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Étude de la structure du sélénium liquide par diffraction de neutrons

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Academic year: 2021

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HAL Id: jpa-00208109

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Submitted on 1 Jan 1973

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Étude de la structure du sélénium liquide par diffraction de neutrons

G. Tourand

To cite this version:

G. Tourand. Étude de la structure du sélénium liquide par diffraction de neutrons. Journal de

Physique, 1973, 34 (10), pp.937-942. �10.1051/jphys:019730034010093700�. �jpa-00208109�

(2)

ÉTUDE DE LA STRUCTURE DU SÉLÉNIUM LIQUIDE

PAR DIFFRACTION DE NEUTRONS

G.TOURAND

Service de

Physique

du Solide et de Résonance

Magnétique,

Centre d’Etudes Nucléaires de

Saclay,

BP

2,

91190

Gif-sur-Yvette,

France

(Reçu

le 25 avril

1973,

révisé le

14 juin 1973)

Résumé. 2014 Le facteur de structure du sélénium

liquide

a été déterminé par diffraction de neu- trons à trois

températures

différentes

(258, 358, 460 °C).

On a obtenu par transformation de Fourier la fonction de distribution de

paire g(r)

et calculé le nombre de coordinance pour chacune de ces

températures. L’interprétation

de ces

expériences

met en évidence une

première phase

caractérisée par la

compétition

entre deux structures «

antagonistes » (chaînes

~

anneaux)

et

une seconde

phase (haute température) plus

semblable à celle du cristal

trigonal.

Abstract. 2014 The structure factor of

liquid

selenium has been determined at three different temperatures

(258,

358,

460 °C) by

neutron diffraction.

Using

the Fourier transform

technique,

the

pair

distribution function

g(r)

and the coordination number at each temperature are deter- mined. The results show the existence of two

phases.

The first one

(at

low

temperatures)

is charac-

terized

by

the

competition

between two

antagonistic

structures

(chains

~

rings),

whereas the

high

temperature

phase

exhibits as structure more similar to that of a

trigonal crystal.

Classification

Physics Abstracts

7.126

1. Introduction. - Le sélénium existe à l’état solide sous de nombreuses formes

allotropiques

et

parmi

celles-ci les formes

amorphes

ont fait

l’objet

de travaux considérables.

Néanmoins,

la structure

de ces dernières est assez mal

comprise

parce

qu’elle dépend

des conditions de

préparation (trempe,

éva-

poration, dépôt chimique) qui

sont difficiles à repro- duire d’une manière fidèle. D’un autre côté la

phase liquide

de Se est une

phase

désordonnée

parfaitement

bien définie du

point

de vue

thermodynamique,

et on

peut

étudier son désordre structural en fonction d’un

paramètre

facilement mesurable

(la température).

Dans le travail

présenté ici,

nous avons mesuré le facteur de structure

S(k)

du sélénium

liquide

à

258,

358 et 460

OC ;

nous en avons déduit par trans-

formation de

Fourier,

la fonction de corrélation de

paire g(r),

et les nombres de coordinance corres-

pondant

aux

premiers,

seconds voisins... Nos résul-

tats

peuvent

se résumer de la manière suivante :

- d’un

point

de vue

purement

local : les liaisons covalentes sont très peu affectées par le désordre

thermique ;

- les liaisons de Van der Waals entre unités cova-

lentes

(chaînes

ou

anneaux)

sont

affaiblies,

mais subsistent en

grande partie ;

elles assurent la corré-

lation de ces unités structurales covalentes

(et

la cohésion du

liquide) ;

- le désordre structural à courte distance est dominé par la

compétition

entre chaînes et anneaux.

2. Facteur de structure et fonction de corrélation.

- Dans un

précédent

article

[1] auquel

nous emprun-

tons les notations utilisées

ici,

nous avons montré

comment était défini le facteur de structure

S(k)

d’un

liquide

et

quelles

étaient ses

propriétés.

Nous

rappellerons simplement

la relation

classique

de transformée de Fourier soit :

po est la densité moyenne du

liquide

à la tem-

pérature T,

p, est la densité

atomique

à la distance r d’un atome de référence. Dans cette

expression

k = 4

n/ À. sin 0, 0

étant

l’angle

de

Bragg

et la

longueur

d’onde du

rayonnement

utilisé.

