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2. Histoire et mémoire de la Guerre d Algérie : des blessures facteur de division

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2. Histoire et mémoire de la Guerre d’Algérie : des blessures facteur de division

Mise au point synthétique La Guerre d’Algérie (1954-62)

Le conflit et ses mémoires sont étudiés dans le tronc commun (point de passage), référez-vous à votre manuel si vous n’avez pas encore traité ce chapitre.

Un enjeu, de multiples affrontements

La Guerre d’Algérie est une guerre de décolonisation dont le début est marqué par l’insurrection sanglante du 1° Novembre (la Toussaint rouge) et la fin par les accords d’Evian du 18 mars 1962 et le cessez-le-feu du 19 mars.

Mais loin d’une opposition simpliste Français de métropole/populations d’Algérie, elle est marquée par la division des populations et la multiplication des acteurs.

Favorables à l’Algérie française Favorable à l’indépendance Pieds Noirs : européens vivant en Algérie, la majorité

vient de France

Membres du FLN (Front de libération nationale) : parti à l’origine de l’insurrection du 1° Novembre 1954 (pour la lutte armée)

Harkis : algériens servants dans l’armée française Membres du MNA (Mouvement Nationale algérien) : qui dénonce les violences du FLN

Le contingent de l’armée française (jeunes hommes faisant leur service militaire)

L’OAS (Organisation Armée Secrète) : attentats en Algérie et métropole

La masse de la population civile en Algérie ou en métropole, aux opinions divisées.

1954 1955 1956 1957 1958 1959 1960 1961 1962

1 Novembre 1954 : La Toussaint Rouge orchestrée par le

FLN

Bataille d’Alger Envoi du

contingent

Crise du 13 mai 1958 Insurrection des Français d’Algérie

Retour de De Gaulle au pouvoir

Discours de DG sur l’autodétermination

18 mars 1962 Accords d’Evian Exode des Français

d’Algérie 5 juillet 1962 Indépendance de

l’Algérie

Création de l’OAS Montée des tensions

une « guerre sans nom »

Enlisement et escalade

de la violence Négociations et poursuite des combats

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Une guerre qui fait de nombreuses victimes : Pertes globales Entre 200 000 et 300 000 selon

les estimations des historiens Pertes des forces

françaises

24 614 morts dont 4 500 musulmans

64 985 blessés Victimes civiles du

terrorisme FLN

54 488 morts, blessés ou disparus dont 3 663 européens Pertes de l’armée

du FLN

141 000 Guerre civile

entre le FLN et le MNA

10 055 morts, 23 000 blessés

Terrorisme de l’OAS de 1961 à juin 1962

2 700 morts dont 2 400 algériens

Enlèvement de civils européens en Algérie par le FLN

3 018 entre le 19 mars et le 31 décembre 1962

Le premier tableau rappelle la complexité d’un conflit qui entremêle les acteurs : il s’agit bien d’une guerre civile dans laquelle s’affrontent des français entre eux (l’Algérie fait partie des départements français) et une guerre qui divise aussi les populations locales et métropolitaines entre elles (assassinats et attentats du FLN contre le MNA ou de l’OAS contre des Français de métropole par exemple)

Le deuxième tableau rappelle la délicate estimation des victimes (date de début, de fin, sources) qui peut faire l’objet d’une instrumentalisation (le nombre de « martyrs ») base d’une histoire officielle loin du travail de recherche des historiens…

La Guerre d’Algérie est donc un objet politique soumis à de nombreuses polémiques. Refus de la reconnaissance d’un conflit en métropole : « les événements ». Idée du soulèvement de tout un peuple contre l’oppresseur en Algérie avec oubli des divisions internes.

Soldats français tués (1954-62)

24 614 (source : armée française)

Combattants algériens

141 000 (source : armée française)

132 290 (source : armée de libération)

Civils algériens De 250 000 à 430 000 (d’après les universitaires)

« 1 500 000 martyrs » d’après le président Boumediene en 1970 Européens

d’Algérie

2788 tués

3 000 à 9 000 disparus

Harkis 60 000 à 80 000 selon les historiens

150 000 selon des associations de harkis

D’après G. Perville, « le vrai bilan des victimes », l’Histoire, 181, 1994

Tableau issu du regroupement de multiples sources Publié dans le manuel Hachette – THGGSP - 2020

Le journal d’Alger, le 2 Novembre 1954

Référence à Messali Hadj, père du nationalisme algérien fondateur du PPA puis du MNA

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2.1 En Algérie : construire une nation sur le récit d’un soulèvement populaire

La constitution d’une histoire officielle basée sur une mémoire magnifiée Texte 1 p. 192

1. Selon la constitution algérienne, quelles sont les deux caractéristiques de la guerre d’indépendance ? Cela rejoint-il les faits historiques ?

