I
—
ACADÉMIE
ROYALE
DE MÉDECINEDE
DELGIQUË./
MONUMENT
J -B. VAN HELMOÎ
BRUXELLES,
F. IIAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE DE BELGIQUE,
RUE
DELOUV
AIN, 1 o8.1889
MONUMENT J.-B. VAN
Le
8 juillet 1863, le Conseil provincialdu
Braqu'un monument
fût élevé à lamémoire
deVan
Le Gouvernement
semontra
favorable, dès le principe, à l'idéede l'hommage
public à rendre ù l'une des illustrations scienti- fiquesdu
pays.Toutefois,
pour que
lemonument
à ériger eûtune
signification sérieuse etque l'hommage
parût universellement légitime, iljugea
nécessaireque
les titresde Van Helmont
à l'admirationde
la pos-térité fissent l'objet d'une nouvelle constatation d'après les règles
de
la critiquemoderne.
Il appartenait îi l'Académie royale
de médecine de
Belgique d'appeler l'attentiondu monde
savant sur les titresde
l'illustremédecin brabançon.
Elle fut
donc
invitée par leGouvernement
àprendre
l'initiative à ce sujet, et, le 27décembre
1864, elle ouvritun concours pour
la solution de la question suivante :
« Faites I histoire de la vie et des écrits
de Van Helmont
consi- dérécomme médecin;
exposez ses doctrines médicales; discutez-en
la valeur et établissez clairement l'influence qu'ellesont
exercée sur la science et la pratique médicales. »Afin de bien faire
comprendre
la portéede
la question, l'Aca-démie
avaiteu
soinde
faireremarquer aux concurrents
qu'elle voulaitque
l'exposé des doctrinesde Van Helmont
fûtappuyé de
preuves puiséesdans
ses ouvragesmêmes
etnon empruntées aux
écrits de ses
commentateurs ou de
ses traducteurs,où
elles sont souvent tronquées et dénaturées.Plusieurs
mémoires
furent adressés à l'Académie. Elledécerna
la
palme
à l'un d'eux et accorda àun
autre travailune
médaille de400
francs, à titred'encouragement.
Exiraildu Ballet.nîle l'Acailéiiiic rnijule de médecin?, année 1831).
MONUMKNT
J.-B. VANHIXMONT.
C'est à la suite de ce résultat
que M. Alphonse Vandenpcere- boom,
ministre de l'Intérieur,proposa au
Roi d'érigerun monu- ment
à J.-B.Van Helmont
sur l'une des places publiques de la capitale.Le
Conseilc{)mmunal
de Bruxelles ainsique
la Députation per-manente du
Conseil provincialdu Brabant
avaient résolu, avantque
l'arrêtéroyal parût, d'intervenir respectivementdans
les frais (juel'hommage
à rendre à notre illustre compatriote devait occa- sionner.Le
15 juillet 1889, a eu lieuen grande pompe
l'inauguration dela statue de Jean-Baptiste
Van Helmont
sur la placedu Nouveau
Alarché
aux
Grains, à Bruxelles.Le
bataillon des chasseurs éclaireurs de la garde civique de la capitale, lamusique de
ce corps d'élite, celle dessapeurs-pom-
piers
communaux,
ont contribué à rehausser l'éclat de celte solennité.Le
Collège desbourgmestre
et échevinsde
la ville de Bruxelles, des déléguésdu
Conseil provincial, des Conseilscommunaux de
Bruxelles etde
Vilvorde, de l'Académie royale de médecine, de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts, de laFaculté de
médecine
et de la Faculté des sciences de l'Université libre de Bruxelles, représentaient ces divers corps administratifs et scientifiques à cette cérémonie, qui avait attiréun concours immense
de médecins, de lettrés et de citoyens, avides de contri-buer
à rendreau
savant,dont
la Belgique a le droit d'être fière, leshonneurs
qu'il a si bien mérités.Au moment où
le cortège, parti de l'Hôtel de Ville, adébouché
sur la place, lamusique
des chasseurs éclaireurs aentonné l'Hymne
national et la troupe a porté les armes.M. André,
échevin de l'Instruction publique, s'est placé au pied de la statue etaprononcé
le discours suivant :« Messieurs,
«
Honorer
lamémoire
d'unhomme
de génie, glorifier le sou-venir d'un des plus illustres enfants de là, Belgique, telle est la
|)L'nséequi a |)résidé à l'érection de la sVatue dont
nous
célébrons aujourd'hui l'inauguration. Qu'ilme
soit permis,dans
cotte solen-MONUMENT
J -B.VAN
HlLMONT
nité,
de
retracer rapidemeiit la viede Van Helmont, de
rappelerles services qu'il a
rendus
h la science, de dire quels sont ses titres à la reconnaissancede
l'Iiunianité.»