La

description complète

de la structure d’un

fluide à n

particules

nécessite en

principe

la connais-

sance des distributions

spatiales

des n

particules

les unes par

rapport

aux autres. La corrélation

statistique

entre les

positions

des n

particules

est

représentée

par une fonction de distribution :

Cette fonction donne la densité de

probabilité

pour que la

particule

1 soit en r 1 et la

particule n

en rn.

Si l’on considère un

liquide simple (argon,

métaux

liquides

usuels

[2])

les forces entre atomes sont à peu

près

centrales et

dépendent

peu des

angles respectifs

des liaisons.

L’énergie potentielle

de

n’importe quel

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:019730034010093700

(3)

938

groupe d’atomes peut être

décomposée

en une somme

d’interactions entre

paires

d’atomes. De la même manière moyennant certaines

approximations

les

corrélations entre

plusieurs

atomes

peuvent

être

décomposées

et

exprimées

en fonction de cor- rélation de

paire g(r 1, r2)

que l’on sait mesurer

expérimentalement.

Pour les

liquides

localement

anisotropes, liquides

à liaisons covalentes ou

hydrogénées,

les

potentiels

d’interaction à 3

particules dépendent

essentiellement des

angles

de liaisons. La

décomposition

des

énergies potentielles

en

potentiels

de

paire

n’est

plus possible.

On

peut

néanmoins construire un modèle de la struc- ture locale du

liquide

en utilisant à la fois la distri- bution de

paire g(r)

et d’autres informations concer- nant la nature des liaisons ou

l’arrangement

des

atomes dans le

liquide.

Par

exemple

dans

Se,

des

expériences

de dissolution sélective

permettent

de

séparer

chaînes et anneaux que

g(r)

seul ne

permet

de

distinguer

que très difficilement.

3.

Dispositif expérimental.

- Nous avons utilisé

le

dispositif classique

d’un des

spectromètres

du

réacteur EL 3 à

Saclay

dont le faisceau de neutrons

monochromatique

a une

longueur

d’onde  =

1,132 Â.

La

partie chauffage

HF

précédemment

décrite

[3]

ne convenait

qu’imparfaitement

au nouveau domaine de

température qu’il

était nécessaire

d’explorer (de

la

température

ambiante à

1 000 °C).

D’autre

part,

cette installation ne

peut

être utilisée dans le

cas des isolants comme le sélénium. Nous avons ainsi réalisé un four à effet

joule

en vanadium

capable

de

répondre

aux

exigences

de la diffraction des neu-

trons par des

liquides

isolants. L’utilisation d’un tel

matériau,

absorbant peu les neutrons et dont la section efficace de diffusion cohérente est

pratique-

ment

nulle,

diminue considérablement la

complexité

des corrections. Au niveau du

porte-échantillon

ces

corrections sont faites par différence entre creuset

plein

et creuset vide

(aux températures respectives)

en tenant

compte

des facteurs

d’absorption.

Les échantillons de sélénium de

pureté 99,999 5 %

utilisés pour ces

expériences

sont de forme

cylindrique

et de dimensions : diamètre 10 mm, hauteur 45 mm.

Chaque

échantillon

dégazé

sous un vide

dynamique

de

10-’ mm.Hg jusqu’à

une

température proche

de la

fusion,

est ensuite scellé sous vide dans un

creuset en silice.

La

température

est mesurée pour toutes ces

expé-

riences par

thermocouple

chromel-alumel dont on a vérifié

l’étalonnage.

La

régulation

PID utilisée

est désormais

classique

dans ce

type

de

montage.

Cependant

nous avons pu vérifier que les

gradients

de

température

radiaux sont

négligeables

et que les

gradients longitudinaux,

dans les cas les

plus défavorables,

sont inférieurs ou

égaux

à

0,5°C.

Enfin le fait de travailler en tube scellé nous a

permis

de réaliser ces

expériences

à volume constant.

4. Résultats obtenus. - Pour trois valeurs de la

température : 258,

358 et 460

OC,

nous avons déterminé le

spectre

de diffusion du sélénium

depuis

20 = 10 05’

jusqu’à

20 = 116° soit

pour k

variant de

0,10 Â-1

à

9,4 A-1.

Cette dernière valeur de

kmax

est sufh-

samment élevée pour

fournir,

comme nous l’avons montrée dans une

précédente

étude

[1],

une courbe

g(r)

correcte au moins pour des valeurs de r > 2

Á.

A toutes ces

températures

les mesures ont été faites

avec un pas de 15’ d’arc soit

quatre comptages

par

degré (et

une durée des

comptages

suffisante pour obtenir une bonne

précision statistique).