« résistance aux agressions menées contre sa culture » : la population algérienne toute entière rejette la

« francisation » ou l’acculturation mise en place par la puissance coloniale et défend une identité musulmane arabe et berbère.

« réuni dans le mouvement national puis au sein du Front de Libération nationale » : union dans la lutte, les Algériens ont présenté un front uni.

Le code de l’indigénat aménage un certain respect des coutumes algériennes, mais la France mène globalement une politique d’assimilation, par contre, les Algériens n’ont pas été unis (FLN, MNA et harkis s’opposent et se déchirent.)

2. Selon la constitution algérienne, à quoi correspond le 1° Novembre 1954 ? Cela rejoint-il les faits historiques ?

« un sommet de son destin », début de la lutte, acte révolutionnaire. Le 1° novembre est même devenu fête nationale en Algérie (« Fête de la Révolution »)

Le 1° Novembre correspond à un durcissement de la lutte pour l’indépendance : il s’agit d’une campagne d’attentats orchestrés par le FLN (plusieurs dizaines de bombes explosent) causant peu de dégâts et peu de victimes (une dizaine), avec un très faible retentissement en métropole. On est loin d’un acte d’héroïsme soutenu par la population locale.

3. Quel est l’objectif de ce récit officiel ?

Il s’agit à l’époque de légitimer le pouvoir en place (ce sont des membres du FLN qui arrivent au pouvoir) et d’unifier la population : mise en place du mythe du peuple uni face à la puissance coloniale française (cf mécanisme du résistancialisme en France après la Seconde Guerre mondiale). Ne pas oublier que pour les Algériens, cette lutte victorieuse est une grande fierté nationale, base de l’identité de la nouvelle nation.

L’Etat algérien confisque les mémoires et construit un récit officiel orienté.

D’abord car il contrôle de travail des historiens. Les historiens se heurtent à deux difficultés majeures.

Tout d’abord, ils manquent de sources indigènes (l’essentiel des sources sont produites par le colonisateur français dans une région où l’alphabétisation était largement inachevée et où parfois persistait la tradition orale). Enfin, le régime algérien se durcit rapidement, d’abord avec le coup d’Etat de 1965 puis en 1999 avec l’arrivée au pouvoir de Bouteflika qui impose une quasi-dictature. Le régime impose une censure sévère sur les recherches et les communications des historiens qui tendent à remettre en question la version officielle.

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L’Etat peut donc ensuite imposer un récit officiel biaisé : cela se remarque particulièrement dans le vocabulaire employé, les événements et les acteurs célébrés.

L’histoire officielle raconte l’oppression mise en place sous l’occupation française. La guerre d’indépendance est donc une guerre de libération nationale, voire une révolution. L’Etat met l’accent sur le rôle des combattants et sur les martyrs de la guerre (tous membres du FLN) auxquels il érige des monuments dans les années 1970. (Monuments aux chouhada, et le très impressionnant Flambeau des Martyrs à Alger, érigé en 1982 – voir ci-contre)

Cette mémoire a un double but politique.

En rappelant que le pays est né de la guerre, il s’agit de justifier la main mise du FLN puis de l’armée (à partir du de Boumédiène en 1965) sur le gouvernement algérien.

En rappelant le rôle négatif joué par la France, il s’agit de trouver un coupable aux difficultés économiques de l’Algérie (et de dédouaner les choix économiques du gouvernement en place…)

Le rejet de la mémoire officielle

Cette mémoire oublie beaucoup de choses… et la population algérienne n’adhère pas à la vision officielle, car son expérience du conflit est tout autre.

Les femmes sont absentes de ce récit, les Berbères accusent le régime de se servir de ce récit pour les arabiser et surtout, il passe sous silence les divisions algériennes : les harkis, perçus comme des traîtres et poussés à l’exil, disparaissent de la mémoire officielle, le rôle du MNA n’est jamais cité et son fondateur Messali Hadj, totalement oublié.