Né
à Bruxelles en 4577, J.-B.Van Helmontlît,
toutjeune,de
brillantes études philosophiques. Esprit
indépendant
et oi3serva- teur, il se lassa bientôt des abstractions et des vaines discussionsdelà
scolastique; avide de savoir, ildemanda aux mathématiques, aux
sciences physiques et naturelles, l'autorité des faits, lacon-
naissance des principes. C'est ainsi qu'il futamené
à l'étude de lamédecine, enserréejusqu'alors
dans
les liens étroitsdu
galénisme.Ennemi
des hypothèses, cherchant la certitude scientifique.Van
llelmont ne tarda pas à s'apercevoir
de
la fausseté des théories médicales enseignées à cetteépoque
et auxquellesun
respect aveuglepour
le passé assuraitun empire
absolu. S'il s'appliqua à l'art de guérir, ce fut avec la volontéde
l'afifranchir des erreurs et des prc^ugés qui en entravaient le progrès.Novateur
hardi, ilne
craignit pas
de
répudier les règles de l'Ecolepour
fonderune
doc- trine nouvelle basée sur l'observation et la physiologie,deman-
dant à l'anatomiedes
données
certaines et positives, faisant appelà toutes les sciences
dont
l'étude se rattache à la pratique médicale.»
Dans
l'espoirde
perfectionner ses connaissances,pendant
près dedix ans il parcourut les principaux paysde
l'Europe, se mettant en rapport avec les savants, tâchant d'arracher à la nature ses secrets et ses mystères.Rentré en
Belgique, il se retira à Vilvorde, se consacrant tout entieraux
soins qu'ildonnait aux malheureux, aux
recherches,aux
études etaux
travaux qui ont ouvert à lascience
un champ nouveau
et fécond, tracé à lamédecine
la voie((ui devait la conduire à la vérité.
» C'est
dans
cette retraite laborieuse que, par ses écrits.Van
llelmont hata laréforme
scientifiqueque
devaient subir les théo-ries médicales; c'est au fond de son laboratoire qu'il fit les expé- riences, les découvertes importantes qui servent
de
base à lachimie moderne.
»
Malheureusement,
il vivaitdans un temps
d'intolérance etde
fanatisme.» Épuisées et meurtries par les persécutions religieuses et les luttes sanglantes
du XVI^
siècle, les provinces belges avaient saluécomme une
délivrance l'avènement des archiducs, croyant t'chappcr cnlln aujoug
odieuxde
l'étranger et voir renaître leur4 MONUMKNl
J.-B. VAN IIKLMONT.ancienne
splendeur. Vaines espérances !Le
règnenouveau ne
leurdonna
Jii la liberté ni l'indépendance; iln'amena
point le réveilde l'activité
commerciale.
S'il assura à notre pays quelques annéesda
paix, s'il vit briller ces grandes figures qui portèrent si haut notrerenommée
artistique, il plongea, hélas! lamasse
de lanation
dans une
nuit obscure qu'éclairaientseulement
lesflammes
des bûchers sur lesquels agonisaient lesmalheureux
convaincusdu crime
de sorcellerie.»
A une époque
desuperstition,Van
Helmont,ens'attaquantaux
idées et
aux
doctrines consacrées par l'ignorance etdont
ses tra-vaux
démontraient
la fausseté, s'était fait desennemis nombreux
et puissants.
Pour
le perdre, ils n'hésitèrent pas àdénoncer
ses écrits à la justice ecclésiastiquecomme
étant entachés d'hérésie.Poursuivie avec lenteur, l'instruction dirigée contre
Van Helmont amena cependant
son arrestation, et ilne
sortit de prisonque pour
subir en sademeure une
détention sévère qui se prolongeapendant
plusieurs années.»
Comme
tousleshommes
de géniedont
lapensée prophétique a devancé leurépoque,
il eut la triste gloirede
se voirméconnu
etI)ersécuté.
Philosophe
et savant, il confondait dansun
vaste sys-tème
lesproblèmes
de lamétaphysique
avec l'étude des sciences de la nature. 11ne
pouvait dès lors,malgré
sa foi sincère et son respectpour
lesdogmes, échapper aux
rigueursque
l'Eglise catholique, toute puissante à cette époque, réservait à ceux qui,proclamant
les droits de la raison, mettaient en péril l'empireque
de touttemps
elle a voulu s'arroger sur l'humanité.» Les persécutions ne purent toutefois détourner
Van Helmont
de ses études,ni l'arracherau
culte de la science. C'estmême
après son procès et durant les dernières années de sa vie, qu'il écrivit ses principaux ouvrages, consacrant ce qui lui restait de force et d'énergie à la défense des idéesque
letemps
a depuis pleinement confirmées.»
La mort
seule devaitabattrece puissant génie: elle vint le frap- per en 1644,au
milieu de ses travaux,dans
sa retraite de Vilvorde.»