L’utilisation de

l’appareillage

mentionné

plus

haut nous a

permis

par ailleurs d’améliorer sensiblement la

précision

des mesures sur

S(k).

Nous avons déterminé ainsi la fonction

S(k) puis

à

partir

de celle-ci la fonction de distribution de

paire g(r).

La

figure

1 montre les variations du facteur de structure

S(k)

à 258 °C. Pour un

liquide

normal

[4]

FIG. 1. - Facteur de structure S(k) du sélénium liquide à

258 °C. Pour un liquide normal [4], S(k) présente un pic très marqué à k = 2 7r/di dl est le rayon de la première sphère de coordination. Le fait que S(k) ne se comporte pas ainsi dans le sélénium prouve que le potentiel d’interaction est

« anormal ». Ceci s’explique par la présence de liaisons cova-

lentes.

S(k) présente

un

pic

très

marqué

à k = 2

n/dl,

dl

est le rayon de la

première sphère

de coordination.

Le fait que

S(k)

ne se

comporte

pas ainsi dans le sélénium

liquide

prouve que le

potentiel

d’interaction

est « anormal ». Ceci

s’explique

par la

présence

de

liaisons covalentes. La

figure

2

représente

la fonction

g(r)

à cette même

température.

Il nous faut

signaler

que

l’analyse

de Fourier nous conduit encore à des valeurs

négatives

de

g(r)

pour r 2

À (effet

de

coupure),

mais pour ces faibles distances les atomes

ne

peuvent

évidemment pas

s’interpénétrer.

Le pre- mier maximum de densité

atomique

est ensuite

mieux défini et se situe à r, =

2,35 Á.

Le second

extrémum à

3,83 Á

est

séparé

du

premier

par un

« trou » relativement

important

que nous retrouvons

d’ailleurs à

plus

haute

température.

Nous avons

représenté figures

3 et 4 les fonctions

g(r) respectivement

à 358 et 460 °C. Le tableau 1

(4)

TABLEAU 1

Valeurs

numériques

de la

fonction g(r)

FIG. 2. - Fonction de distribution de paire g(r) pour le sélé-

nium liquide à 258 °C. La position du premier pic est identique

à celle des liaisons covalentes dans le solide. Le second pic contient à la fois des haisons covalentes et des liaisons de Van

der Waals.

FIG. 3. - Variation de la fonction g(r) à 358 °C.

FIG. 4.

2014 Variation

de la fonction g(r) à 460 °C.

regroupe pour chacune des

températures

les valeurs

numériques

de la fonction

g(r).

Les valeurs des

deux

premiers

nombres de coordinance sont données dans le tableau II.

Pour toutes ces

expériences

le nombre de coordinance est déterminé par

l’expression :

r min a été défini comme nous l’avons montré dans l’étude sur le tellure

liquide [1].

TABLEAU Il Nombre de coordinance

5.

Interprétation.

- 5. 1 CONFIGURATION DES LIAI- SONS DANS LE SÉLÉNIUM. - La

configuration

électro-

nique

d’un atome isolé de Se est 4

S2

4

p4.

Dans

l’état

condensé,

la nature des liaisons est déterminée par le

degré d’hybridation

des orbitales s et p. Pour Se

l’hybridation

est assez

forte,

parce que les niveaux

s et p sont relativement

proches.

En

conséquence chaque

atome forme 2 orbitales

hybrides

liantes

avec un électron sur

chacune,

les 4 électrons restants

occupant

des orbitales non liantes. La combinaison des orbitales liantes des atomes de sélénium

produit

un

système

linéaire de

liaisons ; chaque

atome étant

lié par une liaison covalente à chacun de ses 2 voisins

(Fig. 5).

Les orbitales non liantes

participent

à des

liaisons

faibles,

du

type

Van der Waals.

Au 1 er ordre

(plus proches voisins),

ce

système

de liaisons est défini par 2

paramètres :

la

longueur

d’une

liaison covalente

(d, = 2,37 Â),

et

l’angle

de 2 liai-

sons consécutives

(a

=

103,1°).

Pour

changer

d’une

manière

appréciable

la

longueur

d’une liaison ou

l’angle

de 2 liaisons

consécutives,

il faut

dépenser

une

énergie comparable

à

l’énergie

de

liaison, qui

est

Ecor =

44

kcal/mole [5].