La jeunesse (doc 2 p. 192) remet en cause la version officielle. Reprenant à son compte la vision révolutionnaire du combat mené par les Algériens, les jeunes, qui représentent à l’époque la moitié de la population à eux seuls, multiplient les manifestations et vont même jusqu’à reprendre le slogan de 1962 contre Bouteflika : « un seul héros, le peuple ».

Sur les murs de la Casbah d’Alger en 1962 (pour justifier la lutte contre la colonisation française), slogan immortalisé par Marc Riboud et repris lors des manifestations anti-Bouteflika en 2019.

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2.2 En France : une mémoire aveugle fruit d’une nation sur la défensive

De l’amnésie à la reconnaissance

« Après 1962, dans le pays, la volonté d’oublier domine. La France, qui a vécu la guerre de 1939, puis celle commencée en Indochine en 1946 poursuivie par celle d’Algérie, veut tirer un trait sur le conflit, consommer, entrer dans la modernité […] La guerre d’Algérie disparait […]. Dans la foulée de la révolte étudiante [de 1968], le sujet revient sur les écrans. Les films de dénonciation de la « guerre coloniale » se succèdent, et remportent un certain succès auprès d’une jeunesse très engagée à gauche, marquée par le tiers-mondisme. […] Dans les années 1980 se produit […] un durcissement des mémoires. Les enfants de l’immigration algérienne en France […] qui manifestent pour l’égalité des droits et contre le racisme en 1983-1984, […] mettent en accusation le passé colonial de la France. Ils soulèvent la question de l’événement du 17 octobre 1961 […]. Parallèlement, les travaux universitaires progressent. […] La revue L’Histoire en 1983 publie un article de Guy Pervillé qui tente d’établir, pour la première fois, en dehors des discours idéologiques, le bilan des victimes. Il avance le chiffre de 300 000 à 400 000 victimes Algériennes. Le premier colloque universitaire se déroule à Paris en 1988, sous la direction de Jean-Pierre Rioux […]. Lentement, très lentement, s’opère le passage de la mémoire à l’histoire. » Benjamin Stora, « La fin de l’amnésie », L’Histoire, novembre 2004.

1. Quelles sont les raisons de l’amnésie selon Stora ?

Oublier les défaites successives de la France dans la Seconde guerre mondiale et les deux guerres d’indépendance Bâtir une nouvelle société, profiter des « Trente Glorieuses »

2.Qu’est-ce qui provoque un réveil des mémoires ?

Œuvres cinématographique (dans le contexte contestataire de 1968) Enfants de rapatriés et de harkis qui manifestent dans les années 1980 Le travail des historiens (Guy Pervillé)

L’Etat Français et l’amnésie collective.

Pour la France, la Guerre d’Algérie est un drame et ses mémoires sont refoulées. L’Etat nie la réalité de la guerre et applique la censure dans la presse écrite et télévisée : on évoque des « événements », on minimise les pertes, on tait les tortures. Tous les faits commis durant la guerre bénéficient de lois d’amnistie, la mémoire des harkis est inaudible, tout comme celle des 2 millions de jeunes appelés du contingent. En effet, après avoir soutenu une Algérie française, le président De Gaulle a œuvré à l’indépendance, les témoignages de ceux qui se sont battus pour maintenir l’Algérie dans le giron français sont malvenus au retour des troupes…

Pourquoi cette politique de l’amnésie collective ? Durant le conflit tout d’abord, il s’agit de ne pas perdre le soutien de la population qui pourrait s’indigner des drames, des victimes et de la torture ! Après le conflit, De Gaulle se lance dans un programme de restauration de la grandeur nationale. Or la France a été sévèrement critiquée pour sa gestion de la question Algérienne (particulièrement par les EU pour l’Algérie), de plus, elle a accumulé deux défaites contre des populations sous-équipées, enfin, il faut taire les divisions des Français pour bâtir la grande et puissante nation dont De Gaulle rêve désormais (et qui ne peut plus reposer sur un empire, dès 1960, la France a acté l’indépendance de l’Afrique noire).

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Le réveil des mémoires.

Il passe par la médiatisation du conflit algérien auprès du grand public. Plusieurs œuvres cinématographiques permettent d’aborder le conflit et de soulever des questions. Par exemple, La Bataille d’Alger, film de 1966, permet d’aborder la question de la torture. Cependant le film l présente encore comme nécessaire et efficace. Une deuxième œuvre, Avoir 20 ans dans les Aurès, en 1972, dénonce par contre les violences commises par l’armée française.