La
statueque nous
allons saluer dira à la postérité ce qu'a été .l.-B.Van Helmont;
elle perpétuera le souvenirdu
philosophe profond,du
savant éclairé, de l'écrivain érudit,du
praticien habile([ui,confiant
dans
les leçons fécondes de l'expérience et de l'obser- vation, sut all'ranchir la science des entravesdu
passé; clicmon-
MONUMKiNT
J. B. VAN HJ.LMONT. «>trera enfin
que
la Patrie reconnaissante n'oublie jamaisceux de
ses entants
dont
le génie a contribué à sa gloire et à sagrandeur!
»
Avant de
terminer, messieurs, ilme
reste à féliciter Tartisteéminent dont
l'œuvre est dignede
celuidont
elle rappellera lamémoire.
Qu'ilme
soitpermis
aussi de remercier,au nom de
laville
de
Bruxelles, le Conseil provincialdu Brabant
et l'Académie royale demédecine
d'avoir, par leur patriotique etgénéreuse
initiative, aidé à
rendre
à l'un des fils les plus illustresde
notrecité le solennel
hommage dû
à sa science et à ses travaux. »Au moment où M. André
terminait son discours, le voile qui cachait l'effigie deVan Helmont
esttombé aux applaudissements
de la foule.L'artiste a représenté l'illustre savant assis, revêtu d'un
man-
teau,
dans
l'attitude d'unhomme
livré àde profondes
réfiexions,la
main gauche au menton,
la droitemaintenant un
livre ouvert sur le genou.La
statue fait trèsbon
effet sur la place. Elle se trouve encadrée, àune
assezgrande
dislance, d'unedouble
rangéede marronniers
d'Inde, en pleine vigueur,
que
l'on croirait avoir été plantéspour
rehausser et faire ressortir lemonument.
Le voile étant
tombé, M.
le D'"Rommelaere,
secrétairede
l'Aca-démie de médecine,
a pris la parole aunom de
ce corps savant, et s'estexprimé en
cestermes
:« Messieurs,
« C'est
une
vaillanteépoque que
celle à laquelle vécutVan
Hel-mont.
»
Ce
XVII« siècle, encore sous lecoup de
l'impulsionque
leXVI«
siècle avaitimprimée
à la penséehumaine,
a produituuo
pléiade
d'hommes
de géniedans
tous lesdomaines de
l'activité.»
De quelque
côtéque nous
tournionsnos
regards, la philoso- phie, les sciences, les arts, la littérature furentprofondément remués
et transformés parun
efibrt invincible.»
On
vit surgirVan Helmont
et Harvey, Descartes etNewton, Hubens
et Velasquez, Galilée et Kepler.»
Nous
en négligeons, et des meilleurs, qui àune époque moins
MOiNUMENT J.-B. VAN HELMOiST.
puissante auraient
occupé
lepremier
rang. Lesnoms que nous venons
de citernous montrent
de quel éclat la Belgique brilledans
cettephalange
d'élite.» C'est la gloire d'un de ces géants
que nous
célébrons aujour- d'hui.» I. L'existence
de
,L-B.Van Helmont, dont on
vient de vousfaire l'histoire, a été
rude
et accidentée.»
A
l'époque à laquelle il parut, la science médicale se présen-tait à ses adeptes avec
un
caractèredogmatique
imposant, édifiée sur des assisesprétendùment
inébranlables.» Séduit par cette apparence,
Van Helmont
appliquaune
acti- vité dévorante à se pénétrer des principes de la médecine.« Mais son intelligence, avide de s'instruire, était trop péné- trante
pour
admettreune
science quine
reposaitque
sur des formules.» Il
ne
tarda pas à s'assurerque
l'apparence brillantedont on
décorait l'étalage scientifique était
trompeuse
etmasquait aux yeux du monde une
ignorance absolue.» Il eut
beau
s'adresseraux
écoles les plus célèbres; il ne rencontra parloutque
lamême
incertitude sur les points les plus importants.»
Énervé
par ces épreuves répétées, il résolutd'abandonner
l'étude de cette science illusoire; les accents de désespoir
que
l'on retrouvedans
sesœuvres expriment un
sentiment de décourage-ment
qui faillit briser sa carrière.» Mais il appartenait à cette catégorie
d'hommes
réellementforts
que
les obstaclesne
parviennent pas à arrêterdans
leur évo- lution.)) Il possédait
au
plus haut degré l'énergiemorale
qui maintientles natures d'élite à Ilot
dans
les circonstances les plus critiques.»
A
peine avait-il rejeté loinde
lui les livresdont
il maudissait l'insignifiance, à peine avait-il poussé ce cri de désespoir et dedécouragement
aumoment où
il allait sombrer,que
la réalité lerappela
brusquement dans
la voie qu'il /oulait quitter et le jetaen
pleineépidémie
de peste à Anvers. 11 y fut admirable dedévouement.
» Il était sauvé.