Cette

énergie

est

beaucoup plus

élevée que les

énergies thermiques

usuelles. Pour

cette raison l’élément structural de

base,

c’est-à-dire

(5)

940

FIG. 5. - Liaisons successives en position « trans » dans

l’état condensé - chaînes du sélénium trigonal.

FIG. 6. - La nature des liaisons covalentes détermine les

caractéristiques du triangle formé par deux liaisons successives.

La structure à courte distance dépend aussi des orientations

respectives de 3 liaisons consécutives, par exemple de l’angle diédral fl entre a et c. Pour une chaîne hélicoïdale tous les

angles 6 sont égaux et voisins de a (liaisons en position « trans »)

car la chaîne se répète tous les 3 atomes. Pour un anneau Seg les angles p sont alternés.

le

triangle

formé par 2 liaisons consécutives

(Fig. 6)

est très stable

thermiquement ;

en fait on le retrouve

à

quelques

variantes

près

dans toutes les formes de sélénium : cristallin

[6], amorphe [7]

et

liquide [8].

Ainsi la nature des liaisons covalentes entre 2 atomes successifs dans Se

compte

tenu de

l’angle diédral fl impose

une structure linéaire. Si on veut décrire cette

structure avec

plus

de

précision (types

de

chaînes, présence

ou non

d’anneaux)

on doit faire intervenir

les interactions entre atomes liés

plus

indirectement :

- Dans une chaîne les

positions respectives

d’atomes 1 ers et 2es voisins ne

dépendent

que de la

longueur

des chaînes et de

l’angle

des liaisons cova-

lentes. Mais

les positions respectives

d’atomes 3es voisins

dépendent

aussi de la valeur de

l’angle

dié-

dral

fi,

c’est-à-dire des orientations

respectives

de

3 liaisons successives

(Fig. 5).

Les barrières de

potentiel qui

fixent la

position d’équilibre

de cet

angle

sont

de l’ordre de 2 à 3

kcal/mole [5].

- Entre chaînes dans le

cristal,

pour un atome

donné,

les seconds voisins

qui

sont situés sur des

chaînes distinctes

(atomes

non

homologues

de l’atome

de référence

(Fig. 5))

sont au nombre de 4 à une

distance

d2 = 3,44 Á.

Les liaisons

correspondantes

sont du

type

Van der Waals. Leur

énergie

est nette-

ment

plus

faible que celle des liaisons covalentes

(environ

3 fois

plus faibles,

si on se base sur les

fréquences

de vibrations

[9]),

c’est-à-dire de l’ordre de 15

kcal/mole.

- En

principe,

le

potentiel

associé aux

angles

tend à favoriser la

configuration

« cis » pour les

liaisons, plutôt

que la

configuration

« trans », c’est-à-dire des anneaux

plutôt

que des chaînes

(Fig.

5 et

7). Cependant

dans le

cristal, l’empilement

des chaînes est

plus

favorable que celui des anneaux, du

point

de vue des attractions de Van der Waals.

FIG. 7. - Liaisons successives en position « cis » dans l’état condensé - anneau du sélénium monoclinique.

La

compétition

entre ces deux effets est

responsable

de l’existence de

plusieurs

formes cristallines de sélé- nium :

monoclinique

= anneaux,

trigonal

= chaînes.

Il se trouve que la forme

trigonale (chaînes)

a

l’énergie

la

plus

basse mais

l’enthalpie

de la transformation

monoclinique --> trigonal

est

faible,

de l’ordre de

0,5 kcal/mole [10].

Il est tentant de

spéculer

de la

même manière sur la structure du sélénium

liquide

et

d’imaginer

que son évolution en

température

est

dominée par la

compétition

entre ces

potentiels

et le désordre

thermique.

Mais les informations

précises

sur la structure de Se

liquide (ou amorphe)

sont encore rares. En dissolvant sélectivement dans

CS,

les anneaux

Se8 qui

sont

présents

dans

l’amorphe (obtenu

par

trempe

du

liquide), Briegleb [11]-[12]

obtient les concentrations suivantes :

(6)

Ces concentrations sont évidemment très

approxi-

matives et il n’est pas évident que la fraction soluble contienne exclusivement des anneaux

Se8 ;

de

plus

elles

supposent

une

trempe

très

rapide

par

rapport

à

l’échange

réversible anneaux = chaînes. Elles donnent néanmoins un ordre de

grandeur

utile et on

peut

remarquer d’autre

part

que ces mesures suivent à peu

près

une loi en

C/(1 - C)

exp

U/kB

T avec

U

0,13

eV 3

kcal/mole,

valeur

qui

est très

proche

de la chaleur de transformation

trigonal

H

monoclinique.

