboliques [23], avec les mêmes conclusions à la clé : la photogrammétrie est une outil able et précis pour connaître la géométrie des concentrateurs, mais sa mise en oeuvre est gourmande en temps et en énergie.
En 2008, Röger et al [24] ont tenté (du moins partiellement) d'apporter une solution
à ce problème, dans le cas d'une centrale à tour, en proposant d'utiliser les coins
et les bords des héliostats comme repères, supprimant ainsi l'étape fastidieuse de
xation des cibles sur les miroirs. De plus, la prise d'image se fait depuis le haut
de la tour, évitant ainsi de déplacer le système d'acquisition à travers le champ
d'héliostat. Ce système a été testé à la plateforme solaire d'Almeria, sur l'héliostat
résultats de photogrammétrie conventionelle, ce qui a permis d'estimer la précision de cette méthode à 1,6 mrad. Ainsi, même si le temps d'application de la méthode a été considérablement réduit, la précision de la méthode en pâtit signicativement.
1.1.4 Déectométrie
1.1.4.1 Approche générale Dénition
La déectométrie est une méthode de métrologie optique qui consiste en l'analyse de réexion de motifs (le plus souvent des franges) sur des surfaces spéculaires. Pour l'application de cette méthode, des franges sont projetées sur un écran (une cible peut-être utilisée à la place). Ces franges sont ensuite rééchies par une surface spéculaire, puis leur réexion est enregistrée par une caméra numérique. Dans la plupart des cas, les acquisitions doivent être réalisées avec deux jeux de franges, un jeu de franges horizontales et un jeu de franges verticales de mêmes épaisseurs. Les pentes locales sont ensuite déterminées grâce à des techniques de décalage de phase ou de traitement d'images. À première vue la déectométrie possède beaucoup d'ar- gument en sa faveur : une précision et une résolution correctes, un temps de mesure relativement court par rapport aux autres méthodes. En ce sens la déectométrie semble être une méthode très prometteuse.
Protocole expérimental et acquisition des données
Figure 1.9 Principe de la déectométrie [25]
Plusieurs possibilités existent pour projeter les franges : tout d'abord celles-ci peuvent être achées ou projetées sur un écran, ou bien une cible avec les franges peintes ou imprimées peut être utilisée. Pas de diérences fondametales entre les deux tech- niques, il est juste plus facile de changer l'orientation des franges projetées que de faire pivoter la cible.
Méthodes d'analyse de franges
Il existe diérentes méthodes pour extraire les pentes des données de déectométrie, nous allons passer en revue les deux principales.
Méthode par décalage de phase
Cette méthode est basée sur le même principe que les interféromètres de Fizeau [26]
et ZIGO, i.e, que la phase optique est proportionnelle aux pentes de la surface, et est assez répandue pour traiter les données de déectométrie [27]. Ainsi, il est possible de calculer ces pentes à partir de plusieurs acquisitions du même signal auquel on ajoute une phase connue, ce qui se traduit en pratique par une translation des franges plus ou moins prononcée. Supposons que le signal enregistré, qui est récupéré sous la forme d'une image des franges dont l'intensité varie, soit de la forme a + b cos(ϕ + Φ) , c'est à dire des franges sinusoïdales avec une phase en deux parties : une variable ϕ et une connue Φ . Nous considérons que nous disposons de trois images pour diérentes valeurs de Φ : Φ
i=
2iΠ3avec i ∈ [1 : 3] . On obtient ainsi les trois signaux e
i= a + b cos(ϕ + Φ
i) . En développant les deux premiers signaux en utilisant les formules de trigonométrie usuelles, on obtient : 2e
3− e
2− e
1= 3 cos(ϕ) et e
2− e
1= √
3b sin(ϕ) , ce qui permet, en combinant ces deux formules, d'obtenir la phase :
ϕ = arctan √
3 e
2− e
12e
3− e
2− e
1(1.6) Cette formule peut-être généralisée pour n signaux
ϕ = arctan
√ 3
n
P
i=1
e
isin(i − 1)Φ
n
P
i=1