» Il
comprit
qu'il y avaitmieux
à faire qu'à se lamenter stérile-ment
sur l'ignorance deson
siècle.MONUMENT
J.-B.VAN HELMONT.
.7» Il sortit
donc
victorieux de cette crise,trempé pour
l'existence de lutte qu'ilne
recherçhait pas,mais
qu'il acceptacomme un
devoir de conscience.» Il garda toute sa vie,
comme un cauchemar,
le souvenirde
ces
années
d'initiation àune
science factice;nous
retrouvons l'impressionprofonde
qu'elle exerça sur luidans
l'énergie qu'ildéploya
pour démontrer
l'ignorancede ceux
qui se paraientde dehors
solennelspour
entretenir l'humanitédans
lesommeil
sicommode du moyen
âge.» II. Sa part
dans
le labeur quioccupa
toute l'Europe futimmense.
Ilnous
serait impossiblede
le suivreen
cemoment
sur tous les terrains
où
il exerçason
influence.»
Le domaine de
la philosophie futun de ceux où
il brillade
l'éclat le plus vif.
» Les sciences naturelles, la chimie, la physique, la
botanique
furent explorées par lui avecun
succès consacré par la postérité.» iMais sa part
de
collaboration fut surtout brillante et féconde sur le terrain des sciences et de la pratique; médicales.» 11 fut à la fois le
démolisseur de
théoriescaduques
qu'ilébranla
dans
leursfondements vermoulus,
et l'initiateurd'une
doctrine nouvelledont
Télaboration se continua depuisdans
Tordre d'idées qu'il avait indiqué.»
Double
tâche, â laquelleson
activité parvint à suftire.»
Double crime aux yeux de
sa génération, qui lui fit expier sa supériorité parune
suitede
persécutions quine
font pashonneur
â l'humanité.
»
Van Heimont
avait â sa dispositionune
facililé prodigieusede
travail eten même temps une
qualitésuprême
: l'ampleur de vues nécessairepour
envisager lesphénomènes
naturelsdans
lesrapports qui les unissent.
» Il avait la caractéristique
du
naturaliste, le talentde
l'obser- vation qui faisait de luiune
encyclopédie vivante.» Mais il avait
de
plus lesprit critiquedu philosophe
qui s'applique àrapprocher
lesnombreux documents que
l'obser- vation fournit et àformuler
les lois qui en découlent.»
Le
naturaliste avait observé depuis toujours la chutede
la pierre; il fallut le génie d'unNewton pour
y découvrir les loisde
la gravitation.
» C'est ce
que Van Heimont
fitpour
lamédecine.
8 MONUMENT
J.-lî. VANHELMONT.
» II entreprit avec
une
ardeur sans égale la guerre contre lesabus
qui maintenaient l'inertie enmédecine;
l'œuvre dedémo-
lition à laquelle il procéda fut
menée de main
de maître ; iln'épargna
aucune
des hérésies qu'il rencontra sur sa routeet il se livra à cet assaut avecune
maëstria incomparalDle.» Cette gloire
du
polémiste est le seul fleuron de sacouronne que
l'on n'aitjamaissongé
ù lui contester.» Il
ne
se contenta pas plusque
soncontemporain
Descartesde
faire table rase des erreurs
du
passé.« Il édifia
une
doctrine nouvelle, en faisant appelaux
éléments fournis par toutes les sciences naturelles.»
Dans
cette entreprise colossale, il eut besoin de termesnou- veaux pour
désignerdes facteursque
l'on avaittoujoursméconnus.
L'introduction de ces termes étranges : blas,archée,
âme
Sensitive, note sigillaire, duumvirat, etc.,donne
à son styleun
caractère pittoresque qui a bien souvent arrêté le lecteur qui n'avait pas lapatience d'en pénétrer la signification.
» C'est
un
des griefsque
l'on a formulés contre lui avec le plus de ténacité : question de mots. Lesmots
sontdémodés
depuislongtemps;
d'autresexpressions ont pris leur place,mais
le fond des idées n'en a guère été modifié. Il l'a été si peu,que
si l'on voulait faire brillerdans
toutson
éclat lagrandeur
de l'œuvre entreprise il y adeux
siècles etdemi,
il suffirait de publier lesœuvres
deVan Helmont
en substituantù ses expressions les termes auxquels la sciencemoderne
adonné
la préférence.Ce
seraitl'hommage
le plus sérieuxrendu
à samémoire.
»
Ce
n'est pas lemomentd'analyserles
travaux deVan Helmont,
Ils sont tellement
nombreux
etembrassent
tant deproblèmes
divers,
que nous
devrions consacrerun
longtemps
à la simpleénumération
des ouvrages qu'il publia sur toutes les branches des sciences biologiques.» Celte
œuvre
a été faite ailleurs, et lesAnnales
desAcadémies
royales de Belgique ontlargement
fait la part à cet initiateurdu
progrès.