Les débats se multiplient avec l’éloignement des faits. Les mémoires ressurgissent particulièrement avec les enfants des témoins, qui veulent savoir, comprendre ce qu’il s’est passé. Associations de Pieds Noirs et Harkis dénoncent les oublis.

Dans les années 1980, avec la montée du racisme, les enfants des harkis ressentent d’autant plus violemment cette injustice et appelle l’Etat français à réparer les tords commis. En effet, les Harkis sont rejetés en Algérie, car accusés de trahison et de collaboration. Ils sont 15 à 20 000 à s’être installés en France après l’indépendance, 60 à 70 000 ont été exécutés en Algérie et très mal accueillis en France, car considérés comme Algériens avant tout…

Les premières années se passent dans des camps isolés, loin des villes où ils souffrent du froid lors de l’hiver 1962-63 particulièrement dans le Larzac (la région

la plus froide de France…) où ils sont internés dans des tentes (beaucoup d’enfants en bas âge décèdent), de la pauvreté et du racisme.

Grâce à la mobilisation des enfants de Harkis (manifestations et grèves de la fin), les droits matériels et moraux sont peu à peu reconnus par la république Française. La mémoire des harkis est enfin entendue.

La reconnaissance mémorielle

Elle passe d’abord par le travail des historiens. L’Etat français n’a pas empêché le travail des historiens, des études sur la torture paraissent très tôt, comme l’analyse de Pierre Vidal-Naquet, La raison d’Etat (qui donne le droit de bafouer les lois de la République et donc de recourir à la torture), paru dès 1962, mais il faut attendre l’ouverture des archives, avec le décès des acteurs du conflit, pour voir les parutions se multiplier, dans un contexte apaisé à défaut d’être dépassionné (Nostalgérie des Pieds- Noirs, colère des enfants de Harkis, tensions diplomatiques avec l’Algérie).

Les historiens ont joué un double rôle. Un rôle de révélateur, en retrouvant les témoins et acteurs de la guerre et en récoltant leurs témoignages, en particulier celui des soldats du contingent dans les années 1990. Un rôle d’enquête, pour révéler l’étendue de la torture et relancer un processus de justice (connaître le sort des disparus, connaître le nom des coupables et les assigner en justice comme le Général Aussaresse qui organise la « contre-insurrection » en Algérie et systématise l’usage de la torture et des escadrons de la mort).

Camp de Rivesaltes, en 1962 des tentes militaires non chauffées pour les familles de Harkis.

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La question de la torture n’arrive cependant sur le devant de la scène que dans les années 2000, et les dépôts de plainte pour crime contre l’humanité n’ont pas aboutis. Même le général Aussaresse, âgé de 85 ans au moment de son procès n’est que symboliquement condamné.

Cette reconnaissance est progressivement institutionalisée :

1983 : apparition de l’histoire de la guerre d’Algérie (mais on parle encore d’événements) dans les programmes scolaires

1999 : l’Etat reconnait l’appellation « guerre d’Algérie »,

2002 : Jacques Chirac fait ériger un mémorial aux soldats français et aux harkis

2012 : François Hollande reconnaît la responsabilité de l’Etat dans la terrible répression de la manifestation du 17 octobre 1962 (qualifiée outre-manche de pire répression connue dans l’Europe occidentale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : probablement 50 morts lors de la répression orchestrée par Maurice Papon de la manifestation pacifiste pour l’indépendance de l’Algérie alors que l’Etat n’en reconnait que 2 à l’époque.)

2018 : Emmanuel Macron reconnaît la responsabilité de l’Etat français dans la disparition du journaliste Maurice Auduin (doc 4 p. 193)

Symbole d’une histoire apaisée, en 2003 Jacques Chirac choisit la date du 5 décembre pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie (texte 3 p. 192). Date ne correspondant à aucun événement tant les choix sont vastes et sujets à l’instrumentalisation. Que célébrer ? la fin des combats le 19 ? mais des massacres ont lieu jusqu’en juillet. Le 5 juillet ? ne serait- un rappel trop fort de la défaite et de l’exode pour les pieds noirs ? Le choix s’est donc porté sur une date neutre afin de n’offenser aucun groupe porteur de mémoire.