On

peut

mettre en évidence

séparément,

dans un

amorphe

obtenu par

trempe,

les

fréquences

de vibra-

tion des chaînes et des anneaux

[13],

on obtient ainsi

une concentration de 30 à 50

%

pour les anneaux.

Ce résultat a été

précisé

par des

expériences

d’ad-

dition d’éléments

iso-électroniques

comme S et

Te, qui

forment des anneaux mixtes de

préférence

à des

chaînes mixtes

[14].

Les mesures de viscosité et l’étude

cinétique

de

cristallisation sont aussi en accord avec une

descrip-

tion du Se

liquide

où les concentrations d’anneaux et de chaînes sont du même ordre de

grandeur [15].

Les déterminations directes de la structure par diffraction de rayons X ou de neutrons

[7], [16]

(et également

les travaux de J. Moscinski et al.

[17]

dont nous venons d’avoir

connaissance)

donnent

des informations intéressantes mais

qu’il

est

parfois

nécessaire

d’analyser

avec soin. En

effet,

elles donnent

une information radiale

qu’il

est très difficile d’inter-

préter

au-delà de la 1 re

sphère

de coordination d’un atome

(parce qu’il

y a

trop

d’atomes différents dont les distances sont

voisines).

En

résumé,

si on rassemble toutes les données sur

le sélénium

amorphe,

la

compétition

entre chaînes

et anneaux,

qui

dans le cristal favorise les chaînes par

rapport

aux anneaux, semble

jouer

en sens inverse

dans le

liquide :

les anneaux sont

plus

stables à basse

température,

et les chaînes à haute

température.

Ceci

implique

que dans le

liquide

les chaînes ont à la fois une

énergie plus

élevée que celle des anneaux

(par exemple

par affaiblissement des liaisons de Van der Waals et par désorientation des

angles diédraux).

Ainsi la

thermodynamique

de

l’équilibre

anneaux chaînes

suggère

que les chaînes du sélé- nium

liquide

sont très

désorganisées.

Nous allons maintenant discuter la manière dont nos résultats

précisent

ou infirment cette

description.

5.2 INTERPRÉTATION DES MESURES DE

g(r).

-

On

peut séparer grossièrement

l’information contenue dans

g(r)

en trois

parties :

le

premier pic (liaisons

covalentes

seules),

le 2e

pic (deux

liaisons covalentes

et

approximativement

4 liaisons du

type

Van der

Waals),

et enfin les atomes situés sur des chaînes voisines au-delà de la

première sphère

de coordination.

a)

ler

pic :

la stabilité de la

position

et de l’aire du

premier pic indiquent

que les 2 liaisons covalentes formées par

chaque

atome sont très peu affectées

par le désordre

thermique.

Notons que le nombre de coordinance obtenu

d’après

l’aire du

pic (n1 - 2,1)

est très

proche

de la valeur

théorique (ni

1 =

2).

Ceci

suggère

que les

pics

de

g(r)

ne sont

pratiquement

pas

élargis

par notre

technique

de mesure

(transformation

de

Fourier).

b)

2e

pic :

dans le solide

(cristal trigonal)

les seconds voisins au nombre de 4 sont situés sur des chaînes distinctes à la distance

d2

=

3,44 A (Fig. 5),

ils sont

liés à l’atome de référence par des liaisons de Van der Waals. Viennent ensuite 2 atomes à la distance

d3 = 3,69 A (seconds

voisins covalents dans la même

chaîne).

L’ensemble de ces atomes à des dis- tances relativement semblables

explique

la

présence

d’un

pic

à

3,55 À

dans la fonction de distribution radiale obtenue par

plusieurs

auteurs

[7]-[16].

Dans

le

liquide,

ce

pic

se trouve au-delà de

3,69 A

et

contient

approximativement

le même nombre de voisins

(n2 = 6).

Comme les liaisons covalentes

demeurent

inchangées,

il faut admettre que les liai-

sons de Van der Waals sont considérablement allon-

gées (typiquement

à 258 °C de

3,44 A

à

3,83 A

si

on tient

compte

de

l’asymétrie

du

pic).