» Elle a été faite surtout par
un
de nos plus savants collègues,dans un
travail quirésume,
sousune forme
aussicomplète que
concise, l'ensemble de l'ccîuvre médicale de
Van Helmont.
» Tallois, secrétaire de l'Académie, a
prononcé dans
la séance solennelledu
S.'i'' anniversaire de l'Académie royale de médecine,MONUMENT
J.-B. VANHELMONP.
fun
discours des plusremarquables dans
lequel ildégagea
etmit
en pleine lumière le caractère scientifiquedu médecin
flamand.»
Nous
n'y retoucherons rien.» Notrerôle aujourd'hui est plus modeste. L'heure
du triomphe
a
sonné pour
cerude
pionnier de la science, sentinelleavancée
àl'époque
tourmentée
qu'il traversa, rejoint depuislongtemps
parle gros
de
l'armée qui avait refusé d'abord de le suivre.«
m. Une
pensée sedégage
de toutes sesœuvres
et apparaît partout. C'est Téternelle question quidomine
toute lamédecine,
celle qui
concerne
les rapportsde
l'organismehumain
avec lemilieu
aux dépens duquel
il évolue.» Ces rapports sont tellement intimes
que
l'on peut dire qu'il existeune
sorte d'engrenage entre l'organismehumain
et lemilieu qui l'entoure.
» L'un réagit sur l'autre; tous les
deux
se prêtentun mutuel
appui et la physiologie a précisé le bilan deséchanges
qui s'opèrent entreeux
et qui leur permettent d'évoluer d'unemanière normale.
» Cette
communauté
entrel'homme
et lemacrocosme
est inté- ress-mte à étudier ; elle offre surtoutun
puissant intérêt,quand on
étend l'étude à tous lesorganismes
vivants.On
perçoit alors des vuesd'ensemble
qui éclairent d'unelumière
nouvelle lesphé- nomènes
biologiques.» C'est l'œuvre à laquelle
Van Helmont
s'est livré; il l'aaccom-
plie avec
ûn
succès quiétonne quand on
se rappelle la défectuo-sité des
moyens dont
il disposait.)) 11 a indiqué
dans
leurs points les plus essentiels les loisphy-
siologiques qui découlent de l'observationde
l'organisme vivant.» Notre Vésale avait
commencé un
siècle avantVan Helmont
la partdu
labeur qui constitue ledomaine de
l'anatomiehumaine normale.
»
A
ce pointde
vue, l'œuvre étaiten bonne
voie.» Mais il n'en était pas
de même pour
la physiologie.» Ici tout était à créer.
La
physiologie n'existait pas; la notion des processus qui s'accomplissentdans
l'organismehumain
étaitabsolument
ignorée.On ne
se rendait pascompte
desphéno- mènes
intimesdont lensemble
aboutit à la nutritionorganique;
on
ignorait l'existence desphénomènes
réflexes qui ont depuis éclairé la science.10 MONUMENT
J.-B. VANHKLMONT.
»
Sur
ce terrain, l'œuvre accomplie par lemédecin brabançon
est
admirable
; il fut le créateur de cette physiologie qui a conquis plus tardune
part si largedans
lemouvement
scientifique et qui procède aujourd'hui à pas de géants, grâce à l'outillage perfec- lioonnédont on
jouitdans
les laboratoires de notre époque.»
Van Helmont
n'avait à sa dispositionaucun
de ces instru-ments
de précision; il dut seborner
àdemander
àune
observa- lion minutieuse etcomparée
les éléments qui lui permettraientde
suivre l'évolution organique.» Malgré cette pénurie,
malgré
la pauvreté de ses ressources, ilarriva à
un
résultat qui excite encore aujourd'hui notreadmi-
ration.
»
Quand on
relit, telle qu'il l'a tracée, l'histoire de la nutrition et qu'on le voit poursuivre lesphénomènes
qui la caractérisent depuis leur point de départ jusqu'à la pénétrationdans
l'intimité des tissus,on
est frappé de stupéfaction en présence des résultats précisque
l'observation lui a dictés.»
La
postérité acomplété
cetteœuvre;
elle amis
en lumière bien des points qui paraissaient étranges,mais
le planmême que
Van Helmont
avait tracé n'a pas subi de modifications essen- tielles; c'est le meilleurtémoignage
en faveur de la vérité des principes introduits par notre initiateur.»
Son œuvre
physiologiquecomprend
encore biend'autres cha- pitreségalement
importants.» Elle constitue
une œuvre
de création géniale qui, à elle seule, assurait à son fondateur la reconnaissancede
la postérité.11 est allé plus loin.
)) Il a poursuivi l'étude des
phénomènes
d'évolution organiquedans
l'économie soutirante; il a constaté qu'à l'état de maladie le processus vital est régi par lesmêmes
loisque
cellesdont
il avaitétabli la
formule pour
l'organismenormal.