2.3 Construire des relations apaisées ?

Les crispations des mémoires officielles ont longtemps envenimé les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie.

Quand en France, l’amnésie et le refoulement étaient la règle, en Algérie, le récit guerrier glorieux de l’indépendance était mis en place par le gouvernement. Les mémoires de la guerre sont aujourd’hui au cœur d’un double enjeux.

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Enjeu diplomatique : relations tendues entre Paris et Alger, ce qui nuit par ricochet, aux relations commerciales. Or l’Algérie est un marché en pleine expansion ET un producteur de pétrole…

Enjeu identitaire : il y a aujourd’hui en France 7 millions d’habitants liés personnellement au drame algérien : familles de pieds-noirs, descendants de harkis, appelés du contingent et immigrés). Il s’agit pour la France, de mieux intégrer ces populations, de désamorcer les rancœurs.

Collaboration France-Algérie : vers des relations apaisées ?

La coopération entre les deux Etats n’est pas nouvelle. Dès 1962, une double coopération se met en place par intérêt économique et démographique.

Intérêt économique : reconstruire l’économie Algérienne, profiter des complémentarités commerciales héritées de la colonisation : produits agricoles et matières premières d’Algérie contre produits finis français. Mais l’Algérie se tourne rapidement vers l’ennemi idéologique, l’URSS, les relations commerciales reprennent ensuite doucement en fonction du contexte politique.

Intérêt démographique : l’Algérie doit faire face à un processus d’explosion démographique, son bassin d’emploi ne peut absorber toute la jeunesse qui arrive sur le marché du travail. Or cette population est francophone et bénéficie d’une filière d’immigration vers la France depuis la reconstruction de l’après-guerre (dès 1945). La France connait encore une période de forte croissance et a besoin de main d’œuvre bon marché encore dans les années 1960.

Les historiens ont leur part dans ce rapprochement. On note la parution d’ouvrages écrits en commun, comme par exemple La Guerre d’Algérie, co-écrit par l’historien Algérien Mohammed Harbi et l’historien français Benjamain Stora). Il y a également la mise en place d’une commission « Mémoire et vérité » sous Emmanuel Macron, dont l’organisation a été confiée à B. Stora et qui a pour but à la fois d’éviter l’écueil de la repentance en se focalisant sur la reconnaissance des événements historiques et de dissiper le brouillard sur les trop nombreuses disparitions durant la guerre d’Algérie.

(Restitution d’archives à Alger)

Enfin, la participation de ces deux Etats à l’Union pour la Méditerranée (2008) qui regroupe les pays des deux rives de la Méditerranée, témoigne de cette volonté de rapprochement et de la reconnaissance d’un partenariat économique, politique et culturel parfois hérité de l’Antiquité ! Ce rapprochement est consolidé en 2012 par la signature d’un traité d’amitié entre F. Hollande et A.

Bouteflika qui prévoit un partenariat économique et surtout militaire concernant l’élimination de l’ennemi commun : le terrorisme islamiste.

Des tensions toujours vives…

Malgré tout, les relations sont en dents de scie. Le refus (symbolique) de l’Algérie d’intégrer l’Organisation Internationale de la Francophonie alors même que la majorité de sa population parle le Français montre que les tensions mémorielles sont toujours là. L’Algérie demande à la France de reconnaitre ses crimes, et le gouvernement est même allé jusqu’à évoquer le crime de génocide colonial. La France a pour le moment refusé de demander pardon en ces termes (pas de politique de repentance).

Le 8 mai, célébré comme jour de la libération en France (capitulation de l’Allemagne nazie) correspond à un jour de répression en Algérie (manifestation pacifique pour l’indépendance), ce qui n’est pas abordé en France.

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Le 17 octobre 1961 est qualifié de crime d’Etat en Algérie, alors que la France avance péniblement dans la reconnaissance d’une répression disproportionnée et que le nombre des victimes est au cœur de polémiques, sans parler de la dilution des responsabilités. (Quel rôle a joué De Gaulle ?)

Conclusion

Les conflits sont par nature sujet à des mémoires et des récits biaisés, l’on peut espérer que le travail des historiens, qui vise à établir, de façon dépassionnée, les faits qui se sont déroulés, pourra apaiser les tensions et réconcilier les mémoires. Evitant par là même de nouveaux affrontements.

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