Cet allon-

gement peut s’expliquer

de deux manières. Pour les

anneaux, on sait que les liaisons de Van der Waals

sont

faibles,

et il n’est pas

surprenant qu’elles

soient

nettement

plus longues

que les liaisons entre chaînes du cristal

trigonal.

En

effet, déjà

à

température

ambiante

dans le cas des anneaux

(cristal monoclinique)

les

seconds

voisins,

suivant l’atome choisi pour

origine,

se situent à une distance

d2 comprise

entre

3,48

et

3,70 A (distances intermoléculaires),

alors que les

troisièmes voisins se situent à une distance

d3 = 3,72 A [6] (distance intramoléculaire).

Pour les

chaînes,

il faut admettre

qu’elles

sont très désor- données les unes par

rapport

aux autres

(si

elles étaient

ordonnées,

les distances entre chaînes seraient

comparables

à celles du cristal

trigonal).

Une

explication

de ce

phénomène

est

suggérée

par le

déplacement

de la

position

du

pic : quand

on

augmente

la

température,

le

pic

se

rapproche

de

sa

position

dans le cristal

trigonal.

En même

temps,

si on

accepte

le modèle de

l’équilibre

anneaux chaînes décrit

plus

haut

(5.1)

la concen-

tration en anneaux est diminuée d’un facteur 2

(en passant

de 260 à

460 °C) [11]-[12].

Ceci

suggère

que les anneaux sont en

partie responsables

de l’al-

longement

des distances entre chaînes. Par

exemple

à 260 °C la concentration en anneaux est de l’ordre de 35

% ;

il est clair

qu’il

est très dificile pour les

chaînes de

s’empiler

correctement car les anneaux

désorganisent complètement

leur

arrangement.

A 460 °C la concentration en anneaux est de l’ordre de 20

% [11 ],

il est alors

plus

facile pour des

petits

groupes de chaînes de

s’arranger

localement sans être

trop perturbées

par les anneaux.

c)

Les autres

pics

de

g(r) apparaissent

seulement

à haute

température.

A

priori

il semble très surpre- nant que des

pics apparaissent

et

grandissent

dans

(7)

942

g(r) quand

la

température croît ;

pour un

liquide

normal on s’attend

plutôt

à une

augmentation géné-

rale du désordre se traduisant par une diminution de la hauteur des

pics

de

g(r) [4].

encore

l’expli-

cation la

plus

vraisemblable est basée sur la

présence

de 2 structures dans le sélénium

liquide.

A basse

température

les anneaux

désorganisent complètement

le réseau des

chaînes ;

il est alors difficile d’observer

un ordre à courte distance

(les

atomes situés sur

une même chaîne ou un même anneau contribuent peu, au-delà de la lre

sphère

de coordination à

g(r),

car ils sont

trop

peu

nombreux) (Fig.

5 et

7).

A

plus

haute

température,

la concentration

décroît,

il est alors

plus

facile pour les chaînes de

s’organiser

et certaines distances

peuvent

être

observées,

par

exemple

le

pic

à

4,51 A

est

proche

de la distance

entre chaînes dans le cristal

trigonal (Fig. 5).

D’autre

part,

il est clair

qu’à

cette dernière

température

nous

assistions au dédoublement

(distances d2 et d3)

du

second

pic

de

g(r)

ce que

préfigure

le

petit pic

à

3,04 A.

6. Conclusion. - Les mesures de

g(r) prises

iso-

lément

prouvent

que le

système

de liaisons cova- lentes du sélénium solide reste intact dans le

liquide,

mais elles ne

permettent

pas de décider

complètement quelle

est la structure à courte distance du

liquide.

Cependant

si on

prend

en

compte

les données connues

sur

l’équilibre

anneaux #

chaînes,

on

peut

se baser

sur

g(r)

pour étudier la manière dont cet

équilibre

affecte la structure à courte distance du

liquide.

En

particulier

on

peut expliquer

le fait

surprenant

que la structure du

liquide

semble mieux définie

et

plus

semblable à celle du cristal

trigonal

à haute

température qu’à

basse

température.

En

effet,

la

présence

à basse

température

de 2 structures « anta-

gonistes » (chaînes

et

anneaux) désorganise

très

substantiellement l’ordre à courte distance du

liquide.

Remerciements. - L’auteur remercie vivement le Pr. Friedel

qui

a suivi de très

près

ce travail et le

Dr Cabane pour un fructueux

échange

de corres-

pondance quant

à

l’interprétation

de ces

expériences.

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