)) L'observation lui a révélé,
en
outre,que
la connaissance de la maladiecomporte
avant tout l'étude de la physiologie patholo- gique.» IV.
Où
fout-il chercher la raison d'être de la maladie?» La doctrine la plus séduisante est celle qui la recherche en dehors de
l'homme, dans
lemacrocosme
au milieuduquel nous
vivons.
» La cause de la maladie serait externe.
MONUMENT
J.-B.VAN HELMONT.
11))
A coup
sûr, les causes exlernes agissent sur l'organismehumain
; elles sont capables denous empoisonner
etde nous
tuer brutalement. Lin espritaussi pénétrantque
celuide Van Helmont ne
l'ignorait pas et,dans
lalongue énumération
des causesmor-
bides, il a fait
une
large part à ces facteurs.» Mais il a rejeté le caractère absolu de cette doctrine, parce
que
l'observation vient
démentir
ses prétentions.» Cette théorie, avec la signification absolue
qu'on
lui prête, est battue en brèche par les faits.)) Elle
ne nous
explique pas la variété desréponses de
l'orga-nisme humain
àune même
excitationmorbide venue du
dehors.» Elle ne
nous
dit pas pourquoi,dans
le coursd'une
épidémie, alorsque
le facteur nuisible est lamême
et agit aumême moment, nous
observons desformes
aussi variéesque nombreuses dans
les manifestations morbides.
)) Elle
ne nous apprend
rien surl'immunité
absoluede
certainsorganismes
en présencede
l'inoculation d'unmême
virus.» Les causes externes sont
donc
insuftisanlespour
produire la maladie,» Il faut,
pour
assurer leur puissance,que
l'organisme soit pré- disposé parune
structure spéciale, il faut qu'il consente h subir rim prégn
ation m
oi*bide.
»
Nous sommes amené
ainsien
pleindans
lecœur de
la doc-trine médicale
de Van Helmont.
»
La
réalité de Cet état préalablede
l'organisme estdonc
bienétablie.
» D'où vient-il?
Où
réside-t-il?))
Pourquoi
C3s lois, qui, à l'état de santé, entretiennent labonne harmonie de
tous les éléments, provoquent-elles l'étatde
maladie par leur activité chez les sujets prédisposés?»
Van Helmont
n'est pasmoins
aftîrmatifque dans
ledomaine
physiologique.
»
Nous
T'avonsvu
tout à l'heure créant la physiologienormale
;nous
levoyons
ici initiateur encore d'une science nouvelle à celte épo([ue et qui n'a prisson
plein essorque dans
ce siècle : laphy-
siologie pathologique.
»
La
raison d'être véritable de lamaladie
résideen
nous.L'homme
est lefadeur
de sapropre
destruction; il estun loap
dévorantpour lui-même
: liomo sibi lupus.»
La
réalité de cette proposition est établie par l'anatomie12 MONUMENT
J.-B. VANHELMONT.
pathologique.
Nul
n'a plus insistéque
lui sur le caractère indis- pensablede
cette science; l'action qu'il exerçadans
ce sens fut si puissanteque nous
voyons, dès cette époque, Malpighi et,peu
après, Morgagni, édifier cesmonuments
impérissables qui ontservi de bases
anatomiques
à des travaux des plus importants.»
Van Helmont
a été plus avantque
ses successeurs immédiats;il a scruté le
problème
plus à fond.»
Dans
la préparationmorbide,
il indiquedeux
facteurs.» L'un est l'élément héréditaire, qui est l'œuvre de nos ascendants.
» L'autre est notre part personnelle, le résultat de notre
mode
de
vivre.»
Le premier
de ces points devue
est l'empreinte sigillaire initialede
notre organisme.» Il
nous amène en
pleindans
l'embryologie.» Celle-ci n'existait pas;
nous ne
dirons pasque Van Helmont
l'a créée,
mais
il l'a pressentie. Les pages concernant les variationsque l'embryon
subit étonnent par la précision de connaissancesdont
il n'apu
entrevoir la réalité qu'en interprétantsainement
l'évolution ultérieure de l'organisme
humain.
Les travauxque
lascience
embryologique contemporaine
a édifiés sur la structure et les fonctions de l'œuf fécondé sont la confirmation d'idées émises parVan Helmont
il y adeux
siècles et demi.« Cette
empreinte
sigillaire héréditaire, en modifiant lacompo-
sition
du germe,
estune première
prédisposition qui régit l'activitéde
notre organisme.»
U
en estune seconde
: c'est notre part personnelle, celle qui résulte de notremanière
de vivre.»
H nous
est impossiblede
suivre iciVan Helmont
dans lesdéveloppements de
cette doctrine.» 11 touche à tous les
domaines de
la science : l'étude de lavie qu'il rencontre à
chaque
pas lui inspire des chapitres de haute philosophie, qui trouvent encore aujourd'hui leur place.» Les rapports de l'âme avec lavie sont traités
admirablement;
il y a
même un
intérêt très vifi\ voir cethomme aux
convictions religieuses les plus sincères s'cfibrcer d'établirun
accord entreles
phénomènes du monde
biologique et les formulesdu domaine
théologique.
))
Vous
venez d entendre la réponse ([ue Tiiiquisilion formula contre lui.MONUMENT
J -B. VANHELMONT. 13
)) C'est ici encore
que
ses travauxinnombrables
sur les sciences naturelles trouvent leur placedans
l'ensemblede
sa doctrine.»
Nous nous bornons
ù faireune mention
spécialede
ses recher- ches chimiques. Elles constituent lapremière
étape d'une science qui, sous l'impulsionde
ses successeursimmédiats,
s'est déve- loppée avecun
éclat incomparable.» V.
Bien
d'autres points ont été traités parVan Helmont
etdéveloppés avec la
même
perspicacité.))
Nous devons nous borner dans
cette esquissede son œuvre
;mais
avant de finir, il estutile d'indiquerune
autre facede
l'œuvre colossale qu'il a entreprise.» C'est cellequi
concerne
l'application de ses idéessur le terrain de la pratique médicale.»
La
part des travaux relatifs ù la thérapeutique n'est nimoins
vaste, ni
moins
importanteque
celle qui appartient à l'étudede
l'évolution des maladies.
» Ici encore
nous
retrouvons le caractèredominant
qui ressortdans
les chapitresde
pathologie générale : la nécessitéde
l'obser- vationen dehors de
tout parti pris,de
toutevue
systématique.» Les théories régnantes au
moyen
ûge attribuaient l'etlicacitédes
médicaments
à des propriétésphysiques ou chimiques de
ces agents, à leur goût, à leur température, etc., et prétendaient pouvoir prédire cette efficacité.»
Van Helmont,
après avoir établi l'inanitéde
ces vues, s'attache à asseoir surune
base indiscutable l'action des agentsthérapeu-
tiques. Les
médicaments
agissentcomme
les causesmorbides
sur l'élément ultime de l'organisme,dont
ils modifient l'activitédans un
sensque
l'observation seulepermet de
définir.» C'est
en
transformant l'étatdynamique
des tissus qu'ils produisent leur eti'et.»
Nous avons
vu tantôtque
les causesmorbides ne développent
la maladie
que
si elles rencontrentun organisme
prédisposé à favoriser leur action.»
La même
loi régit l'action desmédicaments
; il faut iciencore que
l'organisme consente à subir l'actiondu médicament.
» 11 introduisit ainsi la notion d'idyosyncrasie
en
thérapeutiquecomme
il l'avait introduiteen
pathologie.» Il déploya la
même ardeur
sur le terrain de la thérapeutiqueque
celle qu'il avaitmise
ù édifier ses vues biologiques.14:
MONUMENT
J.-B. VANHKLMONr.
»
La
science des indications, si précieuseen
thérapeutique, était édifiée sur des bases si étranges qu'ellene
pouvait rendreaucun
service enmédecine;
lesuns
prétendaient résoudre toutes les difficultésdu
traitement par le principe des contraires, lesautres parcelui des semblables.
»
Van Helmont
fit justice de cesdeux
systèmeségalement démentis
par l'observation..Les règles de conduite qu'il conseille de suivre
dans
les diffé-rentes maladies sont exposées à
propos
des considérations qu'ilconsacre à
chacune
d'elles.» Les notions spéciales, de
même que
les principes générauxqu'il introduisit
dans
la thérapeutique, brillent par leursimplicité.» Aussi le retrouvons-nous luttant sans trjve contre les écarts systématiques qui aboutissent à la polypharmacie. Elle était poussée h
un
degré telquo
l'on réunissait jusque soixante-cinq ingrédientsdans une môme
prescriptiondans
l'espoirque
si l'un d'eux restait inerte,un
autre pourrait produire de l'effet.»
Son
influence s'exerça encore surla partie de l'art médical qui constitue la pharmacie.Le mode
de préparation desmédicaments
subit deprofondschangements
parsuitedes découverteschimiques
et botaniques
de Van Helmont.
»
Indépendamment
des règles générales et spéciales qu'il for-mula dans
ses écrits, il insista surtout sur la nécessité d'adapter les différentsmodes
de préparation desmédicaments aux
divers prin- cipes actifs qu'ils renferment. C'estun
servicedont
l'importance ressort surtoutquand on
se rappelleque
les procédés habituel-lement
etsystématiquement
suivis à sonépoque
avaient souventpour
résultat de détruire les élémentséminemment
actifsdu médicament.
«
VL L'œuvre que Van Helmont.a
entreprise estmonumentale
; tH
; touche à toutes lesbranches
des sciences biologiques.»
EUeexerça une
influenceconsidérable surla générationmédi-
cale de son siècle.
» Mais l'effet
immédiat
fut étrange et bien faitpour
dérouter la criti(juj superficielle.»
Nous
avons signalé la multiplicité des sources auxquellesVan
liehnonl a puisé lesdocuments
élémentaires de sa doctrine.Nous
avons vu (ju'il a labouré tous leschamps
d'observation etMONUMENT
J -B. VANHELMONT.
qu
il a recueilli partoutune abondante
récolte qu'il utilisa avec discernement.» Ses successeurs
immédiats
furent impuissants à suivreson
essor; ils limitèrent leur tâche ets'emparèrentchacun
d'une partie spéciale de ses procédés. Les éléments qu'ils recueillirent présen- taient à leursyeux une importance
prépondérante, et l'équilibreque Van Helmont
avaitmaintenu
disparut sous l'etfortde
cettespécialisation â outrance.
»
On
vit naître ainsi denombreuses
doctrines,— nous pour-
rions encompter jusque
six—
qui, touten
étant laconséquence
i^énéalogique directede
l'impulsiondonnée
parVan Helmont,
aboutirent
cependant
àun
pôleopposé
à celuique
recherchait h;médecin
flamand.» Elles possédaient toutes
une
part de vérité,mais
leur exclu- sivismene
permit pas d'en retirerde grands
fruits.« Cette
vue d'ensemble
quipermit au médecin flamand de
fondredans une
unitéharmonique
lesnombreux phénomènes que
l'observation lui révélait fitcomplètement
défaut chez ses successeurs immédiats.»
Un
eflbrtsuprême
tut tenté parBoerhaave pour
arrêter ledémembrement
de la doctrine.»
Herman Boerhaave
étaitun
esprit des plusremarquables;
il étudia tous les systèmes qui s'étaient succédé depuisVan Helmont,
scruta
minutieusement
tous leurs détails et les réuniten un
corpsde doctrine.
» Mais si ses connaissances
encyclopédiques
étaient aussi éten-dues que
cellesde Van Helmont,
ilmanquait au médecin de Leyde
la largeur de vues de ce dernier.Là où Van Helmont
avaitcréé
une œuvre
brillante de vérité parson
unité,Boerhaave sub-
stitua
une
doctrine éclectique impuissante à satisfaire l'esprit investigateur et critique.»
H nous
faut arriver àBordeu pour
retrouver cette unitéde
conception gui caractérise l'œuvrede
notre compatriote.»
Bordeu
a pénétrédans
le cœui*même de
la doctrinede Van Helmont.
11 l'a reprise, lui a adapté des expressionsnou-
velles plus
en
rapport avec les idéesde son époque
eten
a fait ressortir la prodigieuse fécondité.» Le terrain était reconquis et cette fois définitivement.
»
Ce
n'est pas à dire qu'il n'y ait pluseu de
tentatives faites l)0ur s'en éloigner.MONUMENT
J.-B. VANHELMONT.
»
Loin
de lù;mais
à partir de cemoment,
l'œuvrede Van Helmont
étaitmise en
vuedans
tout son éclat,dominant
les théories qui naissaientde son démembrement.
» VII.
Nous nous résumons.
» L'impulsion
imprimée
parVan Helmont
fut des plus puis- santes et des plus fécondes.»
H
réussit à réveiller l'humanitédu sommeil
séculaire qui la tenaitengourdie
et forçason époque
à penser et à travailler,en
secouant toutes les idées autoritairesdont
ildémontra
l'inanité.« il démolit les théories anciennes qui paralysaient l'esprit
humain.
» 11 fit plus : sur la table rase qu'il avait préparée, il édifia
une
doctrine qui constitue la plus belleconquête dans
l'histoire de lamédecine.
« Il n'a rien
manqué
à la gloire deVan Helmont,
pasmême
lapersécution de ses
contemporains.
Elle fut odieuse et prolongée.Aucune
épreuvene
lui fut épargnée,aucun
effortne
fut négligépour
stériliserson œuvre.
»
On
souleva contre lui toutes les passionshumaines
et l'onprovoqua
l'interventiondu
pouvoirle plus terrible de cestemps
:l'Inquisition.
» Rien n'y fit; l'œuvre
du
géant résistaaux pygmées
qui la ron- geaient; elle survécut, parce qu'elle était l'expression de la vérité.w II a fallu
un
longtemps pour en
dégager la splendeur.» Mais l'heure
du triomphe
a fini parsonner pour
cethomme
de
génie et le retardmôme que
la postérité a apporté à cette dettede
reconnaissance en assure davantage la sincérité.»
La
statuedont nous
célébrons aujourd'hui l'inauguration figureradignement parmi
lesmonuments
expiatoiresque
laBelgique,
devenue
libre et indépendante, élève à lamémoire-de
ceux de
ses enfants qui,en
luttantpour
la cause de la vérité, constituentune
des forces vives,une
des gloires impérissables de l'humanité. »I